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sanaafatine 13-06-10 10:39 AM

الخسوف بالفرنسية من وجهة نظر ادوارد
 


السلام عليكم احلى اعضاء

اليوم نقدم ليكم تويلايت الخسوف بالفرنسية حبيت طريقة الكتابة و نتمنى تعجبكم حتى انتم


Chapitre 1 : Liberté Surveillée Partie 1

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Je trainais dans ma chambre en cette fin d'après-midi pluvieux. Comment aurait-il pu en être autrement ? Premièrement, j'habitais à Forks, la ville la plus pluvieuse du nord-ouest des Etats-Unis et deuxièmement, j'étais privé de ma bien-aimée à cause de la colère de son père à mon égard.

Ces moments d'attente avant de la voir étaient particulièrement éprouvants même si je connaissais à peu près la teneur de ceux de Bella. Cela se résumait à deux choses voire trois même … Moi, les cours et … Jacob Black. Elle n'arrivait pas à le sortir de sa tête. Je le savais de part son étrange comportement par moment et puis cette étrange tristesse qui emplissait ses yeux, celle que je ne lui avais jamais vue avant de connaître aussi bien ce cabot !

J'étais tiraillé entre la laisser continuer sa dangereuse amitié ou la stopper net comme je tentais de la faire depuis notre retour d'Italie et notre mémorable conversation. J'avais vu à quel point il pouvait perdre le contrôle de lui-même et un fois transformé en loup, il ne pourrait plus protéger Bella. D'un seul geste, il pourrait la tuer … tout comme moi d'ailleurs, à une certaine époque. Je ne pouvais donc pas courir un tel risque. Bella n'était pas du tout de cet avis et essayer de garder le contact avec le cabot mais lui n'y tenait pas non plus, à cause de ma présence auprès d'elle et de son désir de devenir immortelle. Bella avait eu le malheur de tomber amoureuse d'un vampire et d'être amie avec un loup garou, les pires ennemis qui puissent exister.

Je sentais que cette situation n'aidait en rien l'accomplissement de mon rêve le plus cher. Celui d'épouser Bella !! Elle avait déjà émis des doutes que je n'avais pas vraiment compris au début. Elle m'avait d'ailleurs annoncé une raison qui ne m'avait pas du tout convaincu, celle de sa mère qui était allergique au mariage et qui verrait d'un très mauvais œil sa fille se marier si jeune ! J'aurais pu le croire si je n'avais pas vu à quel point elle tenait à Jacob ! Leur façon de se regarder, de vouloir se toucher … cela ressemblait à un peu plus que de l'amitié. Du moins, suffisamment pour que Bella tente de repousser ma demande en mariage et peut-être même renoncer à son envie de vivre éternellement à mes côtés !

J'étais angoissé même si je pouvais comprendre ce que ressentait Bella. Elle avait commencé à créer sa relation en mon absence comme je le lui avais d'ailleurs suggéré alors ce serait honteux de ma part de lui en vouloir !! J'en étais plutôt l'instigateur involontaire.

Il était aussi si différent de moi. Il semblait plus spontané, plus immature et son corps dégageait une chaleur incroyable. Cela devait être nettement plus agréable de serrer des bras forts et chauds que ceux froids d'un caillou.

Elle était si jeune que son cœur avait encore le droit de faire des erreurs et de s'éprendre de quelqu'un d'autre et surtout qui lui conviendrait mieux. C'était horrible pour moi d'imaginer Bella dans les bras de ce cabot mais cela pouvait être une hypothèse et je devais m'y préparer. Et puis, elle n'avait pas tant d'amis que cela depuis mon retour. Les gentils et les méchants comme elle aimait les appeler. Seuls Angela, Ben et ce satané Mike Newton pouvaient se déclarer comme amis de Bella. Les autres l'avait fuie peu après mon retour comme Jessica par exemple. Je ne voulais pas qu'elle se cloisonne à moi mais mon attitude pouvait parfois le laisser penser …

J'avais conscience que c'était totalement égoïste de ma part de l'empêcher de voir son ami mais Alice n'ayant aucune vision de Bella lorsqu'elle était en compagnie de ce cabot et encore moins si elle se trouvait sur leur réserve. Cela ne m'incitait pas à revoir ma position. Du reste, personne dans ma famille ne souhaitait faire confiance aux Quileute. Ils n'appréciaient pas l'étrange amitié de Bella et de Jacob. J'étais dans une impasse et je ne voyais pas trop comment en sortir.

J'avais peut-être besoin de mieux comprendre les Quileute mais ne pouvant pas communiquer avec eux cela me serait extrêmement difficile. J'avais bien une idée mais ce serait complètement malhonnête de ma part. C'était vrai que ces derniers temps mes pensées vagabondaient très souvent vers la baie d'Hudson mais de là, à oser reprendre contact avec elle …

J'avais très souvent envie de savoir ce qu'elle devenait et surtout de pouvoir lui dire à quel point elle avait changé mon existence. Elle était la première amie humaine que j'avais en ne comptant pas Bella mais je n'avais jamais vu Bella comme une amie car dès le début je savais qu'elle serait toujours plus pour moi et qu'une simple amitié n'aurait jamais été suffisante.

Je ne savais pas trop comment la contacter. J'avais bien pensé aller la retrouver mais l'idée de laisser Bella ne serait-ce qu'une nuit m'était insupportable. Il ne me restait qu'une dernière hypothèse, c'était une lettre. Je m'étais donc promis que si la situation restait aussi chaotique entre Bella et moi au sujet de Jacob ou des Quileute, je demanderai de l'aide à Carol. La seule en qui j'avais assez confiance pour livrer mes secrets et m'aider à trouver la bonne solution. Cette idée m'avait redonné un peu d'enthousiasme en cette fin d'après-midi, suffisamment pour patienter jusqu'à dix neuf heures, heure à laquelle je pourrai seulement revoir Bella. Alice arriva à ce moment précis et semblait heureuse de m'annoncer une bonne nouvelle …

Elle entra dans ma chambre alors que j'étais négligemment allongé sur mon canapé en train de regarder la pluie s'abattre sur les immenses fenêtres de ma chambre. J'écoutais Clair de Lune de Debussy, signe que j'avais besoin de retrouver un peu de quiétude. Alice vint s'assoir à mes côtés et me caressa délicatement la joie comme pour apaiser mes inquiétudes. Je n'étais nullement gêné de penser à Carol en sa compagnie car elle ne distinguait nullement mon amie dans ses visions. J'avais déjà remarqué cela depuis ma visite à Ithaca. J'avais mis cela sur le compte des connaissances chamaniques de Carol et de ses origines indiennes comme pour les Quileute.

J'étais soulagé que ma soeur n'ait pas connaissance de Carol car c'était mon jardin secret en quelque sorte et je ne voulais nullement le partager. Habituellement, ma sœur avait toujours accès à mes moindres pensées et du coup, elle ne me laissait aucune intimité. Avant, cela n'avait pas trop d'importance car ma vie n'était pas très palpitante ni même riche en sentiments. L'arrivée de Bella ou Carol avait quelque peu changé la donne et depuis j'aspirais à garder certaines choses pour moi. Alice était d'ailleurs nettement moins curieuse et avait compris ma requête. Elle ne me parlait de ses découvertes que lorsqu'elle était sûre quelles n'empiétaient pas trop sur mes secrets … pas facile malgré tout.

- J'ai une grande nouvelle à t'annoncer et elle mettra fin à tes interminables après-midi …

- Ouais … répondis-je pensivement sans avoir prêté attention aux pensées euphoriques de ma sœur.

- Charlie a levé la punition de Bella … Je vais enfin pouvoir l'emmener faire les boutiques!! Cela faisait un petit moment que je lui demandais d'être un peu plus indulgent avec sa fille car elle ne s'est jamais plainte. Elle a même respecté à la lettre les conditions de la punition et ce depuis des semaines … Je suis heureuse d'avoir pu l'influencer, un peu …s'exclama-t-elle toute heureuse en se levant du canapé pour tourner sur elle même telle une ballerine.

- C'est effectivement une bonne nouvelle et je ne l'attendais pas si tôt ! dis-je partagé entre joie et surprise.

Je songeais déjà aux bons moments que nous allions pouvoir partager tous les deux sans la présence pesante de son père.

-Contente de t'avoir fait plaisir … Et, au fait, Carlisle veut te voir avant que tu ne partes voir Bella … dit-elle en sortant de ma chambre en enchainant quelques arabesques.

Savoir que Bella allait pouvoir être un peu plus libre de ses mouvements me permettait d'imaginer que l'on pourrait s'éloigner de Forks quelque temps car depuis quelques semaines un nouveau né sévissait dans la ville de Seattle. Nous le surveillions depuis un petit moment pour comprendre ses intentions et s'assurer que Bella ne risquait rien.

J'aspirais à l'emmener loin de tout cela et à la faire penser à autre chose ou à la protéger si besoin était. Je pensais qu'aller voir sa mère pourrait lui plaire surtout qu'il lui restait encore les billets d'avion que mes parents lui avaient offert à son anniversaire. C'était encore un peu trop tôt pour cela car Charlie risquerait fort de s'y opposer mais c'était une idée que j'espérais réaliser rapidement.

C'était bientôt l'heure de ma délivrance, celle où j'allais enfin retrouver Bella. Avant de sortir, je fis un rapide passage dans le bureau de mon père pour avoir des nouvelles de la surveillance que nous exercions sur Seattle.

Il m'attendait assis dans l'un de ses fauteuils en train de lire un livre sur les fondements des légendes indiennes. Carlisle voulait en savoir encore plus sur les Quileute surtout depuis qu'il avait appris qu'ils continuaient à se transformer en loups et qu'ils représentaient une meute assez conséquente. En revanche, il ignorait encore la raison de leur existence. J'en avais déduit que c'était encore une inévitable conséquence de l'incroyable malchance de Bella : sa vie devait être mêlait à des vampires, nouveaux nés ou non, des loups-garous tout cela à cause de ce qu'elle était. J'avais probablement tort mais à défaut d'autres choses c'était cette solution qui me paraissait la plus logique.

Il m'accueillit chaleureusement :

- Edward, heureux de te voir …

- Moi aussi, Carlisle … Alors des infos ? dis-je sur un ton pressé qui avait du mal à dissimuler mon envie d'écourter cette conversation.

- Jasper et Emmett viennent de rentrer de leurs rondes et le nouveau né n'a toujours pas quitté Seattle et c'est une bonne chose !! Alice ne voyant toujours rien à ce sujet, rien ne m'oblige à te demander de te rendre là-bas pour capter ses pensées mais sache que cela pourrait vraiment nous révéler de sérieux éléments pour la suite à donner à tout ça !

- Je sais mais je ne suis pas capable de laisser Bella aussi longtemps surtout maintenant que je vais pouvoir passer tout mon temps auprès d'elle puisque Charlie a enfin levé sa punition. Je ne peux pas me résoudre à y aller. Pour le moment, rien ne nous indique qu'il viendra vers Forks … Alors patienton,s s'il te plait, et on verra comment évolue la situation !

- Soit, c'est toi qui vois car de toute façon nous ne surveillons Seattle que pour te rassurer vis à vis de Bella alors je te laisse seul juge dans cette histoire. Tes frères te suivent. Qu'il en soit ainsi …

- Merci père mais je suis sûr que tout ira bien !! lui dis-je en quittant rapidement la pièce, confiant.

J'étais déjà dans la forêt nocturne et détrempée, heureux de cette liberté retrouvée car j'avais vécu la punition de Bella comme s'il s'agissait de la mienne. Je n'avais qu'une seule envie, entendre son cœur battre et sentir son délicat parfum. Elle n'avait nullement besoin d'artifice ou d'eau de toilette. Elle était naturellement belle et dégageait une merveilleuse odeur. Je ne me lasserai d'ailleurs jamais d'humer son essence, de caresser ses cheveux soyeux et sa peau si délicate.

J'approchais enfin de sa maison car je pouvais déjà capter les pensées de son père. Il venait de donner à Bella sa lettre d'admission à l'université d'Alaska et s'inquiétait déjà de savoir quels étaient mes projets, espérant que nous ne serions pas dans la même université. J'allais le décevoir une nouvelle fois mais j'en étais heureux cette fois …

J'avais dans ma poche d'autres dossiers de facultés pour que Bella puisse avoir le choix d'aller dans l'université de son choix et ne pas se cantonner à l'Alaska. Remplir ses dossiers était tellement pénible et sans attrait que Charlie ne nous espionnaitdepuis longtemps. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'embêtais tant Bella avec cela car je savais malheureusement que son choix était arrêté mais cette activité nous permettait d'éloigner l'intérêt de son père à notre égard.

Je frappai à la porte et j'entendis Charlie soupirait et marmonnait à mon intention une charmante expression qui reflétait clairement ses pensées « Qu'il aille au diable ! ». Son attitude désagréable ne pouvait m'enlever la joie que j'éprouvais de revoir ma belle. Je l'accueillis un sourire béat aux lèvres face à sa stupéfiante beauté. Ses cheveux tombaient négligemment sur ses épaules habillées par un très joli pull bleu moulant qui laissait deviner la naissance de sa poitrine. J'aimais tellement mieux lorsqu'elle s'habillait ainsi plutôt qu'avec ses pulls larges et difformes à cause desquels je ne pouvais pas l'admirer. Elle avait un corps certes fragile mais empreint d'une telle sensualité que je ne pus m'empêchais de plonger mes prunelles dans les siennes pour lui témoigner ce que je ressentais pour elle. J'entendis immédiatement les battements de son cœur s'accélérer ce qui me prouvait qu'elle devait elle aussi ressentir quelque chose de semblable en me voyant ou peut- être que son cœur voulait l'alerter car elle avait cessé de respirer. Mes doigts glacés se refermèrent autour des siens et eurent raison de son vertige.

- Salut !! lâcha-t-elle comme pour s'excuser du comportement de son père.

Je caressai sa joue avec le dos de ma main dont les doigts étaient toujours entrelacés dans les siens.

- Bon après-midi ? me demanda-t-elle.

- Lent.

- Le mien aussi.

Je portais son poignet à mon nez en fermant les yeux pour mieux humer son essence, ce parfum si doux et envoûtant. Il ne me déclenchait plus de crise de folie meurtrière comme auparavant. Je pouvais enfin le sentir et profiter du bonheur que son odeur provoquait sur moi, un profond bien-être.

Charlie vint mettre fin à ce moment d'extase en trainant des pieds pour bien me faire comprendre son hostilité. Je le savais que trop bien mais il aimait aussi en rajouter devant sa fille pour ne pas passer pour un père trop permissif. J'ouvris les yeux aussitôt et préparai un de mes plus beaux sourires car je savais qu'il détestait cela. Cette arme valait toute la méchanceté du monde.

- Bonsoir, Charlie ! lui lançai-je sur un ton des plus cordials.

Il ne me répondit que par un grognement boudeur et se planta derrière nous, les bras croisés comme à l'accoutumée.

- Je t'ai apporté de nouvelles demandes d'inscription ! lançai-je à Bella en lui montrant l'enveloppe dans ma poche de manteau.

Elle lâcha un gémissement en guise de réponse …Elle n'était visiblement pas d'accord.

- Les inscriptions ne sont pas toutes closes. Et puis, certaines facs font des exceptions. Renchéris-je aussitôt le sourire aux lèvres, pour tenter de l'amadouer et prévenir implicitement son père qu'il n'avait aucune raison de nous espionner.

- Au boulot !! lançai-je en riant, trop pressé de me débarrasser de Charlie.

Ce dernier était toujours mécontent et nous suivit tout de même jusqu'à la cuisine. Je pus rapidement percevoir pour quelle raison. Il voulait remettre sur le tapis mon avenir universitaire et la fin de la punition de Bella comme Alice me l'avait annoncée.

Bella était déjà en train de faire de la place sur la table de la cuisine et je vis qu'elle y avait laissé trainer Les Hauts de Hurlevent. Son exemplaire était très abîmé témoignant des heures de lecture qu'elle lui avait infligé. Elle appréciait ce livre certainement pour ces scènes violentes et la noirceur de certains personnages comme ce Heathcliff. Tous les évènements quelque peu fantastiques devaient lui rappeler sa propre existence et cela me déplaisait. J'allai d'ailleurs le lui faire remarquer mais son père prit la parole avant moi.

- A propos de candidatures, Edward, me demanda-t-il sans se départir de son ton boudeur, Bella et moi parlions justement de l'année prochaine. As-tu décidé de l'endroit où tu poursuivrais tes études ?

- Pas encore, répondis-je aussi naturellement que possible car je ne pouvais m'empêcher de trouver cette scène complètement ridicule mais je devais garder mon sérieux malgré tout. J'ai été accepté dans plusieurs facs. J'hésite encore.

- Où as-tu été admis ?

- Syracuse, Harvard, Dartmouth (Carlisle aurait d'ailleurs voulu que j'accepte cette dernière car il aurait aimé y enseigner mais sachant que nos projets à Bella et moi pourraient être différents, il n'avait pas insisté mais je n'avais pas renoncé à ce que Bella accepte d'y aller). Sans compter l'université d'Alaska, dont j'ai reçu l'accord hier, annonçai-je volontairement pour le contrarier.

Je fis du même coup un clin d'œil à Bella et elle ne put réfréner un rire qu'elle étouffa aussitôt.

- Harvard, Dartmouth ? Eh bien, c'est … quelque chose, marmonna Charlie visiblement admiratif mais il avait mordu à l'hameçon et se rasséréna. Bien sûr, l'Alaska ne saurait rivaliser avec les établissements de l'Ivy League. Ton père souhaiterait sûrement que tu …

- Carlisle se range toujours à mes décisions, quelles qu'elles soient, le coupai-je aussitôt comprenant à quoi il faisait allusion.

- Hum …

- Devine un peu, Edward ! s'exclama sa fille d'une voie joyeuse

- Qu'y a-t-il, Bella ?

- Moi aussi, je suis prise à l'université d'Alaska … m'informa-t-elle en me montrant une enveloppe.

- Félicitations ! Quelle coïncidence !! m'exclamai-je à mon tour aussi surpris que possible

Charlie n'avait pas tout compris mais sentait bien que l'on se moquait de lui et nous annonça qu'il allait regarder le match mais Bella l'en empêcha.

- Papa ? Tu n'as pas oublié notre petite conversation sur ma liberté ?

- Tu as raison. Vingt-deux heures trente, alors. Nous sommes en semaine, tu vas au lycée demain … soupira-t-il

- Bella n'est plus punie ?? m'étonnai-je une nouvelle fois tout aussi heureux de le savoir que lorsqu'Alice me l'avait annoncé. Je ne pouvais que m'enthousiasmer de cette nouvelle délivrance même si ce n'était plus une vraie surprise.

- Sous certaines conditions, précisa aussitôt son père pour tenter de me refroidir quelque peu. En quoi cela te concerne, d'ailleurs ?

Ne voulant pas créer de conflit, je ne relevai pas.

- Je suis content de l'apprendre, rien de plus. Alice trépigne depuis qu'elle n'a plus de partenaire de shopping. Je suis sûr que Bella adorerait respirer un peu l'air de la grande ville, lançai-je pour tenter de l'apaiser

J'avais raté mon coup car il se mit à rugir.

- Pas question !!

- Voyons, papa, où est le problème ?

- Je t'interdis d'aller à Seattle en ce moment.

- Pardon ?

- Je t'ai parlé de cette affaire de meurtres. C'était dans le journal. Seattle est en proie à une espèce de guerre des gangs, alors tu évites de t'y rendre. Compris ? s'énerva Charlie.

- J’ai plus de chances d'être frappée par la foudre que de …

Bella partait sur une pente savonneuse et je devais l'arrêter avant que Charlie ne change d'avis sur ses sorties. Elle n'avait pas idée de ce qui se passait à Seattle et j'allais devoir lui en parler pour qu'elle ne renouvelle pas ce genre d'erreur.

- Vous avez raison, Charlie, et je ne pensais pas à Seattle. Plutôt à Portland. Moi non plus, je ne tiens pas à ce que Bella aille là-bas. Cela va de soi.

Charlie s'était calmé et tourna les talons pour assister au début de son match. Je pris le journal dans les mains pour le montrer à Bella avant de me raviser car son père avait encore les oreilles qui trainaient vers nous.

- Qu'est-ce que … s'apprêtait-elle à me demander.

- Un instant … lui dis-je en lui poussant un des formulaires d'inscription pour qu'elle comprenne que nous ne pouvions pas encore parler librement. Tu devrais pouvoir réutiliser ta lettre de motivation pour celui-là … et leurs questions sont les mêmes.

Elle avait comprit puisqu'elle lâcha un soupir de mécontentement mais s'exécuta gentiment.

Elle resta ainsi absorbée un bon moment puis elle parut agacée et poussa brusquement les papiers qui se trouvaient devant elle. Qu'avait-elle subitement ?
- Bella ?

- Dartmouth, Edward ? Sois sérieux ?

C'était juste pour cela …

Je replaçais le formulaire doucement devant elle et me mit en tête de la convaincre.

- Je crois que le New Hampshire te plaira. Ils proposent des cours du soir qui me conviendront (ceux-là même que Carlisle aurait aimé enseigner), et les forêts recèlent plein de promesses pour les marcheurs de mon genre. La faune y est fabuleuse, terminai-je en souriant.

Elle prit une profonde inspiration ce qui me laissa penser que je marquais des points et qu'il fallait que je continue pour avoir une chance de gagner.

- Je t'autoriserai à me rembourser tes études si ça doit te rendre heureuse. J'irai même jusqu'à te compter des intérêts … jurai-je.

Je pensais qu'elle apprécierait cette remarque car Bella ne voulait pas que je dépense mon argent pour elle. Je trouvais cela complètement idiot mais cela semblait lui tenir à cœur.

- Comme s'ils allaient m'accepter sans un énorme pot-de-vin ! Ou étais-je comprise dans la promesse de don ? Une nouvelle aire Cullen pour la bibliothèque ? C'est dégoûtant ? Pourquoi faut-il que nous revenions sur ce sujet ?

Elle y allait un peu fort mais j'avais très envie de faire plaisir à mon père et Dartmouth était une excellente université. Bella s'y plairait aussi quoiqu'elle puisse en penser maintenant.

- S'il te plaît, Bella, contente-toi de remplir ses documents. Demander ne coûte rien, non ?

- Tu sais quoi ? Il n'en est pas question ! s'énerva-t-elle.

Avant qu'elle ne puisse déchirer ou jeter les formulaires, j'avais déjà réussi à fourrer tous les papiers dans ma poche.

- A quoi joues-tu ?

- J'imite très bien ta signature. Et tu as déjà rédigé ta lettre de motivation.

- Tu dépasses les bornes ! s'énerva-t-elle tout en conservant un ton suffisamment bas pour ne pas être entendue par son père. Je n'ai nul besoin de adminhelpuler ailleurs, j'ai été admise en Alaska. Là-bas, j'ai presque de quoi régler mon premier semestre. C'est un alibi aussi bon qu'un autre. Inutile de jeter l'argent par les fenêtres, que ce soit le tien ou le mien.

Cette réponse m'attrista quelque peu car elle me confirmait que j'aurai beaucoup de mal à la faire changer d'avis et qu'elle restait bornée sur l'université d'Alaska ainsi que sur la possible date de sa transformation.

- Bella …

- Ne recommence pas. J'ai accepté de jouer le jeu pour donner le change à Charlie, mais nous savons très bien toi et moi que je ne serai pas en état de suivre des études l'automne prochain. Et qu'un éloignement sera indispensable.

Alice avait une fois encore trop parlé car Bella semblait un peu trop bien renseignée sur ce sujet.

- Je croyais que nous n'avions pas encore arrêté la date … lui rappelai-je doucement. Tu apprécieras peut-être de passer un ou deux semestres à la fac. Il y a beaucoup d'expériences humaines que tu n'as pas encore vécues.

- Je les vivrai après.

- Elles ne seront plus humaines, alors. Tu n'auras pas de deuxième chance, Bella.

Bella ne se rendait pas compte du caractère définitif de notre état. Elle était tellement aveuglée par son envie d'être à mes côtés qu'elle préférait ignorer tous les bonheurs qu'il lui restait à vivre en tant qu'humaine.

- Sois raisonnable, il est trop dangereux de reculer l'échéance.

- Nous avons du temps devant nous.

Bien évidemment, elle n'était pas du tout de cet avis et me fusilla du regard. Pendant un long moment, je la vis en pleine réflexion mais ces traits reflétaient plus d'angoisse que de bien être. Je devinais assez bien ce à quoi elle pouvait penser : Victoria et les Volturi … Mais j'espérais surtout qu'elle se laissait une possibilité de pouvoir reculer cette stupide date nettement plus loin qu'après l'obtention de son diplôme. Je devais la rassurer, la convaincre qu’elle avait le temps, que rien ne viendrait la forcer et que je serai toujours à ses côtés.

- Il n'y a pas d'urgence, Bella, lui chuchotai-je. Je ne laisserai personne te faire du mal. Tu peux prendre tout le temps que tu veux.

- Je suis pressée, murmura-t-elle. Moi aussi, j'ai envie d'être un monstre.

Je sentais comme une boule de colère montait douloureusement dans ma gorge. Comment pouvait-elle parler de monstre ? Je ne pouvais pas imaginer Bella comme cela, ce n'était pas possible.

- Tu dis des bêtises, lâchai-je aussi calmement que possible mais je m'étais déjà instinctivement redressé sur ma chaise pour jeter le journal sur la table.

Je lui pointai du doigt les gros titres de la première page.

- Quel rapport ? me questionna-t-elle aussitôt.

-On ne plaisante pas avec les monstres, Bella, lâchai-je d'un ton froid et dur

- C'est … c'est l'œuvre d'un vampire ? souffla-t-elle en me regardant après avoir rapidement parcouru l'article.

- Tu serais surprise du nombre de fois où mon espèce est à l'origine des horreurs qui nourrissent vos informations d'humains. Ils sont faciles à identifier, pour peu qu'on sache ce que l'on cherche. Ce journal n'annonce rien d'autre que la présence d'un vampire nouveau né, lâché dans les rues de Seattle. Sanguinaire, sauvage, incontrôlable. Comme nous l'avons tous été à nos débuts.

J'avais volontairement employé ces termes pour lui faire peur et surtout la faire réfléchir car je ne savais pas trop ce qu'elle savait sur les nouveaux nés mais elle devait savoir la vérité pour prendre conscience de ce qu'elle allait devenir.

Elle était mal à l'aise car elle n'osait plus me regarder dans les yeux. Elle y réfléchissait en effet …

- Nous exerçons une surveillance depuis quelques semaines. Tous les signes sont là, disparitions inexpliquées, toujours la nuit, cadavres abandonnés n'importe comment, manque de preuves … Oui, un bébé tout neuf, un néophyte que personne ne semble avoir pris en charge. (Je poussai un gros soupir pour en rajouter un peu plus ...)Ce n'est pas notre problème. Nous n'y aurions pas prêté attention si les évènements ne se déroulaient pas aussi près de chez nous. Cela arrive tout le temps, après tout. L'existence des monstres a des conséquences forcément monstrueuses …terminai-je volontairement incisif.

Mon petit monologue semblait porter ses fruits car je voyais Bella concentrée à la lecture de l'article puis me demanda :

- Mon cas sera différent … Tu ne me laisseras pas devenir comme ça. Nous irons nous installer en Antarctique.

Cette remarque me fit rire. Bella était si attendrissante. Elle savait me calmer très rapidement même sur un sujet aussi délicat que celui-là. Je voulais qu'elle soit plus détendue elle aussi et un brin d'humour s'imposait …

- Des pingouins ? Formidable !!

Un rire tremblotant retentit et Bella poussa le journal qui tomba au sol.

- L'Alaska … reprit-elle. Mais un endroit un peu plus reculé que Juneau. Un endroit fourmillant de Grizzlis.

- Les ours polaires sont très féroces (je repensais d'ailleurs à mon combat face à l'agresseur de Carol). Et les loups plutôt imposants.

Bella se raidit aussitôt.

- Qu'y a-t-il ? m'inquiétai-je.

Zut !! Je venais de comprendre … j'avais osé parler de manger des loups mais elle avait des amis loups ou plutôt un ami loup !!

- Bon, d'accord, tant pis pour les loups, si l'idée te déplaît tant que ça.

- Il était mon meilleur ami, Edward. Il est logique que l'idée me rebute, non ?

Elle semblait vraiment peinée et je supportais mal qu'elle puisse souffrir de ma bêtise.

- Pardonne ma maladresse. Je n'aurais pas dû suggérer cela.

- Ce n'est pas grave … lâcha-t-elle pour clore le sujet.

Je la sentais tout de même toujours triste et angoissée car elle avait baissé la tête comme pour se cacher de moi et ses poings refermés prouvaient qu'elle m'en voulait encore un peu. Je ne pouvais pas accepter cela et je glissai un doigt sous son menton pour l'obliger à relever la tête et me regarder.

- Désolé. Vraiment … murmurai-je comme pour la supplier.

- Je sais, je sais que ce n'est pas pareil. Je n'aurais pas dû réagir ainsi. Seulement … il se trouve que je pensais à Jacob, avant que tu n'arrives.

Je pris cette dernière phrase comme une claque … j'avais du mal à digérer le fait qu'elle puisse autant penser à lui qu'à moi. Cela me peinait sincèrement car cette amitié dangereuse n'avait plus d'avenir et elle n'était pas du tout d'accord.

- D'après Charlie, il ne va pas bien. Il souffre, et … c'est ma faute, me dit-elle comme pour s'excuser.

- Tu n'es coupable de rien, Bella.

- Il faut que j'arrange les choses, je le lui dois bien. D'ailleurs, c'est l'une des conditions de Charlie …

Arrh… Charlie … Il tentait désespérément de rapprocher sa fille de ce loup. Puéril ! Idiot et surtout absolument inconscient !! C'était cela ces fameuses conditions … et Alice ne m'en avait pas du tout parlées. Je rageais littéralement.

- Il est hors de question que tu traînes près d'un loup-garou sans protection, Bella, objectai-je. Or si l'un de nous pénétrait sur leur territoire, cela romprait la trêve. Tu souhaites donc déclencher une guerre ?

- Non ! Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle.

- Alors, inutile d'en discuter plus avant.

Pour me calmer j'avais besoin de changer le tournant de cette discussion mais par quel moyen ? Je détournai la tête du visage peiné de Bella et mes yeux tombèrent aussitôt sur son vieil exemplaire des Hauts de Hurlevent. Je ne pus retenir un sourire car je tenais là l'occasion rêvée de lui parler de ce que j'en pensais.

- Je suis heureux que Charlie ait décidé de t'autoriser à sortir. Tu as vraiment besoin d'aller dans une librairie. Je n'en reviens pas que tu relises Les Hauts de Hurlevent. Tu dois le connaître par cœur ?

- Contrairement à toi, tout le monde n'a pas une mémoire photographique.

- Mémoire photographique ou pas, j'ai du mal à comprendre comment tu peux aimer ce roman. Les personnages sont des gens horribles qui se pourrissent mutuellement l'existence. Qu'on ait élevé Heathcliff et Cathy au rang de Roméo et Juliette ou d'Elizabeth Bennet et de M.Darcy me laisse pantois. Ce n'est pas une histoire d'amour mais une histoire de haine.

- Tu es vraiment nul en littérature

- Sans doute parce que les vieilleries ne m'impressionnent pas.

J'étais satisfait de moi, nous avions changé de sujet … mais pour combien de temps ? J'en profitais du même coup pour lui poser une question qui m'intriguait.

- Franchement, pourquoi le relire sans cesse ? Qu'est-ce qui t'attire autant dans ce livre ?

En attendant sa réponse qui méritait d'être des plus intéressantes, je désirais la mettre un peu plus à l'aise. Pour cela, je lui caressai doucement la joue et plongeai mon regard curieux dans le sien.

- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle apparemment amadouée par mon regard, l'inéluctable peut-être. La façon dont rien n'arrive à les séparer, ni l'égoïsme de Cathy, ni la malfaisance de Heathcliff, ni même la mort …

Je n'avais pas vu l'histoire sous cet angle mais pour moi, ce roman restait sombre même s'il était décrit comme l'un des plus gros succès littéraires romantiques du dix neuvième siècle.

- L'histoire serait mieux si chacun était doté d'une qualité rédemptrice … repris-je.

- L’amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est leur seule qualité rédemptrice.

- Alors, je te souhaite d'avoir plus de jugeote qu'eux et de ne pas commettre l'erreur de t'amouracher d'un être funeste.

- Il est un peu tard pour t'inquiéter de celui dont je suis amoureuse. Du reste, je crois m'être plutôt bien débrouillée.

- J'en suis ravi.

- Quant à toi, je te souhaite de ne pas t'éprendre d'une égoïste comme Cathy. C'est elle qui est à l'origine de tous les malheurs, pas Heathcliff.

- Je te promets de rester sur mes gardes.

Elle posa sa main sur la mienne et soupira avant de reprendre :

- Il faut que je voie Jacob.

Je fermai les paupières afin de garder mon calme et de contrôler du mieux possible l'intonation de ma réponse.

- Non.

- Il n'y a aucun danger. J'ai passé beaucoup de temps à La Push avec toute la bande, et il n'est jamais rien arrivé, plaida-t-elle d'une voix qui dérailla quelque peu.

Quelques secondes plus tard, son cœur battait la chamade et sa paume de main humide collée la mienne. Elle semblait moins en accord avec ses paroles qu'il n'y paraissait. Bella avait préféré me mentir pour tenter de me faire céder mais au contraire ce mensonge confortait mon opinion.

- Les loups-Garous sont instables, blessant parfois leur entourage. Ou les tuant.

Son absence de protestation prouvait que j'avais raison. J'attendais alors, triomphant qu'elle veuille reprendre la parole.

- Tu ne les connais pas.

- Mieux que tu ne le penses, Bella. J'étais présent, la dernière fois.

- La dernière fois ?

- Nos chemins ont commencé à se croiser il y a environ soixante dix ans … Nous venions de nous installer près de Hoquiam. Alice et Jasper ne nous avaient pas encore rejoints. Nous étions plus nombreux que ces chiens, ce qui ne les aurait pas empêchés de se battre sans l'intervention de Carlisle. Il est parvenu à persuader Ephraim Black que la coexistence était possible. C'est ainsi qu'un armistice a été conclu. Nous croyions la lignée éteinte avec la mort d'Ephraim, d'ailleurs, et que la bizarrerie génétique à l'origine de leur transmutation s'était perdue … Ta poisse semble augmenter de jour en jour. Te rends-tu compte que ton insatiable attirance pour les dangers mortels a réussi le tour de force de ressusciter une meute de mutants ? Si l'on pouvait embouteiller ta malchance, on obtiendrait une arme de destruction massive de tout premier ordre.

- Ce n'est pas moi qui les ai ramenés ! se défendit-elle. Tu n'es donc pas au courant ?

- De quoi ?

- Les loups-garous sont réapparus parce que les vampires étaient revenus. Je n'y suis pour rien.

Je fus très surpris par cette révélation car Carlisle et moi n'avions jamais soupçonné une telle possibilité.

- Jacob m'a expliqué que l'installation de votre clan dans la région avait déclenché le processus. Je croyais que tu le savais …

- Telle est leur opinion ?

- Les faits parlent d'eux-mêmes, Edward. Il y a soixante-dix ans, vous êtes arrivés ici et les loups-garous ont surgi. Aujourd'hui, vous revenez, eux aussi. Ce n'est pas une coïncidence.

- Voilà une théorie qui risque d'intéresser Carlisle … finis-je par convenir car les faits étaient effectivement très troublants.

- Une théorie !!

Je méditais cette information en me disant que la haine de ce cabot était ancrée en lui et qu'il avait été créé, en quelque sorte, pour protéger Bella, des miens et de moi-même.

- Tout cela est fort intéressant mais nous ne sommes pas plus avancés. La situation reste inchangée.

Bella se leva alors de sa chaise pour venir s'asseoir sur mes genoux. Elle se blottit aussitôt dans mes bras glacés et m'inonda de sa chaleur. J'aimais tellement qu'elle soit dans mes bras. La serrer tout contre moi était un vrai bonheur.

