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قديم 02-05-10, 03:30 PM   #9

sanaafatine

نجم روايتي

 
الصورة الرمزية sanaafatine

? العضوٌ??? » 106902
?  التسِجيلٌ » Jan 2010
? مشَارَ?اتْي » 5,219
?  نُقآطِيْ » sanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond reputesanaafatine has a reputation beyond repute
افتراضي

4.


- Mais il doit absolument voir un médecin ! protesta Bonnie. T'as vu dans quel état il est !
- C'est hors de question ! Je ne peux rien vous expliquer pour l'instant. On va déjà le ramener chez lui. Il est trempé et frigorifié. On discutera de tout ça là-bas.
Transporter Stefan à travers les bois ne fut pas une mince affaire. Quand ils l'allongèrent enfin sur la banquette arrière de la voiture, les quatre amis étaient à bout de forces, couverts d'égratignures, et trempés par les vêtements dégoulinants du blessé. Elena prit place à ses côtés et lui cala la tête sur ses genoux. Meredith et Bonnie s'installèrent dans l'autre voiture.
Après un court voyage, ils s'arrêtèrent devant la grande bâtisse de brique rouge où logeait Stefan.
- Il y a de la lumière, fit remarquer Matt. Mme Flowers est sûrement debout. Mais la porte doit être fermée à clé.
Elena posa délicatement la tête de Stefan sur la ban. quette pour sortir de la voiture. A l'étage, les rideaux d'une fenêtre s'écartèrent, et une forme humaine se profila dans l'embrasure.
- Madame Flowers, c'est Elena Gilbert ! Nous avons retrouvé Stefan ! Laissez-nous entrer !
La silhouette resta immobile et silencieuse.
- Madame Flowers, Stefan est là, insista Elena en désignant la voiture. S'il vous plaît, ouvrez-nous !
- Elena, cria soudain Bonnie du perron. C'est ouvert !
La jeune fille jeta un œil vers son amie, puis regarda de nouveau la fenêtre. À ce moment, le rideau retomba et la lumière s'éteignit.
« Bizarre », se dit-elle. Elle n'eut pas le loisir d'y réfléchir davantage, car elle dut aider Meredith et Matt à extirper Stefan de la voiture, puis à le porter en haut des marches.
À l'intérieur, Elena guida ses compagnons jusqu'à l'escalier qui faisait face à l'entrée. Ils parvinrent tant bien que mal au premier, où ils entrèrent dans une chambre. Là, Elena demanda à Bonnie d'ouvrir une petite porte qui révéla une autre volée de marches, étroites et très sombres.
Tandis qu'ils reprenaient leur ascension, portant Stefan toujours inconscient, Matt fit remarquer en haletant :
- Faut- être dingue pour laisser...la porte ouverte...Après ce qui c'est passé...
- C'est bien ce qu'elle est..., répliqua Bonnie atteignant ta porte en face de l'escalier. La dernière fois qu'on est venue ici, elle racontait des trucs étranges....
Elle poussa un petit cri
- Qu'est-ce qui ce passe ? s'inquiéta Elena, En arrivant sur le seuil elle eut la réponse à sa question, Elle avait oublié l'état dans lequel Stefan avait laissé sa chambre. Les malles à vêtements gisaient renversées sur le sol comme si elles avaient volé à travers la pièce. Leur contenu était éparpillé un peu partout, ainsi que les objets qui ornaient d'habitude les meubles, eux-mêmes jetés à terre, Le vent glacial s'engouffrait par une fenêtre brisée, Seule rescapée du désastre, une lampe allumée projetait des ombres sinistres au plafond.
- Quel foutoir ! Mais Qu'est-ce qui s'est passé? S'exclama Matt.
- Je ne sais pas trop, répondit Elena en l'aidant à étendre Stefan sur son lit.
- C'était déjà dans cet état hier soir. Matt, tu veux bien m'aider à le déshabiller ? Il faut trouver quelque chose de sec à lui mettre,
- Je vais chercher une autre lampe, proposa Meredith,
- Pas la peine ! s'empressa de déclarer Elena, On voit assez comme ça. Essaie plutôt d'allumer un feu.
Elle saisit un peignoir qui pendait d'une malle béante, Puis entreprit avec Matt d'ôter les vêtements trempés de Stefan. Lorsqu'elle voulut lui enlever son pull, la vue de son cou 1a pétrifia.
- Matt..., dit-elle comme si de rien n'était. Pourrais-tu.., pourrais-tu me passer cette serviette ? Dès qu'il tourna le dos pour s'exécuter, elle débarrassa à toute vitesse Stefan de son vêtement et l'enveloppa dans son peignoir. Elle lui entoura ensuite le cou avec la serviette que Matt lui avait tendue. Son cœur bondissait dans sa poitrine. Mon Dieu ! Pas étonnant qu'il soit si faible..,. Elle devait l'examiner pour évaluer la gravité de son état. Mais c'était impossible avec les autres dans les jambes !
- Je vais appeler un médecin, dit Matt en dévisageais Stefan, Il en a besoin, c'est évident
Elena fut saisie de panique.
- Non, Matt, surtout pas ! Il... il a une trouille terrible des médecins. Si tu en amènes un ici, il réagira très mal.
C'était la vérité... pour partie, en tout cas. De toute façon, elle seule pouvait aider Stefan. En présence des autres, elle dut se contenter de frotter énergiquement ses mains glacées entre les siennes, tout en réfléchissant au dilemme qui se posait Si elle décidait de protéger le secret de Stefan, elle ne pourrait pas le soigner et il mourrait sans doute. Mais si elle avouait la vérité à ses amis, elle le trahissait Sans compter qu'elle ne savait pas comment ils réagiraient
Non, impossible de prendre ce risque. La réalité elle-même horrifiée au point qu'elle avait cru devenir folle. Et pourtant, elle l'aimait... Alors, qu'en serait-il de ses camarades ? Et puis, il y avait le meurtre de Tanner. En découvrant la véritable nature de Stefan, il ne croiraient plus une seule seconde à son innocence.
Elena ferma les yeux. Non, décidément, c'était beaucoup trop dangereux. Elle ne devait confier cette histoire à personne, pas même à ses meilleurs amis. Elle ne devait compter que sur elle-même.
Elle eut soudain une idée.
- Il a peur des médecins, mais peut-être qu'une infirmière l'intimidera moins, déclara-t-elle. Bonnie, est-ce que ta sœur pourrait venir ?
