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قديم 02-05-10, 03:29 PM   #8

sanaafatine

نجم روايتي

 
الصورة الرمزية sanaafatine

? العضوٌ??? » 106902
?  التسِجيلٌ » Jan 2010
? مشَارَ?اتْي » 5,219
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افتراضي

Partie 2 : L'ATTAQUE


1.
- Damooon !
Elena s'obstinait à braver le vent glacial qui lui cinglait le visage.
- Damooon !
Des nuées de feuilles mortes tourbillonnaient entre les tombes, et les branches entremêlées fouettaient l'air, comme prises de folie. La jeune fille se doutait bien que Damon avait déclenché cette tempête pour l'effrayer. Mais imaginer le sort qu'il avait dû réserver à Stefan réveilla en elle une rage qui balaya ses craintes.
- Damon, espèce de salaud ! Montre-toi ! cria-t-elle à la ronde.
Une feuille morte virevolta jusqu'à ses pieds. Elle leva les yeux vers le ciel, d'un gris aussi lugubre que les sépultures autour d'elle. Elle dut se rendre à l'évidence : elle était seule avec le vent déchaîné. La déception ne fit qu'accroître sa fureur.
Elle se retourna, et poussa un cri.
Il se tenait juste devant elle, si proche qu'il la touchait presque. Elle n'avait même pas senti sa présence dans son dos ni entendu le bruit de ses pas. Mais c'était oublier les facultés surnaturelles de Damon.
Elle fit un violent effort pour ne pas prendre la fuite, comme son instinct le lui dictait, et se contenta de serrer les poings.
- Où est Stefan ?
Damon haussa les sourcils.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Elle s'avança vers lui et le gifla avec une telle force que sa tête valsa. Elle-même n'en revenait pas de son audace. La main en feu, et la respiration saccadée, elle guetta sa réaction.
Il était vêtu de noir de la tête aux pieds, comme lors de leur première rencontre. Elena remarqua pour la première fois sa frappante ressemblance avec Stefan : la même chevelure brune, le même teint pâle, la même beauté troublante...
Il se différenciait seulement de son frère par ses cheveux raides, ses yeux noirs comme un puits sans fond et son petit rictus cruel au coin des lèvres.
Il tourna lentement la tête vers Elena. La claque lui avait laissé une marque rouge sur la joue.
- Arrête de te foutre de moi, reprit-elle d'une voix tremblante, je sais qui tu es réellement. C'est toi qui as tué Tanner. Et tu est forcément pour quelque chose dans la disparition de Stefan.
- Il a disparut ?
- Ne fais pas l'innocent !
Le sourire de Damon s'évanouit.
- Je te préviens, si jamais tu lui as fait du mal...Repris Elena.
- Et alors, qu'est-ce que tu tenteras ? Tu ne peux rien contre moi !
Il disparu. Dans le silence qui suivit la jeune fille réalisa que je vent était brusquement tombé. Tout paraissait mort autour d'eux, comme si te temps s'était arrêté ; te ciel de plomb, les chênes décharnés, les hêtres pourpres et la tare elle-même semblaient s'être figés sous tes ordres de Damon. La tête rejetée en arrière, il contemplait Elena d'un air étrange.
- Je trouverai bien quelque chose pour te nuire, murmura-t-elle. Il éclata de rire.
- Je n'en doute pas !
Elena ne put s'empêcher de le contempler. Il était d'une beauté stupéfiante.
- Tu es décidément trop bien pour mon frère, déclara- t-il en lui tendant la main.
Elena résista à l'envie de la repousser d'une tape : l'idée de te toucher à nouveau la répugnait
- Dis-moi où il est !
- Plus tard,...Peut-être... Contre une petite récompense.
Comme il retirait sa main, elle remarqua la bague d'argent orné d'un lapis-lazuli- C'était la même que celle de Stefan. Elle grava ce détail dans sa mémoire.
- Mon frère n'est qu'un abruti, poursuivit-il. Il t'imagine que tu es aussi influençable que Katherine. Simplement parce que tu lui ressembles. Moi, j'ai commencer à vibrer depuis le bout de la ville. Tu as une petite qualité hors du commun, Elena. Tu pourrais devenir si puissante, tu sais...
Elena le dévisagea sans comprendre.
- Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Je veux parler de certains pouvoirs.
Il s'avança vers elle, les yeux rivés aux siens.
- Il n'oses pas te l'avouer, mais rien ne te vraiment, continua-t-il d'une voix pressante. Ce que tu désires de toute ton âme reste désespérément hors de ta portée. Mais moi je viens t'offrir quelque chose qui te comblera enfin : la puissance, la vie éternelle, et des tenations comme tu n'en as jamais eues.
Elle suffoqua de dégoût en réalisant ce que cela signifiait.
- Jamais !
- Pourquoi ? murmura Damon en la couvant de son regard envoûtant. Tu en meurs d'envie... La force qui est en toi ne demande qu'à grandir. Ça ne te plairait pas d'être la reine des Ténèbres ? Je peux t'aider à le devenir.
- Non!
Consciente du danger, elle tenta de s'arracher à lui, de ses yeux.
- Ce sera notre secret, Elena, susurra-t-il. Tu seras enfin heureuse.
Il lui effleura la gorge, et, malgré tous ses efforts, les yeux de la jeune fille se brouillèrent, nous serons réunis, toi et moi..., continua-t-il. Les doigts glacés de Damon se glissèrent sous le col
de son pull pour toujours.
