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sanaafatine 13-06-10 10:39 AM

الخسوف بالفرنسية من وجهة نظر ادوارد
 


السلام عليكم احلى اعضاء

اليوم نقدم ليكم تويلايت الخسوف بالفرنسية حبيت طريقة الكتابة و نتمنى تعجبكم حتى انتم


Chapitre 1 : Liberté Surveillée Partie 1

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Je trainais dans ma chambre en cette fin d'après-midi pluvieux. Comment aurait-il pu en être autrement ? Premièrement, j'habitais à Forks, la ville la plus pluvieuse du nord-ouest des Etats-Unis et deuxièmement, j'étais privé de ma bien-aimée à cause de la colère de son père à mon égard.

Ces moments d'attente avant de la voir étaient particulièrement éprouvants même si je connaissais à peu près la teneur de ceux de Bella. Cela se résumait à deux choses voire trois même … Moi, les cours et … Jacob Black. Elle n'arrivait pas à le sortir de sa tête. Je le savais de part son étrange comportement par moment et puis cette étrange tristesse qui emplissait ses yeux, celle que je ne lui avais jamais vue avant de connaître aussi bien ce cabot !

J'étais tiraillé entre la laisser continuer sa dangereuse amitié ou la stopper net comme je tentais de la faire depuis notre retour d'Italie et notre mémorable conversation. J'avais vu à quel point il pouvait perdre le contrôle de lui-même et un fois transformé en loup, il ne pourrait plus protéger Bella. D'un seul geste, il pourrait la tuer … tout comme moi d'ailleurs, à une certaine époque. Je ne pouvais donc pas courir un tel risque. Bella n'était pas du tout de cet avis et essayer de garder le contact avec le cabot mais lui n'y tenait pas non plus, à cause de ma présence auprès d'elle et de son désir de devenir immortelle. Bella avait eu le malheur de tomber amoureuse d'un vampire et d'être amie avec un loup garou, les pires ennemis qui puissent exister.

Je sentais que cette situation n'aidait en rien l'accomplissement de mon rêve le plus cher. Celui d'épouser Bella !! Elle avait déjà émis des doutes que je n'avais pas vraiment compris au début. Elle m'avait d'ailleurs annoncé une raison qui ne m'avait pas du tout convaincu, celle de sa mère qui était allergique au mariage et qui verrait d'un très mauvais œil sa fille se marier si jeune ! J'aurais pu le croire si je n'avais pas vu à quel point elle tenait à Jacob ! Leur façon de se regarder, de vouloir se toucher … cela ressemblait à un peu plus que de l'amitié. Du moins, suffisamment pour que Bella tente de repousser ma demande en mariage et peut-être même renoncer à son envie de vivre éternellement à mes côtés !

J'étais angoissé même si je pouvais comprendre ce que ressentait Bella. Elle avait commencé à créer sa relation en mon absence comme je le lui avais d'ailleurs suggéré alors ce serait honteux de ma part de lui en vouloir !! J'en étais plutôt l'instigateur involontaire.

Il était aussi si différent de moi. Il semblait plus spontané, plus immature et son corps dégageait une chaleur incroyable. Cela devait être nettement plus agréable de serrer des bras forts et chauds que ceux froids d'un caillou.

Elle était si jeune que son cœur avait encore le droit de faire des erreurs et de s'éprendre de quelqu'un d'autre et surtout qui lui conviendrait mieux. C'était horrible pour moi d'imaginer Bella dans les bras de ce cabot mais cela pouvait être une hypothèse et je devais m'y préparer. Et puis, elle n'avait pas tant d'amis que cela depuis mon retour. Les gentils et les méchants comme elle aimait les appeler. Seuls Angela, Ben et ce satané Mike Newton pouvaient se déclarer comme amis de Bella. Les autres l'avait fuie peu après mon retour comme Jessica par exemple. Je ne voulais pas qu'elle se cloisonne à moi mais mon attitude pouvait parfois le laisser penser …

J'avais conscience que c'était totalement égoïste de ma part de l'empêcher de voir son ami mais Alice n'ayant aucune vision de Bella lorsqu'elle était en compagnie de ce cabot et encore moins si elle se trouvait sur leur réserve. Cela ne m'incitait pas à revoir ma position. Du reste, personne dans ma famille ne souhaitait faire confiance aux Quileute. Ils n'appréciaient pas l'étrange amitié de Bella et de Jacob. J'étais dans une impasse et je ne voyais pas trop comment en sortir.

J'avais peut-être besoin de mieux comprendre les Quileute mais ne pouvant pas communiquer avec eux cela me serait extrêmement difficile. J'avais bien une idée mais ce serait complètement malhonnête de ma part. C'était vrai que ces derniers temps mes pensées vagabondaient très souvent vers la baie d'Hudson mais de là, à oser reprendre contact avec elle …

J'avais très souvent envie de savoir ce qu'elle devenait et surtout de pouvoir lui dire à quel point elle avait changé mon existence. Elle était la première amie humaine que j'avais en ne comptant pas Bella mais je n'avais jamais vu Bella comme une amie car dès le début je savais qu'elle serait toujours plus pour moi et qu'une simple amitié n'aurait jamais été suffisante.

Je ne savais pas trop comment la contacter. J'avais bien pensé aller la retrouver mais l'idée de laisser Bella ne serait-ce qu'une nuit m'était insupportable. Il ne me restait qu'une dernière hypothèse, c'était une lettre. Je m'étais donc promis que si la situation restait aussi chaotique entre Bella et moi au sujet de Jacob ou des Quileute, je demanderai de l'aide à Carol. La seule en qui j'avais assez confiance pour livrer mes secrets et m'aider à trouver la bonne solution. Cette idée m'avait redonné un peu d'enthousiasme en cette fin d'après-midi, suffisamment pour patienter jusqu'à dix neuf heures, heure à laquelle je pourrai seulement revoir Bella. Alice arriva à ce moment précis et semblait heureuse de m'annoncer une bonne nouvelle …

Elle entra dans ma chambre alors que j'étais négligemment allongé sur mon canapé en train de regarder la pluie s'abattre sur les immenses fenêtres de ma chambre. J'écoutais Clair de Lune de Debussy, signe que j'avais besoin de retrouver un peu de quiétude. Alice vint s'assoir à mes côtés et me caressa délicatement la joie comme pour apaiser mes inquiétudes. Je n'étais nullement gêné de penser à Carol en sa compagnie car elle ne distinguait nullement mon amie dans ses visions. J'avais déjà remarqué cela depuis ma visite à Ithaca. J'avais mis cela sur le compte des connaissances chamaniques de Carol et de ses origines indiennes comme pour les Quileute.

J'étais soulagé que ma soeur n'ait pas connaissance de Carol car c'était mon jardin secret en quelque sorte et je ne voulais nullement le partager. Habituellement, ma sœur avait toujours accès à mes moindres pensées et du coup, elle ne me laissait aucune intimité. Avant, cela n'avait pas trop d'importance car ma vie n'était pas très palpitante ni même riche en sentiments. L'arrivée de Bella ou Carol avait quelque peu changé la donne et depuis j'aspirais à garder certaines choses pour moi. Alice était d'ailleurs nettement moins curieuse et avait compris ma requête. Elle ne me parlait de ses découvertes que lorsqu'elle était sûre quelles n'empiétaient pas trop sur mes secrets … pas facile malgré tout.

- J'ai une grande nouvelle à t'annoncer et elle mettra fin à tes interminables après-midi …

- Ouais … répondis-je pensivement sans avoir prêté attention aux pensées euphoriques de ma sœur.

- Charlie a levé la punition de Bella … Je vais enfin pouvoir l'emmener faire les boutiques!! Cela faisait un petit moment que je lui demandais d'être un peu plus indulgent avec sa fille car elle ne s'est jamais plainte. Elle a même respecté à la lettre les conditions de la punition et ce depuis des semaines … Je suis heureuse d'avoir pu l'influencer, un peu …s'exclama-t-elle toute heureuse en se levant du canapé pour tourner sur elle même telle une ballerine.

- C'est effectivement une bonne nouvelle et je ne l'attendais pas si tôt ! dis-je partagé entre joie et surprise.

Je songeais déjà aux bons moments que nous allions pouvoir partager tous les deux sans la présence pesante de son père.

-Contente de t'avoir fait plaisir … Et, au fait, Carlisle veut te voir avant que tu ne partes voir Bella … dit-elle en sortant de ma chambre en enchainant quelques arabesques.

Savoir que Bella allait pouvoir être un peu plus libre de ses mouvements me permettait d'imaginer que l'on pourrait s'éloigner de Forks quelque temps car depuis quelques semaines un nouveau né sévissait dans la ville de Seattle. Nous le surveillions depuis un petit moment pour comprendre ses intentions et s'assurer que Bella ne risquait rien.

J'aspirais à l'emmener loin de tout cela et à la faire penser à autre chose ou à la protéger si besoin était. Je pensais qu'aller voir sa mère pourrait lui plaire surtout qu'il lui restait encore les billets d'avion que mes parents lui avaient offert à son anniversaire. C'était encore un peu trop tôt pour cela car Charlie risquerait fort de s'y opposer mais c'était une idée que j'espérais réaliser rapidement.

C'était bientôt l'heure de ma délivrance, celle où j'allais enfin retrouver Bella. Avant de sortir, je fis un rapide passage dans le bureau de mon père pour avoir des nouvelles de la surveillance que nous exercions sur Seattle.

Il m'attendait assis dans l'un de ses fauteuils en train de lire un livre sur les fondements des légendes indiennes. Carlisle voulait en savoir encore plus sur les Quileute surtout depuis qu'il avait appris qu'ils continuaient à se transformer en loups et qu'ils représentaient une meute assez conséquente. En revanche, il ignorait encore la raison de leur existence. J'en avais déduit que c'était encore une inévitable conséquence de l'incroyable malchance de Bella : sa vie devait être mêlait à des vampires, nouveaux nés ou non, des loups-garous tout cela à cause de ce qu'elle était. J'avais probablement tort mais à défaut d'autres choses c'était cette solution qui me paraissait la plus logique.

Il m'accueillit chaleureusement :

- Edward, heureux de te voir …

- Moi aussi, Carlisle … Alors des infos ? dis-je sur un ton pressé qui avait du mal à dissimuler mon envie d'écourter cette conversation.

- Jasper et Emmett viennent de rentrer de leurs rondes et le nouveau né n'a toujours pas quitté Seattle et c'est une bonne chose !! Alice ne voyant toujours rien à ce sujet, rien ne m'oblige à te demander de te rendre là-bas pour capter ses pensées mais sache que cela pourrait vraiment nous révéler de sérieux éléments pour la suite à donner à tout ça !

- Je sais mais je ne suis pas capable de laisser Bella aussi longtemps surtout maintenant que je vais pouvoir passer tout mon temps auprès d'elle puisque Charlie a enfin levé sa punition. Je ne peux pas me résoudre à y aller. Pour le moment, rien ne nous indique qu'il viendra vers Forks … Alors patienton,s s'il te plait, et on verra comment évolue la situation !

- Soit, c'est toi qui vois car de toute façon nous ne surveillons Seattle que pour te rassurer vis à vis de Bella alors je te laisse seul juge dans cette histoire. Tes frères te suivent. Qu'il en soit ainsi …

- Merci père mais je suis sûr que tout ira bien !! lui dis-je en quittant rapidement la pièce, confiant.

J'étais déjà dans la forêt nocturne et détrempée, heureux de cette liberté retrouvée car j'avais vécu la punition de Bella comme s'il s'agissait de la mienne. Je n'avais qu'une seule envie, entendre son cœur battre et sentir son délicat parfum. Elle n'avait nullement besoin d'artifice ou d'eau de toilette. Elle était naturellement belle et dégageait une merveilleuse odeur. Je ne me lasserai d'ailleurs jamais d'humer son essence, de caresser ses cheveux soyeux et sa peau si délicate.

J'approchais enfin de sa maison car je pouvais déjà capter les pensées de son père. Il venait de donner à Bella sa lettre d'admission à l'université d'Alaska et s'inquiétait déjà de savoir quels étaient mes projets, espérant que nous ne serions pas dans la même université. J'allais le décevoir une nouvelle fois mais j'en étais heureux cette fois …

J'avais dans ma poche d'autres dossiers de facultés pour que Bella puisse avoir le choix d'aller dans l'université de son choix et ne pas se cantonner à l'Alaska. Remplir ses dossiers était tellement pénible et sans attrait que Charlie ne nous espionnaitdepuis longtemps. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'embêtais tant Bella avec cela car je savais malheureusement que son choix était arrêté mais cette activité nous permettait d'éloigner l'intérêt de son père à notre égard.

Je frappai à la porte et j'entendis Charlie soupirait et marmonnait à mon intention une charmante expression qui reflétait clairement ses pensées « Qu'il aille au diable ! ». Son attitude désagréable ne pouvait m'enlever la joie que j'éprouvais de revoir ma belle. Je l'accueillis un sourire béat aux lèvres face à sa stupéfiante beauté. Ses cheveux tombaient négligemment sur ses épaules habillées par un très joli pull bleu moulant qui laissait deviner la naissance de sa poitrine. J'aimais tellement mieux lorsqu'elle s'habillait ainsi plutôt qu'avec ses pulls larges et difformes à cause desquels je ne pouvais pas l'admirer. Elle avait un corps certes fragile mais empreint d'une telle sensualité que je ne pus m'empêchais de plonger mes prunelles dans les siennes pour lui témoigner ce que je ressentais pour elle. J'entendis immédiatement les battements de son cœur s'accélérer ce qui me prouvait qu'elle devait elle aussi ressentir quelque chose de semblable en me voyant ou peut- être que son cœur voulait l'alerter car elle avait cessé de respirer. Mes doigts glacés se refermèrent autour des siens et eurent raison de son vertige.

- Salut !! lâcha-t-elle comme pour s'excuser du comportement de son père.

Je caressai sa joue avec le dos de ma main dont les doigts étaient toujours entrelacés dans les siens.

- Bon après-midi ? me demanda-t-elle.

- Lent.

- Le mien aussi.

Je portais son poignet à mon nez en fermant les yeux pour mieux humer son essence, ce parfum si doux et envoûtant. Il ne me déclenchait plus de crise de folie meurtrière comme auparavant. Je pouvais enfin le sentir et profiter du bonheur que son odeur provoquait sur moi, un profond bien-être.

Charlie vint mettre fin à ce moment d'extase en trainant des pieds pour bien me faire comprendre son hostilité. Je le savais que trop bien mais il aimait aussi en rajouter devant sa fille pour ne pas passer pour un père trop permissif. J'ouvris les yeux aussitôt et préparai un de mes plus beaux sourires car je savais qu'il détestait cela. Cette arme valait toute la méchanceté du monde.

- Bonsoir, Charlie ! lui lançai-je sur un ton des plus cordials.

Il ne me répondit que par un grognement boudeur et se planta derrière nous, les bras croisés comme à l'accoutumée.

- Je t'ai apporté de nouvelles demandes d'inscription ! lançai-je à Bella en lui montrant l'enveloppe dans ma poche de manteau.

Elle lâcha un gémissement en guise de réponse …Elle n'était visiblement pas d'accord.

- Les inscriptions ne sont pas toutes closes. Et puis, certaines facs font des exceptions. Renchéris-je aussitôt le sourire aux lèvres, pour tenter de l'amadouer et prévenir implicitement son père qu'il n'avait aucune raison de nous espionner.

- Au boulot !! lançai-je en riant, trop pressé de me débarrasser de Charlie.

Ce dernier était toujours mécontent et nous suivit tout de même jusqu'à la cuisine. Je pus rapidement percevoir pour quelle raison. Il voulait remettre sur le tapis mon avenir universitaire et la fin de la punition de Bella comme Alice me l'avait annoncée.

Bella était déjà en train de faire de la place sur la table de la cuisine et je vis qu'elle y avait laissé trainer Les Hauts de Hurlevent. Son exemplaire était très abîmé témoignant des heures de lecture qu'elle lui avait infligé. Elle appréciait ce livre certainement pour ces scènes violentes et la noirceur de certains personnages comme ce Heathcliff. Tous les évènements quelque peu fantastiques devaient lui rappeler sa propre existence et cela me déplaisait. J'allai d'ailleurs le lui faire remarquer mais son père prit la parole avant moi.

- A propos de candidatures, Edward, me demanda-t-il sans se départir de son ton boudeur, Bella et moi parlions justement de l'année prochaine. As-tu décidé de l'endroit où tu poursuivrais tes études ?

- Pas encore, répondis-je aussi naturellement que possible car je ne pouvais m'empêcher de trouver cette scène complètement ridicule mais je devais garder mon sérieux malgré tout. J'ai été accepté dans plusieurs facs. J'hésite encore.

- Où as-tu été admis ?

- Syracuse, Harvard, Dartmouth (Carlisle aurait d'ailleurs voulu que j'accepte cette dernière car il aurait aimé y enseigner mais sachant que nos projets à Bella et moi pourraient être différents, il n'avait pas insisté mais je n'avais pas renoncé à ce que Bella accepte d'y aller). Sans compter l'université d'Alaska, dont j'ai reçu l'accord hier, annonçai-je volontairement pour le contrarier.

Je fis du même coup un clin d'œil à Bella et elle ne put réfréner un rire qu'elle étouffa aussitôt.

- Harvard, Dartmouth ? Eh bien, c'est … quelque chose, marmonna Charlie visiblement admiratif mais il avait mordu à l'hameçon et se rasséréna. Bien sûr, l'Alaska ne saurait rivaliser avec les établissements de l'Ivy League. Ton père souhaiterait sûrement que tu …

- Carlisle se range toujours à mes décisions, quelles qu'elles soient, le coupai-je aussitôt comprenant à quoi il faisait allusion.

- Hum …

- Devine un peu, Edward ! s'exclama sa fille d'une voie joyeuse

- Qu'y a-t-il, Bella ?

- Moi aussi, je suis prise à l'université d'Alaska … m'informa-t-elle en me montrant une enveloppe.

- Félicitations ! Quelle coïncidence !! m'exclamai-je à mon tour aussi surpris que possible

Charlie n'avait pas tout compris mais sentait bien que l'on se moquait de lui et nous annonça qu'il allait regarder le match mais Bella l'en empêcha.

- Papa ? Tu n'as pas oublié notre petite conversation sur ma liberté ?

- Tu as raison. Vingt-deux heures trente, alors. Nous sommes en semaine, tu vas au lycée demain … soupira-t-il

- Bella n'est plus punie ?? m'étonnai-je une nouvelle fois tout aussi heureux de le savoir que lorsqu'Alice me l'avait annoncé. Je ne pouvais que m'enthousiasmer de cette nouvelle délivrance même si ce n'était plus une vraie surprise.

- Sous certaines conditions, précisa aussitôt son père pour tenter de me refroidir quelque peu. En quoi cela te concerne, d'ailleurs ?

Ne voulant pas créer de conflit, je ne relevai pas.

- Je suis content de l'apprendre, rien de plus. Alice trépigne depuis qu'elle n'a plus de partenaire de shopping. Je suis sûr que Bella adorerait respirer un peu l'air de la grande ville, lançai-je pour tenter de l'apaiser

J'avais raté mon coup car il se mit à rugir.

- Pas question !!

- Voyons, papa, où est le problème ?

- Je t'interdis d'aller à Seattle en ce moment.

- Pardon ?

- Je t'ai parlé de cette affaire de meurtres. C'était dans le journal. Seattle est en proie à une espèce de guerre des gangs, alors tu évites de t'y rendre. Compris ? s'énerva Charlie.

- J’ai plus de chances d'être frappée par la foudre que de …

Bella partait sur une pente savonneuse et je devais l'arrêter avant que Charlie ne change d'avis sur ses sorties. Elle n'avait pas idée de ce qui se passait à Seattle et j'allais devoir lui en parler pour qu'elle ne renouvelle pas ce genre d'erreur.

- Vous avez raison, Charlie, et je ne pensais pas à Seattle. Plutôt à Portland. Moi non plus, je ne tiens pas à ce que Bella aille là-bas. Cela va de soi.

Charlie s'était calmé et tourna les talons pour assister au début de son match. Je pris le journal dans les mains pour le montrer à Bella avant de me raviser car son père avait encore les oreilles qui trainaient vers nous.

- Qu'est-ce que … s'apprêtait-elle à me demander.

- Un instant … lui dis-je en lui poussant un des formulaires d'inscription pour qu'elle comprenne que nous ne pouvions pas encore parler librement. Tu devrais pouvoir réutiliser ta lettre de motivation pour celui-là … et leurs questions sont les mêmes.

Elle avait comprit puisqu'elle lâcha un soupir de mécontentement mais s'exécuta gentiment.

Elle resta ainsi absorbée un bon moment puis elle parut agacée et poussa brusquement les papiers qui se trouvaient devant elle. Qu'avait-elle subitement ?
- Bella ?

- Dartmouth, Edward ? Sois sérieux ?

C'était juste pour cela …

Je replaçais le formulaire doucement devant elle et me mit en tête de la convaincre.

- Je crois que le New Hampshire te plaira. Ils proposent des cours du soir qui me conviendront (ceux-là même que Carlisle aurait aimé enseigner), et les forêts recèlent plein de promesses pour les marcheurs de mon genre. La faune y est fabuleuse, terminai-je en souriant.

Elle prit une profonde inspiration ce qui me laissa penser que je marquais des points et qu'il fallait que je continue pour avoir une chance de gagner.

- Je t'autoriserai à me rembourser tes études si ça doit te rendre heureuse. J'irai même jusqu'à te compter des intérêts … jurai-je.

Je pensais qu'elle apprécierait cette remarque car Bella ne voulait pas que je dépense mon argent pour elle. Je trouvais cela complètement idiot mais cela semblait lui tenir à cœur.

- Comme s'ils allaient m'accepter sans un énorme pot-de-vin ! Ou étais-je comprise dans la promesse de don ? Une nouvelle aire Cullen pour la bibliothèque ? C'est dégoûtant ? Pourquoi faut-il que nous revenions sur ce sujet ?

Elle y allait un peu fort mais j'avais très envie de faire plaisir à mon père et Dartmouth était une excellente université. Bella s'y plairait aussi quoiqu'elle puisse en penser maintenant.

- S'il te plaît, Bella, contente-toi de remplir ses documents. Demander ne coûte rien, non ?

- Tu sais quoi ? Il n'en est pas question ! s'énerva-t-elle.

Avant qu'elle ne puisse déchirer ou jeter les formulaires, j'avais déjà réussi à fourrer tous les papiers dans ma poche.

- A quoi joues-tu ?

- J'imite très bien ta signature. Et tu as déjà rédigé ta lettre de motivation.

- Tu dépasses les bornes ! s'énerva-t-elle tout en conservant un ton suffisamment bas pour ne pas être entendue par son père. Je n'ai nul besoin de adminhelpuler ailleurs, j'ai été admise en Alaska. Là-bas, j'ai presque de quoi régler mon premier semestre. C'est un alibi aussi bon qu'un autre. Inutile de jeter l'argent par les fenêtres, que ce soit le tien ou le mien.

Cette réponse m'attrista quelque peu car elle me confirmait que j'aurai beaucoup de mal à la faire changer d'avis et qu'elle restait bornée sur l'université d'Alaska ainsi que sur la possible date de sa transformation.

- Bella …

- Ne recommence pas. J'ai accepté de jouer le jeu pour donner le change à Charlie, mais nous savons très bien toi et moi que je ne serai pas en état de suivre des études l'automne prochain. Et qu'un éloignement sera indispensable.

Alice avait une fois encore trop parlé car Bella semblait un peu trop bien renseignée sur ce sujet.

- Je croyais que nous n'avions pas encore arrêté la date … lui rappelai-je doucement. Tu apprécieras peut-être de passer un ou deux semestres à la fac. Il y a beaucoup d'expériences humaines que tu n'as pas encore vécues.

- Je les vivrai après.

- Elles ne seront plus humaines, alors. Tu n'auras pas de deuxième chance, Bella.

Bella ne se rendait pas compte du caractère définitif de notre état. Elle était tellement aveuglée par son envie d'être à mes côtés qu'elle préférait ignorer tous les bonheurs qu'il lui restait à vivre en tant qu'humaine.

- Sois raisonnable, il est trop dangereux de reculer l'échéance.

- Nous avons du temps devant nous.

Bien évidemment, elle n'était pas du tout de cet avis et me fusilla du regard. Pendant un long moment, je la vis en pleine réflexion mais ces traits reflétaient plus d'angoisse que de bien être. Je devinais assez bien ce à quoi elle pouvait penser : Victoria et les Volturi … Mais j'espérais surtout qu'elle se laissait une possibilité de pouvoir reculer cette stupide date nettement plus loin qu'après l'obtention de son diplôme. Je devais la rassurer, la convaincre qu’elle avait le temps, que rien ne viendrait la forcer et que je serai toujours à ses côtés.

- Il n'y a pas d'urgence, Bella, lui chuchotai-je. Je ne laisserai personne te faire du mal. Tu peux prendre tout le temps que tu veux.

- Je suis pressée, murmura-t-elle. Moi aussi, j'ai envie d'être un monstre.

Je sentais comme une boule de colère montait douloureusement dans ma gorge. Comment pouvait-elle parler de monstre ? Je ne pouvais pas imaginer Bella comme cela, ce n'était pas possible.

- Tu dis des bêtises, lâchai-je aussi calmement que possible mais je m'étais déjà instinctivement redressé sur ma chaise pour jeter le journal sur la table.

Je lui pointai du doigt les gros titres de la première page.

- Quel rapport ? me questionna-t-elle aussitôt.

-On ne plaisante pas avec les monstres, Bella, lâchai-je d'un ton froid et dur

- C'est … c'est l'œuvre d'un vampire ? souffla-t-elle en me regardant après avoir rapidement parcouru l'article.

- Tu serais surprise du nombre de fois où mon espèce est à l'origine des horreurs qui nourrissent vos informations d'humains. Ils sont faciles à identifier, pour peu qu'on sache ce que l'on cherche. Ce journal n'annonce rien d'autre que la présence d'un vampire nouveau né, lâché dans les rues de Seattle. Sanguinaire, sauvage, incontrôlable. Comme nous l'avons tous été à nos débuts.

J'avais volontairement employé ces termes pour lui faire peur et surtout la faire réfléchir car je ne savais pas trop ce qu'elle savait sur les nouveaux nés mais elle devait savoir la vérité pour prendre conscience de ce qu'elle allait devenir.

Elle était mal à l'aise car elle n'osait plus me regarder dans les yeux. Elle y réfléchissait en effet …

- Nous exerçons une surveillance depuis quelques semaines. Tous les signes sont là, disparitions inexpliquées, toujours la nuit, cadavres abandonnés n'importe comment, manque de preuves … Oui, un bébé tout neuf, un néophyte que personne ne semble avoir pris en charge. (Je poussai un gros soupir pour en rajouter un peu plus ...)Ce n'est pas notre problème. Nous n'y aurions pas prêté attention si les évènements ne se déroulaient pas aussi près de chez nous. Cela arrive tout le temps, après tout. L'existence des monstres a des conséquences forcément monstrueuses …terminai-je volontairement incisif.

Mon petit monologue semblait porter ses fruits car je voyais Bella concentrée à la lecture de l'article puis me demanda :

- Mon cas sera différent … Tu ne me laisseras pas devenir comme ça. Nous irons nous installer en Antarctique.

Cette remarque me fit rire. Bella était si attendrissante. Elle savait me calmer très rapidement même sur un sujet aussi délicat que celui-là. Je voulais qu'elle soit plus détendue elle aussi et un brin d'humour s'imposait …

- Des pingouins ? Formidable !!

Un rire tremblotant retentit et Bella poussa le journal qui tomba au sol.

- L'Alaska … reprit-elle. Mais un endroit un peu plus reculé que Juneau. Un endroit fourmillant de Grizzlis.

- Les ours polaires sont très féroces (je repensais d'ailleurs à mon combat face à l'agresseur de Carol). Et les loups plutôt imposants.

Bella se raidit aussitôt.

- Qu'y a-t-il ? m'inquiétai-je.

Zut !! Je venais de comprendre … j'avais osé parler de manger des loups mais elle avait des amis loups ou plutôt un ami loup !!

- Bon, d'accord, tant pis pour les loups, si l'idée te déplaît tant que ça.

- Il était mon meilleur ami, Edward. Il est logique que l'idée me rebute, non ?

Elle semblait vraiment peinée et je supportais mal qu'elle puisse souffrir de ma bêtise.

- Pardonne ma maladresse. Je n'aurais pas dû suggérer cela.

- Ce n'est pas grave … lâcha-t-elle pour clore le sujet.

Je la sentais tout de même toujours triste et angoissée car elle avait baissé la tête comme pour se cacher de moi et ses poings refermés prouvaient qu'elle m'en voulait encore un peu. Je ne pouvais pas accepter cela et je glissai un doigt sous son menton pour l'obliger à relever la tête et me regarder.

- Désolé. Vraiment … murmurai-je comme pour la supplier.

- Je sais, je sais que ce n'est pas pareil. Je n'aurais pas dû réagir ainsi. Seulement … il se trouve que je pensais à Jacob, avant que tu n'arrives.

Je pris cette dernière phrase comme une claque … j'avais du mal à digérer le fait qu'elle puisse autant penser à lui qu'à moi. Cela me peinait sincèrement car cette amitié dangereuse n'avait plus d'avenir et elle n'était pas du tout d'accord.

- D'après Charlie, il ne va pas bien. Il souffre, et … c'est ma faute, me dit-elle comme pour s'excuser.

- Tu n'es coupable de rien, Bella.

- Il faut que j'arrange les choses, je le lui dois bien. D'ailleurs, c'est l'une des conditions de Charlie …

Arrh… Charlie … Il tentait désespérément de rapprocher sa fille de ce loup. Puéril ! Idiot et surtout absolument inconscient !! C'était cela ces fameuses conditions … et Alice ne m'en avait pas du tout parlées. Je rageais littéralement.

- Il est hors de question que tu traînes près d'un loup-garou sans protection, Bella, objectai-je. Or si l'un de nous pénétrait sur leur territoire, cela romprait la trêve. Tu souhaites donc déclencher une guerre ?

- Non ! Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle.

- Alors, inutile d'en discuter plus avant.

Pour me calmer j'avais besoin de changer le tournant de cette discussion mais par quel moyen ? Je détournai la tête du visage peiné de Bella et mes yeux tombèrent aussitôt sur son vieil exemplaire des Hauts de Hurlevent. Je ne pus retenir un sourire car je tenais là l'occasion rêvée de lui parler de ce que j'en pensais.

- Je suis heureux que Charlie ait décidé de t'autoriser à sortir. Tu as vraiment besoin d'aller dans une librairie. Je n'en reviens pas que tu relises Les Hauts de Hurlevent. Tu dois le connaître par cœur ?

- Contrairement à toi, tout le monde n'a pas une mémoire photographique.

- Mémoire photographique ou pas, j'ai du mal à comprendre comment tu peux aimer ce roman. Les personnages sont des gens horribles qui se pourrissent mutuellement l'existence. Qu'on ait élevé Heathcliff et Cathy au rang de Roméo et Juliette ou d'Elizabeth Bennet et de M.Darcy me laisse pantois. Ce n'est pas une histoire d'amour mais une histoire de haine.

- Tu es vraiment nul en littérature

- Sans doute parce que les vieilleries ne m'impressionnent pas.

J'étais satisfait de moi, nous avions changé de sujet … mais pour combien de temps ? J'en profitais du même coup pour lui poser une question qui m'intriguait.

- Franchement, pourquoi le relire sans cesse ? Qu'est-ce qui t'attire autant dans ce livre ?

En attendant sa réponse qui méritait d'être des plus intéressantes, je désirais la mettre un peu plus à l'aise. Pour cela, je lui caressai doucement la joue et plongeai mon regard curieux dans le sien.

- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle apparemment amadouée par mon regard, l'inéluctable peut-être. La façon dont rien n'arrive à les séparer, ni l'égoïsme de Cathy, ni la malfaisance de Heathcliff, ni même la mort …

Je n'avais pas vu l'histoire sous cet angle mais pour moi, ce roman restait sombre même s'il était décrit comme l'un des plus gros succès littéraires romantiques du dix neuvième siècle.

- L'histoire serait mieux si chacun était doté d'une qualité rédemptrice … repris-je.

- L’amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est leur seule qualité rédemptrice.

- Alors, je te souhaite d'avoir plus de jugeote qu'eux et de ne pas commettre l'erreur de t'amouracher d'un être funeste.

- Il est un peu tard pour t'inquiéter de celui dont je suis amoureuse. Du reste, je crois m'être plutôt bien débrouillée.

- J'en suis ravi.

- Quant à toi, je te souhaite de ne pas t'éprendre d'une égoïste comme Cathy. C'est elle qui est à l'origine de tous les malheurs, pas Heathcliff.

- Je te promets de rester sur mes gardes.

Elle posa sa main sur la mienne et soupira avant de reprendre :

- Il faut que je voie Jacob.

Je fermai les paupières afin de garder mon calme et de contrôler du mieux possible l'intonation de ma réponse.

- Non.

- Il n'y a aucun danger. J'ai passé beaucoup de temps à La Push avec toute la bande, et il n'est jamais rien arrivé, plaida-t-elle d'une voix qui dérailla quelque peu.

Quelques secondes plus tard, son cœur battait la chamade et sa paume de main humide collée la mienne. Elle semblait moins en accord avec ses paroles qu'il n'y paraissait. Bella avait préféré me mentir pour tenter de me faire céder mais au contraire ce mensonge confortait mon opinion.

- Les loups-Garous sont instables, blessant parfois leur entourage. Ou les tuant.

Son absence de protestation prouvait que j'avais raison. J'attendais alors, triomphant qu'elle veuille reprendre la parole.

- Tu ne les connais pas.

- Mieux que tu ne le penses, Bella. J'étais présent, la dernière fois.

- La dernière fois ?

- Nos chemins ont commencé à se croiser il y a environ soixante dix ans … Nous venions de nous installer près de Hoquiam. Alice et Jasper ne nous avaient pas encore rejoints. Nous étions plus nombreux que ces chiens, ce qui ne les aurait pas empêchés de se battre sans l'intervention de Carlisle. Il est parvenu à persuader Ephraim Black que la coexistence était possible. C'est ainsi qu'un armistice a été conclu. Nous croyions la lignée éteinte avec la mort d'Ephraim, d'ailleurs, et que la bizarrerie génétique à l'origine de leur transmutation s'était perdue … Ta poisse semble augmenter de jour en jour. Te rends-tu compte que ton insatiable attirance pour les dangers mortels a réussi le tour de force de ressusciter une meute de mutants ? Si l'on pouvait embouteiller ta malchance, on obtiendrait une arme de destruction massive de tout premier ordre.

- Ce n'est pas moi qui les ai ramenés ! se défendit-elle. Tu n'es donc pas au courant ?

- De quoi ?

- Les loups-garous sont réapparus parce que les vampires étaient revenus. Je n'y suis pour rien.

Je fus très surpris par cette révélation car Carlisle et moi n'avions jamais soupçonné une telle possibilité.

- Jacob m'a expliqué que l'installation de votre clan dans la région avait déclenché le processus. Je croyais que tu le savais …

- Telle est leur opinion ?

- Les faits parlent d'eux-mêmes, Edward. Il y a soixante-dix ans, vous êtes arrivés ici et les loups-garous ont surgi. Aujourd'hui, vous revenez, eux aussi. Ce n'est pas une coïncidence.

- Voilà une théorie qui risque d'intéresser Carlisle … finis-je par convenir car les faits étaient effectivement très troublants.

- Une théorie !!

Je méditais cette information en me disant que la haine de ce cabot était ancrée en lui et qu'il avait été créé, en quelque sorte, pour protéger Bella, des miens et de moi-même.

- Tout cela est fort intéressant mais nous ne sommes pas plus avancés. La situation reste inchangée.

Bella se leva alors de sa chaise pour venir s'asseoir sur mes genoux. Elle se blottit aussitôt dans mes bras glacés et m'inonda de sa chaleur. J'aimais tellement qu'elle soit dans mes bras. La serrer tout contre moi était un vrai bonheur.

- S'il te plait, écoute moi une minute … commença-t-elle. Il ne s'agit pas d'une lubie consistant à faire un salut à un vieil ami. Jacob souffre. Je n'ai pas le droit de ne pas l'aider, de l'abandonner au moment où il a besoin de moi sous prétexte que, quelquefois, il n'est pas humain… Il a été là pour moi lorsque je … lorsque je n'étais plus vraiment humaine non plus. Tu ignores ce que ça a été …

Elle s'interrompit quelques instants car elle semblait hésiter mais le mal était déjà fait. Entendre Bella évoquer cette période, m'était insupportable. Mes mains se fermèrent pour ne former que deux poings prêts à tout détruire sur mon passage pour faire exploser ma colère … cette étouffante colère que je ressentais contre moi.

- Si Jacob n'était pas venu à mon secours … je ne suis pas sûre de ce que tu aurais retrouvé en revenant ici. J'ai une véritable dette envers lui, Edward.

Elle eut un regard si touchant et sincère que je préférai fermer les yeux car je pouvais céder à cause de mon immense culpabilité. C'était exclu car c'était beaucoup trop dangereux pour elle. Je comprenais que trop sa souffrance et ses mots avaient raisonné en moi. Malheureusement cette amitié était impossible …

- Je ne me pardonnerai jamais de t'avoir quittée … même si je vis cent mille ans.

Sa main frôla mon visage et son odeur si apaisante m'aida à rouvrir les yeux et affronter de nouveau son doux regard chocolaté.

- Tu voulais agir au mieux. Je suis persuadée que ça aurait fonctionné avec une fille moins cinglée que moi. Et puis, tu es là, maintenant, c'est l'essentiel.

- Si j'étais resté, tu n'estimerais pas nécessaire de risquer ta vie pour réconforter un clébard.

La peine que je ressentais m'avait laissé échapper ce terme insultant alors que jusqu'à présent j'avais toujours essayé de me maîtriser. Plus je découvrais tout ce que ressentait Bella pour ce chien, plus ma haine pour lui amplifier.

- J'ignore comment formuler ça … enchainai-je sans pouvoir cacher ma tristesse, et ça va te sembler cruel, mais j'ai déjà trop manqué de te perdre par le passé. Je sais les affres dans lesquelles cela m'a plongé. Je ne tolèrerai pas d'autres mises en danger.

- Aie confiance en moi. Tout ira bien.

- Je t'en prie, Bella …

- Quoi ?

- Tâche de ne pas t'exposer. Fais-le pour moi. Je m'efforce de te préserver, ton aide n'est pas de trop cependant.

- Je vais essayer.

- Devines-tu à quel point tu m'es précieuse ? Comprends-tu combien je t'aime ?

Je la serrai contre mon torse pour la sentir encore plus proche de moi comme si nous pouvions ne faire plus qu'un … Elle lova sa tête sous mon menton et m'embrassa délicatement le cou.

- Je sais combien je t'aime … répondit-elle.

- C'est comparer un arbre frêle à une forêt.

- Impossible

Je soupirai face à sa ténacité et lui embrassai les cheveux pour lui répondre :

- Pas de loups-garous.

- Hors de question. Il faut que je rencontre Jacob.

- Je t'en empêcherai ! jurai-je.

- C'est ce qu'on verra. Il reste mon ami.

La soirée touchait déjà à sa fin. Je laissai donc Bella montait se coucher. Quant à moi, je devais jouer la petite mascarade de mon départ. Comme à son habitude, Charlie fut ravi de me voir partir. Je ne pris même pas la peine de lui dire au revoir car il faisait semblant d'être absorbé par la fin de son match de foot pour éviter d'avoir à me parler. Il avait encore du mal à digérer pour l'université de l'Alaska … Ce n'était pas si grave car je savais que cela allait rapidement lui passer.

Bella m'accompagna à la porte et se blottit une nouvelle fois dans mes bras :

- Tu viens me rejoindre, hein ??? me demanda-t-elle inquiète.

- Oui … mais à une condition ?

- Laquelle ? s’exclama-t-elle surprise.

- On ne parle plus de Jacob Black pour ce soir …

- Très bien … on en reparlera demain alors !! me taquina-t-elle.

- Bella … la grondai-je gentiment tout en resserrant notre étreinte.

Elle m'accordait un court répit mais j'appréhendais déjà les jours à venir car notre conversation sur ce cabot m'avait laissé un goût très amer … mais quelque chose me laissais penser que j'allais devoir m'y habituer.




sanaafatine 13-06-10 10:42 AM


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Elle avait tenu parole et n'avait plus évoqué Jacob Black, de mon arrivée auprès d'elle dans sa chambre jusqu'au moment où elle ferma les yeux pour s'endormir. En revanche, son sommeil, lui, ne m'avait pas épargné car ce n'était pas mon prénom qu'elle avait appelé cette nuit là mais celui du cabot et cela me rendait complètement dingue. Je n'avais pas jugé bon de lui en parler le matin à son réveil lorsqu'elle m'avait posé sa traditionnelle question : « Qu'ai-je raconté cette nuit ? »

C'était mon châtiment pas le sien.