L'intéressée jeta un coup d'œil à sa montre.
- Cette semaine, elle est de permanence le soir... mais à cette-heure-ci, elle doit être rentrée. C'est juste que...
- Dans ce cas, Matt, tu vas aller chercher Mary avec Bonnie. Si elle juge que Stefan a besoin d'un médecin, je ne m'y opposerai pas.
Matt sembla hésiter un instant
- Bon, d'accord, finit-il par dire. À mon avis c'est une perte de temps, mais puisque tu insistes... Viens, Bonnie, on fonce... J'espère qu'il n'y aura pas de radar sur la route.
- T'as rien à craindre avec ton épave ambulante..., railla celle-ci en lui emboîtant le pas.
Meredith, immobile près de la cheminée, dévisageait Elena avec une insistance gênante. Celle-ci s'efforça de soutenir son regard.
- Tu n'as qu'à les accompagner..suggéra-t-elle.
- Ah bon?
Son amie ne cessait de la fixer d'un air interrogateur Pourtant, elle finit par suivre les autres.
Elena attendit que la porte d'entrée se referme pour se redresser en toute hâte la lampe sur la table de nuit et l'allumer. Elle allait enfin établir le bilan des blessures de Stefan.
Il était du même blanc cadavérique que le gisant de marbre, sur le tombeau de Thomas Fell. Les entailles qui lui zébraient les mains étaient à vif. Elle lui tourna la tête pour examiner son cou tout en palpant sa propre gorge : les blessures du jeune homme n'avaient rien de comparable avec les deux petites piqûres qu'il lui avait laissées. C'étaient des lacérations profondes qui ressemblaient à l'œuvre d'un fauve déchaîné...
Une rage noire envahit Elena. Elle n'avait jamais autant haï Damon qu'à cet instant. Il allait lui payer très cher ! La vision d'un pieu de bois frappa son esprit : avec quel plaisir elle lui en transpercerait le cœur !
Elena reporta son attention sur Stefan : il était immobile au point qu'elle le crut soudain mort
- Stefan ! appela-t-elle.
Elle le secoua. Il n'eut aucune réaction. Plaquant son oreille sur son torse, elle guetta les pulsations de son cœur Il battait encore, mais si faiblement...
Son regard affolé s'arrêta sur les éclats de verre qui jonchaient le sol, sous la fenêtre. Elle en ramassa. Son bord tranchant étincela à la lueur du feu : c'était une arme redoutable. Serrant les dents, elle s'en entailla le doigt.
La douleur lui arracha un cri. Mais elle n'avait pas le temps de s'attarder sur sa souffrance. Elle porta son doigt ensanglanté aux lèvres de Stefan et lui prit doucement la main. Puis, elle attendit.
Au bout de quelques minutes, la bouche du jeune homme frémit sur son doigt : elle perçut une faible tentative de succion. Sa cage thoracique se souleva légèrement Enfin, il battit des paupières et sa main pressa celle d'Elena. Celle-ci n'eut pas l'ombre d'une hésitation : elle baissa son col roulé pour dégager son cou.
- Non, protesta Stefan dans un murmure.
- On n'a pas le choix, Stefan. Les autres vont revenir avec une infirmière. J'ai été forcée d'accepter. Si tu ne te remets pas vite, elle t'enverra à l'hôpital, et là...
Elle laissa sa phrase en suspens, tant l'idée de ce que découvrirait un médecin la terrifiait.
Stefan détourna pourtant la tête.
- Non, reprit-il, trop dangereux. J'ai... déjà... trop bu... hier soir.
Hier soir... Elena avait l'impression que ça faisait un siècle.
- Mais je n'en mourrai pas ! demanda-t-elle. Hein, Stefan ? Ça ne me tuera pas ?
- Non, mais...
- Alors, il n'y a pas à hésiter !
Elena ne put s'empêcher d'admirer sa détermination. Il avait l'air d'un crève-la-faim au supplice devant un banquet, et pourtant, il continuait de protester. Décidés, il était encore plus têtu qu'elle...
- Mets-y un peu du tien, ou je serai obligée de m'ouvrir les veines...
Elle lui avait mis son doigt entaillé sous le nez eu espérant que la tentation serait la plus forte. Et en effet, Stefan, les pupilles dilatées, fixait avec convoitise h goutte de sang qui s'y était formée.
- Je... j'ai peur de... de ne pas pouvoir me maîtriser...
- Ne t'inquiète pas, chuchota Elena.
Elle se pencha au-dessus de lui et ferma les yeux. La bouche froide et desséchée de Stefan chercha contre sa gorge la morsure qu'il avait déjà faite. Lorsque ses canines s'enfoncèrent dans la chair de la jeune fille, elle s'efforça de ne pas tressaillir.
Peu à peu, la faim du jeune homme s'apaisa. Elle était si heureuse de le nourrir de son propre sang et de voir ses forces lui revenir grâce à elle !
Au bout d'un moment, Stefan tenta de la repousser sans qu'elle comprenne pourquoi.
- Ça suffit, murmura-t-il d'une voix éraillée.
Elle s'arracha à contrecœur à sa douce béatitude. Au fond des yeux verts de Stefan luisait l'avidité farouche du prédateur.
- Mais non, protesta Elena. Tu es encore faible.
- Ça suffit pour toi, insista-t-il avec une note malheureuse dans la voix. Si je continue, je risque de te transformer... Éloigne-toi immédiatement !
Elena s'écarta aussitôt, laissant Stefan se redresser et rajuster son peignoir, il avait repris des couleurs.
- Tu m'as tellement manqué..,, murmurât-elle,
Elle soupira profondément, soulagée de cette heureuse issue. La tension nerveuse et l'angoisse éprouvées depuis toutes ces heures l'avaient enfin quittée. Stefan était vivant, devant elle... Tout allait s'arranger, finalement.
- Elena,.,
Aimantée par l'intensité do son regard, elle s'approcha de lui. Soudain, il éclata de rire.
- Dans quel état tu es !
Elle baissa les yeux sur ses vêtements. Son jean et ses chaussures étaient couverts de boue, son anorak déchiré perdait son duvet, et, en passant la main dans ses cheveux, elle sentit d'énormes nœuds. Quant à son visage, elle préférait ne pas y penser. Elena Gilbert, la reine du lycée, toujours impeccable jusqu'au bout des ongles, ressemblait maintenant à une clocharde !