Il avait atteint la petite blessure, au creux de son cou. Ce contact lui fit l'effet d'une décharge électrique. Elle retrouva brusquement ses esprits. Stefan ! Damon avait failli balayer de sa mémoire les yeux verts et le sourire mélancolique si chers à son cœur.. Elena fit un pas en arrière.
- J'ai déjà trouvé celui avec qui je veux partager ma vie, lança-t-elle d'un ton ferme.
Le visage de Damon prit une expression effrayante.
- N'essaie pas de rivaliser de bêtise avec mon frère. Je serais forcé de te réserver le même sort...
Les bourrasques avaient repris de plus belle, comme si la rage du jeune homme s'était diffusée dans l'air glacial. Elena était terrifiée.
- Dis-moi où il est, insista-t-elle pourtant.
- Je n'en sais rien. Tu ne cesseras donc jamais de penser à lui ?
- Non !
Une rafale gelée s'abattit sur elle.
- Méfie-toi, Elena, tu refus pourrait avoir des conséquences.
- Tes tentatives d'intimidation sont inutiles ! Il sais parfaitement comment échapper à ta volonté. - Je te déteste. Je te trouve... répugnant. T ne peux rien contre moi!
La bouche de Damon grimaça cruellement d'un rire sardonique.
- Ah oui ? Tu n'as pas la moindre idée de l'étendu de mes pouvoirs. Je peux faire ce que je veux de toi, et de tous tes proches. Tu l'apprendras bien assez tôt...
Lorsqu'il recula, le froid pénétra Elena jusqu'aux yeux. Sa vue se troubla, et des points lumineux se mirent à danser devant ses yeux.
- L'hiver n'est pas loin, Elena, lança-t-il par-dessus les hurlements du vent C'est une saison impitoyable, avant sa venue, je te montrerai de quoi je suis capable, « tu m'appartiendras.
Les taches blanches dans son champ de vision lui cachaient la silhouette de Damon. Elena se recroquevilla, frigorifiée, les bras serrés autour d'elle, tremblant de tout son corps.
- Stefan... gémit-elle.
La voix lointaine de Damon s'éleva de nouveau :
- Un dernier détail : inutile de chercher un frère que je l'ai tué la nuit dernière.
Elena redressa brusquement la tête, mais elle ne vit rien d'autre qu'une nuée de petits grains blancs, lui picotait le visage, s'accumulant sur ses cils. Alors seulement, elle réalisa que c'étaient des flocons de neige. Il neigeait un 1 novembre.


2.


Le cimetière était noyé dans une obscurité anormale. Malgré la neige aveuglante et ses membres engourdis, Elena renonça à emprunter le chemin du retour : elle se dirigea sans hésitation vers le pont Wickery, qu'elle devinait devant elle. Elle se souvenait effectivement que la police avait découvert la voiture de Stefan quelque part entre Drowning Creek et la forêt. Tête baissée, les bras plaqués contre le corps, et trébuchant à chaque pas, elle parvint tant bien que mal à quitter les lieux.
Sur le pont, le vent redoubla d'intensité au point de lui entraver la respiration. Elle avait la certitude que Damon mentait : si Stefan était mort, elle l'aurait senti. Mais elle ignorait où devaient s'orienter ses recherches. Il pouvait être n'importe où, blessé, à l'agonie, peut-être...
Son être tout entier était tendu vers un seul objectif le retrouver. Elle peinait de plus en plus à maintenir le cap. La route était bordée à sa droite par la forêt, et, à sa gauche, les eaux tumultueuses de la rivière. Titubant de fatigue elle profita d'une accalmie du vent pour s'arrêter. Elle avait besoin de se reposer, juste une minute.
Elle s'effondra sur le bas-côté. Un idée folle lui apparut alors : Stefan viendrait tout simplement à elle. Elle n'avait qu'à l'attendre là. Il était sans doute déjà en route...Elle ferma les yeux, appuyant la tête sur ses genoux repliés pour se réchauffer. Le bien-être l'envahit progressivement, et son esprit partit à la dérive.
Stefan se tenait devant elle, souriant. Il la prit dans ses bras, et elle se laissa aller contre lui avec un immense soulagement. Elle ne craignait plus personne maintenant qu'il était là. Soudain, il la secoua comme un prunier. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Elle était si bien ! Elle leva les yeux vers lui et découvrit un visage triste et pâle. « Elena, lève-toi », disait-il.
- Elena, essaie de te lever ! reprit une voix affolée. Je t'en supplie. Tu es trop lourde ! On peut pas te porter...
Elena battit des paupières et finit par distinguer un visage encadré de boucles rousses devant elle. De grands yeux inquiets aux cils blancs de neige la fixaient.
- Bonnie..., articula-t-elle péniblement. Qu'est-ce que... tu fais là?
- On t'a cherchée partout..., répondit une autre voix, plus grave.
En tournant la tête, Elena reconnut les beaux sourcils et le teint mat de Meredith. Son regard, d'ordinaire remplie d'ironie, trahissait une vive préoccupation.
- Elena, tu va te transformer en glaçon tu ne te leves pas.
Elle s'exécuta tant bien que mal en s'appuyant sur ses amis, qui l'aidèrent à atteindre la voiture de Meredith.
Voyant Elena trembler comme une feuille, celle-ci mit le chauffage à fond. Ses membres frigorifié revenaient à la vie. « L'hiver est une saison impitoyable », se rappela-elle tandis que la voiture démarrait.