Après un bref passage chez moi pour me changer, j'étais passé la prendre chez elle pour l'emmener au lycée. Elle était particulièrement enjouée mais je mettais cela sur le compte de sa liberté fraichement retrouvée.Toutefois, ce climat d'effervescence n'était pas seulement lié à Bella mais aussi à tout notre lycée avec l'approche de la fin des cours et le traditionnel bal de fin d'année. Je pouvais notamment capter dans les pensées des filles, l'angoisse de ne pas trouver la robe parfaite et pour les garçons la peur de ne pas avoir de partenaire pour danser. Bella m'ayant définitivement fait savoir qu'elle ne souhaitait pas y assister, je devais nous trouver une activité pour le week-end prochain.

Tous nos amis étaient heureux de se rendre au bal et de préparer la cérémonie de remise des diplômes. Que ces festivités n'aient plus le même attrait pour moi après toutes ces d'années, c'était logique. En revanche que Bella ne témoigne pas plus d'engouement me faisait toujours autant de peine. Elle essayait tout de même de se montrer enjouée devant ses amis comme ce midi à la cantine lorsque nous nous étions installés avec Angela, Ben et Alice. Mais je sentais qu'elle n'était pas pleinement heureuse et j'espérais pourvoir arranger cela.

- As-tu déjà envoyé des cartons d'invitation ? lui demanda Angela sur un ton légèrement paniqué alors que nous nous asseyions à table.

- Non, lui répondit-elle tout naturellement. C'est inutile. Renée est au courant, et je n'ai personne d'autre à prévenir.

- Et toi, Alice ?

Alice était en même temps entrain d'inspecter la tenue de Bella et regrettait déjà qu'elle n'ait pas voulu aller au bal. Elle aurait pu ainsi lui acheter la dernière robe à la mode pour changer un peu de son style jean/basket qu'Alice trouvait si ordinaire. Ma sœur était incorrigible ! Par contre, elle adorait être entourée de ses amis humains car elle n'en avait jamais eus avant Bella et trouvait cela très drôle de leur jouer cette petite comédie.

- J'ai terminé … mentit-elle avec une large sourire.

- Quelle veine ! soupira Angela. Ma mère a des milliers de cousins et exige que je rédige à la main une invitation à chacun. Je vais me coller un syndrome du canal carpien. Je redoute l'épreuve, or je ne peux plus la reculer.

- Je t'aiderai ! proposa aussitôt Bella. Si tu ne crains pas mon écriture abominable.

J'étais heureux qu'elle se propose car cela lui changerait les idées plutôt que de ruminer chez elle. J'avais d'ailleurs, toujours souhaité qu'elle sorte ou fasse des activités avec ses amis.

- Comme c'est gentil ! s'exclama Angela réellement soulagée car elle appréhendait vraiment cette fastidieuse épreuve. Dis-moi quand je peux passer.

- Je préférerais qu'on fasse cela chez toi, si ça ne te gêne pas. Je suis lasse de mes quatre murs. Charlie a levé ma punition hier soir.

- Vraiment ? se réjouit Angela. Toi qui te croyais condamnée à vie.

- Je suis aussi étonnée que toi. J'étais sûre qu'il ne relâcherait pas la garde avant le bac.

- En tout cas, c'est génial, Bella. Il faut que nous fêtions ça !

- Tu n'imagines pas comme je suis heureuse, affirma-t-elle

- Voyons un peu … intervint ma sœur soudainement excitée à l'évocation du mot fête. Comment pourrions-nous célébrer la bonne nouvelle ?

- Quels que soient tes projets, je doute d'être libre de mes mouvements à ce point, la prévint Bella, s'inquiétant certainement de la démesure de ma sœur.

- Ton père a levé ta punition, oui ou non ?

- Oui. N'empêche, il y a encore quelques restrictions. Ne pas sortir des Etats-Unis, par exemple.

Alice fit une moue boudeuse, vexée que Bella puisse contrecarrer ses plans.

- Alors, que fait-on ce soir ? insista-t-elle tout de même.

- Rien. Ecoute, attendons quelques jours pour nous assurer qu'il ne plaisante pas. De toute façon, nous sommes en milieu de semaine.

- Très bien ! On organisera quelque chose ce week-end.

- C'est ça … céda Bella sans grand enthousiasme.

Pendant qu'Angela, Ben et Alice préparaient les potentielles festivités de ce week-end, Bella plongea dans une triste rêverie. Je n'avais nullement besoin de lire ses pensées pour savoir à qui elle pensait …

Préférant ne pas l'importuner car je ne pourrais rien y changer, je me tournai vers ma sœur qui avait brusquement cessé de gesticuler. Elle était figée par la vision qu'elle était en train d'avoir. Angela commençait à s'angoisser de la subite catatonie de ma sœur. Je devais donc intervenir. Je me forçais à rire comme si je me moquais de la rêverie d'Alice, histoire de mettre un peu plus à l'aise Ben et Angela qui s'inquiétaient de la totale immobilité de ma sœur. Le moyen le plus efficace pour la faire réagir fut un violent coup de pied sous la table. Brutal mais redoutable …

Elle tressaillit aussitôt !

- Tu fais la sieste, Alice ? me moquai-je.

- Désolée, je rêvassais … s'excusa-t-elle

- C'est toujours mieux qu'affronter encore deux heures de cours … commenta Ben.

Pour ne pas attirer l'attention de Bella qui la dévisageait dangereusement, signe qu'elle avait compris ce qui se tramait, Alice reprit la conversation avec encore plus d'entrain que précédemment. J'étais en train de jouer avec une mèche de cheveux de Bella pour paraître aussi naturel que possible lorsqu'Alice me fit part de sa vision. Son regard croisa le mien et elle m'expliqua que Victoria était de retour et qu'elle prévoyait de nous rendre une petite visite … ce week-end !

Les projets de fête de ma sœur étaient d'ores et déjà annulés quant à moi, je n'avais plus qu'une seule idée en tête : éloigner Bella de Forks.

Elle ne devait pas être là lors de l'attaque de Victoria. Ce serait beaucoup trop dangereux. Je ne pouvais pas non plus le lui annoncer car cela lui enlèverait le peu de joie qu'elle pouvait ressentir en ce moment. Oui, partir était une très bonne idée … et j'avais la solution toute trouvée. J'allais devoir batailler mais j'avais une chance d'y arriver. J'aurais aimé botter les fesses de Victoria moi-même mais si je ne partais pas avec Bella, elle ne voudrait jamais quitter Forks. La tueuse voulait s'assurer que nous étions de retour ou du moins que j'étais de nouveau auprès de Bella. En effet, lors de sa dernière intrusion, au retour d'Alice, Victoria aurait flairé la présence de ma sœur et ce serait cette découverte qui l'aurait incité à fuir. Depuis, elle devait attendre le moment propice pour attaquer. J'allais devoir préparer deux ou trois choses avec ma famille pour la protection de Charlie notamment. Mais ma priorité restait Bella. Je ne devais rien laisser transparaître et l'idée de savoir ma belle loin ce week-end là, et à mes côtés, me soulageait et me permettait de jouer cette stupide comédie.

Je fis en sorte d'être toujours en compagnie d'un élève pour que Bella ne soit pas trop tôt à mon contact pour m'assaillir de questions. J'osais espérer qu'elle puisse oublier ce à quoi elle avait assisté à la cantine. Je connaissais trop Bella pour savoir que c’était impossible et c'était la raison pour laquelle je prenais mes distances. Pour qu'elle ne puisse pas penser que quelque chose de grave allait se produire, je ne devais pas lui laisser l'occasion de s'imaginer quoique ce soit. Je tentais de faire comme si de rien n'était … cela ne fonctionna pas très bien, du reste.

En fait, j'avais sans doute pousser le bouchon un peu trop loin en proposant à Mike Newton de l'aider sur sa voiture … moi, qui avait tant de mal à rester dans la même pièce que lui plus de cinq minutes. J'avais encore du mal à paraître naturel en compagnie d'humains que je n'appréciais pas particulièrement.

Bella me le fit tout de suite remarquer. Dès qu'elle fut installée dans la voiture avec ma sœur, elle me demanda :

- Qu'est-ce que cela signifie ?

- Je rends service, c'est tout.

- Tu n'es pas aussi doué que cela en mécanique, mon cher ! renchérit Alice qui n'appréciait pas de ne pas connaître mes intentions. Elle voulait savoir ce que je manigançais mais je ne souhaitais pas encore le lui dévoiler. Du coup, elle se mit à accélérer son débit de paroles pour compenser sa frustration. Tu devrais demander à Rosalie d'examiner ça cette nuit, histoire de ne pas avoir l'air ridicule quand Mike décidera de recourir à ton aide. Remarque, ce serait rigolo de voir sa réaction si Rosalie débarquait à ta place. Mais vu qu'elle est censée être à la fac, à l'autre bout du pays … Dommage !!

Enfin, pour la voiture de Mike, tu suffiras sûrement. Seules les belles sportives italiennes donnent du fil à retordre. A propos d'Italie et des sportives que j'y ai volées, tu me dois toujours cette Porsche jaune. Et je n'ai pas envie de patienter jusqu'à Noël …

Je la laissais déblatérer encore quelques secondes sans l'écouter car je ne connaissais que trop le fond de sa pensée. N'y tenant plus, je décidai de la déposer non pas devant chez moi mais seulement à l'entrée du chemin. Elle n'apprécia pas car cela lui confirmait que je lui cachais quelque chose. Elle me lança en descendant de la voiture un regard noir accompagné d'une expression très explicite « Tu ne perds rien pour attendre ! ».

- A plus tard ! lui répondis-je très à l'aise et heureux de l'abandonner quelques temps.

J'étais trop pressé d'accomplir ma mission que je ne pouvais me permettre de garder Alice dans mes basques. Elle aurait voulu soit s'en mêler, soit cracher le morceau à Bella. C'était trop important pour moi pour que je laisse ma sœur tout gâcher.

Bella n'osa pas me parler pendant le reste du trajet. Son cerveau devait fourmiller de milliers de questions ou plutôt se porter sur une seule et unique. J'allais devoir mettre mon plan à exécution et amener Bella dans mon sens, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle n'appréciera pas mais lorsqu'elle saura, plus tard, que c'était pour son bien, elle me remerciera. Du moins, je l'espérais.

Une fois devant chez Charlie, je décidai d'entamer la conversation.

- Pas beaucoup de devoirs, ce soir …

- En effet.

- A ton avis, suis-je de nouveau autorisé à entrer ?

- Charlie n'a pas piqué sa crise lorsque tu es passé me chercher ce matin.

Bella m'invita alors, à monter dans sa chambre. Elle était visiblement exaspérée mais elle ne me demandait toujours rien. J'allais devoir employer les grands moyens pour la mettre en confiance. Je m'allongeai sur son lit et fis comme si j'étais intéressé par ce que ce passait à l'extérieur pendant qu'elle attendait que son antique ordinateur daigne s'allumer.

Ses doigts tambourinaient sur son bureau témoignant de son énervement. Je déposai aussitôt ma main sur la sienne, en lui murmurant suavement à l'oreille :

- Serait-on impatiente, aujourd'hui ?

Mes doigts s'entremêlèrent dans les siens pour ensuite amener sa main à ma bouche. Je pus ainsi à loisir embrasser la paume de sa main et humer le délicat parfum de son poignet.

Elle releva la tête, l'air contrarié mais nous étions si proches l'un de l'autre qu'elle en fut surprise. Je relâchai alors sa main pour caresser son visage de mon souffle. Le sien était envoûtant si bien que mes lèvres embrassèrent délicatement sa lèvre supérieure puis sa bouche tiède s'ouvrit pour accueillir ma langue. Nos lèvres se rencontrèrent avidement, les miennes froides contre les siennes devenues étonnement si chaudes sous l'intensité de nos baisers.

Une de mes mains après avoir parcouru son visage, vint caresser ses cheveux pendant que l'autre empoignait fermement ses reins pour les plaquer contre mon torse glacé. Elle frissonna. Je pensais au début que c'était sous l'effet de notre étreinte mais je sentais la chaleur de son corps diminuée, conscient que c'était peut-être à cause de mes membres glacés qu'elle frissonnait. Je la relâchai à regret.

Mais Bella était incroyablement têtue et dans tous les domaines … j'avais certes réussi à la mettre à l'aise mais je m'étais fait prendre à mon propre jeu. Elle en voulait plus et moi aussi d'ailleurs mais cela nous était impossible. C'est pourquoi je préférais me reculer de peur de ne pas réussir à m'arrêter. Bella n'était visiblement pas décidée à m'aider car elle vint se coller à moi et lécher ma lèvre inférieure avec une sensualité inouïe …

S'en était trop et je dus l'écarter de moi, une bonne fois, pour être sûr de ne pas craquer. Mon désir pour elle devenait incontrôlable. Quand j'étais proche d'elle à ce point, je sentais mes instincts d'homme revenir et tout me paraissait si facile, comme si le simple fait de la toucher n'était plus une crainte mais un plaisir insoupçonné. Ses caresses ou ses baisers faisaient réagir tout mon être avec des sensations que je pensais avoir complètement oubliées ou d'autres que je découvrais pour la première fois.

Sa ténacité me faisait rire. Elle était si entreprenante, ne se souciant plus du tout de savoir si j'allais lui faire du mal ou encore la tuer avec mon venin … Non, Bella se laissait aller à cent pour cent dans mes bras et je devais bien le reconnaître : j'adorais cela !

- Ah, Bella ! soupirai-je.

- Je m'excuserais si j'étais désolée, mais ce n'est pas le cas, me dit-elle fièrement.

- Ce que je devrais regretter, ce qui n'est pas le cas non plus. Je crois que je vais retourner sur le lit.

- Si tu estimes que c'est nécessaire.

Je m'éloignai d'elle sans une pointe d'amertume mais c'était préférable pour nous deux.

Son ordinateur était fin prêt pour travailler et Bella s'apprêtait à écrire à sa mère.

- Transmets mes salutations à Renée …

- Bien sûr.

Elle écrivit tranquillement son mail jusqu'au moment où j'entendis subitement ses dents grinçaient … puis elle se mit à taper plus violemment et rapidement sur les touches de son clavier. Elle était visiblement mécontente et je ne pus m'empêcher de lire par dessus son épaule ce qui pouvait la mettre dans cet état. Ce que je découvris ne m'étonna malheureusement pas… Elle parlait du cabot et du fait qu'elle ne le voyait plus. Je préférais ne plus y prêter attention car cela me faisait déjà bien assez mal.

Je préférais laisser mes yeux vagabonder dans cette chambre que j'avais tant imaginée pendant mon exode forcé, cette pièce où j'aurais tant voulu revenir. Rien n'avait vraiment changé en mon absence seule cette chose bizarre que dépassait du placard de Bella…

Je n'étais pas tout à fait sûr de ce que c'était. Si, en fait, après une plus profonde inspection et cet objet allait me permettre d’aborder mon envie d'escapade pour ce week-end. Alors que Bella venait d'éteindre son ordinateur et s'apprêtait à se lever de son bureau, je décidai d'amener le sujet en douceur ou du moins avec un peu d’humour :

- Nom d'un chien ! Que lui as-tu fait subir ?

- Je n'arrivais pas à l'extraire du tableau de bord.

- Alors tu t'es sentie obligée de le torturer ? Me retenant de ne pas sourire.

- Je ne suis pas douée avec les outils, tu le sais. C'était involontaire !

- C'est un meurtre, oui !! m'exclamai-je l'air faussement tragique.

- Bah ! lâcha Bella ne sachant plus trop si je riais ou si j'étais véritablement outré.

- Ils seraient blessés s'ils apprenaient. Heureusement que ta punition t'a tenue loin de chez nous. Je vais devoir le remplacer avant qu'ils ne remarquent quelque chose.

- C'est gentil, mais je n'ai pas l'usage d'un appareil aussi sophistiqué.

- Ce n'est pas pour toi que j'en achèterai un ! lâchai-je ironiquement, histoire que je puisse enfin écouter un peu de musique dans sa vieille Chevrolet.

Elle soupira car elle avait du deviner que je blaguais.

Je me saisis discrètement de la pochette qui contenait les deux billets d'avion pour la Floride, que Carlisle et Esmée lui avaient offerts. C'était maintenant que j'allais voir si j'étais un fin stratège ou un pitoyable acteur …

- Tu as vraiment maltraité tes cadeaux ! ajoutai-je faussement mécontent tout en m'éventant avec la précieuse pochette.

Elle ne me répondit pas, visiblement mal à l'aise. C'était vrai que ces cadeaux pouvaient être synonymes de mauvais souvenirs pour elle et elle voyait cela d'un mauvais œil, que je puisse en parler ainsi. Pour moi, cet événement n'avait plus l'importance que j'avais pu lui donner autrefois. L'idée de la perdre m'avait fait réaliser à quel point j'avais pu être idiot.

Et puis, si ces billets d'avion pouvaient me permettre de réaliser mes desseins et bien cet anniversaire n'aura pas été un si mauvais souvenir que cela pour nous deux.

- As-tu conscience qu'ils sont sur le point d'expirer ? lui demandai-je en lui tendant la pochette.

- Non. Je ne me souvenais même plus que je les avais, me répondit-elle d'un ton neutre.

J'avais du mal à cacher mon excitation et j'espérais qu'elle ne décèlerait pas trop ce qui clochait dans mon attitude. Elle était toujours si perspicace.

- Il nous reste encore un peu de temps … poursuivis-je. Tu n'es plus punie et nous n'avons aucun projet pour ce week-end, puisque tu refuses d'être ma cavalière au bal de fin d'année. Et si nous fêtions ta liberté retrouvée ainsi ?

- En rendant visite à Renée ? me demanda-t-elle surprise.

- Il me semble t'avoir entendu dire que le territoire américain t'était permis.

Elle était étonnée par ma proposition et me toisait d'un air suspect.

- Alors ? insistai-je sans pouvoir cacher mon empressement. Oui ou non ?

- Charlie s'y opposera, lâcha-t-elle, certainement énervée par mon inhabituel empressement.

- Il n'a pas le droit de t'interdire de voir ta mère. De plus, elle a officiellement ta garde.

- Personne n'a ma garde. Je suis majeure.

- Certes, dis-je aussi naturellement que possible car dans ma précipitation j'avais dit une bêtise. Cela m'arrivait rarement et cela pouvait donner des doutes à Bella sur mes motivations. Quel nul !!

Après une longue réflexion, elle me répondit enfin :

- Pas ce week-end !!

- Pourquoi ? lâchai-je surpris.

- Je refuse de me battre avec Charlie. Pas si tôt après qu'il m'a pardonné.

- Moi, je trouve que ce sera parfait, insistai-je lourdement.

- Non. Une autre fois.

Bella avait décidé de ne pas me rendre les choses faciles mais je m'en doutais alors tous les coups étaient permis, même les plus vils comme la faire culpabiliser.

- Tu n'es pas la seule à avoir été confinée dans cette maison … lui reprochai-je.

- Tu peux aller où bon te semble ! me répondit-elle vexée par ma remarque.

- Le monde sans toi ne m'intéresse pas …

Elle leva les yeux au ciel comme si elle sentait que j'en faisais un peu trop … malgré tout, je persistais.

- Je suis sérieux ! protestai-je.

- Commençons doucement, d'accord ? Par un film à Port Angeles, par exemple …

- Laisse tomber … On en reparlera une autre fois.

- Tout a été dit à ce propos.

Je capitulai sur ce coup là mais je n'avais pas dit mon dernier mot. J'allais devoir recourir à la manière forte. J'y étais obligé, je devais tout faire pour que Bella ne soit pas là ce week-end et j'y parviendrai.

- Parfait. Autre chose : qu'est-ce qu'Alice a vu aujourd'hui à la cantine ?

Comme je le soupçonnais, Bella avait bien remarqué qu'Alice avait eu une vision. J'avais tout prévu pour noyer le poisson … Elle me regardait attendant ma réponse mais elle n'y décèlerait … rien, pas une once d'inquiétude.

- Jasper … Dans un drôle d'endroit. Quelque part dans le sud-ouest, d'après elle. Pas loin de son ancien clan. Or, il n'a aucune intention consciente de retourner là-bas. Cela l'inquiète.

- Oh !! lâcha-t-elle apparemment soulagée de voir que je ne lui annonçais aucune catastrophe.

Et puis, je n'avais pas vraiment menti car Alice avait eu cette vision mais par le passé après le regrettable incident de l'anniversaire de Bella. Jasper avait songé à nous quitter plutôt que de rester à Forks. Fort heureusement, les choses avaient pu s'arranger mais Alice avait été véritablement inquiète à l'époque. J'avais fait le choix de cette vision car je savais que Bella ne tenterait pas d'en parler à Alice et qu'elle n'inquièterait nullement Bella.

- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ? me reprocha-t-elle.

- Il m'avait échappé que tu t'en étais aperçue. De toute façon, c'est sûrement sans importance, mentis-je.

Nous descendîmes ensuite au rez de chaussée pour faire les quelques devoirs que nous avions à rendre pour le lendemain. Vint ensuite le moment que je n'appréciais pas particulièrement, la préparation du dîner. Le plus souvent, cela ne durait pas trop longtemps mais ce soir, Bella avait l'air d'avoir envie de mijoter un bon petit plat pour son père. Peut-être pour l'amadouer ? J'avais peut-être semé le doute dans l'esprit de Bella en fin de compte.

Charlie arriva quelques temps plus tard. Il ne me toisa pas du regard et ne me démontra pas non plus son hostilité. Je compris rapidement ce qui le rendait si radieux. Cela allait clairement semer la zizanie, ou plutôt j'allais vraiment semer la discorde à cause de mon escapade de ce week-end. En effet, Charlie avait des projets lui aussi et qui englobaient sa fille … sur la réserve Quileute.

Alors qu'ils s'installaient à table, je m'excusai de ne pas me joindre à eux et me posai sur le canapé en faisant semblant de regarder la télé. J'étais bien trop pressé de savoir comment allait se dérouler leur conversation … mais Bella ne dit rien ou n'osa rien dévoiler à son père de nos projets. Elle redoutait trop sa réaction pour cela.

Leur repas étant terminé, je revins dans la cuisine car Charlie devait savoir et ses projets de fête Quileute étaient totalement exclus pour Bella ! Je ne pouvais plus attendre !!

Je m'apprêtais à aider ma bien-aimée, en essuyant la vaisselle mais je souhaitais surtout tenter une approche auprès de Charlie. Ce dernier commença à s'orienter vers son endroit préféré … le canapé mais j'avais à lui parler avant. Je savais que Bella détesterait ça mais j'avais dit que j'emploierai les grands moyens !

- Charlie ? lui lançai-je aussi naturellement que possible.

Ce dernier s'arrêta net et se tourna vers moi.

- Bella vous a-t-elle dit que mes parents lui avaient offert des billets d'avion à son anniversaire afin d'aller voir Renée ?

Bella lâcha aussitôt l'assiette qu'elle était en train de nettoyer. Elle était donc bien choquée par mon impertinence mais je ne pouvais pas faire autrement …

- C'est vrai Bella ? lui demanda Charlie étonné.

- Oui … avoua-t-elle timidement, sans oser lever les yeux sur moi ou sur son père.

Charlie était mécontent que sa fille le lui ait caché et n'appréciait pas du tout de l'apprendre de cette manière. Il me regarda et me répondit :

- Je n'étais pas au courant, non.

- Je vois … lâchai-je comme si moi aussi, je venais d'apprendre que Bella ne lui avait rien dit.

- As-tu une raison de soulever la question aujourd’hui ? me questionna son père.

- Leur validité est sur le point d’expirer … expliquai-je sûr de mon petit effet. Je crains qu’Esmé ne se vexe si Bella n’utilise pas son cadeau. Certes, il suffirait de lui dissimuler, mais …

Je ne terminai pas ma phrase volontairement sachant que cet argument allait faire mouche. Charlie appréciait mes parents et il ne voulait pas les froisser avec cette histoire de billets d’avion. Après une courte réflexion, Charlie déclara :

- Ce ne serait pas une mauvaise idée que tu rendes visite à ta mère, Bella. Elle serait contente. Je ne comprends pas pourquoi tu ne m’en as pas parlé.

- J’ai oublié.

- Pardon ? On te donne des billets d’avion et ça te sort de l’esprit ?

Bella ne sachant plus quoi répondre, se remit à sa vaisselle.

- Edward, tu as mentionné des billets. Combien y en a-t-il exactement ?

Je savais très bien pourquoi il me posait cette question et je savais aussi que cela allait dégénérer mais c’était une fois encore le prix à payer pour que Charlie consente à cette escapade.

- Un pour elle et … un pour moi.

Le soupir de Charlie fut aussi expressif que les rougeurs que Bella arborait sur ses joues.

Tous les deux étaient irrités par mon attitude d’une part car je dépassais les bornes et d’autre part car cela ne me ressemblait pas du tout …

- C’est hors de question ! s’emporta-t-il enfin.

- Pourquoi ? demandai-je en faisant mine de ne pas comprendre son irritation. Vous venez de dire que ce serait une bonne idée que Bella voit sa mère.

- Tu n’iras nulle part avec ce garçon, jeune fille ! brailla Charlie en brandissant un doigt sur elle et en m’ignorant volontairement.

Cette rage fut vite contagieuse car Bella ne put se retenir plus longtemps de répondre à son père sur le même ton.

Le ton montait entre ces deux là car Bella pensait que son père préférerait que ce soit le cabot qui l’accompagne alors qu’en fait, il s’imaginait juste que Renée nous laisserait batifoler. Nous pourrions ainsi avoir une intimité que Charlie avait du mal à digérer. Comme tout père, il s’inquiétait pour sa fille mais ne pouvait pas le lui révéler de peur de passer pour un papa poule !

Je me sentais fautif de les laisser se déchirer mais je le faisais uniquement dans le but de protéger Bella. Je savais que c’était ignoble de m’y prendre ainsi mais c’était le seul mode de communication qu’ils connaissaient. Ils n’arrivaient pas à se parler sans se disputer.

Après ces quelques minutes de défoulement, Bella mit fin à la conversation et à sa vaisselle en même temps :

- Mes devoirs sont terminés, tu as dîné, la vaisselle est faite et je ne suis plus punie. Je sors. Je serai rentrée avant vingt-deux heures trente.

- Où vas-tu ? râla-t-il.

- Je n’en sais trop rien. Je resterai dans un rayon de quinze kilomètres. D’accord ?

Il marmonna quelques mots et quitta la cuisine sans un regard pour sa fille. Il allait se calmer et digérer cette nouvelle.

- Nous sortons ? lui demandai-je heureux d’avoir arraché ma victoire grâce à Bella.

- Oui ! me rétorqua-t-elle en me toisant. J’ai deux mots à te dire en privé.

Mon petit chaton qui se prenait pour un redoutable lion à cet instant voulait me parler. Rien de ce qu’elle pourrait me dire n’atténuerait la joie que je ressentais de la savoir près de moi et en sécurité ce week-end.

Elle attendit tout de même que nous soyons installés dans ma voiture pour exploser :

- Qu’est-ce qui t’a pris ?

- Je sais que tu as envie de revoir ta mère, Bella. Tu en as parlé en dormant. Tu t’inquiètes pour elle, mentis-je car durant son sommeil c’était pour une toute autre personne qu’elle s’inquiétait.

- Ah bon ? s’exclama-t-elle surprise.

- Oui. Tu avais la frousse d’affronter Charlie, je me suis borné à intercéder en ta faveur.

Je ne regrettais pas de l’avoir fait car cela avait abouti à ce que j’espérais.

- Tu plaisantes ? Tu m’as jetée dans la fosse aux lions, oui !!

- Je n’ai pas eu l’impression que le péril était si grand.

- Je t’avais pourtant averti que je ne voulais pas me disputer avec mon père.

- Tu n’y étais pas forcée.

-C’est plus fort que moi. Quand il se met à être injuste, mes instincts adolescents reprennent le dessus.

- Je n’y suis pour rien ! rigolai- je en savourant la joie d’avoir obtenu ce que je désirais.

- L’urgence soudain d’une visite en Floride aurait-elle un lien avec la fête chez Billy ?

Elle avait bien senti que je lui cachais quelque chose mais fort heureusement elle était sur une mauvaise piste.

- Du tout. Que tu restes ici ou que tu sois à l’autre bout du monde n’y changerait rien : tu n’irais pas.

Elle se crispa aussitôt et serra les poings en me lançant un regard glacial.

Mais plus rien ne pouvait me toucher, j’étais trop heureux pour cela.

- Bon, où va-t-on ?

- Chez toi ? Je n’ai pas vu Esmé depuis longtemps.

- Cela lui fera plaisir ! Surtout quand elle apprendra où nous allons ce week-end. m’exclamai-je tout guilleret.

Elle ronchonna quelque peu mais je savourais déjà ma victoire !

D’ailleurs, elle n’ouvra pas la bouche durant tout le trajet jusqu’à chez moi. Je n’avais rien dit non plus sachant qu’il lui fallait un peu de temps pour se radoucir. Elle ne m’en voulait jamais très longtemps. Je ne souhaitais pas qu’elle fasse la tête devant toute ma famille et qu’ils apprennent trop rapidement comment j’avais obligé Bella à se rendre chez sa mère. En garant la voiture, je pus capter les pensées des miens et ils échafaudaient déjà un plan pour ce week-end. Alice les avait prévenus de sa vision et savait même, à présent ce que j’avais manigancé.

Je descendis de ma voiture et vint ouvrir à Bella qui m’attendait patiemment sur son siège.

- Toujours fâchée ? lui demandai-je en ouvrant la portière.

- Charlie s’en remettra ?

- Oui, rassure-toi … lui dis-je en souriant.

- Alors dans ce cas, je ne suis plus fâchée !!

Je la pris dans mes bras pour l’aider à descendre. Je la déposai doucement sur le sol. Je lui embrassai le front et lui pris la main pour l’accompagner jusqu’à la maison.

Esmé et Carlisle nous attendaient. Ils étaient heureux de revoir Bella.

Ma mère emmena rapidement ma bien-aimée sur le canapé pour converser de tout et de rien. En attendant, j’allais rejoindre Alice et Jasper qui venaient d’entamer une partie d’échec.

Alice ne put se retenir très longtemps de me reprocher mon attitude et martela mes pensées de toutes ses réprobations.

- Tu es fier de toi !! Tu as réussi à avoir ce que tu voulais alors pourquoi faire tant de chi-chi et me mettre de côté comme tu l’as fait ?

- Je suis désolé mais je n’avais pas le choix … Je voulais être absolument sûr de réussir à convaincre Bella d’aller chez sa mère sans qu’elle sache que c’était pour préserver sa sécurité !

- Ouais … mais je t’en veux encore … A moins que tu songes sérieusement à me faire plaisir ? Tu sais comment tu pourrais te rattraper, n’est-ce pas ?

- Tu l’auras ta Porche !! Et avant Noël, j’ai compris le message !

Puis je repris sur le sujet qui nous intéressait plus particulièrement.

- Vous avez déjà prévu quelque chose pour la surveillance de Victoria ?

- Oui, Esmé, Rosalie et moi, on protégera Charlie quant à Jasper, Emmett et Carlisle, ils ne resteront pas trop loin de la réserve quileute car c’est par là que devrait arriver Victoria …

- Il faudra faire très attention de bien respecter la frontière pour ne pas nous créer d’autres problèmes ! indiquai-je à ma sœur.

- Ne t’inquiète pas, ils seront vigilants !

Bella vint nous rejoindre et avant que cette dernière ne puisse s’apercevoir que nous étions en grande conversation mentale, Alice me demanda aussitôt :

- Edward, tu me dois une revanche ? Jasper, tu joueras avec Bella, tu veux bien ?

Alice espérait me battre vu qu’elle pouvait anticiper mes mouvements mais elle n’était pas si habile qu’elle le pensait car je lui lançais régulièrement de fausses pistes ce qui la faisais rapidement capituler. Bella quant à elle, fut littéralement laminée par Jasper qui était le plus adepte de nous tous dans ces jeux de stratégie.

Bella avait visiblement réussi à penser à autre chose durant une ou deux heures. Elle ne m’était pas du tout apparue mélancolique de la soirée et j’en étais heureux. L’idée de passer un week-end chez sa mère et avec moi devait lui faire plaisir, tout comme moi d’ailleurs, même si initialement mes motivations étaient liées à l’arrivée de Victoria.

Nous rentrions donc tranquillement chez Bella. Son père nous attendait car la maison était encore éclairée et je pouvais d’ores et déjà capter ses pensées. Elles me confirmaient ce qu’il s’était imaginé tout à l’heure concernant notre potentielle intimité à Bella et moi. Il était inquiet en effet, de la vie sexuelle de sa fille et voulait lui faire un peu la morale sur ce sujet.

- Mieux vaut que tu ne m’accompagnes pas. Inutile d’aggraver la situation, me conseilla-t-elle.

Je n’y tenais pas tant que ça, effectivement. L’idée d’entrer et d’écouter les propos maladroits de Charlie envers sa fille me firent sourire.

- Ses pensées sont assez calmes … lui répondis-je sur un ton moqueur.

- A plus … lâcha-t-elle.

- Je reviendrai quand Charlie ronflera ! rigolai-je en me baissant pour lui embrasser le front.

Une fois que Bella eut passé la porte de chez elle, je fis de nouveau route vers chez moi. J’étais soulagé et je pensais un peu trop hâtivement sans doute que cette journée compliquée était sur le point de se terminer. Comme je le pensais très souvent, c’était sans compter sur Bella. Je fus à peine garé devant chez moi qu’Alice vint me rejoindre totalement affolée …

- Edward !! Je ne vois plus son avenir… je ne vois plus l’avenir de Bella !! La dernière chose que j’ai vue c’est qu’elle partait voir le cabot !! J’ai peur qu’elle n’en revienne pas … et s’il l’a tuait !! me dit-elle paniquée.

- Ok, cesse de paniquer ! Je retourne toute de suite chez elle pour l’empêcher d’y aller ! répondis-je d’une voix tendue.

Cette fois-ci, j’y allais en courant. C’était nettement plus rapide car je pouvais couper par la forêt. J’étais si anxieux que je parcourus le trajet encore plus rapidement que d’ordinaire. J’arrivai chez Bella alors qu’elle était encore chez elle, et qu’elle annonçait à son père qu’elle désirait rendre visite à Jacob Black.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de sortir de la maison, j’avais déjà pu enlever le câble du démarreur et m’installer sur le siège passager de sa Chevrolet. C’était la seule solution rapide que j’avais pu trouver sans éveiller les soupçons de son père. Bella n’était toujours pas décidé à m’aider pour assurer sa sécurité. Cependant, je n’allais pas m’énerver car après ce que je venais de faire je pensais plutôt que ce serait elle qui m’en voudrait.

Il faisait nuit noire et Bella eut du mal à ouvrir sa portière. J’entendais ses doigts qui tâtonnaient la carrosserie pour attraper la poignée. Elle ne pouvait pas non plus me distinguer dans cette obscurité. Elle tenta ensuite de démarrer mais rien ne se produisit, fort heureusement. Elle devina alors que j’étais prêt d’elle lorsque je me mis à agiter le câble devant moi pour lui montrer la raison de cette panne.

- Aaaaaaah ! hurla-t-elle.

- Alice m’a prévenu … murmurai-je. Elle a pris peur en découvrant que ton futur avait disparu, il y a cinq minutes.

Elle me regarda totalement stupéfaite.

- Les loups lui sont invisibles … lui précisai-je. Tu as oublié ? Lorsque tu décides de les côtoyer, ton destin s’évapore aussi. Tu comprends pourquoi cela me rend un petit peu … nerveux. Alice a cessé de te voir, sans pouvoir déterminer si tu reviendrais ou non. Nous ignorons les raisons de ce phénomène. Les loups-garous ont peut-être une défense innée, mais l’explication laisse à désirer, puisque moi, je n’ai aucune difficulté à lire leurs pensées. D’après Carlisle, cela est dû au fait que leur transmutation régit leur existence. Elle tiendrait moins de la décision volontaire que de la réaction spontanée bouleversant tout autour d’eux. A l’instant où ils changeraient de forme, ils n’existeraient plus vraiment. Du coup, le futur ne les concerne plus …

Elle ne répondit toujours pas, toujours sous le choc de mon geste visiblement.

- Je réparerai ta voiture à temps pour que tu ailles au lycée, au cas où tu préférerais t’y rendre seule …

Elle avait les lèvres pincées, signe de son mécontentement. Elle récupéra ses clés avec violence et descendis de la voiture.

Avant qu’elle n’ait refermé sa portière je lui chuchotai tout de même :

- Ferme ta fenêtre si tu ne veux pas de moi cette nuit …Je comprendrai.

Elle ne me répondit rien et ne jeta même pas un coup d’œil dans ma direction. Elle était très en colère à en juger sa démarche et la manière dont elle claqua la porte d’entrée de sa maison.

Je décidai de réparer sa voiture en attendant de savoir si elle fermerait ou non la fenêtre de sa chambre. Son père fut déçu que sa fille ne puisse pas rejoindre ce cabot et il lui avait même proposé sa voiture de patrouille alors que cela lui était interdit. Il tenait tant à ce que sa fille soit heureuse. Il pensait que cela passait par une relation avec Jacob Black. Bien évidemment, elle refusa et monta dans sa chambre et j’entendis très facilement sa réponse avec le claquement assourdissant de sa fenêtre. Elle était en colère et je le savais mais je connaissais aussi de mieux en mieux Bella pour savoir que cela n’allait pas durer. C’est pourquoi je ne fus pas surpris de voir sa fenêtre ouverte en passant devant sa chambre après avoir fini la réparation de sa voiture. C’était aussi pour cela que je l’aimais.




sanaafatine 13-06-10 10:47 AM



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J’eus tout de même le droit de l’emmener au lycée les autres jours de la semaine. Elle m’avait pardonné à mon plus grand soulagement. Charlie quant à lui, avait tout de même réussi à digérer notre voyage. Il me glissa quelques recommandations lorsque je vins chercher Bella chez elle, le vendredi soir. Il s’inquiétait de ne pas revoir sa fille vivante ou de la retrouver blessée.

Il se remémorait la fois où elle était revenue avec une jambe cassée ou encore lorsqu’elle avait disparu trois jours sans laisser de trace, tout cela à cause de moi. Il espérait que ce voyage ne cachait rien et qu’il se terminerait bien. J’avais beau lui dire que je prendrai soin d’elle mais je recevais toujours un grognement en guise de réponse.
Nous devions arriver à Jacksonville le lendemain matin de très bonne heure avant que le soleil et la chaleur ne soient trop présents. Je savais que je partais pour me terrer deux jours. Enfin, j’espérais quand même avoir une permission de sortie le soir, au clair de lune. Le vol se passa sans encombre. Je sentais juste une légère pointe de nervosité chez Bella mais je pensais que c’était lié à la joie de revoir sa mère car ses inquiétudes pour le cabot semblaient s’être éloignées.

A notre arrivée à l’aéroport, nous avions eu droit à un accueil plein de cris et de larmes. Renée était si expressive et spontanée. Ce dernier trait, Bella en avait d’ailleurs beaucoup hérité.
Renée était accompagnée de Phil, un homme charmant mais très discret. Il était le côté plus posé qui manquait à sa femme. Cette brève rencontre fut la seule que nous avons eue durant notre week-end car il était mobilisé auprès de son équipe de base-ball qui participait à un tournoi ce week-end là. Il prenait son rôle d’entraineur très à cœur. Ils vivaient dans une ravissante maison dans le sud de la ville, proche de la plage, non loin de l’aéroport. Heureusement pour moi, car le soleil commençait à être de plus en plus présent et la chaleur devenait accablante.
Renée avait aménagé la chambre de sa fille à l’identique de celle qu’elle avait à Phoenix. Elle espérait ainsi la faire revenir vivre auprès d’elle. Bella lui manquait beaucoup. Elle avait du mal à se faire à leur séparation car elles avaient vécu si longtemps l’une avec l’autre que Renée avait encore besoin du soutien de sa fille.

Elle n’oserait jamais le lui avouer, encore moins maintenant qu’elle sentait Bella heureuse et amoureuse. Elle nous observait beaucoup d’ailleurs, jusqu’à décortiquer nos moindres gestes. Elle était visiblement intriguée par notre relation. Elle sentait notre attraction, nos sentiments profonds l’un pour l’autre mais elle ne comprenait pas notre retenue.
Renée avait un tel discernement malgré ses nombreux moments de rêveries fantasques. Elle était très observatrice, tout comme Bella. Elle, si démonstrative, n’envisageait pas une relation sans extravagance et câlins à volonté. Renée nous trouvait trop sages alors qu’au contraire, Charlie nous imaginait trop pressés. Ils étaient tout simplement loin de la réalité. Malgré tout, Renée comptait nous faire dormir dans des pièces séparées. J’avais hérité du canapé convertible de la salle à manger. C’était plutôt comique comme situation, je devais bien l’avouer. S’ils savaient tous les deux que je passais toutes mes nuits dans la chambre de leur fille et ce, avant même de bien la connaître, ils seraient sans doute indignés.

Cette première journée fut riche en balades et emplie de soleil pour Bella. Renée voulait nous faire visiter la ville et plus particulièrement la plage. Jacksonville était réputée pour ses belles plages de sable fin. Elle espérait nous faire oublier la pluie quotidienne de Forks et découvrir les vertus du soleil. Je déclinai gentiment son invitation en prétextant une intolérance au soleil. Renée ne me contredit pas, jugeant effectivement mon teint si pâle qu’il ne serait effectivement pas judicieux d’aller me brûler au soleil. Et puis, elle était contente de se retrouver en tête à tête avec sa fille quelques heures. Je comptais sur la soirée pour passer plus de temps avec Bella. Etre à ses côtés sans pouvoir la toucher m’était très difficile. J’avais hâte de retrouver un peu d’intimité.