- J'adore ton nouveau look ! continua Stefan, hilare.
Elena éclata de rire à son tour, mais la porte qui s'ouvrit l'interrompit brusquement. Elle remonta hâtivement le col de son pull, et vérifia autour d'elle qu'aucun indice ne pût les trahir. Stefan s'essuya discrètement les lèvres.
- Eh ben, ça va drôlement mieux, on dirait ! s'exclama Bonnie en entrant dans la chambre.
Matt et Meredith, derrière elle, affichaient un air à la fois surpris et soulagé. La fille qui les accompagnait était à peine plus âgée qu'eux, mais l'autorité qu'elle dégageait la vieillissait, Mary se dirigea droit vers son patient et lui prit le pouls.
- Alors comme ça, tu as peur des médecins, dit-elle en guise de préambule.
Un instant décontenancé, Stefan répliqua, embarrassé:
- Oui, c'est une sorte de phobie qui remonte à l'enfance...
Il glissa un regard à Elena, qui eut un petit sourire.
- Enfin, bref, s'empressa-t-il d'ajouter, comme vous pouvez le constater, je n'en ai pas besoin. tu
- Je vais en juger par moi-même, OK ? Le pouls est régulier... même s'il est étonnamment lent... tu n'as pas m l'air en état d'hypothermie, mais tu as encore froid...Voyons ta température.
- Je ne pense pas que ce soit nécessaire, objecta-t-elle. Mais Stefan d'un ton persuasif qu'Elena connaissait bien.
Elle savait ce qu'il tentait de faire. Mais cela sembla sans effet sur Mary.
- Déboutonne ta chemise, s'il te plaît, ordonna-t-elle.
- Donne ! Je vais le faire, intervint Elena. Tout dans son empressement pour prendre le thermomètre, il lui échappa des mains et alla se briser en mille morceaux sur le plancher.
- Oh ! Je suis désolée !
- De toute façon, je n'ai pas de fièvre, insista Stefan. Mary contempla les dégâts par terre. Son regard attiré par les objets éparpillés au sol. Les mains sur ses hanches, elle se tourna vers Stefan.
- Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
-Rien de spécial, répliqua Stefan sans ciller. Mme Flowers n'est pas très douée pour le ménage, c'est tout.
Elena faillit pouffer de rire, et Mary ne put s'empêcher de sourire.
- Je suppose qu'il est inutile d'espérer une réponse sérieuse, dit-elle en croisant les bras. Bon, apparemment, tu n'as rien de grave. Je ne peux pas te forcer à aller à l'hôpital, mais je te conseille fortement de consulter un médecin demain.
- Merci, se contenta de répondre Stefan.
- Elena, qu'est-ce qui t'arrive ? s'exclama soudain Mary. Tu es toute blanche !
- Ça doit être la fatigue. La journée a été longue...
- Dans ce cas, rentre vite te mettre au lit. Tu ne fais pas d'anémié, par hasard ?
Elle était donc si pâle ?
- Non, je suis juste crevée, lui assura-t-elle. On va tous rentrer maintenant que Stefan se sent mieux... Il l'approuva d'un signe de tête.
- Je voudrais parler à Elena une minute, dit-il aux autres.
Ceux-ci sortirent aussitôt.
- Bonne nuit, repose-toi bien, lui souhaita Elena à voix haute, en le serrant dans ses bras. Puis elle chuchota : Pourquoi est-ce que tu n'as pas utilisé tes pouvoirs sur Mary ?
- C'est ce que j'ai fait, lui souffla-t-il. Du moins, j'ai essayé. Je dois être encore trop faible. Mais, ne t'inquiète pas, ça va revenir.
- Sûrement, répliqua Elena, tentant de cacher son inquiétude. Tu crois que tu peux rester seul ? Et si...
- Ça va aller. C'est toi qui ne devrais pas rester seule la mit-il en garde. Tu sais, tu avais raison : Damon est à Fell's Church.
- C'est lui qui t'a fait ça ? demanda-t-elle en décidant de passer sous silence sa rencontre du cimetière.
- Je... je ne me souviens pas. Mais il est dangereux. Demande à Bonnie et Meredith de rester avec toi, cette nuit, d'accord ? Et fais en sorte que personne n'invite quiconque chez toi.
- Promis, lui assura-t-elle avec un sourire réconfortant.
- Je suis très sérieux, tu sais.
Elle hocha la tête.
- On fera attention, ne t'inquiète pas.
Ils s'embrassèrent tendrement, puis leurs mains entrelacées se séparèrent à contrecœur.
- Et remercie les autres pour moi....
- D'accord.
Elena rejoignit le petit groupe devant la pension. Mary avait l'air soupçonneux : elle devait s'interroger sur les événements de la nuit. Matt lui proposa de la reconduire pour laisser Bonnie et Meredith rentrer avec Elena.
Stefan ma dit de vous remercier tous, se souvint elle une fois Matt et Mary partis.
- Humm , de rien, répondit Bonnie dans un bruyant bâillement tandis que Meredith ouvrait la portière.
Celle-ci ne fît aucun commentaire. Elle n'avait quasiment pas ouvert la bouche depuis qu'ils étaient allés chercher Mary. Soudain, Bonnie éclata de rire.
- On a tous oublié un truc..., déclara-t-elle, la prophétie !
- Quelle prophétie ?
- À propos du pont. Tu sais, ce que je suis censée avoir dit. Tu vois. tu y es allée et tu n'es pas morte... Tu as sans doute mal compris.
- Non, intervint Meredith, on a très bien compris.
- Alors, il s'agit peut-être d'un autre pont, réfléchit Bonnie.
Bonnie ferma les yeux, toute frissonnante, sans avoir le courage de finir sa phrase. « Ou bien, c'est pour plus tard » pensa Elena. À l'instant où Meredith fit démarrer la voiture, une chouette lança un ululement lugubre, comme un présage funeste.



5.


Samedi 2 novembre
Quand je me suis réveillée tout à l'heure, fêtais dans un état vraiment bizarre : à la fois très faible (je me suis écroulée en mettant un pied par terre !), et très... bien. Comme sur un petit nuage. Je n'ai même pas paniqué en voyant que j'arrivais à peine à marcher.