- Qu'est-ce qui t'a pris de t'enfuir comme ça? demanda Bonnie, à l'arrière. Et pourquoi t'es venue ici ?
Elena hésita un instant. Elle avait un irrépressible besoin de déballer toute l'histoire, y comprit ce qui concernait Stefan, Damon et la mort de M. Tanner. Mais elle ne devait pas.
- Tout le monde te cherche au lycée, et ta tante est dans tous ses états, expliqua Meredith.
- Désolée.,murmura Elena en essayant de maîtriser le tremblement qui la parcourait encore.
La voiture s'arrêta devant sa maison. Tante Judith l'attendait avec des couvertures.
- Enfin, te voilà ! s'exclama-t-elle en se précipitant vers sa nièce. Tu dois être gelée ! De la neige un lendemain d'Halloween ! C'est incroyable ! Où l'avez-vous retrouvée?
- Sur la route, après le pont, répondit Meredith. Judith blêmit.
- Près du cimetière. Mais c'est là qu'ont eu lieu les agressions ! Elena, qu'es-ce qui t'a pris ?
Elle s'arrêta net en remarquant que la jeune fille claquait des dents.
- Bon. les reproches, ce sera pour plus tard ,dit-elle. Il faut d'abord te débarrasser de tes vêtements mouillés.
- Je dois y retourner ! déclara soudain Elena. Elle comprit enfin qu'elle n'avait fait que voir Stefan en rêve : celle-ci devait poursuivre les recherches.
- Certainement pas, intervint Robert, le fiancé de Judith, d'un ton catégorique.
Elena ne l'avait pas remarqué, sa présence dans un coin du salon.
- Les policiers vont retrouver Stefan. Laisse-les faire leur travail, conseilla-t-il.
- Mais ils pensent qu'il a tué M. Tanner !
Tandis que sa tante lui ôtait son pull trempé, Elena les regardait tour à tour. Tous en restaient silencieux.
- Vous savez bien qu'il n'a rien fait ! reprit-elle d'une voix désespérée.
Il n'y eut aucune réaction.
- Elena, finit par répliquer Meredith. On voudrait bien te croire. Mais, tu vois, il s'est enfui, et ça ne plaide pas en sa faveur...
- Il ne s'est pas enfui ! hurla Elena.
- Elena, calme-toi, intervint sa tante. Tu dois avoir de la fièvre. Tu n'as dormi que quelques heures la nuit dernière, et avec ce froid...
Elle lui tâta te front. La jeune fille était sur le point d'exploser : personne ne la croyait, pas même sa famille ses amies, ils étaient tous contre elle !
- Je ne fuis pas malade ! s'écria-t-elle en se dégageant. Et je ne suis pas folle non plus, comme vous avez l'air de le penser ! Stefan ne s'est pas enfui et il n'a pas tué M Tanner. D'ailleurs, je m'en fous si personne ne me croit !
L'émotion l'empêcha de continuer, et sa tante en profita pour la pousser vers l'escalier. Elle se laissa faire sans protester mais, dans sa chambre, elle refusa de s'allonger, Une fois changée, elle retourna au salon s'installer sur le canapé, près de la cheminée, enveloppée dans des couvertures.
Judith répondit au téléphone tout l'après-midi, assurant aux amis, voisins, et au proviseur qu'Elena allait bien, malgré une légère fièvre ; une bonne nuit de repos la remettrait sur pied.
Bonnie et Meredith étaient restées tenir compagnie à leur amie.
- Tu as envie de parler ? demanda cette dernière.
Elena secoua la tête, les yeux fixés sur le feu. Elle avait l'impression de n'avoir que des ennemis autour d'elle. Et tante Judith se trompait : elle n'allait pas bien. Comment le pourrait-elle alors que Stefan était en danger ?
La sonnette de la porte d'entrée retentit C'était Matt, les cheveux et la parka couverts de neige. Elena leva vers lui des yeux pleins d'espoir. Peut-être avait-il du nouveau ? Lorsqu'elle comprit qu'il ne savait rien, elle se recroquevilla davantage.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? lui demanda-elle, durement. Veiller sur moi pour tenir ta promesse ?
Matt la regarda d'un air douloureux.
- Je n'ai pas besoin de ça pour prendre de tes nouvelles. Je m'inquiète pour toi, c'est tout. Écoute...
Mais elle n'était pas d'humeur à entendre un quiconque discours.
- Je vais bien, merci. Tu n'as aucune raison de te faire du souci. Et puis, je ne vois pas pourquoi tu tiendrais une promesse faite à un assassin.
Matt lança un coup d'œil stupéfait à Bonnie et Meredith.
- T'es vraiment injuste, se lamenta-t-il.
- De toute façon, ce ne sont pas tes oignons, ajouta Elena.
Matt, vexé, tourna les talons sans un mot en direction de la sortie. Au même moment, tante Judith apparut, un plateau dans les mains.
Meredith, Bonnie, tante Judith et Robert dînèrent devant la cheminée en s'efforçant de faire la conversation. Elena n'avait pas le cœur à manger ni à parler. Sa petite sœur Margaret, âgée de quatre ans, était la seule à ne pas afficher une tête d'enterrement : elle vint avec entrain se blottir contre Elena en lui offrant ses bonbons d'Halloween. Elena la serra tendrement dans ses bras et enfouit son visage dans ses cheveux blonds en quête de réconfort. Si Stefan avait pu lui téléphoner ou lui faire parvenir un message, il l'aurait déjà fait. À moins qu'il ne fût gravement blessé, pris au piège quelque part, ou pire encore... Elle préféra ne pas penser à cette éventualité. Stefan était vivant. Le contraire était impossible. Damon avait menti.