J’étais donc seul dans la maison et j’allai m’installer dans la chambre de Bella me disant que je retrouverais peut-être son odeur sur l’une des peluches de son lit ou alors une once de son parfum sur un foulard… Même après de longs mois d’absence, son odeur était encore présente sur certains de ses objets. Cela me permettait d’affronter cette nouvelle solitude. Je me sentais bien dans cette pièce et je n’avais besoin de rien … excepté de Bella.

Je n’avais même pas faim car j’avais suffisamment mangé avant de partir, en prévention des longs moments que j’allais passer auprès de ma bien-aimée. Résister à son attraction nécessitait une telle énergie que j’avais pris mes précautions. Je savais aussi qu’il me serait impossible de me nourrir par ici et heureusement, mon errance m’avait endurci sur ce point.

Toutefois, mon attente fut interrompue par un appel de ma sœur.

- Alors, Edward, pas trop de coups de soleil ? me taquina-t-elle.

- Non comme tu le sais mon … intolérance au soleil … m'interrompis-je en riant, m’oblige à rester enfermé et c’est pénible quand Bella n’est pas là ! Mais Renée est charmante et Bella en sécurité alors tout va pour le mieux ! Et vous, comment ça se passe ?

- Victoria n’a rien tenté encore mais on l’attend pour cette nuit. Charlie allait bien … enfin jusqu'à ce qu'il aille à sa fête Quileute sur la réserve. Maintenant on ne peut plus le surveiller mais on va espérer que les loups vont le protéger !

- Ouais … Bella assure que ces cabots peuvent se défendre alors on va prendre ce risque et de toute façon on n'a pas le choix ! Préviens-moi s’il y a le moindre problème.
- Ne t’inquiète pas. Je te ferai signe.

Bella revint enfin en début de soirée. Elle était ravissante dans sa tenue légère. Son débardeur laissait apparaître ses délicates épaules. Elle avait relevé ses cheveux à cause de la chaleur et je pouvais ainsi découvrir sa nuque d'où perlaient quelques gouttes de sueur. Ses joues et ses épaules étaient légèrement rosies par le soleil. Un frisson de désir me parcourut de part en part. J'avais un besoin irrépressible de la toucher. J’attendis donc douloureusement que Renée s'absente enfin quelques instants pour prendre Bella dans mes bras. Je lui murmurai aussitôt à l’oreille :

- Alors cette balade ?

- Longue et … tu m'as manqué.
-Oh oui … atrocement, lui confirmai-je.

Ma langue se balada sur sa nuque pour en lécher la sueur. Elle frissonna et les battements de son cœur s'accélérèrent. Sa peau était plus chaude que d’ordinaire. Je pouvais encore sentir les rayons du soleil qui dégageaient leur chaleur. J’effleurai ses bras avec le bout de mes doigts pour apaiser ses petites rougeurs. Puis j’embrassai délicatement ses joues roses et elle frémit au contact de ma bouche glacée. Ses mains vinrent caresser mes cheveux pour ensuite s'enrouler autour de mon cou. Ses lèvres avaient un goût de sel et donnèrent une saveur particulière à ce baiser.
Vint ensuite l’épreuve du diner. Renée souhaitait faire plaisir à sa fille et lui avait préparé ses plats préférés. Ne souhaitant pas la vexer, je pris part à leur repas et fis même la conversation avec ma charmante future belle-mère. Cette soirée étant très agréable. J’oubliai presque mon dégoût pour la nourriture. Je parvins à manger, du moins à avaler sans mâcher. C'était réellement désagréable mais cela me tenait à cœur. Bella semblait sidérée car je ne faisais jamais cet effort chez Charlie. Elle devait penser que j’aurais eu la même attitude chez sa mère. Non, cela m’était impossible. Charlie ne m’appréciait pas et ce quoique je fasse. Cela ne changerait rien alors que Renée avait un jugement différent sur moi. Bella aimait sa mère et je voulais lui faire plaisir en paraissant aussi normal que possible.

A la fin du repas, j’eus droit à une émouvante séance photos. En effet, Renée avait sorti tous les albums photos de sa fille depuis sa naissance. Bella piqua un phare très rapidement et s’en prit aussitôt à sa mère jugeant ridicule de me montrer son joli minois de bébé ou encore ses premiers pas en couche culotte. Renée ne céda pas et ce fut avec un plaisir non dissimulé que je découvris la partie de la vie de Bella que je ne connaissais pas. J’étais toujours si curieux de découvrir ce qu’elle aimait ou ce qu’elle avait fait avant moi que je remerciai encore Renée de me donner cette chance.

Puis, Bella et moi étions allés nous promener car elle voulait me montrer la plage. La nuit était tombée et la température restait tout de même aux alentours de 25 degrés mais Bella semblait apprécier particulièrement cela. Après avoir marché longuement au bord de l'eau, nous nous allongeâmes sur le sable. Elle ne craignait plus mon torse froid car la chaleur ambiante en diminuait l'intensité. Elle pouvait donc à sa guise se lover dans mes bras sans que l'on ne soit séparé par une couverture. C'était si agréable de sentir son corps si près du mien.

Pendant que l'une de ses mains se baladait sur mon torse, je lui caressais sa nuque découverte. Je ne me lassais pas de la caresser car habituellement, elle était toujours soigneusement cachée par ses cheveux. Nous étions bien sur cette plage. C'était si différent de la constante humidité de Forks et Bella semblait tellement plus épanouie ici …

- Tu es encore plus belle que d'ordinaire ! Les rayons du soleil te rendent si radieuse. C'est peut-être vraiment ici qu'est ta place. Pas en Alaska …

- On en a déjà discuté. Je veux être avec toi et Jacksonville n'est pas fait pour toi !! riadminhelpa-t-elle aussitôt.

- Ce n'est pas de moi dont il s'agit et tu le sais. Tu pourrais continuer tes études ici encore une année ou deux …

- Ne me gâche pas ce moment, s'il te plaît. Le soleil et la chaleur me manquent. C'est vrai. Mais une vie sans toi n'est plus ma vie. Je ne pourrai pas supporter que tu restes continuellement enfermé en étant obligé d'attendre le soir pour sortir ! Et puis, comme tu le sais, très prochainement le soleil ne m'intéressa plus … alors cesse de te torturer. J'aime ma vie avec toi à Forks et l'Alaska nous conviendra parfaitement, se fâcha-t-elle en s'asseyant.

- Je voulais juste te dire que tu avais toujours le choix. Je ne veux que ton bonheur et je pensais que vivre encore un peu ici, te plairait, m'expliquai-je en m'asseyant à mon tour et en lui caressant les épaules.

- Mon choix est fait alors n'en parlons plus ! dit-elle en faisant la moue.

J'embrassai alors délicatement sa nuque puis son cou pour enfin lui mordiller l'oreille. Elle tourna sa tête vers moi, prit mon visage dans ses mains et me regarda fixement dans les yeux. Ils étaient pleins de désir pour moi et elle me demanda :

- Comment fait-on ce soir ?? Je ne me vois pas passer une nuit sans toi à mes côtés. Tu viendras me rejoindre dans ma chambre ou alors c’est moi qui viendrai tester le canapé auprès de toi?

- L'idée que tu puisses venir me rejoindre dans mon lit … m'interrompis-je en souriant, ne me déplait pas.

C'était sans doute l'unique et seule fois que nous pourrions être sur un lit différent du sien. Quoique je devrais peut-être songer à m’en acheter un. J’appréciais beaucoup l’idée que Bella puisse y dormir près de moi. Elle trouverait aussi ma chambre plus à son goût et elle se sentirait un peu plus chez elle. Oui, un lit était effectivement une bonne idée. J’allai m’en acheter un dès notre retour à Forks.

- Mais si Renée se lève avant moi ? me demanda-t-elle après une courte hésitation.

- Ne t'inquiète pas. Je te déposerai dans ton lit avant qu'elle ne se lève !! la rassurai-je en lui caressant la joue.

Elle souriait l'air visiblement amusé et rassuré. Elle m'embrassa alors, me confirmant le désir que j’avais pu lire dans ses yeux.

Nous rentrâmes ensuite main dans la main. Renée nous attendait dans sa balancelle sur le perron. Elle n’avait pas les idées aussi noires que Charlie à mon sujet. Elle savait qu’elle pouvait me faire confiance. Elle était si intuitive qu’elle sentait que je protégerai toujours sa fille et qu’elle ne risquait rien avec moi. Charlie lui avait pourtant dressé un portrait peu reluisant, me concernant, mais elle n’en avait que faire et en souriait même car elle me trouvait très différent de ce qu’il lui avait raconté. Et c’était avant tout pour rassurer Charlie qu’elle nous faisait dormir dans des chambres séparées. Elle ne voulait pas de reproche de sa part.

- Alors les enfants, cette balade c’était comment ? nous demanda-t-elle.

- Une délicieuse nouveauté … lui répondis-je. Nous n’avons pas l’occasion de faire de si belles balades à Forks.

- Contente que ça te plaise, Edward ! Vous pourrez peut-être revenir plus souvent dans ce cas ! s’exclama-t-elle en rentrant dans la maison.

Je n’eus pas le courage de lui répondre car bizarrement j’avais peur qu’elle ne devine que je m’apprêtais à lui mentir. Par moment, j’aurais presque pu soupçonner qu’elle pouvait lire dans mes pensées. Renée était vraiment une femme étonnante, une éternelle enfant mais dotée de facultés de déduction et d’observation très impressionnantes. Je savais d’où venait la perspicacité de Bella par contre son incroyable maladresse, restait encore un mystère.

Renée et Bella montèrent se coucher pendant que je me débattais avec le convertible de la salle à manger. Je n’avais encore jamais déplié un tel engin de torture et je ne voulais surtout pas le casser. Après quelques minutes délicates, je pus enfin m’installer. Cela ne valait pas le confort de mon canapé mais l’essentiel était que Bella soit à mes côtés. Elle vint d’ailleurs doucement me rejoindre quand elle fut enfin sûre que sa mère dormait.

Elle portait un long tee-shirt près du corps qui lui arrivait au dessus du genou. Je ne lui connaissais pas du tout cette tenue. Elle était si belle et séduisante …le tissu laissait entrevoir ses formes et une de ses épaules était découverte. J’allais devoir me contenir car je sentais une certaine excitation m’envahir.
Elle vint s’allonger près de moi et déposa sa tête contre mon épaule. Je lui fis remarquer aussitôt :
- Très jolie tenue …
Elle se mit à rougir et bredouilla :
- J’ai oublié mon pyjama alors ma mère m’a prêté ce qu’elle considère être un chemise de nuit …
- J’aime beaucoup ! dis-je en lui caressant l’épaule.
- Cela a au moins l’avantage de ne pas être trop chaud et c’est ce qu’il faut pour ici, dit-elle en se tournant vers moi.
Ma chemise était entre-ouverte. Je ne l’avais pas encore enlevée, trop occupé à tenter d’installer mon lit sans le briser. Bella en profita donc pour venir glisser sa main tiède sur mon torse glacé. Sentir ses doigts m’effleurer me donna des frissons. Elle remplaça ensuite ses douces caresses par des baisers jusqu’à mon cou puis le long de ma mâchoire. C’était divin. Je la pris aussitôt dans mes bras pour sentir son corps contre le mien. Mes mains se promenant sur tout son corps, je laissais mes doigts glisser le long de sa poitrine, de ses reins et de ses fesses. Son souffle s’intensifiait sous l’excitation de mes caresses. J’aurais aimé embrasser chaque centimètre de sa peau mais je sentais déjà ma froideur se refléter sur ses membres.
Je voulais m’éloigner un peu pour lui laisser le temps de se réchauffer mais elle resserra son étreinte et vint plaquer ses lèvres avides contre les miennes. Son cœur battait la chamade. Ses battements étaient si puissants que je pouvais les sentir contre mon torse. Ses mains s’étaient enfouies dans mes cheveux et les miennes épousaient chacune de ses formes. Je commençais à maitriser de moins en moins mes émotions. Je n’avais qu’une envie : me laisser aller, car tout paraissait si facile. Mais je sentais le venin monter dans mon gorge sous l’effet de l’incontrôlable désir qui me dominait. J’allais malheureusement devoir mettre fin à ce délicieux moment par peur de ne plus me contrôler.
Ce fut un élément extérieur qui vint m’aider. Une personne que j’avais complètement oubliée … Phil. Il rentrait seulement car il avait été boire un verre avec son équipe pour fêter le match qu’elle venait de remporter. Il avait éteint ses phares pour ne déranger personne mais j’entendais déjà la voiture se garer devant la maison. Je pris aussitôt Bella dans mes bras et montai à toute vitesse les escaliers menant à sa chambre. Elle ne réagit pas tout de suite encore sous le coup de nos baisers. J’étais moi-même encore chamboulé mais l’urgence de la situation m’avait obligé à réagir rapidement. Elle ne reprit ses esprits qu’une fois allongée sur son lit, loin de mes bras.
- Mais qu’est que … me demanda-t-elle surprise.
- Chut … lui murmurai-je en posant mon index devant sa bouche. C’est Phil …
Je l’embrassai rapidement et filai de nouveau sur mon lit pour faire semblant de dormir. Mon immobilité parfaite lui confirma que je dormais et il monta aussi doucement qu’il le put rejoindre Renée dans sa chambre.

En entendant leurs légers ronflements qui résonnaient à l’unisson, j’eus la confirmation que le champ était libre. Je remontai rapidement auprès de Bella visiblement mécontente par la fin brutale de notre étreinte. Je vins m’allonger près d’elle et lui caressai la joue pour tenter de l’apaiser.

- Au moins chez Charlie, nous ne sommes pas dérangés !! lui murmurai-je en souriant.

- C’est si frustrant … Arrhhh, râla-t-elle.

- C’est peut-être mieux ainsi après tout.

- Non ! J’aurais préféré que cela ne s’arrête jamais, dit-elle sur un ton boudeur.

- Bella … tu sais que ce serait trop dangereux pour toi. Je ne peux pas me laisser aller. J’ai trop peur de te faire du mal, m’excusai-je même si je ressentais cette même frustration.

- Mais j’en ai envie et je suis persuadée que tu ne me feras rien.

- Nous aurons tout notre temps plus tard. Il nous faut faire preuve de patience. Essaie de dormir maintenant. Je reste près de toi, lui conseillai-je. Je ne redescendrai que lorsque Renée et Phil se lèveront … En l’embrassant sur le front.
Elle s’endormit tout de même trop heureuse de pouvoir dormir tout contre moi sans avoir besoin de couverture. Elle ne ressentit nullement le froid de mon corps et moi, je fus irradié par sa chaleur durant tout le reste de la nuit. Celle-ci resterait d’ailleurs très particulière pour moi et riche en interrogations. La question principale et non des moindres était de savoir si je réussirai encore longtemps à résister au désir que je ressentais pour Bella.

Cela m’effrayait à présent car durant nos étreintes, j’avais de plus en plus de mal à me contenir. Je devais pourtant trouver la force de résister pour être totalement sûr de ne pas lui faire de mal.
Ce fut donc au petit matin que je quittai le lit de ma bien-aimée car j’entendais déjà Renée s’activer dans sa salle de bain. Mais Bella se réveilla dès que je fis le plus petit geste :
- Bonjour mon amour !! lui dis-je le sourire aux lèvres.
- Renée est débout ?? s’inquiéta-t-elle aussitôt.
- Non, elle est sous la douche …
- Bien dormie ? lui demandai-je pour la rassurer.
- Oui, parfaitement. Je suis en forme pour affronter pleinement cette belle journée.
- Merveilleux … je t’attends en bas dès que tu seras prête, lui dis-je en déposant un léger baiser sur ses lèvres.
J’étais en train de replier le canapé convertible quand Renée fit son apparition. Elle débordait d’enthousiasme d’avoir sa fille auprès d’elle et s’activait déjà à préparer le petit déjeuner. Durant ses préparatifs, Renée me fit passer un petit interrogatoire :
- Permets-moi d'être franche avec toi. De toute manière, je n'ai jamais su mettre des gants quand il s'agit de dire ce que je pense ! dit-elle en souriant.
- Bien évidemment, Renée … l'encourageai-je.

- Je n'ai pas été suffisamment présente auprès de Bella lors de votre … séparation mais j'ai su par son père et par le comportement étrange de ma fille qu'elle avait vécu un enfer. Je veux être sûre que cela ne se reproduira plus …Tu veux quoi pour ton petit déjeuner ?? S'interrompit-elle tout naturellement comme si elle avait oublié qu'elle me parlait d'un sujet extrêmement important.
- Rien merci. Je ne déjeune pas le matin … J’ai du mal à digérer… bredouillai-je encore surpris par l'attitude de Renée.
- Très bien … Oui, je te disais que je ressens à quel point ma fille est attachée à toi et qu'une nouvelle mésaventure de ce genre anéantirait ma Bella définitivement ! Alors si tu n'es pas sûr de tes sentiments, il est encore temps de la laisser pour qu'elle ait une chance de s'en remettre …
- Je tiens à vous rassurer tout de suite, Renée. J'aime votre fille plus que tout et notre séparation n'a été qu'un douloureux malentendu. Je peux vous promettre que je ne lui ferai plus jamais de mal.
- Je vois bien à quel point tu protèges ma fille, enfin … elle n'est pas en porcelaine tout de même ! s'exclama-t-elle en battant les œufs prévus pour l'omelette de Bella.
- Certes mais elle n'est pas toujours très adroite … dis-je en souriant.
- Oui, cela doit lui venir de ma mère … rit-elle.
- Qui a-t-il de si drôle ? demanda Bella qui venait d'arriver dans la cuisine.
- Je t'ai préparé une omelette comme tu les aimes, ma chérie !! dit Renée en guise de réponse.
Aussitôt Bella me fusilla du regard pour que je lui apprenne ce que nous nous étions dit. Pour la rassurer, je consentis à lui répondre :
- Nous parlions de ta malencontreuse maladresse et ta mère soupçonnait ta grand-mère d'en être responsable !! lui déclarai-je en riant à mon tour.
- Et bien, je ne savais pas que j'étais si drôle !! répondit-elle sur un ton boudeur.
- Allez, viens déjeuner ma puce … conclut Renée.
Bella alla s'asseoir sans rien dire et ne retrouva le sourire que lorsque sa mère lui proposa une ultime balade au bord de la plage. La dernière avant notre départ. Elles partirent donc faire un tour, me laissant seul, une nouvelle fois mais j’en profitai aussitôt pour prendre des nouvelles des miens. J’appelai Alice pour savoir comment s’était passée la poursuite de Victoria, la veille:

- Alice … Alors, vous n’avez fait qu’une bouchée de la rousse ?? lui demandai-je confiant.

- Euh … pas tout à fait ! me répondit-elle d’une voix tendue.

- Comment ça ? m’exclamai-je inquiet tout à coup.

- On a cafouillé … dit-elle mal à l’aise.

- Ne me fais pas languir davantage et crache le morceau, Alice … Tu as la chance d’être loin car je t’aurais déjà tordu le cou ! m’énervai-je aussitôt, inquiet que Victoria n’ait pas été arrêtée. Bella était de nouveau en danger et je le supportais mal.

- Ben voilà … Emmett et Jasper ont failli l’attraper mais elle s’est dirigée sur le territoire Quileute. N’y voyant plus rien, nous avons avancé à l’aveugle. Du coup, les loups et nous, nous sommes retrouvés au même endroit car eux aussi avaient pisté Victoria. L’un d’entre eux a mal réagi et a cru qu’Emmett voulait franchir la frontière. Il a voulu s’en prendre à lui mais Rosalie l’a tout de suite protégé alors le ton est monté et Victoria en a profité. Il a fallu tous les talents de diplomatie de Carlisle et le don de Jasper pour calmer tout le monde mais la chasse ayant été stoppée, Victoria nous a échappé …

- Quelle poisse !! Décidément très futée la rousse …
- Il va falloir redoubler de vigilance mais je ne vois rien de nouveau pour le moment.

- On en reparlera e ce soir à mon retour, conclus-je.
Cette nouvelle me déplaisait car je pensais sincèrement que nous aurions exterminé Victoria rapidement. Je savais qu’elle était vicieuse mais à ce point-là ! J’en étais encore très surpris. Notre mésalliance avec les Quileute ne nous aidait pas et il fallait que nous trouvions un terrain d’entente pour la survie de Bella. J’avais besoin d’une aide extérieure et il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait m’aider à comprendre ces loups et pourquoi pas m’aider aussi à tenter de leur faire confiance. Elle seule saurait trouver les mots. Je devais la contacter rapidement. Je n’avais plus le choix. Dès mon retour, j’allais devoir lui rendre visite.

Je sentais que nous avions besoin d’eux pour en finir définitivement avec Victoria et je savais que l’amitié de Jacob comptait beaucoup pour Bella. Le fait de lui imposer cet isolement était stupide et j’en perdais mon libre arbitre mais j’avais si peur qu’il ne lui arrive quelque chose. L’avoir imaginée morte une fois m’avait rendu complètement obsédé par sa sécurité. J’en étais conscient mais rien ne parvenait à me calmer. C’est pourquoi j’espérais que Carol pourrait m’aider. Elle avait réussi à m’aider une fois déjà, pourquoi n’y parviendrait-elle pas de nouveau ?

J’allais devoir retrouver rapidement mon calme, du moins en apparence, car Bella ne devait rien soupçonner. Elle allait tout de suite s’inquiéter et vouloir accélérer sa transformation. C’était hors de question. On devait donc impérativement la garder dans l’ignorance aussi longtemps que l’on y parviendrait.

Bella revint en fin de matinée et après un rapide repas, nous prîmes la direction de l’aéroport. Le soleil s’était quelque peu voilé, suffisamment pour que je puisse paraître normal aux yeux de tous. Renée était émue de voir déjà partir sa fille mais elle était enchantée par ce week-end. Elle comprenait réellement que Bella puisse être heureuse à Forks, principalement grâce à ma présence mais aussi parce que l’une et l’autre avaient enfin trouvé leur équilibre. Renée n’était plus aussi dépendante de sa fille qu’auparavant car sa vie était bien aux côtés de Phil.

Entre le vol et notre arrivée à Seattle, Bella n’ouvrit pas la bouche. Elle était soit fatiguée soit triste d’avoir quitté sa mère et le soleil. Elle fixait les paysages qui défilaient devant ses yeux. Soucieux de savoir à quoi elle pensait, je décidai enfin d’entamer la conversation :

- Tu es bien silencieuse. L’avion t’a rendue malade ?

- Non.

- Tu es triste d’être partie ? lui demandai-je tout naturellement car je pensais que c’était vraiment cela le problème.

- Plutôt soulagée, je crois.

Je la regardai perplexe, ne comprenant pas du tout sa remarque. J’en oubliai presque la route tellement je ne m’attendais pas à cette réponse.

- Renée est tellement plus intuitive que Charlie. Ca me rend nerveuse , m’expliqua-t-elle.

Je comprenais mieux à présent. J’avais d’ailleurs été régulièrement sur mes gardes de peur que Renée ne perce réellement le fond de mes pensées.

- Ta mère est dotée d’un esprit très intéressant ! m’esclaffai-je. Enfantin et perspicace à la fois. Elle envisage les choses d’une manière très personnelle.

Elle se replongea aussitôt dans ses réflexions. On approchait déjà de la maison et je captais les pensées confuses de Charlie. Je fis mine de ne rien montrer à Bella mais je n’étais pas du tout rassuré par ce que je venais de découvrir. Charlie était pressé que nous arrivions car Jacob téléphonait sans cesse depuis le matin pour parler à sa fille. J’étais inquiet de ce qu’il s’apprêtait à lui dire et je redoutais qu’il ne lui parle de Victoria. Décidément ce cabot avait tout pour plaire !!

Je me garai enfin et me tournai vers Bella en lui caressant la joue de ma main glacée afin de la ramener auprès de moi et de lui faire quitter ses pensées. Elle ne bougea pas tout de suite et je me penchai alors pour lui embrasser le front et lui murmurer :

- Nous sommes arrivés, Bella au Bois Dormant. Debout !!

Elle soupira comme si elle était déçue d’affronter à nouveau la réalité. Un père qui ne tenait plus en place et qui l’attendait de pied ferme. Elle n’était pas la seule car machinalement tout mon corps s’était contracté à la vue de Charlie. J’appréhendais ce qui allait se passer avec le cabot. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser entrer seule et j’insistai pour l’aider à porter son sac à l’intérieur. J’avais besoin de savoir. C’était plus fort que moi. Je voulais être là si Bella devait me détester.

Mon attitude avait si radicalement changé que Bella me questionna lorsque nous fûmes tous les deux devant la porte :

- C’est si terrible que cela ?

- Il n’est pas en colère. Tu lui as juste manqué, mentis-je.
Charlie nous ouvrit la porte et ne cacha pas sa joie de revoir sa fille … vivante :

- Bienvenue, chérie ! Comment c’était, Jacksonville ?

- Humide et infesté de moustiques …mentit-elle.

Elle lui avait sûrement menti pour ne pas lui avouer qu’elle avait apprécié ce week-end au soleil. Elle avait sans doute peur de déclencher une nouvelle colère ou alors de le peiner.

- Renée n’a pas réussi à te vendre l’université de Floride ?

Cette réflexion de Charlie me confirma effectivement qu’elle se doutait que dévoiler la vérité sur ce week-end lui déplairait.

- Elle a essayé. Je préférerais me pendre, renchérit-elle.

- Vous vous êtes bien amusés ? nous demanda-t-il en me regardant avec un œil toujours aussi mal aimable.

- Oui, répondis-je aussitôt. Renée est très hospitalière, insistai-je en souriant. J’espérais qu’il comprenait ce à quoi je faisais référence.


- Hum … parfait. Tant mieux pour vous.
Il avait effectivement compris que je le trouvais nettement moins accueillant que son ex-femme et il me tourna aussitôt le dos en serrant sa fille dans ses bras. Il lui annonça tout de suite que Jacob souhaitait lui parler depuis le matin. Une fois encore, tout mon corps se raidit et mon apparente sérénité disparut. Bella semblait étonnée de ce soudain intérêt manifesté par son ancien ami. Elle n’eut pas le temps de réagir que la sonnerie du téléphone retentit.
Elle alla décrocher dans la cuisine avec moi qui lui collais aux basques. Je voulais entendre ce qu’il avait de si urgent à lui dire.
La conversation fut brève. Il semblait rassurer d’entendre sa voix mais pas seulement. Il voulait lui dire quelque chose mais se contenta de lui demander si elle allait au lycée le jour suivant. Il n’avait pas osé lui avouer le soir même mais je devais m’attendre à le voir rappliquer rapidement. Bella était perplexe et inquiète suite à ce coup de fil alors que je soufflais temporairement, heureux de gagner un peu de répit. Elle réfléchit longuement tout en préparant le repas pour son père qui s’était plaint d’avoir mal mangé en son absence lorsque que tout à coup, elle se figea. Le paquet de hamburgers qu’elle avait dans les mains glissa entre ses doigts.
Je le rattrapai et le jetai sur le plan de travail de la cuisine. Je la pris aussitôt dans mes bras et mes lèvres murmurèrent mon inquiétude à son oreille :
- Qu’y a-t-il ?
Mais elle ne répondait pas. Je la secouais à présent.
- Bella ?
- Je crois … je crois qu’il vérifiait …que j’étais toujours humaine, bredouilla-t-elle.
Je me figeai aussitôt ayant totalement occulté cette possibilité. Une fois encore ce stupide cabot avait déclenché une vague de désespoir dans l’esprit de ma bien-aimée.
- Il nous faudra partir. Avant … pour ne pas trahir votre accord. Nous ne serons jamais en mesure de revenir ici.
- Je sais … acquiesçai-je en la serrant un peu plus près de moi pour tenter de l’apaiser.
Charlie arriva en se raclant la gorge. Bella sursauta à son approche et s’écarta, mal à l’aise. Quant à moi, je repris ma place près du plan de travail sans pouvoir dissimuler cette fois ma haine et ma colère contre ce stupide Jacob Black. Il semblait prendre un malin plaisir à la torturer alors qu’au contraire je tentais l’impossible pour la protéger. Je l’attendais de pied ferme me jurant que je ne le laisserais pas continuer à agir de la sorte encore très longtemps.



sanaafatine 13-06-10 10:51 AM



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Bella eut du mal à cacher son inquiétude durant toute la soirée et sa nuit fut aussi très agitée si bien que je ne retournai chez moi que très rapidement. J’eus juste le temps de me changer et de reparler avec Alice de l’altercation avec les Quileute pour tenter de comprendre ce à quoi jouait le cabot. Ma sœur n’ayant aucune vision à ce sujet, il m’était difficile d’anticiper et de comprendre leurs réactions. C’était vraiment frustrant, mais fort heureusement j’avais au moins accès à ses pensées. Je me doutais qu’il se montrerait ce matin-là, pensant qu’il voudrait juste révéler à Bella, ce qu’il s’était passé avec Victoria mais je me trompais.

En arrivant au lycée, je captais très rapidement ses bruyantes pensées et je sus que Bella et moi, nous étions trompés de conclusion. Le cabot voulait en fait me parler devant témoins mais aussi et surtout devant Bella. Je ne m’étais pas tant trompé toutefois car il restait un sale clébard et n’hésiterait pas à cracher la vérité. Je devais prendre toutes mes précautions pour ne pas faire éclater ma colère mais surtout pour protéger Bella. J’avais besoin de son aide mais m’écouterait-elle ? Avant d’arriver sur le parking et avant qu’elle ne découvre les raisons de mon inquiétude, je devais m’assurer qu’elle comprendrait.

- Si je te demande un service, me feras-tu confiance ? lui demandai-je sans pouvoir cacher ma tension sous-jacente.

J’entendis son cœur s’accélérer. Elle devait ressentir mon anxiété.

- Hum, ça dépend … répondit-elle prudente.

- J’étais certain que tu dirais cela, lui répondis-je fataliste.

Je la connaissais assez pour savoir que cette réponse ne présageait rien de bon.

- Qu’attends-tu de moi ?

- Que tu restes dans la voiture jusqu’à ce que je revienne te chercher.

- Pourquoi donc ?

Je n’eus pas besoin de lui répondre car elle l’aperçut aussitôt.Je devais lui dire la raison de sa venue, la vraie et non celle qu’elle s’était imaginée.

- Tu t’es trompée de conclusion, hier soir. S’il t’a interrogée sur ta présence au lycée, c’est parce qu’il savait que je serais avec toi. Il cherchait un endroit où me contacter en toute sécurité. Devant témoins.

Il me braillait déjà toute l’histoire de leur mésaventure du week-end et me mettait en garde contre une prochaine incursion sur leur réserve. Au prochain faux pas, la trêve serait rompue.

- Pas question que je reste dans la voiture ! s’exclama-t-elle.

- Comme par hasard ! Bon, débarrassons-nous de lui le plus vite possible, lâchai-je.

Nous nous avançâmes main dans la main jusqu’à Jacob Black. Une fois assez proche pour lui parler, je fis reculer Bella derrière moi. Je fis rapidement part au cabot de ma désapprobation sur le fait qu’il ait choisi notre lycée et autant de témoins potentiels pour assister à notre discussion.

- Il te suffisait de téléphoner ! lâchai-je sur un ton glacial.

- Désolé, je n’ai pas de sangsue dans mon répertoire !! ricana-t-il.

- J’étais joignable chez Bella ! lançai-je volontairement pour le blesser.

Il serra les mâchoires. Il avait du mal à contenir sa colère à mon égard mais ne releva pas, toutefois.

- Ici, n’est pas le bon endroit, Jacob … repris-je. Pourrions-nous en rediscuter plus tard ?

- Ben tiens ! Sûr que je vais passer à ta crypte après les cours. Où est le problème ?

Je lui désignai du menton tous les spectateurs qui nous espionnaient et qui espéraient une petite bagarre avant les cours. Je n’étais pas très apprécié dans le lycée et certains auraient aimé que ce colosse puisse me mettre une raclée. Ils me trouvaient si gringalet face à lui, surtout qu’il me semblait que Jacob Black avait encore grandi depuis notre dernière entrevue. J’entendais déjà Tyler Crowley et Austin Marks qui pariaient sur les probabilités d’un dérapage. Les curieux tendaient l’oreille et s’approchaient dangereusement de nous pour écouter nos propos.

- Je sais déjà ce que tu es venu m’annoncer … signalai-je au cabot en baissant le ton pour essayer de ne plus être entendu. Tu as délivré ton message. Considère-nous comme avertis.

- Comment ça ? intervint aussitôt Bella. Que se passe-t-il ?

- Tu ne l’as pas informée ? s’étonna Jacob. Tu as eu peur qu’elle prenne notre parti ou quoi ?

- Laisse tomber, s’il te plait ! répondis-je aussitôt espérant que cela clôturerait le sujet car je ne souhaitais pas en parler à Bella maintenant. Elle ne devait pas l’apprendre de cette manière.

- En quel honneur ? rajouta-t-il.

- De quoi devrais-je être au courant ? insista-t-elle.

Ma colère ne demandait qu’à s’exprimer mais il fallait que je me contienne. Ma seule arme restait mon regard et je fusillai ce sale cabot des yeux. Il voulait que Bella sache et jubilait que cette situation puisse la fâcher contre moi.

- Jake ? le supplia-t-elle.

- Il ne t’a donc pas dit que son grand … frère avait traversé la ligne de démarcation dans la nuit de samedi ? fanfaronna-t-il en regardant Bella puis il se tourna vers moi : Paul était en droit de …

« Tuer ton frère » … C’était cela qu’il voulait dire mais je ne pouvais pas le laisser penser une telle chose car Emmett avait franchi la frontière sans le savoir.

- C’était un no man’s land ! sifflai-je mécontent.

- Non ! s’emporta le cabot. Ses mains tremblaient de rage et je sentais qu’il commençait à perdre le contrôle.

- Emmett et Paul ? m’interrogea Bella. Qu’est-il arrivé ? Ils se sont battus ? Pourquoi ? Paul a été blessé ? s’inquiéta-t-elle aussitôt.

- Personne ne s’est battu … l’apaisai-je … et personne n’a été blessé. Du calme.

- C’est pour cela que tu l’as éloignée, hein ? devina-t-il soudain. Tu ne voulais pas qu’elle …

« Soit présente »... non, je ne le voulais pas. Comme je ne voulais pas qu’elle sache pour ce week-end et ce sale clébard avait tout gâché. Bella s’angoissait comme je l’avais craint.

- Va-t’en ! l’interrompis-je d’un ton des plus menaçants.

- Pourquoi lui avoir caché les choses ? me demanda-t-il sans craindre ma fureur.

Bella avait du mal à respirer. Elle haletait. Son cœur s’emballait. Elle faisait certainement une crise d’angoisse. J’en fus convaincu lorsqu’elle prononça enfin :

- Elle est revenue …

Je la pris dans mes bras pour la rassurer et lui caressai les joues de mes mains glacées pour essayer de calmer son angoisse.

- Tout va bien. Je ne lui permettrai jamais de t’approcher. Ça répond à tes questions, clébard ?

- Tu estimes qu’elle n’a pas besoin de savoir, hein ? C’est sa vie qui est en jeu, pourtant. me provoqua-t-il.

- Elle n’a rien à craindre et elle ne court aucun danger.

- Le mensonge vaut mieux que la peur ? me demanda le cabot qui n’était visiblement pas du même avis que moi.

De grosses larmes envahirent les yeux de Bella qui tentait d’encaisser la nouvelle. Je détestais la brutalité avec laquelle elle avait du l’apprendre … à cause de ce stupide Jacob Black. Je séchai ses larmes du bout de mes doigts. Je ne supportais pas de la voir dans cet état.

- Crois-tu vraiment que l’exposer à la vérité vaut mieux que de la protéger ? lui demandai-je en guise de réponse.

- Elle est plus résistante que tu ne le penses. Et elle a connu pire ! m’asséna-t-il.

Il envahit aussitôt mon esprit de toutes les images affligeantes témoignant de la détresse et de la catatonie de Bella durant mon absence. Par ces images, il tentait de me prouver qu’après cette insoutenable épreuve, elle était capable de résister à tout. Mais justement je ne voulais plus la faire souffrir … Revoir sa détresse, sa souffrance, son agonie me ferait toujours atrocement mal et ce jusqu’à mon dernier souffle. Bella m’avait pardonné mais je ne pourrai jamais vivre pleinement car ces images resteront toujours gravées en moi. Elles seront toujours là pour me témoigner de ma stupidité et pour me rappeler à l’ordre le cas échéant. Je n’arrivais pas à cacher ce que je ressentais et mes traits tirés devaient confirmer mon chagrin. Le cabot était content de lui car il avait réussi à m’atteindre.

- Amusant … commenta-t-il fièrement.

- Qu’est-ce que tu lui as fait ? s’inquiéta Bella.

- Ne t’inquiète pas, Bella …Il a bonne mémoire, c’est tout, lui répondis-je pour la calmer.

Le clébard tenta une nouvelle incursion mais mes tressaillements et son sourire outrancier n’échappèrent pas à ma bien-aimée.

- Arrête ! Je te somme d’arrêter ! lui ordonna-t-elle.

- A ta guise. Mais je décline toute responsabilité s’il n’aime pas ce dont je me rappelle.

Le proviseur s’avança dans notre direction. A mon grand soulagement d’ailleurs car Bella commençait à se mettre en colère et je ne voulais pas qu’elle ait des ennuis ou qu’elle se donne en spectacle devant tout le lycée.

- Le proviseur arrive … lui chuchotai-je à l’oreille. Allons en cours, Bella. Je ne veux pas t’attirer d’ennuis.

- Le buveur de sang prend sa tâche de protecteur drôlement au sérieux, hein ? se moqua-t-il. Des ennuis, c’est amusant. N’aurais-tu pas le droit de t’amuser non plus, Bella ?

Ce jeune cabot commençait à carrément dépasser les bornes. Je me dominais depuis le début de cette conversation mais là, mon self-control était sur le point de céder. Sa stupidité comme son arrogance m’étaient insupportables. Un grondement rauque sortit de ma poitrine.

- Ferme-la, Jake, lui lança Bella.

- J’en conclus que non ! railla-t-il. Si jamais tu as envie de goûter de nouveau à la vie, fais-moi signe. Ta moto est toujours dans mon garage.

- Tu étais censé la vendre, je te signale. Tu l’avais promis à Charlie.

- Des clous ! Elle t’appartient, de toute façon. Je te la garde jusqu’à ce que tu la reprennes, lui répondit-il en souriant.

Je vis alors défiler dans ses pensées, les longs après-midi durant lesquels Bella et lui discutaient pendant qu’il réparait les motos. Ils étaient heureux l’un et l’autre … Voir Bella sourire à ce point témoignait de l’affection qu’elle lui portait. Du coup, je préférai ne pas écouter la fin de leur conversation pendant laquelle le cabot lui jouait le rôle du soupirant blessé. Je ne pouvais que rester les bras entourant la taille de Bella. J’aurais voulu qu’ils soient un rempart contre toutes ces attaques Quileute qui tentaient de nous désunir …mais Bella serait sans doute la première à briser cette forteresse que j’essayais d’ériger.

Fort heureusement, le proviseur arriva pour mettre fin à l’attroupement qui nous observait toujours. Je relâchai Bella pour l’attirer vers les bâtiments afin de nous rendre en cours de littérature mais elle restait toujours tournée vers le cabot. Elle le suppliait de s’en aller pour qu’il n’ait pas de problèmes. Le proviseur le contempla d’ailleurs étrangement se disant que le jeune indien avait l’apparence d’un semeur de troubles. Il lui demanda prestement de quitter le lycée mais le cabot ne se pressa pas, malgré tout. Il souriait à l’idée de voir Charlie débouler pour l’arrêter. Il m’exaspérait de tout prendre à la rigolade. Il semblait ne se soucier de rien et ne respecter personne. C’était un gamin malgré sa taille imposante. Son comportement me le confirmait une fois encore.

Après s’être assuré que je ne côtoyais pas cet indien, le proviseur nous demanda d’aller en cours. Cet homme m’appréciait, enfin plus particulièrement mes résultats scolaires et mon habituelle courtoisie. C’est pourquoi il ne me tint pas rigueur de l’attroupement lié à notre altercation. Bella m’inquiétait. Ses traits s’étaient soudain attristés et ses yeux reflétaient son angoisse. Elle venait d’apprendre que Victoria était déjà de retour et en plus d’une ignoble manière. Cela avait du beaucoup l’affecter. Elle paraissait agitée mais elle me confirma qu’elle pouvait tout de même se rendre en classe. Je me doutais qu’elle voudrait savoir ce qu’il s’était passé entre Emmett et Paul mais aussi pourquoi je l’avais mise de côté. J’allais devoir tout lui raconter même si j’aurais préféré que ce soit le plus tard possible.

Bella ne me laissa aucun répit car elle fit preuve de l’ardente curiosité que je lui connaissais. A peine installée en cours, elle se mit à griffonner quelques mots sur un bout de papier. Elle me passa son message et instinctivement je lâchai un soupir car je ne m’étais pas trompé : elle voulait savoir …

Je lui expliquai la version des faits, vécus par Alice mais aussi mélangés avec les informations transmises par le cabot, le matin. A la lecture de ma réponse, elle plissa le front visiblement mécontente. Elle se mit à frissonner, inquiète. Elle écrivit le nom de son père et je lui répondis aussitôt par un hochement de tête que son père ne craignait rien. Elle en vint ensuite au fait que je n’aurais jamais du l’emmener en Floride … et je lui répondis que je n’aurais jamais pu l’envoyer seule de peur que l’avion ne s’écrase. Cette remarque était destinée à la faire sourire et surtout à changer de sujet puisqu’il était évident que je ne l’aurais jamais laissée y aller toute seule. Je n’aurais pas survécu. Trop inquiet pour elle et surtout trop loin d’elle. Cela aurait été totalement impossible.