- S'il te plait, écoute moi une minute … commença-t-elle. Il ne s'agit pas d'une lubie consistant à faire un salut à un vieil ami. Jacob souffre. Je n'ai pas le droit de ne pas l'aider, de l'abandonner au moment où il a besoin de moi sous prétexte que, quelquefois, il n'est pas humain… Il a été là pour moi lorsque je … lorsque je n'étais plus vraiment humaine non plus. Tu ignores ce que ça a été …

Elle s'interrompit quelques instants car elle semblait hésiter mais le mal était déjà fait. Entendre Bella évoquer cette période, m'était insupportable. Mes mains se fermèrent pour ne former que deux poings prêts à tout détruire sur mon passage pour faire exploser ma colère … cette étouffante colère que je ressentais contre moi.

- Si Jacob n'était pas venu à mon secours … je ne suis pas sûre de ce que tu aurais retrouvé en revenant ici. J'ai une véritable dette envers lui, Edward.

Elle eut un regard si touchant et sincère que je préférai fermer les yeux car je pouvais céder à cause de mon immense culpabilité. C'était exclu car c'était beaucoup trop dangereux pour elle. Je comprenais que trop sa souffrance et ses mots avaient raisonné en moi. Malheureusement cette amitié était impossible …

- Je ne me pardonnerai jamais de t'avoir quittée … même si je vis cent mille ans.

Sa main frôla mon visage et son odeur si apaisante m'aida à rouvrir les yeux et affronter de nouveau son doux regard chocolaté.

- Tu voulais agir au mieux. Je suis persuadée que ça aurait fonctionné avec une fille moins cinglée que moi. Et puis, tu es là, maintenant, c'est l'essentiel.

- Si j'étais resté, tu n'estimerais pas nécessaire de risquer ta vie pour réconforter un clébard.

La peine que je ressentais m'avait laissé échapper ce terme insultant alors que jusqu'à présent j'avais toujours essayé de me maîtriser. Plus je découvrais tout ce que ressentait Bella pour ce chien, plus ma haine pour lui amplifier.

- J'ignore comment formuler ça … enchainai-je sans pouvoir cacher ma tristesse, et ça va te sembler cruel, mais j'ai déjà trop manqué de te perdre par le passé. Je sais les affres dans lesquelles cela m'a plongé. Je ne tolèrerai pas d'autres mises en danger.

- Aie confiance en moi. Tout ira bien.

- Je t'en prie, Bella …

- Quoi ?

- Tâche de ne pas t'exposer. Fais-le pour moi. Je m'efforce de te préserver, ton aide n'est pas de trop cependant.

- Je vais essayer.

- Devines-tu à quel point tu m'es précieuse ? Comprends-tu combien je t'aime ?

Je la serrai contre mon torse pour la sentir encore plus proche de moi comme si nous pouvions ne faire plus qu'un … Elle lova sa tête sous mon menton et m'embrassa délicatement le cou.

- Je sais combien je t'aime … répondit-elle.

- C'est comparer un arbre frêle à une forêt.

- Impossible

Je soupirai face à sa ténacité et lui embrassai les cheveux pour lui répondre :

- Pas de loups-garous.

- Hors de question. Il faut que je rencontre Jacob.

- Je t'en empêcherai ! jurai-je.

- C'est ce qu'on verra. Il reste mon ami.

La soirée touchait déjà à sa fin. Je laissai donc Bella montait se coucher. Quant à moi, je devais jouer la petite mascarade de mon départ. Comme à son habitude, Charlie fut ravi de me voir partir. Je ne pris même pas la peine de lui dire au revoir car il faisait semblant d'être absorbé par la fin de son match de foot pour éviter d'avoir à me parler. Il avait encore du mal à digérer pour l'université de l'Alaska … Ce n'était pas si grave car je savais que cela allait rapidement lui passer.

Bella m'accompagna à la porte et se blottit une nouvelle fois dans mes bras :

- Tu viens me rejoindre, hein ??? me demanda-t-elle inquiète.

- Oui … mais à une condition ?

- Laquelle ? s’exclama-t-elle surprise.

- On ne parle plus de Jacob Black pour ce soir …

- Très bien … on en reparlera demain alors !! me taquina-t-elle.

- Bella … la grondai-je gentiment tout en resserrant notre étreinte.

Elle m'accordait un court répit mais j'appréhendais déjà les jours à venir car notre conversation sur ce cabot m'avait laissé un goût très amer … mais quelque chose me laissais penser que j'allais devoir m'y habituer.




sanaafatine 13-06-10 10:42 AM


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Elle avait tenu parole et n'avait plus évoqué Jacob Black, de mon arrivée auprès d'elle dans sa chambre jusqu'au moment où elle ferma les yeux pour s'endormir. En revanche, son sommeil, lui, ne m'avait pas épargné car ce n'était pas mon prénom qu'elle avait appelé cette nuit là mais celui du cabot et cela me rendait complètement dingue. Je n'avais pas jugé bon de lui en parler le matin à son réveil lorsqu'elle m'avait posé sa traditionnelle question : « Qu'ai-je raconté cette nuit ? »

C'était mon châtiment pas le sien.

Après un bref passage chez moi pour me changer, j'étais passé la prendre chez elle pour l'emmener au lycée. Elle était particulièrement enjouée mais je mettais cela sur le compte de sa liberté fraichement retrouvée.Toutefois, ce climat d'effervescence n'était pas seulement lié à Bella mais aussi à tout notre lycée avec l'approche de la fin des cours et le traditionnel bal de fin d'année. Je pouvais notamment capter dans les pensées des filles, l'angoisse de ne pas trouver la robe parfaite et pour les garçons la peur de ne pas avoir de partenaire pour danser. Bella m'ayant définitivement fait savoir qu'elle ne souhaitait pas y assister, je devais nous trouver une activité pour le week-end prochain.

Tous nos amis étaient heureux de se rendre au bal et de préparer la cérémonie de remise des diplômes. Que ces festivités n'aient plus le même attrait pour moi après toutes ces d'années, c'était logique. En revanche que Bella ne témoigne pas plus d'engouement me faisait toujours autant de peine. Elle essayait tout de même de se montrer enjouée devant ses amis comme ce midi à la cantine lorsque nous nous étions installés avec Angela, Ben et Alice. Mais je sentais qu'elle n'était pas pleinement heureuse et j'espérais pourvoir arranger cela.

- As-tu déjà envoyé des cartons d'invitation ? lui demanda Angela sur un ton légèrement paniqué alors que nous nous asseyions à table.

- Non, lui répondit-elle tout naturellement. C'est inutile. Renée est au courant, et je n'ai personne d'autre à prévenir.

- Et toi, Alice ?

Alice était en même temps entrain d'inspecter la tenue de Bella et regrettait déjà qu'elle n'ait pas voulu aller au bal. Elle aurait pu ainsi lui acheter la dernière robe à la mode pour changer un peu de son style jean/basket qu'Alice trouvait si ordinaire. Ma sœur était incorrigible ! Par contre, elle adorait être entourée de ses amis humains car elle n'en avait jamais eus avant Bella et trouvait cela très drôle de leur jouer cette petite comédie.

- J'ai terminé … mentit-elle avec une large sourire.

- Quelle veine ! soupira Angela. Ma mère a des milliers de cousins et exige que je rédige à la main une invitation à chacun. Je vais me coller un syndrome du canal carpien. Je redoute l'épreuve, or je ne peux plus la reculer.

- Je t'aiderai ! proposa aussitôt Bella. Si tu ne crains pas mon écriture abominable.

J'étais heureux qu'elle se propose car cela lui changerait les idées plutôt que de ruminer chez elle. J'avais d'ailleurs, toujours souhaité qu'elle sorte ou fasse des activités avec ses amis.

- Comme c'est gentil ! s'exclama Angela réellement soulagée car elle appréhendait vraiment cette fastidieuse épreuve. Dis-moi quand je peux passer.

- Je préférerais qu'on fasse cela chez toi, si ça ne te gêne pas. Je suis lasse de mes quatre murs. Charlie a levé ma punition hier soir.

- Vraiment ? se réjouit Angela. Toi qui te croyais condamnée à vie.

- Je suis aussi étonnée que toi. J'étais sûre qu'il ne relâcherait pas la garde avant le bac.

- En tout cas, c'est génial, Bella. Il faut que nous fêtions ça !

- Tu n'imagines pas comme je suis heureuse, affirma-t-elle

- Voyons un peu … intervint ma sœur soudainement excitée à l'évocation du mot fête. Comment pourrions-nous célébrer la bonne nouvelle ?

- Quels que soient tes projets, je doute d'être libre de mes mouvements à ce point, la prévint Bella, s'inquiétant certainement de la démesure de ma sœur.

- Ton père a levé ta punition, oui ou non ?

- Oui. N'empêche, il y a encore quelques restrictions. Ne pas sortir des Etats-Unis, par exemple.

Alice fit une moue boudeuse, vexée que Bella puisse contrecarrer ses plans.

- Alors, que fait-on ce soir ? insista-t-elle tout de même.

- Rien. Ecoute, attendons quelques jours pour nous assurer qu'il ne plaisante pas. De toute façon, nous sommes en milieu de semaine.

- Très bien ! On organisera quelque chose ce week-end.

- C'est ça … céda Bella sans grand enthousiasme.

Pendant qu'Angela, Ben et Alice préparaient les potentielles festivités de ce week-end, Bella plongea dans une triste rêverie. Je n'avais nullement besoin de lire ses pensées pour savoir à qui elle pensait …

Préférant ne pas l'importuner car je ne pourrais rien y changer, je me tournai vers ma sœur qui avait brusquement cessé de gesticuler. Elle était figée par la vision qu'elle était en train d'avoir. Angela commençait à s'angoisser de la subite catatonie de ma sœur. Je devais donc intervenir. Je me forçais à rire comme si je me moquais de la rêverie d'Alice, histoire de mettre un peu plus à l'aise Ben et Angela qui s'inquiétaient de la totale immobilité de ma sœur. Le moyen le plus efficace pour la faire réagir fut un violent coup de pied sous la table. Brutal mais redoutable …

Elle tressaillit aussitôt !

- Tu fais la sieste, Alice ? me moquai-je.

- Désolée, je rêvassais … s'excusa-t-elle

- C'est toujours mieux qu'affronter encore deux heures de cours … commenta Ben.

Pour ne pas attirer l'attention de Bella qui la dévisageait dangereusement, signe qu'elle avait compris ce qui se tramait, Alice reprit la conversation avec encore plus d'entrain que précédemment. J'étais en train de jouer avec une mèche de cheveux de Bella pour paraître aussi naturel que possible lorsqu'Alice me fit part de sa vision. Son regard croisa le mien et elle m'expliqua que Victoria était de retour et qu'elle prévoyait de nous rendre une petite visite … ce week-end !

Les projets de fête de ma sœur étaient d'ores et déjà annulés quant à moi, je n'avais plus qu'une seule idée en tête : éloigner Bella de Forks.

Elle ne devait pas être là lors de l'attaque de Victoria. Ce serait beaucoup trop dangereux. Je ne pouvais pas non plus le lui annoncer car cela lui enlèverait le peu de joie qu'elle pouvait ressentir en ce moment. Oui, partir était une très bonne idée … et j'avais la solution toute trouvée. J'allais devoir batailler mais j'avais une chance d'y arriver. J'aurais aimé botter les fesses de Victoria moi-même mais si je ne partais pas avec Bella, elle ne voudrait jamais quitter Forks. La tueuse voulait s'assurer que nous étions de retour ou du moins que j'étais de nouveau auprès de Bella. En effet, lors de sa dernière intrusion, au retour d'Alice, Victoria aurait flairé la présence de ma sœur et ce serait cette découverte qui l'aurait incité à fuir. Depuis, elle devait attendre le moment propice pour attaquer. J'allais devoir préparer deux ou trois choses avec ma famille pour la protection de Charlie notamment. Mais ma priorité restait Bella. Je ne devais rien laisser transparaître et l'idée de savoir ma belle loin ce week-end là, et à mes côtés, me soulageait et me permettait de jouer cette stupide comédie.

Je fis en sorte d'être toujours en compagnie d'un élève pour que Bella ne soit pas trop tôt à mon contact pour m'assaillir de questions. J'osais espérer qu'elle puisse oublier ce à quoi elle avait assisté à la cantine. Je connaissais trop Bella pour savoir que c’était impossible et c'était la raison pour laquelle je prenais mes distances. Pour qu'elle ne puisse pas penser que quelque chose de grave allait se produire, je ne devais pas lui laisser l'occasion de s'imaginer quoique ce soit. Je tentais de faire comme si de rien n'était … cela ne fonctionna pas très bien, du reste.

En fait, j'avais sans doute pousser le bouchon un peu trop loin en proposant à Mike Newton de l'aider sur sa voiture … moi, qui avait tant de mal à rester dans la même pièce que lui plus de cinq minutes. J'avais encore du mal à paraître naturel en compagnie d'humains que je n'appréciais pas particulièrement.

Bella me le fit tout de suite remarquer. Dès qu'elle fut installée dans la voiture avec ma sœur, elle me demanda :

- Qu'est-ce que cela signifie ?

- Je rends service, c'est tout.

- Tu n'es pas aussi doué que cela en mécanique, mon cher ! renchérit Alice qui n'appréciait pas de ne pas connaître mes intentions. Elle voulait savoir ce que je manigançais mais je ne souhaitais pas encore le lui dévoiler. Du coup, elle se mit à accélérer son débit de paroles pour compenser sa frustration. Tu devrais demander à Rosalie d'examiner ça cette nuit, histoire de ne pas avoir l'air ridicule quand Mike décidera de recourir à ton aide. Remarque, ce serait rigolo de voir sa réaction si Rosalie débarquait à ta place. Mais vu qu'elle est censée être à la fac, à l'autre bout du pays … Dommage !!

Enfin, pour la voiture de Mike, tu suffiras sûrement. Seules les belles sportives italiennes donnent du fil à retordre. A propos d'Italie et des sportives que j'y ai volées, tu me dois toujours cette Porsche jaune. Et je n'ai pas envie de patienter jusqu'à Noël …

Je la laissais déblatérer encore quelques secondes sans l'écouter car je ne connaissais que trop le fond de sa pensée. N'y tenant plus, je décidai de la déposer non pas devant chez moi mais seulement à l'entrée du chemin. Elle n'apprécia pas car cela lui confirmait que je lui cachais quelque chose. Elle me lança en descendant de la voiture un regard noir accompagné d'une expression très explicite « Tu ne perds rien pour attendre ! ».

- A plus tard ! lui répondis-je très à l'aise et heureux de l'abandonner quelques temps.

J'étais trop pressé d'accomplir ma mission que je ne pouvais me permettre de garder Alice dans mes basques. Elle aurait voulu soit s'en mêler, soit cracher le morceau à Bella. C'était trop important pour moi pour que je laisse ma sœur tout gâcher.

Bella n'osa pas me parler pendant le reste du trajet. Son cerveau devait fourmiller de milliers de questions ou plutôt se porter sur une seule et unique. J'allais devoir mettre mon plan à exécution et amener Bella dans mon sens, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle n'appréciera pas mais lorsqu'elle saura, plus tard, que c'était pour son bien, elle me remerciera. Du moins, je l'espérais.

Une fois devant chez Charlie, je décidai d'entamer la conversation.

- Pas beaucoup de devoirs, ce soir …

- En effet.

- A ton avis, suis-je de nouveau autorisé à entrer ?

- Charlie n'a pas piqué sa crise lorsque tu es passé me chercher ce matin.

Bella m'invita alors, à monter dans sa chambre. Elle était visiblement exaspérée mais elle ne me demandait toujours rien. J'allais devoir employer les grands moyens pour la mettre en confiance. Je m'allongeai sur son lit et fis comme si j'étais intéressé par ce que ce passait à l'extérieur pendant qu'elle attendait que son antique ordinateur daigne s'allumer.

Ses doigts tambourinaient sur son bureau témoignant de son énervement. Je déposai aussitôt ma main sur la sienne, en lui murmurant suavement à l'oreille :

- Serait-on impatiente, aujourd'hui ?

Mes doigts s'entremêlèrent dans les siens pour ensuite amener sa main à ma bouche. Je pus ainsi à loisir embrasser la paume de sa main et humer le délicat parfum de son poignet.

Elle releva la tête, l'air contrarié mais nous étions si proches l'un de l'autre qu'elle en fut surprise. Je relâchai alors sa main pour caresser son visage de mon souffle. Le sien était envoûtant si bien que mes lèvres embrassèrent délicatement sa lèvre supérieure puis sa bouche tiède s'ouvrit pour accueillir ma langue. Nos lèvres se rencontrèrent avidement, les miennes froides contre les siennes devenues étonnement si chaudes sous l'intensité de nos baisers.

Une de mes mains après avoir parcouru son visage, vint caresser ses cheveux pendant que l'autre empoignait fermement ses reins pour les plaquer contre mon torse glacé. Elle frissonna. Je pensais au début que c'était sous l'effet de notre étreinte mais je sentais la chaleur de son corps diminuée, conscient que c'était peut-être à cause de mes membres glacés qu'elle frissonnait. Je la relâchai à regret.

Mais Bella était incroyablement têtue et dans tous les domaines … j'avais certes réussi à la mettre à l'aise mais je m'étais fait prendre à mon propre jeu. Elle en voulait plus et moi aussi d'ailleurs mais cela nous était impossible. C'est pourquoi je préférais me reculer de peur de ne pas réussir à m'arrêter. Bella n'était visiblement pas décidée à m'aider car elle vint se coller à moi et lécher ma lèvre inférieure avec une sensualité inouïe …

S'en était trop et je dus l'écarter de moi, une bonne fois, pour être sûr de ne pas craquer. Mon désir pour elle devenait incontrôlable. Quand j'étais proche d'elle à ce point, je sentais mes instincts d'homme revenir et tout me paraissait si facile, comme si le simple fait de la toucher n'était plus une crainte mais un plaisir insoupçonné. Ses caresses ou ses baisers faisaient réagir tout mon être avec des sensations que je pensais avoir complètement oubliées ou d'autres que je découvrais pour la première fois.

Sa ténacité me faisait rire. Elle était si entreprenante, ne se souciant plus du tout de savoir si j'allais lui faire du mal ou encore la tuer avec mon venin … Non, Bella se laissait aller à cent pour cent dans mes bras et je devais bien le reconnaître : j'adorais cela !

- Ah, Bella ! soupirai-je.

- Je m'excuserais si j'étais désolée, mais ce n'est pas le cas, me dit-elle fièrement.

- Ce que je devrais regretter, ce qui n'est pas le cas non plus. Je crois que je vais retourner sur le lit.

- Si tu estimes que c'est nécessaire.

Je m'éloignai d'elle sans une pointe d'amertume mais c'était préférable pour nous deux.

Son ordinateur était fin prêt pour travailler et Bella s'apprêtait à écrire à sa mère.

- Transmets mes salutations à Renée …

- Bien sûr.

Elle écrivit tranquillement son mail jusqu'au moment où j'entendis subitement ses dents grinçaient … puis elle se mit à taper plus violemment et rapidement sur les touches de son clavier. Elle était visiblement mécontente et je ne pus m'empêcher de lire par dessus son épaule ce qui pouvait la mettre dans cet état. Ce que je découvris ne m'étonna malheureusement pas… Elle parlait du cabot et du fait qu'elle ne le voyait plus. Je préférais ne plus y prêter attention car cela me faisait déjà bien assez mal.

Je préférais laisser mes yeux vagabonder dans cette chambre que j'avais tant imaginée pendant mon exode forcé, cette pièce où j'aurais tant voulu revenir. Rien n'avait vraiment changé en mon absence seule cette chose bizarre que dépassait du placard de Bella…

Je n'étais pas tout à fait sûr de ce que c'était. Si, en fait, après une plus profonde inspection et cet objet allait me permettre d’aborder mon envie d'escapade pour ce week-end. Alors que Bella venait d'éteindre son ordinateur et s'apprêtait à se lever de son bureau, je décidai d'amener le sujet en douceur ou du moins avec un peu d’humour :

- Nom d'un chien ! Que lui as-tu fait subir ?

- Je n'arrivais pas à l'extraire du tableau de bord.

- Alors tu t'es sentie obligée de le torturer ? Me retenant de ne pas sourire.

- Je ne suis pas douée avec les outils, tu le sais. C'était involontaire !

- C'est un meurtre, oui !! m'exclamai-je l'air faussement tragique.

- Bah ! lâcha Bella ne sachant plus trop si je riais ou si j'étais véritablement outré.

- Ils seraient blessés s'ils apprenaient. Heureusement que ta punition t'a tenue loin de chez nous. Je vais devoir le remplacer avant qu'ils ne remarquent quelque chose.

- C'est gentil, mais je n'ai pas l'usage d'un appareil aussi sophistiqué.

- Ce n'est pas pour toi que j'en achèterai un ! lâchai-je ironiquement, histoire que je puisse enfin écouter un peu de musique dans sa vieille Chevrolet.

Elle soupira car elle avait du deviner que je blaguais.

Je me saisis discrètement de la pochette qui contenait les deux billets d'avion pour la Floride, que Carlisle et Esmée lui avaient offerts. C'était maintenant que j'allais voir si j'étais un fin stratège ou un pitoyable acteur …

- Tu as vraiment maltraité tes cadeaux ! ajoutai-je faussement mécontent tout en m'éventant avec la précieuse pochette.

Elle ne me répondit pas, visiblement mal à l'aise. C'était vrai que ces cadeaux pouvaient être synonymes de mauvais souvenirs pour elle et elle voyait cela d'un mauvais œil, que je puisse en parler ainsi. Pour moi, cet événement n'avait plus l'importance que j'avais pu lui donner autrefois. L'idée de la perdre m'avait fait réaliser à quel point j'avais pu être idiot.

Et puis, si ces billets d'avion pouvaient me permettre de réaliser mes desseins et bien cet anniversaire n'aura pas été un si mauvais souvenir que cela pour nous deux.

- As-tu conscience qu'ils sont sur le point d'expirer ? lui demandai-je en lui tendant la pochette.

- Non. Je ne me souvenais même plus que je les avais, me répondit-elle d'un ton neutre.

J'avais du mal à cacher mon excitation et j'espérais qu'elle ne décèlerait pas trop ce qui clochait dans mon attitude. Elle était toujours si perspicace.

- Il nous reste encore un peu de temps … poursuivis-je. Tu n'es plus punie et nous n'avons aucun projet pour ce week-end, puisque tu refuses d'être ma cavalière au bal de fin d'année. Et si nous fêtions ta liberté retrouvée ainsi ?

- En rendant visite à Renée ? me demanda-t-elle surprise.

- Il me semble t'avoir entendu dire que le territoire américain t'était permis.

Elle était étonnée par ma proposition et me toisait d'un air suspect.

- Alors ? insistai-je sans pouvoir cacher mon empressement. Oui ou non ?

- Charlie s'y opposera, lâcha-t-elle, certainement énervée par mon inhabituel empressement.

- Il n'a pas le droit de t'interdire de voir ta mère. De plus, elle a officiellement ta garde.

- Personne n'a ma garde. Je suis majeure.

- Certes, dis-je aussi naturellement que possible car dans ma précipitation j'avais dit une bêtise. Cela m'arrivait rarement et cela pouvait donner des doutes à Bella sur mes motivations. Quel nul !!

Après une longue réflexion, elle me répondit enfin :

- Pas ce week-end !!

- Pourquoi ? lâchai-je surpris.

- Je refuse de me battre avec Charlie. Pas si tôt après qu'il m'a pardonné.

- Moi, je trouve que ce sera parfait, insistai-je lourdement.

- Non. Une autre fois.

Bella avait décidé de ne pas me rendre les choses faciles mais je m'en doutais alors tous les coups étaient permis, même les plus vils comme la faire culpabiliser.

- Tu n'es pas la seule à avoir été confinée dans cette maison … lui reprochai-je.

- Tu peux aller où bon te semble ! me répondit-elle vexée par ma remarque.

- Le monde sans toi ne m'intéresse pas …

Elle leva les yeux au ciel comme si elle sentait que j'en faisais un peu trop … malgré tout, je persistais.

- Je suis sérieux ! protestai-je.

- Commençons doucement, d'accord ? Par un film à Port Angeles, par exemple …

- Laisse tomber … On en reparlera une autre fois.

- Tout a été dit à ce propos.

Je capitulai sur ce coup là mais je n'avais pas dit mon dernier mot. J'allais devoir recourir à la manière forte. J'y étais obligé, je devais tout faire pour que Bella ne soit pas là ce week-end et j'y parviendrai.

- Parfait. Autre chose : qu'est-ce qu'Alice a vu aujourd'hui à la cantine ?

Comme je le soupçonnais, Bella avait bien remarqué qu'Alice avait eu une vision. J'avais tout prévu pour noyer le poisson … Elle me regardait attendant ma réponse mais elle n'y décèlerait … rien, pas une once d'inquiétude.

- Jasper … Dans un drôle d'endroit. Quelque part dans le sud-ouest, d'après elle. Pas loin de son ancien clan. Or, il n'a aucune intention consciente de retourner là-bas. Cela l'inquiète.

- Oh !! lâcha-t-elle apparemment soulagée de voir que je ne lui annonçais aucune catastrophe.

Et puis, je n'avais pas vraiment menti car Alice avait eu cette vision mais par le passé après le regrettable incident de l'anniversaire de Bella. Jasper avait songé à nous quitter plutôt que de rester à Forks. Fort heureusement, les choses avaient pu s'arranger mais Alice avait été véritablement inquiète à l'époque. J'avais fait le choix de cette vision car je savais que Bella ne tenterait pas d'en parler à Alice et qu'elle n'inquièterait nullement Bella.

- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ? me reprocha-t-elle.

- Il m'avait échappé que tu t'en étais aperçue. De toute façon, c'est sûrement sans importance, mentis-je.

Nous descendîmes ensuite au rez de chaussée pour faire les quelques devoirs que nous avions à rendre pour le lendemain. Vint ensuite le moment que je n'appréciais pas particulièrement, la préparation du dîner. Le plus souvent, cela ne durait pas trop longtemps mais ce soir, Bella avait l'air d'avoir envie de mijoter un bon petit plat pour son père. Peut-être pour l'amadouer ? J'avais peut-être semé le doute dans l'esprit de Bella en fin de compte.

Charlie arriva quelques temps plus tard. Il ne me toisa pas du regard et ne me démontra pas non plus son hostilité. Je compris rapidement ce qui le rendait si radieux. Cela allait clairement semer la zizanie, ou plutôt j'allais vraiment semer la discorde à cause de mon escapade de ce week-end. En effet, Charlie avait des projets lui aussi et qui englobaient sa fille … sur la réserve Quileute.

Alors qu'ils s'installaient à table, je m'excusai de ne pas me joindre à eux et me posai sur le canapé en faisant semblant de regarder la télé. J'étais bien trop pressé de savoir comment allait se dérouler leur conversation … mais Bella ne dit rien ou n'osa rien dévoiler à son père de nos projets. Elle redoutait trop sa réaction pour cela.

Leur repas étant terminé, je revins dans la cuisine car Charlie devait savoir et ses projets de fête Quileute étaient totalement exclus pour Bella ! Je ne pouvais plus attendre !!

Je m'apprêtais à aider ma bien-aimée, en essuyant la vaisselle mais je souhaitais surtout tenter une approche auprès de Charlie. Ce dernier commença à s'orienter vers son endroit préféré … le canapé mais j'avais à lui parler avant. Je savais que Bella détesterait ça mais j'avais dit que j'emploierai les grands moyens !

- Charlie ? lui lançai-je aussi naturellement que possible.

Ce dernier s'arrêta net et se tourna vers moi.

- Bella vous a-t-elle dit que mes parents lui avaient offert des billets d'avion à son anniversaire afin d'aller voir Renée ?

Bella lâcha aussitôt l'assiette qu'elle était en train de nettoyer. Elle était donc bien choquée par mon impertinence mais je ne pouvais pas faire autrement …

- C'est vrai Bella ? lui demanda Charlie étonné.

- Oui … avoua-t-elle timidement, sans oser lever les yeux sur moi ou sur son père.

Charlie était mécontent que sa fille le lui ait caché et n'appréciait pas du tout de l'apprendre de cette manière. Il me regarda et me répondit :

- Je n'étais pas au courant, non.

- Je vois … lâchai-je comme si moi aussi, je venais d'apprendre que Bella ne lui avait rien dit.

- As-tu une raison de soulever la question aujourd’hui ? me questionna son père.

- Leur validité est sur le point d’expirer … expliquai-je sûr de mon petit effet. Je crains qu’Esmé ne se vexe si Bella n’utilise pas son cadeau. Certes, il suffirait de lui dissimuler, mais …

Je ne terminai pas ma phrase volontairement sachant que cet argument allait faire mouche. Charlie appréciait mes parents et il ne voulait pas les froisser avec cette histoire de billets d’avion. Après une courte réflexion, Charlie déclara :

- Ce ne serait pas une mauvaise idée que tu rendes visite à ta mère, Bella. Elle serait contente. Je ne comprends pas pourquoi tu ne m’en as pas parlé.

- J’ai oublié.

- Pardon ? On te donne des billets d’avion et ça te sort de l’esprit ?

Bella ne sachant plus quoi répondre, se remit à sa vaisselle.

- Edward, tu as mentionné des billets. Combien y en a-t-il exactement ?

Je savais très bien pourquoi il me posait cette question et je savais aussi que cela allait dégénérer mais c’était une fois encore le prix à payer pour que Charlie consente à cette escapade.

- Un pour elle et … un pour moi.

Le soupir de Charlie fut aussi expressif que les rougeurs que Bella arborait sur ses joues.

Tous les deux étaient irrités par mon attitude d’une part car je dépassais les bornes et d’autre part car cela ne me ressemblait pas du tout …

- C’est hors de question ! s’emporta-t-il enfin.

- Pourquoi ? demandai-je en faisant mine de ne pas comprendre son irritation. Vous venez de dire que ce serait une bonne idée que Bella voit sa mère.

- Tu n’iras nulle part avec ce garçon, jeune fille ! brailla Charlie en brandissant un doigt sur elle et en m’ignorant volontairement.

Cette rage fut vite contagieuse car Bella ne put se retenir plus longtemps de répondre à son père sur le même ton.

Le ton montait entre ces deux là car Bella pensait que son père préférerait que ce soit le cabot qui l’accompagne alors qu’en fait, il s’imaginait juste que Renée nous laisserait batifoler. Nous pourrions ainsi avoir une intimité que Charlie avait du mal à digérer. Comme tout père, il s’inquiétait pour sa fille mais ne pouvait pas le lui révéler de peur de passer pour un papa poule !

Je me sentais fautif de les laisser se déchirer mais je le faisais uniquement dans le but de protéger Bella. Je savais que c’était ignoble de m’y prendre ainsi mais c’était le seul mode de communication qu’ils connaissaient. Ils n’arrivaient pas à se parler sans se disputer.

Après ces quelques minutes de défoulement, Bella mit fin à la conversation et à sa vaisselle en même temps :

- Mes devoirs sont terminés, tu as dîné, la vaisselle est faite et je ne suis plus punie. Je sors. Je serai rentrée avant vingt-deux heures trente.

- Où vas-tu ? râla-t-il.

- Je n’en sais trop rien. Je resterai dans un rayon de quinze kilomètres. D’accord ?

Il marmonna quelques mots et quitta la cuisine sans un regard pour sa fille. Il allait se calmer et digérer cette nouvelle.

- Nous sortons ? lui demandai-je heureux d’avoir arraché ma victoire grâce à Bella.

- Oui ! me rétorqua-t-elle en me toisant. J’ai deux mots à te dire en privé.

Mon petit chaton qui se prenait pour un redoutable lion à cet instant voulait me parler. Rien de ce qu’elle pourrait me dire n’atténuerait la joie que je ressentais de la savoir près de moi et en sécurité ce week-end.

Elle attendit tout de même que nous soyons installés dans ma voiture pour exploser :

- Qu’est-ce qui t’a pris ?

- Je sais que tu as envie de revoir ta mère, Bella. Tu en as parlé en dormant. Tu t’inquiètes pour elle, mentis-je car durant son sommeil c’était pour une toute autre personne qu’elle s’inquiétait.

- Ah bon ? s’exclama-t-elle surprise.

- Oui. Tu avais la frousse d’affronter Charlie, je me suis borné à intercéder en ta faveur.

Je ne regrettais pas de l’avoir fait car cela avait abouti à ce que j’espérais.

- Tu plaisantes ? Tu m’as jetée dans la fosse aux lions, oui !!

- Je n’ai pas eu l’impression que le péril était si grand.

- Je t’avais pourtant averti que je ne voulais pas me disputer avec mon père.

- Tu n’y étais pas forcée.

-C’est plus fort que moi. Quand il se met à être injuste, mes instincts adolescents reprennent le dessus.

- Je n’y suis pour rien ! rigolai- je en savourant la joie d’avoir obtenu ce que je désirais.

- L’urgence soudain d’une visite en Floride aurait-elle un lien avec la fête chez Billy ?

Elle avait bien senti que je lui cachais quelque chose mais fort heureusement elle était sur une mauvaise piste.

- Du tout. Que tu restes ici ou que tu sois à l’autre bout du monde n’y changerait rien : tu n’irais pas.

Elle se crispa aussitôt et serra les poings en me lançant un regard glacial.

Mais plus rien ne pouvait me toucher, j’étais trop heureux pour cela.

- Bon, où va-t-on ?

- Chez toi ? Je n’ai pas vu Esmé depuis longtemps.

- Cela lui fera plaisir ! Surtout quand elle apprendra où nous allons ce week-end. m’exclamai-je tout guilleret.

Elle ronchonna quelque peu mais je savourais déjà ma victoire !

D’ailleurs, elle n’ouvra pas la bouche durant tout le trajet jusqu’à chez moi. Je n’avais rien dit non plus sachant qu’il lui fallait un peu de temps pour se radoucir. Elle ne m’en voulait jamais très longtemps. Je ne souhaitais pas qu’elle fasse la tête devant toute ma famille et qu’ils apprennent trop rapidement comment j’avais obligé Bella à se rendre chez sa mère. En garant la voiture, je pus capter les pensées des miens et ils échafaudaient déjà un plan pour ce week-end. Alice les avait prévenus de sa vision et savait même, à présent ce que j’avais manigancé.

Je descendis de ma voiture et vint ouvrir à Bella qui m’attendait patiemment sur son siège.

- Toujours fâchée ? lui demandai-je en ouvrant la portière.

- Charlie s’en remettra ?

- Oui, rassure-toi … lui dis-je en souriant.

- Alors dans ce cas, je ne suis plus fâchée !!

Je la pris dans mes bras pour l’aider à descendre. Je la déposai doucement sur le sol. Je lui embrassai le front et lui pris la main pour l’accompagner jusqu’à la maison.

Esmé et Carlisle nous attendaient. Ils étaient heureux de revoir Bella.

Ma mère emmena rapidement ma bien-aimée sur le canapé pour converser de tout et de rien. En attendant, j’allais rejoindre Alice et Jasper qui venaient d’entamer une partie d’échec.

Alice ne put se retenir très longtemps de me reprocher mon attitude et martela mes pensées de toutes ses réprobations.

- Tu es fier de toi !! Tu as réussi à avoir ce que tu voulais alors pourquoi faire tant de chi-chi et me mettre de côté comme tu l’as fait ?

- Je suis désolé mais je n’avais pas le choix … Je voulais être absolument sûr de réussir à convaincre Bella d’aller chez sa mère sans qu’elle sache que c’était pour préserver sa sécurité !

- Ouais … mais je t’en veux encore … A moins que tu songes sérieusement à me faire plaisir ? Tu sais comment tu pourrais te rattraper, n’est-ce pas ?

- Tu l’auras ta Porche !! Et avant Noël, j’ai compris le message !

Puis je repris sur le sujet qui nous intéressait plus particulièrement.

- Vous avez déjà prévu quelque chose pour la surveillance de Victoria ?