J'ai aussitôt pensé à Stefan : je me suis traînée en bas, mais tante Judith m'a expédiée illico au lit en me répétant que je devais me reposer. Elle a ajouté que Bonnie et Meredith étaient parties depuis quelques heures après avoir essayé de me réveiller. Mais je dormais trop profondément.
Bref, je suis obligée de rester dans ma chambre. Tante Judith m'a apporté une télé. C'est sympa, mais je préfère rester allongée à écrire.
J'attends que Stefan m'appelle. Il avait dit qu'il téléphonerait: Ou peut-être que non. Je ne sais pas. Quand il appellera, il faudra que je
Dimanche 3 novembre, 10 h
Je viens de relire ce que j'ai écrit hier, et je suis sciée ! Qu'est-ce qui m'a pris de m'arrêter au beau milieu d'une phrase ? Et je ne me souviens même pas de ce que je voulais écrire ! J'étais vraiment dans les vapes...
Bref, ceci est l'inauguration officielle de mon nouveau journal. Je l'ai acheté à la papeterie du coin. Il n'est pas aussi beau que l'ancien, mais tant pis. De toute façon, ça m'étonnerait que je retrouve l'autre. Quand je pense que quelqu'un doit être en train de lire mes pensées les plus intimes, j'ai des envies de meurtre ! C'est l'humiliation de ma vie... Ce n'est pas que j'ai honte, pas du tout. Mais j'ai écrit des trucs vraiment perso, notamment tout ce que je ressens quand Stefan m'embrasse, et me serre dans ses bras... Je sais que Stefan n'apprécierait pas non plus.. .
Heureusement, je n'ai rien écrit sur son secret parce qu'à ce moment-là, je n'en savais rien. Depuis que je suis au courant, je me sens encore plus proche de lui .
J'ai l'impression de l'avoir attendu toute ma vie! Ça peut paraître bizarre que j'aime quelqu'un comme ça c'est vrai qu'il est parfois violent et que son passé pas très clair: Mais je suis certaine qu'il ne me fera tenais de mal. Il souffre tellement... Je veux le guérir de sa culpabilité.
Je ne sais pas comment les choses vont tourner. Pour le moment, l'essentiel, c'est que Stefan soit sain et sauf. Je suis passée à la pension tout à l'heure : Stefan m'a dit qu'il avait eu la visite des flics. Il n'a pas pu s'en débarrasser grâce à ses pouvoirs parce qu'il était trop faible. De toute façon, ils vont juste interrogé comme témoin. Ils ont été plutôt sympas avec lui, ce qui me paraît louche. C'est peut-être une tactique pour essayer de le coincer...
D'accord, les crimes ont commencé après son arrivée à Fell's Church. Et alors ? Ça ne prouve rien. Et le fait qu'il se soit engueulé avec Tanner cette nuit-là n'est pas une preuve non plus : tout le monde se disputait avec ce prof. Il a disparu après la découverte du corps ? Maintenant, il est là et il a lui-même été attaqué par l'assassin, c'est évident. Mary a raconté à la police dans quel état on l'a retrouvé. Et Matt, Bonnie, Meredith et moi pouvons tous témoigner. Il n'y a aucune preuve contre lui.
Stefan et moi en avons longuement parié. C'est tellement génial d'être de nouveau ensemble ! Mais il est encore très faible. Il ne se souvient toujours pas comment il s'est retrouvé au fond de ce puits. Il m'a raconté qu'il est allé voir Damon après mon départ, mardi soir. Ils se sont battus... Alors, pas la peine d'être un génie pour comprendre comment il a atterri dans ce trou !
Je ne lui ai toujours pas dit que j'ai vu Damon dans le cimetière. Je lui raconterai ça demain. Il va être fou surtout quand il saura tout ce que Damon m'a balancé.
Bon, j'arrête pour aujourd'hui. Je suis crevée. fois, ce journal sera bien caché...
Après avoir relu sa dernière phrase, Elena ajouta :
P.'S. : Je me demande qui sera notre prochain prof d'histoire.
Elle glissa le journal sous son matelas et éteignit la lumière.
Depuis le matin, le vide se faisait autour d'Elena. D'habitude, où qu'elle aille, tout le monde s'empressait de lui dire bonjour. Aujourd'hui, rien. Les regards se détournaient à son approche, les élèves faisant mine de se plonger dans des occupations qui les obligeaient, comme par hasard, à lui tourner le dos.
Elle s'arrêta sur le seuil de la salle d'histoire. Plusieurs lycéens étaient déjà installés à leur place, et un inconnu se trouvait au tableau. Avec ses cheveux blonds mi-longs et son allure sportive, il ressemblait à un type de leur âge- Après avoir inscrit son nom à la craie - Alaric Saltzman- il se retourna en lui adressant un sourire.
Au moment où elle s'asseyait, Stefan entra, précéda d'un petit groupe. Il s'installa à ses côtés sans un bruit. D'ailleurs, un silence inhabituel régnait dans la classe.
Bonnie prit place non loin d'elle. Quelques sièges plus loin. Matt gardait les yeux fixés droit devant lui.
Caroline et Tyler arrivèrent les derniers. Son ex-meilleure amie affichait une mine réjouie. Qu'est-ce qu'elle mijotait encore celle-là ? Son sourire rusé et la lueur sournoise dans ses yeux ne lui disaient rien qui vaille. Quant à cet abruti de Tyler, il avait l'air très fier de lui. Ses coquards ne se voyaient presque plus. Dommage !
- Pour commencer, on va mettre les tables en cercle.
L'attention d'Elena se reporta sur le nouveau professeur.
- De cette façon, celui qui prendra la parole s'adressera à tout le monde, expliqua-t-il sans se départir de son expression joyeuse.
Les élèves s'exécutèrent sans enthousiasme, et le remplaçant de M. Tanner s'installa au milieu du cercle, à califourchon sur sa chaise.
- Parfait ! Mon nom est écrit au tableau : Alaric Saltzman. Mais vous pouvez m'appeler Alaric. Avant de me présenter, j'aimerais que vous vous exprimiez, le sais que vous traversez un moment difficile : un de vos enseignants est décédé, et c'est douloureux pour tout le monde. Je veux vous donner l'occasion d'extérioriser cette souffrance. Ensuite, nous pourrons travailler ensemble dans la sérénité, et bâtir entre nous une relation de confiance. Qui veut commencer ?
On aurait entendu une mouche voler.
- Voyons... si nous commencions par toi ? proposa- t-il avec un sourire encourageant à une blonde au premier rang.