Cette petite manœuvre fonctionna car je pus vérifier qu’elle était quelque peu vexée par ma remarque et se mit à divaguer sur ce sujet. Toutefois, elle reprit rapidement ses esprits et me demanda de la prévenir la prochaine fois. A contre cœur, je lui fis une signe de tête affirmatif mais je n’étais sûr de rien car je ne raisonnais que pour la protéger. L’idée de lui dévoiler les malheurs qui pourraient l’attendre, me déplaisait.

Le reste de la journée au lycée fut pénible. D’une part, je sentais le stress de Bella qui ne parvenait pas à s’estomper et d’autre part, j’entendais les pensées de tous ces humains …plus particulièrement celles de Ben, Tyler, Austin et Mike qui pariaient sur une bagarre entre Jacob et Moi. Au final, les deux premiers parièrent sur moi et les deux autres sur le cabot. Cela me faisait sourire de voir qu’ils ne me trouvaient pas aussi gringalet que cela même si je savais intérieurement que je ne ferais qu’une bouchée de ce clébard. Pour ce qui était de Bella, je ne pouvais pas la laisser aussi stressée et angoissée. J’avais besoin de l’aide de Jasper et vite ! Ma famille allait la rassurer sur ce qui allait se passer avec Victoria, ainsi si nous étions plusieurs à lui dire la même chose, elle arriverait peut-être à nous croire.

C’est pourquoi, le soir même, je l’emmenai chez moi pour la distraire. Elle ne refusa pas. Au contraire, elle semblait heureuse à cette idée. Elle voulait sans doute s’assurer qu’aucun des nôtres n’avait été blessé même si je le lui avais déjà confirmé. On savait tous qu’elle s’inquiétait outre mesure pour nous et avait même tendance à penser que nous n’étions pas assez forts pour affronter Victoria ou encore les Volturi. Je ne pouvais pas lui en vouloir car je savais qu’elle oubliait trop souvent ce que nous étions. Elle nous voyait toujours plus gentils, plus fragiles et moins forts que la réalité.

Et puis avec cette nouvelle, je savais qu’elle songerait de nouveau à être transformée … J’allais donc avec un plaisir certain lui reparler de ma condition car je n’avais toujours pas eu de réponse formelle de sa part. Le mariage … je n’attendais que cela et en plus, j’allais gagner du temps.

Jasper avait rapidement calmé son angoisse et elle fut tout se suite plus apaisée. Elle prit le temps de parler de tout et de rien mais elle ne tarda pas à amener le sujet alors que nous n’étions chez moi que depuis quelques minutes. Carlisle avait même dû lui rappeler que nous étions sept contre Victoria et qu’Alice nous aiderait par ses visions. Se conforter au plan initial restait plus judicieux. Elle n'osa pas le contredire et du coup, Alice la taquina à son tour sur ses manières quelque peu vexantes concernant notre aptitude à la protéger et à nous défendre.

Pour clore le sujet, je l'emmenai dans ma chambre afin de passer un moment seuls en espérant que cela la détendrait un peu et qu'elle parviendrait à penser à autre chose qu'à l'épée de Damoclès qu'elle voyait continuellement au dessus de sa tête. Elle s'assit sur mon canapé car je n'avais pas encore eu le temps de faire installer un lit et je le regrettais déjà … Je mis une musique douce, celle qui me permettait de me ressourcer, Clair de Lune. Je savais qu'elle l'appréciait aussi. Je lui tendis la main en guise d'invitation pour une petite danse.

- Edward, tu sais que je n'aime pas ça …

- S'il te plait, fais-moi plaisir … cela ne fait pas mal ! la taquinai-je en souriant.

Elle se leva tout de même, en saisissant ma main, une petite grimace témoignant de son mécontentement. Je la saisis par la taille et embrassai délicatement son cou. Elle ne bougea pas visiblement contrariée. Je n'aimais pas la voir ainsi. Une de mes mains attrapa son menton pour que je puisse la regarder car elle fixait le vide. Ses pensées étaient bien évidemment ailleurs … comme je le craignais depuis le début.

Mes doigts glacés effleurèrent ses lèvres puis caressèrent ses joues. Elle me regarda enfin avec attention comme si elle ne m'avait pas regardé depuis longtemps. Nous dansions doucement et elle se laissait guider, preuve que sa crispation commençait à disparaître.

- Depuis quand n'as-tu pas chassé ? me demanda-t-elle soudain.

- Le jour de notre départ pour Jacksonville… lui répondis-je surpris.

- Tes prunelles d'ordinaire si dorées sont noires, un peu comme … enfin je pense qu'il est temps d'aller te nourrir ! se reprit-elle.

J'avais compris sa gêne. Elle allait mentionner mon retour d'Italie car ce fut la seule fois qu'elle me vit dans un état aussi lamentable. Pourtant ma soif n'était nullement comparable à celle que je ressentais aujourd'hui. Je n'avais pas aussi faim qu'elle pouvait le penser. C'était le fait de devoir continuellement me maitriser durant le week-end qui venait de s'écouler mais aussi l'altercation de ce matin avec le cabot qui avaient sérieusement entamé mes forces. Je pouvais encore tenir mais elle ne semblait pas de cet avis.

- Pourquoi cet intérêt soudain pour mon alimentation ? la taquinai-je.

- Parce qu'Alice n'a rien prévu d'extraordinaire me concernant pour le prochain week-end et que tes frères et toi auriez besoin de changer de terrain de chasse !!

- C'est gentil de ta part ! Il est vrai que c'est tentant mais je ne peux pas te laisser seule !

- Ne t'inquiète pas Carlisle se chargera de moi !! s'exclama-t-elle pour me provoquer.

- C'est entre toi et Carlisle… Naturellement, je suis prêt à m'en charger, dès que tu en exprimeras le désir. Tu connais ma condition, riadminhelpai-je sûr de moi.

- Ouais …Va plutôt t'amuser et dégomme quelques pumas pour moi ! répondit-elle, vexée.

Elle accepta mon baiser tout de même, preuve une fois encore qu'un jour prochain elle accéderait à ma requête.

Ce fut décidé. Mes frères et moi-même devions aller chasser. Du moins, c'est ce que Bella devait penser car en réalité je comptais sur ce répit pour aller rendre visite à Carol. J'accompagnerai mes frères quelque temps puis prétexterai une excuse pour leur fausser compagnie. Je ne voulais pas qu'ils sachent pour Carol et de toute manière, ils ne se doutaient de rien car même Alice ne la voyait pas dans ses visions.

J'étais confiant pour Bella car ma sœur ne prévoyait rien et je savais qu'elle surveillerait le moindre écart ou le moindre problème. Je ne présageais rien de grave et j'étais heureux que ce soit Bella elle-même qui me suggéra cette escapade même si je me doutais qu'elle n'appréciait pas mes absences. Je n’avais pas de doute sur le fait que Bella ne ferait pas de bêtises ou n’enfreindrait pas les règles de précaution que j'avais instaurées concernant les Quileutes …sinon je ne partirais pas!!

Je voulais lui faire confiance et puis cette visite en baie d'Hudson était d'une importance capitale pour moi et pour nos futures relations avec le cabot et sa meute. Je devais y aller.



sanaafatine 13-06-10 11:10 AM


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Cette semaine s’écoula péniblement. Bella n’avait toujours pas renoncé à ses angoisses et je trépignais sur place à l’idée de rejoindre Carol. J’avais de la peine à la laisser dans cet état mais mon départ était justement lié à une éventuelle amélioration.


Je devais en savoir plus sur ces Quileute. Apprendre à les connaître pour leur faire confiance. Et la seule personne capable de m’aider à ce sujet était mon amie canadienne. Je ne lui avais pas donné de nouvelles depuis mon passage et j’espérais qu’elle me le pardonnerait. Une lettre ou un coup de fil auraient été si futiles. Non, j’avais besoin de la revoir et sentir sa présence apaisante pour m’aider à affronter le combat intérieur qui me hantait. J’espérais qu’elle trouverait les mots pour me convaincre que Bella pouvait côtoyer les Quileute … Elle pourrait ainsi revoir son cabot et ne plus risquer de briser notre relation.



C’était un sujet tabou entre nous mais je percevais bien qu’il nous séparerait tôt ou tard et il était totalement exclu que l’on se sépare ! J’avais sans doute une fois encore des idées trop arrêtées et une réaction excessive. Avant de continuer dans la mauvaise voie, je voulais que l’on m’aide et je ne voyais que Carol pour cela. Elle était assez impartiale et neutre pour me donner un avis avisé comme elle avait su le faire par le passé. Cette soi-disante chasse était le prétexte tout trouvé. La nuit avant mon départ, Bella eut le sommeil agité, comme toutes les nuits depuis le début de la semaine, d’ailleurs. Elle criait souvent le nom de Victoria et s’inquiétait continuellement pour Jacob Black.


C’était justement pour cela que j’avais tant insisté pour qu’elle ne sache rien, pour la préserver. Mais cette révélation l’avait complètement faite sombrer dans l’angoisse et la peur. J’espérais que ces cauchemars se volatiliseraient le jour où je lui concéderais enfin le droit de renouer son amitié avec le cabot C’était si douloureux de la voir affronter tout cela. Je devais donc agir au plus vite, pour au moins soulager ses inquiétudes le concernant.


J’étais parti avant le lever du jour et je ne devais la laisser qu’une seule nuit. Une longue et pénible nuit mais Alice ne restait pas très loin au cas où. Cela me permettait d’endurer cette absence. Je pensais rentrer le lendemain dans la journée. J’avais même déposé un mot près de son oreiller pour qu’elle puisse le découvrir dès son réveil :


Je reviens vite. Je n’aurai pas le temps de te manquer. Veille sur mon cœur, je l’ai confié à tes soins.


Nous partîmes donc Emmett, Jasper et moi en direction du nord. Je comptais leur annoncer mon intention de m’éclipser, un peu plus tard pour ne pas paraître trop suspect et éviter qu’ils me suivent. Churchill n’était pas très loin et un petit détour pour me nourrir avant d’aller voir Carol était préférable.



Courir et me chamailler avec mes frères, cela me permettait d’oublier temporairement mon anxiété d’avoir laissé Bella mais aussi mon excitation de revoir Carol. J’étais partagé entre ces émotions pourtant bien différentes mais j’étais une fois encore largué. Ma façade de vampire courageux et sûr de lui commençait à s’effriter. Je ne supportais plus de m’opposer à Bella et tout le monde me trouvait ultra protecteur. J’étais perdu et ne savais plus si je faisais le bon choix en réagissant ainsi.


Nous étions à peine arrivés sur notre terrain de chasse que mon téléphone vibra dans ma poche. Mon corps se crispa aussitôt lorsque je vis que c’était Alice qui m’appelait. Nous venions à peine de partir que Bella avait déjà des soucis !! Que se passait-il encore ??



- Edward, je ne vois plus Bella. Elle a disparu de mes visions … m’annonça-t-elle paniquée.



- Où est-elle ? lui demandai-je la voix tordue par la colère.



- La dernière fois que je l’ai vue, elle se dirigeait vers la réserve. Elle n'a pas travaillé ce matin car Madame Newton a préféré faire débuter sa remplaçante. Du coup, Bella a du en profiter pour aller voir les loups !



- Ok, je rentre tout de suite !! lâchai-je en raccrochant, fou de rage. Une fois encore, Bella n’en faisait qu’à sa tête et passait outre mes inquiétudes. Elle ne se rendait pas compte de l’angoisse que je ressentais lorsqu’elle était dans les bras de ce cabot. Il était si immature, si instable qu’il pouvait perdre le contrôle à tout moment. J’avais si peur qu’il s’en prenne à Bella et qu’il la tue en se transformant.

Elle avait une telle confiance en ce chien qu’elle ne s’imaginait pas du tout en danger et cela me rendait complètement dingue. Je sentais comme des convulsions dans tout mon être. La colère me faisait bouillir et j’étais prêt à exploser. J’étais si anxieux que je me voyais franchir la frontière et récupérer Bella directement dans la réserve. Je ne pris même pas le temps de chasser, trop pressé de retourner à Forks pour vérifier que Bella était toujours en vie.


Ma visite à Carol était temporairement reportée car Bella était et resterait toujours ma priorité. Mes frères restèrent pour chasser comme je le leur avais conseillé car cette histoire ne regardait que moi. Ils jugeaient d’ailleurs que je réagissais excessivement et ne s’en étonnèrent même pas. Ils connaissaient mon amour immodéré pour Bella et mon envie viscérale de la surprotéger. Elle était le centre de mon univers. Ils le savaient tous et le respectaient malgré tout. Je rentrai à toute allure. J’étais seul et atrocement anxieux.



Alice m’attendait à la maison, mal à l’aise et paniquée, elle-aussi. Elle était toujours aveugle au sujet de Bella. Elle remarqua aussitôt mon incontrôlable nervosité. Je n’arrivais pas à me calmer. J’étais prêt à bondir dans ma voiture pour rompre le traité. Elle m’attendait sous le perron :



- Tu aurais du dire à Jasper de rentrer avec toi. Il t’aurait un peu apaisé car tu es dans un tel état ! Je sais que tu es inquiet pour elle mais n’y va pas … Il y aurait trop de conséquences !



- Je m’en moque Alice !! Je suis complètement fou … Je dois savoir comment elle va et ce qu’elle fait. Elle est avec ce cabot et j’en suis malade, hurlai-je. - Je te dirai quand elle aura quitté la réserve … Tu dois attendre même si ces minutes te semblent une éternité. Tu n’as pas le choix, m’ordonna-t-elle.
Je n’arrivais pas à me maitriser. Cette colère me rongeait. Alice avait raison mais c’était plus fort que moi. J’étais déjà rentré dans la maison et me dirigeai vers le garage pour récupérer ma voiture. Carlisle me barra la route et m’attrapa fermement le bras.



- S’il te plait, ne fais pas ça !! Cet acte aura des conséquences sur nous tous ! C’est pourquoi je ne peux pas te laisser faire une chose pareille, me dit-il calmement. Je ne répondis pas. Mon énervement était à son comble et je n’étais pas en mesure de parler. Je sentais le monstre en moi, celui que je pensais avoir définitivement détruit. Il souhaitait se battre avec mon père et filer vers la réserve. Savoir Bella en danger me faisait péter les plombs. Je regrettais déjà d’être parti en ne me doutant de rien.




- C’est difficile pour toi mais je suis sûr qu’il ne lui arrivera rien. Bella est intelligente et si elle a décidé de voir les loups c’est qu’elle se sent en sécurité. Elle sait que Victoria est à ses trousses, alors en ton absence, elle est allée là où elle pensait être à l'abri, me rassura-t-il.


- Mais elle a eu tort ! Elle ne sera jamais en sécurité auprès d’eux …hurlai-je.
- Tu n’en sais rien. On ne les connait pas autant qu’on le devrait. J’ai conscience que c’est douloureux pour toi mais je te conseille d’attendre qu’elle revienne.



Je ne répondis pas, une nouvelle fois, mais il relâcha mon bras lorsqu’il comprit à mon air résigné que je ne tenterais plus rien. Carlisle avait sans doute raison. Bella avait compensé mon absence par la présence de Jacob Black. J’aurais du le prévoir. En tout cas, pour ma prochaine absence, je ne me ferai plus avoir et je préparerai les choses à ma manière. J’arpentais le salon de long en large en regardant les interminables minutes défiler. Ma folie passagère s’était estompée grâce à Carlisle mais je n’attendais plus qu’une chose : la revoir !! Esmée s'était figée dans un coin de la pièce, ne souhaitant pas me déranger mais ses yeux trahissaient l'inquiétude qu'elle ressentait pour Bella et moi-même. Elle ne supportait pas que je me rende malade à ce point mais le comprenait pourtant. Elle savait aussi que notre relation était si particulière que je ne pouvais pas réagir autrement. Si je perdais Bella … je perdais tout. Alice s’était installée sur le canapé, ses mains massant ses tempes pour tenter d’accélérer ses visions. Malheureusement pour moi, rien n’y faisait. Lorsque tout à coup, elle se mit à crier toute heureuse :



- Ca y est, je la vois enfin !!! Elle sort de la réserve et se rend chez Angela !! Elle n’eut pas le temps de rajouter autre chose que j’étais déjà dans ma Volvo. Je roulais à toute vitesse sur la nationale pour rattraper l’antique Chevrolet de Bella. En à peine quelques minutes, je la localisai et je ne pus me retenir de lui manifester ma colère en lui collant au pare-choc. Je voulais qu’elle s’arrête pour que l’on puisse s’expliquer. Au lieu de cela, craignant manifestement mon courroux, elle continua sa route comme si je n’existais pas. Je la suivis jusqu’à chez Angela pour m’assurer qu’elle allait bien et c’était le cas. Je ralentis en passant à côté de sa voiture, pensant qu’elle me regarderait mais une fois encore elle se défila. Elle savait que j’étais en pétard et n’était visiblement pas prête à m’affronter. Cette réaction accentua encore plus mon énervement car cela me prouvait à quel point Bella ne soupçonnait pas mon inquiétude, ma peur de la perdre.



Je comprenais aussi qu'elle ne ferait rien pour m'aider et qu'elle continuerait à le voir en cachette car elle l'avait une fois encore décidé. Très bien, dans ce cas, je n'avais pas d'autre choix que de contrecarrer ses prochains plans. Je ne renoncerais pas à mon voyage en baie d'Hudson car je restais persuadé que c'était la clé pour me délivrer de tous mes doutes.



Toutefois, Bella ne resterait plus sans surveillance afin que je ne revive plus cette folie. Ma sœur allait recevoir son cadeau de Noël avant l'heure … Je déposais ma voiture chez moi. J'avais toujours du mal à me relâcher même en sachant qu'elle était en vie. Je me rendis chez Bella en courant. J'avais besoin de me défouler. Je grimpai dans sa chambre doucement pour que Charlie ne m'entende pas. De toute manière il était trop bien installé sur son canapé pour entendre quoi que ce soit.



Je restais figé près de la fenêtre à contempler la cime des arbres espérant qu'elles m'aideraient à m'évader. C'était peine perdue … Je sentais toujours cette boule de colère qui obstruait ma gorge. Elle serait toujours présente tant que je n'aurais pas parlé avec Bella. Elle ne tarda d'ailleurs pas à rentrer et dit rapidement à son père qu'elle avait rendu visite au cabot et ce dernier eut du mal à réprimer sa joie. Mes poings se refermèrent une nouvelle fois … à l'idée de l'imaginer dans les bras de ce … chien ! Bien évidemment elle ne monta pas tout de suite dans sa chambre, se doutant que je l'y attendais. Elle n'avait pas le courage d'assumer ses erreurs.



Après de longues minutes, j'entendis enfin ses pas lourds dans l'escalier. Au bruit de ces derniers, je savais qu'elle retardait l'épreuve qui l'attendait. Elle entra enfin et referma aussitôt la porte. Je me tournai vers elle, lui dévoilant mes traits durs et la dévisageant pour être sûr qu'elle allait bien. Rapidement une odeur désagréable emplit la pièce. Elle se dégageait de Bella et je n'eus aucun mal à savoir de quoi il s'agissait. Elle s'était imprégnée de l'odeur du clébard ce qui me crispa encore plus. Je restais collé à la fenêtre pour m'habituer à cette répugnante odeur. Il avait osé souiller ma Bella avec ses mains … Je ne devais plus y songer sinon j'allais courir directement sur la réserve pour le tuer. J'étais incapable de dire quoi que ce soit, ce fut elle qui débuta.



- Salut… chuchota-t-elle.



A quoi jouait-elle ? Elle semblait si peu affectée. Elle s'attendait à ce que je la prenne dans mes bras comme si de rien n'était. Impossible, j'étais en pétard !! - Euh … je suis vivante ! reprit-elle.
Cette remarque stupide fit ressortir un grondement sourd de ma poitrine. Elle n'avait pas conscience de l'état dans lequel j'avais été et ses répliques en témoignaient.



- Aucun bobo ! insista-t-elle. Je devais réagir pour qu'elle comprenne sa stupidité. Je fermai les paupières pour tenter de retrouver un peu de calme et essayer d'oublier l'odeur ambiante.



- J’ai failli franchir la frontière, Bella … murmurai-je en tentant de conserver mon calme apparent. Te rends-tu compte que j'ai manqué de rompre le traité rien que pour venir te chercher ? Comprends-tu ce à quoi cela aurait mené ? lui demandai-je en ouvrant les yeux. Un regard implacable lui prouva ma colère. Elle gémit à cette remarque et réagit tout de suite : - Je te l'interdis ! Ils sont prêts à n'importe quelle excuse pour se battre. Ils adoreraient ça ! Ne transgresse jamais les règles établies ! lança-t-elle inquiète.

- Ils ne seraient sûrement pas les seuls qu'une bagarre ravirait, renchéris-je.




- Pas de ça ! Vous avez accepté une trêve, tenez-vous y.



- S'il t'avait blessée … - Assez ! me coupa-t-elle aussitôt. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Jacob n'est pas un danger. - Excuse-moi, mais tu n'es pas la mieux placée pour juger de ce qui est ou non périlleux. répliquai-je acerbe.



- Je suis sûre que je n'ai pas à me soucier de Jake. Toi non plus d'ailleurs.



Mes mâchoires se crispèrent et mes poings étaient toujours serrés devant son entêtement. Je ne parvenais pas à bouger, déçu qu'elle ne partage pas mon inquiétude. Elle respira profondément et s'avança doucement vers moi pour venir m'enlacer mais je restais prostré, attendant une excuse ou un regret, un signe qu'elle me comprenait.



- Je suis désolée que tu te sois inquiété … souffla-t-elle. Je soupirai me détendant quelque peu, heureux qu'elle fasse enfin le geste que j'attendais. Je l'enlaçai à mon tour pour l'en remercier mais devant du même coup affronter de plein fouet cette entêtante odeur de chien.

- C'est peu dire … maugréai-je. La journée a été très longue.



- Tu n’étais pas censé être au courant. Je pensais que tu chasserais plus longtemps, dit-elle en scrutant mon visage puis elle fronça les sourcils d’un air mécontent. Elle avait du remarquer que je ne m’étais pas nourri et elle devait me le reprocher.



- Quand Alice a vu que tu avais disparu, je suis revenu … lui expliquai-je comme si j’avais besoin de m’excuser.



- Tu n’aurais pas dû. Maintenant, tu vas être obligé d’y retourner. - Rien ne presse, la rassurai-je.

- Ne sois pas ridicule. Ta sœur a eu tort de …




- Inutile d’ergoter, la coupai-je aussitôt. Et n’espère pas non plus que je t’autorise à …




- Oh que si ! C’est exactement ce que j’espère ! m’interrompit-elle à son tour. - Cela ne se reproduira pas, dis-je sûr de moi car je comptais tout faire pour cela.


- N’y compte pas. Et, la prochaine fois, tu sauras te maîtriser. - Il n’y aura pas de prochaine fois, répondis-je fermement.

- Moi, j’accepte que tu t’en ailles, même si ça ne me plaît pas …


- C’est différent. Je ne risque pas ma vie. - Moi non plus.
- Les loups garous représentent un danger, répliquai-je sur un ton ferme.


- Je ne suis pas d’accord. - Ce n’est pas négociable, Bella.
- Je ne suis pas en train de négocier, Edward !



Elle n’avait pas compris mes craintes et s’obstinait à croire qu’elle avait raison. Son entêtement m’agaçait. Je serrai les poings pour réfréner ma colère.


- Par ailleurs, je me demande si tes réticences ne sont dues qu’à ton souci de ma sécurité… - Pardon ? lui demandai-je surpris et indigné qu’elle puisse soupçonner autre chose.


- Tu n’es pas … Tu devines qu’il serait idiot d’être jaloux de lui, n’est-ce pas ?



Je ne pouvais pas lui avouer l’entière vérité car il m’était difficile d’admettre que j’éprouvais bel et bien une certaine jalousie envers Jacob Black. Je vivais mal leur proximité. Savoir qu’il pouvait la toucher, m’étais très pénible. Toutefois, ce n’était pas cette raison qui m’obligeait à écarter Bella du cabot. C’était réellement le souci de sa sécurité. Je n’arrivais pas à faire confiance à ce Quileute et tant que je n’y parviendrais pas, je ne pourrais pas lui confier Bella pour laisser libre court à leur amitié.


- Ah bon ? m’exclamai-je pour lui indiquer qu’elle faisait fausse route. - Sois sérieux !



- Je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux.



- Alors, ton attitude relève juste de stupidités du genre « les vampires et les loups-garous seront toujours ennemis ? », d’une rivalité alimentée par la testostérone qui te … - C’est toi qui m’importes ! la coupai-je, furibond de son insistance. Ma seule préoccupation, c’est que tu restes indemne.

- D’accord. Une chose cependant : ne compte pas sur moi pour prendre parti dans vos querelles imbéciles. J’opte pour la neutralité. Je suis la Suisse, dans ce conflit. Je refuse de prendre en compte des chamailleries d’ordre territorial entre créatures mythiques. Jacob fait partie de ma famille. Toi, tu es l’amour de ma vie. Si je puis m’exprimer ainsi, car j’ai bien l’intention de t’aimer pour plus longtemps que cela. Vampires, loups-garous, aucune importance. Et si Angela se transforme en sorcière, je continuerai à la fréquenter.




Que pouvais-je répondre ? Je savais que je réagissais d’une manière extrême et j’avais conscience que Bella était tiraillé entre nous deux. Elle avait fait le choix de ne pas m’écouter et de continuer son amitié malgré tout. Je comprenais son point de vue mais mon angoisse surpassait tout le reste. C’était moi le problème et j’allais devoir y remédier. - Je suis neutre ! me répéta-t-elle, en réponse au regard noir que j’arborais.
- Bella … bredouillai-je en grimaçant.



- Qu’y a-t-il encore ? - Eh bien … sans vouloir te vexer, tu sens le chien … la taquinai-je, un large sourire aux lèvres pour mettre un terme à cette délicate conversation.

Le sujet était clos pour ce soir mais pas définitivement car je savais que Bella allait de nouveau rendre visite à son clébard et que je risquais une fois encore de péter les plombs. Je devais m’organiser car ma visite ne pouvait plus être reportée et Bella ne devait surtout pas être seule en mon absence. Le lendemain, je lui annonçai donc que je devais de nouveau m’absenter pour la fin de la semaine. Elle s’en doutait, pensant qu’il était vital pour moi de me nourrir.


Jasper et Emmett me proposèrent de les accompagner en Caroline du Nord où le surnombre de pumas posait problème. Ils voulaient me faire plaisir car ils savaient que j’adorais les pumas et furent donc très étonnés de m’entendre leur annoncer que je partais vers le nord avec Carlisle … En effet, je voulais que Carlisle rencontre Carol afin qu’il apprenne lui aussi un maximum de choses sur les Quileute. II était toujours si curieux de tout qu’il fut ravi de m’accompagner. Mais ce n’était pas uniquement pour cela que je lui avais proposé de venir. En effet, je voulais qu’il me retienne si jamais Bella parvenait à aller sur la réserve. Il devait m’empêcher de faire demi-tour et d’oublier quel était mon but. Il savait à quel point cette visite me tenait à cœur et les conséquences qu’elle aurait sur mes futures décisions.
Il ne me restait donc que très peu de jours pour m’organiser … La seule sur qui je pouvais compter, était mon adorable sœur Alice. Elle n’accepterait pas sans une petite rétribution et je savais parfaitement ce qui lui ferait plaisir. C’est pourquoi, la veille de mon départ, je fis une arrivée fracassante devant notre maison au volant d’une magnifique Porsche jaune.


Alice sortit aussitôt en hurlant de joie et me sautant au cou :



- Waouh !!! Elle est encore plus belle que ce que je me l’imaginais !!! Merci, elle est superbe !! - Tu en rêvais depuis longtemps alors je me suis dit qu’il était temps …
- Toi, tu me caches quelque chose ? me demanda-t-elle circonspecte.


- Serais-tu prête à me rendre service ?



- Ah, je vois …Quoique ce soit, je l’accepte car cette voiture le vaut largement !! s’exclama-t-elle en caressant délicatement le capot de son bolide. - Comme tu le sais, on part demain et je voudrais que tu t’occupes de Bella afin qu’elle ne renouvelle pas la mésaventure de samedi dernier. Je pensais que tu pourrais inventer n’importe quelle excuse pour la retenir pendant deux jours en ta compagnie. Un truc de … filles doit être envisageable ?
- Ne t’inquiète pas, je vais m’occuper d’elle et elle ne risquera rien !! m’assura-t-elle en s’installant au volant de sa voiture.




- Merci et je compte sur toi car je serai difficilement joignable d’ici samedi.


Je n’eus pas le loisir d’entendre sa réponse car elle s’était déjà volatilisée dans un nuage de poussière. Ma sœur était heureuse et moi soulagé. Il restait un seul et ultime détail à régler et non des moindres, mon lit. Je l’avais enfin commandé et il ne me restait plus qu’à l’installer afin que Bella puisse se reposer sur autre chose que mon canapé. Esmée s’était gentiment proposée de m’aider à le choisir ainsi qu’à préparer le linge de lit qui allait avec. J’espérais qu’en arrangeant ma chambre de cette façon, Bella s’y sentirait bien et l’imaginer allongée près de moi dans ce lit me plaisait beaucoup aussi. Le cadre noir en fer forgé était finement sculpté ainsi que les quatre montants rehaussés de roses en métal. Cela lui donnait tout à fait l’aspect romantique et ancien que je souhaitais. Il me ressemblait en quelque sorte…




Je pouvais partir apaisé. Bella allait être entre de bonnes mains, celles d’Esmée et de mes deux sœurs. Je n’aurais pas à craindre une expédition improvisée chez les Quileute et j’en étais vraiment soulagé. Je pouvais donc entamer mon périple en Baie d’Hudson sous les meilleurs hospices. J’avais tout préparé … j’en étais convaincu.



sanaafatine 13-06-10 11:15 AM




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Sachant que Bella prévoyait de rendre une petite visite à Jacob le samedi en mon absence, j’avais préféré avancer mon départ d’une journée. Je voulais être rentré au plus tôt et m’assurer qu’elle n’aurait pas l’occasion de le rencontrer. Je ne m’imaginais pas qu’elle puisse réussir à contourner la vigilance de ma sœur. Esmée avait d’ailleurs tout arrangé avec Charlie et Alice devait suivre Bella comme un vrai garde du corps. Je n’avais donc aucun souci à me faire et cela me donnait suffisamment de courage pour la quitter deux longs jours et une seule interminable nuit. Je ne pouvais pas endurer plus. J’appréciais trop de la voir dormir pour ne pas assister à ce délicieux spectacle deux nuits de suite.



Jasper et Emmett partirent donc vers le sud en direction de la Caroline du Nord alors que Carlisle et moi nous dirigions vers le nord. J’avais placé tant d’espoir dans cette visite que j’avais du mal à contenir mon euphorie. J’avais conseillé à mon père de nous nourrir avant notre arrivée car les ours étaient protégés en baie d’Hudson et il était très difficile de s’y nourrir. Je ne lui avais pas raconté l’épisode des phoques mais cela restait un épisode très humiliant pour moi.



Nous nous arrêtâmes donc aux portes du Manitoba. Une fois engouffrés sur ces terres froides et gelées, je savais qu’il serait particulièrement difficile de trouver une espèce non protégée. Il faisait nettement moins froid que lors de ma précédente visite mais malgré tout, le thermomètre devait frôler zéro degré. Il ne neigeait plus et le dégel débutait timidement. Nous fîmes donc escale dans le parc national du Prince Albert. Le parc était magnifique. Revoir toute cette splendeur me permettait de m’évader et d’oublier temporairement mes sources de contrariété. Carlisle et moi avions débusqué un immense troupeau de bisons des plaines ce qui nous fit un délicieux repas. J’avais repris des forces et surtout mes horribles cernes violacées avaient enfin disparu. Je me sentais bien, voire heureux de retrouver mon amie.



J’espérais qu’elle se souviendrait de moi et qu’elle me pardonnerait de ne lui avoir jamais donné de nouvelles. Plus nous nous avancions, plus je sentais une boule d’angoisse obstruer ma gorge. J’attendais tellement de cette rencontre que je craignais qu’elle soit absente ou ne daigne me recevoir. Je reconnaissais par endroit des indices qui me confirmaient que j’étais bien sur le chemin que j’avais jadis emprunté. Le paysage restait identique à celui de mes souvenirs. Je pouvais remercier ma mémoire photographique car je crois que je n’y serais jamais parvenu sans cela. Carlisle percevait mon agitation et ma peur que cette rencontre soit un échec. Il savait que j’y plaçais beaucoup d’espoir pour notre avenir à Bella et à moi-même.


Je commençais même à douter et à me dire que venir n’était pas une si bonne idée et que je devrais vite retourner auprès de ma bien-aimée. Mes yeux aperçurent enfin le petit chalet perdu au milieu de nulle part, mettant un terme à mes tergiversations. Là, je fus un peu déçu car je ne percevais pas ses pensées. Carol n’était pas là mais quelqu’un d’autre y était et étrangement cette personne semblait nous attendre. Ses pensées se mélangèrent aux miennes afin de me rassurer et de m’inviter à m’approcher sans crainte.
Je frappai donc à la porte, suivi par Carlisle. Aussitôt elle s’ouvrit et j’aperçus un vieil homme devant moi. Il me souriait, très heureux de me voir et nullement surpris de découvrir notre peau aussi blanche que la neige autour de nous. La sienne était tannée par les années et l’excès de soleil. Il avait de longs cheveux noirs clairsemés de mèches blanches qui lui tombaient sur les épaules. Ses yeux d’un vert émeraude étincelant me rappelaient ceux de Carol. Il était habillé d’une blouse en peau de bête qui lui tombait jusqu’aux chevilles. J’avais l’impression d’avoir un chef de tribu devant moi. Il nous fit signe d’entrer et s’exclama :



- Nous t’attendions Edward. Sois le bienvenu. Je suis Patte d'Ours, le grand-père de Petite Ourse … ou Carol, si tu préfères.



- Enchanté ! lui répondis-je étonné.
J’étais surpris de le voir car Carol m’avait dit qu’il était tout le temps dans sa réserve près de Québec et qu’il ne venait jamais lui rendre visite. Il avait du se passer quelque chose de grave et aussitôt un frisson me parcourut. Il le remarqua tout de suite :



- Ne t’inquiète pas ! Elle va bien, me rassura-t-il.
Il pouvait donc lire mes pensées ! Impressionnant mais guère surprenant car Carol m’avait expliqué que son grand père était un puissant chaman.



- Tu peux aller la rejoindre si tu le souhaites. Elle a dû porter secours à un bébé ours. Elle n’est pas très loin. Je pense que tu pourras la trouver facilement.
- Je vais aller l’aider… répondis-je aussitôt. Mais avant, permettez-moi de vous présenter mon père, Carlisle. Nous sommes venus tous les deux car nous avions besoin de l’aide de Carol pour clarifier certaines choses …


- Va la rejoindre … me coupa-t-il, ton père va m’expliquer votre requête.


- Très bien, acceptai-je après avoir interrogé Carlisle du regard pour être sûr qu’il n’y voyait pas d’inconvénient.



Ils allèrent donc s’installer sur le canapé pour entamer leur conversation alors que je me dirigeais vers la ville à la recherche de Carol. La nuit commençait à tomber lorsque je pus enfin capter ses pensées. Elle était assez loin, dans la baie. Un petit ours s’était coincé la patte dans un piège … L’endroit était particulièrement dangereux car les températures en légère hausse avaient fragilisé la glace et la rendaient moins résistante. On l’entendait craquer fortement. Je m’approchais avec prudence de Carol, d’une part pour ne pas fissurer la glace et la mettre en danger et d’autre part pour ne pas effrayer encore plus ce petit animal. Il se débattait sous l’effet de la douleur. Sa mère nous observait à bonne distance et cela ne me rassurait pas. Carol ne m’avait pas entendu arriver, trop occupée à délivrer l’ours. Malheureusement, elle n’avait pas assez de force pour lui ôter la patte de cet étau de fer. Pour ne pas l’effrayer par mon arrivée, j’allais tenter une expérience pour le moins nouvelle. Je connaissais la télépathie pour l’utiliser quotidiennement avec Alice mais je n’avais jamais essayé de la provoquer avec une tierce personne.

Je savais que Carol avait des ressources et des talents insoupçonnés me laissant penser que ma tentative pourrait fonctionner. Je voulais prévenir mon amie, de mon arrivée par la pensée et ce, afin de ne pas rendre la situation plus périlleuse. Je me concentrai quelques secondes en me focalisant sur Carol pour lui adresser le message suivant :

Ne te retourne pas. Je viens t’aider …

Elle l'avait bien reçu et me répondit de la même manière :

Comme toujours, tu arrives au bon moment !


Elle se retourna dans ma direction, le sourire aux lèvres.


Je vois que tu as encore un nouveau don ! lui répondis-je en m’installant doucement à côté d’elle.


Elle me fit signe afin que j’ouvre le piège pendant qu’elle enlèverait la patte de l’ourson emprisonnée dans l’étau. Une fois libéré, ce dernier boitilla en direction de sa mère et ils repartirent doucement se cacher dans la toundra. Carol souriait face à cette scène attendrissante et j’en profitai pour la regarder. Elle n’avait pas changé, toujours le même sourire lumineux, les cheveux noirs attachés en une longue queue de cheval et le corps camouflé sous une énorme doudoune. Elle se tourna alors vers moi et nos regards se croisèrent. Je compris aussitôt que la joie que j’éprouvais était réciproque.



- Ne va pas croire que je vis toujours des situations aussi dangereuses ! A croire que tu le fais exprès pour que j’ai besoin de toi … s’exclama-t-elle de son charmant accent québécois. - Non. J'aime à croire que tu t'en serais sortie toute seule … dis-je en souriant. - Cela devient trop fréquent ces temps-ci à cause de ces maudits braconniers. Ils savent que les ours ont fini d'hiberner et sortent pour se nourrir avec leur famille. Ils installent ces pièges pour les capturer et les vendre. C’est un marché répugnant … s'énerva-t-elle.

- Je connaissais le massacre des phoques mais j'ignorais que l'on s'en prenait aussi aux ours ! m'étonnai-je.



- C'est récent car le marché asiatique devient de plus en plus gourmand et leurs ignobles fermes d'élevage ne leur suffisent plus. Ils s'attaquent maintenant aux ours en liberté et protégés de surcroît. En Asie, la bile ainsi que la vésicule biliaire ont des vertus thérapeutiques pour traiter différentes inflammations. Voilà pourquoi maintenant, ils s'en prennent à mes ours !!




- Enfin, tu n'es pas venu pour cela …. reprit-elle. Je suis heureuse que tu te sois enfin décidé à venir me voir ! lâcha-t-elle en se relevant et se dirigeant prudemment vers la terre ferme.



- Je regrette de ne pas t’avoir donné de nouvelles avant mais il s'est passé tant de choses … Je ne suis pas excusable…



- D'ailleurs, je ne sais pas si je dois me fâcher ou être soulagée de te revoir !! dit-elle en me regardant intensément une nouvelle fois et en me faisant part de ses pensées.
Elle me retraça tout ce que j'avais vécu après mon passage à Churchill. Elle avait vécu à distance tout ce qui m'était arrivé … ma tentative de traque contre Victoria, le nouveau-né qui m'avait exilé au Brésil puis l'annonce de la mort de Bella et mon périple en Italie. Je sentais ses traits s'attrister. Elle me faisait partager sa colère et sa frustration de ne pas avoir pu m'aider. Elle avait été une spectatrice involontaire de tous mes déboires. J'étais stupéfait … je n'avais jamais quitté son esprit, un peu comme si nous étions connectés.



- Comment est-ce possible ? bredouillai-je sous le choc de cette découverte.



- Tu n'es pas le seul à avoir été changé par ce qui s'est passé dans la hutte … Quand je disais que tu étais l'un des nôtres, je ne pensais pas si bien dire … Je n'arrive pas encore vraiment à me l'expliquer mais cette expérience nous aurait liés, en quelque sorte. Je partage tous les plus grands moments de ta vie à travers tes pensées. Il faut croire que ma mission est de te protéger même si j'ai cru te perdre quand tu as décidé d'aller te livrer chez ses monstres Italiens … Mais qu'avais-tu en tête ? Je pensais que tu avais compris l'importance que tu avais sur cette terre ? me demanda-t-elle d'une voix mêlée de tristesse et d'incompréhension. - Je t'ai faite souffrir … toi aussi … murmurai-je anéanti. Moi qui te pensais heureuse, je t'ai rendu la vie insupportable. Jamais je n'aurais pensé une telle chose. J'avais réagi ainsi car j'étais au bord du gouffre et j'étais persuadé à l'époque que plus rien ne me retenait ici bas. Je m'étais doublement trompé … m'exclamai-je furieux, les poings serrés.