Pourtant, il devait avoir de gros ennuis. Elle consacra toute sa soirée à tenter de mettre un plan sur pied. Une seule chose était sûre : elle ne pourrait compter que sur elle-même.
La nuit tomba. Elena s'étira en feignant un bâillement.
- Je suis fatiguée, déclara-t-elle d'une voix lasse. Et je ne me sens pas très bien. Je vais me coucher.
Meredith lui lança un regard pénétrant, avant de se tourner vers Judith.
- Il vaudrait mieux qu'on reste avec Elena, Bonnie et moi. On pourrait peut-être passer la nuit ici...
- Excellente idée, approuva la tante. Du moment que vos parents sont d'accord, je n'y vois pas d'inconvénient.
- Je crois que je vais rester là, moi aussi, affirma Robert. La route est longue jusque chez moi. Je dormirai sur le canapé.
Judith eut beau lui répéter qu'il y avait des chambres d'amis à l'étage, il s'entêta. Elena jeta un coup d'œil vers le vestibule : du canapé, la vue sur la porte d'entrée était imprenable. Elle se renfrogna davantage. Ils avaient dû manigancer ça entre eux pour s'assurer qu'elle ne leur fausserait pas compagnie.
Quand un peu plus tard, Elena sortit de la salle de bain, munit de son kimono rouge, Bonnie et Meredith étaient assises sur son lit.
- Tiens, le KGB, lança-t-elle d'un ton acide.
Bonnie regarda Meredith d'un air perplexe.
- Elle s'imagine qu'on est restées là pour la surveiller, expliquai cette dernière. C'est faux, Elena fais nous confiance !
- Je devrais?
- Oui. On es tes amies ?
Meredith sauta du lit pour aller fermer ta porte. Elle se tourna vers Elena.
- Pour une fois, tu vas m'écouter ! C'est vrai qu'on a des doutes sur Stefan.. Mais c'est ta faute aussi. Depuis que vous sortez ensemble, tu n'arrête pas de faire des cachotteries. Nous, on veux juste t'aider.
- Oui. renchérit Bonnie en combattant son émotion. Même si tu t'en fous de nous, on t'aime toujours.
Les yeux d'Elena s'embuèrent. Elle leur tomba dans les bras.
- Je suis désolée. Je sais que mon comportement paraît étrange mais je ne peux rien vous dire... À part que...
Elle recula d'un pas en s'essuyant les joues et les regarda avec gravité.
- Stefan n'a pas tué M. Tanner, même si tout l'accuse. Je le sais parce que je connais le vrai coupables. C'est celui qui a agressé Vickie et le sans-abris. Et je pense qu'il a aussi quelque chose à voir avec la mort de Yang-Tsè.
- Yang-Tsê ? s'exclama Bonnie, les yeux écarquillés. Mais pourquoi?
- J'en sais rien, mais, cette nuit-là, l'assassin était chez toi, dans ta maison. Et il était fou de rage...
Bonnie était horrifiée.
- Pourquoi tu n'as rien dit à la police ? Demanda Meredith.
- Ça n'aurait servi à rien. La police ne m'aurait pas cru... Vous devez me faire confiance, même si je ne peux rien vous expliquer.
Bonnie et Meredith échangèrent un regard intrigué. Après un instant de réflexion, celle-ci conclut:
- OK, c'est d'accord. Comment est-ce qu'on peut t'aider?
- Je ne sais pas... À moins que...
Elena leva les yeux vers Bonnie.
- À moins que tu m'aides à retrouver Stefan, dit-elle d'une voix pleine d'espoir.
Bonnie la regarda sans comprendre.
- Moi ? Mais comment ?
Elena jeta un coup d'œil à Meredith.
- Tu as deviné que vous me trouveriez dans le cimetière, l'autre fois, continua Elena. Et tu as même prédit l'arrivée de Stefan au lycée.
- Je pensais que tu ne croyais pas aux histoires paranormales, protesta Bonnie.
- J'ai changé d'avis. Et surtout, je suis prête à faire n'importe quoi pour retrouver Stefan.
- Elena, tu ne te rends pas compte, objecta Bonnie, Je n'ai pas assez d'expérience ; ça pourrait déraper et se retourner contre nous. D'autant plus qu'il n'est plus question de jouer. C'est très dangereux, tu sais.
Elena se leva d'un air de profonde réflexion, puis, au bout de quelques instants, se retourna.
- Tu as raison : ce n'est plus un jeu, et ce n'est certainement pas sans risque. Mais Stefan est gravement blessé, j'en suis sûre qu'il n'a personne pour l'aider, et il est peut-être en train de mourir... Si ça se trouve, il est même déjà....
Elle baissa la tête, prit une profonde inspiration, puis regarda ses amies. Bonnie se redressa, l'air décidé. Une expression grave, sur son visage, avait remplacé sa candeur habituelle.
- On va avoir besoin d'une bougie, dit-elle avec détermination.
L'allumette grésilla dans l'obscurité, et une lueur blême baigna le visage de Bonnie.
- Vous allez m'aider à me concentrer : fixez la flamme et pensez très fort à Stefan. Surtout, ne la quittez pas des yeux et ne dites rien.
Elena hocha la tête avec solennité. La lumière projetait des ombres mouvantes sur les trois filles assises en tailleur, dans un silence troublé seulement par leur respiration. Bonnie, les yeux clos, inspirait de plus en profondément. On aurait dit qu'elle était sur le point de s'endormir.