- Donne-moi ton nom et tes impressions sur ce qui c'est passé.
La jeune fille se tortilla sur sa chaise puis se leva,
- Je m'appelle Sue Carton et... euh... Elle respira un bon coup.,.. et j'ai peur parce que l'assassin court toujours. La prochaine fois, ça sera peut-être mon tour.., Elle se rassit précipitamment,
Merci, Sue, Je suis sûr que beaucoup de tes camarades partagent tes craintes. J'ai cru comprendre que certains d'entre vous se trouvaient là au moment du draine c'est bien ça ?
Les élèves étaient visiblement très mal à l'aise. Seul Tyler semblait content d'aborder le sujet. Il se leva avec assurance, dévoilant ses dents blanches dans un grand sourire.
- La plupart d'entre nous étaient là, corrigea-t-il.
Il glissa un regard en coin vers Stefan, et plusieurs autres on firent autant.
- Je suis arrivé après que Bonnie a découvert le corps, poursuivit Tyler. C'est dramatique ! Un psychopathe se balade dans les rues sans que personne ne fasse rien pour l'arrêter !
Il se rassit.
- D'accord, merci. Donc, pas mal d'entre vous se trouvaient là. Cela rend le problème encore plus délicat. Peut-on avoir le témoignage de l'élève qui a découvert le corps ?
Bonnie leva une main hésitante.
- C'est moi qui l'ai trouvé, murmura-t-elle. Enfin plus exactement, je me suis aperçu que M Tanner ne faisait pas semblant d'être mort.
- Pus semblant ? répéta Alaric Salztman, stupéfait, C'était donc une habitude pour lui de faire le mort ?
Il y eut quelques rires étouffés ce qui sembla plaire au professeur, qui sourit de plus belle. Elena jeta un œil à Stefan : il arborait sa mine des mauvais jours,
- Non, non, répondit Bon rue d'un air grave. Il jouait un sacrifié dans la Maison Hantée et il était donc couvert de faux sang, C'est moi qui ai insisté pour qu'il s'en asperge... Mais comme il ne voulait pas en entendre parler, Stefan s'est disputé avec lui.,, Enfin, bref, nous avons réussi a le convaincre et le spectacle a pu commencer. Il devait se relever pour effrayer les visiteurs, mais, comme il ne bougeait pus, je suis allée voir ce qui se passait, là, j'ai constaté qu'il fixait le plafond sans répondre à mes questions. Je l'ai touché et alors il... C'était affreux,.. Sa tête a basculé...
La voix de Bonnie se brisa dans un sanglot. Elena s'était levée, aussitôt imitée par Stefan, Matt, et quelques autres, tout aussi écœurés par les méthodes de Saltzman. Elle posa une main sur l'épaule de son amie dans un geste de réconfort.
- Ça va aller, Bonnie, ne t'en fais pas.
- J'avais du sang plein les mains., Il y en avait partout..,
- 0.K., on va s'arrêter là, intervint Alaric. Je suis désolé, je ne voulais pas te bouleverser à ce point. Il faudrait peut-être que tu vois un psychologue pour t'aider à surmonter ce traumatisme...
Tandis que Bonnie reniflait, le jeune professeur se mit à arpenter le plancher avec nervosité.
- J'ai une idée ! s'exclama-t-il soudain en retrouvant son grand sourire. Pour prendre un nouveau départ, il faut créer une atmosphère plus détendue. Que diriez-vous de venir ce soir chez moi pour une discussion entre amis ? Ainsi, nous apprendrions à nous connaître, et ceux qui le souhaitent pourront parler de ce qui est arrivé. Vous pouvez amener un ami si vous voulez...
- Qu'en pensez- vous ?
Un silence consterné lui répondit.
- Chez vous ? s'étonna quelqu'un.
- Oui... enfin chez les Ramsey. Ils habitent Magnolia Avenue, dit-il en écrivant l'adresse au tableau. Ils me prêtent leur maison en leur absence. Je viens de Chariottesville. Votre proviseur m'a appelé vendredi pour ce remplacement. J'ai saisi cette chance : c'est mon premier vrai adminhelpe d'enseignant.
- Tout s'explique..murmura Elena entre ses dents.
- Tu crois ? lui glissa Stefan d'un air ironique.
- Alors, ça vous dit ? demanda Saltzman à la ronde.
Personne n'eut le courage de protester.
- Parfait ! Alors, je m'occupe des boissons. Ah oui j'oubliais.... Dans mon cours, la participation compte pour la moitié dans la moyenne, annonça-t-il joyeusement, Voilà, vous pouvez y aller.
- Quel plaie, ce mec ! marmonna quelqu'un.
Comme Bonnie se dirigeait vers la porte, elle fut rappelée par le professeur.
- Attendez une minute ! Que tous ceux qui se sont exprimés restent ici.
- Je vais voir si l'entraînement de foot a toujours lieu, déclara Stefan à Elena dans le couloir.
- Tu es sûr d'avoir repris assez de forces pour jouer ?demanda Elena, inquiète.
- Ça devrait aller, répondit-il en dépit de ses traits tirés et de sa démarche hésitante. On se retrouve tout à l'heure, d'accord ?
Elena approuva. Quand elle parvint à son casier, elle trouva Caroline en grande conversation avec deux autres filles. Elle sentit leurs regards peser sur elle tandis qu'elle rangeait ses livres. Lorsqu'elle releva la tête, Caroline continuait à la fixer effrontément. Elle se pencha même vers ses camarades pour leur chuchoter quelques mots à l'oreille.
Cette fois, c'en était trop. Elena claqua la porte de son casier et se dirigea droit vers elles.
- Salut Beckie, salut Sheila. Oh, et salut Caroline ! lança-t-elle avec insistance.
Les deux premières marmonnèrent un vague bonjour avant de se diriger vers la sortie.
- Y a un problème ? demanda Elena.
- Un problème ? fit Caroline d'un air faussement étonné.
Elle se délectait visiblement de la situation, la faisant durer avec un malin plaisir.
- Te fous pas de moi. Je te connais par cœur. Tout le monde m'évite comme si j'avais la peste. Et comme par hasard, tu as l'air très fier de toi. Qu'est-ce que t'as été raconter derrière mon dos ?
Un sourire narquois se dessina sur le visage de Caroline.