- Oui, Esmé, Rosalie et moi, on protégera Charlie quant à Jasper, Emmett et Carlisle, ils ne resteront pas trop loin de la réserve quileute car c’est par là que devrait arriver Victoria …

- Il faudra faire très attention de bien respecter la frontière pour ne pas nous créer d’autres problèmes ! indiquai-je à ma sœur.

- Ne t’inquiète pas, ils seront vigilants !

Bella vint nous rejoindre et avant que cette dernière ne puisse s’apercevoir que nous étions en grande conversation mentale, Alice me demanda aussitôt :

- Edward, tu me dois une revanche ? Jasper, tu joueras avec Bella, tu veux bien ?

Alice espérait me battre vu qu’elle pouvait anticiper mes mouvements mais elle n’était pas si habile qu’elle le pensait car je lui lançais régulièrement de fausses pistes ce qui la faisais rapidement capituler. Bella quant à elle, fut littéralement laminée par Jasper qui était le plus adepte de nous tous dans ces jeux de stratégie.

Bella avait visiblement réussi à penser à autre chose durant une ou deux heures. Elle ne m’était pas du tout apparue mélancolique de la soirée et j’en étais heureux. L’idée de passer un week-end chez sa mère et avec moi devait lui faire plaisir, tout comme moi d’ailleurs, même si initialement mes motivations étaient liées à l’arrivée de Victoria.

Nous rentrions donc tranquillement chez Bella. Son père nous attendait car la maison était encore éclairée et je pouvais d’ores et déjà capter ses pensées. Elles me confirmaient ce qu’il s’était imaginé tout à l’heure concernant notre potentielle intimité à Bella et moi. Il était inquiet en effet, de la vie sexuelle de sa fille et voulait lui faire un peu la morale sur ce sujet.

- Mieux vaut que tu ne m’accompagnes pas. Inutile d’aggraver la situation, me conseilla-t-elle.

Je n’y tenais pas tant que ça, effectivement. L’idée d’entrer et d’écouter les propos maladroits de Charlie envers sa fille me firent sourire.

- Ses pensées sont assez calmes … lui répondis-je sur un ton moqueur.

- A plus … lâcha-t-elle.

- Je reviendrai quand Charlie ronflera ! rigolai-je en me baissant pour lui embrasser le front.

Une fois que Bella eut passé la porte de chez elle, je fis de nouveau route vers chez moi. J’étais soulagé et je pensais un peu trop hâtivement sans doute que cette journée compliquée était sur le point de se terminer. Comme je le pensais très souvent, c’était sans compter sur Bella. Je fus à peine garé devant chez moi qu’Alice vint me rejoindre totalement affolée …

- Edward !! Je ne vois plus son avenir… je ne vois plus l’avenir de Bella !! La dernière chose que j’ai vue c’est qu’elle partait voir le cabot !! J’ai peur qu’elle n’en revienne pas … et s’il l’a tuait !! me dit-elle paniquée.

- Ok, cesse de paniquer ! Je retourne toute de suite chez elle pour l’empêcher d’y aller ! répondis-je d’une voix tendue.

Cette fois-ci, j’y allais en courant. C’était nettement plus rapide car je pouvais couper par la forêt. J’étais si anxieux que je parcourus le trajet encore plus rapidement que d’ordinaire. J’arrivai chez Bella alors qu’elle était encore chez elle, et qu’elle annonçait à son père qu’elle désirait rendre visite à Jacob Black.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de sortir de la maison, j’avais déjà pu enlever le câble du démarreur et m’installer sur le siège passager de sa Chevrolet. C’était la seule solution rapide que j’avais pu trouver sans éveiller les soupçons de son père. Bella n’était toujours pas décidé à m’aider pour assurer sa sécurité. Cependant, je n’allais pas m’énerver car après ce que je venais de faire je pensais plutôt que ce serait elle qui m’en voudrait.

Il faisait nuit noire et Bella eut du mal à ouvrir sa portière. J’entendais ses doigts qui tâtonnaient la carrosserie pour attraper la poignée. Elle ne pouvait pas non plus me distinguer dans cette obscurité. Elle tenta ensuite de démarrer mais rien ne se produisit, fort heureusement. Elle devina alors que j’étais prêt d’elle lorsque je me mis à agiter le câble devant moi pour lui montrer la raison de cette panne.

- Aaaaaaah ! hurla-t-elle.

- Alice m’a prévenu … murmurai-je. Elle a pris peur en découvrant que ton futur avait disparu, il y a cinq minutes.

Elle me regarda totalement stupéfaite.

- Les loups lui sont invisibles … lui précisai-je. Tu as oublié ? Lorsque tu décides de les côtoyer, ton destin s’évapore aussi. Tu comprends pourquoi cela me rend un petit peu … nerveux. Alice a cessé de te voir, sans pouvoir déterminer si tu reviendrais ou non. Nous ignorons les raisons de ce phénomène. Les loups-garous ont peut-être une défense innée, mais l’explication laisse à désirer, puisque moi, je n’ai aucune difficulté à lire leurs pensées. D’après Carlisle, cela est dû au fait que leur transmutation régit leur existence. Elle tiendrait moins de la décision volontaire que de la réaction spontanée bouleversant tout autour d’eux. A l’instant où ils changeraient de forme, ils n’existeraient plus vraiment. Du coup, le futur ne les concerne plus …

Elle ne répondit toujours pas, toujours sous le choc de mon geste visiblement.

- Je réparerai ta voiture à temps pour que tu ailles au lycée, au cas où tu préférerais t’y rendre seule …

Elle avait les lèvres pincées, signe de son mécontentement. Elle récupéra ses clés avec violence et descendis de la voiture.

Avant qu’elle n’ait refermé sa portière je lui chuchotai tout de même :

- Ferme ta fenêtre si tu ne veux pas de moi cette nuit …Je comprendrai.

Elle ne me répondit rien et ne jeta même pas un coup d’œil dans ma direction. Elle était très en colère à en juger sa démarche et la manière dont elle claqua la porte d’entrée de sa maison.

Je décidai de réparer sa voiture en attendant de savoir si elle fermerait ou non la fenêtre de sa chambre. Son père fut déçu que sa fille ne puisse pas rejoindre ce cabot et il lui avait même proposé sa voiture de patrouille alors que cela lui était interdit. Il tenait tant à ce que sa fille soit heureuse. Il pensait que cela passait par une relation avec Jacob Black. Bien évidemment, elle refusa et monta dans sa chambre et j’entendis très facilement sa réponse avec le claquement assourdissant de sa fenêtre. Elle était en colère et je le savais mais je connaissais aussi de mieux en mieux Bella pour savoir que cela n’allait pas durer. C’est pourquoi je ne fus pas surpris de voir sa fenêtre ouverte en passant devant sa chambre après avoir fini la réparation de sa voiture. C’était aussi pour cela que je l’aimais.




sanaafatine 13-06-10 10:47 AM



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J’eus tout de même le droit de l’emmener au lycée les autres jours de la semaine. Elle m’avait pardonné à mon plus grand soulagement. Charlie quant à lui, avait tout de même réussi à digérer notre voyage. Il me glissa quelques recommandations lorsque je vins chercher Bella chez elle, le vendredi soir. Il s’inquiétait de ne pas revoir sa fille vivante ou de la retrouver blessée.

Il se remémorait la fois où elle était revenue avec une jambe cassée ou encore lorsqu’elle avait disparu trois jours sans laisser de trace, tout cela à cause de moi. Il espérait que ce voyage ne cachait rien et qu’il se terminerait bien. J’avais beau lui dire que je prendrai soin d’elle mais je recevais toujours un grognement en guise de réponse.
Nous devions arriver à Jacksonville le lendemain matin de très bonne heure avant que le soleil et la chaleur ne soient trop présents. Je savais que je partais pour me terrer deux jours. Enfin, j’espérais quand même avoir une permission de sortie le soir, au clair de lune. Le vol se passa sans encombre. Je sentais juste une légère pointe de nervosité chez Bella mais je pensais que c’était lié à la joie de revoir sa mère car ses inquiétudes pour le cabot semblaient s’être éloignées.

A notre arrivée à l’aéroport, nous avions eu droit à un accueil plein de cris et de larmes. Renée était si expressive et spontanée. Ce dernier trait, Bella en avait d’ailleurs beaucoup hérité.
Renée était accompagnée de Phil, un homme charmant mais très discret. Il était le côté plus posé qui manquait à sa femme. Cette brève rencontre fut la seule que nous avons eue durant notre week-end car il était mobilisé auprès de son équipe de base-ball qui participait à un tournoi ce week-end là. Il prenait son rôle d’entraineur très à cœur. Ils vivaient dans une ravissante maison dans le sud de la ville, proche de la plage, non loin de l’aéroport. Heureusement pour moi, car le soleil commençait à être de plus en plus présent et la chaleur devenait accablante.
Renée avait aménagé la chambre de sa fille à l’identique de celle qu’elle avait à Phoenix. Elle espérait ainsi la faire revenir vivre auprès d’elle. Bella lui manquait beaucoup. Elle avait du mal à se faire à leur séparation car elles avaient vécu si longtemps l’une avec l’autre que Renée avait encore besoin du soutien de sa fille.

Elle n’oserait jamais le lui avouer, encore moins maintenant qu’elle sentait Bella heureuse et amoureuse. Elle nous observait beaucoup d’ailleurs, jusqu’à décortiquer nos moindres gestes. Elle était visiblement intriguée par notre relation. Elle sentait notre attraction, nos sentiments profonds l’un pour l’autre mais elle ne comprenait pas notre retenue.
Renée avait un tel discernement malgré ses nombreux moments de rêveries fantasques. Elle était très observatrice, tout comme Bella. Elle, si démonstrative, n’envisageait pas une relation sans extravagance et câlins à volonté. Renée nous trouvait trop sages alors qu’au contraire, Charlie nous imaginait trop pressés. Ils étaient tout simplement loin de la réalité. Malgré tout, Renée comptait nous faire dormir dans des pièces séparées. J’avais hérité du canapé convertible de la salle à manger. C’était plutôt comique comme situation, je devais bien l’avouer. S’ils savaient tous les deux que je passais toutes mes nuits dans la chambre de leur fille et ce, avant même de bien la connaître, ils seraient sans doute indignés.

Cette première journée fut riche en balades et emplie de soleil pour Bella. Renée voulait nous faire visiter la ville et plus particulièrement la plage. Jacksonville était réputée pour ses belles plages de sable fin. Elle espérait nous faire oublier la pluie quotidienne de Forks et découvrir les vertus du soleil. Je déclinai gentiment son invitation en prétextant une intolérance au soleil. Renée ne me contredit pas, jugeant effectivement mon teint si pâle qu’il ne serait effectivement pas judicieux d’aller me brûler au soleil. Et puis, elle était contente de se retrouver en tête à tête avec sa fille quelques heures. Je comptais sur la soirée pour passer plus de temps avec Bella. Etre à ses côtés sans pouvoir la toucher m’était très difficile. J’avais hâte de retrouver un peu d’intimité.

J’étais donc seul dans la maison et j’allai m’installer dans la chambre de Bella me disant que je retrouverais peut-être son odeur sur l’une des peluches de son lit ou alors une once de son parfum sur un foulard… Même après de longs mois d’absence, son odeur était encore présente sur certains de ses objets. Cela me permettait d’affronter cette nouvelle solitude. Je me sentais bien dans cette pièce et je n’avais besoin de rien … excepté de Bella.

Je n’avais même pas faim car j’avais suffisamment mangé avant de partir, en prévention des longs moments que j’allais passer auprès de ma bien-aimée. Résister à son attraction nécessitait une telle énergie que j’avais pris mes précautions. Je savais aussi qu’il me serait impossible de me nourrir par ici et heureusement, mon errance m’avait endurci sur ce point.

Toutefois, mon attente fut interrompue par un appel de ma sœur.

- Alors, Edward, pas trop de coups de soleil ? me taquina-t-elle.

- Non comme tu le sais mon … intolérance au soleil … m'interrompis-je en riant, m’oblige à rester enfermé et c’est pénible quand Bella n’est pas là ! Mais Renée est charmante et Bella en sécurité alors tout va pour le mieux ! Et vous, comment ça se passe ?

- Victoria n’a rien tenté encore mais on l’attend pour cette nuit. Charlie allait bien … enfin jusqu'à ce qu'il aille à sa fête Quileute sur la réserve. Maintenant on ne peut plus le surveiller mais on va espérer que les loups vont le protéger !

- Ouais … Bella assure que ces cabots peuvent se défendre alors on va prendre ce risque et de toute façon on n'a pas le choix ! Préviens-moi s’il y a le moindre problème.
- Ne t’inquiète pas. Je te ferai signe.

Bella revint enfin en début de soirée. Elle était ravissante dans sa tenue légère. Son débardeur laissait apparaître ses délicates épaules. Elle avait relevé ses cheveux à cause de la chaleur et je pouvais ainsi découvrir sa nuque d'où perlaient quelques gouttes de sueur. Ses joues et ses épaules étaient légèrement rosies par le soleil. Un frisson de désir me parcourut de part en part. J'avais un besoin irrépressible de la toucher. J’attendis donc douloureusement que Renée s'absente enfin quelques instants pour prendre Bella dans mes bras. Je lui murmurai aussitôt à l’oreille :

- Alors cette balade ?

- Longue et … tu m'as manqué.
-Oh oui … atrocement, lui confirmai-je.

Ma langue se balada sur sa nuque pour en lécher la sueur. Elle frissonna et les battements de son cœur s'accélérèrent. Sa peau était plus chaude que d’ordinaire. Je pouvais encore sentir les rayons du soleil qui dégageaient leur chaleur. J’effleurai ses bras avec le bout de mes doigts pour apaiser ses petites rougeurs. Puis j’embrassai délicatement ses joues roses et elle frémit au contact de ma bouche glacée. Ses mains vinrent caresser mes cheveux pour ensuite s'enrouler autour de mon cou. Ses lèvres avaient un goût de sel et donnèrent une saveur particulière à ce baiser.
Vint ensuite l’épreuve du diner. Renée souhaitait faire plaisir à sa fille et lui avait préparé ses plats préférés. Ne souhaitant pas la vexer, je pris part à leur repas et fis même la conversation avec ma charmante future belle-mère. Cette soirée étant très agréable. J’oubliai presque mon dégoût pour la nourriture. Je parvins à manger, du moins à avaler sans mâcher. C'était réellement désagréable mais cela me tenait à cœur. Bella semblait sidérée car je ne faisais jamais cet effort chez Charlie. Elle devait penser que j’aurais eu la même attitude chez sa mère. Non, cela m’était impossible. Charlie ne m’appréciait pas et ce quoique je fasse. Cela ne changerait rien alors que Renée avait un jugement différent sur moi. Bella aimait sa mère et je voulais lui faire plaisir en paraissant aussi normal que possible.

A la fin du repas, j’eus droit à une émouvante séance photos. En effet, Renée avait sorti tous les albums photos de sa fille depuis sa naissance. Bella piqua un phare très rapidement et s’en prit aussitôt à sa mère jugeant ridicule de me montrer son joli minois de bébé ou encore ses premiers pas en couche culotte. Renée ne céda pas et ce fut avec un plaisir non dissimulé que je découvris la partie de la vie de Bella que je ne connaissais pas. J’étais toujours si curieux de découvrir ce qu’elle aimait ou ce qu’elle avait fait avant moi que je remerciai encore Renée de me donner cette chance.

Puis, Bella et moi étions allés nous promener car elle voulait me montrer la plage. La nuit était tombée et la température restait tout de même aux alentours de 25 degrés mais Bella semblait apprécier particulièrement cela. Après avoir marché longuement au bord de l'eau, nous nous allongeâmes sur le sable. Elle ne craignait plus mon torse froid car la chaleur ambiante en diminuait l'intensité. Elle pouvait donc à sa guise se lover dans mes bras sans que l'on ne soit séparé par une couverture. C'était si agréable de sentir son corps si près du mien.

Pendant que l'une de ses mains se baladait sur mon torse, je lui caressais sa nuque découverte. Je ne me lassais pas de la caresser car habituellement, elle était toujours soigneusement cachée par ses cheveux. Nous étions bien sur cette plage. C'était si différent de la constante humidité de Forks et Bella semblait tellement plus épanouie ici …

- Tu es encore plus belle que d'ordinaire ! Les rayons du soleil te rendent si radieuse. C'est peut-être vraiment ici qu'est ta place. Pas en Alaska …

- On en a déjà discuté. Je veux être avec toi et Jacksonville n'est pas fait pour toi !! riadminhelpa-t-elle aussitôt.

- Ce n'est pas de moi dont il s'agit et tu le sais. Tu pourrais continuer tes études ici encore une année ou deux …

- Ne me gâche pas ce moment, s'il te plaît. Le soleil et la chaleur me manquent. C'est vrai. Mais une vie sans toi n'est plus ma vie. Je ne pourrai pas supporter que tu restes continuellement enfermé en étant obligé d'attendre le soir pour sortir ! Et puis, comme tu le sais, très prochainement le soleil ne m'intéressa plus … alors cesse de te torturer. J'aime ma vie avec toi à Forks et l'Alaska nous conviendra parfaitement, se fâcha-t-elle en s'asseyant.

- Je voulais juste te dire que tu avais toujours le choix. Je ne veux que ton bonheur et je pensais que vivre encore un peu ici, te plairait, m'expliquai-je en m'asseyant à mon tour et en lui caressant les épaules.

- Mon choix est fait alors n'en parlons plus ! dit-elle en faisant la moue.

J'embrassai alors délicatement sa nuque puis son cou pour enfin lui mordiller l'oreille. Elle tourna sa tête vers moi, prit mon visage dans ses mains et me regarda fixement dans les yeux. Ils étaient pleins de désir pour moi et elle me demanda :

- Comment fait-on ce soir ?? Je ne me vois pas passer une nuit sans toi à mes côtés. Tu viendras me rejoindre dans ma chambre ou alors c’est moi qui viendrai tester le canapé auprès de toi?

- L'idée que tu puisses venir me rejoindre dans mon lit … m'interrompis-je en souriant, ne me déplait pas.

C'était sans doute l'unique et seule fois que nous pourrions être sur un lit différent du sien. Quoique je devrais peut-être songer à m’en acheter un. J’appréciais beaucoup l’idée que Bella puisse y dormir près de moi. Elle trouverait aussi ma chambre plus à son goût et elle se sentirait un peu plus chez elle. Oui, un lit était effectivement une bonne idée. J’allai m’en acheter un dès notre retour à Forks.

- Mais si Renée se lève avant moi ? me demanda-t-elle après une courte hésitation.

- Ne t'inquiète pas. Je te déposerai dans ton lit avant qu'elle ne se lève !! la rassurai-je en lui caressant la joue.

Elle souriait l'air visiblement amusé et rassuré. Elle m'embrassa alors, me confirmant le désir que j’avais pu lire dans ses yeux.

Nous rentrâmes ensuite main dans la main. Renée nous attendait dans sa balancelle sur le perron. Elle n’avait pas les idées aussi noires que Charlie à mon sujet. Elle savait qu’elle pouvait me faire confiance. Elle était si intuitive qu’elle sentait que je protégerai toujours sa fille et qu’elle ne risquait rien avec moi. Charlie lui avait pourtant dressé un portrait peu reluisant, me concernant, mais elle n’en avait que faire et en souriait même car elle me trouvait très différent de ce qu’il lui avait raconté. Et c’était avant tout pour rassurer Charlie qu’elle nous faisait dormir dans des chambres séparées. Elle ne voulait pas de reproche de sa part.

- Alors les enfants, cette balade c’était comment ? nous demanda-t-elle.

- Une délicieuse nouveauté … lui répondis-je. Nous n’avons pas l’occasion de faire de si belles balades à Forks.

- Contente que ça te plaise, Edward ! Vous pourrez peut-être revenir plus souvent dans ce cas ! s’exclama-t-elle en rentrant dans la maison.

Je n’eus pas le courage de lui répondre car bizarrement j’avais peur qu’elle ne devine que je m’apprêtais à lui mentir. Par moment, j’aurais presque pu soupçonner qu’elle pouvait lire dans mes pensées. Renée était vraiment une femme étonnante, une éternelle enfant mais dotée de facultés de déduction et d’observation très impressionnantes. Je savais d’où venait la perspicacité de Bella par contre son incroyable maladresse, restait encore un mystère.

Renée et Bella montèrent se coucher pendant que je me débattais avec le convertible de la salle à manger. Je n’avais encore jamais déplié un tel engin de torture et je ne voulais surtout pas le casser. Après quelques minutes délicates, je pus enfin m’installer. Cela ne valait pas le confort de mon canapé mais l’essentiel était que Bella soit à mes côtés. Elle vint d’ailleurs doucement me rejoindre quand elle fut enfin sûre que sa mère dormait.

Elle portait un long tee-shirt près du corps qui lui arrivait au dessus du genou. Je ne lui connaissais pas du tout cette tenue. Elle était si belle et séduisante …le tissu laissait entrevoir ses formes et une de ses épaules était découverte. J’allais devoir me contenir car je sentais une certaine excitation m’envahir.
Elle vint s’allonger près de moi et déposa sa tête contre mon épaule. Je lui fis remarquer aussitôt :
- Très jolie tenue …
Elle se mit à rougir et bredouilla :
- J’ai oublié mon pyjama alors ma mère m’a prêté ce qu’elle considère être un chemise de nuit …
- J’aime beaucoup ! dis-je en lui caressant l’épaule.
- Cela a au moins l’avantage de ne pas être trop chaud et c’est ce qu’il faut pour ici, dit-elle en se tournant vers moi.
Ma chemise était entre-ouverte. Je ne l’avais pas encore enlevée, trop occupé à tenter d’installer mon lit sans le briser. Bella en profita donc pour venir glisser sa main tiède sur mon torse glacé. Sentir ses doigts m’effleurer me donna des frissons. Elle remplaça ensuite ses douces caresses par des baisers jusqu’à mon cou puis le long de ma mâchoire. C’était divin. Je la pris aussitôt dans mes bras pour sentir son corps contre le mien. Mes mains se promenant sur tout son corps, je laissais mes doigts glisser le long de sa poitrine, de ses reins et de ses fesses. Son souffle s’intensifiait sous l’excitation de mes caresses. J’aurais aimé embrasser chaque centimètre de sa peau mais je sentais déjà ma froideur se refléter sur ses membres.
Je voulais m’éloigner un peu pour lui laisser le temps de se réchauffer mais elle resserra son étreinte et vint plaquer ses lèvres avides contre les miennes. Son cœur battait la chamade. Ses battements étaient si puissants que je pouvais les sentir contre mon torse. Ses mains s’étaient enfouies dans mes cheveux et les miennes épousaient chacune de ses formes. Je commençais à maitriser de moins en moins mes émotions. Je n’avais qu’une envie : me laisser aller, car tout paraissait si facile. Mais je sentais le venin monter dans mon gorge sous l’effet de l’incontrôlable désir qui me dominait. J’allais malheureusement devoir mettre fin à ce délicieux moment par peur de ne plus me contrôler.
Ce fut un élément extérieur qui vint m’aider. Une personne que j’avais complètement oubliée … Phil. Il rentrait seulement car il avait été boire un verre avec son équipe pour fêter le match qu’elle venait de remporter. Il avait éteint ses phares pour ne déranger personne mais j’entendais déjà la voiture se garer devant la maison. Je pris aussitôt Bella dans mes bras et montai à toute vitesse les escaliers menant à sa chambre. Elle ne réagit pas tout de suite encore sous le coup de nos baisers. J’étais moi-même encore chamboulé mais l’urgence de la situation m’avait obligé à réagir rapidement. Elle ne reprit ses esprits qu’une fois allongée sur son lit, loin de mes bras.
- Mais qu’est que … me demanda-t-elle surprise.
- Chut … lui murmurai-je en posant mon index devant sa bouche. C’est Phil …
Je l’embrassai rapidement et filai de nouveau sur mon lit pour faire semblant de dormir. Mon immobilité parfaite lui confirma que je dormais et il monta aussi doucement qu’il le put rejoindre Renée dans sa chambre.

En entendant leurs légers ronflements qui résonnaient à l’unisson, j’eus la confirmation que le champ était libre. Je remontai rapidement auprès de Bella visiblement mécontente par la fin brutale de notre étreinte. Je vins m’allonger près d’elle et lui caressai la joue pour tenter de l’apaiser.

- Au moins chez Charlie, nous ne sommes pas dérangés !! lui murmurai-je en souriant.

- C’est si frustrant … Arrhhh, râla-t-elle.

- C’est peut-être mieux ainsi après tout.

- Non ! J’aurais préféré que cela ne s’arrête jamais, dit-elle sur un ton boudeur.

- Bella … tu sais que ce serait trop dangereux pour toi. Je ne peux pas me laisser aller. J’ai trop peur de te faire du mal, m’excusai-je même si je ressentais cette même frustration.

- Mais j’en ai envie et je suis persuadée que tu ne me feras rien.

- Nous aurons tout notre temps plus tard. Il nous faut faire preuve de patience. Essaie de dormir maintenant. Je reste près de toi, lui conseillai-je. Je ne redescendrai que lorsque Renée et Phil se lèveront … En l’embrassant sur le front.
Elle s’endormit tout de même trop heureuse de pouvoir dormir tout contre moi sans avoir besoin de couverture. Elle ne ressentit nullement le froid de mon corps et moi, je fus irradié par sa chaleur durant tout le reste de la nuit. Celle-ci resterait d’ailleurs très particulière pour moi et riche en interrogations. La question principale et non des moindres était de savoir si je réussirai encore longtemps à résister au désir que je ressentais pour Bella.

Cela m’effrayait à présent car durant nos étreintes, j’avais de plus en plus de mal à me contenir. Je devais pourtant trouver la force de résister pour être totalement sûr de ne pas lui faire de mal.
Ce fut donc au petit matin que je quittai le lit de ma bien-aimée car j’entendais déjà Renée s’activer dans sa salle de bain. Mais Bella se réveilla dès que je fis le plus petit geste :
- Bonjour mon amour !! lui dis-je le sourire aux lèvres.
- Renée est débout ?? s’inquiéta-t-elle aussitôt.
- Non, elle est sous la douche …
- Bien dormie ? lui demandai-je pour la rassurer.
- Oui, parfaitement. Je suis en forme pour affronter pleinement cette belle journée.
- Merveilleux … je t’attends en bas dès que tu seras prête, lui dis-je en déposant un léger baiser sur ses lèvres.
J’étais en train de replier le canapé convertible quand Renée fit son apparition. Elle débordait d’enthousiasme d’avoir sa fille auprès d’elle et s’activait déjà à préparer le petit déjeuner. Durant ses préparatifs, Renée me fit passer un petit interrogatoire :
- Permets-moi d'être franche avec toi. De toute manière, je n'ai jamais su mettre des gants quand il s'agit de dire ce que je pense ! dit-elle en souriant.
- Bien évidemment, Renée … l'encourageai-je.

- Je n'ai pas été suffisamment présente auprès de Bella lors de votre … séparation mais j'ai su par son père et par le comportement étrange de ma fille qu'elle avait vécu un enfer. Je veux être sûre que cela ne se reproduira plus …Tu veux quoi pour ton petit déjeuner ?? S'interrompit-elle tout naturellement comme si elle avait oublié qu'elle me parlait d'un sujet extrêmement important.
- Rien merci. Je ne déjeune pas le matin … J’ai du mal à digérer… bredouillai-je encore surpris par l'attitude de Renée.
- Très bien … Oui, je te disais que je ressens à quel point ma fille est attachée à toi et qu'une nouvelle mésaventure de ce genre anéantirait ma Bella définitivement ! Alors si tu n'es pas sûr de tes sentiments, il est encore temps de la laisser pour qu'elle ait une chance de s'en remettre …
- Je tiens à vous rassurer tout de suite, Renée. J'aime votre fille plus que tout et notre séparation n'a été qu'un douloureux malentendu. Je peux vous promettre que je ne lui ferai plus jamais de mal.
- Je vois bien à quel point tu protèges ma fille, enfin … elle n'est pas en porcelaine tout de même ! s'exclama-t-elle en battant les œufs prévus pour l'omelette de Bella.
- Certes mais elle n'est pas toujours très adroite … dis-je en souriant.
- Oui, cela doit lui venir de ma mère … rit-elle.
- Qui a-t-il de si drôle ? demanda Bella qui venait d'arriver dans la cuisine.
- Je t'ai préparé une omelette comme tu les aimes, ma chérie !! dit Renée en guise de réponse.
Aussitôt Bella me fusilla du regard pour que je lui apprenne ce que nous nous étions dit. Pour la rassurer, je consentis à lui répondre :
- Nous parlions de ta malencontreuse maladresse et ta mère soupçonnait ta grand-mère d'en être responsable !! lui déclarai-je en riant à mon tour.
- Et bien, je ne savais pas que j'étais si drôle !! répondit-elle sur un ton boudeur.
- Allez, viens déjeuner ma puce … conclut Renée.
Bella alla s'asseoir sans rien dire et ne retrouva le sourire que lorsque sa mère lui proposa une ultime balade au bord de la plage. La dernière avant notre départ. Elles partirent donc faire un tour, me laissant seul, une nouvelle fois mais j’en profitai aussitôt pour prendre des nouvelles des miens. J’appelai Alice pour savoir comment s’était passée la poursuite de Victoria, la veille:

- Alice … Alors, vous n’avez fait qu’une bouchée de la rousse ?? lui demandai-je confiant.

- Euh … pas tout à fait ! me répondit-elle d’une voix tendue.

- Comment ça ? m’exclamai-je inquiet tout à coup.

- On a cafouillé … dit-elle mal à l’aise.

- Ne me fais pas languir davantage et crache le morceau, Alice … Tu as la chance d’être loin car je t’aurais déjà tordu le cou ! m’énervai-je aussitôt, inquiet que Victoria n’ait pas été arrêtée. Bella était de nouveau en danger et je le supportais mal.

- Ben voilà … Emmett et Jasper ont failli l’attraper mais elle s’est dirigée sur le territoire Quileute. N’y voyant plus rien, nous avons avancé à l’aveugle. Du coup, les loups et nous, nous sommes retrouvés au même endroit car eux aussi avaient pisté Victoria. L’un d’entre eux a mal réagi et a cru qu’Emmett voulait franchir la frontière. Il a voulu s’en prendre à lui mais Rosalie l’a tout de suite protégé alors le ton est monté et Victoria en a profité. Il a fallu tous les talents de diplomatie de Carlisle et le don de Jasper pour calmer tout le monde mais la chasse ayant été stoppée, Victoria nous a échappé …

- Quelle poisse !! Décidément très futée la rousse …
- Il va falloir redoubler de vigilance mais je ne vois rien de nouveau pour le moment.

- On en reparlera e ce soir à mon retour, conclus-je.
Cette nouvelle me déplaisait car je pensais sincèrement que nous aurions exterminé Victoria rapidement. Je savais qu’elle était vicieuse mais à ce point-là ! J’en étais encore très surpris. Notre mésalliance avec les Quileute ne nous aidait pas et il fallait que nous trouvions un terrain d’entente pour la survie de Bella. J’avais besoin d’une aide extérieure et il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait m’aider à comprendre ces loups et pourquoi pas m’aider aussi à tenter de leur faire confiance. Elle seule saurait trouver les mots. Je devais la contacter rapidement. Je n’avais plus le choix. Dès mon retour, j’allais devoir lui rendre visite.

Je sentais que nous avions besoin d’eux pour en finir définitivement avec Victoria et je savais que l’amitié de Jacob comptait beaucoup pour Bella. Le fait de lui imposer cet isolement était stupide et j’en perdais mon libre arbitre mais j’avais si peur qu’il ne lui arrive quelque chose. L’avoir imaginée morte une fois m’avait rendu complètement obsédé par sa sécurité. J’en étais conscient mais rien ne parvenait à me calmer. C’est pourquoi j’espérais que Carol pourrait m’aider. Elle avait réussi à m’aider une fois déjà, pourquoi n’y parviendrait-elle pas de nouveau ?

J’allais devoir retrouver rapidement mon calme, du moins en apparence, car Bella ne devait rien soupçonner. Elle allait tout de suite s’inquiéter et vouloir accélérer sa transformation. C’était hors de question. On devait donc impérativement la garder dans l’ignorance aussi longtemps que l’on y parviendrait.

Bella revint en fin de matinée et après un rapide repas, nous prîmes la direction de l’aéroport. Le soleil s’était quelque peu voilé, suffisamment pour que je puisse paraître normal aux yeux de tous. Renée était émue de voir déjà partir sa fille mais elle était enchantée par ce week-end. Elle comprenait réellement que Bella puisse être heureuse à Forks, principalement grâce à ma présence mais aussi parce que l’une et l’autre avaient enfin trouvé leur équilibre. Renée n’était plus aussi dépendante de sa fille qu’auparavant car sa vie était bien aux côtés de Phil.

Entre le vol et notre arrivée à Seattle, Bella n’ouvrit pas la bouche. Elle était soit fatiguée soit triste d’avoir quitté sa mère et le soleil. Elle fixait les paysages qui défilaient devant ses yeux. Soucieux de savoir à quoi elle pensait, je décidai enfin d’entamer la conversation :

- Tu es bien silencieuse. L’avion t’a rendue malade ?

- Non.

- Tu es triste d’être partie ? lui demandai-je tout naturellement car je pensais que c’était vraiment cela le problème.

- Plutôt soulagée, je crois.

Je la regardai perplexe, ne comprenant pas du tout sa remarque. J’en oubliai presque la route tellement je ne m’attendais pas à cette réponse.

- Renée est tellement plus intuitive que Charlie. Ca me rend nerveuse , m’expliqua-t-elle.

Je comprenais mieux à présent. J’avais d’ailleurs été régulièrement sur mes gardes de peur que Renée ne perce réellement le fond de mes pensées.

- Ta mère est dotée d’un esprit très intéressant ! m’esclaffai-je. Enfantin et perspicace à la fois. Elle envisage les choses d’une manière très personnelle.

Elle se replongea aussitôt dans ses réflexions. On approchait déjà de la maison et je captais les pensées confuses de Charlie. Je fis mine de ne rien montrer à Bella mais je n’étais pas du tout rassuré par ce que je venais de découvrir. Charlie était pressé que nous arrivions car Jacob téléphonait sans cesse depuis le matin pour parler à sa fille. J’étais inquiet de ce qu’il s’apprêtait à lui dire et je redoutais qu’il ne lui parle de Victoria. Décidément ce cabot avait tout pour plaire !!

Je me garai enfin et me tournai vers Bella en lui caressant la joue de ma main glacée afin de la ramener auprès de moi et de lui faire quitter ses pensées. Elle ne bougea pas tout de suite et je me penchai alors pour lui embrasser le front et lui murmurer :

- Nous sommes arrivés, Bella au Bois Dormant. Debout !!

Elle soupira comme si elle était déçue d’affronter à nouveau la réalité. Un père qui ne tenait plus en place et qui l’attendait de pied ferme. Elle n’était pas la seule car machinalement tout mon corps s’était contracté à la vue de Charlie. J’appréhendais ce qui allait se passer avec le cabot. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser entrer seule et j’insistai pour l’aider à porter son sac à l’intérieur. J’avais besoin de savoir. C’était plus fort que moi. Je voulais être là si Bella devait me détester.

Mon attitude avait si radicalement changé que Bella me questionna lorsque nous fûmes tous les deux devant la porte :

- C’est si terrible que cela ?

- Il n’est pas en colère. Tu lui as juste manqué, mentis-je.
Charlie nous ouvrit la porte et ne cacha pas sa joie de revoir sa fille … vivante :

- Bienvenue, chérie ! Comment c’était, Jacksonville ?

- Humide et infesté de moustiques …mentit-elle.

Elle lui avait sûrement menti pour ne pas lui avouer qu’elle avait apprécié ce week-end au soleil. Elle avait sans doute peur de déclencher une nouvelle colère ou alors de le peiner.

- Renée n’a pas réussi à te vendre l’université de Floride ?

Cette réflexion de Charlie me confirma effectivement qu’elle se doutait que dévoiler la vérité sur ce week-end lui déplairait.