Stefan... Les yeux rivés à la flamme, Elena s'efforça de mobiliser tous ses sens pour faire apparaître son image dans son esprit : elle se rappelait la laine rugueuse de son pull sur sa joue, l'odeur de sa veste en cuir, ses bras musclés autour d'elle. Oh, Stefan..
Les paupières fermées de Bonnie se mirent à trembloter, et son souffle s'accéléra, comme si elle était en proie à un cauchemar. Elena ne détacha pas le regard de la bougie, mais, lorsque la voix de Bonnie rompit le silence, un frisson la parcourut.
Ce ne fut d'abord qu'un faible gémissement, qui se changea en paroles. Bonnie avait rejeté la tête.
- Je suis seul...
Les ongles d'Elena s'enfoncèrent dans ses paumes.
- .. Dans le noir, continua Bonnie d'une voix lointaine et accablée.
Il y eut un silence, puis son débit s'accéléra.
- Il fait noir et froid... Je sens quelque chose derrière moi... C'est dur et rugueux. De la pierre, je crois.... Mais je suis tellement engourdi de froid que je n'en suis pas sûr...
Bonnie s'agita, donnant l'impression de vouloir se libérer de quelque chose. Elle éclata d'un rire désespéré qui ressemblait à des sanglots.
- C'est le comble... Je n'aurais jamais pensé que la lumière du soleil me manquerait à ce point. Il fait si noir, ici. Et j'ai de l'eau glacée jusqu'au cou. Ça aussi, c'est plutôt drôle quand on y pense : il y a de l'eau partout, je meurs de soif...
Le cœur d'Elena battait à cent à l'heure. Bonnie avait pénétré les pensées de Stefan. « Qui sait ce qu'elle va y découvrir ? », songea-t-elle avec angoisse. Elle se concentra davantage : « Stefan, où es-tu ? Regarde autour de toi, dis-nous ce que tu vois.
- J'ai tellement soif... Il me faut... du sang, poursuivit Bonnie d'une voix hésitante, visiblement déroutée par ce mot. Je me sens si faible.... Il dit que je serai toujours le moins fort. Lui est si puissant... Un tueur. Mais moi aussi... J'ai tué Katherine, je mérite de mourir. Il suffit de me laisser aller...
- Non ! hurla Elena.
- Elena ! s'offusqua Meredith.
Bonnie se redressa, et le flot de paroles s'interrompit. Elena se rendit compte avec horreur de ce qu'elle venait de faire.
- Bonnie, ça va ? Je ne voulais pas... Est-ce que tu peux entrer de nouveau en contact avec lui ?
Mais son amie, les yeux grands ouverts, regardait droit devant elle, l'air hébété. Et quand elle parla, ce fut d'une voix désincarnée qu'Elena, le cœur bondissant, reconnut aussitôt. C'était celle qu'elle avait entendue dans le cimetière.
- Elena, fit-elle d'un ton sépulcral. Surtout, ne vas pas sur le pont. La mort t'y attend.
Puis elle s'effondra. Elena l'agrippa par les épaules et la secoua vigoureusement.
- Bonnie ! Bonnie !
- Qu'est-ce que... Ça va pas non ? protesta Bonnie d'une voix faible mais identifiable, elle porta la main à son front.
- Bonnie, tout va bien ? insista Elena.
- Je crois, oui... C'était super bizarre... Bonnie leva la tête en clignant des yeux.
- Elena, c'est quoi cette histoire de tueur ? demanda-t-elle aussitôt.
- Tu te souviens de ça ?
- Je me souviens de tout. C'était une sensation hallucinante. .. et atroce. Qu'est-ce que ça veut dire?
- Rien, sûrement : il délirait, affirma Elena avec toute la conviction possible.
- Il ? intervint Meredith. Tu penses que Bonnie a établi le contact avec Stefan ?
Elena approuva d'un signe de tête.
- Je ne vois pas d'autre explication. Et je crois que Bonnie nous a révélé l'endroit où il se trouve : dans l'eau, sous le pont Wickery.



3.

Bonnie la dévisagea avec étonnement
- Comment ça, sous le pont ?
- C'est toi-même qui l'as dit tout à la fin ! s'exclama Elena. Tu ne te souviens de rien, en fait !
- Je me rappelle un endroit glacial et sombre. Une sensation de solitude, de faiblesse... et de soif. Ou de faim, je ne sais plus... un besoin irrépressible de... d'un truc. L'envie de mourir, aussi. C'est à ce moment que tu as crié.
Elena et Meredith échangèrent un regard.
- Après ça, tu as continué à parler, lui expliqua Elena. Avec une voix d'outre-tombe. T\i as dit de ne pas nous approcher du pont.
- C'est toi qu'elle a mise en garde, rectifia Meredith. Elle a ajouté que la mort t'y attendait
- Je me fous de ce qui peut m'arriver là-bas, reprit Elena. Si c'est là que se trouve Stefan, j'y vais tout de suite.
- Dans ce cas, nous aussi, déclara Meredith.
Elena sembla hésiter.
- Non, c'est trop risqué. On ne sait pas ce qui peut nous tomber dessus là-bas. Il vaudrait mieux que j'y aille seule.
- Tu rigoles ? intervint Bonnie. On adooore le danger ! Je croyais t'avoir déjà expliqué que je voulais mourir jeune et belle...