- Je commence à comprendre pourquoi nos chemins se sont croisés … Tu as besoin de conseils et aujourd'hui encore car tu te comportes comme un vrai imbécile avec elle et avec les Quileute !! me gronda-t-elle après avoir repris un peu d'assurance, une fois sur la terre ferme. - Je sais. N'en rajoute pas, s'il te plait … C'est pour ça que je suis venu te voir car je suis totalement perdu. J'ai constamment peur pour elle mais leur amitié est si importante pour eux deux. J'ai conscience que je ne suis pas honnête mais je n'arrive pas à me maîtriser …




- Tu as peur de quoi au juste ? Ils sont si féroces que cela ?? se moqua-t-elle.



- C'est Jacob, le problème. Il ne se maîtrise pas lorsqu'il doit se … - Transformer en loup !! Est-ce vraiment cela le problème ?? Même s'il est jeune, cette mutation est tellement ancienne dans cette meute que les garçons sont très vite pris en main par leurs aînés. Il ne lui fera jamais de mal … Au fond de toi, tu le sais. Ce n'est pas cela le problème !! m'assura-t-elle.



- Ah bon et c'est quoi alors …
-T'es tu déjà mis à la place de Bella ?



- C'est à dire ? lui demandai-je surpris.



- Que ferais-tu si j'étais Jacob et que l'on nous empêchait de nous voir ??? Comment réagirais-tu ?



- Ce n'est pas pareil. Tu ne risques pas te me faire du mal …
- Mais Jacob non plus !!


Cette conversation avait un désagréable goût de déjà vu mais la différence cette fois était que Carol n'avait rien à gagner à prendre le parti de Jacob. Je commençais à comprendre ma méprise et mes torts.



- Pourquoi, cet air si dur ? me demanda-t-elle en attrapant mes poings et en les enveloppant de ses mains tièdes et douces.



- Je sais que tu as raison mais c'est plus fort que moi… Le besoin de la surprotéger est ancré en moi. Je crois que je viens de me rendre compte que j'avais dépassé les bornes et que Bella tentait désespérément de me le faire comprendre et je ne l'ai pas écouté. - Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! me dit-elle en me souriant. Je ne répondis pas, réalisant que j'étais véritablement un idiot et que j'avais failli perdre Bella à cause de cela.



-Au fait, je ne t'ai pas remercié … reprit-elle joyeuse.



- J'ai été démasqué ! répondis-je en souriant, à mon tour. Pouvant lire mes pensées, elle avait aussi découvert que j'étais à l'origine de son maintien ici pour plus de trois ans.



- Je ne sais pas comment tu as fait mais c'est un vrai cadeau. Je suis heureuse de pouvoir rester ici aux services des animaux.



- C'était le moins que je puisse faire ! Nous reprîmes notre marche, main dans la main, en direction du chalet où nous attendaient son grand-père et Carlisle.



- Tu as bien fait de venir car depuis plusieurs jours, je fais le même cauchemar te concernant. Il va se passer quelque chose. C’est la raison pour laquelle j'ai demandé à mon grand-père de venir m'aider car nous ne serons pas trop de deux pour tenter de trouver de quoi il s’agit.



- De quoi parlait ce rêve ? lui demandai-je inquiet.



- C'est très flou. Ce ne sont pas des images très précises. C'est pourquoi mon grand-père doit intervenir pour m'aider. Nous avons besoin d'une vision commune pour comprendre … mais je ne veux rien dire avant d'en être sûre.



Moi qui étais venu régler mon incompréhension vis à vis des Quileute voilà qu'à présent, il s'agissait d'un prochain malheur. N'en finirait-on jamais ??



- Je suis désolé de te mêler à tout cela … m'excusai-je.



- Tu plaisantes, j'espère !! s'exclama-t-elle. Tu m'offres tant d'occasions de dépasser mes limites et je n'aurais jamais fait toutes ces découvertes. Grâce à toi, je progresse à une vitesse phénoménale. Tu as changé ma vie et c'est peu dire … Je ne remercierai jamais assez les esprits de t'avoir guidé vers moi. Ne t'excuse de rien si ce n'est de réagir comme un idiot par moment … me taquina-t-elle.



- Je te remercie d'être mon amie. Tu m'apportes tant de choses …




- Allez, allez… on arrête ça … à nous de ne jamais oublier que l'on peut compter l'un sur l'autre. C'est tout ce qu'il y a à retenir … Compris ? conclut-elle pour ne pas manifester son émotion.




- Compris !! lui confirmai-je en resserrant sa main dans la mienne.



Je sentais déjà sa présence apaisante m'envelopper comme si tout devenait plus clair. Elle savait toujours aussi bien me parler et me mettre à l'aise. Pourquoi avais-je tant tardé avant de venir la voir ?? Cela m'aurait évité de souffrir inutilement pendant aussi longtemps. Nous étions déjà devant chez elle. Nous entrâmes, pensant retrouver mon père et Patte d'ours à l'endroit où je les avais laissés … mais ils n'étaient plus là. Carol remarqua mon étonnement :




- Ne t'inquiète pas, mon grand-père l'a emmené dans la hutte … Ils étaient trop pressés pour nous attendre. Attends-moi deux minutes, je dois me changer.




En attendant qu'elle se prépare, j'eus soudainement envie de savoir si tout se passait bien à Forks. Savoir si Alice s'en sortait dans sa tentative d'enlèvement. Qu'elle ne fut pas ma surprise en entendant la voix de Bella, visiblement irritée, en consultant ma boite vocale :


Tu as des ennuis mon pote. De gros ennuis. Les grizzlis enragés te paraîtront adorables quand tu verras ce qui t'attend à ton retour.


Comme je le craignais, elle me reprochait ma réaction excessive et l'isolement que je lui imposais. Et au lieu de m'inquiéter, ce message me fit sourire, d'une part, car il n'y avait aucun grizzli à l'horizon et d'autre part, parce que je savais déjà comment me faire pardonner … Ce fut Carol qui vint interrompre mes pensées. Elle avait revêtue sa robe de cérémonie. Elle était ravissante, identique à mes souvenirs. Nous nous mîmes en marche vers la hutte, celle qui m'avait révélé au monde. C'était étrange de revenir ici après avoir découvert toutes ces choses que je n'aurais jamais dû savoir ou revivre. Je songeais à ma mère et à mon passé principalement. Avoir eu accès à tout cela, était un tel cadeau que j'avais du mal à croire que Carol ou son grand-père puissent encore me révéler de nouvelles informations. Ils recelaient de tels pouvoirs qu’il mettait difficile de croire que tout cela puisse avoir un sens. Le mystique faisait bien partie de ce monde et il fallait s’en accommoder alors tout ce qui pouvait me permettre de protéger Bella et les miens, était le bienvenu même si cela n’avait rien de rationnel.


Mon père était déjà installé auprès de Patte d’Ours. Ils étaient assis autour du feu qui répandait un léger halo de lumière sous la tente. Carlisle était émerveillé par tout ce que lui avait révélé l’indien et il était tout aussi curieux que moi de découvrir ce qu’ils nous préparaient. Une fois Carol et moi-même, assis auprès d’eux, le vieil homme nous expliqua ce qui allait se produire. Il tenait entre ses mains, un tambour. Ce dernier allait être son outil pour faire appel à la magie et aux esprits afin de les guider vers lui. Il l’avait fabriqué lui-même avec le bois d’un arbre que les esprits lui avaient indiqué et la peau était celle d’une chèvre de sa tribu. Il était minutieusement décoré de plusieurs pattes d’ours symbolisant son prénom.



- Nous voilà réunis afin de t’aider, Edward, à maintenir un équilibre entre ta famille et la meute des Quileute. Je perçois des tensions qui envahissent tout ton être. Les esprits ont même prévenu Carol au travers de mauvais rêves. Je vais les invoquer afin de rétablir l’ordre des choses et de percer la signification de ses cauchemars. Ce fut ses dernières paroles car ensuite, il se mua dans un silence empreint d’une profonde concentration. Nous pouvions entendre les battements de son cœur, doux et posés. Il se mit ensuite à frapper sur son tambour de sorte que ces deux rythmes battaient à l’unisson. Son cœur et son instrument ne faisaient alors plus qu’un. Carol me prit la main et me demanda de faire de même avec celle de mon père. Elle ferma les yeux et se mit à fredonner des chants indiens. La mélodie était guidée par les battements du tambour. Je sentais la main de Carol brûler dans la mienne. Une puissante énergie se dégageait d’elle. Elle se mit à chanter plus fort et les battements du tambour s’accélérèrent. C’est alors que le feu se fit plus puissant, si incandescent qu’il éclairait totalement la tente. Un nuage de fumée blanche se forma au-dessus de nous. Les roulements de tambour étaient assourdissants recouvrant la voix de Carol. Je sentis brusquement une énorme décharge électrique transpercer mon corps de part en part pour ensuite envahir Carlisle à son tour. Je compris que les esprits se manifestaient et qu’ils nous invitaient tous à les écouter. Les yeux de Patte d’Ours se révulsèrent et une voix d’autre tombe se mit à parler :


Le danger arrive. Oubliez vos querelles et préparez vous à lutter contre un puissant ennemi.




Des images apparurent à travers la fumée qui se dispersait doucement. On pouvait y voir ma famille et les Quileute, non pas en train de se battre les uns contre les autres mais unis. Les loups étaient à nos côtés … pour protéger Bella. Bella était meurtrie, spectatrice impuissante de ce terrible combat. Je sentais une tension s’emparer de moi comme si je ressentais le mal qui s’annonçait. Je supportais très mal de voir Bella si vulnérable. Elle était la raison de notre rapprochement mais aussi celle de la venue du courroux qui s’annonçait. Malheureusement, cet ennemi n’avait pas de visage. Les esprits ne parvenaient pas, eux-mêmes, à déceler d’où venait le danger. Nous pouvions juste voir qu’ils étaient nombreux et visiblement assez forts pour qu’aboutisse une union entre les Quileute et nous-mêmes.



J’avais du mal à y croire. Nos ennemis jurés et nous-mêmes allions devoir unir nos forces pour lutter contre un redoutable adversaire. Je n’osais même pas envisager que les esprits puissent se tromper ou m’induire en erreur. J’avais eu trop de preuves de la véracité de leurs visions pour en douter maintenant. Pourtant, j’étais mal à l’aise car même si cela paraissait inéluctable ce rapprochement me déplaisait. J’avais le sentiment de trahir ce que j’étais. J’avais besoin de digérer cette nouvelle, tout simplement.


D’un coup, le nuage se dissipa et le tambour s’arrêta brutalement. Patte d’ours était encore dans son monde mais revenait doucement à lui. Carol était plus marquée et visiblement épuisée. Elle avait puisée beaucoup d’énergie pour assister son grand-père. Carlisle lui, restait immobile, stupéfait de ce qu’il venait de vivre. Il me dévisageait pour scruter mes réactions. Il percevait mon malaise mais ne le partageait pas cependant. Pour lui, cette vision était une suite logique et se réjouissait déjà de la prochaine entraide entre nos deux espèces. Il espérait déjà que cette nouvelle alliance pourrait peut être faire oublier définitivement l’existence du traité. Bref, il voyait les choses tout à fait différemment maintenant. Comme toujours, il incarnait la sagesse et moi, les doutes et les craintes. Il avait toujours été mon contrepoids et cette fois encore, il allait devoir m’aider car je ne partageais pas du tout sa joie évidente.



J’étais prêt à faire des efforts et je me préparais à laisser Bella renouer son amitié avec Jacob. J’avançais déjà d’un pas en avant … mais là, cette nouvelle m’imposait d’en faire au moins dix et je ne m’en sentais pas capable. Pourtant, j’avais conscience qu’il le faudrait pour la survie de Bella qui allait devoir encore braver la mort. Patte d’Ours était satisfait il avait obtenu la réponse qu’il attendait. Carol était partagée entre soulagement et angoisse. Soulagée de comprendre la signification de ses rêves mais inquiète pour mon avenir. Les esprits n’ayant pas révélé qui sortirait vainqueur du combat. Elle envisageait déjà le pire. Elle savait pourtant l’étendue de ma force et les pouvoirs des Quileute mais malgré tout, elle restait sur ses gardes. Elle avait raison d’ailleurs, tout comme moi car je n’avais aucune idée de qui serait notre agresseur.


Les seuls suffisamment dangereux et nombreux étaient les Volturi. Pourquoi viendraient-ils si tôt ? J’étais persuadé que la transformation de Bella n’était pas leur priorité alors pourquoi se déplaceraient-ils ? Beaucoup de questions restaient donc en suspens mais j’avais le sentiment que je ne tarderais pas à avoir toutes les réponses. Carol était épuisée. Je me proposais de la raccompagner au chalet pour qu’elle puisse se reposer. Mon père et Patte d’Ours souhaitaient rester dans la hutte encore quelques temps, sans doute pour mieux décrypter ce que l’on venait de découvrir. Elle avait du mal à marcher et traînait les pieds. Elle ne se plaignait pas mais je savais qu’elle était à bout de force.


- Souhaites-tu que je te porte ? lui murmurai-je doucement pour mettre fin à son supplice.



- Non. Ca ira … bredouilla-t-elle.
- Carol, s’il te plaît … Tu ne tiens pas debout.



Elle hocha alors la tête pour me dire qu’elle acceptait tout de même. Je la pris dans mes bras afin de l’amener rapidement chez elle, au chaud. Elle s’était machinalement lovée contre mon torse. Carol m’appréciait bien plus qu’elle n’osait me le dire mais je savais qu’elle n’entraverait jamais mon amour pour Bella. Elle partageait mes pensées et connaissait tout ce que Bella représentait pour moi. Toutefois, elle ne parvenait à refreiner ce qu’elle ressentait et je ne pouvais pas lui en vouloir mais je ne devais pas lui faire miroiter quoique ce soit pour autant.


J’avais déjà rendu Tania malheureuse par le passé en agissant de la même manière donc aucune ambiguïté ne devait subsister. Mon cœur n’en aimait qu’une, celle que j’attendais depuis plus de cent ans. Carol était et resterait toujours une amie et son amitié était trop précieuse pour la gâcher. Je la déposai doucement sur son lit mais ses mains s’agrippèrent à mon cou. Ses yeux se plongèrent dans les miens. Elle ne voulait pas me laisser partir de peur de ne plus jamais me revoir. Elle savait que mon destin était plus que jamais lié à celui de Bella et que je me risquerais plus à la laisser seule pour venir lui rendre visite. Je lui pris les mains et les gardais quelques instants dans les miennes. Je les embrassai l’une après l’autre pour les déposer délicatement sur son ventre.



- Je sais. Ce sera difficile pour moi aussi mais ce que tu espères ne se produira pas. Je l’aime de tout mon être. Je serai toujours là pour toi. C’est tout ce que je peux t’offrir … lui murmurai-je en lui caressant la joue. - Excuse-moi… mais ce que je ressens est si fort qu’il m’est difficile de te le cacher.



- Nous vivons une relation si particulière. Elle nous apporte énormément alors conservons là telle qu’elle est. Ne changeons rien. Je ne veux pas perdre … ton amitié.



- Nous sommes liés, souviens toi … quoiqu’il puisse se passer, je serai près de toi. Et prends garde à ce danger qui plane. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive malheur.
- Je vais devoir rentrer. Je ne peux pas rester plus longtemps. Je ne te dis pas quand je reviendrai car tu le sauras avant moi ! la taquinai-je pour tenter de la faire sourire.- Je suis heureuse de t’avoir vu et n’hésite pas à revenir me voir, dit-elle comme si elle me suppliait.


- Repose-toi, tu es exténuée … lui proposai-je pour mettre un terme à cette conversation difficile.
C’était douloureux de lui faire de la peine mais je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle voulait. J’espérais qu’avec le temps, elle me verrait vraiment comme un ami et rien de plus. Je lui déposai un léger baiser sur le front et sortis rapidement du chalet pour rejoindre Carlisle et le grand-père de Carol. Nous le remerciâmes de son aide et l’informâmes que nous allions reconsidérer notre opinion concernant les Quileute. Il me rassura aussi sur le fait que Carol allait s’en remettre car elle était tout à fait consciente de la situation. En d’autres termes, la fatigue avait laissé parler ses sentiments mais qu’elle les refoulerait de nouveau dès son réveil.




Ce passage à Churchill était une bonne idée même s’il avait été éprouvant sur certains aspects. J’avais obtenu ce que je voulais et même plus. Durant tout le trajet du retour, Carlisle n’eut de cesse de parler, de s’extasier sur ce que nous venions de vivre. Bien évidemment, il avait conscience que nous devions encore garder cette théorie pour nous afin de ne pas alarmer toute la famille. Nous allions surveiller les jours à venir et prendre les dispositions nécessaires en temps utile. Mes pensées vagabondaient déjà vers Bella. J’étais si pressé de la rejoindre. Elle m’avait tant manqué. J’étais pressé de lui annoncer que j’avais enfin changé d’avis et que j’étais prêt à l’écouter. En arrivant à la maison, je remarquai que tout était calme.



Carlisle s’empressa de rejoindre Esmé qui survolait un livre tout en guettant le retour de son mari. Elle fut enfin soulagée de le voir arriver. Rosalie tentait, quant elle, de s’occuper en regardant la télé. Emmett n’était pas encore rentré et elle ressassait la conversation qu’elle avait eue la veille avec Bella. Ma sœur en était encore contrariée vu la frénésie avec laquelle elle changeait de chaînes, comme si aucun programme ne captait son intérêt. Elle avait expliqué à ma bien-aimée les raisons de son attitude hostile envers elle. Elle avait surtout tenté de la faire réfléchir sur son envie de devenir l’une des nôtres. Rosalie avait insisté sur le caractère irrémédiable de notre état et surtout sur les choses qu’elle n’aurait jamais. Je connaissais le plus gros regret de ma sœur, celui de ne jamais pouvoir avoir d’enfant. Bella, elle, le pouvait encore et elle s’en moquait puisqu’elle préférait mourir. Rosalie ne comprenait pas que Bella ne soit pas plus abattue par ce sacrifice …
Subitement je redoutais que ma sœur ait réussi à la faire changer d’avis. Je m’étais enfin préparé à cette idée et voilà que Rosalie tentait une fois encore de s’interposer. Je voulais que Bella soit près de moi pour toujours … mais elle pouvait encore changer d’avis. Elle n’avait d’ailleurs pas encore accepté d’être ma femme alors rien n’était encore tout à fait sûr. Je devais plutôt m’en réjouir car c’était toujours ce que j’avais souhaité : que Bella reste vivante le plus longtemps possible. Alors pourquoi doutais-je ?? L’approche de ce grand danger devait y être pour quelque chose. J’avais sans doute besoin d’être rassuré. Savoir qu’elle consentirait à être ma femme, me comblerait de bonheur. Ce fut Alice qui mit fin à mes interrogations. Elle s’approcha de moi en me tendant la clé de la Porsche que je venais de lui offrir. Elle était abattue.


- Tu peux la reprendre. J’ai failli à ma mission… bouda-t-elle.


- Dois-je en conclure que Bella a réussi à tromper ta vigilance ? lui demandai-je surpris. - Oui, Jacob Black est venu la chercher au lycée … Je n’ai rien pu faire. Il y avait trop de monde. Elle est rentrée en fin d’après midi, toute seule et à moto en plus ! Elle dort maintenant, m’expliqua-t-elle sensiblement agacée.



- Je ne t’en veux pas Alice … Je te l’ai offerte, elle est à toi. C’est moi qui te dois des excuses. Je me suis laissé emporter et je n’avais pas à t’imposer cela. J’ai réagi comme un idiot. - Et bien Edward, quelle sollicitude tout à coup ! Où sont passées ton angoisse et ta haine contre ce loup ?? me demanda-t-elle, curieuse.



- Changer d’air m’a fait du bien, voilà tout. Je monte rejoindre Bella ! lançai-je en guise de réponse. Elle me regarda perplexe, se demandant quelle mouche m’avait piqué. J’étais parti terrifié que Bella ne retrouve le cabot et voilà qu’à présent, j’en étais presque heureux. Elle trouvait cela très étrange mais ne chercha pas plus loin trop heureuse de conserver sa voiture.



sanaafatine 13-06-10 12:04 PM




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Je ne saurais décrire dans quel état je me trouvais lorsque je montais les escaliers menant à ma chambre. J’étais heureux d’être rentré. Savoir Bella dans ma maison et plus particulièrement dans mon lit me procurait une joie intense. Elle m’avait manqué plus encore que je ne l’aurais imaginé.

En ouvrant la porte, je regardai aussitôt en direction de mon vaste lit qui paraissait colossal dans la pénombre de ma chambre. Ce soir, la lune ne reflétait aucune lumière et rendait la pièce plutôt inhospitalière, c’est pourquoi je fus très étonné de ne pas voir Bella dans mon lit. Je pensais que le confort et le raffinement de ce dernier l’aurait incité à se laisser tenter.

Au lieu de cela, je la retrouvai en boule sur mon canapé. Elle était totalement recroquevillée sur elle-même, signe de sa contrariété et de sa peur d’être seule. Elle n’aimait pas mon lit puisqu’elle ne l’avait pas choisi pour refuge et j’en étais quelque peu déçu mais elle s’y ferait avec le temps. Elle était si belle lorsqu’elle dormait. Je me retins de la toucher de peur de la réveiller mais la tentation était si grande. Je m’assis près d’elle pour mieux la regarder. Ses lèvres entrouvertes semblaient m’appeler… C’était un supplice de rester à côté d’elle sans la toucher. Son parfum m’enivrait déjà et son cœur… battait paisiblement d’une si belle mélodie. J’étais tout simplement et bizarrement heureux.

Je restais assis là près d’elle un long moment, me laissant bercer par sa lente respiration. Je n’éprouvais nulle colère ou irritation. Au contraire, je ressentais un apaisement comme je n’en avais pas ressenti depuis bien longtemps. Pourtant tant de choses dangereuses nous attendaient mais l’important restait notre amour. Le reste me semblait si loin en cet instant…

Puis tout à coup elle s’étira et se roula sur le côté mais elle allait tomber si je ne la retenais pas. Je l’avais rattrapée doucement dans mes bras pour la déposer sur mon lit. Je n’avais pas osé le faire avant de peur de la réveiller. Je m’allongeai près d’elle en guettant sa réaction. Elle se mit sur le dos et ouvrit doucement les paupières comprenant sans doute qu’elle n’était plus sur le canapé.

- Excuse-moi … lui murmurai-je doucement. Je ne voulais pas te réveiller.

Elle se raidit aussitôt, craignant un excès de colère ou s’apprêtant peut-être à me réprimander. Il n’y eut que le silence puis l’accélération de ses battements de cœur pour emplir la pièce. Elle tendit sa main et se mit à tâtonner le matelas à la recherche de mes doigts. Elle ressentait visiblement le même besoin que moi … celui d’être dans ses bras.

Les miens l’enveloppèrent pour la plaquer contre mon torse de pierre. J’avais besoin de sentir son corps contre le mien. Je voulais entendre résonner son cœur contre ma poitrine. Mes lèvres parcoururent ensuite son visage alors que les siennes semblaient rechercher fiévreusement les miennes. Lorsqu’elles se rencontrèrent enfin, je pus lui témoigner tout le manque que j’avais ressenti en son absence. Ce baiser fut tendre et merveilleux.

J’eus la confirmation qu’elle ne m’en voulait plus et je ne pus retenir un léger rire.

- J’étais prêt à subir un courroux plus fort que la rage des grizzlis, et à quoi ai-je droit ? Je devrais te fâcher plus souvent.

- Donne-moi une minute pour démarrer … plaisanta-t-elle en m’embrassant.

- Prends tout ton temps, répondis-je en lui rendant son baiser tout en glissant mes doigts dans ses cheveux.

- Demain matin, alors.

- Comme tu voudras.

- Je suis heureuse que tu sois rentré.

- Moi aussi, je suis content d’être ici.

Elle resserra ses bras autour de mon cou. Je ressentais un besoin incontrôlable de la toucher. Ma main parcourut alors son épaule puis glissa le long de son bras pour ensuite effleurer sa fine taille et terminer sur son mollet. Son pyjama étant très fin, je pouvais sentir la chaleur de sa peau au bout de mes doigts. Elle cessa de respirer sous l’effet de mes caresses sensuelles. Mes lèvres vinrent alors chatouiller le creux de sa gorge.

- Je ne voudrais pas déclencher ton ire prématurément, mais voudrais-tu m’expliquer en quoi ce lit te déplait ?

Je roulai sur le côté, ne lui laissant guère le temps de répondre. Je pris son doux visage entre mes mains. Elle commençait à perdre ses moyens. Son souffle devint plus saccadé.

- Alors ce lit ? insistai-je. Moi, je le trouve bien.

- Il était inutile … haleta-t-elle enfin.

J’étais bien décidé à lui démontrer que ce lit avait bien des avantages et que j’avais très envie qu’elle l’apprécie aussi. Pour se faire, je l’attirai à moi et elle s’empressa de coller sa bouche contre la mienne. Je roulai de nouveau sur le côté, profitant de l’espace que me procurait mon imposante couche. Bella se retrouva sur le dos et mon corps froid au-dessus du sien. Je riais déjà car je savais comment la faire changer d’avis.

- Voilà qui est sujet à débat, objectai-je. Nos galipettes seraient difficiles à exécuter sur un canapé.

Ma langue lécha délicatement le contour de ses lèvres. Sa respiration se fit de plus en plus courte et je ne comptais plus les ratés de son cœur.

- As-tu changé d’avis ? me demanda-t-elle dans un souffle, une pointe d’espoir dans la voix.

Elle était en train de se méprendre sur mes intentions. Je soupirai, déçu de l’avoir amenée sur une fausse piste.

- Ne sois pas sotte, Bella. J’essayais seulement d’illustrer les avantages d’une couche que tu n’avais pas l’air d’apprécier. Ne t’emballe pas.

- Trop tard ! Et ce lit me plait.

- Tant mieux. A moi aussi.

- Pour autant, il est inutile si nous ne nous emballons pas, enchaina-t-elle.

- Pour la centième fois, je te répète que c’est trop dangereux.

- J’aime les risques.

- Je sais, répliquai-je acerbe.

Je ne savais que trop qu’elle aimait et attirait le danger. J’avais beau l’en préserver rien n’y faisait. Elle s’était même remise à faire de la moto, preuve qu’elle ne cesserait jamais ses fantaisies.

- Je vais te dire ce qui est périlleux, moi. Un de ces jours, je vais me consumer entièrement, et tu n’auras plus qu’à t’en prendre à toi-même.

Je la repoussai comprenant que j’avais mal agi. J’étais égoïste …

J’étais si bien dans ses bras. Je me laissais aller si facilement. Je parvenais encore à m’arrêter même si une immense frustration s’en suivait. J’en étais capable grâce à ma longue existence, emplie d’épreuves et d’évènements m’obligeant à endurer les souffrances. Bella, elle, vivait ses premières amours et voulait aller plus loin. Elle en avait le droit mais pas …avec moi. Pas tant que je serais un vampire et elle, une humaine. Pourtant une partie de moi en mourait d’envie. Je devais me dominer pour ne pas craquer et le fait que Bella ne m’incite pas à la prudence, ne m’aidait en rien.

- Hé ! protesta-t-elle en s’agrippant à moi.

- Je t’évite la combustion spontanée, puisque tout cela est trop dur pour toi …

- Je tiens le coup, riadminhelpa-t-elle en se blottissant dans mes bras.

- Désolé de t’avoir donné de faux espoirs et de te décevoir. Ce n’était pas bien.

- Au contraire. C’était très, très bien.

Elle n’était pas prête à faire des efforts sur ce sujet mais comment pouvais-je lui en vouloir ?

- Tu n’es pas fatiguée ? Je devrais te laisser dormir.

- Non, ça va. Et je ne refuserais pas que tu me redonnes de faux espoirs.

- Mauvaise idée. Tu n’es pas la seule à être transportée.

- Si ! grommela-t-elle.

- Tu n’as aucune idée de l’effet que tu produis sur moi. Et que tu t’efforces de saper mes résolutions n’aide en rien.

- Ne t’attends pas à ce que je m’excuse.

- Suis-je autorisé à m’excuser, moi ? lui demandai-je espérant changer le cours de notre conversation.

- Pourquoi ?

- Je te rappelle que tu étais fâchée contre moi.

- Oh ! Ca.

J’espérais d’ailleurs qu’elle le soit un tout petit peu afin d’apprécier ce que je m’apprêtais à lui annoncer. Elle semblait déjà avoir oublié ou elle ne souhaitait pas aborder un autre sujet que mon refus d’intimité.

- Je suis désolé. J’ai eu tort. Il m’est beaucoup plus facile de te savoir en sécurité ici. Je deviens un peu cinglé quand je m’éloigne de toi. Je ne crois pas que je repartirai aussi loin. Ca n’en vaut pas la peine.

Je repensais notamment à la peine que j’avais causée à Carol. Elle avait su m’apporter l’aide que j’espérais mais je l’avais faite souffrir et je n’arrivais pas à le supporter. Il fallait que je la laisse tranquille. Je ne devais plus y retourner… et puis je ne serais plus capable de laisser Bella aussi longtemps sachant le danger qui se préparait.

- As-tu déniché des pumas ?

Ah oui, les pumas. Je n’en n’avais vu aucun, mais cela, Bella n’avait pas à le savoir. Autant lui faire croire que j’étais allé les chasser. Je n’avais pas le courage de lui parler de Carol maintenant et puis elle aurait pu mal l’interpréter.

- Oui. Ils ne pèsent pas lourd dans la balance de mon anxiété, cependant. Je regrette d’avoir confié ton enlèvement à Alice. Ce n’était pas une bonne idée.

- Non, en effet.

- Je ne recommencerai pas.

- Bien. Remarque, certains enlèvements ont leurs avantages. Je suis d’accord pour être ta prisonnière. Quand tu voudras.

- Hum … méfie-toi que je ne te prenne pas au mot.

- Tu as fini ? C’est mon tour, à présent ? s’exclama-t-elle.

- Ton tour ? lui demandai-je surpris.

- De m’excuser.

- Pour quelle raison ?

- Tu n’es pas furieux ? s’étonna-t-elle.

- Non.

Elle devait se souvenir de ma dernière crise et s’étonnait de ce revirement. Elle s’attendait à me voir en colère alors qu’il n’en était rien. Je savais à présent qu’elle avait raison pour les loups et que c’était à moi de faire un effort, alors plus de caprice. Je tenais trop à elle pour risquer de la perdre.

- Tu n’as pas vu Alice à ton retour ? insista-t-elle comme si elle voulait comprendre mon étrange passivité.

- Si.

- Et tu ne vas pas lui reprendre la Porsche ?

- Bien sûr que non. C’est un cadeau, m’offusquai-je.

- Tu n’as pas envie de savoir ce que j’ai fait ? s’étonna-t-elle.

J’haussai les épaules comme si ce qui s’était passé en mon absence n’avait plus d’importance.

- Tout ce qui te concerne m’intéresse, mais tu n’es pas obligée de me le dire.

- Je suis allée à La Push, Edward !! s’exclama-t-elle comme pour attiser ma colère.

- Je suis au courant.

- Et j’ai séché le lycée.

- Moi aussi.

Elle releva la tête et promena ses doigts sur mon visage comme si elle cherchait à savoir ce que je pensais.

- D’où te vient cette subite tolérance ? me demanda-t-elle surprise.

- Après mûre réflexion, j’ai conclu que tu avais raison … soupirai-je. Mes réticences tiennent plus à mes … préjugés à l’encontre des loups-garous qu’à autre chose. Je vais essayer de me montrer plus raisonnable et de me fier à ton jugement. Si tu affirmes ne rien risquer là-bas, alors, je suis prêt à te croire.

- Eh bien !!

- Plus important encore … je ne tiens pas à ce que cette question nous sépare. murmurai-je en lui saisissant la main pour lui embrasser la paume délicatement.

Elle s’appuya de nouveau contre mon torse et ferma les yeux, l’air visiblement ravi. J’étais heureux que cette question ne soit plus une source de dispute entre nous. Je voulais lui prouver que j’étais sincère et je pensais que lui poser des questions sur ses intentions serait une bonne idée.

- Alors, as-tu projeté de retourner bientôt à la réserve ? lui demandai-je.

Mais étrangement elle ne répondit pas. Ce fut un silence pesant qui s’imposa à moi. Elle ne souhaitait peut-être pas partager son amitié avec moi. Elle n’avait d’ailleurs aucun compte à me rendre à ce sujet. Ou alors elle culpabilisait à l’idée de me laisser seul lorsqu’elle irait rendre visite à son ami.

- Juste pour que je puisse établir mes propres plans, me justifiai-je. Pour que tu ne te sentes pas obligée de revenir à toute vitesse sous prétexte que je suis là à t’attendre.

- Non, murmura-t-elle enfin d’une voix tendue. Je n’ai pas l’intention d’y retourner.

- Oh ! Tu n’es pas obligée de te sacrifier pour moi , m’exclamai-je d’un ton léger pour couper court à sa tension.

- Je pense que je ne suis plus la bienvenue là-bas.

Cette remarque me surprit. Qu’avait-elle bien pu faire pour se sentir exclue par ses amis loups ? Elle avait piqué ma curiosité.

- Aurais-tu écrasé un chat ? plaisantai-je.

- Non… soupira-t-elle. Je croyais que Jake aurait compris que… je ne m’attendais pas à ce qu’il soit décontenancé… il n’avait pas deviné que… ce serait si tôt. balbutia-t-elle.

- Ah !

Elle s’était fâchée avec le cabot à propos de sa prochaine transformation. Il avait du mal à le digérer mais il allait devoir s’y préparer car tôt ou tard, Bella allait faire partie de ma famille. D’ici là, ils allaient en rediscuter et se pardonneraient mutuellement.

- Il a craché qu’il préférait que je sois morte.

Je me raidis à l’annonce de cette phrase. Comment osait-il proférer une telle idiotie ? Je savais que ce cabot n’était pas assez mature. Il avait encore réagi d’une manière impulsive, sans réfléchir aux conséquences. Je le détestais pour cela et une vague de rage m’envahit tout à coup. Ne voulant pas me disputer à ce sujet avec Bella car je restais persuadé qu’elle lui pardonnerait même s’il lui avait fait de la peine, je décidai qu’il n’était pas utile d’en discuter plus avant.

- Je suis désolé, lui murmurai-je en la serrant dans mes bras pour la consoler.

- Tu n’es pas content ?

- Alors qu’il t’a blessée ? Je ne suis pas comme ça, Bella.

Elle se blottit alors encore plus au creux de mes bras comme pour m’en remercier. Cependant, intérieurement je fulminais. J’acceptais de faire un effort au nom de leur amitié mais je ne tolérerais pas qu’il s’en prenne à Bella de la sorte. J’avais du mal à contenir ma tension.

- Qu’y a-t-il ? me demanda Bella timidement. Elle avait visiblement perçu mon malaise.

- Rien, mentis-je.

- Dis-moi, insista-t-elle.

- Je ne veux pas que tu te fâches, lui répondis-je un brin hésitant.

- Dis-moi quand même.

- Je serais capable de le tuer pour avoir prononcé pareils mots, grognai-je.

- Heureusement que tu sais te contrôler, alors … rétorqua-t-elle.

- Il arrive que mes pulsions l’emportent.

C’était d’ailleurs pour cela que je redoutais tant une éventuelle intimité avec Bella. J’avais si peur de me laisser envahir par mes pulsions, de ne plus rien contrôler. Ce fameux lâcher-prise me faisait peur. Il décuplerait mes sens mais aussi les chances de faire du mal à Bella. Je n’étais pas encore prêt à prendre ce risque.

- Auquel cas, choisis-moi pour cible, affirma-t-elle en s’emparant de mon visage pour essayer de m’embrasser.

Je resserrai mon étreinte pour l’en empêcher. Si elle m’embrassait de nouveau, je risquais de me laisser guider et je n’en avais pas le droit. J’étais faible face à ses baisers.

- Pourquoi dois-je donc toujours être le plus responsable de nous deux ? me plaignis-je.

- Tu n’es pas obligé. Laisse-moi être responsable pendant quelques minutes… quelques heures, s’exclama-t-elle amusée.

- Bonne nuit, Bella.

- Attends ! Je veux te demander autre chose.

- Quoi ? lui demandai-je soudainement impatient.

- J’ai discuté avec Rosalie, hier soir.

Instinctivement, tout mon corps se contracta à l’évocation de Rosalie. J’avais lu ses pensées et je ne savais que trop ce dont elles avaient parlé toutes les deux. Je redoutais d’ailleurs que ma sœur ne soit parvenue à semer le doute chez Bella.

- Je sais, elle y pensait quand je suis revenu. Elle t’a donné matière à réflexion, non ? lui demandai-je sans réussir à dissimuler une pointe d’inquiétude.

- Elle a évoqué en passant votre séjour à Denali.

- Et ? la questionnai-je surpris d’en venir à Denali alors que je m’attendais à l’entendre émettre de probables doutes ou regrets sur la prochaine fin de sa vie d’humaine. Au lieu de cela, étrangement, elle voulait parler de mon séjour en Alaska.

- Elle a mentionné une bande de femmes … et toi.

Je ne répondis pas. J’étais éberlué qu’elle puisse me poser cette question. Je pensais qu’elle en connaissait déjà la réponse. J’allais la faire un peu mijoter afin de savoir si elle doutait de mon amour ou s’il ne s’agissait que d’un peu de jalousie.

- Ne t’inquiète pas… reprit-elle, ne supportant plus mon silence. Elle a précisé que tu n’avais… marqué aucune préférence. Mais je m’interrogeais… l’une d’elles a-t-elle essayé de…

Je ne dis toujours rien… la laissant parler, je commençais à comprendre ce qu’elle chercher à savoir.

- Laquelle ? Ou … Lesquelles ? me demanda-t-elle en ayant du mal à masquer son inquiétude à présent.

- Alice me racontera. Je vais aller la trouver sur le champ, s’agaça-t-elle.

Je resserrai mon étreinte pour l’empêcher de se lever du lit. Intérieurement, je me délectais de sa jalousie. Elle était touchante.

- Il est tard … lâchai-je enfin. Alice est sortie.

- Alors, il y a vraiment eu quelque chose, hein ? me demanda-t-elle paniquée. Son pouls s’était nettement accéléré.

- Calme-toi, Bella, la rassurai-je alors, en lui embrassant le nez. Tu es absurde

- Ah bon ? Dans ce cas, pourquoi te tais-tu ?

- Parce qu’il n’y a rien à dire. Tu te montes le bourrichon, lui répondis-je calmement.

- Laquelle ? persista-t-elle.

- Tanya a exprimé un vague intérêt … soupirai-je enfin. Je comptais bien la faire languir. Je lui ai fait comprendre, d’une manière très courtoise, en vrai gentleman, qu’elle m’était indifférente. Point barre.

- A quoi ressemble-t-elle ?

- A nous tous. Peau Blanche, prunelles dorées.

- Et naturellement, d’une beauté extraordinaire.

Elle avait mordu à l’hameçon. J’haussai les épaules afin d’en rajouter un peu.

- Aux yeux des humains, oui, j’imagine. Mais devine un peu.

- Quoi ? râla-t-elle.

- J’aime mieux les brunes.

- Donc, elle est blonde. Ca ne m’étonne pas.

- Blond vénitien, pas du tout mon type, renchéris-je.

Je vins alors lui embrasser suavement l’oreille, la joue pour descendre jusqu’à sa gorge. Je voulais la détendre. Ce petit jeu fonctionna car elle marmonna enfin :

- Bon, alors tout va bien.

- Hum, tu es plutôt adorable quand tu es jalouse. Ca me plaît assez.

Elle grimaça visiblement mécontente.

- Il est tard. Dors, ma Bella. Fais de beaux rêves. Tu es la seule à avoir touché mon cœur. Il t’appartiendra toujours. Dors, mon unique amour.

Pour l’aider à s’endormir, je décidai de lui fredonner sa berceuse. Elle ferma alors les yeux et se pelotonna contre mon torse. Quelle douce nuit je passais à contempler Bella dans mes bras et dans mon lit. Pour une fois même, je n’aurais pas à me volatiliser au lever du jour afin d’éviter Charlie. Non, il n’y avait pas de lycée aujourd’hui, Bella était chez moi et se réveillerait paisiblement dans mes bras.

La maison ne resta pas calme très longtemps car mes frères rentrèrent enfin de leur chasse au petit matin. Carlisle leur expliqua sommairement notre partie de chasse aux portes du Canada. Ils se félicitèrent de l’abondance des pumas en Caroline du Nord comparé à nos maigres bisons des plaines. L’important pour nous était ailleurs mais ça, ils l’ignoraient.

Bella se réveilla paisiblement. Je lui caressai la joue pour l’aider à ouvrir les yeux.

- Bien dormie ? lui demandai-je doucement.

- Ce lit n’est pas si mal tout compte fait ! lança-t-elle en s’étirant.

- Je me doutais que tu changerais d’avis !

- Ai-je rêvé notre conversation de cette nuit ?? me demanda-t-elle.

- Non pourquoi ? répondis-je surpris.

- Juste pour être sûre que je n’avais pas imaginé ta récente approbation concernant mon amitié avec les Quileute et plus particulièrement avec Jake ?

- Non, tu n’as pas rêvé, Bella … lui répondis-je en lui embrassant le front.