- Tu ne te souviens pas ? Je t'ai dit il y a quelque temps que la fin de ton règne était proche... Mais je n'y suis pour rien, après tout. Ce qui se passe, c'est simplement... comment dire... la loi de la jungle...
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Disons que sortir avec un assassin n'est pas forcément un atout pour briller en société...
L'insulte lui fit l'effet d'une gifle. Bouillant d'une colère sourde, elle fit un effort gigantesque pour ne pas se jeter sur Caroline.
- Stefan n'a rien fait, protesta-t-elle entre ses dents. La police l'a interrogé, et il a été mis hors de cause.
Caroline prit un air condescendant.
- Elena, je te connais depuis la maternelle, alors permets-moi de te donner un conseil d'amie : laisse tomber Stefan. À moins que tu tiennes absolument à t'acheter une clochette de lépreuse...
Caroline tourna les talons, l'air très satisfait de sa pique. Elena écumait de rage. Elle se retint de lui balancer les pires insultes.
- Caroline ?
Celle-ci se retourna.
- Tu vas à la soirée de Saltzman ?
- Sans doute. Pourquoi ?
- Parce que j'y serai aussi. Avec Stefan. Rendez-vous dans la jungle...
Elle passa devant elle d'un air très digne pour gagner la porte principale. Cependant, en apercevant une silhouette noire au bout du couloir, sa démarche se fit hésitante, ce qui gâcha un peu sa sortie. En reconnaissant Stefan, elle lui adressa un sourire forcé. Celui-ci ne fut pas dupe.
- L'entraînement de foot a été annulé ? demanda- t-elle en pénétrant avec lui dans la cour.
Il approuva d'un signe de tête.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? S'enquit-il.
- Rien. Je demandais à Caroline si elle venait ce soir.
Elle leva la tête vers le ciel gris.
- Ah bon ? Vous parliez vraiment de ça ?
- Oui, affirma-t-elle avec aplomb, les yeux toujours fixés sur les nuages menaçants.
- Et c'est ce qui t'a mise en colère ?
- Oui.
- C'est faux, Elena, affirma-t-il sans la quitter du regard.
- Si tu arrives à lire dans mes pensées, tu n'as pas le besoin de me poser toutes ces questions...
- Tu sais très bien que je ne m'amuserais pas à ça. Mais je croyais que tu voulais une relation basée sur la franchise, non ?
- Cette pétasse de Caroline faisait des insinuations sujet du meurtre, lâcha-t-elle. De toute façon, qu'est que t'en as à faire ?
- Elle a peut-être raison, lança durement Stefan. Pas à propos du crime, mais à propos de nous deux... Je savais bien qu'ils allaient nous mettre dans le même sac toi et moi.
J'ai senti de l'hostilité et de la peur toute la journée. Ils sont toujours persuadés que je suis l'assassin, et c'est sur toi que ça va retomber.
- Je me fous de leur opinion ! éclata Elena. Ils finiront bien par se rendre compte de leur erreur, et tout redeviendra comme avant !
- Tu crois vraiment ? demanda Stefan avec un sourire triste. Et s'ils ne comprennent pas ? ajouta-t-il, les traits soudain durcis. La situation risque de devenir invivable. ..
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je crois qu'il vaudrait mieux ne plus se voir pendant quelques temps... S'ils pensent qu'on n'est plus ensemble, ils te laisseront tranquille.
Elle le dévisagea avec horreur.
- Quoi ? Tu pourrais arrêter de me voir pendant je ne sais pas combien de temps ?
- S'il le faut, oui... On a qu'à faire semblant d'avoir cassé...
Elena le fixa sans rien dire. Puis, elle se mit à arpenter le sol en cercles concentriques autour de lui.
- Il n'y a qu'à une seule condition que j'annoncerai aux autres qu'on n'est plus ensemble : si tu me dis que tu ne m'aime plus, et que tu ne veux plus me voir. Alors dis-le moi Stefan. Dis-moi que tu ne veut plus me moi !
Stefan resta sans voix.
- Allez, le défia-t-elle. Ose me dire que tu me jettes...Ose me dire que...
La fin de sa phrase fut étouffée par un baiser.
6.
Assis sur le canapé des Gilbert, Stefan acquiesçait poliment aux propos de tante Judith. Elle s'efforçait visiblement d'être aimable, et Stefan s'évertuait à en faire autant pour ne pas froisser Elena.
La jeune fille, à ses côtés, lui renvoyait des ondes bienfaisantes. Il l'aimait tant... Elle était si différente de Katherine, finalement. Certes, elle avait les mêmes cheveux blonds, le même teint d'albâtre, les mêmes traits délicats, les mêmes yeux bleus. Mais, la ressemblance s'arrêtait là : contrairement à Katherine, elle était dotée d'une force de caractère exceptionnelle.
L'intensité de leur amour n'était cependant pas sans danger : la semaine précédente, il avait été incapable de refuser le sang qu'elle lui avait offert C'était beaucoup
trop risqué... Pour la centième fois, il scruta son visage guettant l'apparition des premiers symptômes. Il avait l'impression que son visage avait légèrement pâli... que son regard était plus froid.
Désormais, ils devaient se montrer d'une extrême vigilance. Surtout lui. Il irait assouvir son appétit dans la forêt. Rien que d'y penser, la faim recommençait à le tourmenter. Ce picotement insistant dans les mâchoires, cette brûlure familière dans les veines. Il devrait déjà être dans les bois, à l'affût d'une proie... loin de ce salon.., et de la gorge tendre d'Elena qu'il ne pouvait pas quitter du regard.
Elle se tourna vers lui en souriant.
- Ça te dit d'aller à la soirée de Saltzman ? Tante Judith nous prête sa voiture.
- Vous allez quand même rester dîner ! intervint celle-ci.
- T'inquiète pas, on achètera un truc en route, affirma Elena.
Stefan se rembrunit. D avait perdu depuis longtemps le goût de la nourriture du commun des mortels, et s'ils se rendaient à cette soirée, il devrait patienter encore quelques heures avant de pouvoir apaiser sa faim.
- Comme tu veux, dit-il pourtant à Elena.
- Super, je vais me changer.
Il la suivit jusqu'au pied de l'escalier.
- Mets un col roulé, lui souffla-t-il.
- Pas de problème, c'est presque guéri, regard répondit-elle après s'être assurée que le salon était désert.
Stefan contempla les deux petites marques rondes et d'un rose rappelant le vin coupé d'eau. Il détourna les yeux, les mâchoires crispées. Quel supplice !