- Arrête, fit Elena avec gravité. Il ne s'agit pas d'un jeu, tu l'as dit toi-même.
- En tout cas, c'est pas en restant plantées là qu'on va aider Stefan..., reprit Meredith.
Elena se résigna enfin à laisser ses amies l'accompagner. Elle se débarrassa de son kimono et ouvrit son armoire.
- Avec ce froid, on a intérêt à bien se couvrir. Prenez ce qu'il vous faut.
Prêtes à affronter les intempéries, elles se dirigèrent vers l'escalier.
- Attendez ! se ravisa Elena. On oubliait Robert, sur le canapé. Pas moyen de passer par la porte d'entrée. Même s'il dort, on risque de se faire griller...
Elles se tournèrent ensemble vers la fenêtre, la même idée en tête.
Lorsqu'elle en enjamba le rebord pour s'agripper au cognassier, Elena reçut de plein fouet la morsure de l'air glacial : elle se rappela les menaces de Damon, et frissonna.
À terre, les trois fugitives se courbèrent devant les fenêtres sombres du salon en retenant leur souffle. Elena songea soudain qu'elles devraient sans doute pénétrer dans la rivière tumultueuse : elle alla s'emparer d'une corde dans le garage avant de rejoindre la voiture de Meredith.
Le trajet se fit dans un silence tendu. En voyant la forêt défiler par la fenêtre, Elena se souvint des nuées de feuilles qui avaient dansé devant elle dans le cimetière.
- Bonnie, est-ce que les chênes ont une signification particulière ?
- Pour les druides, tous les arbres sont sacrés, en particulier ceux-là. Il paraît que leur esprit est particulièrement puissant.
Elena médita un moment les paroles de son amie. Quand, une fois au pont, elles descendirent de la voiture, la jeune fille ne put s'empêcher de jeter un regard aux arbres avoisinants : dans la nuit claire et étrangement calme, pas un souffle de vent n'en agitait les branches.
- Surtout, ouvrez l'œil et faites gaffe aux corbeaux..., chuchota-t-elle.
- Aux corbeaux ? répéta Meredith. Comme celui qui était là peu avant la mort de Yang-Tsê ?
- Oui, confirma Elena.
Le cœur battant, Elena s'approcha du pont. C'était une construction rudimentaire en bois, vieille de presque un siècle. Jadis, il était assez résistant pour supporter le passage de chariots. À présent, l'endroit était désert et hostile : personne ne l'empruntait jamais. Malgré sa précédente bravade, Bonnie ne semblait pas pressée d'avancer.
- Vous vous rappelez la dernière fois qu'on a traversé ce pont ? demanda-t-elle d'une voix mal assurée.
« Et comment... », se dit Elena. Elles s'étaient enfuies du cimetière, prises en chasse par quelque chose de terrifiant.
- On va aller voir en dessous, décida cette dernière.
- Là où le vieux s'est fait trancher la gorge..., compléta cyniquement Meredith.
Elena quitta la lumière des phares pour s'aventurer sur la beige sombre. En dérapant sur les pierres humides, elle songea à la mise en garde de Bonnie. Et si elle était vraiment en danger de mort ?
Elle chassa cette pensée pour concentrer son attention sur les environs. Elle avait beau scruter l'obscurité et tendre l'oreille, elle ne distinguait rien d'autre que la rive déserte, sous la structure fantomatique du pont, et le grondement sourd de la rivière.
- Stefan ? lança-t-elle.
Son appel se perdit dans le fracas de l'eau. Elle en fut presque soulagée: elle avait l'impression d'être comme ces gens qui demandent « Il y a quelqu'un ? » en entrant dans une maison vide tout en redoutant qu'on leur réponde.
- Laisse tomber, il n'est pas là, affirma Bonnie derrière elle.
- Comment ça ?
Bonnie observa attentivement les alentours.
- En fait, je n'ai pas entendu la rivière, tout à l'heure, expliqua-t-elle. Ni rien du tout, d'ailleurs : il y avait un silence de mort.
Elena était désespérée. Elle sentait que son amie avait raison Stefan ne se trouvait pas là.
- On doit en être tout à fait sûres, déclara-t-elle pourtant en continuant son chemin dans les ténèbres.
Mais elle dut se rendre rapidement à l'évidence : la berge était vierge de toute trace pouvant révéler une présence, et aucune tête ne dépassait de l'eau. Elena essuya ses mains boueuses sur son jean.
- On n'a qu'à aller voir sur l'autre rive, proposa Meredith.
- Ça sert à rien, allons-nous-en, décida Elena.
Elle fit demi-tour à travers les taillis, et se figea.
- Oh, non..., gémit Bonnie.
- Vite, reviens ! ordonna Meredith.
Une silhouette se dessinait dans le faisceau des phares. Elena ne distinguait pas son visage, mais elle reconnut, avec un frisson désagréable, la stature d'un garçon. Il avançait dans leur direction.
Elle fit volte-face pour courir rejoindre ses amies dans l'ombre du pont tandis que Bonnie tremblotait derrière elle, Meredith lui serrait le bras de toutes ses forces. De leur cachette, elles ne voyaient rien, mais des pas lourds résonnèrent bientôt au-dessus d'elles. Elles se cramponnèrent les unes aux autres en retenant leur respiration Enfin, l'individu s'éloigna.