Elle se leva ensuite pour aller se préparer. Comme nous devions laisser croire à Charlie que je n’étais pas encore rentré de ma randonnée, ce serait Alice qui allait raccompagner Bella chez elle. Je n’avais pas envie de la laisser mais j’allais la rejoindre rapidement après. Je savais déjà que Victoria la menaçait mais aussi qu’un autre danger la guettait comme me l’avait annoncé les esprits. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser seule ne serait-ce que quelques instants. J’espérais que tous, nous laisseraient un peu de répit mais c’était mal connaître la malchance de Bella.




sanaafatine 13-06-10 12:06 PM



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Alice et Bella étaient parties depuis à peine une heure que je partais à mon tour rejoindre ma bien-aimée chez elle. En m’approchant de sa maison, je flairai rapidement une odeur peu coutumière, désagréable même, celle d’un vampire. Mais ce n’était aucunement celle d’un des membres de ma famille. Les traces étaient fraîches … Je sentis aussitôt la panique et l’angoisse m’envahir.



Je sonnai immédiatement à la porte et Bella vint m’ouvrir le sourire aux lèvres. En temps normal, je lui aurais rendu son sourire mais là je ne pouvais contenir mon inquiétude.

Tous mes sens étaient en alerte, mon odorat, mon ouïe… J’étais paniqué à l’idée d’imaginer cet intrus dans la maison de ma bien-aimée.



Elle remarqua mon air inquiet et me demanda aussitôt :



- Que … d’un air choqué.



Je lui posai le doigt sur la bouche afin qu’elle me laisse le temps de vérifier que l’intrus s’était enfuit.



- Deux secondes. Ne bouge pas.



Je fis le tour de la maison en un éclair pour constater que le visiteur s’était fait la belle.Je pris rapidement Bella par la taille pour l’entrainer vers la cuisine. Mes yeux ne cessaient de scruter autour de nous de peur que quelque chose nous attaque. Seul Charlie semblait paisible, ignorant absolument ce qui s’était passé.



- Quelqu’un a pénétré ici, murmurai-je d’une voix tendue à l’oreille de Bella.



- Je te jure qu’aucun loup-garou …



- Ce n’est pas l’un d’eux, l’interrompis-je aussitôt, mais l’un des nôtres.



- Victoria ? me demanda-t-elle, la voix étranglée par l’émotion.



- Je n’identifie pas son odeur.



- Les Volturi, alors.



- Sûrement.



-Quand ?



- Tôt ce matin, Charlie dormait encore. C’est ce qui m’incite à penser à eux, on ne l’a pas touché. La visite avait un autre but.



- Moi.



Je ne lui répondis pas, pétrifié. Je revoyais défiler devant mes yeux la vision de Patte d’Ours celle où l’on apercevait ma famille et moi, combattant auprès des Quileute. Ce fameux danger était imminent … Les Volturi me semblaient effectivement être les coupables tout désignés.



Charlie tenta une incursion dans la cuisine, soupçonneux suite à nos messes basses mais en regardant nos mines contrariées, il fit rapidement demi-tour pensant que Bella et moi étions en train de nous disputer. Il repartit le sourire aux lèvres, ravi par cette perspective. Son comportement enfantin ne m’exaspérait même plus tellement mes idées se faisaient confuses et perturbées.



Nous ne pouvions pas rester là. Je devais emmener Bella chez moi pour parler avec toute ma famille, de ce qui venait de se produire. Plus particulièrement avec Alice. Pourquoi n’avait-elle rien vu ? Elle devait pourtant focaliser ses visions sur Bella et sur toutes les sources potentielles de danger la concernant. Je lui en voulais de n’avoir rien perçu, à cause d’elle, Bella aurait pu …j’aurais pu perdre Bella !



- Allons-y ! ordonnai-je encore sous le choc.



- Non, il y a Charlie ! rétorqua-t-elle, malgré sa frayeur.



Effectivement, le vampire pouvait encore rôder dans le coin et sans savoir ce qu’il souhaitait. Il m’était difficile de prendre le risque de laisser Charlie tout seul. Je pris donc mon portable afin de demander à mes frères de venir vérifier les alentours et de s’assurer que son père ne courrait aucun danger. Après leur avoir expliqué la situation, je raccrochai tout en rassurant Bella afin de la convaincre de me suivre :



- Emmett et Jasper arrivent. Ils vont écumer la forêt. Ton père ne risque rien.



Après avoir réussi péniblement à attirer Bella en dehors de chez elle, nous nous dirigeâmes rapidement vers la maison. Toute ma famille nous attendait, anxieuse. Chacun voulait paraître le plus naturel possible afin de ne pas angoisser encore plus Bella mais c’était loin d’être réussi. Ils restaient tous si figés que l’on percevait très bien leur inquiétude. Je ne pus retenir ma colère bien longtemps.



A peine avions nous franchi la porte d’entrée que je m’en pris à ma sœur. Bella restait prostrée à côté de moi, guettant mes moindres réactions. Alice me faisait face, les bras croisés, sûre d’elle.



- Que s’est-il passé ? lui demandai-je en serrant les poings afin de contenir un peu ma fureur



- Aucune idée ! rétorqua-t-elle froidement. Je n’ai rien vu.



Elle n’appréciait pas que je m’en prenne à elle ainsi, même si elle savait que je réagissais de manière outrancière dès qu’il s’agissait de la sécurité de Bella. Cependant, elle ne s’énerva pas sachant que cela ne servirait à rien.



- Comment est-ce possible ? rageai-je.



- Edward … intervint Bella sur un ton calme, tout en me prenant la main.



Je me doutais qu’elle n’aimait pas la manière dont je parlais à ma sœur mais j’étais bien trop irrité pour y porter attention. Puis Carlisle intervint à son tour pour libérer Alice de mon courroux.



- Le talent d’Alice n’est pas une science exacte, dit-il posément.



- Il est entré dans la chambre de Bella ! Il aurait pu l’attendre là-bas !! m’exclamai-je alors que la vision de la probable agression de ma bien-aimée me défilait devant les yeux.



- Ca, je l’aurais pressenti ! répondit ma sœur pour couper court à mes horribles pensées.



- Vraiment ? renchéris-je.



- Tu exiges déjà de moi que je surveille les décisions des Volturi, le retour de Victoria, les moindres mouvements de Bella. Que te faut-il de plus ? Que je m’occupe de Charlie, de la rue, de toute la ville ? Plus j’en fais, Edward, moins je vois. Des failles apparaissent forcément, me répondit-elle sèchement.



- J’ai cru comprendre en effet ! aboyai-je.



- Elle n’a couru de danger à aucun moment, sinon, je l’aurais su.



- Si tu épies l’Italie, pourquoi n’as-tu pas deviné qu’ils …



- Pour moi, ce n’est pas eux ! me coupa-t-elle. Dans le cas contraire, j’aurais été avertie.



- Qui d’autre aurait laissé la vie à Charlie ?



Je sentis un frisson parcourir tout le corps de Bella sous l’effet de ma remarque. Je resserrai instinctivement sa main dans la mienne afin de la rassurer.



- Aucune idée ! me répondit ma sœur.



- Voilà qui nous aide, répliquai-je acerbe.



- Arrête ça, Edward ! me supplia Bella.



Je me retournai vers elle, furieux, mâchoires serrées. Je la toisai un long moment ne parvenant pas à dominer ma colère. Puis ses yeux chocolat se plongèrent dans les miens suppliants et incrédules. Je prenais conscience qu’une fois encore j’avais réagi comme un idiot me laissant dominer par la peur me conduisant à être incorrect avec ceux que j’aimais.



- Tu as raison, Bella. Désolé. Excuse-moi, Alice, j’ai eu tort de m’en prendre à toi.



- Je comprends … m’excusa-t-elle. Et je ne suis pas plus heureuse que toi de ce qui arrive.



- Bien, soufflai-je afin de retrouver mes esprits. Essayons d’être logiques. Quelles sont les options ?



Tous se relâchèrent quand ils comprirent que ma fureur s’était estompée et que je pouvais à nouveau parler correctement, sans reproche ou amertume. Esmé alla s’asseoir sur le canapé. J’emmenai doucement Bella vers elle afin qu’elle s’installe à ses côtés. Ma mère passa naturellement son bras protecteur autour de sa taille. Je restai debout près d’elles, ma main enserrant toujours celle de ma bien-aimée.



Carlisle et Alice se rapprochèrent de nous alors que Rosalie restait figée à regarder dehors. Elle nous tournait le dos, guettant par la fenêtre, le retour d’Emmett.



- Victoria ? me demanda Carlisle même s’il soupçonnait autre chose, comme moi, suite à la vision de Patte d’Ours.



- Non, lui répondis-je. Je n’ai pas reconnu son odeur. Peut-être un envoyé des Volturi que je n’aurais jamais rencontré …



- Aro n’a encore mandé personne pour s’occuper d’elle ! objecta Alice. Je guette cet ordre depuis assez longtemps, je te garantis qu’il ne m’aurait pas échappé.



- Mais si ce n’était pas officiel ?



- Quelqu’un qui agirait en solo ? Pourquoi ?



- Poussé par Caïus … lui suggérai-je, le visage fermé par mes réflexions.



- Ou Jane, admit Alice. Tous deux ont les moyens d’expédier un émissaire secret …



- Et ils ne manquent pas de motivations, renchéris-je.



- Cela me paraît peu probable, protesta Esmé. Alice aurait vu n’importe qui traquant Bella. Celui, ou celle, qui est venu n’avait pas l’intention de s’en prendre à elle. Ni même à Charlie.



Bella sursauta une nouvelle fois à l’évocation de son père. Esmé lui caressa les cheveux pour la réconforter.



- Mais dans quel but ? questionna alors Carlisle, songeur.



- Vérifier si j’étais toujours humaine ? suggéra à son tour Bella d’une voix étranglée par l’émotion.



- Oui, c’est possible, acquiesça mon père.



Rosalie souffla alors, nous annonçant ainsi le retour d’Emmett. Elle se relâcha, heureuse de le revoir. Il surgit aussitôt dans le salon suivi de Jasper.



- Parti depuis longtemps ! nous annonça-t-il. Il y a des heures. La trace s’orientait à l’est, puis au sud avant de disparaître dans une route de traverse. Une voiture attendait sans aucun doute.



- Nous jouons de malchance … pestai-je. S’il avait filé vers l’ouest … les cabots auraient pu se rendre utiles, une fois n’est pas coutume.



Je commençais réellement à comprendre l’importance de se lier aux Quileute pour élaborer un plan. Unis, nous serions plus forts. Nous pourrions couvrir plus de terrain et cerner nos ennemis éventuels plus facilement.



- Ni Emmett, ni moi ne l’avons identifié … Mais tiens, expliqua Jasper à Carlisle en lui tendant une tige de fougère brisée par le visiteur.



- Non, décréta mon père après l’avoir humé. Ce fumet ne m’est pas familier. Jamais rencontré ce vampire.



- Nous nous égarons peut-être … insinua Esmé. Si ça se trouve, il ne s’agit que d’une coïncidence.



Il ne pouvait pas s’agir d’une coïncidence. Personne n’y croyait. Esmé se tut quelques instants devant notre scepticisme avant de reprendre :



- Je ne parle pas d’une visite au hasard, juste de curiosité. Bella est cernée par nos odeurs. Et s’il s’était simplement interrogé sur cette bizarrerie ?



- Pourquoi ne pas pousser jusqu’ici pour assouvir cette curiosité, alors ? contra aussitôt Emmett.



- C’est ce que toi tu aurais fait ! riadminhelpa notre mère avec un sourire des plus affectueux. Nous ne sommes pas tous aussi directs. Notre famille est vaste. Cet inconnu a très bien pu avoir peur. Cependant, comme Charlie n’a pas été attaqué, ce n’est pas forcément un ennemi.



Cette hypothèse aurait pu être exacte mais j’en doutais. Carlisle était aussi de mon avis. Non, je penchais sérieusement pour une intrusion calculée et mise en œuvre par les Volturi. Ce fut Alice qui mit un terme à nos réflexions.



- Une coïncidence est improbable. Le timing est trop bien choisi. Le visiteur a veillé à ne pas entrer en contact. Comme s’il savait que je risquais de le repérer …



- Ou pour d’autres raisons, lui rappela Esmé.



- L’identité de cet étranger a-t-elle une réelle importance ? s’enquit enfin Bella. Ne suffit-il pas qu’on m’ait cherchée ? A mon avis, nous ne devrions pas attendre la fin de l’année scolaire.



Elle nous avait laissé parler et sans le savoir, nous lui avions donné assez d’arguments pour qu’elle juge nécessaire une nouvelle fois d’avancer sa transformation.


- Non ! objectai-je aussitôt. Ce n’est pas si grave. Si le péril était réel, nous le sentirions.



Je savais que le danger approchait mais nous aurions d’autres signes pour déterminer l’urgence avec laquelle il nous impacterait. Celui-ci n’était que l’un des tous premier alors pourquoi se précipiter ? Je ne relâcherais pas ma surveillance auprès de Bella et j’allais faire en sorte que les loups nous donnent un coup de main. Je n’avais plus d’autres choix pour la protéger.



- Pense à Charlie ! renchérit Carlisle. Cela le blesserait terriblement, si tu disparaissais.



- Mais je pense à lui, justement !! protesta-t-elle. C’est pour lui que je m’inquiète. Et si mon visiteur avait soif, la nuit dernière ? Tant que je suis près de lui, il est une cible. S’il lui arrive quelque chose, ce sera ma faute !!



- Biensûr que non, Bella ! la réconforta Esmé. Charlie est en sécurité. Nous allons seulement devoir nous montrer un peu plus attentifs.



- Pardon ? s’exclama Bella visiblement ahurie par la quiétude de ma mère.



- Tout ira bien ! lui promit Alice alors que j’encerclais ses deux mains dans les miennes.



Elle n’était pas de cet avis, bien évidemment et paraissait énervée mais elle ne renchérit pas comprenant que nous ne lui laissions pas le choix.



Durant tout le trajet de retour vers chez Charlie, elle me fit part de sa désapprobation et ce fut moi qui, cette fois, tenta de l’apaiser. Nous n’étions toujours pas en accord et comme l’un de nous deux faisait toujours la tête, Charlie crut encore que nous en étions restés à notre pseudo dispute de tout à l’heure. Ce fut encore le seul à s’en réjouir.



Bella se mit à préparer le dîner et je prétextai une course urgente à faire afin de m’absenter. Je préférais assurer une surveillance en vérifiant les alentours pour ne pas être surpris par une nouvelle visite.



Toujours aussi adroit quand il s’agissait de me prouver son antagonisme à mon égard, Charlie se mit à transmettre à sa fille les messages qu’elle avait reçus pendant son absence. Il le faisait volontairement en ma présence, espérant que cela me rendrait un brin jaloux :



- Jacob a rappelé ! lui annonça-t-il tout joyeux.



- C’est tout ? répondit Bella évitant de trahir ses sentiments à son père et à moi-même sans doute.



- Ne sois pas mesquine, Bella. Il m’a paru très déprimé.



- Est-ce qu’il te paie pour ce boulot de relations publiques ou es-tu bénévole ? lui demanda-t-elle sèchement.



Le sujet était bien trop sensible pour que Bella accepte d’en parler à son père. Charlie n’insista pas, espérant secrètement tout comme moi du reste, que tout s’arrangerait. Je savais que Bella lui pardonnerait. Elle tenait trop à cette amitié pour la briser si facilement.



Je pris congés rapidement pour aller rejoindre Emmett qui faisait le gué dehors. Il était tellement excité à l’idée de mettre en pièces notre visiteur qu’il ne sentait même plus les trombes d’eaux qui se déversaient sur lui depuis des heures. Il me rassura en m’expliquant qu’il n’avait rien remarqué de particulier et que la nuit promettait d’être calme. Jasper viendrait prendre la relève au milieu de la nuit.



Ce fut quelque peu apaisé que je rejoins Bella dans sa chambre. Je n’étais pas décidé à la laisser seule sans aucune surveillance. Ce soir là, elle fut étrangement calme. Sa courte colère au sujet de sa transformation semblait s’être temporairement envolée. Nous étions allongés sur son lit. Elle était emmitouflée dans sa couette pendant que je la serrais dans mes bras. Bella était songeuse. Elle pensait certainement au cabot et devait être en train de lui accorder une autre chance. Je décidais de la rassurer à ce sujet pour être certain que c’était bien à lui qu’elle pensait :



- Tu lui pardonneras, Bella … lui murmurai-je doucement à l’oreille.



- Sans doute … je vais dormir. Je sais que la nuit porte conseil, alors on verra demain.



- Dors bien, ma Bella, dis-je en lui embrassant le front.



Je lui fredonnai alors doucement sa berceuse afin de l’aider à s’endormir paisiblement. Cette nuit là fut sans cauchemar et j’en étais soulagé au vue de la journée qui venait de s’écouler.



Sur le matin, j’entendis Charlie se préparer pour aller à la pêche avec son adjoint Mark. Ses pensées étaient calmes, enjouées même, à l’aube de cette journée de détente. Bella se réveilla un peu plus tard, visiblement de bonne humeur et sereine.

Elle m’annonça sa grande décision, après avoir terminé son petit déjeuner :



- Je m’en vais apaiser Jacob ! m’avertit-elle.



- J’étais certain que tu lui pardonnerais. La rancune ne compte pas parmi tes innombrables talents, répondis-je le sourire aux lèvres, heureux qu’elle se soit enfin décidée.



Elle sourit à son tour, sûrement ravie que j’accepte enfin leur amitié. Elle composa le numéro et rapidement la voix enrouée du cabot se fit entendre.



Je ne tendis qu’une oreille distraite à leur conversation. Je n’envisageais pas de lui parler mais Bella marqua un temps d’hésitation lorsqu’elle tenta de lui expliquer ce qui c’était produit la veille. Je tendis la main pour attraper le combiné. J’allais devoir lui expliquer la situation moi-même.



Bella hésita un court instant et céda tout de même. Elle me tendit le téléphone, anxieuse, redoutant sans doute cette improbable conversation à en juger le regard appuyé qu’elle me lança.



- Bonjour Jacob ! dis-je en conservant tant que possible ma courtoisie habituelle. Quelqu’un est venu ici. Une odeur que je n’ai pas identifiée. Ta meute a flairé un truc bizarre ?



- Non rien de particulier … mais Bella ne doit pas rester chez elle. Bella et Charlie doivent venir sur la réserve, ils y seront en sécurité, me dit-il sur un ton anxieux.



- Je refuse de perdre Bella de vue tant que je n’aurais pas réglé la question. Ca n’a rien de personnel … lui expliquai-je.



- Laisse-la venir sur la réserve ! m’interrompit-il énervé à présent. Nous sommes en mesure de pister la sangsue qui a fait ça. On peut s’en charger … ou vous aider mais je dois en parler à Sam. Nous devrions même modifier les frontières actuelles pour ne pas renouveler la pagaille de la dernière fois quand la rouquine a débarqué. Ainsi on pourrait surveiller toutes les entrées menant à la ville. Une trêve est donc à prévoir si on veut régler ça rapidement.



Les Quileute étaient prêts à nous tendre la main. Je savais l’importance que notre union aurait sur notre avenir et plus particulièrement sur celui de Bella. Je me devais d’y réfléchir mais si la réponse bourdonnait déjà dans ma tête.



- Tu as peut-être raison, confessai-je. Ta suggestion est intéressante. Nous sommes prêts à renégocier. Si Sam est d’accord. Merci.



- Nous pouvons nous charger de suivre la piste du visiteur si tu souhaites garder Bella avec toi, me proposa-t-il quelque peu narquois



Son côté puéril m’agaçait toujours autant mais je devais en faire abstraction. Il ne s’agissait que d’une conversation téléphonique. Je pouvais tout de même me maitriser.



- J’escomptais m’y rendre seul. Et la laisser avec les autres.



- Elle peut rester avec moi …



- Je vais tâcher d’y réfléchir en toute objectivité, lui promis-je. Autant que faire se peut.



- Alors dans ce cas, laisse-moi au moins venir flairer l’odeur chez Bella pour que je puisse la reconnaître en cas de besoin.



- Très bonne idée. Quand ?



- Ce matin si c’est possible, il ne faut pas perdre de temps. Je pourrais même suivre la piste dans la foulée. Cela t’embête, sangsue ? me demanda-t-il moqueur .



- Non, c’est bon. J’aimerais suivre la trace en personne. Dix minutes …



- J’arrive !



- D’accord ! acceptai-je pour conclure la conversation.



Je rendis le combiné à Bella, soulagé d’avoir trouvé un accord avec le cabot. Nous ne pouvions pas encore espérer rester seuls dans la même pièce mais il y avait tout de même de l’amélioration. Il pouvait m’aider à veiller sur la sécurité de Bella et c’était cela l’essentiel.



Bella fit quelque peu la moue lorsqu’elle comprit que je devais m’absenter car le cabot arrivait. Son angoisse avait cédé la place à une profonde déception. Elle ne semblait pas vouloir que je m’éloigne mais nous n’avions pas d’autres choix pour le moment.



- Je n’éprouve nul antagonisme envers lui, Bella. C’est plus simple ainsi, pour lui comme pour moi, voilà tout. Je ne m’éloignerai pas. Tu ne risqueras rien.



- Ce n’est pas ça qui m’inquiète.



Je l’attirai vers moi pour enfouir mon visage dans ses cheveux. Je respirai à pleins poumons leur essence et surtout je souhaitais y laisser mon odeur. Moi aussi je voulais marquer Bella de mon empreinte. Je ne voulais pas qu’elle sente le loup comme la dernière fois. Il serrait moins tenté de la toucher ainsi.



- Je reviens tout de suite après, lui promis-je en riant, heureux du tour que j’allais jouer au cabot.



- Qu’y a-t-il de si drôle ? me demanda-t-elle surprise.



Je filai en direction de la forêt sans prendre le temps de lui répondre. Ma réponse ne lui aurait pas plu de toute façon.



sanaafatine 13-06-10 12:11 PM



Chapitre 09 : Indices

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Après avoir fait un rapide tour des lieux sans déceler de trace récente, je pus retourner rapidement vers la maison de Bella, à mon plus grand soulagement. J’avais accepté de la laisser seule avec lui mais il m’était difficile de dominer totalement la jalousie qui me consumait. Je connaissais les sentiments qu’il avait pour elle et je pouvais à peu près deviner ceux que Bella avait pour lui. Cela ne créait pas une situation très stable mais j’étais prêt à faire cet effort pour son bonheur.


A mon arrivée devant chez elle, il était encore là. Je commençais déjà à regretter d’être revenu si vite car je détestais les espionner. Quoique pour une fois cela prit une tournure plutôt drôle. En effet, ma petite manœuvre de tout à l’heure avait fonctionné. Le cabot avait bien senti mon odeur imprégnée dans les cheveux de Bella. Comme je l’espérais, il n’avait pas trop apprécié et cela l’empêcha de s’éterniser trop longtemps dans les bras de ma bien-aimée. Il lui proposa aussi de venir le soir sur la réserve pour retrouver ses amis lors de leur soirée feu de camp. Auparavant, j’aurais pris cette invitation comme une provocation destinée à me rendre furieux. Désormais, je pensais que c’était une bonne idée. Bella avait besoin de voir ses amis et tous étaient d’avis pour dire qu’elle serait en sécurité là-bas alors je ne les contredirai pas cette fois.
Je fus pressé qu’il parte et me mit à marmonner que j’avais fini ma ronde et qu’il pouvait rentrer chez lui car j’étais de retour. Il en fit part immédiatement à Bella comme à l’accoutumée et se mit à me faire passer pour un gardien de prison. Toujours aussi drôle, notre ami loup ! Pour tenter de tuer le temps, je passai récupérer le courrier dans sa boîte aux lettres car je savais qu’un important courrier l’y attendait. Effectivement le pli tant attendu y était. Son acceptation pour Dartmouth était enfin arrivée. Cela faisait plusieurs jours que je le savais mais les événements récents m’avaient obligé à conserver le silence.



Carlisle avait adminhelpulé à un adminhelpe à temps partiel dans cette université, pour la rentrée mais il avait formulé le souhait que sa future belle-fille soit aussi acceptée afin que toute la famille Cullen puisse aller s’installer dans la ville de Hanover, dans le nord-est des Etats-Unis. Je savais que Bella n’apprécierait pas forcément cette perspective mais j’avais envie qu’elle vive au moins une année d’université. J’avais l’espoir de penser que la butée de la remise des diplômes lui ferait peur et qu’elle changerait d’avis. Elle se laisserait ainsi plus de temps pour décider. C’est pourquoi Dartmouth était une très bonne idée. Cet éloignement la préparerait à sa vie future. Le cabot se décida enfin à partir. Il était temps. Je n’en pouvais plus d’attendre dehors sous la pluie. J’avais plié l’enveloppe et l’avait mise dans ma poche afin d’attendre le bon moment pour la remettre à Bella. Plus je m’approchais de la maison et plus une odeur désagréable me piquait le nez. C’était un mélange d’eau de javel et de … sang. Rapidement, je sus que ce n’était pas celui de Bella mais plutôt celui du loup à en juger l’odeur qui me dégoûtait. Qu’avait-il pu se passer ?



Ils ne semblaient pas s’être disputés pourtant. Aussitôt je regrettais de n’avoir finalement pas écouté leur conversation. En entrant dans la cuisine, je remarquai le couteau ensanglanté qui trainait sur le plan de travail. Bella avait-elle tenté de tuer le cabot ? Avait-il essayé de l’agresser ? La perspective qu’il est pu lui faire mal me rendait un brin nerveux. Cette découverte avait désagréablement piqué ma curiosité et je le lui fis rapidement remarquer.
- Vous êtes-vous disputés ? lui demandai-je. Elle vint tout de suite se précipiter dans mes bras sans réponse.
- Je suis là, la rassurai-je en l’enlaçant. Est-ce une manœuvre de diversion ? Efficace.



- Je ne me suis pas disputée avec lui ! s’offusqua-t-elle. Un peu chamaillée. Pourquoi ?
- Je me demandais si tu l’avais poignardé. Non que ça me dérange, m’exclamai-je en lui indiquant le couteau d’un signe de tête.



- Flûte ! Et moi qui croyais avoir tout nettoyé ! dit-elle en se précipitant pour déposer le couvert dans l’évier et l’arroser de Javel.
- Je ne l’ai pas agressé ! m’expliqua-t-elle. Il a juste oublié qu’il tenait une lame.



Bizarrement, je fus un peu déçu par cette explication. Rassuré, certes, car Bella n’avait couru aucun danger mais l’idée qu’elle ait pu vouloir le tuer aurait définitivement mis fin à ma jalousie irraisonnée à son égard. Maintenant que je laissais libre cours à leur amitié, le démon qui sommeillait en moi avait repris ses droits et ne demandait qu’à régler son compte à ce stupide cabot. Intérieurement j’avais peur qu’elle ne me quitte pour lui … Je me sentais idiot de penser cela mais c’était plus fort que moi. C’est pourquoi je lâchai une remarque peu amène :

- Alors, ce n’est pas aussi drôle que ce que j’avais imaginé.



- Sois sympa. Pour me faire pardonner, je lui tendis l’enveloppe que j’avais récupérée dans sa boite aux lettres. Naïvement, j’espérais lui faire plaisir.



- Bonne nouvelles ? me demanda-t-elle surprise.
- A mon avis, oui.



Elle prit l’enveloppe, l’air soupçonneux. En l’ouvrant, elle marqua un temps d’arrêt en apercevant l’adresse de l’expéditeur :
- Dartmouth ! C’est une plaisanterie ?



- Je suis certain que c’est une acceptation de ta candidature. J’ai reçu un courrier identique !


- Nom d’une pipe, Edward ! Qu’as-tu encore fait ?



- Juste envoyé ton dossier, mentis-je car mon implication allait un peu plus loin grâce à l’aide de Carlisle.
Bella avait largement les compétences pour intégrer cette université quoiqu’elle en dise. Il n’avait pas été si difficile de la faire intégrer Dartmouth. Que pouvait-elle reprocher à cette prestigieuse école ?



- Je ne suis pas suffisamment brillante pour entrer à Dartmouth, mais je ne suis pas idiote non plus.
- L’université semble penser que tu es digne d’intégrer ses rangs.



Elle ne répondit pas. Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre :



- Voilà qui est généreux de leur part. Acceptée ou non, reste le détail mineur des frais de scolarité. Je n’ai pas les moyens de payer une fac aussi prestigieuse et je refuse que tu gaspilles l’équivalent d’une voiture de sport rien que pour faire croire aux autres que je serai là-bas l’an prochain.



- Je n’ai pas besoin d’une voiture neuve ! répliquai-je. Et tu n’es pas obligée de feindre. Une année d’université ne te tuera pas. Si ça se trouve, tu aimeras ça. Réfléchis, Bella. Imagine la joie de Charlie et Renée quand ils …

- Je ne suis déjà pas certaine de survivre au bac, Edward ! me coupa-t-elle. Encore moins à l’été ou à l’automne.



- Il ne t’arrivera rien. Tu as la vie devant toi, la rassurai-je en la prenant de nouveau dans mes bras.
- J’ai l’intention d’expédier mes économies en Alaska demain, objecta-telle. Je n’ai pas besoin d’autre alibi. Juneau est assez loin pour que Charlie n’espère pas une visite avant Noel, et j’aurais inventé une excuse d’ici là pour y échapper aussi. Tous ces secrets et ces mensonges sont vraiment pénibles, tu sais.





- On s’habitue, rétorquai-je. Au bout de quelques décennies, tout le monde est au courant de ta mort. Problème résolu, lâchai-je sur un ton plus dur que je ne l’aurais souhaité. Bella tressaillit sous l’effet de mes paroles.



- Désolé, c’est inutilement dur, m’excusai-je aussitôt conscient de ma maladresse. - Mais vrai.



- Si je résouds la situation actuelle, auras-tu au moins l’obligeance d’envisager de patienter ? - Toujours aussi têtu.


- Oui. La machine à laver se mit à faire un bruit épouvantable, visiblement déséquilibrée. Bella pesta à son sujet en s’extirpant de mon étreinte :



- Imbécile d’engin ! A propos, pourrais-tu demander à Alice où elle a fourré mes affaires quand elle a nettoyé ma chambre ? Je ne retrouve rien. - Alice a nettoyé ta chambre ? m’exclamai-je tout surpris. Elle ne m’avait jamais parlé de cela et je n’avais rien lu de tel dans ses pensées à mon retour.
- Je pense, oui. Quand elle est passée chercher mon pyjama, mon oreiller et tout ce dont j’avais besoin pour les deux soirées chez vous. Elle a ramassé tout ce qui traînait pas terre, corsages, chaussettes et les a rangés je ne sais où. Non, ce n’était définitivement pas Alice mais très certainement la raison pour laquelle notre visiteur était venu jusqu’ici. Il avait besoin de récolter des indices … Ma stupeur se transforma en angoisse et tout mon corps se raidit aussitôt.



- Quand t’es-tu rendu compte de ces disparitions ? - A mon retour, hier. Pourquoi ?




- Je ne crois pas qu’Alice ait pris quoi que ce soit. Ni tes vêtements ni ton oreiller. Ce qui s’est volatilisé, tu l’avais porté ? Touché ? Tu avais dormi dedans ? lui demandai-je tout en connaissant malheureusement déjà la réponse.
- Oui … Qu’y-a-t-il ?
- Ces affaires sont imprégnées de ton odeur. - Oh ! Nous nous fixâmes ainsi un long moment, tentant tous les deux d’imaginer les conséquences de cette découverte.
- Mon visiteur … murmura-t-elle enfin.



- Il rassemblait des traces … des indices. Afin de prouver qu’il t’avait trouvée …
- Pourquoi ?



- Aucune idée, Bella, mais je te jure que je vais le découvrir. Compte sur moi. Elle appuya sa tête contre mon torse. Elle était abattue, sentant sûrement que l’étau se resserrait encore plus autour d’elle. Soudainement, je réalisai que nous nous étions peut-être trompés de cible. Cela n’était pas forcément les Volturi. Pourquoi auraient-ils agi ainsi ? J’étais complètement désœuvré face à cette nouvelle attaque. Carlisle pourrait sans doute m’aider à comprendre car j’étais au moins sûr d’une chose : ce visiteur n’était que le messager. Probablement celui des Volturi mais pourquoi pas celui d’un autre ennemi ?

Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche. En voyant le numéro apparaître, je fus presque rassuré. C’était Carlisle. - Allo, Carlisle ? Je …




- Edward, me coupa-t-il. Alice vient d’avoir une vision … La vague de meurtres sur Seattle ne cesse de croître. Je crois que nous nous sommes trompés. Il ne s’agit pas d’un seul nouveau né mais de plusieurs. Ils sont livrés à eux-même et prennent des risques. Nous pensions qu’il ne fallait pas s’en mêler mais je crois que nous allons devoir nous y rendre. Emmett se propose d’y aller pour nous faire un rapport détaillé de la situation là-bas. Regarde dans le journal, pour voir s’il y a plus de détails afin de vérifier la vision de ta sœur. - D’accord, je vais vérifier. Je lui expliquai ensuite ce que nous venions de découvrir Bella et moi mais Carlisle ne put nous aider. Il me proposa tout de même de vérifier par moi-même si notre visiteur faisait parti de la bande de Seattle. - J’irai peut-être, conclus-je. Pas sûr. Ne laisse pas Emmett y aller seul.Tu le connais. Qu’Alice garde l’œil ouvert. Nous essayerons d’éclaircir cela plus tard.



Je raccrochai mon portable et demandai aussitôt à Bella où était le journal mais elle ne le savait pas. Je décidai d’aller vérifier dehors, dans la poubelle. Il y était effectivement, trempé mais le couvercle du container l’avait suffisamment protégé pour pouvoir y lire l’essentiel. Je l’étalai sur la table afin de parcourir plus rapidement les gros titres. Un des articles qui faisaient la une m’interpella rapidement. Il coïncidait avec ce que mon père venait de me révéler. - Carlisle a raison … hum … négligent, oui. Jeune et fou ? Suicidaire ?



- De pire en pire … chuchota Bella après avoir lu les grosses lignes par dessus mon épaule. - Aucun contrôle. Il est impossible que ce soit l’œuvre d’un seul vampire nouveau-né. Que se passe-t-il ? A croire qu’ils n’ont jamais eu vent des Volturi. Ce qui est envisageable, remarque. Personne ne leur a expliqué les règles … mais qui les a créés dans ce cas ? me demandai-je à voix haute.



- Les Volturi … répéta Bella, effrayée. - C’est le genre d’ennuis qu’ils traitent au quotidien, ces immortels qui menacent de nous exposer. Ils ont fait le ménage lors d’événements semblables qui se sont déroulés à Atlanta il y a quelques années, alors que les dérapages n’étaient pas aussi flagrants. Ils ne vont pas tarder à intervenir, très vite, même, sauf si nous trouvons un moyen de calmer le jeu. Je préférerais qu’ils ne débarquent pas à Seattle maintenant. Vu la proximité, ils risqueraient de venir ici afin de vérifier si toi et moi avons respecté notre parole.



- Que pouvons-nous faire ? me demanda-t-elle, inquiète.


- Nous devons en découvrir plus avant de prendre une décision. Si nous réussissons à discuter avec ces jeunes, à leur expliquer nos lois, les choses s’arrangeront en douceur. Cependant je n’en étais pas vraiment convaincu car j’étais persuadé que ces nouveaux nés n’étaient pas là sans raison et qu’ils n’auraient que faire de nos explications.
- Attendons qu’Alice ait une meilleure idée de ce qui se passe, repris-je. Inutile de nous en mêler si ce n’est pas nécessaire. Après tout, cette responsabilité ne nous incombe pas. Heureusement que nous avons Jasper, cependant. Il ne sera pas de trop s’il s’agit effectivement de jeunes vampires.
Mon frère avait une telle expérience dans ce domaine qu’il saurait nous aider à comprendre ces nouveaux nés voire même nous aider à nous battre si nécessaire.


- Comment ça ? me demanda Bella.


- Il est une sorte d’expert en la matière … lâchai-je volontairement sans donner plus d’explications.


- Précise !


- Il t’expliquera par lui-même. C’est lié à son histoire, précisai-je tout de même. - Quel bazar ! soupira-t-elle.


- N’est-ce pas ? J’ai l’impression que tout nous tombe sur la tête en même temps. Tu ne crois pas que ta vie aurait été plus simple si tu ne t’étais pas amourachée de moi ? - Ce ne serait pas une vie.


- Pas pour moi en effet. Bon, à présent, tu as une question à me poser, non ?


- Pardon ? s’étonna-t-elle.
- Tiens, tiens … j’avais cru comprendre que tu avais promis de demander la permission de te rendre à une espèce de soirée entre loups-garous. - Tu as encore écouté aux portes, toi !


Oui et je ne le regrettais pas d’ailleurs car je souhaitais vraiment lui faire plaisir. Je me doutais qu’elle n’aurait peut être pas osé m’en parler. Je tenais enfin l’occasion de me rattraper pour le temps que je lui avais fait perdre en compagnie de son ami mais néanmoins rival.

- Presque pas. Juste à la fin.


- J’avais renoncé à aborder le sujet, de toute façon. Inutile d’ajouter à ton stress. Je pris son menton afin qu’elle puisse me regarder dans les yeux. Elle devait comprendre que je ne ferais plus rien pour la retenir. Elle ne devait pas penser que je l’empêchais de faire ce qu’elle souhaitait.


- Tu as envie d’y aller ?

- Ce n’est pas grand-chose. Oublie.


- Tu n’as pas à solliciter mon autorisation, Bella. Je ne suis pas ton père, heureusement d’ailleurs. C’est à lui que tu devrais d’adresser. - Charlie sera toujours d’accord, je ne t’apprends rien.


- Je reconnais que je devine comme personne ce qu’il a dans le crâne. Elle me regarda un long moment sans me donner de réponse. Elle n’osait toujours pas m’avouer la vérité. Je savais qu’elle avait envie d’y aller et ce serait même une bonne chose pour elle que d’aller se changer les idées. Ce serait un supplice pour moi de la savoir avec lui mais je devais en passer ça. J’allais prendre quelques dispositions et tout allait bien se passer. Elle avait sans doute besoin de m’entendre lui réaffirmer ma récente décision.


- Bella, repris-je, je t’ai promis de me montrer raisonnable et de me ranger à ton jugement. Je suis sincère. Si tu fais confiance aux loups-garous, je ne m’inquiéterais pas.
- Hé bien ! s’exclama-t-elle enfin.



- Jacob a raison, sur un point au moins. Sa meute devrait suffire à te protéger l’espace d’une soirée.

- Tu ne me mens pas, là ?


- Non. Sauf que …ne m’en veux pas si je prends quelques précautions, d’accord ? Autorise-moi à te conduire jusqu’à la frontière de nos territoires, pour commencer. Equipe-toi d’un portable, de manière à ce que je sache quand revenir te chercher. - Ca me semble … raisonnable.


- Parfait, me félicitai-je en souriant. Charlie rentra assez tôt de sa partie de pêche, le poisson avait fait grise mine … La pluie n’avait pas aidé à faire de bonnes prises. La contrariété qu’il arborait en arrivant fut bien évidemment suprimée par l’annonce de sa fille. Il ne me cacha pas sa joie de savoir Bella sur la réserve en compagnie de Jacob. Elle l’appela d’ailleurs dans la foulée pour le prévenir.


Je n’avais pas besoin d’écouter leur conversation pour l’entendre brailler son bonheur dans l’écouteur du téléphone. Il accepta du même coup mes conditions sans broncher et nous donna rendez-vous à dix-huit heures. Cette conversation avait même galvanisée Bella car à peine le combiné raccroché, elle se tourna vers moi et me dit : - Tiens, Edward, j’ai eu une petite idée …. Je me doutais que ce n’était pas une idée que j’appréciais spécialement puisqu’elle m’en parlait devant son père comme si elle voulait s’assurer que je ne pourrais pas refuser. - Je vais en profiter pour ramener ma moto chez Jacob. Elle sera mieux dans son garage … et peut-être que j’aurai l’opportunité d’en refaire un jour avec lui sur la réserve.


Effectivement cette idée me déplaisait. Non pas qu’elle se remette à la moto mais plutôt qu’elle envisage d’en faire avec ce cabot. Nous aurions pu en faire ensemble aussi. J’avais d’ailleurs acheté une moto tout récemment pensant que cette activité pourrait encore plus nous rapprocher. J’allais quand même lui en parler, cela pourrait tout de même lui plaire. - Bonne idée, Bella !! s’exclama son père.


De toute évidence, Charlie ne souhaitait pas couper l’ardeur de sa fille à rejoindre son ami Quileute alors je ne répondis rien sachant que je n’avais pas le choix. Nous partîmes ensuite chez moi, elle dans sa Chevrolet et moi en courant. Je pris un peu d’avance volontairement afin de mettre en évidence ma récente acquisition.


Je l’avais d’ailleurs soigneusement cachée dans le garage, d’une part pour ne pas attirer la curiosité de Bella et d’autre part pour faire taire les regards envieux de Jasper. Il semblait particulièrement apprécier cette magnifique Harley. Oui, j’avais fait dans la démesure … mais j’espérais que cette moto rutilante et confortable amènerait Bella à en faire en ma compagnie. Je garai donc ma merveille à côté de celle de Bella … et ma bien-aimée la remarqua aussitôt.