- Ce n'est pas pour cette raison... Elena surprit enfin son air affamé : elle comprit ce qu'il voulait dire et laissa retomber ses cheveux sur son cou.
Quand ils franchirent le seuil de la maison, les conversations s'interrompirent brusquement. Les visages tournés vers eux reflétaient la plus grande méfiance. Elena n'était pas habituée à ce genre d'accueil.
Le professeur d'histoire n'était pas en vue. Caroline, en revanche, exhibait ses longues jambes fuselées sur un tabouret de bar. Elle glissa un commentaire au garçon assis à sa droite avec un sourire narquois en direction d'Elena. Q s'esclaffa. Elena sentait le feu lui monter aux joues. Heureusement, une voix familière l'interpella.
- Elena ! Stefan ! On est là ! Elle repéra, soulagée, Bonnie et Meredith assises avec Ed Goff dans un coin du salon. Les discussions reprirent comme par enchantement. Elena décida d'agir comme si de rien n'était, de même que ses amies.
- T'as retrouvé tes couleurs, on dirait ! J'adore ton pull!
- Il lui va bien, hein, Ed ? renchérit Meredith avec un enthousiasme forcé.
Ed, interloqué, fut bien obligé d'approuver.
- Ta classe aussi est invitée, à ce que je vois, dit la nouvelle venue à Meredith.
- Je ne sais pas si « invitée » est vraiment le mot répliqua celle-ci. Vu que la participation compte pour la moitié de la note, on n'a pas trop le choix.,.
- Vous croyez qu'il était sérieux ? demanda Ed.
- C'est en tout cas l'impression que j'ai eue, intervint Elena. Où est Ray ? demanda-t-elle à Bonnie.
- Ray ? Euh... il doit traîner près du buffet. Il commence à y avoir foule, dis donc.
Le salon s'avérait effectivement bondé, à tel point que le monde débordait dans la cuisine et la salle à manger.
- Qu'est-ce que Saltzman te voulait tout à l'heure ? demanda Stefan à Bonnie.
- Alaric, s'il te plaît ! corrigea celle-ci en minaudant Il essayait juste d'être sympa, et s'est excusé de m'avoir fait revivre cette sale expérience. En fait, il ne savait pat comment était mort Tanner, ni à quel point j'étais émotive. Il est lui-même très sensible, alors, il me comprend parfaitement. Il est Verseau...
- Ascendant embobineur de première, ironisa Meredith. Bonnie, tu crois quand même pas son baratin ? Un prof qui drague ses élèves, je trouve ça vraiment nul.
- Il me draguait pas, je te jure ! Il a sorti exactement la même chose à Ty1er et Sue. Il nous a dit qu'on devait former un groupe de soutien ou écrire une dissert pour évacuer notre traumatisme. Il pense que les adolescents sont influençables, et il ne veut pas que ce drame ait d'impact sur le reste de notre existence.
- N'importe quoi ! s'esclaffa Ed.
Son rire s'interrompit net devant l'expression de Stefan. Elena savait qu'il éprouvait envers le professeur la plus grande méfiance. Comme la plupart des gens envers lui- même, d'ailleurs...
Bonnie fit écho sans le savoir à la suspicion de Stefan:
- Je suis sûre qu'il avait l'idée de cette soirée depuis longtemps, contrairement à ce qu'il a essayé de nous faire croire. Bizarre, non ?
- Ce qui est encore plus étonnant, renchérit Stefan, c'est qu'il n'ait pas su comment Tanner était mort. C'est écrit dans tous les journaux...
- Oui, mais pas toute l'histoire... La police n'a pas voulu révéler certains détails pour faciliter la capture de l'assassin. Mary m'a raconté un truc vraiment étrange, poursuivit-elle à mi-voix : le légiste qui a pratiqué l'autopsie a affirmé que le cadavre n'avait plus de sang en lui...
- Plus une seule goutte !
Elena attendit la suite, pétrifiée.
- Comment c'est possible ? demanda Ed.
- Il a entièrement coulé par terre, sans doute. C'est sur ce fait que la police est en train d'enquêter. En général, il reste toujours un peu de sang dans la partie inférieure d'un cadavre. C'est ce qu'on appelle la lividité cadavérique. Ça ressemble à des ecchymoses violacées.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-elle devant le visage blême de Meredith.
- Ton extrême sensibilité me donne envie dégober maugréa celle-ci. Tu veux pas parler d'autre chose ?
- C'est facile pour toi : tu n'étais pas couverte de sang.
- Bonnie, est-ce que tu sais si l'enquête a avancé demanda Stefan.
- Non.
Soudain le visage de la jeune fille s'éclaira.
- Au fait, Elena, tu disais que tu avais ton idée sur...
- Ferme-la ! lui souffla Elena.
S'il y avait bien un endroit où il ne fallait pas aborder le sujet, c'était dans ce salon bondé, au milieu de gens qui détestaient Stefan. Bonnie écarquilla les yeux avant de comprendre sa maladresse.
Toute cette discussion avait mis Elena sur les nerfs : puisque seuls Stefan et elle connaissaient l'existence de son frère, la piste qu'emprunteraient les enquêteurs les mènerait droit à Stefan... Damon devait déjà être tapi dans l'ombre, à l'affût de sa prochaine victime. Ça pouvait être n'importe qui. Stefan, peut-être, ou elle-même...
- Je crève de chaud, déclara-t-elle soudain. Je vais me chercher à boire.
Stefan voulut l'accompagner, mais Elena refusa : elle voulait rester seule quelques minutes, le temps de se calmer. Mais elle dut affronter de nouveau les coups d'œil furtifs et les dos tournés. Cette fois, ça la rendit furieuse elle traversa la foule en soutenant d'un air arrogant les regards qui croisèrent par hasard le sien.
Elle se dirigea vers le buffet et eut aussitôt l'eau à la bouche. Ignorant les gens massés autour de la table, elle déposa quelques bâtonnets de carotte dans une assiette en carton. Hors de question de leur adresser la parole la première ! Elle se servit tranquillement à boire, passa longuement en revue les fromages avant d'en choisir un morceau, puis saisit une grappe de raisin en jouant énergiquement des coudes. Elle fit même une dernière fois le tour de la table pour voir si elle n'avait rien oublié.