- Elle a essayé. Je préférerais me pendre, renchérit-elle.

- Vous vous êtes bien amusés ? nous demanda-t-il en me regardant avec un œil toujours aussi mal aimable.

- Oui, répondis-je aussitôt. Renée est très hospitalière, insistai-je en souriant. J’espérais qu’il comprenait ce à quoi je faisais référence.


- Hum … parfait. Tant mieux pour vous.
Il avait effectivement compris que je le trouvais nettement moins accueillant que son ex-femme et il me tourna aussitôt le dos en serrant sa fille dans ses bras. Il lui annonça tout de suite que Jacob souhaitait lui parler depuis le matin. Une fois encore, tout mon corps se raidit et mon apparente sérénité disparut. Bella semblait étonnée de ce soudain intérêt manifesté par son ancien ami. Elle n’eut pas le temps de réagir que la sonnerie du téléphone retentit.
Elle alla décrocher dans la cuisine avec moi qui lui collais aux basques. Je voulais entendre ce qu’il avait de si urgent à lui dire.
La conversation fut brève. Il semblait rassurer d’entendre sa voix mais pas seulement. Il voulait lui dire quelque chose mais se contenta de lui demander si elle allait au lycée le jour suivant. Il n’avait pas osé lui avouer le soir même mais je devais m’attendre à le voir rappliquer rapidement. Bella était perplexe et inquiète suite à ce coup de fil alors que je soufflais temporairement, heureux de gagner un peu de répit. Elle réfléchit longuement tout en préparant le repas pour son père qui s’était plaint d’avoir mal mangé en son absence lorsque que tout à coup, elle se figea. Le paquet de hamburgers qu’elle avait dans les mains glissa entre ses doigts.
Je le rattrapai et le jetai sur le plan de travail de la cuisine. Je la pris aussitôt dans mes bras et mes lèvres murmurèrent mon inquiétude à son oreille :
- Qu’y a-t-il ?
Mais elle ne répondait pas. Je la secouais à présent.
- Bella ?
- Je crois … je crois qu’il vérifiait …que j’étais toujours humaine, bredouilla-t-elle.
Je me figeai aussitôt ayant totalement occulté cette possibilité. Une fois encore ce stupide cabot avait déclenché une vague de désespoir dans l’esprit de ma bien-aimée.
- Il nous faudra partir. Avant … pour ne pas trahir votre accord. Nous ne serons jamais en mesure de revenir ici.
- Je sais … acquiesçai-je en la serrant un peu plus près de moi pour tenter de l’apaiser.
Charlie arriva en se raclant la gorge. Bella sursauta à son approche et s’écarta, mal à l’aise. Quant à moi, je repris ma place près du plan de travail sans pouvoir dissimuler cette fois ma haine et ma colère contre ce stupide Jacob Black. Il semblait prendre un malin plaisir à la torturer alors qu’au contraire je tentais l’impossible pour la protéger. Je l’attendais de pied ferme me jurant que je ne le laisserais pas continuer à agir de la sorte encore très longtemps.



sanaafatine 13-06-10 10:51 AM



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Bella eut du mal à cacher son inquiétude durant toute la soirée et sa nuit fut aussi très agitée si bien que je ne retournai chez moi que très rapidement. J’eus juste le temps de me changer et de reparler avec Alice de l’altercation avec les Quileute pour tenter de comprendre ce à quoi jouait le cabot. Ma sœur n’ayant aucune vision à ce sujet, il m’était difficile d’anticiper et de comprendre leurs réactions. C’était vraiment frustrant, mais fort heureusement j’avais au moins accès à ses pensées. Je me doutais qu’il se montrerait ce matin-là, pensant qu’il voudrait juste révéler à Bella, ce qu’il s’était passé avec Victoria mais je me trompais.

En arrivant au lycée, je captais très rapidement ses bruyantes pensées et je sus que Bella et moi, nous étions trompés de conclusion. Le cabot voulait en fait me parler devant témoins mais aussi et surtout devant Bella. Je ne m’étais pas tant trompé toutefois car il restait un sale clébard et n’hésiterait pas à cracher la vérité. Je devais prendre toutes mes précautions pour ne pas faire éclater ma colère mais surtout pour protéger Bella. J’avais besoin de son aide mais m’écouterait-elle ? Avant d’arriver sur le parking et avant qu’elle ne découvre les raisons de mon inquiétude, je devais m’assurer qu’elle comprendrait.

- Si je te demande un service, me feras-tu confiance ? lui demandai-je sans pouvoir cacher ma tension sous-jacente.

J’entendis son cœur s’accélérer. Elle devait ressentir mon anxiété.

- Hum, ça dépend … répondit-elle prudente.

- J’étais certain que tu dirais cela, lui répondis-je fataliste.

Je la connaissais assez pour savoir que cette réponse ne présageait rien de bon.

- Qu’attends-tu de moi ?

- Que tu restes dans la voiture jusqu’à ce que je revienne te chercher.

- Pourquoi donc ?

Je n’eus pas besoin de lui répondre car elle l’aperçut aussitôt.Je devais lui dire la raison de sa venue, la vraie et non celle qu’elle s’était imaginée.

- Tu t’es trompée de conclusion, hier soir. S’il t’a interrogée sur ta présence au lycée, c’est parce qu’il savait que je serais avec toi. Il cherchait un endroit où me contacter en toute sécurité. Devant témoins.

Il me braillait déjà toute l’histoire de leur mésaventure du week-end et me mettait en garde contre une prochaine incursion sur leur réserve. Au prochain faux pas, la trêve serait rompue.

- Pas question que je reste dans la voiture ! s’exclama-t-elle.

- Comme par hasard ! Bon, débarrassons-nous de lui le plus vite possible, lâchai-je.

Nous nous avançâmes main dans la main jusqu’à Jacob Black. Une fois assez proche pour lui parler, je fis reculer Bella derrière moi. Je fis rapidement part au cabot de ma désapprobation sur le fait qu’il ait choisi notre lycée et autant de témoins potentiels pour assister à notre discussion.

- Il te suffisait de téléphoner ! lâchai-je sur un ton glacial.

- Désolé, je n’ai pas de sangsue dans mon répertoire !! ricana-t-il.

- J’étais joignable chez Bella ! lançai-je volontairement pour le blesser.

Il serra les mâchoires. Il avait du mal à contenir sa colère à mon égard mais ne releva pas, toutefois.

- Ici, n’est pas le bon endroit, Jacob … repris-je. Pourrions-nous en rediscuter plus tard ?

- Ben tiens ! Sûr que je vais passer à ta crypte après les cours. Où est le problème ?

Je lui désignai du menton tous les spectateurs qui nous espionnaient et qui espéraient une petite bagarre avant les cours. Je n’étais pas très apprécié dans le lycée et certains auraient aimé que ce colosse puisse me mettre une raclée. Ils me trouvaient si gringalet face à lui, surtout qu’il me semblait que Jacob Black avait encore grandi depuis notre dernière entrevue. J’entendais déjà Tyler Crowley et Austin Marks qui pariaient sur les probabilités d’un dérapage. Les curieux tendaient l’oreille et s’approchaient dangereusement de nous pour écouter nos propos.

- Je sais déjà ce que tu es venu m’annoncer … signalai-je au cabot en baissant le ton pour essayer de ne plus être entendu. Tu as délivré ton message. Considère-nous comme avertis.

- Comment ça ? intervint aussitôt Bella. Que se passe-t-il ?

- Tu ne l’as pas informée ? s’étonna Jacob. Tu as eu peur qu’elle prenne notre parti ou quoi ?

- Laisse tomber, s’il te plait ! répondis-je aussitôt espérant que cela clôturerait le sujet car je ne souhaitais pas en parler à Bella maintenant. Elle ne devait pas l’apprendre de cette manière.

- En quel honneur ? rajouta-t-il.

- De quoi devrais-je être au courant ? insista-t-elle.

Ma colère ne demandait qu’à s’exprimer mais il fallait que je me contienne. Ma seule arme restait mon regard et je fusillai ce sale cabot des yeux. Il voulait que Bella sache et jubilait que cette situation puisse la fâcher contre moi.

- Jake ? le supplia-t-elle.

- Il ne t’a donc pas dit que son grand … frère avait traversé la ligne de démarcation dans la nuit de samedi ? fanfaronna-t-il en regardant Bella puis il se tourna vers moi : Paul était en droit de …

« Tuer ton frère » … C’était cela qu’il voulait dire mais je ne pouvais pas le laisser penser une telle chose car Emmett avait franchi la frontière sans le savoir.

- C’était un no man’s land ! sifflai-je mécontent.

- Non ! s’emporta le cabot. Ses mains tremblaient de rage et je sentais qu’il commençait à perdre le contrôle.

- Emmett et Paul ? m’interrogea Bella. Qu’est-il arrivé ? Ils se sont battus ? Pourquoi ? Paul a été blessé ? s’inquiéta-t-elle aussitôt.

- Personne ne s’est battu … l’apaisai-je … et personne n’a été blessé. Du calme.

- C’est pour cela que tu l’as éloignée, hein ? devina-t-il soudain. Tu ne voulais pas qu’elle …

« Soit présente »... non, je ne le voulais pas. Comme je ne voulais pas qu’elle sache pour ce week-end et ce sale clébard avait tout gâché. Bella s’angoissait comme je l’avais craint.

- Va-t’en ! l’interrompis-je d’un ton des plus menaçants.

- Pourquoi lui avoir caché les choses ? me demanda-t-il sans craindre ma fureur.

Bella avait du mal à respirer. Elle haletait. Son cœur s’emballait. Elle faisait certainement une crise d’angoisse. J’en fus convaincu lorsqu’elle prononça enfin :

- Elle est revenue …

Je la pris dans mes bras pour la rassurer et lui caressai les joues de mes mains glacées pour essayer de calmer son angoisse.

- Tout va bien. Je ne lui permettrai jamais de t’approcher. Ça répond à tes questions, clébard ?

- Tu estimes qu’elle n’a pas besoin de savoir, hein ? C’est sa vie qui est en jeu, pourtant. me provoqua-t-il.

- Elle n’a rien à craindre et elle ne court aucun danger.

- Le mensonge vaut mieux que la peur ? me demanda le cabot qui n’était visiblement pas du même avis que moi.

De grosses larmes envahirent les yeux de Bella qui tentait d’encaisser la nouvelle. Je détestais la brutalité avec laquelle elle avait du l’apprendre … à cause de ce stupide Jacob Black. Je séchai ses larmes du bout de mes doigts. Je ne supportais pas de la voir dans cet état.

- Crois-tu vraiment que l’exposer à la vérité vaut mieux que de la protéger ? lui demandai-je en guise de réponse.

- Elle est plus résistante que tu ne le penses. Et elle a connu pire ! m’asséna-t-il.

Il envahit aussitôt mon esprit de toutes les images affligeantes témoignant de la détresse et de la catatonie de Bella durant mon absence. Par ces images, il tentait de me prouver qu’après cette insoutenable épreuve, elle était capable de résister à tout. Mais justement je ne voulais plus la faire souffrir … Revoir sa détresse, sa souffrance, son agonie me ferait toujours atrocement mal et ce jusqu’à mon dernier souffle. Bella m’avait pardonné mais je ne pourrai jamais vivre pleinement car ces images resteront toujours gravées en moi. Elles seront toujours là pour me témoigner de ma stupidité et pour me rappeler à l’ordre le cas échéant. Je n’arrivais pas à cacher ce que je ressentais et mes traits tirés devaient confirmer mon chagrin. Le cabot était content de lui car il avait réussi à m’atteindre.

- Amusant … commenta-t-il fièrement.

- Qu’est-ce que tu lui as fait ? s’inquiéta Bella.

- Ne t’inquiète pas, Bella …Il a bonne mémoire, c’est tout, lui répondis-je pour la calmer.

Le clébard tenta une nouvelle incursion mais mes tressaillements et son sourire outrancier n’échappèrent pas à ma bien-aimée.

- Arrête ! Je te somme d’arrêter ! lui ordonna-t-elle.

- A ta guise. Mais je décline toute responsabilité s’il n’aime pas ce dont je me rappelle.

Le proviseur s’avança dans notre direction. A mon grand soulagement d’ailleurs car Bella commençait à se mettre en colère et je ne voulais pas qu’elle ait des ennuis ou qu’elle se donne en spectacle devant tout le lycée.

- Le proviseur arrive … lui chuchotai-je à l’oreille. Allons en cours, Bella. Je ne veux pas t’attirer d’ennuis.

- Le buveur de sang prend sa tâche de protecteur drôlement au sérieux, hein ? se moqua-t-il. Des ennuis, c’est amusant. N’aurais-tu pas le droit de t’amuser non plus, Bella ?

Ce jeune cabot commençait à carrément dépasser les bornes. Je me dominais depuis le début de cette conversation mais là, mon self-control était sur le point de céder. Sa stupidité comme son arrogance m’étaient insupportables. Un grondement rauque sortit de ma poitrine.

- Ferme-la, Jake, lui lança Bella.

- J’en conclus que non ! railla-t-il. Si jamais tu as envie de goûter de nouveau à la vie, fais-moi signe. Ta moto est toujours dans mon garage.

- Tu étais censé la vendre, je te signale. Tu l’avais promis à Charlie.

- Des clous ! Elle t’appartient, de toute façon. Je te la garde jusqu’à ce que tu la reprennes, lui répondit-il en souriant.

Je vis alors défiler dans ses pensées, les longs après-midi durant lesquels Bella et lui discutaient pendant qu’il réparait les motos. Ils étaient heureux l’un et l’autre … Voir Bella sourire à ce point témoignait de l’affection qu’elle lui portait. Du coup, je préférai ne pas écouter la fin de leur conversation pendant laquelle le cabot lui jouait le rôle du soupirant blessé. Je ne pouvais que rester les bras entourant la taille de Bella. J’aurais voulu qu’ils soient un rempart contre toutes ces attaques Quileute qui tentaient de nous désunir …mais Bella serait sans doute la première à briser cette forteresse que j’essayais d’ériger.

Fort heureusement, le proviseur arriva pour mettre fin à l’attroupement qui nous observait toujours. Je relâchai Bella pour l’attirer vers les bâtiments afin de nous rendre en cours de littérature mais elle restait toujours tournée vers le cabot. Elle le suppliait de s’en aller pour qu’il n’ait pas de problèmes. Le proviseur le contempla d’ailleurs étrangement se disant que le jeune indien avait l’apparence d’un semeur de troubles. Il lui demanda prestement de quitter le lycée mais le cabot ne se pressa pas, malgré tout. Il souriait à l’idée de voir Charlie débouler pour l’arrêter. Il m’exaspérait de tout prendre à la rigolade. Il semblait ne se soucier de rien et ne respecter personne. C’était un gamin malgré sa taille imposante. Son comportement me le confirmait une fois encore.

Après s’être assuré que je ne côtoyais pas cet indien, le proviseur nous demanda d’aller en cours. Cet homme m’appréciait, enfin plus particulièrement mes résultats scolaires et mon habituelle courtoisie. C’est pourquoi il ne me tint pas rigueur de l’attroupement lié à notre altercation. Bella m’inquiétait. Ses traits s’étaient soudain attristés et ses yeux reflétaient son angoisse. Elle venait d’apprendre que Victoria était déjà de retour et en plus d’une ignoble manière. Cela avait du beaucoup l’affecter. Elle paraissait agitée mais elle me confirma qu’elle pouvait tout de même se rendre en classe. Je me doutais qu’elle voudrait savoir ce qu’il s’était passé entre Emmett et Paul mais aussi pourquoi je l’avais mise de côté. J’allais devoir tout lui raconter même si j’aurais préféré que ce soit le plus tard possible.

Bella ne me laissa aucun répit car elle fit preuve de l’ardente curiosité que je lui connaissais. A peine installée en cours, elle se mit à griffonner quelques mots sur un bout de papier. Elle me passa son message et instinctivement je lâchai un soupir car je ne m’étais pas trompé : elle voulait savoir …

Je lui expliquai la version des faits, vécus par Alice mais aussi mélangés avec les informations transmises par le cabot, le matin. A la lecture de ma réponse, elle plissa le front visiblement mécontente. Elle se mit à frissonner, inquiète. Elle écrivit le nom de son père et je lui répondis aussitôt par un hochement de tête que son père ne craignait rien. Elle en vint ensuite au fait que je n’aurais jamais du l’emmener en Floride … et je lui répondis que je n’aurais jamais pu l’envoyer seule de peur que l’avion ne s’écrase. Cette remarque était destinée à la faire sourire et surtout à changer de sujet puisqu’il était évident que je ne l’aurais jamais laissée y aller toute seule. Je n’aurais pas survécu. Trop inquiet pour elle et surtout trop loin d’elle. Cela aurait été totalement impossible.

Cette petite manœuvre fonctionna car je pus vérifier qu’elle était quelque peu vexée par ma remarque et se mit à divaguer sur ce sujet. Toutefois, elle reprit rapidement ses esprits et me demanda de la prévenir la prochaine fois. A contre cœur, je lui fis une signe de tête affirmatif mais je n’étais sûr de rien car je ne raisonnais que pour la protéger. L’idée de lui dévoiler les malheurs qui pourraient l’attendre, me déplaisait.

Le reste de la journée au lycée fut pénible. D’une part, je sentais le stress de Bella qui ne parvenait pas à s’estomper et d’autre part, j’entendais les pensées de tous ces humains …plus particulièrement celles de Ben, Tyler, Austin et Mike qui pariaient sur une bagarre entre Jacob et Moi. Au final, les deux premiers parièrent sur moi et les deux autres sur le cabot. Cela me faisait sourire de voir qu’ils ne me trouvaient pas aussi gringalet que cela même si je savais intérieurement que je ne ferais qu’une bouchée de ce clébard. Pour ce qui était de Bella, je ne pouvais pas la laisser aussi stressée et angoissée. J’avais besoin de l’aide de Jasper et vite ! Ma famille allait la rassurer sur ce qui allait se passer avec Victoria, ainsi si nous étions plusieurs à lui dire la même chose, elle arriverait peut-être à nous croire.

C’est pourquoi, le soir même, je l’emmenai chez moi pour la distraire. Elle ne refusa pas. Au contraire, elle semblait heureuse à cette idée. Elle voulait sans doute s’assurer qu’aucun des nôtres n’avait été blessé même si je le lui avais déjà confirmé. On savait tous qu’elle s’inquiétait outre mesure pour nous et avait même tendance à penser que nous n’étions pas assez forts pour affronter Victoria ou encore les Volturi. Je ne pouvais pas lui en vouloir car je savais qu’elle oubliait trop souvent ce que nous étions. Elle nous voyait toujours plus gentils, plus fragiles et moins forts que la réalité.

Et puis avec cette nouvelle, je savais qu’elle songerait de nouveau à être transformée … J’allais donc avec un plaisir certain lui reparler de ma condition car je n’avais toujours pas eu de réponse formelle de sa part. Le mariage … je n’attendais que cela et en plus, j’allais gagner du temps.

Jasper avait rapidement calmé son angoisse et elle fut tout se suite plus apaisée. Elle prit le temps de parler de tout et de rien mais elle ne tarda pas à amener le sujet alors que nous n’étions chez moi que depuis quelques minutes. Carlisle avait même dû lui rappeler que nous étions sept contre Victoria et qu’Alice nous aiderait par ses visions. Se conforter au plan initial restait plus judicieux. Elle n'osa pas le contredire et du coup, Alice la taquina à son tour sur ses manières quelque peu vexantes concernant notre aptitude à la protéger et à nous défendre.

Pour clore le sujet, je l'emmenai dans ma chambre afin de passer un moment seuls en espérant que cela la détendrait un peu et qu'elle parviendrait à penser à autre chose qu'à l'épée de Damoclès qu'elle voyait continuellement au dessus de sa tête. Elle s'assit sur mon canapé car je n'avais pas encore eu le temps de faire installer un lit et je le regrettais déjà … Je mis une musique douce, celle qui me permettait de me ressourcer, Clair de Lune. Je savais qu'elle l'appréciait aussi. Je lui tendis la main en guise d'invitation pour une petite danse.

- Edward, tu sais que je n'aime pas ça …

- S'il te plait, fais-moi plaisir … cela ne fait pas mal ! la taquinai-je en souriant.

Elle se leva tout de même, en saisissant ma main, une petite grimace témoignant de son mécontentement. Je la saisis par la taille et embrassai délicatement son cou. Elle ne bougea pas visiblement contrariée. Je n'aimais pas la voir ainsi. Une de mes mains attrapa son menton pour que je puisse la regarder car elle fixait le vide. Ses pensées étaient bien évidemment ailleurs … comme je le craignais depuis le début.

Mes doigts glacés effleurèrent ses lèvres puis caressèrent ses joues. Elle me regarda enfin avec attention comme si elle ne m'avait pas regardé depuis longtemps. Nous dansions doucement et elle se laissait guider, preuve que sa crispation commençait à disparaître.

- Depuis quand n'as-tu pas chassé ? me demanda-t-elle soudain.

- Le jour de notre départ pour Jacksonville… lui répondis-je surpris.

- Tes prunelles d'ordinaire si dorées sont noires, un peu comme … enfin je pense qu'il est temps d'aller te nourrir ! se reprit-elle.

J'avais compris sa gêne. Elle allait mentionner mon retour d'Italie car ce fut la seule fois qu'elle me vit dans un état aussi lamentable. Pourtant ma soif n'était nullement comparable à celle que je ressentais aujourd'hui. Je n'avais pas aussi faim qu'elle pouvait le penser. C'était le fait de devoir continuellement me maitriser durant le week-end qui venait de s'écouler mais aussi l'altercation de ce matin avec le cabot qui avaient sérieusement entamé mes forces. Je pouvais encore tenir mais elle ne semblait pas de cet avis.

- Pourquoi cet intérêt soudain pour mon alimentation ? la taquinai-je.

- Parce qu'Alice n'a rien prévu d'extraordinaire me concernant pour le prochain week-end et que tes frères et toi auriez besoin de changer de terrain de chasse !!

- C'est gentil de ta part ! Il est vrai que c'est tentant mais je ne peux pas te laisser seule !

- Ne t'inquiète pas Carlisle se chargera de moi !! s'exclama-t-elle pour me provoquer.

- C'est entre toi et Carlisle… Naturellement, je suis prêt à m'en charger, dès que tu en exprimeras le désir. Tu connais ma condition, riadminhelpai-je sûr de moi.

- Ouais …Va plutôt t'amuser et dégomme quelques pumas pour moi ! répondit-elle, vexée.

Elle accepta mon baiser tout de même, preuve une fois encore qu'un jour prochain elle accéderait à ma requête.

Ce fut décidé. Mes frères et moi-même devions aller chasser. Du moins, c'est ce que Bella devait penser car en réalité je comptais sur ce répit pour aller rendre visite à Carol. J'accompagnerai mes frères quelque temps puis prétexterai une excuse pour leur fausser compagnie. Je ne voulais pas qu'ils sachent pour Carol et de toute manière, ils ne se doutaient de rien car même Alice ne la voyait pas dans ses visions.

J'étais confiant pour Bella car ma sœur ne prévoyait rien et je savais qu'elle surveillerait le moindre écart ou le moindre problème. Je ne présageais rien de grave et j'étais heureux que ce soit Bella elle-même qui me suggéra cette escapade même si je me doutais qu'elle n'appréciait pas mes absences. Je n’avais pas de doute sur le fait que Bella ne ferait pas de bêtises ou n’enfreindrait pas les règles de précaution que j'avais instaurées concernant les Quileutes …sinon je ne partirais pas!!

Je voulais lui faire confiance et puis cette visite en baie d'Hudson était d'une importance capitale pour moi et pour nos futures relations avec le cabot et sa meute. Je devais y aller.



sanaafatine 13-06-10 11:10 AM


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Cette semaine s’écoula péniblement. Bella n’avait toujours pas renoncé à ses angoisses et je trépignais sur place à l’idée de rejoindre Carol. J’avais de la peine à la laisser dans cet état mais mon départ était justement lié à une éventuelle amélioration.


Je devais en savoir plus sur ces Quileute. Apprendre à les connaître pour leur faire confiance. Et la seule personne capable de m’aider à ce sujet était mon amie canadienne. Je ne lui avais pas donné de nouvelles depuis mon passage et j’espérais qu’elle me le pardonnerait. Une lettre ou un coup de fil auraient été si futiles. Non, j’avais besoin de la revoir et sentir sa présence apaisante pour m’aider à affronter le combat intérieur qui me hantait. J’espérais qu’elle trouverait les mots pour me convaincre que Bella pouvait côtoyer les Quileute … Elle pourrait ainsi revoir son cabot et ne plus risquer de briser notre relation.



C’était un sujet tabou entre nous mais je percevais bien qu’il nous séparerait tôt ou tard et il était totalement exclu que l’on se sépare ! J’avais sans doute une fois encore des idées trop arrêtées et une réaction excessive. Avant de continuer dans la mauvaise voie, je voulais que l’on m’aide et je ne voyais que Carol pour cela. Elle était assez impartiale et neutre pour me donner un avis avisé comme elle avait su le faire par le passé. Cette soi-disante chasse était le prétexte tout trouvé. La nuit avant mon départ, Bella eut le sommeil agité, comme toutes les nuits depuis le début de la semaine, d’ailleurs. Elle criait souvent le nom de Victoria et s’inquiétait continuellement pour Jacob Black.


C’était justement pour cela que j’avais tant insisté pour qu’elle ne sache rien, pour la préserver. Mais cette révélation l’avait complètement faite sombrer dans l’angoisse et la peur. J’espérais que ces cauchemars se volatiliseraient le jour où je lui concéderais enfin le droit de renouer son amitié avec le cabot C’était si douloureux de la voir affronter tout cela. Je devais donc agir au plus vite, pour au moins soulager ses inquiétudes le concernant.


J’étais parti avant le lever du jour et je ne devais la laisser qu’une seule nuit. Une longue et pénible nuit mais Alice ne restait pas très loin au cas où. Cela me permettait d’endurer cette absence. Je pensais rentrer le lendemain dans la journée. J’avais même déposé un mot près de son oreiller pour qu’elle puisse le découvrir dès son réveil :


Je reviens vite. Je n’aurai pas le temps de te manquer. Veille sur mon cœur, je l’ai confié à tes soins.


Nous partîmes donc Emmett, Jasper et moi en direction du nord. Je comptais leur annoncer mon intention de m’éclipser, un peu plus tard pour ne pas paraître trop suspect et éviter qu’ils me suivent. Churchill n’était pas très loin et un petit détour pour me nourrir avant d’aller voir Carol était préférable.



Courir et me chamailler avec mes frères, cela me permettait d’oublier temporairement mon anxiété d’avoir laissé Bella mais aussi mon excitation de revoir Carol. J’étais partagé entre ces émotions pourtant bien différentes mais j’étais une fois encore largué. Ma façade de vampire courageux et sûr de lui commençait à s’effriter. Je ne supportais plus de m’opposer à Bella et tout le monde me trouvait ultra protecteur. J’étais perdu et ne savais plus si je faisais le bon choix en réagissant ainsi.


Nous étions à peine arrivés sur notre terrain de chasse que mon téléphone vibra dans ma poche. Mon corps se crispa aussitôt lorsque je vis que c’était Alice qui m’appelait. Nous venions à peine de partir que Bella avait déjà des soucis !! Que se passait-il encore ??



- Edward, je ne vois plus Bella. Elle a disparu de mes visions … m’annonça-t-elle paniquée.



- Où est-elle ? lui demandai-je la voix tordue par la colère.



- La dernière fois que je l’ai vue, elle se dirigeait vers la réserve. Elle n'a pas travaillé ce matin car Madame Newton a préféré faire débuter sa remplaçante. Du coup, Bella a du en profiter pour aller voir les loups !



- Ok, je rentre tout de suite !! lâchai-je en raccrochant, fou de rage. Une fois encore, Bella n’en faisait qu’à sa tête et passait outre mes inquiétudes. Elle ne se rendait pas compte de l’angoisse que je ressentais lorsqu’elle était dans les bras de ce cabot. Il était si immature, si instable qu’il pouvait perdre le contrôle à tout moment. J’avais si peur qu’il s’en prenne à Bella et qu’il la tue en se transformant.

Elle avait une telle confiance en ce chien qu’elle ne s’imaginait pas du tout en danger et cela me rendait complètement dingue. Je sentais comme des convulsions dans tout mon être. La colère me faisait bouillir et j’étais prêt à exploser. J’étais si anxieux que je me voyais franchir la frontière et récupérer Bella directement dans la réserve. Je ne pris même pas le temps de chasser, trop pressé de retourner à Forks pour vérifier que Bella était toujours en vie.


Ma visite à Carol était temporairement reportée car Bella était et resterait toujours ma priorité. Mes frères restèrent pour chasser comme je le leur avais conseillé car cette histoire ne regardait que moi. Ils jugeaient d’ailleurs que je réagissais excessivement et ne s’en étonnèrent même pas. Ils connaissaient mon amour immodéré pour Bella et mon envie viscérale de la surprotéger. Elle était le centre de mon univers. Ils le savaient tous et le respectaient malgré tout. Je rentrai à toute allure. J’étais seul et atrocement anxieux.



Alice m’attendait à la maison, mal à l’aise et paniquée, elle-aussi. Elle était toujours aveugle au sujet de Bella. Elle remarqua aussitôt mon incontrôlable nervosité. Je n’arrivais pas à me calmer. J’étais prêt à bondir dans ma voiture pour rompre le traité. Elle m’attendait sous le perron :



- Tu aurais du dire à Jasper de rentrer avec toi. Il t’aurait un peu apaisé car tu es dans un tel état ! Je sais que tu es inquiet pour elle mais n’y va pas … Il y aurait trop de conséquences !



- Je m’en moque Alice !! Je suis complètement fou … Je dois savoir comment elle va et ce qu’elle fait. Elle est avec ce cabot et j’en suis malade, hurlai-je. - Je te dirai quand elle aura quitté la réserve … Tu dois attendre même si ces minutes te semblent une éternité. Tu n’as pas le choix, m’ordonna-t-elle.
Je n’arrivais pas à me maitriser. Cette colère me rongeait. Alice avait raison mais c’était plus fort que moi. J’étais déjà rentré dans la maison et me dirigeai vers le garage pour récupérer ma voiture. Carlisle me barra la route et m’attrapa fermement le bras.



- S’il te plait, ne fais pas ça !! Cet acte aura des conséquences sur nous tous ! C’est pourquoi je ne peux pas te laisser faire une chose pareille, me dit-il calmement. Je ne répondis pas. Mon énervement était à son comble et je n’étais pas en mesure de parler. Je sentais le monstre en moi, celui que je pensais avoir définitivement détruit. Il souhaitait se battre avec mon père et filer vers la réserve. Savoir Bella en danger me faisait péter les plombs. Je regrettais déjà d’être parti en ne me doutant de rien.




- C’est difficile pour toi mais je suis sûr qu’il ne lui arrivera rien. Bella est intelligente et si elle a décidé de voir les loups c’est qu’elle se sent en sécurité. Elle sait que Victoria est à ses trousses, alors en ton absence, elle est allée là où elle pensait être à l'abri, me rassura-t-il.


- Mais elle a eu tort ! Elle ne sera jamais en sécurité auprès d’eux …hurlai-je.
- Tu n’en sais rien. On ne les connait pas autant qu’on le devrait. J’ai conscience que c’est douloureux pour toi mais je te conseille d’attendre qu’elle revienne.



Je ne répondis pas, une nouvelle fois, mais il relâcha mon bras lorsqu’il comprit à mon air résigné que je ne tenterais plus rien. Carlisle avait sans doute raison. Bella avait compensé mon absence par la présence de Jacob Black. J’aurais du le prévoir. En tout cas, pour ma prochaine absence, je ne me ferai plus avoir et je préparerai les choses à ma manière. J’arpentais le salon de long en large en regardant les interminables minutes défiler. Ma folie passagère s’était estompée grâce à Carlisle mais je n’attendais plus qu’une chose : la revoir !! Esmée s'était figée dans un coin de la pièce, ne souhaitant pas me déranger mais ses yeux trahissaient l'inquiétude qu'elle ressentait pour Bella et moi-même. Elle ne supportait pas que je me rende malade à ce point mais le comprenait pourtant. Elle savait aussi que notre relation était si particulière que je ne pouvais pas réagir autrement. Si je perdais Bella … je perdais tout. Alice s’était installée sur le canapé, ses mains massant ses tempes pour tenter d’accélérer ses visions. Malheureusement pour moi, rien n’y faisait. Lorsque tout à coup, elle se mit à crier toute heureuse :



- Ca y est, je la vois enfin !!! Elle sort de la réserve et se rend chez Angela !! Elle n’eut pas le temps de rajouter autre chose que j’étais déjà dans ma Volvo. Je roulais à toute vitesse sur la nationale pour rattraper l’antique Chevrolet de Bella. En à peine quelques minutes, je la localisai et je ne pus me retenir de lui manifester ma colère en lui collant au pare-choc. Je voulais qu’elle s’arrête pour que l’on puisse s’expliquer. Au lieu de cela, craignant manifestement mon courroux, elle continua sa route comme si je n’existais pas. Je la suivis jusqu’à chez Angela pour m’assurer qu’elle allait bien et c’était le cas. Je ralentis en passant à côté de sa voiture, pensant qu’elle me regarderait mais une fois encore elle se défila. Elle savait que j’étais en pétard et n’était visiblement pas prête à m’affronter. Cette réaction accentua encore plus mon énervement car cela me prouvait à quel point Bella ne soupçonnait pas mon inquiétude, ma peur de la perdre.



Je comprenais aussi qu'elle ne ferait rien pour m'aider et qu'elle continuerait à le voir en cachette car elle l'avait une fois encore décidé. Très bien, dans ce cas, je n'avais pas d'autre choix que de contrecarrer ses prochains plans. Je ne renoncerais pas à mon voyage en baie d'Hudson car je restais persuadé que c'était la clé pour me délivrer de tous mes doutes.



Toutefois, Bella ne resterait plus sans surveillance afin que je ne revive plus cette folie. Ma sœur allait recevoir son cadeau de Noël avant l'heure … Je déposais ma voiture chez moi. J'avais toujours du mal à me relâcher même en sachant qu'elle était en vie. Je me rendis chez Bella en courant. J'avais besoin de me défouler. Je grimpai dans sa chambre doucement pour que Charlie ne m'entende pas. De toute manière il était trop bien installé sur son canapé pour entendre quoi que ce soit.



Je restais figé près de la fenêtre à contempler la cime des arbres espérant qu'elles m'aideraient à m'évader. C'était peine perdue … Je sentais toujours cette boule de colère qui obstruait ma gorge. Elle serait toujours présente tant que je n'aurais pas parlé avec Bella. Elle ne tarda d'ailleurs pas à rentrer et dit rapidement à son père qu'elle avait rendu visite au cabot et ce dernier eut du mal à réprimer sa joie. Mes poings se refermèrent une nouvelle fois … à l'idée de l'imaginer dans les bras de ce … chien ! Bien évidemment elle ne monta pas tout de suite dans sa chambre, se doutant que je l'y attendais. Elle n'avait pas le courage d'assumer ses erreurs.



Après de longues minutes, j'entendis enfin ses pas lourds dans l'escalier. Au bruit de ces derniers, je savais qu'elle retardait l'épreuve qui l'attendait. Elle entra enfin et referma aussitôt la porte. Je me tournai vers elle, lui dévoilant mes traits durs et la dévisageant pour être sûr qu'elle allait bien. Rapidement une odeur désagréable emplit la pièce. Elle se dégageait de Bella et je n'eus aucun mal à savoir de quoi il s'agissait. Elle s'était imprégnée de l'odeur du clébard ce qui me crispa encore plus. Je restais collé à la fenêtre pour m'habituer à cette répugnante odeur. Il avait osé souiller ma Bella avec ses mains … Je ne devais plus y songer sinon j'allais courir directement sur la réserve pour le tuer. J'étais incapable de dire quoi que ce soit, ce fut elle qui débuta.



- Salut… chuchota-t-elle.