- Qu’est-ce que c’est que ce machin ? s’écria-t-elle en claquant la lourde portière de sa voiture. Elle ne semblait pas vraiment apprécier en fait. - Rien …marmonnai-je.
- Excuse-moi ? Je ne comprenais pas sa colère qui d’ailleurs n’avait pas lieu d’être. Je décidai de m’expliquer espérant calmer son énervement. - Comme j’ignorais si tu pardonnerais à ton ami et comme je me demandais si tu aurais toujours envie de faire de la moto, j’ai pensé que je pourrais t’accompagner. Au cas où. Tu sembles aimer cela.
- Tu m’aurais semé sur place. - J’aurais maîtrisé ma vitesse. - Tu te serais ennuyé. - Bien sûr que non, puisque j’aurais été avec toi, lui répondis-je naturellement espérant qu’elle me comprendrait. Elle se mordillait les lèvres signe qu’elle n’était pas à l’aise. - Admettons, maugréa-t-elle. Juste un truc, cependant. Si tu avais estimé que je roulais trop vite, si tu avais craint que je ne perde le contrôle de la machine, comment aurais-tu réagi ?


Voila une belle question piège car elle me connaissait trop maintenant … Je ne supporterais pas qu’elle se fasse mal ou qu’elle tombe. Me revinrent en tête, les images que j’avais lues dans les pensées de Charlie et de Jacob en mon absence, les fameux allers-retours aux urgences à cause de ses chutes. Je ne serais effectivement pas un bon partenaire pour ses périlleuses balades en moto. Cette activité lui était réservée …


Le cabot avait le comportement adéquat, lui, puisqu’il ne se souciait de rien. Il laissait Bella faire ce qu’elle voulait parfois à ses risques et périls. Heureusement j’avais préparé ma parade. J’hésitai un long moment mais définitivement je renonçai à lui donner une réponse car je venais de comprendre qu’elle ne monterait jamais avec moi sur cette merveilleuse Harley.

- Cette activité est réservée à Jacob … D’accord, concédai-je enfin en dissimulant ma frustration.


- Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde, dans ce domaine. Certes, toi et moi pourrions … se justifia-t-elle percevant mon trouble. - Oublie. J’ai remarqué que Jasper avait contemplé la chose avec grand intérêt. Il est sans doute temps qu’il découvre un nouveau mode de transport. Maintenant qu’Alice à sa Porsche …
- Edward, je … me coupa-t-elle. Je ne voulais plus parler de ça et pour éviter de la brusquer, je déposai un baiser furtif sur ses lèvres.


- Oublie, je te répète. En revanche, j’ai une requête. - Tout ce que tu voudras ! me répondit-elle aussitôt comme pour se faire pardonner. Je pouvais donc imposer ma parade. Pour cela, je pris appui sur la moto afin de récupérer deux équipements que j’avais soigneusement cachés contre le mur. Ils allaient me rassurer en cas de chute de Bella. Un magnifique casque rouge, assorti à son bolide et un blouson en cuir noir rembourré. - S’il te plait … chuchotai-je en lui déposant le casque dans les bras.


- J’aurais l’air idiot, répondit-elle en le regardant avec un léger dédain. - Mais non. Juste assez intelligente pour te protéger comme il se doit. Je tiens tant à toi que j’aimerais que tu prennes soin de ton corps.


- Bien. Et ça, qu’est-ce que c’est ? Son petit air réprobateur me faisait rire car je savais parfaitement qu’elle porterait tout cet attirail pour me faire plaisir. Je lui dépliai donc son joli blouson rembourré.


- J’ai entendu dire que s’éplucher sur le goudron, était douloureux, la taquinai-je pour me justifier.


Elle leva les yeux au ciel, impuissante et enfila son casque. Elle revêtit ensuite le vêtement que je lui tendais. - Sois honnête … grogna-t-elle. Je suis hideuse, hein ? Je tentais autant que je le pouvais de me retenir de rire face à la tête qu’elle faisait. Elle semblait si consternée.
- C’est si terrible que ça ? insista-t-elle.

- Non, non … en vérité, tu es plutôt … sexy.


- Ben tiens ! s’esclaffa-t-elle visiblement peu convaincue. - Si, si je t’assure.


- Tu dis ça pour que j’accepte de mettre ce harnachement. Mais bon, d’accord. Tu as raison, c’est plus raisonnable. Je l’attirai doucement vers moi pour l’enlacer au creux de mes bras. - Tu es sotte, ça fait partie de ton charme. Bon, ce casque a ses inconvénients, je l’avoue. Sur ce, je le lui enlevai doucement pour le déposer sur la moto près de nous. Je pris son visage entre mes mains glacées afin de l’embrasser et de lui témoigner à quel point je pensais ce que je disais. Oui, elle était sexy, même dans cet accoutrement.

Je l’emmenai donc à la réserve avec une certaine appréhension, non pas qu’il lui arrive quoique ce soit, mais plutôt qu’elle ne me revienne pas. Je savais que c’était idiot de ma part mais il m’était difficile de la laisser entre les mains de tous ces loups. Elle leur faisait confiance, Carol et Patte d’Ours leur faisaient confiance même Carlisle était convaincu alors pourquoi ressentais-je cette peur irrationnelle. Les récents évènements avaient accentué mon angoisse de la laisser seule.


Je n’étais serein qu’auprès d’elle mais elle l’était autant à mes côtés qu’à ceux du cabot comme en témoignait sa remarque sur ses souvenirs d’enfance. Cette situation lui rappelait de tristes souvenirs lorsque sa mère la déposait à son père pour l’été. Son cœur se déchirait entre ces deux êtres qu’elle aimait … Aujourd’hui, c’était un peu comme si je jouais le rôle de Renée et Jacob celui de Charlie.
Nous arrivâmes enfin à la réserve. Je me garai à une trentaine de mètres de la frontière où le cabot nous attendait déjà. Je percevais ses pensées, bruyantes comme toujours. Il m’hurlait sa joie d’avoir Bella près de lui ce soir. Il me jurait qu’elle allait bien s’amuser, certainement plus qu’en ma compagnie. Sa mesquinerie me déplaisait sincèrement mais je fis comme si de rien n’était. Je ne voulais pas rendre ce moment encore plus difficile. Je sortis la moto du coffre de la Volvo. Bella prit le casque et jeta son blouson en travers de la selle. Elle s’apprêtait à avancer vers le cabot lorsque je lui demandai : - Tu n’as rien oublié ? - Non. Je soupirai déçu qu’elle n’ait pas compris ce que je désirais. Je me penchai vers elle afin de l’embrasser mais au lieu de cela elle ne me donna qu’un baiser amical. Le cabot qui n’avait rien perdu de la scène, se moquait de moi au travers de ses pensées afin que Bella ne perçoive rien bien évidemment. Il jubilait que je puisse essuyer un revers.
Piqué au vif par la stupidité de ce sale cabot mais aussi par la retenue de Bella, je la pris fermement par la taille et l’embrassai avec ferveur. Je l’aimais et j’étais bien décidé à le prouver à ce chien sans cervelle. Sentant qu’elle manquait d’air, je la relâchai rieur d’avoir cloué le bec à mon rival. - Au revoir … J’adore ce blouson, murmurai-je en un souffle en tentant du mieux possible de ne pas trahir la peur qui me dévorait.


Je la regardai s’avancer vers lui en poussant péniblement sa moto vers la frontière qui n’allait pas tarder à nous séparer. Je retournai m’asseoir au volant de ma voiture me jurant que je ne partirais que lorsque je ne l’apercevrais plus devant moi. Il alla vite la rejoindre, gara la moto sur sa béquille et la prit jalousement dans ses bras tout en me narguant. Il m’hurlait qu’elle l’aimait aussi …


Cette remarque me rendit furieux tout à coup et j’étais même prêt à lui foncer dessus pour avoir osé penser cela. Le moteur vrombissait, j’hésitais mais voyant que Bella ne réagissait pas, je compris qu’elle était heureuse. Je démarrai alors, en trompe en direction de la maison. Je ne pouvais plus supporter ses cris de joie qui raisonnaient comme une défaite dans ma tête. Il allait vraiment être très difficile de tisser des liens de camaraderie avec cet abruti.



sanaafatine 13-06-10 12:24 PM



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Il me fallut tout le trajet du retour vers chez moi pour digérer la stupidité de ce cabot. Il ne cesserait jamais de me pousser à bout car il avait l’art de m’énerver. Heureusement que je savais Bella en sécurité et heureuse sinon je serais déjà allé la rechercher. J’avais pris ma décision et je devais l’assumer. Revenir en arrière serait me montrer faible et il en était hors de question.




Tout le monde m’attendait à la maison. Chacun allait de sa petite hypothèse à savoir si on devait se rendre à Seattle ou non. Il y avait ceux qui étaient pour, principalement Emmett et Jasper qui mouraient d’envie d’en découdre et mes sœurs ainsi que mon père qui étaient plus enclin à attendre une vision équivoque d’Alice. Et moi ? Je devais bien avouer que je ne savais plus trop quoi penser. Je sentais la menace s’approchait mais j’ignorais encore si la vague de meurtres de Seattle avait un rapport avec nous.




Je restais persuadé que c’était encore trop tôt pour nous en mêler. Les esprits nous avaient prévenus que le mal s’approchait mais je ne savais pas avec certitude de dont il s’agissait. Je n’étais plus aussi certain que c’était les Volturi. En rentrant dans la maison, je vis aussitôt Alice, isolée dans un coin, recroquevillée sur elle-même, près du canapé. Elle était nerveuse et se reprochait ses absences de vision ou du moins l’imprécision de ces dernières depuis quelques temps. Personne ne le lui reprochait mais elle culpabilisait par rapport à Bella. Elle avait peur qu’une faute de sa part puisse la faire mourir et l’incident du visiteur n’avait rien arrangé.

Emmett jouait à la console avec Jasper pour tenter d’apaiser leur récente euphorie. Mon colosse de frère avait des fourmis dans les jambes et ne savait plus comment les faire passer. Rosalie se tenait debout à côté d’eux et leurs gamineries lui permettaient de penser à autre chose qu’aux évènements de Seattle.





Carlisle, quant à lui, s’était installé sur le canapé et pensait à Esmée. Elle était partie faire son tour de garde autour de chez Bella et protéger Charlie, par la même occasion. Elle s’était absentée depuis peu et attendait sa relève. Le loup s’en chargerait comme il l’avait souhaité.





- Alors Edward, que fait-on ? On va faire un tour à Seattle pour mâter ces idiots qui cherchent à faire rappliquer les Volturi ? s’exclama Emmett.

Aussitôt, je vis Rosalie me dévisager d’un regard noir et très explicite. Elle ne voulait pas qu’Emmett se mette en danger sans raison valable. - Je ne pense pas … Il faudra t’armer encore un peu de patience, lui répondis-je en espérant calmer ses ardeurs et ainsi rassurer ma sœur.

- On sait maintenant qu’il ne s’agit plus d’un … mais sans doute de plusieurs nouveaux nés ! C’est inquiétant certes mais ce n’est pas à nous de faire régner l’ordre ! confirma Carlisle.




- Nous ne sommes pas visés donc nous n’avons aucune raison pour l’instant de nous attaquer à eux … Je ne vois peut être rien de précis pour l’instant mais si on nous voulait du mal, je le saurais ! nous rassura Alice.

- On va se laisser encore un peu de temps mais si l’affaire continue à faire la une, il faudra prendre une décision avant que les Volturi ne soient informés. Je ne souhaite pas les voir venir près d’ici car dans ce cas, nous serions impactés et plus particulièrement Bella. On ne doit pas courir ce risque, expliquai-je à mon tour.
Tout le monde semblait de mon avis pour le moment. Emmett était prêt à remettre sa bagarre à plus tard et Rosalie nous remercia tous du regard. Il me fallait tuer le temps en attendant que Bella m’appelle. C’était douloureux de ne pas savoir ce qu’elle faisait mais encore plus de la savoir avec lui. Rien ne m’intéressait, ni lecture, ni musique … ni même la chasse.




Mes pensées étaient toutes focalisées sur Bella… Je montai donc dans ma chambre pour faire les cents pas. Je scrutais très régulièrement mon réveil mais les minutes s’éternisaient. Jasper vint me rejoindre quelque temps après. Dès qu’il entra dans ma chambre, une immense vague de bien être me parcourut. Cet instant de répit était ce qu’il me fallait pour garder la tête froide. Je le regardai droit dans les yeux et lui murmurai dans un souffle :

- Merci …






- Je sais le sacrifice qui tu es en train de faire … Je ne sais pas si j’en aurais été capable moi-même, murmura-t-il à son tour.

- Je veux tellement son bonheur que je suis prêt à tout … même à m’imaginer la perdre … articulai-je, la gorge nouée.





- Tu as fait ce qui te semblait juste et sache que nous sommes tous avec toi, me dit-il en déposant sa main sur mon épaule avant de quitter la pièce. Il était à peine parti que je sentais déjà l’anesthésie passagère se dissiper.





La soirée avança tout de même péniblement. Je m’attendais à un coup de fil imminent mais rien ne vint. Doucement ce n’était plus de la frustration qui m’habitait mais de l’angoisse. Allait-elle me revenir ou décider de rester près de lui ? Non, bien sûr que non elle ne resterait pas là-bas. Elle savait que je l’aimais trop pour qu’elle puisse m’abandonner. D’un autre côté, elle n’avait toujours pas accepté de m’épouser … et cela commençait à me peser.

Elle n’était peut-être pas sûre de ses sentiments ou de son envie de devenir l’une des nôtres. Elle préférerait sans doute tout arrêter pour couler des jours heureux avec son ami loup. Arrhhh… Cette attente me rendait dingue. Pourquoi n’appelait-elle pas ? Il commençait à être tard. Il était presque minuit et Charlie allait s’inquiéter. J’étais bon pour avoir encore des reproches. Je m’apprêtais à monter dans ma voiture lorsque le téléphone vibra dans ma poche. Le numéro qui s’affichait était celui du portable que j’avais donné à Bella. Une immense vague de soulagement m’envahit. Je décrochais plein d’enthousiasme : - Bella ?






- Euh … non, sangsue c’est moi !!

La voix du cabot me déstabilisa. Pourquoi m’appelait-il ? Mon bref moment d’enthousiasme s’évapora.





- Bella va bien ? lui demandai-je aussitôt en tentant de masquer mon inquiétude.

- Relax ! Elle s’est endormie, c’est pour cela que je t’appelle afin que tu viennes la chercher, m’expliqua-t-il un brin moqueur.
- Merci de m’avoir prévenu. J’arrive tout de suite … lâchai-je en raccrochant aussitôt. Il n’était peut-être pas si crétin, ce chien tout compte fait.






Je fis le trajet jusqu’à la réserve en un temps record. Je n’avais pas regardé le compteur et c’était mieux ainsi car j’étais très loin d’avoir respecté les limitations. Lorsque j’arrivai, ils étaient déjà là, tous les deux dans sa voiture. Je sortis de mon véhicule espérant les entendre ou les apercevoir plus distinctement. Je courrais le long de la frontière pour leur faire part de mon empressement à retrouver Bella. Elle ouvrit enfin sa portière et s’approcha doucement vers moi. Elle semblait encore toute endormie. Ses jambes la portaient à peine. Lorsqu’elle eut enfin franchi la frontière, je la pris fermement dans mes bras pour lui témoigner mon soulagement. - Enfin … lui soufflai-je à l’oreille.

- Salut, désolée d’être là si tard. Je me suis assoupie, et …






- Je sais, Jacob m’a tout expliqué. Si tu es fatiguée, je te porte.

- Ca va, me rassura-t-elle. - Rentrons te mettre au lit. Tu as passé un moment agréable ? lui demandai-je curieux.

- Oui, formidable. Je regrette que tu n’aies pas pu assister à cela. Le père de Jake nous a raconté leurs légendes. C’était … magique. Il n’y a pas d’autre mot, me répondit-elle avec un éclat d’émerveillement dans les yeux.




Grâce à Carol, je connaissais l’importance et la richesse des légendes indiennes. Je n’étais pas surpris que cela ait plu à Bella. Cela risquait d’être long à me raconter et elle devait dormir …

- Tu m’en reparleras. Après quelques bonnes heures de sommeil.
- Ce ne sera pas pareil, dit-elle en baillant.




Je l’aidai à s’asseoir dans la voiture et nous repartîmes directement chez elle. A l’approche de sa maison, je pus capter les pensées de Charlie qui étaient étrangement calmes. Il n’était pas inquiet car Jacob l’avait lui aussi prévenu. C’était une très bonne chose cela m’éviter d’affronter sa colère. Je me garai alors devant le perron.






- Je ramène ma voiture et je reviens vite à tes côtés. Je serai là pour te bercer … lui murmurai-je en lui déposant un baiser sur le front.

Ce ne fut que lorsqu’elle referma la porte de sa maison derrière elle que je démarrai en trombe en direction de chez moi. Une fois arrivé, j’en profitai pour avertir Carlisle du proche retour d’Esmée, vu que le cabot s’était porté volontaire pour la relever. Je revins en courant chez Bella, alors que la pluie commençait à tomber. Elle m’attendait d’ailleurs à sa fenêtre, frigorifiée par le froid ambiant. Je me glissai alors dans sa chambre pour la prendre aussitôt dans mes bras. Elle me demanda qui assurait sa surveillance dehors pestant contre le temps épouvantable. Ce qu’elle avait oublié c’était qu’aucun d’entre nous ne souffrait de ce froid, à part elle.


Cette nuit-là Bella s’endormit rapidement. Elle avait laissé près de son lit « Les Hauts de Hurlevent ». Subitement, une irrésistible envie de relire ce livre m’envahit. Je pensais pouvoir aborder ce roman d’une autre manière vu que j’avais vécu des expériences nouvelles qui pourraient me faire changer d’avis par rapport à ma première lecture. Je ne pouvais donc qu’interpréter cette histoire différemment aujourd’hui. J’en étais persuadé. Et puis Bella l’aimait tellement que je voulais la redécouvrir et peut-être même partager son avis.





Je fus rapidement absorbé par ce récit sombre et profond. Alors que la respiration de Bella berçait ma lecture, un paragraphe attira plus particulièrement mon attention. Il raisonnait comme un écho en moi :

« C’est là tout ce qui nous sépare : eût-il été à ma place et moi à la sienne, et bien que je l’aie haï d’une haine qui a teinté ma vie d’amertume, jamais je n’aurais levé la main sur lui. Vous semblez sceptique, soit. Jamais pourtant je ne l’aurais séparé d’elle tant qu’elle souhaitait qu’il fût là … »





Ces quelques mots me perturbèrent par leur force et leur intensité comme s’ils parlaient de moi ! Mon corps se raidit subitement et Bella dut sentir mon mouvement car elle tressaillit au même moment. Elle ouvrit les yeux et vint enfouir sa tête dans mon torse comme pour se rassurer.





- Je t’ai réveillée ? lui chuchotai-je en déposant le livre sur le sol, près du lit.

- Non … marmonna-t-elle en soupirant de bien être. J’ai fait un mauvais rêve.





- Tu souhaites en parler ? lui demandai-je en lui caressant la joue.

-Trop fatiguée. Demain matin, peut-être. Si je m’en souviens. - D’accord ! acceptai-je en riant.

- Que lisais-tu ? - Les Hauts de Hurlevent.

- Je croyais que tu ne l’aimais pas ? me demanda-t-elle à surprise.





- Il traînait dans le coin. Et puis, plus je passe de temps avec toi, plus les émotions humaines me deviennent compréhensibles. J’ai découvert que j’étais capable de compassion envers Heathcliff, alors que je ne pensais pas cela possible.

- Hmmm … me répondit-elle alors qu’elle se rendormait déjà.



-Par certains côtés, je pourrais presque lui ressembler …

Elle n’avait certainement pas entendu ma réponse car je percevais déjà les battements de son cœur résonner paisiblement. A son réveil, elle fut incapable de me dire ce qui l’avait effrayé cette nuit. Ne pouvant manifestement pas l’aider à le découvrir, je m’apprêtais à la laisser se préparer pour aller au lycée. Je devais moi aussi me changer et récupérer ma voiture pour l’accompagner. Il m’était toujours difficile de la quitter mais le long baiser que nous échangeâmes me donna le courage de l’affronter.

Les jours passèrent sans qu’aucune nouvelle menace ne se profile à l’horizon. Nous profitions d’un court moment de répit. Alice ne voyait toujours rien de particulier concernant les attaques de Seattle si ce n’était qu’elles perduraient sans trop d’échos dans la presse pour le moment. Ce qui monopolisait les pensées et les visions de ma sœur était la remise des diplômes et la fête qu’elle rêvait tant d’organiser. Elle voulait même associer Bella à son petit projet.




Nous étions déjà début juin. Cette date symbolisait beaucoup pour moi car elle signifiait pour Bella la date butoir de sa transformation. Nous n’en avions pas reparlé depuis un moment mais ce qu’elle désirait réaliser depuis si longtemps se profilait enfin.



Je n’étais pas tout à fait sûr qu’elle se rende compte de l’imminence de l’échéance vu que son esprit avait été accaparé par toutes nos récentes péripéties. J’espérais intérieurement que le fait d’être acculée au mur puisse lui faire peur et lui laisser encore un temps de réflexion … comme une année de fac par exemple. Je ne voulais surtout pas la presser car elle ne devait rien regretter. Si elle devait me rejoindre pour l’éternité, ce serait parce qu’elle était sûre d’elle et non parce qu’elle se sentait obligée ou qu’elle avait peur de mourir. Ce fut d’ailleurs après un long après-midi de cours alors que je raccompagnais ma sœur et Bella chez elle qu’Alice ramena ma bien-aimée à la dure réalité. Je voulais qu’elle informe rapidement Bella de ses intentions concernant sa fête afin que cette dernière ne se sente pas mal à l’aise ou ne réagisse de manière excessive. Elle se jeta donc à l’eau, réticente car elle redoutait particulièrement les réactions de Bella sur les sujets comme le bal, la danse, les anniversaires … toutes les fêtes en général. Elle lui en parla tout de même lorsque nous nous dirigions vers ma voiture : - Edward m’oblige à t’en parler … insista-t-elle, mais j’ai vu que tu serais pénible si je te prenais par surprise.


- Tu veux bien t’exprimer en anglais ? répliqua Bella qui ne comprenait pas où ma sœur voulait en venir. - Avant, je te prie de ne pas faire l’enfant. Pas de crise, s’il te plaît, lui précisa-t-elle.

- Tu m’inquiètes, là. - Figure-toi que tu vas, ou plutôt que nous allons organiser une petite fête de fin d’année. Rien d’extraordinaire, donc pas d’affolement. J’ai vu que tu paniquerais si je me risquais à ne pas t’en avertir au préalable, et Edward m’a ordonné de te prévenir. En tous cas, ce sera tout simple, je te le jure.


- J’imagine que mes protestations n’y changeront rien, n’est-ce pas ? soupira Bella visiblement résignée. - En effet.



- D’accord, Alice. J’y serai. Et je détesterai ça du début à la fin. Je te le jure. - Je n’en attendais pas moins de ta part ! A propos, j’adore mon cadeau. Tu n’aurais pas dû.



- Je ne t’ai encore rien acheté ! s’étonna Bella. - Ca ne va pas tarder, renchérit-elle pour dérider ma bien-aimée. Elle semblait effectivement absorber par la révélation de ma sœur. Elle ne devait pas se souvenir du cadeau qu’elle avait décidé de lui offrir ou alors elle songeait déjà à autre chose … -Tu n’aurais pas pu attendre quelques semaines pour m’annoncer la nouvelle ? s’emporta-t-elle soudain. Maintenant, je vais être stressée pendant encore plus longtemps.



Alice et moi échangâmes un regard, perplexes tous les deux. Bella semblait effectivement ne pas se rendre compte que la fin de l’année scolaire était à notre porte. - Bella, sais-tu quel jour nous sommes ? répliqua ma sœur .



- Lundi ? - Oui, Lundi ! Lundi quatre juin, s’énerva Alice en la saisissant par le coude pour lui faire lire l’affiche placardée sur la porte du gymnase, derrière elle. Ce morceau de papier jaune mentionnait en caractères gras la date de la remise des diplômes.



- Le quatre juin ? répéta Bella. Tu es sûre ? Ma sœur n’insista pas face à l’incompréhension de son amie. Quant à moi, je pris conscience que Bella venait de se heurter à la réalité.

- Ce n’est pas possible ! s’entêta-t-elle. Comment cela a-t-il pu se produire ? Je connaissais assez bien Bella pour savoir qu’elle n’était déjà plus auprès de moi. Ses pensées lui remémoraient sans doute l’angoissante échéance, celle qu’elle attendait avec une telle impatience que j’avais du la réfréner des dizaines de fois, devenant même parfois un sujet de discorde entre nous. Elle monta dans ma voiture tel un robot et ne participa pas à la conversation animée que ma sœur et moi tenions dans la voiture sur le trajet du retour. Je ne pouvais pas penser que c’était juste l’annonce de cette fête qui l’avait mise dans cet état. Nous nous installâmes sur son canapé et je la serrais dans mes bras espérant qu’elle sortirait de ses songes. Or, elle resta longuement impassible à contempler la pluie puis la brume assombrir la pièce. Je ne voulais pas la sortir trop rapidement de sa torpeur, lui laisser le temps de réfléchir mais ce silence pesant ne me rassura pas. Si elle s’inquiétait vraiment à cause de sa transformation, je devais le savoir afin de la rassurer. Je n’en pouvais plus de ne pas connaître les raisons de son état. Elle semblait si inquiète que je ne pouvais pas la laisser se morfondre …
- Aurais-tu l’obligeance de me confier à quoi tu penses ? Avant que je m’énerve.



Elle avait même inconsciemment arrêté de respirer, ce qui lui donnait un air tristement blafard.



- Tes lèvres sont toutes blanches, Bella. Parle, la suppliai-je.


Elle souffla un long moment comme pour se donner du courage et chuchota enfin : - La date d’aujourd’hui m’a désarçonnée. C’est tout
Cette affirmation ne me surprit pas car je l’avais déjà remarqué, ce qui m’inquiétait plus, en revanche, c’était la peur que ses yeux arboraient.



- Je ne sais trop que faire … que raconter à Charlie … comment expliquer …



Je n’étais pas sûr de comprendre, pourquoi parlait-elle de Charlie ? Elle avait peur qu’il ne veuille pas qu’elle aille à la fête d’Alice ? J’étais subitement perplexe … m’étais-je trompé? - Cela ne concerne pas la fête ? lui demandai-je afin de comprendre en quoi Charlie était concerné.
- Non, même si tu aurais pu t’éviter de me rappeler ce détail.



Donc je ne m’étais pas trompé malheureusement … elle redoutait bien l’échéance à venir. Je la regardais alors longuement, je sentais bien qu’elle était perturbée et ses yeux qui fixaient toujours le vide me confirmaient qu’elle n’oserait pas me l’avouer si je ne la forçais pas. - Tu n’es pas prête … chuchotai-je en guettant sa réaction.

- Si … répondit-elle aussitôt. Je n’ai pas le choix … Comme je le craignais, elle se sentait faussement obligée de passer à l’acte, comme si c’était sa dernière chance mais elle se trompait …



- Rien ne t’y oblige. - Victoria, Jane, Caius, l’inconnu qui a pénétré dans ma chambre … tout cela m’y contraint.



- Non, ce sont autant de raisons d’attendre. - Tu n’es pas logique, Edward ! Je ne supportais pas de la voir si angoissée pour de mauvaises raisons. Je pris alors son visage entre mes mains afin de plonger mon regard dans le sien. Je voulais la convaincre qu’elle ne risquait rien et qu’elle avait toujours le choix … - Ecoute-moi, Bella … dis-je d’une voix douce et volontairement lente afin qu’elle prenne le temps de m’écouter. Aucun de nous n’a décidé de son sort. Tu as constaté le résultat … surtout chez Rosalie. Tous, nous avons lutté pour nous réconcilier avec une nature sur laquelle nous n’avions pas de contrôle. Je refuse que tu subisses une telle épreuve. Toi, je veux que tu aies vraiment le choix.



- J’ai déjà choisi … - Tu ne te résoudras pas à cela sous prétexte qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de ta tête. Je l’interdis. Nous allons régler ce problème, et je prendrai soin de toi. Cela terminé, si rien ne te force la main, tu décréteras ou non de me rejoindre. Mais pas parce que tu as peur. Personne ne t’obligera à cela. - J’ai déjà la promesse de Carlisle … après le bac, répliqua-t-elle volontairement pour me contredire. - Il ne fera rien tant que tu ne seras pas prête ! lui assenai-je aussitôt. Et rien non plus tant que tu te sentiras menacée.




Elle ne me répondit pas … Mes yeux étaient toujours plongés dans les siens. Sa peur s’était visiblement estompée. J’avais peut-être réussi, temporairement du moins, à la rassurer.

- Ca va aller … murmurai-je en lui embrassant le front. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter.



- Rien, si ce n’est un destin funeste, dit-elle acerbe. - Fais-moi confiance.


- Je te fais confiance … Puis-je te demander quelque chose ? me demanda-t-elle hésitante. - Tout ce que tu voudras.


Elle se mordillait les lèvres, visiblement mal à l’aise. Que pouvait-elle me demander de si spécial au point de la faire hésiter ? - Quel est le cadeau que j’achète à Alice pour célébrer son diplôme ?

- Des billets de concert. Pour elle, toi et moi, lui répondis-je amusé par cette étonnante question. Elle n’avait rien là qui puisse la mettre mal à l’aise pourtant. Je soupçonnais Bella de me cacher encore quelque chose.


- Oui, c’est vrai ! s’exclama-t-elle en souriant. Celui de Tacoma. J’ai lu une pub dans le journal la semaine dernière, et j’ai pensé que ça te plairait, car tu as dit que le CD était bien. - C’est une très bonne idée. Merci.


- J’espère qu’il reste des places. - C’est l’intention qui compte. Je suis bien placé pour le savoir.




Je ne comptais plus les fois où j’avais voulu lui faire un cadeau sans pouvoir lui en offrir un seul … Elle soupira sous l’effet de ma remarque mais pas seulement. Il me semblait qu’elle avait encore quelque chose à me demander. Je décidai de lui faciliter la tâche.


- Toi, tu as quelque chose à me demander … repris-je aussitôt.
- Trop fort ! se moqua-t-elle - J’ai pas mal de pratique quand il s’agit de déchiffrer tes expressions. Vas-y. Elle vint alors se blottir contre mon torse, les yeux fermés en murmurant d’une voix boudeuse :




- Tu n’as pas envie que je me transforme en vampire.


- Non … acquiesçai-je en effet, mais ce n’était pas une surprise pour elle. Elle n’avait pas encore totalement dévoilé le fond de sa pensée. Après un court instant, je décidai de l’encourager à poursuivre.

- Mais c’est là une assertion, pas une question … - Je … je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon désir d’immortalité.



- Pardon ? m’exclamai-je aussitôt totalement surpris. - Accepterais-tu de m’expliquer pourquoi ? De m’avouer toute la vérité, sans m’épargner ?



C’était donc cela la question qui la gênait tant. Que pouvait-elle s’imaginer ? Je pensais lui avoir expliqué clairement mes motivations pourtant. Ce n’était visiblement pas suffisant. Elle avait sans doute besoin que je lui redise ma vision des choses et de ce que je rêverais pour elle.
- Tu pourrais avoir une vie tellement meilleure, Bella. Je sais que tu me crois doté d’une âme. Je n’en suis pas entièrement convaincu. Alors, mettre la tienne en péril … T’autoriser à devenir comme moi de façon à ne jamais te perdre est l’acte le plus égoïste qui soit. Je le désire par-dessus tout, pour moi. Pour toi, en revanche, je veux plus. Accepter que … cela me paraît criminel. Le pire crime que j’aurais commis dans mon existence, dussé-je vivre éternellement. Si j’avais un moyen, n’importe lequel, de redevenir humain pour toi, j’en payerais le prix, aussi élevé fût-il.




Oui, redevenir humain … j’avais eu la chance de le revivre l’espace de quelques instants dans la hutte grâce à Carol et ce fut un vrai bonheur. Mon cœur et celui de Bella battant à l’unisson. Nos deux peaux chaudes au contact l’une de l’autre. C’était un souvenir merveilleux que je n’oublierai jamais. J’aurais pu donner n’importe quoi pour que cela devienne réalité. Bella ne méritait pas de mourir pour moi, j’aurais du être vivant pour vieillir auprès d’elle. Elle se redressa en me regardant, elle semblait soulagée. Un sourire s’esquissa même sur ses lèvres.

- Alors … ce n’est pas parce que tu crains de … bredouilla-t-elle de moins m’aimer quand j’aurai changé ? Quand je ne serai plus aussi souple, quand j’aurai perdu mon arôme ? Tu tiens véritablement à moi, quelle que soit la forme que je prenne ? - Tu avais peur que je ne t’aime plus ? m’étonnai-je avant de rire. Toi qui es si intuitive, il t’arrive de te montrer franchement obtus, Bella !



- Tu n’imagines pas à quel point les choses seront plus faciles pour moi quand je ne serai plus obligé de me concentrer à chaque minute pour ne pas te tuer … repris-je en souriant. Certes, des détails me manqueront. Celui-là par exemple.

Je lui caressai la joue et elle se mit à rougir aussitôt …



- Le bruit de ton cœur aussi …C’est le plus beau son qui soit. Mon oreille s’y est tellement habituée, désormais, que je le reconnaitrais entre mille. Pourtant, rien de cela n’importe. Seule toi importe. Tu seras toujours ma Bella. Dotée d’une longévité un peu plus sûre. Je pris son visage entre mes mains. Elle ferma ses paupières en soupirant d’aise. Je l’avais rassuré au-delà de ses espérances, apparemment. Je décidai de me lancer à mon tour car j’avais moi aussi une question qui me taraudait depuis quelques temps.



- Et maintenant, accepteras-tu de répondre à ma question ? De m’avouer toute la vérité sans m’épargner ? - Bien sûr, accepta-t-elle aussitôt en rouvrant les yeux.



- Tu n’as pas envie de devenir ma femme. Un bref instant ses pulsations s’arrêtèrent avant de reprendre de plus belles. Je l’avais déstabilisé …


- C’est une assertion, pas une question … finit-elle par marmonner espérant s’en sortir facilement. Je lâchai son doux visage pour m’emparer d’une de ses mains. Elle était gelée. Je voulais une réponse et je m’amusais pour cela à reprendre ses propres termes puisqu’elle avait fait de même avec les miens.
- Je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon envie de mariage … susurrai-je en lui embrassant la paume de sa main. - Ce n’est pas une question non plus ! objecta-t-elle encore une fois en avalant difficilement sa salive.



- Bella, je t’en prie, la suppliai-je. - La vérité ?


- Oui. Je suis capable de l’encaisser, dis-je solennellement persuadé que le cabot était en parti responsable du silence de Bella à ce sujet. - Tu vas te moquer de moi.



- Moi ? m’écriai-je choqué. Jamais de la vie. - Oh que si … râla-t-elle en rougissant de nouveau. Très bien, je suis sûre que tu vas croire que je plaisante, mais franchement ! C’est tellement … tellement … embarrassant !



Et elle retourna se cacher en se blottissant contre mon torse. J’étais perdu. Je m’étais fait toute une histoire sur le cabot mais en fait il s’agissait d’autre chose.



- Je ne te suis pas là … soufflai-je. Elle releva la tête et me toisa du regard comme si j’avais dit quelque chose de mal.
- Je ne suis pas ce genre de fille, Edward. Je ne suis pas de celles qui se marient au sortir du lycée, de ces rustaudes de province que leurs petits copains ont mises en cloque. Pense à la rumeur, si je t’épousais. Nous ne sommes plus au dix neuvième siècle, les gens ne s’unissent plus à dix huit ans ! En tous cas, pas les gens intelligents, responsables et mûrs ! Je refuse d’être une rustaude. Ca ne me correspond pas …



Elle s’interrompit d’elle-même, à court d’arguments. Je trouvais que ce n’était pas une raison suffisante car on savait tous les deux que si elle m’épousait, les us et coutumes des humains n’auraient plus d’influence sur nous. Cela me confirmait surtout qu’elle était réticente à se marier …et si ce n’était que cela, je savais qu’avec le temps, je parviendrais à la faire changer d’avis. Ceci dit, je voulais m’assurer que rien d’autre ne l’en empêcher tellement je trouvais cette raison insignifiante.



- Et c’est tout ? lui demandai-je pour m’assurer que je savais tout sur ce sujet.


- Ca ne te suffit pas ?
- La vraie raison n’est pas que tu es … plus attirée par l’immortalité que par moi ? lui demandai-je pour la tester. Elle se mit à rire et réussit à me répondre entre deux éclats hystériques : - Voyons, Edward ! Moi … qui … avais toujours … pensé que … tu … étais … bien plus intelligent … que moi !

Je l’attirai contre moi, soulagé qu’elle ne me cache plus rien. Son hilarité était contagieuse car je me mis à rire avec elle.


- L’éternité sans toi ne m’intéresse pas … me précisa-t-elle après s’être calmée.



- Ouf !!


- N’empêche, ça ne change rien.


- Certes. J’admets ton point de vue, Bella, crois-moi. J’aimerais cependant que tu envisages les choses du mien.Vois-tu, repris-je, moi, j’ai toujours été ce genre de garçon. Dans mon monde, j’étais déjà un homme. Je ne cherchais pas l’amour, ayant trop envie de devenir soldat. Je ne songeais à rien d’autre qu’à la gloire idéalisée de la guerre telle qu’on la vendait aux futures recrues, à l’époque. Pourtant, si j’avais rencontré … Je me tus quelques instants afin de rectifier mon erreur :
- J’allais dire « si j’avais rencontré quelqu’un », mais ce serait inexact. Si je t’avais rencontrée, toi, je n’ai aucun doute sur la manière dont j’aurais réagi. Dès lors que j’aurais compris que tu étais celle qui m’était destinée, j’aurais mis un genou à terre et me serais efforcé d’obtenir ta main. Je t’aurais voulue pour l’éternité, même si ce mot n’avait alors pour moi pas la même signification qu’aujourd’hui.



Bella avait cessé de respirer et elle me regardait avec des yeux écarquillés. Son expression me fit sourire. - Respire, Bella, lui rappelai-je. Elle m’obéit aussitôt. - Alors, vois-tu maintenant les choses comme moi, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? Vu qu’elle ne me répondait pas, je supposais qu’elle était effectivement en train d’y penser. J’espérais l’avoir convaincue mais avec Bella je savais qu’il fallait s’attendre à tout.


- Le problème … répondit-elle enfin d’une voix tremblante encore sous le coup de mes dernières paroles, c’est que, pour moi, mariage et éternité ne sont pas deux notions mutuellement exclusives ou inclusives. Et comme nous vivons pour l’instant dans mon monde, nous ferions sans doute mieux de nous adapter à ses mœurs, si tu me suis.
Elle n’avait apparemment toujours pas accepté l’idée de notre mariage car une fois encore elle ne répondait pas à ma question.


- D’un autre côté, la contrai-je aussitôt, tu abandonneras bientôt derrière toi la notion de temps. Alors, pourquoi les coutumes passagères d’une culture donnée devraient-elles tant jouer sur notre décision ? - Parce qu’il est d’usage de s’adapter aux us du pays dans lequel on est ?



Je sentais qu’elle perdait pied et que je l’avais intérieurement presque convaincue. Cette remarque en était la preuve. Elle avait juste encore besoin de temps pour se préparer à cette idée. - Je ne t’oblige pas à trancher aujourd’hui, Bella. Mais j’estime qu’il est toujours bon de regarder les choses selon chaque partie en cause, pas toi ?



- Donc, ta condition … -Tient toujours. J’ai entendu tes réticences, mais si tu tiens à ce que je me charge en personne de ta transformation ….



- Tra-la-la-la ! fredonna-t-elle.


J’étais convaincu que je la verrais bientôt s’avancer vers moi dans une magnifique robe blanche au son de
la Marche Nuptiale. Rien d’irréversible ne s’y opposait … J’en avais la conviction à présent.


sanaafatine 13-06-10 02:12 PM

وصعت تقريبا نص الباقي المرة الجاية ان شاء الله

ديمة الكتكوتة 13-06-10 02:24 PM

حيبتي بس أنا بصراحة مابفهمش فرنسي منكن تحطيها إنجليزي أو عربي و شكرا على الموضوع يا عسل والله يوفئك يا ئمورة

sanaafatine 13-06-10 02:39 PM

اقتباس:

المشاركة الأصلية كتبت بواسطة ديمة الكتكوتة (المشاركة 2986545)
حيبتي بس أنا بصراحة مابفهمش فرنسي منكن تحطيها إنجليزي أو عربي و شكرا على الموضوع يا عسل والله يوفئك يا ئمورة

حبيبة ماعنديش دير ترجمة غوغل . القصة زوينه بزاف

kiloa 13-06-10 05:19 PM

شكرا
على تنمية اسلوبنا الفرنسي

sanaafatine 13-06-10 05:41 PM

اقتباس:

المشاركة الأصلية كتبت بواسطة kiloa (المشاركة 2987594)
شكرا
على تنمية اسلوبنا الفرنسي

سعيدة لدلك. شكرا لمرورك:amwa7:

sanaafatine 13-06-10 07:09 PM

تشجعنوا شوي

حُلم...! 13-06-10 11:34 PM

...

مبين حلوه كثير
ترجمة البارت الاول
في قوقل طبعا
مرسي كتير حبيبتي

...

sanaafatine 18-06-10 07:38 PM

اقتباس:

المشاركة الأصلية كتبت بواسطة حُلم...! (المشاركة 2990708)
...