« Faites qu'il s'en aille ! » songea Elena en se mordant la lèvre. Au même moment, Bonnie laissa échapper une plainte, et sa main glacée se crispa sur celle d'Elena : les pas revenaient. « Je vais me montrer, se dit Elena. C'est moi qu'il veut. Il me l'a dit. Si j'y vais, il laissera peut, être Bonnie et Meredith tranquilles. » Mais sa colère du matin était retombée : elle ne trouva pas le courage de lâcher la main de son amie.
Les pas s'arrêtèrent juste au-dessus de leurs têtes. Il y eut un silence effrayant. Puis le bruit d'une glissade.
Bonnie enfouit son visage au creux de l'épaule d'Elena, qui, folle d'angoisse, retint un gémissement impuissante, elle vit apparaître des pieds, puis des jambes.
- À quoi vous jouez ?
Dans sa panique, elle ne reconnut pas tout de suite la voix, et lorsque l'inconnu s'avança, elle faillit hurler. Une tête se pencha sous le pont. C'était Matt.
- À quoi vous jouez ? répéta-t-il, sidéré.
Bonnie releva brusquement la tête, et Meredith poussa un énorme soupir de soulagement. Elena se remit d'aplomb, les jambes flageolantes.
- Matt..., murmura-t-elle.
- Et, toi alors ? s'écria Bonnie d'une voix hystérique. Tu veux nous filer une crise cardiaque ? Qu'est-ce que tu fous là, au beau milieu de la nuit ?
Matt fixait les eaux tumultueuses en faisant tinter la monnaie dans sa poche, comme chaque fois qu'il était mal à l'aise.
- Je vous ai suivies. avoua-t-il enfin.
- Quoi ? s'indigna Elena.
Il se tourna vers elle.
- Je me suis dit que vous trouveriez sûrement un moyen de fausser compagnie à ta tante. Alors j'ai surveillé ta maison depuis ma voiture. Et je vous ai vues escalader la fenêtre...
Elena en resta sans voix. Elle était furieuse. Il avait évidemment agi ainsi pour tenir sa promesse à Stefan ; mais en l'imaginant dans sa vieille Ford, sans doute frigorifié et l'estomac vide, elle eut un pincement au cœur. Elle s'approcha du garçon, perdu de nouveau dans la contemplation de la rivière.
- Excuse-moi de t'avoir traité comme ça tout à l'heure, dit-elle doucement. Et aussi de...
Elle chercha vainement ses mots. « De tout ce que je t'ai fait », pensa-t-elle tristement.
- Et moi, je suis désolé de vous avoir filé la trouille. Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
- Bonnie pensait que Stefan se trouvait là, confessa Elena.
- C'est faux, protesta celle-ci. Je n'arrête pas de vous affirma le contraire. Il est dans un endroit silencieux et fermé. C'est en tout cas ce que j'ai vu, dit-elle à Matt.
Il la regarda sans comprendre.
- Il y avait des rochers, continua-t-elle. mais pas comme ceux-là.
Le jeune homme jeta un regard ahuri à Meredith.
- Bonnie a eu une vision, expliqua-t-elle.
Il fit un pas en arrière, l'air d'hésiter entre s'enfuir à toutes jambes et les emmener à l'asile le plus proche.
- C'est pas une blague, intervint Elena. Bonnie est médium... Je sais, j'ai toujours dit que je ne croyais pas ce genre de trucs, mais tout le monde peut se tromper. Ce soir, elle est entrée en contact avec... l'esprit de Stefan. Elle a vu où il se trouve, ou du moins... presque.
- Ah ! d'accord, tout s'explique..lança Matt ironiquement.
- Arrête, c'est la pure vérité ! répliqua Elena. Bonnie a capté les pensées de Stefan. Elle nous a dit des chose« que lui seul pouvait savoir. Et elle a perçu l'endroit où il est pris au piège.
- Pris au piège, oui, c'est exactement ça! reprit Bonnie. C'était pas un lieu à ciel ouvert, comme ici. Pourtant, il avait de l'eau jusqu'au cou. Et il était entouré de rochers couverts de mousse. L'eau était glacée, stagnante, et sentait mauvais.
- Qu'est-ce que t'as vu d'autre ? la pressa Elena.
- Rien. Pas la moindre lumière. Il faisait noir comme dans une tombe.
- Une tombe....
Un frisson parcourut Elena. Elle pensa à l'église en ruine et au tombeau des Fell. À la dalle de marbre déplacée.
- Mais dans une tombe, il n'y aurait pas autant froid,objecta Meredith.
- Non...» répondit Bonnie. Mais qu'est-ce que ça pourrait être alors ? Et puis, Stefan était presque inconscient : il était faible et blessé. Il avait très soif et...
Elena s'apprêtait à faire taire Bonnie, lorsque Matt intervint.
- J'aurais bien une idée.
Les trois filles avaient presque oublié sa présence.
- Tu penses à un puits ? devina Elena.
- Exactement, approuva Matt. En tout cas, ça y ressemble.
- Qu'est-ce que t'en dis, Bonnie ? demanda Elena.
- Possible, émit Bonnie après un moment de réflexion. C'était étroit, et les rochers pourraient bien être des parois. Mais j'aurai dû voir des étoiles, ou tout du moins un peu de lumière...
- Pas s'il est fermé, reprit Matt. Il y a pas mal de puits désaffectés dans les vieilles fermes de la région. Certains sont couverts pour éviter les accidents. C'est ce que mes grands-parents ont fait.
- Mais oui, c'est sûrement ça ! approuva Elena, tout excitée.
- Exactement ! renchérit Bonnie sur le même ton. Ça expliquerait l'impression de souterrain que j'avais.