Comme elle sentait tous les yeux fixés sur elle, elle coinça nonchalamment un long bretzel entre ses dents avant de tourner les talons.
- Je peux en avoir un bout ?
Le choc la laissa sans voix. Elle était sonnée, complètement désemparée devant l'individu qui emplissait son champ de vision. Des yeux sombres la contemplaient, et un subtil parfum, reconnaissable entre tous, montait jusqu'à elle.
Damon se pencha vers elle et, d'un coup de dents précis, coupa l'extrémité du bretzel. Il s'était arrêté à quelques centimètres de sa bouche. Voyant qu'il préparait un nouvel assaut, Elena recula brusquement et jeta le reste du biscuit d'un air dégoûté. Damon le rattrapa avec une dextérité étonnante.
Elena avait perdu tout contrôle de soi. Elle n'avait qu'une envie : hurler aux autres de s'enfuir de cette maison. Elle était au bord de l'hystérie.
- Du calme, du calme..., lui souffla Damon en refermant doucement les doigts sur son poignet.
Devant l'air terrorisé d'Elena, il lui caressa délicatement la main.
- Du calme, tout va bien, répéta-t-il.
- « Qu'est-ce qu'il fout là, celui-là ? » pensa-t-elle. La lumière de la pièce lui parut soudain lugubre et irréelle, comme dans le pire des cauchemars. Ce monstre allait tous les tuer !
- Elena ? Ça va ?
Sue avait posé la main sur son épaule.
- Elle a dû avaler de travers..mentit Damon en la lâchant. Mais je crois que ça va, maintenant Tu nous présentes, Sue ?
Il allait tous les tuer...
- Elena, voici Damon, euh...
- Smith, termina Damon.
Il leva son gobelet vers Elena :
- À la tienne !
- Qu'est-ce que tu fais là ? chuchota-t-elle.
- Damon est étudiant, expliqua Sue devant le silence du garçon. Il est à la fac, en Virginie, c'est bien ça ?
- Entre autres, répondit Damon sans quitter Elena des yeux. J'aime voyager.
Elena prit enfin conscience des gens qui l'entouraient : ils ne perdaient pas une miette de leur conversation, et elle était dans l'impossibilité absolue de s'expliquer avec le jeune homme. Pourtant, leur présence lui donnait un certain sentiment de sécurité. Il ne tenterait rien devant tout le monde, du moins elle l'espérait. Faire semblant d'être des leurs semblait beaucoup l'amuser. Elle en revanche avait l'impression d'être une souris dans les griffes d'un chat.
- Il n'est ici que pour quelques jour, expliqua Sue tu rends visite a des amis. C'est ca ?
- Oui.
- Tu as de la chance de pouvoir voyager connue tu veux dit soudain Elena avec l'envie de le démasquer.
- La chance n'as pas grand-chose à voir la dedans, répondit-il. - Tu aimes danser ?
- Et qu'est ce que tu étudies ?
- Le folklore américain. Savais tu par exemple qu'un grain de beauté dans le cou est un présage de richesse ? Ça ne te dérange pas si je regarde ?
Moi si, interrompit une voix sèche derrière Elena.
Elle n'avait entendu Stefan parler sur ce ton qu'une seule fois : lorsqu'il avait empêché Tyler de l'agresser dans le cimetière, Les doigts de Damon s'étaient figés à quelques centimètres de sa gorge. Délivrée de son attraction, elle recula.
- Tu crois vraiment que ton avis m'intéresse ? murmura Damon d'un ton mielleux qui n'augurait rien de bon.
Les deux frères se toisaient sous la lumière du lustre, tandis que les spectateurs massés autour d'eux se détectaient de la scène, Elena essayait d'analyser la situation avec plus ou moins de lucidité. « Tiens, je n'avais pas remarqué que Stefan était plus grand que Damon...
Bonnie et Meredith se demandent ce qui se passe. Stefan est fou de rage... S'il se bat avec Damon maintenant, il sera vaincu. Il est encore trop faible... »
Tout d'un coup, l'évidence s'imposa à son esprit : « Mais bien sûr ! C'est pour ça que Damon est venu : pour forcer Stefan à l'attaquer et donner à tout le monde la preuve de sa violence... si jamais il gagne. Et dans le cas où il perd... Stefan, surtout n'entre pas dans son jeu. Il est bien plus fort que toi, et il n'a qu'une idée, te tuer... »
Elle s'approcha de Stefan et lui prit la main.
- Viens, on rentre.
Mais tout son corps était tendu dans l'attente du combat, et ses yeux brillaient de haine. Elena ne l'avait jamais vu dans cet état. C'était terrifiant.
- Stefan... Stefan..., l'implora-t-elle.
Au bout d'un moment qui lui parut une éternité, il finit par prendre conscience de sa présence.
- On s'en va, murmura-t-il.
Elena l'entraîna vers la sortie en s'efforçant de ne pas se retourner. Elle sentait le regard de Damon comme un poignard prêt à se planter dans son dos. Celui-ci se contenta d'un dernier sarcasme.
- Et sais-tu qu'embrasser une rousse guérit les boutons de fièvre ?
Bonnie eut un rire bête qui horripila Elena.
En quittant le salon, ils croisèrent enfin leur hôte.
-Vous partez déjà ? s'exclama Alaric. Mais je n'ai même pas eu l'occasion de vous parler !
L'air de chien battu de leur professeur remplit Elena de culpabilité : elle abandonnait Alaric et ses invités à un monstre redoutable. Elle espérait seulement que Damon ne se déciderait pas à passer à l'attaque tout de suite. Il prendrait peut-être plaisir à faire durer son petit jeu... pour l'instant, elle devait fuir au plus vite avec Stefan avant que celui-ci ne change d'avis.
- Je suis désolée, je ne me sens pas très bien, improvisa-t-elle en attrapant son sac sur le canapé.
Elle serra fermement le bras de Stefan, craignant de le voir faire demi-tour.
- C'est moi qui suis désolé, dit Alaric. Au revoir.
Sur le seuil, elle remarqua un bout de papier violet qui dépassait de la poche latérale de son sac. Elle le déplia machinalement, l'esprit ailleurs.
Il y avait un message. Une écriture nette, vigoureuse.., et inconnue. Juste trois lignes. Elle les lut, et l'univers bascula.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Stefan
- Rien, répondit-elle en fourrant le mot dans sa poche. Viens, on y va.
Ils sortirent sous une pluie battante.


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