A quoi jouait-elle ? Elle semblait si peu affectée. Elle s'attendait à ce que je la prenne dans mes bras comme si de rien n'était. Impossible, j'étais en pétard !! - Euh … je suis vivante ! reprit-elle.
Cette remarque stupide fit ressortir un grondement sourd de ma poitrine. Elle n'avait pas conscience de l'état dans lequel j'avais été et ses répliques en témoignaient.



- Aucun bobo ! insista-t-elle. Je devais réagir pour qu'elle comprenne sa stupidité. Je fermai les paupières pour tenter de retrouver un peu de calme et essayer d'oublier l'odeur ambiante.



- J’ai failli franchir la frontière, Bella … murmurai-je en tentant de conserver mon calme apparent. Te rends-tu compte que j'ai manqué de rompre le traité rien que pour venir te chercher ? Comprends-tu ce à quoi cela aurait mené ? lui demandai-je en ouvrant les yeux. Un regard implacable lui prouva ma colère. Elle gémit à cette remarque et réagit tout de suite : - Je te l'interdis ! Ils sont prêts à n'importe quelle excuse pour se battre. Ils adoreraient ça ! Ne transgresse jamais les règles établies ! lança-t-elle inquiète.

- Ils ne seraient sûrement pas les seuls qu'une bagarre ravirait, renchéris-je.




- Pas de ça ! Vous avez accepté une trêve, tenez-vous y.



- S'il t'avait blessée … - Assez ! me coupa-t-elle aussitôt. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Jacob n'est pas un danger. - Excuse-moi, mais tu n'es pas la mieux placée pour juger de ce qui est ou non périlleux. répliquai-je acerbe.



- Je suis sûre que je n'ai pas à me soucier de Jake. Toi non plus d'ailleurs.



Mes mâchoires se crispèrent et mes poings étaient toujours serrés devant son entêtement. Je ne parvenais pas à bouger, déçu qu'elle ne partage pas mon inquiétude. Elle respira profondément et s'avança doucement vers moi pour venir m'enlacer mais je restais prostré, attendant une excuse ou un regret, un signe qu'elle me comprenait.



- Je suis désolée que tu te sois inquiété … souffla-t-elle. Je soupirai me détendant quelque peu, heureux qu'elle fasse enfin le geste que j'attendais. Je l'enlaçai à mon tour pour l'en remercier mais devant du même coup affronter de plein fouet cette entêtante odeur de chien.

- C'est peu dire … maugréai-je. La journée a été très longue.



- Tu n’étais pas censé être au courant. Je pensais que tu chasserais plus longtemps, dit-elle en scrutant mon visage puis elle fronça les sourcils d’un air mécontent. Elle avait du remarquer que je ne m’étais pas nourri et elle devait me le reprocher.



- Quand Alice a vu que tu avais disparu, je suis revenu … lui expliquai-je comme si j’avais besoin de m’excuser.



- Tu n’aurais pas dû. Maintenant, tu vas être obligé d’y retourner. - Rien ne presse, la rassurai-je.

- Ne sois pas ridicule. Ta sœur a eu tort de …




- Inutile d’ergoter, la coupai-je aussitôt. Et n’espère pas non plus que je t’autorise à …




- Oh que si ! C’est exactement ce que j’espère ! m’interrompit-elle à son tour. - Cela ne se reproduira pas, dis-je sûr de moi car je comptais tout faire pour cela.


- N’y compte pas. Et, la prochaine fois, tu sauras te maîtriser. - Il n’y aura pas de prochaine fois, répondis-je fermement.

- Moi, j’accepte que tu t’en ailles, même si ça ne me plaît pas …


- C’est différent. Je ne risque pas ma vie. - Moi non plus.
- Les loups garous représentent un danger, répliquai-je sur un ton ferme.


- Je ne suis pas d’accord. - Ce n’est pas négociable, Bella.
- Je ne suis pas en train de négocier, Edward !



Elle n’avait pas compris mes craintes et s’obstinait à croire qu’elle avait raison. Son entêtement m’agaçait. Je serrai les poings pour réfréner ma colère.


- Par ailleurs, je me demande si tes réticences ne sont dues qu’à ton souci de ma sécurité… - Pardon ? lui demandai-je surpris et indigné qu’elle puisse soupçonner autre chose.


- Tu n’es pas … Tu devines qu’il serait idiot d’être jaloux de lui, n’est-ce pas ?



Je ne pouvais pas lui avouer l’entière vérité car il m’était difficile d’admettre que j’éprouvais bel et bien une certaine jalousie envers Jacob Black. Je vivais mal leur proximité. Savoir qu’il pouvait la toucher, m’étais très pénible. Toutefois, ce n’était pas cette raison qui m’obligeait à écarter Bella du cabot. C’était réellement le souci de sa sécurité. Je n’arrivais pas à faire confiance à ce Quileute et tant que je n’y parviendrais pas, je ne pourrais pas lui confier Bella pour laisser libre court à leur amitié.


- Ah bon ? m’exclamai-je pour lui indiquer qu’elle faisait fausse route. - Sois sérieux !



- Je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux.



- Alors, ton attitude relève juste de stupidités du genre « les vampires et les loups-garous seront toujours ennemis ? », d’une rivalité alimentée par la testostérone qui te … - C’est toi qui m’importes ! la coupai-je, furibond de son insistance. Ma seule préoccupation, c’est que tu restes indemne.

- D’accord. Une chose cependant : ne compte pas sur moi pour prendre parti dans vos querelles imbéciles. J’opte pour la neutralité. Je suis la Suisse, dans ce conflit. Je refuse de prendre en compte des chamailleries d’ordre territorial entre créatures mythiques. Jacob fait partie de ma famille. Toi, tu es l’amour de ma vie. Si je puis m’exprimer ainsi, car j’ai bien l’intention de t’aimer pour plus longtemps que cela. Vampires, loups-garous, aucune importance. Et si Angela se transforme en sorcière, je continuerai à la fréquenter.




Que pouvais-je répondre ? Je savais que je réagissais d’une manière extrême et j’avais conscience que Bella était tiraillé entre nous deux. Elle avait fait le choix de ne pas m’écouter et de continuer son amitié malgré tout. Je comprenais son point de vue mais mon angoisse surpassait tout le reste. C’était moi le problème et j’allais devoir y remédier. - Je suis neutre ! me répéta-t-elle, en réponse au regard noir que j’arborais.
- Bella … bredouillai-je en grimaçant.



- Qu’y a-t-il encore ? - Eh bien … sans vouloir te vexer, tu sens le chien … la taquinai-je, un large sourire aux lèvres pour mettre un terme à cette délicate conversation.

Le sujet était clos pour ce soir mais pas définitivement car je savais que Bella allait de nouveau rendre visite à son clébard et que je risquais une fois encore de péter les plombs. Je devais m’organiser car ma visite ne pouvait plus être reportée et Bella ne devait surtout pas être seule en mon absence. Le lendemain, je lui annonçai donc que je devais de nouveau m’absenter pour la fin de la semaine. Elle s’en doutait, pensant qu’il était vital pour moi de me nourrir.


Jasper et Emmett me proposèrent de les accompagner en Caroline du Nord où le surnombre de pumas posait problème. Ils voulaient me faire plaisir car ils savaient que j’adorais les pumas et furent donc très étonnés de m’entendre leur annoncer que je partais vers le nord avec Carlisle … En effet, je voulais que Carlisle rencontre Carol afin qu’il apprenne lui aussi un maximum de choses sur les Quileute. II était toujours si curieux de tout qu’il fut ravi de m’accompagner. Mais ce n’était pas uniquement pour cela que je lui avais proposé de venir. En effet, je voulais qu’il me retienne si jamais Bella parvenait à aller sur la réserve. Il devait m’empêcher de faire demi-tour et d’oublier quel était mon but. Il savait à quel point cette visite me tenait à cœur et les conséquences qu’elle aurait sur mes futures décisions.
Il ne me restait donc que très peu de jours pour m’organiser … La seule sur qui je pouvais compter, était mon adorable sœur Alice. Elle n’accepterait pas sans une petite rétribution et je savais parfaitement ce qui lui ferait plaisir. C’est pourquoi, la veille de mon départ, je fis une arrivée fracassante devant notre maison au volant d’une magnifique Porsche jaune.


Alice sortit aussitôt en hurlant de joie et me sautant au cou :



- Waouh !!! Elle est encore plus belle que ce que je me l’imaginais !!! Merci, elle est superbe !! - Tu en rêvais depuis longtemps alors je me suis dit qu’il était temps …
- Toi, tu me caches quelque chose ? me demanda-t-elle circonspecte.


- Serais-tu prête à me rendre service ?



- Ah, je vois …Quoique ce soit, je l’accepte car cette voiture le vaut largement !! s’exclama-t-elle en caressant délicatement le capot de son bolide. - Comme tu le sais, on part demain et je voudrais que tu t’occupes de Bella afin qu’elle ne renouvelle pas la mésaventure de samedi dernier. Je pensais que tu pourrais inventer n’importe quelle excuse pour la retenir pendant deux jours en ta compagnie. Un truc de … filles doit être envisageable ?
- Ne t’inquiète pas, je vais m’occuper d’elle et elle ne risquera rien !! m’assura-t-elle en s’installant au volant de sa voiture.




- Merci et je compte sur toi car je serai difficilement joignable d’ici samedi.


Je n’eus pas le loisir d’entendre sa réponse car elle s’était déjà volatilisée dans un nuage de poussière. Ma sœur était heureuse et moi soulagé. Il restait un seul et ultime détail à régler et non des moindres, mon lit. Je l’avais enfin commandé et il ne me restait plus qu’à l’installer afin que Bella puisse se reposer sur autre chose que mon canapé. Esmée s’était gentiment proposée de m’aider à le choisir ainsi qu’à préparer le linge de lit qui allait avec. J’espérais qu’en arrangeant ma chambre de cette façon, Bella s’y sentirait bien et l’imaginer allongée près de moi dans ce lit me plaisait beaucoup aussi. Le cadre noir en fer forgé était finement sculpté ainsi que les quatre montants rehaussés de roses en métal. Cela lui donnait tout à fait l’aspect romantique et ancien que je souhaitais. Il me ressemblait en quelque sorte…




Je pouvais partir apaisé. Bella allait être entre de bonnes mains, celles d’Esmée et de mes deux sœurs. Je n’aurais pas à craindre une expédition improvisée chez les Quileute et j’en étais vraiment soulagé. Je pouvais donc entamer mon périple en Baie d’Hudson sous les meilleurs hospices. J’avais tout préparé … j’en étais convaincu.



sanaafatine 13-06-10 11:15 AM




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Sachant que Bella prévoyait de rendre une petite visite à Jacob le samedi en mon absence, j’avais préféré avancer mon départ d’une journée. Je voulais être rentré au plus tôt et m’assurer qu’elle n’aurait pas l’occasion de le rencontrer. Je ne m’imaginais pas qu’elle puisse réussir à contourner la vigilance de ma sœur. Esmée avait d’ailleurs tout arrangé avec Charlie et Alice devait suivre Bella comme un vrai garde du corps. Je n’avais donc aucun souci à me faire et cela me donnait suffisamment de courage pour la quitter deux longs jours et une seule interminable nuit. Je ne pouvais pas endurer plus. J’appréciais trop de la voir dormir pour ne pas assister à ce délicieux spectacle deux nuits de suite.



Jasper et Emmett partirent donc vers le sud en direction de la Caroline du Nord alors que Carlisle et moi nous dirigions vers le nord. J’avais placé tant d’espoir dans cette visite que j’avais du mal à contenir mon euphorie. J’avais conseillé à mon père de nous nourrir avant notre arrivée car les ours étaient protégés en baie d’Hudson et il était très difficile de s’y nourrir. Je ne lui avais pas raconté l’épisode des phoques mais cela restait un épisode très humiliant pour moi.



Nous nous arrêtâmes donc aux portes du Manitoba. Une fois engouffrés sur ces terres froides et gelées, je savais qu’il serait particulièrement difficile de trouver une espèce non protégée. Il faisait nettement moins froid que lors de ma précédente visite mais malgré tout, le thermomètre devait frôler zéro degré. Il ne neigeait plus et le dégel débutait timidement. Nous fîmes donc escale dans le parc national du Prince Albert. Le parc était magnifique. Revoir toute cette splendeur me permettait de m’évader et d’oublier temporairement mes sources de contrariété. Carlisle et moi avions débusqué un immense troupeau de bisons des plaines ce qui nous fit un délicieux repas. J’avais repris des forces et surtout mes horribles cernes violacées avaient enfin disparu. Je me sentais bien, voire heureux de retrouver mon amie.



J’espérais qu’elle se souviendrait de moi et qu’elle me pardonnerait de ne lui avoir jamais donné de nouvelles. Plus nous nous avancions, plus je sentais une boule d’angoisse obstruer ma gorge. J’attendais tellement de cette rencontre que je craignais qu’elle soit absente ou ne daigne me recevoir. Je reconnaissais par endroit des indices qui me confirmaient que j’étais bien sur le chemin que j’avais jadis emprunté. Le paysage restait identique à celui de mes souvenirs. Je pouvais remercier ma mémoire photographique car je crois que je n’y serais jamais parvenu sans cela. Carlisle percevait mon agitation et ma peur que cette rencontre soit un échec. Il savait que j’y plaçais beaucoup d’espoir pour notre avenir à Bella et à moi-même.


Je commençais même à douter et à me dire que venir n’était pas une si bonne idée et que je devrais vite retourner auprès de ma bien-aimée. Mes yeux aperçurent enfin le petit chalet perdu au milieu de nulle part, mettant un terme à mes tergiversations. Là, je fus un peu déçu car je ne percevais pas ses pensées. Carol n’était pas là mais quelqu’un d’autre y était et étrangement cette personne semblait nous attendre. Ses pensées se mélangèrent aux miennes afin de me rassurer et de m’inviter à m’approcher sans crainte.
Je frappai donc à la porte, suivi par Carlisle. Aussitôt elle s’ouvrit et j’aperçus un vieil homme devant moi. Il me souriait, très heureux de me voir et nullement surpris de découvrir notre peau aussi blanche que la neige autour de nous. La sienne était tannée par les années et l’excès de soleil. Il avait de longs cheveux noirs clairsemés de mèches blanches qui lui tombaient sur les épaules. Ses yeux d’un vert émeraude étincelant me rappelaient ceux de Carol. Il était habillé d’une blouse en peau de bête qui lui tombait jusqu’aux chevilles. J’avais l’impression d’avoir un chef de tribu devant moi. Il nous fit signe d’entrer et s’exclama :



- Nous t’attendions Edward. Sois le bienvenu. Je suis Patte d'Ours, le grand-père de Petite Ourse … ou Carol, si tu préfères.



- Enchanté ! lui répondis-je étonné.
J’étais surpris de le voir car Carol m’avait dit qu’il était tout le temps dans sa réserve près de Québec et qu’il ne venait jamais lui rendre visite. Il avait du se passer quelque chose de grave et aussitôt un frisson me parcourut. Il le remarqua tout de suite :



- Ne t’inquiète pas ! Elle va bien, me rassura-t-il.
Il pouvait donc lire mes pensées ! Impressionnant mais guère surprenant car Carol m’avait expliqué que son grand père était un puissant chaman.



- Tu peux aller la rejoindre si tu le souhaites. Elle a dû porter secours à un bébé ours. Elle n’est pas très loin. Je pense que tu pourras la trouver facilement.
- Je vais aller l’aider… répondis-je aussitôt. Mais avant, permettez-moi de vous présenter mon père, Carlisle. Nous sommes venus tous les deux car nous avions besoin de l’aide de Carol pour clarifier certaines choses …


- Va la rejoindre … me coupa-t-il, ton père va m’expliquer votre requête.


- Très bien, acceptai-je après avoir interrogé Carlisle du regard pour être sûr qu’il n’y voyait pas d’inconvénient.



Ils allèrent donc s’installer sur le canapé pour entamer leur conversation alors que je me dirigeais vers la ville à la recherche de Carol. La nuit commençait à tomber lorsque je pus enfin capter ses pensées. Elle était assez loin, dans la baie. Un petit ours s’était coincé la patte dans un piège … L’endroit était particulièrement dangereux car les températures en légère hausse avaient fragilisé la glace et la rendaient moins résistante. On l’entendait craquer fortement. Je m’approchais avec prudence de Carol, d’une part pour ne pas fissurer la glace et la mettre en danger et d’autre part pour ne pas effrayer encore plus ce petit animal. Il se débattait sous l’effet de la douleur. Sa mère nous observait à bonne distance et cela ne me rassurait pas. Carol ne m’avait pas entendu arriver, trop occupée à délivrer l’ours. Malheureusement, elle n’avait pas assez de force pour lui ôter la patte de cet étau de fer. Pour ne pas l’effrayer par mon arrivée, j’allais tenter une expérience pour le moins nouvelle. Je connaissais la télépathie pour l’utiliser quotidiennement avec Alice mais je n’avais jamais essayé de la provoquer avec une tierce personne.

Je savais que Carol avait des ressources et des talents insoupçonnés me laissant penser que ma tentative pourrait fonctionner. Je voulais prévenir mon amie, de mon arrivée par la pensée et ce, afin de ne pas rendre la situation plus périlleuse. Je me concentrai quelques secondes en me focalisant sur Carol pour lui adresser le message suivant :

Ne te retourne pas. Je viens t’aider …

Elle l'avait bien reçu et me répondit de la même manière :

Comme toujours, tu arrives au bon moment !


Elle se retourna dans ma direction, le sourire aux lèvres.


Je vois que tu as encore un nouveau don ! lui répondis-je en m’installant doucement à côté d’elle.


Elle me fit signe afin que j’ouvre le piège pendant qu’elle enlèverait la patte de l’ourson emprisonnée dans l’étau. Une fois libéré, ce dernier boitilla en direction de sa mère et ils repartirent doucement se cacher dans la toundra. Carol souriait face à cette scène attendrissante et j’en profitai pour la regarder. Elle n’avait pas changé, toujours le même sourire lumineux, les cheveux noirs attachés en une longue queue de cheval et le corps camouflé sous une énorme doudoune. Elle se tourna alors vers moi et nos regards se croisèrent. Je compris aussitôt que la joie que j’éprouvais était réciproque.



- Ne va pas croire que je vis toujours des situations aussi dangereuses ! A croire que tu le fais exprès pour que j’ai besoin de toi … s’exclama-t-elle de son charmant accent québécois. - Non. J'aime à croire que tu t'en serais sortie toute seule … dis-je en souriant. - Cela devient trop fréquent ces temps-ci à cause de ces maudits braconniers. Ils savent que les ours ont fini d'hiberner et sortent pour se nourrir avec leur famille. Ils installent ces pièges pour les capturer et les vendre. C’est un marché répugnant … s'énerva-t-elle.

- Je connaissais le massacre des phoques mais j'ignorais que l'on s'en prenait aussi aux ours ! m'étonnai-je.



- C'est récent car le marché asiatique devient de plus en plus gourmand et leurs ignobles fermes d'élevage ne leur suffisent plus. Ils s'attaquent maintenant aux ours en liberté et protégés de surcroît. En Asie, la bile ainsi que la vésicule biliaire ont des vertus thérapeutiques pour traiter différentes inflammations. Voilà pourquoi maintenant, ils s'en prennent à mes ours !!




- Enfin, tu n'es pas venu pour cela …. reprit-elle. Je suis heureuse que tu te sois enfin décidé à venir me voir ! lâcha-t-elle en se relevant et se dirigeant prudemment vers la terre ferme.



- Je regrette de ne pas t’avoir donné de nouvelles avant mais il s'est passé tant de choses … Je ne suis pas excusable…



- D'ailleurs, je ne sais pas si je dois me fâcher ou être soulagée de te revoir !! dit-elle en me regardant intensément une nouvelle fois et en me faisant part de ses pensées.
Elle me retraça tout ce que j'avais vécu après mon passage à Churchill. Elle avait vécu à distance tout ce qui m'était arrivé … ma tentative de traque contre Victoria, le nouveau-né qui m'avait exilé au Brésil puis l'annonce de la mort de Bella et mon périple en Italie. Je sentais ses traits s'attrister. Elle me faisait partager sa colère et sa frustration de ne pas avoir pu m'aider. Elle avait été une spectatrice involontaire de tous mes déboires. J'étais stupéfait … je n'avais jamais quitté son esprit, un peu comme si nous étions connectés.



- Comment est-ce possible ? bredouillai-je sous le choc de cette découverte.



- Tu n'es pas le seul à avoir été changé par ce qui s'est passé dans la hutte … Quand je disais que tu étais l'un des nôtres, je ne pensais pas si bien dire … Je n'arrive pas encore vraiment à me l'expliquer mais cette expérience nous aurait liés, en quelque sorte. Je partage tous les plus grands moments de ta vie à travers tes pensées. Il faut croire que ma mission est de te protéger même si j'ai cru te perdre quand tu as décidé d'aller te livrer chez ses monstres Italiens … Mais qu'avais-tu en tête ? Je pensais que tu avais compris l'importance que tu avais sur cette terre ? me demanda-t-elle d'une voix mêlée de tristesse et d'incompréhension. - Je t'ai faite souffrir … toi aussi … murmurai-je anéanti. Moi qui te pensais heureuse, je t'ai rendu la vie insupportable. Jamais je n'aurais pensé une telle chose. J'avais réagi ainsi car j'étais au bord du gouffre et j'étais persuadé à l'époque que plus rien ne me retenait ici bas. Je m'étais doublement trompé … m'exclamai-je furieux, les poings serrés.



- Je commence à comprendre pourquoi nos chemins se sont croisés … Tu as besoin de conseils et aujourd'hui encore car tu te comportes comme un vrai imbécile avec elle et avec les Quileute !! me gronda-t-elle après avoir repris un peu d'assurance, une fois sur la terre ferme. - Je sais. N'en rajoute pas, s'il te plait … C'est pour ça que je suis venu te voir car je suis totalement perdu. J'ai constamment peur pour elle mais leur amitié est si importante pour eux deux. J'ai conscience que je ne suis pas honnête mais je n'arrive pas à me maîtriser …




- Tu as peur de quoi au juste ? Ils sont si féroces que cela ?? se moqua-t-elle.



- C'est Jacob, le problème. Il ne se maîtrise pas lorsqu'il doit se … - Transformer en loup !! Est-ce vraiment cela le problème ?? Même s'il est jeune, cette mutation est tellement ancienne dans cette meute que les garçons sont très vite pris en main par leurs aînés. Il ne lui fera jamais de mal … Au fond de toi, tu le sais. Ce n'est pas cela le problème !! m'assura-t-elle.



- Ah bon et c'est quoi alors …
-T'es tu déjà mis à la place de Bella ?



- C'est à dire ? lui demandai-je surpris.



- Que ferais-tu si j'étais Jacob et que l'on nous empêchait de nous voir ??? Comment réagirais-tu ?



- Ce n'est pas pareil. Tu ne risques pas te me faire du mal …
- Mais Jacob non plus !!


Cette conversation avait un désagréable goût de déjà vu mais la différence cette fois était que Carol n'avait rien à gagner à prendre le parti de Jacob. Je commençais à comprendre ma méprise et mes torts.



- Pourquoi, cet air si dur ? me demanda-t-elle en attrapant mes poings et en les enveloppant de ses mains tièdes et douces.



- Je sais que tu as raison mais c'est plus fort que moi… Le besoin de la surprotéger est ancré en moi. Je crois que je viens de me rendre compte que j'avais dépassé les bornes et que Bella tentait désespérément de me le faire comprendre et je ne l'ai pas écouté. - Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! me dit-elle en me souriant. Je ne répondis pas, réalisant que j'étais véritablement un idiot et que j'avais failli perdre Bella à cause de cela.



-Au fait, je ne t'ai pas remercié … reprit-elle joyeuse.



- J'ai été démasqué ! répondis-je en souriant, à mon tour. Pouvant lire mes pensées, elle avait aussi découvert que j'étais à l'origine de son maintien ici pour plus de trois ans.



- Je ne sais pas comment tu as fait mais c'est un vrai cadeau. Je suis heureuse de pouvoir rester ici aux services des animaux.



- C'était le moins que je puisse faire ! Nous reprîmes notre marche, main dans la main, en direction du chalet où nous attendaient son grand-père et Carlisle.



- Tu as bien fait de venir car depuis plusieurs jours, je fais le même cauchemar te concernant. Il va se passer quelque chose. C’est la raison pour laquelle j'ai demandé à mon grand-père de venir m'aider car nous ne serons pas trop de deux pour tenter de trouver de quoi il s’agit.



- De quoi parlait ce rêve ? lui demandai-je inquiet.



- C'est très flou. Ce ne sont pas des images très précises. C'est pourquoi mon grand-père doit intervenir pour m'aider. Nous avons besoin d'une vision commune pour comprendre … mais je ne veux rien dire avant d'en être sûre.



Moi qui étais venu régler mon incompréhension vis à vis des Quileute voilà qu'à présent, il s'agissait d'un prochain malheur. N'en finirait-on jamais ??



- Je suis désolé de te mêler à tout cela … m'excusai-je.



- Tu plaisantes, j'espère !! s'exclama-t-elle. Tu m'offres tant d'occasions de dépasser mes limites et je n'aurais jamais fait toutes ces découvertes. Grâce à toi, je progresse à une vitesse phénoménale. Tu as changé ma vie et c'est peu dire … Je ne remercierai jamais assez les esprits de t'avoir guidé vers moi. Ne t'excuse de rien si ce n'est de réagir comme un idiot par moment … me taquina-t-elle.



- Je te remercie d'être mon amie. Tu m'apportes tant de choses …




- Allez, allez… on arrête ça … à nous de ne jamais oublier que l'on peut compter l'un sur l'autre. C'est tout ce qu'il y a à retenir … Compris ? conclut-elle pour ne pas manifester son émotion.




- Compris !! lui confirmai-je en resserrant sa main dans la mienne.



Je sentais déjà sa présence apaisante m'envelopper comme si tout devenait plus clair. Elle savait toujours aussi bien me parler et me mettre à l'aise. Pourquoi avais-je tant tardé avant de venir la voir ?? Cela m'aurait évité de souffrir inutilement pendant aussi longtemps. Nous étions déjà devant chez elle. Nous entrâmes, pensant retrouver mon père et Patte d'ours à l'endroit où je les avais laissés … mais ils n'étaient plus là. Carol remarqua mon étonnement :




- Ne t'inquiète pas, mon grand-père l'a emmené dans la hutte … Ils étaient trop pressés pour nous attendre. Attends-moi deux minutes, je dois me changer.




En attendant qu'elle se prépare, j'eus soudainement envie de savoir si tout se passait bien à Forks. Savoir si Alice s'en sortait dans sa tentative d'enlèvement. Qu'elle ne fut pas ma surprise en entendant la voix de Bella, visiblement irritée, en consultant ma boite vocale :


Tu as des ennuis mon pote. De gros ennuis. Les grizzlis enragés te paraîtront adorables quand tu verras ce qui t'attend à ton retour.


Comme je le craignais, elle me reprochait ma réaction excessive et l'isolement que je lui imposais. Et au lieu de m'inquiéter, ce message me fit sourire, d'une part, car il n'y avait aucun grizzli à l'horizon et d'autre part, parce que je savais déjà comment me faire pardonner … Ce fut Carol qui vint interrompre mes pensées. Elle avait revêtue sa robe de cérémonie. Elle était ravissante, identique à mes souvenirs. Nous nous mîmes en marche vers la hutte, celle qui m'avait révélé au monde. C'était étrange de revenir ici après avoir découvert toutes ces choses que je n'aurais jamais dû savoir ou revivre. Je songeais à ma mère et à mon passé principalement. Avoir eu accès à tout cela, était un tel cadeau que j'avais du mal à croire que Carol ou son grand-père puissent encore me révéler de nouvelles informations. Ils recelaient de tels pouvoirs qu’il mettait difficile de croire que tout cela puisse avoir un sens. Le mystique faisait bien partie de ce monde et il fallait s’en accommoder alors tout ce qui pouvait me permettre de protéger Bella et les miens, était le bienvenu même si cela n’avait rien de rationnel.


Mon père était déjà installé auprès de Patte d’Ours. Ils étaient assis autour du feu qui répandait un léger halo de lumière sous la tente. Carlisle était émerveillé par tout ce que lui avait révélé l’indien et il était tout aussi curieux que moi de découvrir ce qu’ils nous préparaient. Une fois Carol et moi-même, assis auprès d’eux, le vieil homme nous expliqua ce qui allait se produire. Il tenait entre ses mains, un tambour. Ce dernier allait être son outil pour faire appel à la magie et aux esprits afin de les guider vers lui. Il l’avait fabriqué lui-même avec le bois d’un arbre que les esprits lui avaient indiqué et la peau était celle d’une chèvre de sa tribu. Il était minutieusement décoré de plusieurs pattes d’ours symbolisant son prénom.



- Nous voilà réunis afin de t’aider, Edward, à maintenir un équilibre entre ta famille et la meute des Quileute. Je perçois des tensions qui envahissent tout ton être. Les esprits ont même prévenu Carol au travers de mauvais rêves. Je vais les invoquer afin de rétablir l’ordre des choses et de percer la signification de ses cauchemars. Ce fut ses dernières paroles car ensuite, il se mua dans un silence empreint d’une profonde concentration. Nous pouvions entendre les battements de son cœur, doux et posés. Il se mit ensuite à frapper sur son tambour de sorte que ces deux rythmes battaient à l’unisson. Son cœur et son instrument ne faisaient alors plus qu’un. Carol me prit la main et me demanda de faire de même avec celle de mon père. Elle ferma les yeux et se mit à fredonner des chants indiens. La mélodie était guidée par les battements du tambour. Je sentais la main de Carol brûler dans la mienne. Une puissante énergie se dégageait d’elle. Elle se mit à chanter plus fort et les battements du tambour s’accélérèrent. C’est alors que le feu se fit plus puissant, si incandescent qu’il éclairait totalement la tente. Un nuage de fumée blanche se forma au-dessus de nous. Les roulements de tambour étaient assourdissants recouvrant la voix de Carol. Je sentis brusquement une énorme décharge électrique transpercer mon corps de part en part pour ensuite envahir Carlisle à son tour. Je compris que les esprits se manifestaient et qu’ils nous invitaient tous à les écouter. Les yeux de Patte d’Ours se révulsèrent et une voix d’autre tombe se mit à parler :


Le danger arrive. Oubliez vos querelles et préparez vous à lutter contre un puissant ennemi.




Des images apparurent à travers la fumée qui se dispersait doucement. On pouvait y voir ma famille et les Quileute, non pas en train de se battre les uns contre les autres mais unis. Les loups étaient à nos côtés … pour protéger Bella. Bella était meurtrie, spectatrice impuissante de ce terrible combat. Je sentais une tension s’emparer de moi comme si je ressentais le mal qui s’annonçait. Je supportais très mal de voir Bella si vulnérable. Elle était la raison de notre rapprochement mais aussi celle de la venue du courroux qui s’annonçait. Malheureusement, cet ennemi n’avait pas de visage. Les esprits ne parvenaient pas, eux-mêmes, à déceler d’où venait le danger. Nous pouvions juste voir qu’ils étaient nombreux et visiblement assez forts pour qu’aboutisse une union entre les Quileute et nous-mêmes.



J’avais du mal à y croire. Nos ennemis jurés et nous-mêmes allions devoir unir nos forces pour lutter contre un redoutable adversaire. Je n’osais même pas envisager que les esprits puissent se tromper ou m’induire en erreur. J’avais eu trop de preuves de la véracité de leurs visions pour en douter maintenant. Pourtant, j’étais mal à l’aise car même si cela paraissait inéluctable ce rapprochement me déplaisait. J’avais le sentiment de trahir ce que j’étais. J’avais besoin de digérer cette nouvelle, tout simplement.


D’un coup, le nuage se dissipa et le tambour s’arrêta brutalement. Patte d’ours était encore dans son monde mais revenait doucement à lui. Carol était plus marquée et visiblement épuisée. Elle avait puisée beaucoup d’énergie pour assister son grand-père. Carlisle lui, restait immobile, stupéfait de ce qu’il venait de vivre. Il me dévisageait pour scruter mes réactions. Il percevait mon malaise mais ne le partageait pas cependant. Pour lui, cette vision était une suite logique et se réjouissait déjà de la prochaine entraide entre nos deux espèces. Il espérait déjà que cette nouvelle alliance pourrait peut être faire oublier définitivement l’existence du traité. Bref, il voyait les choses tout à fait différemment maintenant. Comme toujours, il incarnait la sagesse et moi, les doutes et les craintes. Il avait toujours été mon contrepoids et cette fois encore, il allait devoir m’aider car je ne partageais pas du tout sa joie évidente.



J’étais prêt à faire des efforts et je me préparais à laisser Bella renouer son amitié avec Jacob. J’avançais déjà d’un pas en avant … mais là, cette nouvelle m’imposait d’en faire au moins dix et je ne m’en sentais pas capable. Pourtant, j’avais conscience qu’il le faudrait pour la survie de Bella qui allait devoir encore braver la mort. Patte d’Ours était satisfait il avait obtenu la réponse qu’il attendait. Carol était partagée entre soulagement et angoisse. Soulagée de comprendre la signification de ses rêves mais inquiète pour mon avenir. Les esprits n’ayant pas révélé qui sortirait vainqueur du combat. Elle envisageait déjà le pire. Elle savait pourtant l’étendue de ma force et les pouvoirs des Quileute mais malgré tout, elle restait sur ses gardes. Elle avait raison d’ailleurs, tout comme moi car je n’avais aucune idée de qui serait notre agresseur.


Les seuls suffisamment dangereux et nombreux étaient les Volturi. Pourquoi viendraient-ils si tôt ? J’étais persuadé que la transformation de Bella n’était pas leur priorité alors pourquoi se déplaceraient-ils ? Beaucoup de questions restaient donc en suspens mais j’avais le sentiment que je ne tarderais pas à avoir toutes les réponses. Carol était épuisée. Je me proposais de la raccompagner au chalet pour qu’elle puisse se reposer. Mon père et Patte d’Ours souhaitaient rester dans la hutte encore quelques temps, sans doute pour mieux décrypter ce que l’on venait de découvrir. Elle avait du mal à marcher et traînait les pieds. Elle ne se plaignait pas mais je savais qu’elle était à bout de force.


- Souhaites-tu que je te porte ? lui murmurai-je doucement pour mettre fin à son supplice.



- Non. Ca ira … bredouilla-t-elle.
- Carol, s’il te plaît … Tu ne tiens pas debout.



Elle hocha alors la tête pour me dire qu’elle acceptait tout de même. Je la pris dans mes bras afin de l’amener rapidement chez elle, au chaud. Elle s’était machinalement lovée contre mon torse. Carol m’appréciait bien plus qu’elle n’osait me le dire mais je savais qu’elle n’entraverait jamais mon amour pour Bella. Elle partageait mes pensées et connaissait tout ce que Bella représentait pour moi. Toutefois, elle ne parvenait à refreiner ce qu’elle ressentait et je ne pouvais pas lui en vouloir mais je ne devais pas lui faire miroiter quoique ce soit pour autant.


J’avais déjà rendu Tania malheureuse par le passé en agissant de la même manière donc aucune ambiguïté ne devait subsister. Mon cœur n’en aimait qu’une, celle que j’attendais depuis plus de cent ans. Carol était et resterait toujours une amie et son amitié était trop précieuse pour la gâcher. Je la déposai doucement sur son lit mais ses mains s’agrippèrent à mon cou. Ses yeux se plongèrent dans les miens. Elle ne voulait pas me laisser partir de peur de ne plus jamais me revoir. Elle savait que mon destin était plus que jamais lié à celui de Bella et que je me risquerais plus à la laisser seule pour venir lui rendre visite. Je lui pris les mains et les gardais quelques instants dans les miennes. Je les embrassai l’une après l’autre pour les déposer délicatement sur son ventre.



- Je sais. Ce sera difficile pour moi aussi mais ce que tu espères ne se produira pas. Je l’aime de tout mon être. Je serai toujours là pour toi. C’est tout ce que je peux t’offrir … lui murmurai-je en lui caressant la joue. - Excuse-moi… mais ce que je ressens est si fort qu’il m’est difficile de te le cacher.