- À ton avis, Matt, s'enquit Meredith avec son calme habituel, il y a combien de puits à Fell's Church ?
- Plusieurs dizaines probablement. Mais assez peu de puits fermés. Si quelqu'un a jeté Stefan au fond de l'un d'eux, c'est forcément dans un endroit isolé. Une ferme abandonnée, par exemple.
- Sa voiture a été retrouvée sur cette route, fit remarquer Elena.
- Il y a la ferme des Franeher, pan loin, ici. Dit Matt.
Ils se regardèrent en silence, Il s'agissait d'un vieux bâtiment abandonné depuis presque un siècle, dont la plupart des habitants avaient oublié l'existence. Il se trouvait au milieu de la forêt, envahi par la végétation.
- Allons-y, décida Matt.
- Alors, tu nous crois maintenant ? demanda Elena en posant la main sur son bras. Il détourna les yeux.
- J'en sais rien. Mais je viens avec vous.
Bonnie monta dans la voiture du jeune homme. Meredith et Elena, après s'être engouffrées dans l'autre véhicule, les suivirent à travers les bois, dans un petit sentier qui devint vite impraticable.
- Il va falloir continuer à pied, décida Matt.
Tous descendirent, Elena se félicita d'avoir emporté une petite corde : si Stefan se trouvait dans le puits des Franeher, elle leur serait bien utile, Mais s'il n'y était pas... Elle préféra ne pas y penser.
Les branches mortes qui jonchaient l'épais sous-bois ralentissaient leur progression. L'obscurité n'arrangeait rien, et, pour achever leur gêne, des papillons de nuit leur effleuraient les joues de leurs ailes invisibles. Ils finirent par déboucher dans une clairière, où ils découvrirent les fondations de la maison en ruine, assaillie par les ronces.
Au milieu de l'amas de pierres bancales, la cheminée se dressait. intacte.
- Le puits doit être quelque part derrière, suggéra Matt.
Ils se dispersèrent à sa recherche. Au bout d'un moment, Meredith les héla et ils se regroupèrent autour d'une dalle qui disparaissait presque entièrement sous les mauvaises herbes.
Matt s'accroupit pour l'examiner.
- Elle a été déplacée récemment, déclara-t-il.
Elena sentit son pouls s'accélérer.
- Il faut la soulever, dit-elle d'une voix pressante.
Matt entreprit de la faire bouger, mais elle était si lourde que les trois filles durent l'aider : à eux quatre, ils parvinrent à la déplacer de quelques centimètres en s'arcboutant. Matt eut alors l'idée de glisser une grosse branche dans l'interstice qui s'était formé pour faire levier. Il y eut enfin assez d'espace pour permettre à Elena de passer la tête. Elle scruta le fond, partagée entre espoir et désillusion.
- Stefan ?
Ce fut un moment d'angoisse atroce : penchée au- dessus du sinistre trou, elle attendit une réponse, le cœur battant à tout rompre. Seule la chute de cailloux délogés par ses mouvements vint rompre le silence. Elle allait se relever, découragée, lorsqu'une voix faible résonna tout en bas.
- Elena ?
- Stefan ! s'exclama t elle, éperdument, C'est moi ! on va te sortir de là. Ça va ? Tu es blessé ?
Elle était tellement excité qu'elle faillit tomber au fond du puits à force de se pencher. Matt la rattrapa de justesse.
- Tiens bon, Stefan ! cria t elle. On a une corde pour te remonter, Comment tu te sens ?
Un faible rire lui parvint aux oreilles,
- Je me suis déjà. senti mieux, répondit Stefan d'une voix presque imperceptible. Mais je suis... vivant. Qui est avec toi ?
- C'est moi ! Matt, cria le garçon, qui s'accroupit au-dessus du trou. Meredith et Bonnie sont là aussi. Je vais te lancer une corde...
Il se tourna vers cette dernière en ajoutant, moqueur
- À moins que Bonnie n'arrive à te faire sortit par lévitation !
La jeune fille lui donna un petit coup sur la tête.
- C'est pas le moment de rigoler, rétorqua-t-elle. Sors-le plutôt de là !
- À vos ordres, chef !
Il jeta la corde dans le puits.
- Tiens, Stefan, Noue ça autour de toi !
- D'accord, se résigna-t-il.
Il était conscient que son extrême faiblesse allait rendre l'entreprise particulièrement difficile, Ils durent en effet se mettre à quatre pour le sortir; enfin a trois, car la contribution de Bonnie consista seulement à répéter sur tous tes tons « Allez encore un petit petit effort », dès qu'ils s'arrêtaient pour reprendre leur souffle.
Au bout d'un quart d'heure éprouvant, les mains ensanglantées de Stefan apparurent enfin. Il agrippa le bord du trou, et Matt l'attrapa sous les aisselles. Tel un pantin désarticulé, il se laissa aller, à bout de forces, dans les bras d'Elena, Il avait les mains glacées et couvertes d'entailles, le teint cireux, et les yeux profondément cernés.
Elena leva un regard angoissé vers ses compagnons,
- On ferait mieux de l'emmener à l'hôpital, déclara Matt, qui partageait l'inquiétude de la jeune fille.
- Non.,., fit la voix rauque de Stefan.
Il remua faiblement et leva la tête vers Elena.
- Pas... de médecin,.., l'implora-t-il de ses yeux verts. Promets-le-moi, Elena,
Les larmes brouillèrent la vision de la jeune fille.
- Je te le promets.
Et il perdit connaissance.


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