- Nous vivons une relation si particulière. Elle nous apporte énormément alors conservons là telle qu’elle est. Ne changeons rien. Je ne veux pas perdre … ton amitié.



- Nous sommes liés, souviens toi … quoiqu’il puisse se passer, je serai près de toi. Et prends garde à ce danger qui plane. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive malheur.
- Je vais devoir rentrer. Je ne peux pas rester plus longtemps. Je ne te dis pas quand je reviendrai car tu le sauras avant moi ! la taquinai-je pour tenter de la faire sourire.- Je suis heureuse de t’avoir vu et n’hésite pas à revenir me voir, dit-elle comme si elle me suppliait.


- Repose-toi, tu es exténuée … lui proposai-je pour mettre un terme à cette conversation difficile.
C’était douloureux de lui faire de la peine mais je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle voulait. J’espérais qu’avec le temps, elle me verrait vraiment comme un ami et rien de plus. Je lui déposai un léger baiser sur le front et sortis rapidement du chalet pour rejoindre Carlisle et le grand-père de Carol. Nous le remerciâmes de son aide et l’informâmes que nous allions reconsidérer notre opinion concernant les Quileute. Il me rassura aussi sur le fait que Carol allait s’en remettre car elle était tout à fait consciente de la situation. En d’autres termes, la fatigue avait laissé parler ses sentiments mais qu’elle les refoulerait de nouveau dès son réveil.




Ce passage à Churchill était une bonne idée même s’il avait été éprouvant sur certains aspects. J’avais obtenu ce que je voulais et même plus. Durant tout le trajet du retour, Carlisle n’eut de cesse de parler, de s’extasier sur ce que nous venions de vivre. Bien évidemment, il avait conscience que nous devions encore garder cette théorie pour nous afin de ne pas alarmer toute la famille. Nous allions surveiller les jours à venir et prendre les dispositions nécessaires en temps utile. Mes pensées vagabondaient déjà vers Bella. J’étais si pressé de la rejoindre. Elle m’avait tant manqué. J’étais pressé de lui annoncer que j’avais enfin changé d’avis et que j’étais prêt à l’écouter. En arrivant à la maison, je remarquai que tout était calme.



Carlisle s’empressa de rejoindre Esmé qui survolait un livre tout en guettant le retour de son mari. Elle fut enfin soulagée de le voir arriver. Rosalie tentait, quant elle, de s’occuper en regardant la télé. Emmett n’était pas encore rentré et elle ressassait la conversation qu’elle avait eue la veille avec Bella. Ma sœur en était encore contrariée vu la frénésie avec laquelle elle changeait de chaînes, comme si aucun programme ne captait son intérêt. Elle avait expliqué à ma bien-aimée les raisons de son attitude hostile envers elle. Elle avait surtout tenté de la faire réfléchir sur son envie de devenir l’une des nôtres. Rosalie avait insisté sur le caractère irrémédiable de notre état et surtout sur les choses qu’elle n’aurait jamais. Je connaissais le plus gros regret de ma sœur, celui de ne jamais pouvoir avoir d’enfant. Bella, elle, le pouvait encore et elle s’en moquait puisqu’elle préférait mourir. Rosalie ne comprenait pas que Bella ne soit pas plus abattue par ce sacrifice …
Subitement je redoutais que ma sœur ait réussi à la faire changer d’avis. Je m’étais enfin préparé à cette idée et voilà que Rosalie tentait une fois encore de s’interposer. Je voulais que Bella soit près de moi pour toujours … mais elle pouvait encore changer d’avis. Elle n’avait d’ailleurs pas encore accepté d’être ma femme alors rien n’était encore tout à fait sûr. Je devais plutôt m’en réjouir car c’était toujours ce que j’avais souhaité : que Bella reste vivante le plus longtemps possible. Alors pourquoi doutais-je ?? L’approche de ce grand danger devait y être pour quelque chose. J’avais sans doute besoin d’être rassuré. Savoir qu’elle consentirait à être ma femme, me comblerait de bonheur. Ce fut Alice qui mit fin à mes interrogations. Elle s’approcha de moi en me tendant la clé de la Porsche que je venais de lui offrir. Elle était abattue.


- Tu peux la reprendre. J’ai failli à ma mission… bouda-t-elle.


- Dois-je en conclure que Bella a réussi à tromper ta vigilance ? lui demandai-je surpris. - Oui, Jacob Black est venu la chercher au lycée … Je n’ai rien pu faire. Il y avait trop de monde. Elle est rentrée en fin d’après midi, toute seule et à moto en plus ! Elle dort maintenant, m’expliqua-t-elle sensiblement agacée.



- Je ne t’en veux pas Alice … Je te l’ai offerte, elle est à toi. C’est moi qui te dois des excuses. Je me suis laissé emporter et je n’avais pas à t’imposer cela. J’ai réagi comme un idiot. - Et bien Edward, quelle sollicitude tout à coup ! Où sont passées ton angoisse et ta haine contre ce loup ?? me demanda-t-elle, curieuse.



- Changer d’air m’a fait du bien, voilà tout. Je monte rejoindre Bella ! lançai-je en guise de réponse. Elle me regarda perplexe, se demandant quelle mouche m’avait piqué. J’étais parti terrifié que Bella ne retrouve le cabot et voilà qu’à présent, j’en étais presque heureux. Elle trouvait cela très étrange mais ne chercha pas plus loin trop heureuse de conserver sa voiture.



sanaafatine 13-06-10 12:04 PM




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Je ne saurais décrire dans quel état je me trouvais lorsque je montais les escaliers menant à ma chambre. J’étais heureux d’être rentré. Savoir Bella dans ma maison et plus particulièrement dans mon lit me procurait une joie intense. Elle m’avait manqué plus encore que je ne l’aurais imaginé.

En ouvrant la porte, je regardai aussitôt en direction de mon vaste lit qui paraissait colossal dans la pénombre de ma chambre. Ce soir, la lune ne reflétait aucune lumière et rendait la pièce plutôt inhospitalière, c’est pourquoi je fus très étonné de ne pas voir Bella dans mon lit. Je pensais que le confort et le raffinement de ce dernier l’aurait incité à se laisser tenter.

Au lieu de cela, je la retrouvai en boule sur mon canapé. Elle était totalement recroquevillée sur elle-même, signe de sa contrariété et de sa peur d’être seule. Elle n’aimait pas mon lit puisqu’elle ne l’avait pas choisi pour refuge et j’en étais quelque peu déçu mais elle s’y ferait avec le temps. Elle était si belle lorsqu’elle dormait. Je me retins de la toucher de peur de la réveiller mais la tentation était si grande. Je m’assis près d’elle pour mieux la regarder. Ses lèvres entrouvertes semblaient m’appeler… C’était un supplice de rester à côté d’elle sans la toucher. Son parfum m’enivrait déjà et son cœur… battait paisiblement d’une si belle mélodie. J’étais tout simplement et bizarrement heureux.

Je restais assis là près d’elle un long moment, me laissant bercer par sa lente respiration. Je n’éprouvais nulle colère ou irritation. Au contraire, je ressentais un apaisement comme je n’en avais pas ressenti depuis bien longtemps. Pourtant tant de choses dangereuses nous attendaient mais l’important restait notre amour. Le reste me semblait si loin en cet instant…

Puis tout à coup elle s’étira et se roula sur le côté mais elle allait tomber si je ne la retenais pas. Je l’avais rattrapée doucement dans mes bras pour la déposer sur mon lit. Je n’avais pas osé le faire avant de peur de la réveiller. Je m’allongeai près d’elle en guettant sa réaction. Elle se mit sur le dos et ouvrit doucement les paupières comprenant sans doute qu’elle n’était plus sur le canapé.

- Excuse-moi … lui murmurai-je doucement. Je ne voulais pas te réveiller.

Elle se raidit aussitôt, craignant un excès de colère ou s’apprêtant peut-être à me réprimander. Il n’y eut que le silence puis l’accélération de ses battements de cœur pour emplir la pièce. Elle tendit sa main et se mit à tâtonner le matelas à la recherche de mes doigts. Elle ressentait visiblement le même besoin que moi … celui d’être dans ses bras.

Les miens l’enveloppèrent pour la plaquer contre mon torse de pierre. J’avais besoin de sentir son corps contre le mien. Je voulais entendre résonner son cœur contre ma poitrine. Mes lèvres parcoururent ensuite son visage alors que les siennes semblaient rechercher fiévreusement les miennes. Lorsqu’elles se rencontrèrent enfin, je pus lui témoigner tout le manque que j’avais ressenti en son absence. Ce baiser fut tendre et merveilleux.

J’eus la confirmation qu’elle ne m’en voulait plus et je ne pus retenir un léger rire.

- J’étais prêt à subir un courroux plus fort que la rage des grizzlis, et à quoi ai-je droit ? Je devrais te fâcher plus souvent.

- Donne-moi une minute pour démarrer … plaisanta-t-elle en m’embrassant.

- Prends tout ton temps, répondis-je en lui rendant son baiser tout en glissant mes doigts dans ses cheveux.

- Demain matin, alors.

- Comme tu voudras.

- Je suis heureuse que tu sois rentré.

- Moi aussi, je suis content d’être ici.

Elle resserra ses bras autour de mon cou. Je ressentais un besoin incontrôlable de la toucher. Ma main parcourut alors son épaule puis glissa le long de son bras pour ensuite effleurer sa fine taille et terminer sur son mollet. Son pyjama étant très fin, je pouvais sentir la chaleur de sa peau au bout de mes doigts. Elle cessa de respirer sous l’effet de mes caresses sensuelles. Mes lèvres vinrent alors chatouiller le creux de sa gorge.

- Je ne voudrais pas déclencher ton ire prématurément, mais voudrais-tu m’expliquer en quoi ce lit te déplait ?

Je roulai sur le côté, ne lui laissant guère le temps de répondre. Je pris son doux visage entre mes mains. Elle commençait à perdre ses moyens. Son souffle devint plus saccadé.

- Alors ce lit ? insistai-je. Moi, je le trouve bien.

- Il était inutile … haleta-t-elle enfin.

J’étais bien décidé à lui démontrer que ce lit avait bien des avantages et que j’avais très envie qu’elle l’apprécie aussi. Pour se faire, je l’attirai à moi et elle s’empressa de coller sa bouche contre la mienne. Je roulai de nouveau sur le côté, profitant de l’espace que me procurait mon imposante couche. Bella se retrouva sur le dos et mon corps froid au-dessus du sien. Je riais déjà car je savais comment la faire changer d’avis.

- Voilà qui est sujet à débat, objectai-je. Nos galipettes seraient difficiles à exécuter sur un canapé.

Ma langue lécha délicatement le contour de ses lèvres. Sa respiration se fit de plus en plus courte et je ne comptais plus les ratés de son cœur.

- As-tu changé d’avis ? me demanda-t-elle dans un souffle, une pointe d’espoir dans la voix.

Elle était en train de se méprendre sur mes intentions. Je soupirai, déçu de l’avoir amenée sur une fausse piste.

- Ne sois pas sotte, Bella. J’essayais seulement d’illustrer les avantages d’une couche que tu n’avais pas l’air d’apprécier. Ne t’emballe pas.

- Trop tard ! Et ce lit me plait.

- Tant mieux. A moi aussi.

- Pour autant, il est inutile si nous ne nous emballons pas, enchaina-t-elle.

- Pour la centième fois, je te répète que c’est trop dangereux.

- J’aime les risques.

- Je sais, répliquai-je acerbe.

Je ne savais que trop qu’elle aimait et attirait le danger. J’avais beau l’en préserver rien n’y faisait. Elle s’était même remise à faire de la moto, preuve qu’elle ne cesserait jamais ses fantaisies.

- Je vais te dire ce qui est périlleux, moi. Un de ces jours, je vais me consumer entièrement, et tu n’auras plus qu’à t’en prendre à toi-même.

Je la repoussai comprenant que j’avais mal agi. J’étais égoïste …

J’étais si bien dans ses bras. Je me laissais aller si facilement. Je parvenais encore à m’arrêter même si une immense frustration s’en suivait. J’en étais capable grâce à ma longue existence, emplie d’épreuves et d’évènements m’obligeant à endurer les souffrances. Bella, elle, vivait ses premières amours et voulait aller plus loin. Elle en avait le droit mais pas …avec moi. Pas tant que je serais un vampire et elle, une humaine. Pourtant une partie de moi en mourait d’envie. Je devais me dominer pour ne pas craquer et le fait que Bella ne m’incite pas à la prudence, ne m’aidait en rien.

- Hé ! protesta-t-elle en s’agrippant à moi.

- Je t’évite la combustion spontanée, puisque tout cela est trop dur pour toi …

- Je tiens le coup, riadminhelpa-t-elle en se blottissant dans mes bras.

- Désolé de t’avoir donné de faux espoirs et de te décevoir. Ce n’était pas bien.

- Au contraire. C’était très, très bien.

Elle n’était pas prête à faire des efforts sur ce sujet mais comment pouvais-je lui en vouloir ?

- Tu n’es pas fatiguée ? Je devrais te laisser dormir.

- Non, ça va. Et je ne refuserais pas que tu me redonnes de faux espoirs.

- Mauvaise idée. Tu n’es pas la seule à être transportée.

- Si ! grommela-t-elle.

- Tu n’as aucune idée de l’effet que tu produis sur moi. Et que tu t’efforces de saper mes résolutions n’aide en rien.

- Ne t’attends pas à ce que je m’excuse.

- Suis-je autorisé à m’excuser, moi ? lui demandai-je espérant changer le cours de notre conversation.

- Pourquoi ?

- Je te rappelle que tu étais fâchée contre moi.

- Oh ! Ca.

J’espérais d’ailleurs qu’elle le soit un tout petit peu afin d’apprécier ce que je m’apprêtais à lui annoncer. Elle semblait déjà avoir oublié ou elle ne souhaitait pas aborder un autre sujet que mon refus d’intimité.

- Je suis désolé. J’ai eu tort. Il m’est beaucoup plus facile de te savoir en sécurité ici. Je deviens un peu cinglé quand je m’éloigne de toi. Je ne crois pas que je repartirai aussi loin. Ca n’en vaut pas la peine.

Je repensais notamment à la peine que j’avais causée à Carol. Elle avait su m’apporter l’aide que j’espérais mais je l’avais faite souffrir et je n’arrivais pas à le supporter. Il fallait que je la laisse tranquille. Je ne devais plus y retourner… et puis je ne serais plus capable de laisser Bella aussi longtemps sachant le danger qui se préparait.

- As-tu déniché des pumas ?

Ah oui, les pumas. Je n’en n’avais vu aucun, mais cela, Bella n’avait pas à le savoir. Autant lui faire croire que j’étais allé les chasser. Je n’avais pas le courage de lui parler de Carol maintenant et puis elle aurait pu mal l’interpréter.

- Oui. Ils ne pèsent pas lourd dans la balance de mon anxiété, cependant. Je regrette d’avoir confié ton enlèvement à Alice. Ce n’était pas une bonne idée.

- Non, en effet.

- Je ne recommencerai pas.

- Bien. Remarque, certains enlèvements ont leurs avantages. Je suis d’accord pour être ta prisonnière. Quand tu voudras.

- Hum … méfie-toi que je ne te prenne pas au mot.

- Tu as fini ? C’est mon tour, à présent ? s’exclama-t-elle.

- Ton tour ? lui demandai-je surpris.

- De m’excuser.

- Pour quelle raison ?

- Tu n’es pas furieux ? s’étonna-t-elle.

- Non.

Elle devait se souvenir de ma dernière crise et s’étonnait de ce revirement. Elle s’attendait à me voir en colère alors qu’il n’en était rien. Je savais à présent qu’elle avait raison pour les loups et que c’était à moi de faire un effort, alors plus de caprice. Je tenais trop à elle pour risquer de la perdre.

- Tu n’as pas vu Alice à ton retour ? insista-t-elle comme si elle voulait comprendre mon étrange passivité.

- Si.

- Et tu ne vas pas lui reprendre la Porsche ?

- Bien sûr que non. C’est un cadeau, m’offusquai-je.

- Tu n’as pas envie de savoir ce que j’ai fait ? s’étonna-t-elle.

J’haussai les épaules comme si ce qui s’était passé en mon absence n’avait plus d’importance.

- Tout ce qui te concerne m’intéresse, mais tu n’es pas obligée de me le dire.

- Je suis allée à La Push, Edward !! s’exclama-t-elle comme pour attiser ma colère.

- Je suis au courant.

- Et j’ai séché le lycée.

- Moi aussi.

Elle releva la tête et promena ses doigts sur mon visage comme si elle cherchait à savoir ce que je pensais.

- D’où te vient cette subite tolérance ? me demanda-t-elle surprise.

- Après mûre réflexion, j’ai conclu que tu avais raison … soupirai-je. Mes réticences tiennent plus à mes … préjugés à l’encontre des loups-garous qu’à autre chose. Je vais essayer de me montrer plus raisonnable et de me fier à ton jugement. Si tu affirmes ne rien risquer là-bas, alors, je suis prêt à te croire.

- Eh bien !!

- Plus important encore … je ne tiens pas à ce que cette question nous sépare. murmurai-je en lui saisissant la main pour lui embrasser la paume délicatement.

Elle s’appuya de nouveau contre mon torse et ferma les yeux, l’air visiblement ravi. J’étais heureux que cette question ne soit plus une source de dispute entre nous. Je voulais lui prouver que j’étais sincère et je pensais que lui poser des questions sur ses intentions serait une bonne idée.

- Alors, as-tu projeté de retourner bientôt à la réserve ? lui demandai-je.

Mais étrangement elle ne répondit pas. Ce fut un silence pesant qui s’imposa à moi. Elle ne souhaitait peut-être pas partager son amitié avec moi. Elle n’avait d’ailleurs aucun compte à me rendre à ce sujet. Ou alors elle culpabilisait à l’idée de me laisser seul lorsqu’elle irait rendre visite à son ami.

- Juste pour que je puisse établir mes propres plans, me justifiai-je. Pour que tu ne te sentes pas obligée de revenir à toute vitesse sous prétexte que je suis là à t’attendre.

- Non, murmura-t-elle enfin d’une voix tendue. Je n’ai pas l’intention d’y retourner.

- Oh ! Tu n’es pas obligée de te sacrifier pour moi , m’exclamai-je d’un ton léger pour couper court à sa tension.

- Je pense que je ne suis plus la bienvenue là-bas.

Cette remarque me surprit. Qu’avait-elle bien pu faire pour se sentir exclue par ses amis loups ? Elle avait piqué ma curiosité.

- Aurais-tu écrasé un chat ? plaisantai-je.

- Non… soupira-t-elle. Je croyais que Jake aurait compris que… je ne m’attendais pas à ce qu’il soit décontenancé… il n’avait pas deviné que… ce serait si tôt. balbutia-t-elle.

- Ah !

Elle s’était fâchée avec le cabot à propos de sa prochaine transformation. Il avait du mal à le digérer mais il allait devoir s’y préparer car tôt ou tard, Bella allait faire partie de ma famille. D’ici là, ils allaient en rediscuter et se pardonneraient mutuellement.

- Il a craché qu’il préférait que je sois morte.

Je me raidis à l’annonce de cette phrase. Comment osait-il proférer une telle idiotie ? Je savais que ce cabot n’était pas assez mature. Il avait encore réagi d’une manière impulsive, sans réfléchir aux conséquences. Je le détestais pour cela et une vague de rage m’envahit tout à coup. Ne voulant pas me disputer à ce sujet avec Bella car je restais persuadé qu’elle lui pardonnerait même s’il lui avait fait de la peine, je décidai qu’il n’était pas utile d’en discuter plus avant.

- Je suis désolé, lui murmurai-je en la serrant dans mes bras pour la consoler.

- Tu n’es pas content ?

- Alors qu’il t’a blessée ? Je ne suis pas comme ça, Bella.

Elle se blottit alors encore plus au creux de mes bras comme pour m’en remercier. Cependant, intérieurement je fulminais. J’acceptais de faire un effort au nom de leur amitié mais je ne tolérerais pas qu’il s’en prenne à Bella de la sorte. J’avais du mal à contenir ma tension.

- Qu’y a-t-il ? me demanda Bella timidement. Elle avait visiblement perçu mon malaise.

- Rien, mentis-je.

- Dis-moi, insista-t-elle.

- Je ne veux pas que tu te fâches, lui répondis-je un brin hésitant.

- Dis-moi quand même.

- Je serais capable de le tuer pour avoir prononcé pareils mots, grognai-je.

- Heureusement que tu sais te contrôler, alors … rétorqua-t-elle.

- Il arrive que mes pulsions l’emportent.

C’était d’ailleurs pour cela que je redoutais tant une éventuelle intimité avec Bella. J’avais si peur de me laisser envahir par mes pulsions, de ne plus rien contrôler. Ce fameux lâcher-prise me faisait peur. Il décuplerait mes sens mais aussi les chances de faire du mal à Bella. Je n’étais pas encore prêt à prendre ce risque.

- Auquel cas, choisis-moi pour cible, affirma-t-elle en s’emparant de mon visage pour essayer de m’embrasser.

Je resserrai mon étreinte pour l’en empêcher. Si elle m’embrassait de nouveau, je risquais de me laisser guider et je n’en avais pas le droit. J’étais faible face à ses baisers.

- Pourquoi dois-je donc toujours être le plus responsable de nous deux ? me plaignis-je.

- Tu n’es pas obligé. Laisse-moi être responsable pendant quelques minutes… quelques heures, s’exclama-t-elle amusée.

- Bonne nuit, Bella.

- Attends ! Je veux te demander autre chose.

- Quoi ? lui demandai-je soudainement impatient.

- J’ai discuté avec Rosalie, hier soir.

Instinctivement, tout mon corps se contracta à l’évocation de Rosalie. J’avais lu ses pensées et je ne savais que trop ce dont elles avaient parlé toutes les deux. Je redoutais d’ailleurs que ma sœur ne soit parvenue à semer le doute chez Bella.

- Je sais, elle y pensait quand je suis revenu. Elle t’a donné matière à réflexion, non ? lui demandai-je sans réussir à dissimuler une pointe d’inquiétude.

- Elle a évoqué en passant votre séjour à Denali.

- Et ? la questionnai-je surpris d’en venir à Denali alors que je m’attendais à l’entendre émettre de probables doutes ou regrets sur la prochaine fin de sa vie d’humaine. Au lieu de cela, étrangement, elle voulait parler de mon séjour en Alaska.

- Elle a mentionné une bande de femmes … et toi.

Je ne répondis pas. J’étais éberlué qu’elle puisse me poser cette question. Je pensais qu’elle en connaissait déjà la réponse. J’allais la faire un peu mijoter afin de savoir si elle doutait de mon amour ou s’il ne s’agissait que d’un peu de jalousie.

- Ne t’inquiète pas… reprit-elle, ne supportant plus mon silence. Elle a précisé que tu n’avais… marqué aucune préférence. Mais je m’interrogeais… l’une d’elles a-t-elle essayé de…

Je ne dis toujours rien… la laissant parler, je commençais à comprendre ce qu’elle chercher à savoir.

- Laquelle ? Ou … Lesquelles ? me demanda-t-elle en ayant du mal à masquer son inquiétude à présent.

- Alice me racontera. Je vais aller la trouver sur le champ, s’agaça-t-elle.

Je resserrai mon étreinte pour l’empêcher de se lever du lit. Intérieurement, je me délectais de sa jalousie. Elle était touchante.

- Il est tard … lâchai-je enfin. Alice est sortie.

- Alors, il y a vraiment eu quelque chose, hein ? me demanda-t-elle paniquée. Son pouls s’était nettement accéléré.

- Calme-toi, Bella, la rassurai-je alors, en lui embrassant le nez. Tu es absurde

- Ah bon ? Dans ce cas, pourquoi te tais-tu ?

- Parce qu’il n’y a rien à dire. Tu te montes le bourrichon, lui répondis-je calmement.

- Laquelle ? persista-t-elle.

- Tanya a exprimé un vague intérêt … soupirai-je enfin. Je comptais bien la faire languir. Je lui ai fait comprendre, d’une manière très courtoise, en vrai gentleman, qu’elle m’était indifférente. Point barre.

- A quoi ressemble-t-elle ?

- A nous tous. Peau Blanche, prunelles dorées.

- Et naturellement, d’une beauté extraordinaire.

Elle avait mordu à l’hameçon. J’haussai les épaules afin d’en rajouter un peu.

- Aux yeux des humains, oui, j’imagine. Mais devine un peu.

- Quoi ? râla-t-elle.

- J’aime mieux les brunes.

- Donc, elle est blonde. Ca ne m’étonne pas.

- Blond vénitien, pas du tout mon type, renchéris-je.

Je vins alors lui embrasser suavement l’oreille, la joue pour descendre jusqu’à sa gorge. Je voulais la détendre. Ce petit jeu fonctionna car elle marmonna enfin :

- Bon, alors tout va bien.

- Hum, tu es plutôt adorable quand tu es jalouse. Ca me plaît assez.

Elle grimaça visiblement mécontente.

- Il est tard. Dors, ma Bella. Fais de beaux rêves. Tu es la seule à avoir touché mon cœur. Il t’appartiendra toujours. Dors, mon unique amour.

Pour l’aider à s’endormir, je décidai de lui fredonner sa berceuse. Elle ferma alors les yeux et se pelotonna contre mon torse. Quelle douce nuit je passais à contempler Bella dans mes bras et dans mon lit. Pour une fois même, je n’aurais pas à me volatiliser au lever du jour afin d’éviter Charlie. Non, il n’y avait pas de lycée aujourd’hui, Bella était chez moi et se réveillerait paisiblement dans mes bras.

La maison ne resta pas calme très longtemps car mes frères rentrèrent enfin de leur chasse au petit matin. Carlisle leur expliqua sommairement notre partie de chasse aux portes du Canada. Ils se félicitèrent de l’abondance des pumas en Caroline du Nord comparé à nos maigres bisons des plaines. L’important pour nous était ailleurs mais ça, ils l’ignoraient.

Bella se réveilla paisiblement. Je lui caressai la joue pour l’aider à ouvrir les yeux.

- Bien dormie ? lui demandai-je doucement.

- Ce lit n’est pas si mal tout compte fait ! lança-t-elle en s’étirant.

- Je me doutais que tu changerais d’avis !

- Ai-je rêvé notre conversation de cette nuit ?? me demanda-t-elle.

- Non pourquoi ? répondis-je surpris.

- Juste pour être sûre que je n’avais pas imaginé ta récente approbation concernant mon amitié avec les Quileute et plus particulièrement avec Jake ?

- Non, tu n’as pas rêvé, Bella … lui répondis-je en lui embrassant le front.

Elle se leva ensuite pour aller se préparer. Comme nous devions laisser croire à Charlie que je n’étais pas encore rentré de ma randonnée, ce serait Alice qui allait raccompagner Bella chez elle. Je n’avais pas envie de la laisser mais j’allais la rejoindre rapidement après. Je savais déjà que Victoria la menaçait mais aussi qu’un autre danger la guettait comme me l’avait annoncé les esprits. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser seule ne serait-ce que quelques instants. J’espérais que tous, nous laisseraient un peu de répit mais c’était mal connaître la malchance de Bella.




sanaafatine 13-06-10 12:06 PM



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Alice et Bella étaient parties depuis à peine une heure que je partais à mon tour rejoindre ma bien-aimée chez elle. En m’approchant de sa maison, je flairai rapidement une odeur peu coutumière, désagréable même, celle d’un vampire. Mais ce n’était aucunement celle d’un des membres de ma famille. Les traces étaient fraîches … Je sentis aussitôt la panique et l’angoisse m’envahir.



Je sonnai immédiatement à la porte et Bella vint m’ouvrir le sourire aux lèvres. En temps normal, je lui aurais rendu son sourire mais là je ne pouvais contenir mon inquiétude.

Tous mes sens étaient en alerte, mon odorat, mon ouïe… J’étais paniqué à l’idée d’imaginer cet intrus dans la maison de ma bien-aimée.



Elle remarqua mon air inquiet et me demanda aussitôt :



- Que … d’un air choqué.



Je lui posai le doigt sur la bouche afin qu’elle me laisse le temps de vérifier que l’intrus s’était enfuit.



- Deux secondes. Ne bouge pas.



Je fis le tour de la maison en un éclair pour constater que le visiteur s’était fait la belle.Je pris rapidement Bella par la taille pour l’entrainer vers la cuisine. Mes yeux ne cessaient de scruter autour de nous de peur que quelque chose nous attaque. Seul Charlie semblait paisible, ignorant absolument ce qui s’était passé.



- Quelqu’un a pénétré ici, murmurai-je d’une voix tendue à l’oreille de Bella.



- Je te jure qu’aucun loup-garou …



- Ce n’est pas l’un d’eux, l’interrompis-je aussitôt, mais l’un des nôtres.



- Victoria ? me demanda-t-elle, la voix étranglée par l’émotion.



- Je n’identifie pas son odeur.



- Les Volturi, alors.



- Sûrement.



-Quand ?



- Tôt ce matin, Charlie dormait encore. C’est ce qui m’incite à penser à eux, on ne l’a pas touché. La visite avait un autre but.



- Moi.



Je ne lui répondis pas, pétrifié. Je revoyais défiler devant mes yeux la vision de Patte d’Ours celle où l’on apercevait ma famille et moi, combattant auprès des Quileute. Ce fameux danger était imminent … Les Volturi me semblaient effectivement être les coupables tout désignés.



Charlie tenta une incursion dans la cuisine, soupçonneux suite à nos messes basses mais en regardant nos mines contrariées, il fit rapidement demi-tour pensant que Bella et moi étions en train de nous disputer. Il repartit le sourire aux lèvres, ravi par cette perspective. Son comportement enfantin ne m’exaspérait même plus tellement mes idées se faisaient confuses et perturbées.



Nous ne pouvions pas rester là. Je devais emmener Bella chez moi pour parler avec toute ma famille, de ce qui venait de se produire. Plus particulièrement avec Alice. Pourquoi n’avait-elle rien vu ? Elle devait pourtant focaliser ses visions sur Bella et sur toutes les sources potentielles de danger la concernant. Je lui en voulais de n’avoir rien perçu, à cause d’elle, Bella aurait pu …j’aurais pu perdre Bella !



- Allons-y ! ordonnai-je encore sous le choc.



- Non, il y a Charlie ! rétorqua-t-elle, malgré sa frayeur.



Effectivement, le vampire pouvait encore rôder dans le coin et sans savoir ce qu’il souhaitait. Il m’était difficile de prendre le risque de laisser Charlie tout seul. Je pris donc mon portable afin de demander à mes frères de venir vérifier les alentours et de s’assurer que son père ne courrait aucun danger. Après leur avoir expliqué la situation, je raccrochai tout en rassurant Bella afin de la convaincre de me suivre :



- Emmett et Jasper arrivent. Ils vont écumer la forêt. Ton père ne risque rien.



Après avoir réussi péniblement à attirer Bella en dehors de chez elle, nous nous dirigeâmes rapidement vers la maison. Toute ma famille nous attendait, anxieuse. Chacun voulait paraître le plus naturel possible afin de ne pas angoisser encore plus Bella mais c’était loin d’être réussi. Ils restaient tous si figés que l’on percevait très bien leur inquiétude. Je ne pus retenir ma colère bien longtemps.



A peine avions nous franchi la porte d’entrée que je m’en pris à ma sœur. Bella restait prostrée à côté de moi, guettant mes moindres réactions. Alice me faisait face, les bras croisés, sûre d’elle.



- Que s’est-il passé ? lui demandai-je en serrant les poings afin de contenir un peu ma fureur



- Aucune idée ! rétorqua-t-elle froidement. Je n’ai rien vu.



Elle n’appréciait pas que je m’en prenne à elle ainsi, même si elle savait que je réagissais de manière outrancière dès qu’il s’agissait de la sécurité de Bella. Cependant, elle ne s’énerva pas sachant que cela ne servirait à rien.



- Comment est-ce possible ? rageai-je.



- Edward … intervint Bella sur un ton calme, tout en me prenant la main.



Je me doutais qu’elle n’aimait pas la manière dont je parlais à ma sœur mais j’étais bien trop irrité pour y porter attention. Puis Carlisle intervint à son tour pour libérer Alice de mon courroux.



- Le talent d’Alice n’est pas une science exacte, dit-il posément.



- Il est entré dans la chambre de Bella ! Il aurait pu l’attendre là-bas !! m’exclamai-je alors que la vision de la probable agression de ma bien-aimée me défilait devant les yeux.



- Ca, je l’aurais pressenti ! répondit ma sœur pour couper court à mes horribles pensées.



- Vraiment ? renchéris-je.



- Tu exiges déjà de moi que je surveille les décisions des Volturi, le retour de Victoria, les moindres mouvements de Bella. Que te faut-il de plus ? Que je m’occupe de Charlie, de la rue, de toute la ville ? Plus j’en fais, Edward, moins je vois. Des failles apparaissent forcément, me répondit-elle sèchement.



- J’ai cru comprendre en effet ! aboyai-je.



- Elle n’a couru de danger à aucun moment, sinon, je l’aurais su.



- Si tu épies l’Italie, pourquoi n’as-tu pas deviné qu’ils …



- Pour moi, ce n’est pas eux ! me coupa-t-elle. Dans le cas contraire, j’aurais été avertie.



- Qui d’autre aurait laissé la vie à Charlie ?



Je sentis un frisson parcourir tout le corps de Bella sous l’effet de ma remarque. Je resserrai instinctivement sa main dans la mienne afin de la rassurer.



- Aucune idée ! me répondit ma sœur.



- Voilà qui nous aide, répliquai-je acerbe.



- Arrête ça, Edward ! me supplia Bella.



Je me retournai vers elle, furieux, mâchoires serrées. Je la toisai un long moment ne parvenant pas à dominer ma colère. Puis ses yeux chocolat se plongèrent dans les miens suppliants et incrédules. Je prenais conscience qu’une fois encore j’avais réagi comme un idiot me laissant dominer par la peur me conduisant à être incorrect avec ceux que j’aimais.



- Tu as raison, Bella. Désolé. Excuse-moi, Alice, j’ai eu tort de m’en prendre à toi.



- Je comprends … m’excusa-t-elle. Et je ne suis pas plus heureuse que toi de ce qui arrive.



- Bien, soufflai-je afin de retrouver mes esprits. Essayons d’être logiques. Quelles sont les options ?



Tous se relâchèrent quand ils comprirent que ma fureur s’était estompée et que je pouvais à nouveau parler correctement, sans reproche ou amertume. Esmé alla s’asseoir sur le canapé. J’emmenai doucement Bella vers elle afin qu’elle s’installe à ses côtés. Ma mère passa naturellement son bras protecteur autour de sa taille. Je restai debout près d’elles, ma main enserrant toujours celle de ma bien-aimée.



Carlisle et Alice se rapprochèrent de nous alors que Rosalie restait figée à regarder dehors. Elle nous tournait le dos, guettant par la fenêtre, le retour d’Emmett.



- Victoria ? me demanda Carlisle même s’il soupçonnait autre chose, comme moi, suite à la vision de Patte d’Ours.



- Non, lui répondis-je. Je n’ai pas reconnu son odeur. Peut-être un envoyé des Volturi que je n’aurais jamais rencontré …



- Aro n’a encore mandé personne pour s’occuper d’elle ! objecta Alice. Je guette cet ordre depuis assez longtemps, je te garantis qu’il ne m’aurait pas échappé.



- Mais si ce n’était pas officiel ?



- Quelqu’un qui agirait en solo ? Pourquoi ?



- Poussé par Caïus … lui suggérai-je, le visage fermé par mes réflexions.



- Ou Jane, admit Alice. Tous deux ont les moyens d’expédier un émissaire secret …



- Et ils ne manquent pas de motivations, renchéris-je.



- Cela me paraît peu probable, protesta Esmé. Alice aurait vu n’importe qui traquant Bella. Celui, ou celle, qui est venu n’avait pas l’intention de s’en prendre à elle. Ni même à Charlie.



Bella sursauta une nouvelle fois à l’évocation de son père. Esmé lui caressa les cheveux pour la réconforter.



- Mais dans quel but ? questionna alors Carlisle, songeur.



- Vérifier si j’étais toujours humaine ? suggéra à son tour Bella d’une voix étranglée par l’émotion.



- Oui, c’est possible, acquiesça mon père.



Rosalie souffla alors, nous annonçant ainsi le retour d’Emmett. Elle se relâcha, heureuse de le revoir. Il surgit aussitôt dans le salon suivi de Jasper.



- Parti depuis longtemps ! nous annonça-t-il. Il y a des heures. La trace s’orientait à l’est, puis au sud avant de disparaître dans une route de traverse. Une voiture attendait sans aucun doute.



- Nous jouons de malchance … pestai-je. S’il avait filé vers l’ouest … les cabots auraient pu se rendre utiles, une fois n’est pas coutume.



Je commençais réellement à comprendre l’importance de se lier aux Quileute pour élaborer un plan. Unis, nous serions plus forts. Nous pourrions couvrir plus de terrain et cerner nos ennemis éventuels plus facilement.



- Ni Emmett, ni moi ne l’avons identifié … Mais tiens, expliqua Jasper à Carlisle en lui tendant une tige de fougère brisée par le visiteur.



- Non, décréta mon père après l’avoir humé. Ce fumet ne m’est pas familier. Jamais rencontré ce vampire.



- Nous nous égarons peut-être … insinua Esmé. Si ça se trouve, il ne s’agit que d’une coïncidence.



Il ne pouvait pas s’agir d’une coïncidence. Personne n’y croyait. Esmé se tut quelques instants devant notre scepticisme avant de reprendre :



- Je ne parle pas d’une visite au hasard, juste de curiosité. Bella est cernée par nos odeurs. Et s’il s’était simplement interrogé sur cette bizarrerie ?



- Pourquoi ne pas pousser jusqu’ici pour assouvir cette curiosité, alors ? contra aussitôt Emmett.



- C’est ce que toi tu aurais fait ! riadminhelpa notre mère avec un sourire des plus affectueux. Nous ne sommes pas tous aussi directs. Notre famille est vaste. Cet inconnu a très bien pu avoir peur. Cependant, comme Charlie n’a pas été attaqué, ce n’est pas forcément un ennemi.



Cette hypothèse aurait pu être exacte mais j’en doutais. Carlisle était aussi de mon avis. Non, je penchais sérieusement pour une intrusion calculée et mise en œuvre par les Volturi. Ce fut Alice qui mit un terme à nos réflexions.



- Une coïncidence est improbable. Le timing est trop bien choisi. Le visiteur a veillé à ne pas entrer en contact. Comme s’il savait que je risquais de le repérer …



- Ou pour d’autres raisons, lui rappela Esmé.



- L’identité de cet étranger a-t-elle une réelle importance ? s’enquit enfin Bella. Ne suffit-il pas qu’on m’ait cherchée ? A mon avis, nous ne devrions pas attendre la fin de l’année scolaire.



Elle nous avait laissé parler et sans le savoir, nous lui avions donné assez d’arguments pour qu’elle juge nécessaire une nouvelle fois d’avancer sa transformation.


- Non ! objectai-je aussitôt. Ce n’est pas si grave. Si le péril était réel, nous le sentirions.



Je savais que le danger approchait mais nous aurions d’autres signes pour déterminer l’urgence avec laquelle il nous impacterait. Celui-ci n’était que l’un des tous premier alors pourquoi se précipiter ? Je ne relâcherais pas ma surveillance auprès de Bella et j’allais faire en sorte que les loups nous donnent un coup de main. Je n’avais plus d’autres choix pour la protéger.



- Pense à Charlie ! renchérit Carlisle. Cela le blesserait terriblement, si tu disparaissais.



- Mais je pense à lui, justement !! protesta-t-elle. C’est pour lui que je m’inquiète. Et si mon visiteur avait soif, la nuit dernière ? Tant que je suis près de lui, il est une cible. S’il lui arrive quelque chose, ce sera ma faute !!



- Biensûr que non, Bella ! la réconforta Esmé. Charlie est en sécurité. Nous allons seulement devoir nous montrer un peu plus attentifs.



- Pardon ? s’exclama Bella visiblement ahurie par la quiétude de ma mère.



- Tout ira bien ! lui promit Alice alors que j’encerclais ses deux mains dans les miennes.



Elle n’était pas de cet avis, bien évidemment et paraissait énervée mais elle ne renchérit pas comprenant que nous ne lui laissions pas le choix.



Durant tout le trajet de retour vers chez Charlie, elle me fit part de sa désapprobation et ce fut moi qui, cette fois, tenta de l’apaiser. Nous n’étions toujours pas en accord et comme l’un de nous deux faisait toujours la tête, Charlie crut encore que nous en étions restés à notre pseudo dispute de tout à l’heure. Ce fut encore le seul à s’en réjouir.



Bella se mit à préparer le dîner et je prétextai une course urgente à faire afin de m’absenter. Je préférais assurer une surveillance en vérifiant les alentours pour ne pas être surpris par une nouvelle visite.



Toujours aussi adroit quand il s’agissait de me prouver son antagonisme à mon égard, Charlie se mit à transmettre à sa fille les messages qu’elle avait reçus pendant son absence. Il le faisait volontairement en ma présence, espérant que cela me rendrait un brin jaloux :



- Jacob a rappelé ! lui annonça-t-il tout joyeux.



- C’est tout ? répondit Bella évitant de trahir ses sentiments à son père et à moi-même sans doute.



- Ne sois pas mesquine, Bella. Il m’a paru très déprimé.



- Est-ce qu’il te paie pour ce boulot de relations publiques ou es-tu bénévole ? lui demanda-t-elle sèchement.



Le sujet était bien trop sensible pour que Bella accepte d’en parler à son père. Charlie n’insista pas, espérant secrètement tout comme moi du reste, que tout s’arrangerait. Je savais que Bella lui pardonnerait. Elle tenait trop à cette amitié pour la briser si facilement.



Je pris congés rapidement pour aller rejoindre Emmett qui faisait le gué dehors. Il était tellement excité à l’idée de mettre en pièces notre visiteur qu’il ne sentait même plus les trombes d’eaux qui se déversaient sur lui depuis des heures. Il me rassura en m’expliquant qu’il n’avait rien remarqué de particulier et que la nuit promettait d’être calme. Jasper viendrait prendre la relève au milieu de la nuit.



Ce fut quelque peu apaisé que je rejoins Bella dans sa chambre. Je n’étais pas décidé à la laisser seule sans aucune surveillance. Ce soir là, elle fut étrangement calme. Sa courte colère au sujet de sa transformation semblait s’être temporairement envolée. Nous étions allongés sur son lit. Elle était emmitouflée dans sa couette pendant que je la serrais dans mes bras. Bella était songeuse. Elle pensait certainement au cabot et devait être en train de lui accorder une autre chance. Je décidais de la rassurer à ce sujet pour être certain que c’était bien à lui qu’elle pensait :



- Tu lui pardonneras, Bella … lui murmurai-je doucement à l’oreille.



- Sans doute … je vais dormir. Je sais que la nuit porte conseil, alors on verra demain.



- Dors bien, ma Bella, dis-je en lui embrassant le front.



Je lui fredonnai alors doucement sa berceuse afin de l’aider à s’endormir paisiblement. Cette nuit là fut sans cauchemar et j’en étais soulagé au vue de la journée qui venait de s’écouler.



Sur le matin, j’entendis Charlie se préparer pour aller à la pêche avec son adjoint Mark. Ses pensées étaient calmes, enjouées même, à l’aube de cette journée de détente. Bella se réveilla un peu plus tard, visiblement de bonne humeur et sereine.

Elle m’annonça sa grande décision, après avoir terminé son petit déjeuner :



- Je m’en vais apaiser Jacob ! m’avertit-elle.



- J’étais certain que tu lui pardonnerais. La rancune ne compte pas parmi tes innombrables talents, répondis-je le sourire aux lèvres, heureux qu’elle se soit enfin décidée.



Elle sourit à son tour, sûrement ravie que j’accepte enfin leur amitié. Elle composa le numéro et rapidement la voix enrouée du cabot se fit entendre.



Je ne tendis qu’une oreille distraite à leur conversation. Je n’envisageais pas de lui parler mais Bella marqua un temps d’hésitation lorsqu’elle tenta de lui expliquer ce qui c’était produit la veille. Je tendis la main pour attraper le combiné. J’allais devoir lui expliquer la situation moi-même.



Bella hésita un court instant et céda tout de même. Elle me tendit le téléphone, anxieuse, redoutant sans doute cette improbable conversation à en juger le regard appuyé qu’elle me lança.



- Bonjour Jacob ! dis-je en conservant tant que possible ma courtoisie habituelle. Quelqu’un est venu ici. Une odeur que je n’ai pas identifiée. Ta meute a flairé un truc bizarre ?



- Non rien de particulier … mais Bella ne doit pas rester chez elle. Bella et Charlie doivent venir sur la réserve, ils y seront en sécurité, me dit-il sur un ton anxieux.



- Je refuse de perdre Bella de vue tant que je n’aurais pas réglé la question. Ca n’a rien de personnel … lui expliquai-je.



- Laisse-la venir sur la réserve ! m’interrompit-il énervé à présent. Nous sommes en mesure de pister la sangsue qui a fait ça. On peut s’en charger … ou vous aider mais je dois en parler à Sam. Nous devrions même modifier les frontières actuelles pour ne pas renouveler la pagaille de la dernière fois quand la rouquine a débarqué. Ainsi on pourrait surveiller toutes les entrées menant à la ville. Une trêve est donc à prévoir si on veut régler ça rapidement.



Les Quileute étaient prêts à nous tendre la main. Je savais l’importance que notre union aurait sur notre avenir et plus particulièrement sur celui de Bella. Je me devais d’y réfléchir mais si la réponse bourdonnait déjà dans ma tête.



- Tu as peut-être raison, confessai-je. Ta suggestion est intéressante. Nous sommes prêts à renégocier. Si Sam est d’accord. Merci.



- Nous pouvons nous charger de suivre la piste du visiteur si tu souhaites garder Bella avec toi, me proposa-t-il quelque peu narquois



Son côté puéril m’agaçait toujours autant mais je devais en faire abstraction. Il ne s’agissait que d’une conversation téléphonique. Je pouvais tout de même me maitriser.



- J’escomptais m’y rendre seul. Et la laisser avec les autres.



- Elle peut rester avec moi …



- Je vais tâcher d’y réfléchir en toute objectivité, lui promis-je. Autant que faire se peut.



- Alors dans ce cas, laisse-moi au moins venir flairer l’odeur chez Bella pour que je puisse la reconnaître en cas de besoin.



- Très bonne idée. Quand ?



- Ce matin si c’est possible, il ne faut pas perdre de temps. Je pourrais même suivre la piste dans la foulée. Cela t’embête, sangsue ? me demanda-t-il moqueur .



- Non, c’est bon. J’aimerais suivre la trace en personne. Dix minutes …



- J’arrive !



- D’accord ! acceptai-je pour conclure la conversation.



Je rendis le combiné à Bella, soulagé d’avoir trouvé un accord avec le cabot. Nous ne pouvions pas encore espérer rester seuls dans la même pièce mais il y avait tout de même de l’amélioration. Il pouvait m’aider à veiller sur la sécurité de Bella et c’était cela l’essentiel.



Bella fit quelque peu la moue lorsqu’elle comprit que je devais m’absenter car le cabot arrivait. Son angoisse avait cédé la place à une profonde déception. Elle ne semblait pas vouloir que je m’éloigne mais nous n’avions pas d’autres choix pour le moment.



- Je n’éprouve nul antagonisme envers lui, Bella. C’est plus simple ainsi, pour lui comme pour moi, voilà tout. Je ne m’éloignerai pas. Tu ne risqueras rien.



- Ce n’est pas ça qui m’inquiète.



Je l’attirai vers moi pour enfouir mon visage dans ses cheveux. Je respirai à pleins poumons leur essence et surtout je souhaitais y laisser mon odeur. Moi aussi je voulais marquer Bella de mon empreinte. Je ne voulais pas qu’elle sente le loup comme la dernière fois. Il serrait moins tenté de la toucher ainsi.



- Je reviens tout de suite après, lui promis-je en riant, heureux du tour que j’allais jouer au cabot.



- Qu’y a-t-il de si drôle ? me demanda-t-elle surprise.



Je filai en direction de la forêt sans prendre le temps de lui répondre. Ma réponse ne lui aurait pas plu de toute façon.



sanaafatine 13-06-10 12:11 PM



Chapitre 09 : Indices

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Après avoir fait un rapide tour des lieux sans déceler de trace récente, je pus retourner rapidement vers la maison de Bella, à mon plus grand soulagement. J’avais accepté de la laisser seule avec lui mais il m’était difficile de dominer totalement la jalousie qui me consumait. Je connaissais les sentiments qu’il avait pour elle et je pouvais à peu près deviner ceux que Bella avait pour lui. Cela ne créait pas une situation très stable mais j’étais prêt à faire cet effort pour son bonheur.


A mon arrivée devant chez elle, il était encore là. Je commençais déjà à regretter d’être revenu si vite car je détestais les espionner. Quoique pour une fois cela prit une tournure plutôt drôle. En effet, ma petite manœuvre de tout à l’heure avait fonctionné. Le cabot avait bien senti mon odeur imprégnée dans les cheveux de Bella. Comme je l’espérais, il n’avait pas trop apprécié et cela l’empêcha de s’éterniser trop longtemps dans les bras de ma bien-aimée. Il lui proposa aussi de venir le soir sur la réserve pour retrouver ses amis lors de leur soirée feu de camp. Auparavant, j’aurais pris cette invitation comme une provocation destinée à me rendre furieux. Désormais, je pensais que c’était une bonne idée. Bella avait besoin de voir ses amis et tous étaient d’avis pour dire qu’elle serait en sécurité là-bas alors je ne les contredirai pas cette fois.
Je fus pressé qu’il parte et me mit à marmonner que j’avais fini ma ronde et qu’il pouvait rentrer chez lui car j’étais de retour. Il en fit part immédiatement à Bella comme à l’accoutumée et se mit à me faire passer pour un gardien de prison. Toujours aussi drôle, notre ami loup ! Pour tenter de tuer le temps, je passai récupérer le courrier dans sa boîte aux lettres car je savais qu’un important courrier l’y attendait. Effectivement le pli tant attendu y était. Son acceptation pour Dartmouth était enfin arrivée. Cela faisait plusieurs jours que je le savais mais les événements récents m’avaient obligé à conserver le silence.



Carlisle avait adminhelpulé à un adminhelpe à temps partiel dans cette université, pour la rentrée mais il avait formulé le souhait que sa future belle-fille soit aussi acceptée afin que toute la famille Cullen puisse aller s’installer dans la ville de Hanover, dans le nord-est des Etats-Unis. Je savais que Bella n’apprécierait pas forcément cette perspective mais j’avais envie qu’elle vive au moins une année d’université. J’avais l’espoir de penser que la butée de la remise des diplômes lui ferait peur et qu’elle changerait d’avis. Elle se laisserait ainsi plus de temps pour décider. C’est pourquoi Dartmouth était une très bonne idée. Cet éloignement la préparerait à sa vie future. Le cabot se décida enfin à partir. Il était temps. Je n’en pouvais plus d’attendre dehors sous la pluie. J’avais plié l’enveloppe et l’avait mise dans ma poche afin d’attendre le bon moment pour la remettre à Bella. Plus je m’approchais de la maison et plus une odeur désagréable me piquait le nez. C’était un mélange d’eau de javel et de … sang. Rapidement, je sus que ce n’était pas celui de Bella mais plutôt celui du loup à en juger l’odeur qui me dégoûtait. Qu’avait-il pu se passer ?



Ils ne semblaient pas s’être disputés pourtant. Aussitôt je regrettais de n’avoir finalement pas écouté leur conversation. En entrant dans la cuisine, je remarquai le couteau ensanglanté qui trainait sur le plan de travail. Bella avait-elle tenté de tuer le cabot ? Avait-il essayé de l’agresser ? La perspective qu’il est pu lui faire mal me rendait un brin nerveux. Cette découverte avait désagréablement piqué ma curiosité et je le lui fis rapidement remarquer.
- Vous êtes-vous disputés ? lui demandai-je. Elle vint tout de suite se précipiter dans mes bras sans réponse.
- Je suis là, la rassurai-je en l’enlaçant. Est-ce une manœuvre de diversion ? Efficace.



- Je ne me suis pas disputée avec lui ! s’offusqua-t-elle. Un peu chamaillée. Pourquoi ?
- Je me demandais si tu l’avais poignardé. Non que ça me dérange, m’exclamai-je en lui indiquant le couteau d’un signe de tête.



- Flûte ! Et moi qui croyais avoir tout nettoyé ! dit-elle en se précipitant pour déposer le couvert dans l’évier et l’arroser de Javel.
- Je ne l’ai pas agressé ! m’expliqua-t-elle. Il a juste oublié qu’il tenait une lame.



Bizarrement, je fus un peu déçu par cette explication. Rassuré, certes, car Bella n’avait couru aucun danger mais l’idée qu’elle ait pu vouloir le tuer aurait définitivement mis fin à ma jalousie irraisonnée à son égard. Maintenant que je laissais libre cours à leur amitié, le démon qui sommeillait en moi avait repris ses droits et ne demandait qu’à régler son compte à ce stupide cabot. Intérieurement j’avais peur qu’elle ne me quitte pour lui … Je me sentais idiot de penser cela mais c’était plus fort que moi. C’est pourquoi je lâchai une remarque peu amène :

- Alors, ce n’est pas aussi drôle que ce que j’avais imaginé.



- Sois sympa. Pour me faire pardonner, je lui tendis l’enveloppe que j’avais récupérée dans sa boite aux lettres. Naïvement, j’espérais lui faire plaisir.



- Bonne nouvelles ? me demanda-t-elle surprise.
- A mon avis, oui.



Elle prit l’enveloppe, l’air soupçonneux. En l’ouvrant, elle marqua un temps d’arrêt en apercevant l’adresse de l’expéditeur :
- Dartmouth ! C’est une plaisanterie ?



- Je suis certain que c’est une acceptation de ta candidature. J’ai reçu un courrier identique !


- Nom d’une pipe, Edward ! Qu’as-tu encore fait ?



- Juste envoyé ton dossier, mentis-je car mon implication allait un peu plus loin grâce à l’aide de Carlisle.
Bella avait largement les compétences pour intégrer cette université quoiqu’elle en dise. Il n’avait pas été si difficile de la faire intégrer Dartmouth. Que pouvait-elle reprocher à cette prestigieuse école ?



- Je ne suis pas suffisamment brillante pour entrer à Dartmouth, mais je ne suis pas idiote non plus.
- L’université semble penser que tu es digne d’intégrer ses rangs.



Elle ne répondit pas. Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre :



- Voilà qui est généreux de leur part. Acceptée ou non, reste le détail mineur des frais de scolarité. Je n’ai pas les moyens de payer une fac aussi prestigieuse et je refuse que tu gaspilles l’équivalent d’une voiture de sport rien que pour faire croire aux autres que je serai là-bas l’an prochain.



- Je n’ai pas besoin d’une voiture neuve ! répliquai-je. Et tu n’es pas obligée de feindre. Une année d’université ne te tuera pas. Si ça se trouve, tu aimeras ça. Réfléchis, Bella. Imagine la joie de Charlie et Renée quand ils …

- Je ne suis déjà pas certaine de survivre au bac, Edward ! me coupa-t-elle. Encore moins à l’été ou à l’automne.



- Il ne t’arrivera rien. Tu as la vie devant toi, la rassurai-je en la prenant de nouveau dans mes bras.
- J’ai l’intention d’expédier mes économies en Alaska demain, objecta-telle. Je n’ai pas besoin d’autre alibi. Juneau est assez loin pour que Charlie n’espère pas une visite avant Noel, et j’aurais inventé une excuse d’ici là pour y échapper aussi. Tous ces secrets et ces mensonges sont vraiment pénibles, tu sais.





- On s’habitue, rétorquai-je. Au bout de quelques décennies, tout le monde est au courant de ta mort. Problème résolu, lâchai-je sur un ton plus dur que je ne l’aurais souhaité. Bella tressaillit sous l’effet de mes paroles.



- Désolé, c’est inutilement dur, m’excusai-je aussitôt conscient de ma maladresse. - Mais vrai.



- Si je résouds la situation actuelle, auras-tu au moins l’obligeance d’envisager de patienter ? - Toujours aussi têtu.


- Oui. La machine à laver se mit à faire un bruit épouvantable, visiblement déséquilibrée. Bella pesta à son sujet en s’extirpant de mon étreinte :



- Imbécile d’engin ! A propos, pourrais-tu demander à Alice où elle a fourré mes affaires quand elle a nettoyé ma chambre ? Je ne retrouve rien. - Alice a nettoyé ta chambre ? m’exclamai-je tout surpris. Elle ne m’avait jamais parlé de cela et je n’avais rien lu de tel dans ses pensées à mon retour.
- Je pense, oui. Quand elle est passée chercher mon pyjama, mon oreiller et tout ce dont j’avais besoin pour les deux soirées chez vous. Elle a ramassé tout ce qui traînait pas terre, corsages, chaussettes et les a rangés je ne sais où. Non, ce n’était définitivement pas Alice mais très certainement la raison pour laquelle notre visiteur était venu jusqu’ici. Il avait besoin de récolter des indices … Ma stupeur se transforma en angoisse et tout mon corps se raidit aussitôt.



- Quand t’es-tu rendu compte de ces disparitions ? - A mon retour, hier. Pourquoi ?




- Je ne crois pas qu’Alice ait pris quoi que ce soit. Ni tes vêtements ni ton oreiller. Ce qui s’est volatilisé, tu l’avais porté ? Touché ? Tu avais dormi dedans ? lui demandai-je tout en connaissant malheureusement déjà la réponse.
- Oui … Qu’y-a-t-il ?
- Ces affaires sont imprégnées de ton odeur. - Oh ! Nous nous fixâmes ainsi un long moment, tentant tous les deux d’imaginer les conséquences de cette découverte.
- Mon visiteur … murmura-t-elle enfin.



- Il rassemblait des traces … des indices. Afin de prouver qu’il t’avait trouvée …
- Pourquoi ?



- Aucune idée, Bella, mais je te jure que je vais le découvrir. Compte sur moi. Elle appuya sa tête contre mon torse. Elle était abattue, sentant sûrement que l’étau se resserrait encore plus autour d’elle. Soudainement, je réalisai que nous nous étions peut-être trompés de cible. Cela n’était pas forcément les Volturi. Pourquoi auraient-ils agi ainsi ? J’étais complètement désœuvré face à cette nouvelle attaque. Carlisle pourrait sans doute m’aider à comprendre car j’étais au moins sûr d’une chose : ce visiteur n’était que le messager. Probablement celui des Volturi mais pourquoi pas celui d’un autre ennemi ?

Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche. En voyant le numéro apparaître, je fus presque rassuré. C’était Carlisle. - Allo, Carlisle ? Je …




- Edward, me coupa-t-il. Alice vient d’avoir une vision … La vague de meurtres sur Seattle ne cesse de croître. Je crois que nous nous sommes trompés. Il ne s’agit pas d’un seul nouveau né mais de plusieurs. Ils sont livrés à eux-même et prennent des risques. Nous pensions qu’il ne fallait pas s’en mêler mais je crois que nous allons devoir nous y rendre. Emmett se propose d’y aller pour nous faire un rapport détaillé de la situation là-bas. Regarde dans le journal, pour voir s’il y a plus de détails afin de vérifier la vision de ta sœur. - D’accord, je vais vérifier. Je lui expliquai ensuite ce que nous venions de découvrir Bella et moi mais Carlisle ne put nous aider. Il me proposa tout de même de vérifier par moi-même si notre visiteur faisait parti de la bande de Seattle. - J’irai peut-être, conclus-je. Pas sûr. Ne laisse pas Emmett y aller seul.Tu le connais. Qu’Alice garde l’œil ouvert. Nous essayerons d’éclaircir cela plus tard.



Je raccrochai mon portable et demandai aussitôt à Bella où était le journal mais elle ne le savait pas. Je décidai d’aller vérifier dehors, dans la poubelle. Il y était effectivement, trempé mais le couvercle du container l’avait suffisamment protégé pour pouvoir y lire l’essentiel. Je l’étalai sur la table afin de parcourir plus rapidement les gros titres. Un des articles qui faisaient la une m’interpella rapidement. Il coïncidait avec ce que mon père venait de me révéler. - Carlisle a raison … hum … négligent, oui. Jeune et fou ? Suicidaire ?



- De pire en pire … chuchota Bella après avoir lu les grosses lignes par dessus mon épaule. - Aucun contrôle. Il est impossible que ce soit l’œuvre d’un seul vampire nouveau-né. Que se passe-t-il ? A croire qu’ils n’ont jamais eu vent des Volturi. Ce qui est envisageable, remarque. Personne ne leur a expliqué les règles … mais qui les a créés dans ce cas ? me demandai-je à voix haute.



- Les Volturi … répéta Bella, effrayée. - C’est le genre d’ennuis qu’ils traitent au quotidien, ces immortels qui menacent de nous exposer. Ils ont fait le ménage lors d’événements semblables qui se sont déroulés à Atlanta il y a quelques années, alors que les dérapages n’étaient pas aussi flagrants. Ils ne vont pas tarder à intervenir, très vite, même, sauf si nous trouvons un moyen de calmer le jeu. Je préférerais qu’ils ne débarquent pas à Seattle maintenant. Vu la proximité, ils risqueraient de venir ici afin de vérifier si toi et moi avons respecté notre parole.



- Que pouvons-nous faire ? me demanda-t-elle, inquiète.


- Nous devons en découvrir plus avant de prendre une décision. Si nous réussissons à discuter avec ces jeunes, à leur expliquer nos lois, les choses s’arrangeront en douceur. Cependant je n’en étais pas vraiment convaincu car j’étais persuadé que ces nouveaux nés n’étaient pas là sans raison et qu’ils n’auraient que faire de nos explications.
- Attendons qu’Alice ait une meilleure idée de ce qui se passe, repris-je. Inutile de nous en mêler si ce n’est pas nécessaire. Après tout, cette responsabilité ne nous incombe pas. Heureusement que nous avons Jasper, cependant. Il ne sera pas de trop s’il s’agit effectivement de jeunes vampires.
Mon frère avait une telle expérience dans ce domaine qu’il saurait nous aider à comprendre ces nouveaux nés voire même nous aider à nous battre si nécessaire.


- Comment ça ? me demanda Bella.


- Il est une sorte d’expert en la matière … lâchai-je volontairement sans donner plus d’explications.


- Précise !


- Il t’expliquera par lui-même. C’est lié à son histoire, précisai-je tout de même. - Quel bazar ! soupira-t-elle.


- N’est-ce pas ? J’ai l’impression que tout nous tombe sur la tête en même temps. Tu ne crois pas que ta vie aurait été plus simple si tu ne t’étais pas amourachée de moi ? - Ce ne serait pas une vie.


- Pas pour moi en effet. Bon, à présent, tu as une question à me poser, non ?


- Pardon ? s’étonna-t-elle.
- Tiens, tiens … j’avais cru comprendre que tu avais promis de demander la permission de te rendre à une espèce de soirée entre loups-garous. - Tu as encore écouté aux portes, toi !


Oui et je ne le regrettais pas d’ailleurs car je souhaitais vraiment lui faire plaisir. Je me doutais qu’elle n’aurait peut être pas osé m’en parler. Je tenais enfin l’occasion de me rattraper pour le temps que je lui avais fait perdre en compagnie de son ami mais néanmoins rival.

- Presque pas. Juste à la fin.


- J’avais renoncé à aborder le sujet, de toute façon. Inutile d’ajouter à ton stress. Je pris son menton afin qu’elle puisse me regarder dans les yeux. Elle devait comprendre que je ne ferais plus rien pour la retenir. Elle ne devait pas penser que je l’empêchais de faire ce qu’elle souhaitait.


- Tu as envie d’y aller ?

- Ce n’est pas grand-chose. Oublie.


- Tu n’as pas à solliciter mon autorisation, Bella. Je ne suis pas ton père, heureusement d’ailleurs. C’est à lui que tu devrais d’adresser. - Charlie sera toujours d’accord, je ne t’apprends rien.


- Je reconnais que je devine comme personne ce qu’il a dans le crâne. Elle me regarda un long moment sans me donner de réponse. Elle n’osait toujours pas m’avouer la vérité. Je savais qu’elle avait envie d’y aller et ce serait même une bonne chose pour elle que d’aller se changer les idées. Ce serait un supplice pour moi de la savoir avec lui mais je devais en passer ça. J’allais prendre quelques dispositions et tout allait bien se passer. Elle avait sans doute besoin de m’entendre lui réaffirmer ma récente décision.


- Bella, repris-je, je t’ai promis de me montrer raisonnable et de me ranger à ton jugement. Je suis sincère. Si tu fais confiance aux loups-garous, je ne m’inquiéterais pas.
- Hé bien ! s’exclama-t-elle enfin.



- Jacob a raison, sur un point au moins. Sa meute devrait suffire à te protéger l’espace d’une soirée.

- Tu ne me mens pas, là ?


- Non. Sauf que …ne m’en veux pas si je prends quelques précautions, d’accord ? Autorise-moi à te conduire jusqu’à la frontière de nos territoires, pour commencer. Equipe-toi d’un portable, de manière à ce que je sache quand revenir te chercher. - Ca me semble … raisonnable.


- Parfait, me félicitai-je en souriant. Charlie rentra assez tôt de sa partie de pêche, le poisson avait fait grise mine … La pluie n’avait pas aidé à faire de bonnes prises. La contrariété qu’il arborait en arrivant fut bien évidemment suprimée par l’annonce de sa fille. Il ne me cacha pas sa joie de savoir Bella sur la réserve en compagnie de Jacob. Elle l’appela d’ailleurs dans la foulée pour le prévenir.


Je n’avais pas besoin d’écouter leur conversation pour l’entendre brailler son bonheur dans l’écouteur du téléphone. Il accepta du même coup mes conditions sans broncher et nous donna rendez-vous à dix-huit heures. Cette conversation avait même galvanisée Bella car à peine le combiné raccroché, elle se tourna vers moi et me dit : - Tiens, Edward, j’ai eu une petite idée …. Je me doutais que ce n’était pas une idée que j’appréciais spécialement puisqu’elle m’en parlait devant son père comme si elle voulait s’assurer que je ne pourrais pas refuser. - Je vais en profiter pour ramener ma moto chez Jacob. Elle sera mieux dans son garage … et peut-être que j’aurai l’opportunité d’en refaire un jour avec lui sur la réserve.


Effectivement cette idée me déplaisait. Non pas qu’elle se remette à la moto mais plutôt qu’elle envisage d’en faire avec ce cabot. Nous aurions pu en faire ensemble aussi. J’avais d’ailleurs acheté une moto tout récemment pensant que cette activité pourrait encore plus nous rapprocher. J’allais quand même lui en parler, cela pourrait tout de même lui plaire. - Bonne idée, Bella !! s’exclama son père.


De toute évidence, Charlie ne souhaitait pas couper l’ardeur de sa fille à rejoindre son ami Quileute alors je ne répondis rien sachant que je n’avais pas le choix. Nous partîmes ensuite chez moi, elle dans sa Chevrolet et moi en courant. Je pris un peu d’avance volontairement afin de mettre en évidence ma récente acquisition.


Je l’avais d’ailleurs soigneusement cachée dans le garage, d’une part pour ne pas attirer la curiosité de Bella et d’autre part pour faire taire les regards envieux de Jasper. Il semblait particulièrement apprécier cette magnifique Harley. Oui, j’avais fait dans la démesure … mais j’espérais que cette moto rutilante et confortable amènerait Bella à en faire en ma compagnie. Je garai donc ma merveille à côté de celle de Bella … et ma bien-aimée la remarqua aussitôt.


- Qu’est-ce que c’est que ce machin ? s’écria-t-elle en claquant la lourde portière de sa voiture. Elle ne semblait pas vraiment apprécier en fait. - Rien …marmonnai-je.
- Excuse-moi ? Je ne comprenais pas sa colère qui d’ailleurs n’avait pas lieu d’être. Je décidai de m’expliquer espérant calmer son énervement. - Comme j’ignorais si tu pardonnerais à ton ami et comme je me demandais si tu aurais toujours envie de faire de la moto, j’ai pensé que je pourrais t’accompagner. Au cas où. Tu sembles aimer cela.
- Tu m’aurais semé sur place. - J’aurais maîtrisé ma vitesse. - Tu te serais ennuyé. - Bien sûr que non, puisque j’aurais été avec toi, lui répondis-je naturellement espérant qu’elle me comprendrait. Elle se mordillait les lèvres signe qu’elle n’était pas à l’aise. - Admettons, maugréa-t-elle. Juste un truc, cependant. Si tu avais estimé que je roulais trop vite, si tu avais craint que je ne perde le contrôle de la machine, comment aurais-tu réagi ?


Voila une belle question piège car elle me connaissait trop maintenant … Je ne supporterais pas qu’elle se fasse mal ou qu’elle tombe. Me revinrent en tête, les images que j’avais lues dans les pensées de Charlie et de Jacob en mon absence, les fameux allers-retours aux urgences à cause de ses chutes. Je ne serais effectivement pas un bon partenaire pour ses périlleuses balades en moto. Cette activité lui était réservée …


Le cabot avait le comportement adéquat, lui, puisqu’il ne se souciait de rien. Il laissait Bella faire ce qu’elle voulait parfois à ses risques et périls. Heureusement j’avais préparé ma parade. J’hésitai un long moment mais définitivement je renonçai à lui donner une réponse car je venais de comprendre qu’elle ne monterait jamais avec moi sur cette merveilleuse Harley.

- Cette activité est réservée à Jacob … D’accord, concédai-je enfin en dissimulant ma frustration.


- Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde, dans ce domaine. Certes, toi et moi pourrions … se justifia-t-elle percevant mon trouble. - Oublie. J’ai remarqué que Jasper avait contemplé la chose avec grand intérêt. Il est sans doute temps qu’il découvre un nouveau mode de transport. Maintenant qu’Alice à sa Porsche …
- Edward, je … me coupa-t-elle. Je ne voulais plus parler de ça et pour éviter de la brusquer, je déposai un baiser furtif sur ses lèvres.


- Oublie, je te répète. En revanche, j’ai une requête. - Tout ce que tu voudras ! me répondit-elle aussitôt comme pour se faire pardonner. Je pouvais donc imposer ma parade. Pour cela, je pris appui sur la moto afin de récupérer deux équipements que j’avais soigneusement cachés contre le mur. Ils allaient me rassurer en cas de chute de Bella. Un magnifique casque rouge, assorti à son bolide et un blouson en cuir noir rembourré. - S’il te plait … chuchotai-je en lui déposant le casque dans les bras.


- J’aurais l’air idiot, répondit-elle en le regardant avec un léger dédain. - Mais non. Juste assez intelligente pour te protéger comme il se doit. Je tiens tant à toi que j’aimerais que tu prennes soin de ton corps.


- Bien. Et ça, qu’est-ce que c’est ? Son petit air réprobateur me faisait rire car je savais parfaitement qu’elle porterait tout cet attirail pour me faire plaisir. Je lui dépliai donc son joli blouson rembourré.


- J’ai entendu dire que s’éplucher sur le goudron, était douloureux, la taquinai-je pour me justifier.


Elle leva les yeux au ciel, impuissante et enfila son casque. Elle revêtit ensuite le vêtement que je lui tendais. - Sois honnête … grogna-t-elle. Je suis hideuse, hein ? Je tentais autant que je le pouvais de me retenir de rire face à la tête qu’elle faisait. Elle semblait si consternée.
- C’est si terrible que ça ? insista-t-elle.

- Non, non … en vérité, tu es plutôt … sexy.


- Ben tiens ! s’esclaffa-t-elle visiblement peu convaincue. - Si, si je t’assure.


- Tu dis ça pour que j’accepte de mettre ce harnachement. Mais bon, d’accord. Tu as raison, c’est plus raisonnable. Je l’attirai doucement vers moi pour l’enlacer au creux de mes bras. - Tu es sotte, ça fait partie de ton charme. Bon, ce casque a ses inconvénients, je l’avoue. Sur ce, je le lui enlevai doucement pour le déposer sur la moto près de nous. Je pris son visage entre mes mains glacées afin de l’embrasser et de lui témoigner à quel point je pensais ce que je disais. Oui, elle était sexy, même dans cet accoutrement.

Je l’emmenai donc à la réserve avec une certaine appréhension, non pas qu’il lui arrive quoique ce soit, mais plutôt qu’elle ne me revienne pas. Je savais que c’était idiot de ma part mais il m’était difficile de la laisser entre les mains de tous ces loups. Elle leur faisait confiance, Carol et Patte d’Ours leur faisaient confiance même Carlisle était convaincu alors pourquoi ressentais-je cette peur irrationnelle. Les récents évènements avaient accentué mon angoisse de la laisser seule.


Je n’étais serein qu’auprès d’elle mais elle l’était autant à mes côtés qu’à ceux du cabot comme en témoignait sa remarque sur ses souvenirs d’enfance. Cette situation lui rappelait de tristes souvenirs lorsque sa mère la déposait à son père pour l’été. Son cœur se déchirait entre ces deux êtres qu’elle aimait … Aujourd’hui, c’était un peu comme si je jouais le rôle de Renée et Jacob celui de Charlie.
Nous arrivâmes enfin à la réserve. Je me garai à une trentaine de mètres de la frontière où le cabot nous attendait déjà. Je percevais ses pensées, bruyantes comme toujours. Il m’hurlait sa joie d’avoir Bella près de lui ce soir. Il me jurait qu’elle allait bien s’amuser, certainement plus qu’en ma compagnie. Sa mesquinerie me déplaisait sincèrement mais je fis comme si de rien n’était. Je ne voulais pas rendre ce moment encore plus difficile. Je sortis la moto du coffre de la Volvo. Bella prit le casque et jeta son blouson en travers de la selle. Elle s’apprêtait à avancer vers le cabot lorsque je lui demandai : - Tu n’as rien oublié ? - Non. Je soupirai déçu qu’elle n’ait pas compris ce que je désirais. Je me penchai vers elle afin de l’embrasser mais au lieu de cela elle ne me donna qu’un baiser amical. Le cabot qui n’avait rien perdu de la scène, se moquait de moi au travers de ses pensées afin que Bella ne perçoive rien bien évidemment. Il jubilait que je puisse essuyer un revers.
Piqué au vif par la stupidité de ce sale cabot mais aussi par la retenue de Bella, je la pris fermement par la taille et l’embrassai avec ferveur. Je l’aimais et j’étais bien décidé à le prouver à ce chien sans cervelle. Sentant qu’elle manquait d’air, je la relâchai rieur d’avoir cloué le bec à mon rival. - Au revoir … J’adore ce blouson, murmurai-je en un souffle en tentant du mieux possible de ne pas trahir la peur qui me dévorait.


Je la regardai s’avancer vers lui en poussant péniblement sa moto vers la frontière qui n’allait pas tarder à nous séparer. Je retournai m’asseoir au volant de ma voiture me jurant que je ne partirais que lorsque je ne l’apercevrais plus devant moi. Il alla vite la rejoindre, gara la moto sur sa béquille et la prit jalousement dans ses bras tout en me narguant. Il m’hurlait qu’elle l’aimait aussi …


Cette remarque me rendit furieux tout à coup et j’étais même prêt à lui foncer dessus pour avoir osé penser cela. Le moteur vrombissait, j’hésitais mais voyant que Bella ne réagissait pas, je compris qu’elle était heureuse. Je démarrai alors, en trompe en direction de la maison. Je ne pouvais plus supporter ses cris de joie qui raisonnaient comme une défaite dans ma tête. Il allait vraiment être très difficile de tisser des liens de camaraderie avec cet abruti.



sanaafatine 13-06-10 12:24 PM



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Il me fallut tout le trajet du retour vers chez moi pour digérer la stupidité de ce cabot. Il ne cesserait jamais de me pousser à bout car il avait l’art de m’énerver. Heureusement que je savais Bella en sécurité et heureuse sinon je serais déjà allé la rechercher. J’avais pris ma décision et je devais l’assumer. Revenir en arrière serait me montrer faible et il en était hors de question.




Tout le monde m’attendait à la maison. Chacun allait de sa petite hypothèse à savoir si on devait se rendre à Seattle ou non. Il y avait ceux qui étaient pour, principalement Emmett et Jasper qui mouraient d’envie d’en découdre et mes sœurs ainsi que mon père qui étaient plus enclin à attendre une vision équivoque d’Alice. Et moi ? Je devais bien avouer que je ne savais plus trop quoi penser. Je sentais la menace s’approchait mais j’ignorais encore si la vague de meurtres de Seattle avait un rapport avec nous.




Je restais persuadé que c’était encore trop tôt pour nous en mêler. Les esprits nous avaient prévenus que le mal s’approchait mais je ne savais pas avec certitude de dont il s’agissait. Je n’étais plus aussi certain que c’était les Volturi. En rentrant dans la maison, je vis aussitôt Alice, isolée dans un coin, recroquevillée sur elle-même, près du canapé. Elle était nerveuse et se reprochait ses absences de vision ou du moins l’imprécision de ces dernières depuis quelques temps. Personne ne le lui reprochait mais elle culpabilisait par rapport à Bella. Elle avait peur qu’une faute de sa part puisse la faire mourir et l’incident du visiteur n’avait rien arrangé.

Emmett jouait à la console avec Jasper pour tenter d’apaiser leur récente euphorie. Mon colosse de frère avait des fourmis dans les jambes et ne savait plus comment les faire passer. Rosalie se tenait debout à côté d’eux et leurs gamineries lui permettaient de penser à autre chose qu’aux évènements de Seattle.





Carlisle, quant à lui, s’était installé sur le canapé et pensait à Esmée. Elle était partie faire son tour de garde autour de chez Bella et protéger Charlie, par la même occasion. Elle s’était absentée depuis peu et attendait sa relève. Le loup s’en chargerait comme il l’avait souhaité.





- Alors Edward, que fait-on ? On va faire un tour à Seattle pour mâter ces idiots qui cherchent à faire rappliquer les Volturi ? s’exclama Emmett.

Aussitôt, je vis Rosalie me dévisager d’un regard noir et très explicite. Elle ne voulait pas qu’Emmett se mette en danger sans raison valable. - Je ne pense pas … Il faudra t’armer encore un peu de patience, lui répondis-je en espérant calmer ses ardeurs et ainsi rassurer ma sœur.

- On sait maintenant qu’il ne s’agit plus d’un … mais sans doute de plusieurs nouveaux nés ! C’est inquiétant certes mais ce n’est pas à nous de faire régner l’ordre ! confirma Carlisle.




- Nous ne sommes pas visés donc nous n’avons aucune raison pour l’instant de nous attaquer à eux … Je ne vois peut être rien de précis pour l’instant mais si on nous voulait du mal, je le saurais ! nous rassura Alice.

- On va se laisser encore un peu de temps mais si l’affaire continue à faire la une, il faudra prendre une décision avant que les Volturi ne soient informés. Je ne souhaite pas les voir venir près d’ici car dans ce cas, nous serions impactés et plus particulièrement Bella. On ne doit pas courir ce risque, expliquai-je à mon tour.
Tout le monde semblait de mon avis pour le moment. Emmett était prêt à remettre sa bagarre à plus tard et Rosalie nous remercia tous du regard. Il me fallait tuer le temps en attendant que Bella m’appelle. C’était douloureux de ne pas savoir ce qu’elle faisait mais encore plus de la savoir avec lui. Rien ne m’intéressait, ni lecture, ni musique … ni même la chasse.




Mes pensées étaient toutes focalisées sur Bella… Je montai donc dans ma chambre pour faire les cents pas. Je scrutais très régulièrement mon réveil mais les minutes s’éternisaient. Jasper vint me rejoindre quelque temps après. Dès qu’il entra dans ma chambre, une immense vague de bien être me parcourut. Cet instant de répit était ce qu’il me fallait pour garder la tête froide. Je le regardai droit dans les yeux et lui murmurai dans un souffle :

- Merci …






- Je sais le sacrifice qui tu es en train de faire … Je ne sais pas si j’en aurais été capable moi-même, murmura-t-il à son tour.

- Je veux tellement son bonheur que je suis prêt à tout … même à m’imaginer la perdre … articulai-je, la gorge nouée.





- Tu as fait ce qui te semblait juste et sache que nous sommes tous avec toi, me dit-il en déposant sa main sur mon épaule avant de quitter la pièce. Il était à peine parti que je sentais déjà l’anesthésie passagère se dissiper.





La soirée avança tout de même péniblement. Je m’attendais à un coup de fil imminent mais rien ne vint. Doucement ce n’était plus de la frustration qui m’habitait mais de l’angoisse. Allait-elle me revenir ou décider de rester près de lui ? Non, bien sûr que non elle ne resterait pas là-bas. Elle savait que je l’aimais trop pour qu’elle puisse m’abandonner. D’un autre côté, elle n’avait toujours pas accepté de m’épouser … et cela commençait à me peser.

Elle n’était peut-être pas sûre de ses sentiments ou de son envie de devenir l’une des nôtres. Elle préférerait sans doute tout arrêter pour couler des jours heureux avec son ami loup. Arrhhh… Cette attente me rendait dingue. Pourquoi n’appelait-elle pas ? Il commençait à être tard. Il était presque minuit et Charlie allait s’inquiéter. J’étais bon pour avoir encore des reproches. Je m’apprêtais à monter dans ma voiture lorsque le téléphone vibra dans ma poche. Le numéro qui s’affichait était celui du portable que j’avais donné à Bella. Une immense vague de soulagement m’envahit. Je décrochais plein d’enthousiasme : - Bella ?






- Euh … non, sangsue c’est moi !!

La voix du cabot me déstabilisa. Pourquoi m’appelait-il ? Mon bref moment d’enthousiasme s’évapora.





- Bella va bien ? lui demandai-je aussitôt en tentant de masquer mon inquiétude.

- Relax ! Elle s’est endormie, c’est pour cela que je t’appelle afin que tu viennes la chercher, m’expliqua-t-il un brin moqueur.
- Merci de m’avoir prévenu. J’arrive tout de suite … lâchai-je en raccrochant aussitôt. Il n’était peut-être pas si crétin, ce chien tout compte fait.






Je fis le trajet jusqu’à la réserve en un temps record. Je n’avais pas regardé le compteur et c’était mieux ainsi car j’étais très loin d’avoir respecté les limitations. Lorsque j’arrivai, ils étaient déjà là, tous les deux dans sa voiture. Je sortis de mon véhicule espérant les entendre ou les apercevoir plus distinctement. Je courrais le long de la frontière pour leur faire part de mon empressement à retrouver Bella. Elle ouvrit enfin sa portière et s’approcha doucement vers moi. Elle semblait encore toute endormie. Ses jambes la portaient à peine. Lorsqu’elle eut enfin franchi la frontière, je la pris fermement dans mes bras pour lui témoigner mon soulagement. - Enfin … lui soufflai-je à l’oreille.

- Salut, désolée d’être là si tard. Je me suis assoupie, et …






- Je sais, Jacob m’a tout expliqué. Si tu es fatiguée, je te porte.

- Ca va, me rassura-t-elle. - Rentrons te mettre au lit. Tu as passé un moment agréable ? lui demandai-je curieux.

- Oui, formidable. Je regrette que tu n’aies pas pu assister à cela. Le père de Jake nous a raconté leurs légendes. C’était … magique. Il n’y a pas d’autre mot, me répondit-elle avec un éclat d’émerveillement dans les yeux.




Grâce à Carol, je connaissais l’importance et la richesse des légendes indiennes. Je n’étais pas surpris que cela ait plu à Bella. Cela risquait d’être long à me raconter et elle devait dormir …

- Tu m’en reparleras. Après quelques bonnes heures de sommeil.
- Ce ne sera pas pareil, dit-elle en baillant.




Je l’aidai à s’asseoir dans la voiture et nous repartîmes directement chez elle. A l’approche de sa maison, je pus capter les pensées de Charlie qui étaient étrangement calmes. Il n’était pas inquiet car Jacob l’avait lui aussi prévenu. C’était une très bonne chose cela m’éviter d’affronter sa colère. Je me garai alors devant le perron.






- Je ramène ma voiture et je reviens vite à tes côtés. Je serai là pour te bercer … lui murmurai-je en lui déposant un baiser sur le front.

Ce ne fut que lorsqu’elle referma la porte de sa maison derrière elle que je démarrai en trombe en direction de chez moi. Une fois arrivé, j’en profitai pour avertir Carlisle du proche retour d’Esmée, vu que le cabot s’était porté volontaire pour la relever. Je revins en courant chez Bella, alors que la pluie commençait à tomber. Elle m’attendait d’ailleurs à sa fenêtre, frigorifiée par le froid ambiant. Je me glissai alors dans sa chambre pour la prendre aussitôt dans mes bras. Elle me demanda qui assurait sa surveillance dehors pestant contre le temps épouvantable. Ce qu’elle avait oublié c’était qu’aucun d’entre nous ne souffrait de ce froid, à part elle.


Cette nuit-là Bella s’endormit rapidement. Elle avait laissé près de son lit « Les Hauts de Hurlevent ». Subitement, une irrésistible envie de relire ce livre m’envahit. Je pensais pouvoir aborder ce roman d’une autre manière vu que j’avais vécu des expériences nouvelles qui pourraient me faire changer d’avis par rapport à ma première lecture. Je ne pouvais donc qu’interpréter cette histoire différemment aujourd’hui. J’en étais persuadé. Et puis Bella l’aimait tellement que je voulais la redécouvrir et peut-être même partager son avis.





Je fus rapidement absorbé par ce récit sombre et profond. Alors que la respiration de Bella berçait ma lecture, un paragraphe attira plus particulièrement mon attention. Il raisonnait comme un écho en moi :

« C’est là tout ce qui nous sépare : eût-il été à ma place et moi à la sienne, et bien que je l’aie haï d’une haine qui a teinté ma vie d’amertume, jamais je n’aurais levé la main sur lui. Vous semblez sceptique, soit. Jamais pourtant je ne l’aurais séparé d’elle tant qu’elle souhaitait qu’il fût là … »





Ces quelques mots me perturbèrent par leur force et leur intensité comme s’ils parlaient de moi ! Mon corps se raidit subitement et Bella dut sentir mon mouvement car elle tressaillit au même moment. Elle ouvrit les yeux et vint enfouir sa tête dans mon torse comme pour se rassurer.





- Je t’ai réveillée ? lui chuchotai-je en déposant le livre sur le sol, près du lit.

- Non … marmonna-t-elle en soupirant de bien être. J’ai fait un mauvais rêve.





- Tu souhaites en parler ? lui demandai-je en lui caressant la joue.

-Trop fatiguée. Demain matin, peut-être. Si je m’en souviens. - D’accord ! acceptai-je en riant.

- Que lisais-tu ? - Les Hauts de Hurlevent.

- Je croyais que tu ne l’aimais pas ? me demanda-t-elle à surprise.





- Il traînait dans le coin. Et puis, plus je passe de temps avec toi, plus les émotions humaines me deviennent compréhensibles. J’ai découvert que j’étais capable de compassion envers Heathcliff, alors que je ne pensais pas cela possible.

- Hmmm … me répondit-elle alors qu’elle se rendormait déjà.



-Par certains côtés, je pourrais presque lui ressembler …

Elle n’avait certainement pas entendu ma réponse car je percevais déjà les battements de son cœur résonner paisiblement. A son réveil, elle fut incapable de me dire ce qui l’avait effrayé cette nuit. Ne pouvant manifestement pas l’aider à le découvrir, je m’apprêtais à la laisser se préparer pour aller au lycée. Je devais moi aussi me changer et récupérer ma voiture pour l’accompagner. Il m’était toujours difficile de la quitter mais le long baiser que nous échangeâmes me donna le courage de l’affronter.

Les jours passèrent sans qu’aucune nouvelle menace ne se profile à l’horizon. Nous profitions d’un court moment de répit. Alice ne voyait toujours rien de particulier concernant les attaques de Seattle si ce n’était qu’elles perduraient sans trop d’échos dans la presse pour le moment. Ce qui monopolisait les pensées et les visions de ma sœur était la remise des diplômes et la fête qu’elle rêvait tant d’organiser. Elle voulait même associer Bella à son petit projet.




Nous étions déjà début juin. Cette date symbolisait beaucoup pour moi car elle signifiait pour Bella la date butoir de sa transformation. Nous n’en avions pas reparlé depuis un moment mais ce qu’elle désirait réaliser depuis si longtemps se profilait enfin.



Je n’étais pas tout à fait sûr qu’elle se rende compte de l’imminence de l’échéance vu que son esprit avait été accaparé par toutes nos récentes péripéties. J’espérais intérieurement que le fait d’être acculée au mur puisse lui faire peur et lui laisser encore un temps de réflexion … comme une année de fac par exemple. Je ne voulais surtout pas la presser car elle ne devait rien regretter. Si elle devait me rejoindre pour l’éternité, ce serait parce qu’elle était sûre d’elle et non parce qu’elle se sentait obligée ou qu’elle avait peur de mourir. Ce fut d’ailleurs après un long après-midi de cours alors que je raccompagnais ma sœur et Bella chez elle qu’Alice ramena ma bien-aimée à la dure réalité. Je voulais qu’elle informe rapidement Bella de ses intentions concernant sa fête afin que cette dernière ne se sente pas mal à l’aise ou ne réagisse de manière excessive. Elle se jeta donc à l’eau, réticente car elle redoutait particulièrement les réactions de Bella sur les sujets comme le bal, la danse, les anniversaires … toutes les fêtes en général. Elle lui en parla tout de même lorsque nous nous dirigions vers ma voiture : - Edward m’oblige à t’en parler … insista-t-elle, mais j’ai vu que tu serais pénible si je te prenais par surprise.


- Tu veux bien t’exprimer en anglais ? répliqua Bella qui ne comprenait pas où ma sœur voulait en venir. - Avant, je te prie de ne pas faire l’enfant. Pas de crise, s’il te plaît, lui précisa-t-elle.

- Tu m’inquiètes, là. - Figure-toi que tu vas, ou plutôt que nous allons organiser une petite fête de fin d’année. Rien d’extraordinaire, donc pas d’affolement. J’ai vu que tu paniquerais si je me risquais à ne pas t’en avertir au préalable, et Edward m’a ordonné de te prévenir. En tous cas, ce sera tout simple, je te le jure.


- J’imagine que mes protestations n’y changeront rien, n’est-ce pas ? soupira Bella visiblement résignée. - En effet.



- D’accord, Alice. J’y serai. Et je détesterai ça du début à la fin. Je te le jure. - Je n’en attendais pas moins de ta part ! A propos, j’adore mon cadeau. Tu n’aurais pas dû.



- Je ne t’ai encore rien acheté ! s’étonna Bella. - Ca ne va pas tarder, renchérit-elle pour dérider ma bien-aimée. Elle semblait effectivement absorber par la révélation de ma sœur. Elle ne devait pas se souvenir du cadeau qu’elle avait décidé de lui offrir ou alors elle songeait déjà à autre chose … -Tu n’aurais pas pu attendre quelques semaines pour m’annoncer la nouvelle ? s’emporta-t-elle soudain. Maintenant, je vais être stressée pendant encore plus longtemps.



Alice et moi échangâmes un regard, perplexes tous les deux. Bella semblait effectivement ne pas se rendre compte que la fin de l’année scolaire était à notre porte. - Bella, sais-tu quel jour nous sommes ? répliqua ma sœur .



- Lundi ? - Oui, Lundi ! Lundi quatre juin, s’énerva Alice en la saisissant par le coude pour lui faire lire l’affiche placardée sur la porte du gymnase, derrière elle. Ce morceau de papier jaune mentionnait en caractères gras la date de la remise des diplômes.



- Le quatre juin ? répéta Bella. Tu es sûre ? Ma sœur n’insista pas face à l’incompréhension de son amie. Quant à moi, je pris conscience que Bella venait de se heurter à la réalité.

- Ce n’est pas possible ! s’entêta-t-elle. Comment cela a-t-il pu se produire ? Je connaissais assez bien Bella pour savoir qu’elle n’était déjà plus auprès de moi. Ses pensées lui remémoraient sans doute l’angoissante échéance, celle qu’elle attendait avec une telle impatience que j’avais du la réfréner des dizaines de fois, devenant même parfois un sujet de discorde entre nous. Elle monta dans ma voiture tel un robot et ne participa pas à la conversation animée que ma sœur et moi tenions dans la voiture sur le trajet du retour. Je ne pouvais pas penser que c’était juste l’annonce de cette fête qui l’avait mise dans cet état. Nous nous installâmes sur son canapé et je la serrais dans mes bras espérant qu’elle sortirait de ses songes. Or, elle resta longuement impassible à contempler la pluie puis la brume assombrir la pièce. Je ne voulais pas la sortir trop rapidement de sa torpeur, lui laisser le temps de réfléchir mais ce silence pesant ne me rassura pas. Si elle s’inquiétait vraiment à cause de sa transformation, je devais le savoir afin de la rassurer. Je n’en pouvais plus de ne pas connaître les raisons de son état. Elle semblait si inquiète que je ne pouvais pas la laisser se morfondre …
- Aurais-tu l’obligeance de me confier à quoi tu penses ? Avant que je m’énerve.



Elle avait même inconsciemment arrêté de respirer, ce qui lui donnait un air tristement blafard.



- Tes lèvres sont toutes blanches, Bella. Parle, la suppliai-je.


Elle souffla un long moment comme pour se donner du courage et chuchota enfin : - La date d’aujourd’hui m’a désarçonnée. C’est tout
Cette affirmation ne me surprit pas car je l’avais déjà remarqué, ce qui m’inquiétait plus, en revanche, c’était la peur que ses yeux arboraient.



- Je ne sais trop que faire … que raconter à Charlie … comment expliquer …



Je n’étais pas sûr de comprendre, pourquoi parlait-elle de Charlie ? Elle avait peur qu’il ne veuille pas qu’elle aille à la fête d’Alice ? J’étais subitement perplexe … m’étais-je trompé? - Cela ne concerne pas la fête ? lui demandai-je afin de comprendre en quoi Charlie était concerné.
- Non, même si tu aurais pu t’éviter de me rappeler ce détail.



Donc je ne m’étais pas trompé malheureusement … elle redoutait bien l’échéance à venir. Je la regardais alors longuement, je sentais bien qu’elle était perturbée et ses yeux qui fixaient toujours le vide me confirmaient qu’elle n’oserait pas me l’avouer si je ne la forçais pas. - Tu n’es pas prête … chuchotai-je en guettant sa réaction.

- Si … répondit-elle aussitôt. Je n’ai pas le choix … Comme je le craignais, elle se sentait faussement obligée de passer à l’acte, comme si c’était sa dernière chance mais elle se trompait …



- Rien ne t’y oblige. - Victoria, Jane, Caius, l’inconnu qui a pénétré dans ma chambre … tout cela m’y contraint.



- Non, ce sont autant de raisons d’attendre. - Tu n’es pas logique, Edward ! Je ne supportais pas de la voir si angoissée pour de mauvaises raisons. Je pris alors son visage entre mes mains afin de plonger mon regard dans le sien. Je voulais la convaincre qu’elle ne risquait rien et qu’elle avait toujours le choix … - Ecoute-moi, Bella … dis-je d’une voix douce et volontairement lente afin qu’elle prenne le temps de m’écouter. Aucun de nous n’a décidé de son sort. Tu as constaté le résultat … surtout chez Rosalie. Tous, nous avons lutté pour nous réconcilier avec une nature sur laquelle nous n’avions pas de contrôle. Je refuse que tu subisses une telle épreuve. Toi, je veux que tu aies vraiment le choix.



- J’ai déjà choisi … - Tu ne te résoudras pas à cela sous prétexte qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de ta tête. Je l’interdis. Nous allons régler ce problème, et je prendrai soin de toi. Cela terminé, si rien ne te force la main, tu décréteras ou non de me rejoindre. Mais pas parce que tu as peur. Personne ne t’obligera à cela. - J’ai déjà la promesse de Carlisle … après le bac, répliqua-t-elle volontairement pour me contredire. - Il ne fera rien tant que tu ne seras pas prête ! lui assenai-je aussitôt. Et rien non plus tant que tu te sentiras menacée.




Elle ne me répondit pas … Mes yeux étaient toujours plongés dans les siens. Sa peur s’était visiblement estompée. J’avais peut-être réussi, temporairement du moins, à la rassurer.

- Ca va aller … murmurai-je en lui embrassant le front. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter.



- Rien, si ce n’est un destin funeste, dit-elle acerbe. - Fais-moi confiance.


- Je te fais confiance … Puis-je te demander quelque chose ? me demanda-t-elle hésitante. - Tout ce que tu voudras.


Elle se mordillait les lèvres, visiblement mal à l’aise. Que pouvait-elle me demander de si spécial au point de la faire hésiter ? - Quel est le cadeau que j’achète à Alice pour célébrer son diplôme ?

- Des billets de concert. Pour elle, toi et moi, lui répondis-je amusé par cette étonnante question. Elle n’avait rien là qui puisse la mettre mal à l’aise pourtant. Je soupçonnais Bella de me cacher encore quelque chose.


- Oui, c’est vrai ! s’exclama-t-elle en souriant. Celui de Tacoma. J’ai lu une pub dans le journal la semaine dernière, et j’ai pensé que ça te plairait, car tu as dit que le CD était bien. - C’est une très bonne idée. Merci.


- J’espère qu’il reste des places. - C’est l’intention qui compte. Je suis bien placé pour le savoir.




Je ne comptais plus les fois où j’avais voulu lui faire un cadeau sans pouvoir lui en offrir un seul … Elle soupira sous l’effet de ma remarque mais pas seulement. Il me semblait qu’elle avait encore quelque chose à me demander. Je décidai de lui faciliter la tâche.


- Toi, tu as quelque chose à me demander … repris-je aussitôt.
- Trop fort ! se moqua-t-elle - J’ai pas mal de pratique quand il s’agit de déchiffrer tes expressions. Vas-y. Elle vint alors se blottir contre mon torse, les yeux fermés en murmurant d’une voix boudeuse :




- Tu n’as pas envie que je me transforme en vampire.


- Non … acquiesçai-je en effet, mais ce n’était pas une surprise pour elle. Elle n’avait pas encore totalement dévoilé le fond de sa pensée. Après un court instant, je décidai de l’encourager à poursuivre.

- Mais c’est là une assertion, pas une question … - Je … je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon désir d’immortalité.



- Pardon ? m’exclamai-je aussitôt totalement surpris. - Accepterais-tu de m’expliquer pourquoi ? De m’avouer toute la vérité, sans m’épargner ?



C’était donc cela la question qui la gênait tant. Que pouvait-elle s’imaginer ? Je pensais lui avoir expliqué clairement mes motivations pourtant. Ce n’était visiblement pas suffisant. Elle avait sans doute besoin que je lui redise ma vision des choses et de ce que je rêverais pour elle.
- Tu pourrais avoir une vie tellement meilleure, Bella. Je sais que tu me crois doté d’une âme. Je n’en suis pas entièrement convaincu. Alors, mettre la tienne en péril … T’autoriser à devenir comme moi de façon à ne jamais te perdre est l’acte le plus égoïste qui soit. Je le désire par-dessus tout, pour moi. Pour toi, en revanche, je veux plus. Accepter que … cela me paraît criminel. Le pire crime que j’aurais commis dans mon existence, dussé-je vivre éternellement. Si j’avais un moyen, n’importe lequel, de redevenir humain pour toi, j’en payerais le prix, aussi élevé fût-il.




Oui, redevenir humain … j’avais eu la chance de le revivre l’espace de quelques instants dans la hutte grâce à Carol et ce fut un vrai bonheur. Mon cœur et celui de Bella battant à l’unisson. Nos deux peaux chaudes au contact l’une de l’autre. C’était un souvenir merveilleux que je n’oublierai jamais. J’aurais pu donner n’importe quoi pour que cela devienne réalité. Bella ne méritait pas de mourir pour moi, j’aurais du être vivant pour vieillir auprès d’elle. Elle se redressa en me regardant, elle semblait soulagée. Un sourire s’esquissa même sur ses lèvres.

- Alors … ce n’est pas parce que tu crains de … bredouilla-t-elle de moins m’aimer quand j’aurai changé ? Quand je ne serai plus aussi souple, quand j’aurai perdu mon arôme ? Tu tiens véritablement à moi, quelle que soit la forme que je prenne ? - Tu avais peur que je ne t’aime plus ? m’étonnai-je avant de rire. Toi qui es si intuitive, il t’arrive de te montrer franchement obtus, Bella !



- Tu n’imagines pas à quel point les choses seront plus faciles pour moi quand je ne serai plus obligé de me concentrer à chaque minute pour ne pas te tuer … repris-je en souriant. Certes, des détails me manqueront. Celui-là par exemple.

Je lui caressai la joue et elle se mit à rougir aussitôt …



- Le bruit de ton cœur aussi …C’est le plus beau son qui soit. Mon oreille s’y est tellement habituée, désormais, que je le reconnaitrais entre mille. Pourtant, rien de cela n’importe. Seule toi importe. Tu seras toujours ma Bella. Dotée d’une longévité un peu plus sûre. Je pris son visage entre mes mains. Elle ferma ses paupières en soupirant d’aise. Je l’avais rassuré au-delà de ses espérances, apparemment. Je décidai de me lancer à mon tour car j’avais moi aussi une question qui me taraudait depuis quelques temps.



- Et maintenant, accepteras-tu de répondre à ma question ? De m’avouer toute la vérité sans m’épargner ? - Bien sûr, accepta-t-elle aussitôt en rouvrant les yeux.



- Tu n’as pas envie de devenir ma femme. Un bref instant ses pulsations s’arrêtèrent avant de reprendre de plus belles. Je l’avais déstabilisé …


- C’est une assertion, pas une question … finit-elle par marmonner espérant s’en sortir facilement. Je lâchai son doux visage pour m’emparer d’une de ses mains. Elle était gelée. Je voulais une réponse et je m’amusais pour cela à reprendre ses propres termes puisqu’elle avait fait de même avec les miens.
- Je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon envie de mariage … susurrai-je en lui embrassant la paume de sa main. - Ce n’est pas une question non plus ! objecta-t-elle encore une fois en avalant difficilement sa salive.



- Bella, je t’en prie, la suppliai-je. - La vérité ?


- Oui. Je suis capable de l’encaisser, dis-je solennellement persuadé que le cabot était en parti responsable du silence de Bella à ce sujet. - Tu vas te moquer de moi.



- Moi ? m’écriai-je choqué. Jamais de la vie. - Oh que si … râla-t-elle en rougissant de nouveau. Très bien, je suis sûre que tu vas croire que je plaisante, mais franchement ! C’est tellement … tellement … embarrassant !



Et elle retourna se cacher en se blottissant contre mon torse. J’étais perdu. Je m’étais fait toute une histoire sur le cabot mais en fait il s’agissait d’autre chose.



- Je ne te suis pas là … soufflai-je. Elle releva la tête et me toisa du regard comme si j’avais dit quelque chose de mal.
- Je ne suis pas ce genre de fille, Edward. Je ne suis pas de celles qui se marient au sortir du lycée, de ces rustaudes de province que leurs petits copains ont mises en cloque. Pense à la rumeur, si je t’épousais. Nous ne sommes plus au dix neuvième siècle, les gens ne s’unissent plus à dix huit ans ! En tous cas, pas les gens intelligents, responsables et mûrs ! Je refuse d’être une rustaude. Ca ne me correspond pas …



Elle s’interrompit d’elle-même, à court d’arguments. Je trouvais que ce n’était pas une raison suffisante car on savait tous les deux que si elle m’épousait, les us et coutumes des humains n’auraient plus d’influence sur nous. Cela me confirmait surtout qu’elle était réticente à se marier …et si ce n’était que cela, je savais qu’avec le temps, je parviendrais à la faire changer d’avis. Ceci dit, je voulais m’assurer que rien d’autre ne l’en empêcher tellement je trouvais cette raison insignifiante.



- Et c’est tout ? lui demandai-je pour m’assurer que je savais tout sur ce sujet.


- Ca ne te suffit pas ?
- La vraie raison n’est pas que tu es … plus attirée par l’immortalité que par moi ? lui demandai-je pour la tester. Elle se mit à rire et réussit à me répondre entre deux éclats hystériques : - Voyons, Edward ! Moi … qui … avais toujours … pensé que … tu … étais … bien plus intelligent … que moi !

Je l’attirai contre moi, soulagé qu’elle ne me cache plus rien. Son hilarité était contagieuse car je me mis à rire avec elle.


- L’éternité sans toi ne m’intéresse pas … me précisa-t-elle après s’être calmée.



- Ouf !!


- N’empêche, ça ne change rien.


- Certes. J’admets ton point de vue, Bella, crois-moi. J’aimerais cependant que tu envisages les choses du mien.Vois-tu, repris-je, moi, j’ai toujours été ce genre de garçon. Dans mon monde, j’étais déjà un homme. Je ne cherchais pas l’amour, ayant trop envie de devenir soldat. Je ne songeais à rien d’autre qu’à la gloire idéalisée de la guerre telle qu’on la vendait aux futures recrues, à l’époque. Pourtant, si j’avais rencontré … Je me tus quelques instants afin de rectifier mon erreur :
- J’allais dire « si j’avais rencontré quelqu’un », mais ce serait inexact. Si je t’avais rencontrée, toi, je n’ai aucun doute sur la manière dont j’aurais réagi. Dès lors que j’aurais compris que tu étais celle qui m’était destinée, j’aurais mis un genou à terre et me serais efforcé d’obtenir ta main. Je t’aurais voulue pour l’éternité, même si ce mot n’avait alors pour moi pas la même signification qu’aujourd’hui.



Bella avait cessé de respirer et elle me regardait avec des yeux écarquillés. Son expression me fit sourire. - Respire, Bella, lui rappelai-je. Elle m’obéit aussitôt. - Alors, vois-tu maintenant les choses comme moi, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? Vu qu’elle ne me répondait pas, je supposais qu’elle était effectivement en train d’y penser. J’espérais l’avoir convaincue mais avec Bella je savais qu’il fallait s’attendre à tout.


- Le problème … répondit-elle enfin d’une voix tremblante encore sous le coup de mes dernières paroles, c’est que, pour moi, mariage et éternité ne sont pas deux notions mutuellement exclusives ou inclusives. Et comme nous vivons pour l’instant dans mon monde, nous ferions sans doute mieux de nous adapter à ses mœurs, si tu me suis.
Elle n’avait apparemment toujours pas accepté l’idée de notre mariage car une fois encore elle ne répondait pas à ma question.


- D’un autre côté, la contrai-je aussitôt, tu abandonneras bientôt derrière toi la notion de temps. Alors, pourquoi les coutumes passagères d’une culture donnée devraient-elles tant jouer sur notre décision ? - Parce qu’il est d’usage de s’adapter aux us du pays dans lequel on est ?



Je sentais qu’elle perdait pied et que je l’avais intérieurement presque convaincue. Cette remarque en était la preuve. Elle avait juste encore besoin de temps pour se préparer à cette idée. - Je ne t’oblige pas à trancher aujourd’hui, Bella. Mais j’estime qu’il est toujours bon de regarder les choses selon chaque partie en cause, pas toi ?



- Donc, ta condition … -Tient toujours. J’ai entendu tes réticences, mais si tu tiens à ce que je me charge en personne de ta transformation ….



- Tra-la-la-la ! fredonna-t-elle.


J’étais convaincu que je la verrais bientôt s’avancer vers moi dans une magnifique robe blanche au son de
la Marche Nuptiale. Rien d’irréversible ne s’y opposait … J’en avais la conviction à présent.



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