مبين حلوه كثير
ترجمة البارت الاول
في قوقل طبعا
مرسي كتير حبيبتي

...

شكرا لمرورك الزين :amwa7:

sanaafatine 19-06-10 11:37 AM



https://fanfictionedward2.unblog.fr/f...chapitre11.jpg




Le temps continua à défiler de manière impressionnante. La remise des diplômes était maintenant toute proche. Nous n’étions pas encore allés faire un tour à Seattle car les visions d’Alice restaient toujours étrangement muettes à ce sujet. Nous avions eu plusieurs fois la même conversation à savoir si nous devions y aller mais nous redoutions tous de nous y rendre sans avoir l’aide précieuse de ma soeur. Notre intervention avait donc été plusieurs fois reportée. Nous savions que la situation allait se dégrader mais nous attendions le bon moment … et nous ignorions tous quand il se manifesterait.



J’étais en route pour rejoindre Bella qui venait probablement de se lever. Charlie était parti travailler depuis peu et elle devait se préparer pour aller au lycée. A mon arrivée, chez elle, Bella était effectivement en train de déjeuner tout en étant très concentrée sur le journal devant elle. Si absorbée par l’article qu’elle parcourait que son visage blêmit brusquement et ses mains se mirent à trembler. J’étais appuyé contre le chambranle de la porte de la cuisine et la regardait d’un air un peu plus inquiet à présent.



- Bella ? l’appelai-je doucement pour lui manifester ma présence à ses côtés.



Contre toute attente, elle se mit alors à bondir et crier comme si je lui avais fait peur. Je courus aussitôt la rejoindre pour la rassurer en lui serrant la main.



- Je t’ai effrayée ? Désolé, m’excusai-je.



- Non, non … s’empressa-t-elle de me rassurer à son tour. Tu as vu ça ? me demanda-t-elle en me montrant la page qu’elle venait de lire.



Je lus rapidement les grandes lignes et je compris aussitôt l’angoisse de Bella. L’article nous apprenait qu’en à peine trois mois, cette bande de nouveaux nés avaient déjà tués trente neuf personnes dont vingt deux sur les dix derniers jours. La menace se précisait, il devenait urgent d’agir. Cela n’allait plus être un secret pour les Volturi très longtemps. Comme le concluait l’article quelque chose de monstrueux hantait les rues de Seattle et cela ne devait plus durer.



- Je n’ai pas encore regardé les nouvelles, mais je me doutais que cela empirerait. Nous allons devoir intervenir. Et vite.



- Qu’en dit Alice ? me demanda Bella encore plus inquiète.



- Rien, et c’est tout le problème. Nous avons failli aller là-bas une bonne demi-douzaine de fois, mais elle ne détecte rien et perd confiance en elle. Elle a l’impression que beaucoup d’évènements lui échappent, ces derniers temps, que quelque chose déraille, que ses visions faiblissent.



- C’est possible ?



- Va savoir. Le phénomène n’a jamais été étudié. Je n’y crois guère, pourtant. Les dons ont plutôt tendance à s’intensifier avec les années. Il suffit de penser à Aro et Jane.



- Qu’est-ce qui ne va pas, alors ?

- A mon avis, c’est comme une prophétie qui se réalise dès que l’on en parle. Nous attendons qu’Alice voie quelque chose pour nous rendre à Seattle, et elle ne voit rien parce que nous n’irons pas tant qu’elle n’aura pas déterminé ce qui s’y passe. Du coup, elle n’arrive pas à nous envisager sur place. Mieux vaudrait peut-être que nous tentions d’opérer à l’aveugle.



Opérer à l’aveugle … oui, cela nous démangeait depuis un bon moment. Nous ne pouvions plus reculer, il fallait y aller. Pourtant comment devions-nous agir face à une bande de nouveaux nés ? J’en avais rencontré un lors de mon exode et je n’avais pas été capable de lui tenir tête très longtemps … certes je n’étais pas dans de bonnes conditions à cette époque. Malgré tout, il fallait nous préparer à affronter ces brutes sanguinaires. Seule une personne pouvait nous expliquer comment ils fonctionnaient précisément… Mon frère Jasper. Je ne connaissais d’ailleurs pas toute son histoire en détails car il n’avait jamais trop éventé sa vie passée, juste les grandes lignes car d’autres épisodes plus sombres, lui étaient difficiles à raconter. Peut-être accepterait-il de s’ouvrir aujourd’hui face à la menace qui nous attendait ?



- Non ! protesta-t-elle, effrayée.



Bella avait aussi besoin d’entendre la version de Jasper pour mieux comprendre les choses et j’espérais aussi que cela la rassurerait.



- As-tu très envie d’aller en cours aujourd’hui ? Il ne reste que deux jours avant les derniers examens, nous n’apprendrons rien de nouveau.



- Je survivrai sans le lycée, me semble-t-il. Qu’as-tu en tête ? me demanda-t-elle.



- J’aimerais discuter avec Jasper, dis-je en pliant le journal sous mon bras.



Nous prîmes donc le chemin en direction de chez moi au lieu de celui du lycée. Tout était calme dans la maison à notre arrivée. Carlisle, Esmé et Jasper étaient prostrés devant le adminhelpe de télévision. A dire vrai, ils étaient déjà dans cette position, très tôt ce matin lorsque j’étais revenu de chez Bella pour me changer. Je n’avais d’ailleurs pas prêté attention à ce qu’ils regardaient, trop pressé de retourner chez ma bien-aimée. Ce n’était donc que maintenant que je comprenais qu’ils étaient tous les trois les yeux rivés sur l’écran car les médias n’avaient de cesse de faire des débats ou des émissions en direct sur la vague de meurtres à Seattle.



Alice, quant à elle, s’était réfugiée sur une des marches de l’escalier, ne sachant plus quoi faire pour avoir enfin la vision que l’on attendait tous. Elle était désespérée. C’était l’une des premières fois que je la voyais aussi abattue. Malheureusement, nous ne pouvions plus attendre et elle le savait ce qui accentuait encore plus son découragement.



Emmett arriva au même moment que nous dans le salon. C’était le seul membre de la famille qui arborait une mine réjouie dans ces circonstances.



- Salut vous deux ! nous lança-t-il. On sèche les cours, Bella ?



- Moi aussi ! lui signalai-je.



- Certes, mais elle, c’est son premier bac !! s’esclaffa-t-il.



Je levai les yeux au ciel face à l’humeur décapant de mon colosse de frère. Carlisle se leva du canapé pour nous rejoindre. Je lui tendis alors le journal que j’avais ramené de chez Bella.



- Ils évoquent un tueur en série, tu étais au courant ? lui demandai-je.



- Deux spécialistes en ont débattu sur CNN toute la matinée, soupira mon père.



- Nous ne pouvons pas laisser cela se poursuivre, lui fis-je remarquer.



- Alors, allons-y tout de suite. Je m’ennuie à mourir, suggéra Emmett.



Il était toujours aussi pressé d’en découdre mais Rosalie nous fit part de sa désapprobation par un sifflement furibond alors qu’elle s’était réfugiée dans sa chambre au premier étage. Elle ne supportait pas que tout le monde se focalise sur les événements de Seattle. Elle ne voulait pas que l’on s’en mêle car elle redoutait que l’on ne laisse des plumes dans la bataille. Nous n’avions jamais combattu d’adversaires si nombreux.



- Quelle éternelle pessimiste ! marmonna Emmett.



Elle descendit alors nous rejoindre se doutant que ma venue ne présageait rien de bon.



- Inutile de repousser l’inévitable, renchéris-je à son attention.



- Je suis inquiet, objecta Carlisle. Nous ne nous sommes encore jamais mêlés d’histoires pareilles. Cela ne nous concerne pas. Nous ne sommes pas les Volturi.



- Je ne tiens pas à ce que les Volturi viennent ici ! contrai-je aussitôt.



- Il y aussi tous ces innocents qui meurent. Ce n’est pas bien, murmura Esmé



- Je sais, acquiesça mon père.



Jasper me fit part de sa pensée afin que personne ne puisse l’entendre.



« Et si il s’agissait d’une armée … »



Il se leva doucement et s’approcha de moi.



- Tiens ! m’exclamai-je aussitôt en me tournant vers lui. Je n’y avais pas songé. Tu as raison. Ca ne peut être que ça. Et ça change tout.



- Mieux vaut que tu leur expliques, lui conseillai-je ensuite. En revanche, je me pose des questions sur le sens de la démarche.



Alice se leva et se adminhelpa à côté de Bella en ne quittant pas Jasper des yeux. Elle lui demanda aussitôt :



- Qu’est-ce qu’il raconte ? A quoi penses-tu ?



Jasper était subitement mal à l’aise. Il n’aimait pas se mettre en avant et encore moins devant sa famille. Il hésita quelques instants, en scrutant tour à tour le visage de chacun pour se poser finalement sur celui de Bella.



- Tu ne comprends pas ! lui dit-il d’une voix grave et calme.



Elle ne répondit pas car comme tout le reste de ma famille, Bella était perdue.



- C’est notre cas à tous ! renchérit Emmett.



- Sois patient ! lui rétorqua Jasper. Il faut que Bella saisisse, elle aussi. Elle est des nôtres, à présent.



C’était la première fois que mon frère s’exprimait aussi librement au sujet de Bella devant toute ma famille. Je savais qu’il le pensait vraiment et cela lui tenait à cœur de le dire.



Il ne pourrait jamais oublier ce qu’il avait fait lors de son dernier anniversaire … Il s’était racheté depuis notamment en m’aidant pour cette histoire de bourse. Il avait même su garder le silence auprès d’Alice à ce sujet. Pour toutes ces raisons, il m’avait prouvé que j’avais réagi comme un imbécile et qu’il serait plus que jamais mon frère, envers et contre tout.



Il était d’une nature assez réservée mais encore plus en présence de ma bien-aimée. Il avait si peur de mal agir, de perdre le contrôle qu’il préférait rester à l’écart. Mais aujourd’hui c’était différent, il le savait. Son expérience et son histoire allaient être une source inestimable de connaissances sur nos futurs ennemis. Il prenait ainsi plus confiance en lui et surmontait sa peur de déraper.



- Que sais-tu de moi, Bella ? lui demanda-t-il ensuite



Emmett se mit à souffler et alla s’affaler dans le canapé, comprenant qu’il n’aurait pas sa réponse tout de suite. Il devait attendre que Jasper explique à Bella ce qui s’était passé dans sa vie antérieure avant de dévoiler ce qu’il avait découvert.



- Pas grand-chose, admit-elle à demi gênée.



Jasper se tourna vers moi et me demanda par la pensée :



« Tu ne lui as rien raconté à mon sujet ? »



Il avait encore du mal à me parler devant Bella. Il oubliait fréquemment qu’elle ne pouvait pas deviner nos conversations mais c’était surtout lié au fait qu’il ne la côtoyait pas assez pour s’en souvenir.



- Non, lâchai-je à voix haute pour lui rappeler que je préférais qu’il s’adresse à moi ainsi en présence de Bella. Et tu devines pourquoi je ne lui ai pas raconté. Mais tu as raison, il est temps qu’elle l’apprenne.



Il resta pensif un court moment, réfléchissant à la meilleure façon de retracer son histoire. Il ne voulait aucunement effrayer Bella. Il s’avança alors vers la lampe qui était allumée non loin du canapé. Il releva légèrement la manche de son pull et lui montra la cicatrice qui scarifiait son poignet.



- Oh ! souffla Bella. Tu as la même marque que moi !



Il lui sourit, heureux qu’elle ait compris mais il se crispa à l’idée de lui raconter la suite.



- J’ai beaucoup de balafres comme les tiennes, Bella, rajouta-t-il en remontant un peu plus sa manche, cette fois.



Tout son bras était recouvert des mêmes marques que celle apparaissant sur la main de ma bien-aimée. Lorsqu’elle comprit enfin l’enfer qu’il avait pu vivre pour avoir de telles cicatrices, elle eut de mal à respirer et lança un regard des plus inquiets à Jasper.



- Oh, mon dieu ! Que t’est-il arrivé ? s’exclama-t-elle.



- La même chose qu’à toi, mais mille fois répétée. Seul notre venin laisse une cicatrice.



- Pourquoi ? murmura-t-elle visiblement horrifiée.



- J’ai été élevé d’une façon différente de celle de mes frères et sœurs adoptifs. Mes débuts ont été très … particuliers, précisa-t-il d’une voix plus dure.



- Avant que je ne te raconte mon histoire, poursuivit-il, il te faut admettre qu’il y a, dans notre univers, des endroits où l’espérance de vie se compte en semaines et non en siècles.



Toute ma famille connaissait déjà cette partie de l’histoire, c’est pourquoi Carlisle retourna s’asseoir auprès d’Emmett et Esmé devant la télévision, quant à Alice, elle s’assit aux pieds de cette dernière.



J’étais toujours aux côtés de Bella et je voulais lui faire part de mon vif intérêt aussi. Je lui pris la main afin de lui confirmer que je restais auprès d’elle. J’étais aussi curieux de savoir comment elle réagirait à l’énoncé de Jasper. Certaines des informations qu’il allait lui révéler nous seraient très importantes pour comprendre sa théorie. Car je devais bien l’admettre je ne comprenais pas pourquoi quelqu’un créerait une armée à Seattle et surtout dans quel but ? J’espérais que les nouvelles explications de mon frère, m’aiderait à élucider cette douloureuse énigme.



- Afin de comprendre pourquoi, tu dois envisager le monde selon une perspective nouvelle, imaginer l’allure qu’il revêt aux yeux des puissants, des avides …des assoiffés perpétuels, débuta-t-il. Prends par exemple une carte de l’Amérique centrale et représente-toi chaque vie humaine comme un petit point rouge. Plus le rouge est dense, plus nous, du moins ceux qui vivent ainsi, pouvons nous nourrir sans attirer l’attention.



Bella frissonna. Jasper ne prenait pas de gants pour expliquer les choses. Il n’y mettait pas la prudence comme je m’astreignais à le faire pour protéger Bella. Je resserrai sa main dans la mienne pour la réconforter.



- Il est vrai, que dans le sud, les clans se moquent bien de ce que les Volturi voient ou pas, enchaina-t-il. Ce sont les Volturi dont ils se méfient, les seuls qu’ils craignent. Sans eux, nous autres serions très vite exposés. En comparaison, le nord est très civilisé. La plupart des nôtres sont des nomades qui profitent du jour comme de la nuit et permettent aux humains d’interagir avec nous sans se douter de rien. L’anonymat nous est vital. Au sud, c’est différent. Là-bas, les immortels ne sortent que la nuit et passent leurs journées à mettre au point leur prochaine attaque ou à anticiper celle de leurs ennemis. Parce que la guerre y dure depuis des siècles, sans un seul instant de répit. Les clans ont à peine plus conscience de l’existence des humains que des soldats remarquent des vaches dans un champ. Il ne s’agit que de nourriture à disposition. S’ils évitent de trop s’exposer, ce n’est qu’à cause des Volturi.



- Mais pour quelle raison luttent-ils ? demanda Bella.



- Tu te souviens de la carte pleine de points rouges ?



Elle hocha la tête à l’affirmative.



- Eh bien, ils se disputent les régions les plus peuplées. Un jour, quelqu’un s’est dit que s’il était le seul vampire restant à … Mexico par exemple, il pourrait se nourrir toute la nuit, à deux, trois reprises, sans que personne ne s’en aperçoive. Il a donc élaboré une façon de liquider ses compétiteurs. D’autres ont cependant eu la même idée, et certains parmi eux ont échafaudé des tactiques plus efficaces…



- La meilleure a été inventée par un assez jeune vampire appelé Benito, reprit-il. La première fois qu’on a eu vent de lui, il venait de Dallas, et il a massacré les deux petits clans qui se partageaient les environs de Houston. Deux nuits plus tard, il a attaqué la famille la plus puissante qui régnait sur Monterrey, au nord du Mexique. Là encore, il a gagné.



- Comment s’y est-il pris ? demanda aussitôt Bella visiblement très intéressée tout comme moi du reste car je commençais à soupçonner certaines choses …



- Il avait créé une armée de nouveau-nés. Il a été le premier à y penser et, au départ, personne n’a pu l’arrêter. Les très jeunes vampires sont incontrôlables, sauvages, presque ingérables. Il est possible d’en raisonner un seul, de lui apprendre à se retenir. Dix en revanche, ou quinze, sont un véritable cauchemar. Ils se retourneront les uns contre les autres aussi facilement qu’ils se jetteront sur un adversaire qu’on leur aura désigné. Bénito était contraint d’en produire de plus en plus, parce qu’ils se battaient entre eux, et parce que les clans qu’ils décimaient, liquidaient plus de la moitié des troupes en se défendant…

car, aussi dangereux soient-ils, les nouveau nés sont faillibles … continua-t-il. Il suffit de savoir s’y prendre. La première année, ils sont dotés d’une force physique incroyable et, pour peu qu’on les incite, ils n’ont aucune difficulté à tuer un pair plus âgé. Toutefois, ils sont esclaves de leurs instincts et, par conséquent prévisibles. Ils n’ont en général aucune habilité au combat, ne jouent que de leurs muscles et de leur férocité. De leur supériorité numérique, dans le cas de l’armée de Benito ….Quand le nombre de cadavres a atteint des proportions épidémiques … votre histoire en attribue la responsabilité à une maladie qui aurait ravagé la population … les Volturi ont fini par s’en mêler ! La totalité des gardes a débarqué sur place et traqué le moindre nouveau-né vivant sur le continent sud-américain. Les Volturi ont commencé par Benito puis par ses troupes. Ils ont nettoyé les lieux de fond en comble … Ces rétorsions ont suffi à calmer les soifs de conquête, et le mouvement ne s’est pas étendu au nord. Le reste de la planète n’a pas perdu l’esprit. Nous devons aux Volturi notre existence actuelle. Cependant, l’idée de créer des nouveaux nés avait été implantée, et certains n’ont pu résister et des luttes se sont poursuivies à une échelle plus modeste toutefois. De temps à autre, quelqu’un dépassait les bornes et les journaux humains se mettaient à poser des questions. Les Volturi apparaissaient et réglaient le problème, sans pour autant toucher à ceux qui avaient respecté les règles …



Jasper arrêta sa narration quelques instants, le regard perdu dans le vide. Puis Bella lui demanda comment il avait été créé. Il se lança alors dans la description de sa création et les raisons pour lesquelles ils connaissaient si bien les nouveau-nés. Pour ma part, mes pensées vagabondaient encore sur ce que je venais de découvrir … Je fis mine de suivre le récit de mon frère alors qu’en fait il n’en était rien …



Son histoire avait tellement de similitudes avec ce qui nous touchait aujourd’hui que je m’étonnais de ne pas avoir fait le rapprochement avant. D’un autre côté, qu’est-ce qui pouvait incitait la création d’une telle armée ? La seule chose qui pouvait attirer les convoitises dans le secteur … c’était tout bonnement, notre famille !!

Je me figeai instinctivement. Bella avait du sentir ma soudaine raideur car elle me regarda discrètement du coin de l’œil. Elle avait du s’imaginer que je réagissais aux propos de mon frère. J’aurais pu le faire car il allait se lancer dans la description de sa transformation et Bella avait du penser que je n’apprécierais pas. Il n’en était rien car je savais qu’il n’entrerait pas dans les détails. Il connaissait mon opinion sur le sujet. Bella ne devait pas savoir … pas encore.



Alors que Jasper décrivait celles qui l’avaient fait mourir, mes pensées repartirent de plus belles …vers les probables organisateurs de cette armée : les Volturi.



Oui, Aro lui-même avait été étonné des dons de chacun et de notre réussite à vivre sans recourir au sang humain. Il jalousait tant Carlisle aussi …Cela pouvait donc aussi bien être Jane ou Caius, l’origine de tout cela. Ils auraient pu faire créer cette armée dans le seul but de nous voir disparaître. Plus particulièrement, Alice et moi puisqu’Aro avait manifesté son intérêt de nous voir rejoindre sa famille. Je me souvenais encore du regard glacial et haineux que m’avaient envoyé tour à tour Jane, Caius et Alec lorsque leur maître m’avait proposé de m’enrôler dans leurs rangs.



Cette théorie pouvait se tenir car une fois les Volturi informés des évènements de Seattle, Aro allait certainement envoyer Jane et Caius justement. Ils pourraient ainsi éliminer les survivants de leur armée pour éviter qu’ils ne parlent afin de s’assurer que nous étions bien tous décimés. Plan parfait …D’autant plus que les Volturi avaient cette connaissance sur les origines de la création des armées de nouveau-nés et pouvaient de ce fait les utiliser à très mauvais escient.



J’étais tellement absorbé par mes pensées que je ne repris le court de la conversation que très tardivement …ma connaissance de son histoire me permettait de ne rien laisser transparaître et ainsi reprendre le fil de la conversation presque comme si rien ne s’était passé.



Jasper était en train d’expliquer comment il savait manipuler les sentiments des gens mais en contrepartie, il étouffait sous leurs ressentis. C’est pourquoi après un siècle, de vengeance et de meurtres, il ne supporta plus la frayeur et l’horreur qu’il infligeait à ses victimes alors qu’il vivait aux côtés de l’une de ses créatrices, Maria. Il tenta donc de changer de vie en partant tel un nomade en compagnie de ses amis Peter et Charlotte afin de se sortir de sa profonde dépression mais eux se satisfaisaient de tuer des innocents alors que Jasper n’en pouvait plus. Puis un jour son chemin croisa celui d’Alice … et là, il ressentit pour la première fois une vague de bonheur. C’était le début d’une nouvelle ère pour lui, pleine d’espoir.Depuis il s’astreignait à l’autodiscipline comme il aimait à le dire mais cela lui restait encore très pénible comme nous avions malheureusement pu le constater à l’anniversaire de Bella.



Ma sœur qui n’avait rien perdu de la conversation, se leva puis s’approcha de lui doucement. Il lui saisit la main puis ils entremêlèrent leurs doigts. Ils se regardèrent ainsi longuement en souriant puis Jasper revint enfin parmi nous et s’adressa de nouveau à Bella afin de terminer son récit :



- Alice m’a raconté ce qu’elle avait vu de Carlisle et des siens. J’ai eu du mal à croire que pareille existence était possible. Elle m’a redonné de l’optimisme cependant et nous sommes partis les retrouver.



Ayant retrouvé momentanément mes esprits je décidais de me manifester par une pointe de bonne d’humeur afin de dissimuler mes inquiétudes plus profondes :



- Et de leur flanquer la frousse de leur vie. Imagine, Bella, dis-je en caressant sa main de mon pouce tout en me tournant vers elle. Emmett et moi étions en train de chasser, et voilà que Jasper débarque, couvert de cicatrices et traînant derrière lui ce petit lutin qui nous salue par notre prénom et demande dans quelle chambre elle peut s’installer.



Alice et Jasper s’esclaffèrent.



- Quand je suis rentré à la maison, toutes mes affaires avaient été entreposées au garage, poursuivis-je.



- Tu avais la plus belle vue, me taquina ma sœur.



Cette fois, tout le monde se mit à rire.



- C’est une belle histoire, commenta Bella.



Nous la regardâmes tous aussitôt, l’air perplexe, ne comprenant pas ce qui pouvait avoir de si beau dans la douloureuse histoire de Jasper.



- La fin, se défendit-elle. La rencontre avec Alice.



- Oui, admit Jasper. Elle a tout changé. Je suis bien, ici.



Malheureusement mon patch de bonne humeur ne fut pas efficace très longtemps car chacun avait compris le message de Jasper à présent … et la tension reprit vite sa place.



- Une armée …murmura Alice. Pourquoi ne m’en as-tu rien dit ?



Toute ma famille se focalisa sur Jasper, attendant des réponses à nos interminables questions : Pourquoi ici ? Pour qui ? Qui en avait eu l’idée ? Pourquoi Jasper ne nous avait-il pas prévenus avant ?



- Je craignais de me tromper, s’expliqua-t-il. De plus quelles sont leurs raisons ? Pourquoi quelqu’un créerait-il une bande de nouveau-nés à Seattle ? Il n’y a, là-bas, ni vieilles histoires ni vendettas. Rien à conquérir non plus, personne ne revendique ce territoire. Les nomades y passent sans s’y arrêter. Et pourtant, tout est là, et je suis sûr que la ville est ravagée par une armée de jeunes vampires. Moins de vingt, à mon avis. Celui ou celle qui les a fabriqués les a lâchés dans la nature. La situation va empirer, et les Volturi vont bientôt rappliquer. Je suis même surpris qu’ils aient laissé les choses s’envenimer aussi longtemps.



- Que pouvons-nous faire ? s’enquit Carlisle.



- Si nous souhaitons éviter l’intervention des Volturi, nous devons détruire ces troupes immédiatement, répliqua aussitôt mon frère, le visage fermé.



Il aurait préféré éviter cette solution mais il n’en connaissait malheureusement pas d’autre.



- Je peux vous enseigner la manière de vous y prendre, reprit-il. Ce ne sera pas facile, sur place. Les jeunes se fichent du secret, pas nous. Nous serons coincés, pas eux. Mieux vaudrait sans doute que nous les attirions à l’extérieur.



- Ce ne sera sûrement pas nécessaire …lâchai-je d’une voix maladroite cachant difficilement mon appréhension. J’avais encore du mal à réaliser que je pouvais avoir raison. Aucun de vous ne s’est-il encore dit que la seule menace de la région exigeant la création d’une armée, c’était … nous ?



Jasper plissa le front et Carlisle ouvrit de grands yeux, tous deux étaient surpris par ma question.



- Le clan de Tanya n’est pas très loin non plus ! objecta Esmé comme pour repousser cette éventualité.



- Les nouveau-nés ne ravagent pas Anchorage. Il me semble nécessaire de considérer que nous sommes leur cible , insistai-je.



- Ils ne nous visent pas, contra Alice. Ou du moins pas encore !



- Ah bon ? Une vision te revient ? lui demandai-je surpris.



- Juste des flashs, d’étranges illuminations. Je n’obtiens pas d’images nettes quand je m’efforce de voir ce qui se passe. Rien de concret. Pas assez pour leur donner un sens. Comme si on ne cessait de changer d’avis, passant d’un plan à un autre, trop vite pour que je saisisse les intentions …



- Quelqu’un d’indécis ? sursauta Jasper perplexe.



- Je ne suis pas sûre … répondit ma sœur.



- Non ! grondai-je. Au contraire. Quelqu’un qui sait pertinemment ce qu’il veut. Qui sait aussi qu’Alice ne pourra rien déceler tant qu’il n’aura pas arrêté son choix. Qui se cache. Qui joue avec ton talent.



- Qui donc ? chuchota ma sœur.



- Aro te connaît comme sa poche, répondis-je d’une voix dure ne parvenant plus à masquer la tension qui m’envahissait.



- Sauf que, s’ils avaient décidé de venir, je l’aurais repéré …



- A moins qu’ils ne veuillent pas se salir les mains, poursuivis-je.



- Ou alors, c’est une faveur, suggéra Rosalie. Quelqu’un du sud, qui a déjà eu des ennuis pour avoir rompu les lois, qui aurait dû être détruit, se voit offrir une seconde chance, à condition de se charger d’un petit problème … Voilà qui expliquerait la mollesse des Volturi.



- Mais pourquoi ? protesta Carlisle. Les Volturi n’ont aucune raison de …



- Si, le coupai-je aussitôt, même si je m’étonne que ça intervienne aussi vite. Aro nous a imaginés, Alice et moi, à ses côtés. Présent et futur, omniscience virtuelle. Pareille puissance l’a séduit. Je pensais qu’il y renoncerait, or c’est là que tu entres en jeu, Carlisle. Toi et ta famille, toujours plus grande, toujours plus forte. Il est poussé par la jalousie et la crainte que tu n’aies … sinon plus que lui, certaines choses dont il a toujours rêvé. Il s’est efforcé de l’oublier, n’y est pas entièrement parvenu. L’idée de couper la tête à la concurrence a germé en lui. Nous sommes le plus vaste clan qui soit, en dehors du sien.



- Ils sont trop dévoués à leur mission ! Objecta mon père. Ils ne prendraient pas le risque de rompre les lois et de contrarier l’ordre qu’ils ont eux-mêmes établi.



Jane et Caius n’en auraient que faire. S’ils agissaient dans le dos d’Aro, tout était possible, j’en étais persuadé. J’avais le sentiment que ma famille ne pouvait pas comprendre car aucun d’eux n’avait lu les pensées d’Aro ou vu les agissements de ses plus proches disciples.



- Il leur suffirait de faire le ménage ensuite, marmonnai-je. Une double trahison en quelque sorte. Pas plus difficile que cela.



- Non, intervint Jasper à son tour. Carlisle a raison. Les Volturi n’enfreignent pas les règles. Et puis, tout cela sent bien trop le travail d’amateur. Celui qui a crée cette menace ignore ce qu’il a déclenché. Pour lui, c’est une première, j’en jurerais. A mon avis, les Volturi ne sont pas impliqués. Pas encore.



Aucun de nous ne savait trop quoi penser. Je restais perplexe car j’étais convaincu que les Volturi n’étaient pas si innocents qu’il n’y paraissait. Cette attente et ces suppositions nous rendaient tous assez nerveux.



- Dans ce cas, allons-y ! proposa Emmett. Qu’est-ce que nous attendons ?



Carlisle m’interrogea du regard pour savoir si nous devions enfin intervenir et nous attaquer à cette armée. Je lui répondis affirmativement par un léger hochement de menton. Il s’adressa ensuite à Jasper :



- Nous avons besoin de toi pour apprendre à les détruire, Jasper …



Ce dernier serra les mâchoires, anéanti à l’idée de tuer de nouveau ou de faire mal à quelqu’un. Je regardais rapidement Bella qui arborait un air horrifié. Son pouls s’était accélérer sous l’effet de la peur sans doute mais j’étais encore trop sur la défensive pour prendre soin d’elle. Nous avions un dernier détail à régler et non des moindres. Nous allions avoir besoin d’aide …



- Il va nous falloir des renforts, confirma jasper. Penses-tu que le clan de Tanya accepterait … cinq autres vampires matures feraient une sacré différence. Avoir Kate et Eléazar de notre côté serait un énorme avantage. La tâche en deviendrait presque facile.



- Nous leur demanderons, acquiesça mon père



- Ne tardons pas, alors … décida Jasper en tirant son portable de sa poche.



Carlisle avait du mal à cacher son inquiétude. Il redoutait le combat qui s’annonçait car il promettait d’être des plus difficiles. Nous n’avions pas eu de nouvelles du clan de Tania depuis fort longtemps. Nos relations s’étaient quelque peu tendues après mon départ précipité au lendemain de ma rupture avec Bella. Ils avaient toujours été des amis pour nous mais il fallait peut être imaginer qu’ils puissent refuser notre requête. Nous n’avions aucune certitude sur l’issue du combat.



Toutes ces raisons rendaient Carlisle fébrile ce qui ne se produisait quasiment jamais.



Il prit donc le téléphone de Jasper et s’éloigna en direction de la baie vitrée. De mon côté, j’emmenai Bella quelque peu à l’écart. Je la pris dans mes bras souhaitant que cela nous apaise tous les deux. Je n’étais pas capable de parler, trop concentré à écouter la conversation de Carlisle.



Tout débuta normalement, certes Tania semblait avoir une voix sèche et ne s’éternisait pas dans ses réponses mais elle écouta tout de même la requête de Carlisle. Sa réponse fut en revanche tout à fait surprenante. Elle lui annonça qu’Irina avait lié une relation particulière avec Laurent. Irina en voulait aux loups-garous de l’avoir liquidé afin de protéger Bella. Elle réclamait une vengeance en souhaitant se débarrasser de la meute avec notre consentement. Ce ne serait qu’à cette condition que le clan de Tania accepterait de combattre à nos côtés.



Carlisle tenta de rester aussi courtois que possible mais il était hors de lui que nos amis puissent nous imposer un tel chantage. Il n’accepta bien évidemment pas et raccrocha promptement en bredouillant que nous nous débrouillerons seuls.



Emmett me demanda ce qui venait de se passer face à l’air dépité de Carlisle. Je lui expliquai ce que je venais d’apprendre en ayant du mal à mentionner la disparition de la meute qu’exigeait Irina. Je ne voulais pas peiner Bella mais elle m’encouragea à poursuivre, curieuse de connaître elle aussi ce que j’avais découvert.



Je la rassurai d’ailleurs sur le fait que mon père n’accepterait jamais ce chantage. Il tenait au traité qui nous unissait aux Quileute et comptait bien le faire perdurer. Nous savions tous que Laurent avait mérité de mourir et je leur en serai toujours reconnaissant d’avoir été là pour sauver la vie de Bella. Ce refus était une mauvaise nouvelle d’autant plus que nous pensions à tort que l’aide de nos amis nous était acquise.



Personne ne pensait à l’éventualité d’une alliance avec les Quileute mais la situation ainsi que la vision de Patte d’Ours et Carol allait nous obliger à nous y résoudre. Je savais que notre salut dépendait aussi d’eux. Ma famille n’était pas encore tout à fait prête à l’attendre mais je savais que les circonstances allaient les y préparer. Carlisle y songeait déjà lui aussi et ce dès qu’il avait raccroché le téléphone. Nous échangeâmes un regard qui prouvait que je ne me trompais pas.



Bella, quant à elle, était perdue, horrifiée même par ce redoutable combat qui nous attendait. Elle redoutait déjà ce qui allait se passer. Nous étions tous encore sous le choc mais Jasper étant à nos côtés pour nous entraîner, rien ne nous était impossible.

Nous allions neutraliser cette armée en mettant tous les moyens de notre côté.

Nous n’avions pas d’autre choix … C’étaient eux ou nous !!



sanaafatine 19-06-10 11:41 AM



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Nous en étions toujours au même point le lendemain midi alors que nous étions au beau milieu de la cafétéria du lycée. Malgré tout, nous tenions aux apparences. C’est pourquoi nous étions retournés en cours et qu’Alice prévoyait toujours d’organiser sa fête comme si aucune menace ne nous attendait. Nous pensions avoir encore un peu de temps devant nous pour nous entraîner et nous préparer à cet affrontement. Nous demeurions confiants malgré tout, espérant qu’Alice nous indiquerait une fois encore le jour de l’offensive. Bella ne voyait pas les choses tout à fait comme nous. Ses traits tirés trahissaient la nuit agitée qu’elle venait de passer. Elle n’avait cessé d’hurler mon prénom et celui d’Alice comme si nous allions mourir. Elle avait été tellement perturbée par les révélations de Jasper que cela hantait même ses nuits. Nous tenions donc à ce que Bella poursuive sa vie et profite encore des belles choses qui l’attendaient encore dans sa vie d’humaine. La fête devait donc avoir lieu … - Tu plaisantes ! s’exclama-t-elle à l’intention de ma sœur. Tu as complètement perdu l’esprit.




- Insulte-moi autant que tu veux, la fête est maintenue ! rétorqua ma sœur. Il n’y a aucune raison d’annuler. Du reste, les invitations ont été envoyées. - Mais les … tu … je … Folie !



- Tu m’as acheté mon cadeau, je m’occupe de tout organiser, donc tu n’as plus qu’à venir.



- Avec ce qui se passe en ce moment, une bringue est parfaitement déplacée, lança Bella d’un ton boudeur.



- Il ne se passe rien, si ce n’est la remise des diplômes, et une bringue se justifie comme jamais. - Alice !


- Ecoute, il nous reste à régler quelques détails avant d’intervenir à Seattle, et ça va prendre un peu de temps. Autant en profiter pour célébrer le positif. Le bac, ça ne se produit qu’une fois dans une vie humaine, Bella, tu n’auras pas de deuxième chance. Il faut fêter le tien maintenant ou jamais.



Je lançai un coup d’œil réprobateur à Alice car je n’appréciais pas trop qu’elle aborde ce sujet dans une cantine bondée d’oreilles indiscrètes. Elle me tira la langue car elle savait que le bruit ambiant avait largement couvert ses paroles.



- Quels détails ? demanda Bella. - Jasper préférerait que nous ayons des renforts, expliquai-je à la place de ma sœur. Le clan de Tanya n’est la seule solution. Carlisle tente de retrouver la trace de vieux amis, et Jasper essaie de recontacter Peter et Charlotte. Il a même songé à Maria, sauf que nous ne tenons pas à impliquer des … gens du sud.



Alice eut un léger frisson à l’évocation de Maria. Elle la détestait pour tout ce qu’elle avait fait endurer à Jasper.



- Nous devrions arriver à les convaincre, poursuivis-je. Personne ne souhaite une visite d’Italie.



- Ces alliés, ils ne seront pas … Végétariens ? - Non, admis-je en bougonnant. Je n’aimais pas que Bella me rappelle ce détail. Je n’étais pas très à l’aise avec l’idée que ces alliés potentiels, adorateurs du sang humain, s’approchent de trop près de ma bien-aimée. Un dérapage était si vite arrivé. - Et vous les feriez quand même venir à ici, à Forks ? insista-t-elle.



- Ce sont des amis, la rassura aussitôt Alice. Tout ira bien. Par ailleurs, Jasper doit encore nous donner quelques ficelles sur la façon d’éliminer les nouveau-nés. J’appréciais l’idée de combattre. Avec mon frère comme professeur, j’étais sûr de les battre aisément. Nous avions si rarement l’occasion de nous défouler et j’entrevoyais cette perspective de combat comme une occasion de nous dégourdir les jambes. Je ne pouvais pas le dire de cette manière à Bella qui bien évidemment ne verrait pas les choses de cette manière. Elle sous-estimait nos forces comme très souvent.
Notre force était trop souvent sous exploitée. Nous ne faisions appel à nos incroyables ressources que lorsque nous chassions car le reste du temps nous devions nous dominer pour paraître humain. Le côté exaltant que pouvait procurer un combat, nous manquait par moment. Je ne ressentais pas réellement un manque, du moins, plus depuis que Bella était entrée dans ma vie. Pour mes frères, en revanche c’était un peu différent. Ils cherchaient toujours à se battre entre eux par l’intermédiaire de jeux tels que les bras de fer ou des concours lors de nos parties de la chasse, histoire de se prouver qui était le plus fort. - Quand comptez-vous partir ? demanda Bella inquiète.



- Dans une semaine, lâchai-je avec décontraction. Histoire de nous préparer. - Tu es toute verte, Bella, s’exclama Alice.



- Ne t’inquiète pas … murmurai-je à ma bien aimée tout en l’enlaçant. Ca va aller. Fais-moi confiance. - Vous avez besoin d’aide, chuchota-t-elle lentement.





- Oui, acquiesça ma sœur, intriguée par cette remarque. - Je pourrais me rendre utile.



Je me raidis aussitôt, comprenant où elle voulait en venir. Je resserrai mon étreinte autour de sa taille. J’inspirai profondément afin de ne pas manifester trop rapidement ma désapprobation. Je devais garder le contrôle car nous n’étions pas seuls, la cafétéria était bondée. Ma sœur s’occupa de lui répondre en attendant que mon énervement s’estompe quelque peu. J’espérais que les explications de Jasper sur les nouveau-nés lui auraient fait changer d’avis et qu’elle reculerait l’échéance. Au lieu de cela, elle s’entêtait à vouloir abréger sa vie. - Tu ne nous rendrais aucun service, rétorqua Alice qui elle, avait su conserver son calme.



- Pourquoi ? Huit, c’est mieux que sept. Une semaine suffirait amplement à me transformer.
- Tu ne serais d’aucune efficacité, objecta ma sœur d’un ton plus dur, cette fois. Souviens-toi de ce qu’a dit Jasper des jeunes. Tu ne saurais pas te battre, tu ne contrôlerais pas tes instincts, tu serais une cible facile. Edward risquerait d’être blessé en voulant te protéger.



Ce dernier argument avait fait mouche et Bella se tassa aussitôt sur sa chaise en guise de reddition. Ma sœur croisa les bras sur sa poitrine pour paraître plus solennelle encore. Et moi … et bien, j’étais soulagé que ce sujet se soit enfin éloigné. Je voulais juste lui rappeler une dernière fois qu’elle ne devait pas vouloir être transformée pour de mauvaises raisons.


- Tu ne deviendras pas l’une des nôtres juste parce que tu as peur, lui remémorai-je. - Flûte ! s’exclama soudain Alice. Je déteste les désistements de dernière minute. Bon, nous ne serons plus que soixante-cinq.





Elle avait toujours l’art de faire changer le sens d’une discussion. Autant par moment, je trouvais que c’était pénible autant cette fois, je la bénissais. - Soixante-cinq ! sursauta Bella, visiblement abasourdie.



- Qui annule ? demandai-je à mon tour. - Renée. - Quoi ? s’écria Bella. - Elle comptait te faire la surprise de sa venue, mais il s’est passé quelque chose. Un message t’attend chez toi.
Etonnamment ma bien-aimée semblait soulagée par cette nouvelle. Je n’en comprenais pas la raison car je pensais qu’elle aurait apprécié d’avoir sa mère à ses côtés lors de la remise des diplômes. Une fois encore Bella, me surprenait. Dès notre retour chez elle, Bella interrogea son répondeur pour y découvrir le message de sa mère comme le lui avait indiqué Alice. Renée lui expliquait que Phil s’était brisé le fémur en heurtant un joueur de plein fouet. Ne pouvant plus se déplacer, il dépendait entièrement d’elle et elle ne pouvait pas le laisser seul. A la fin du message, Bella marmonna : - Eh bien, une de moins.
- Comment ça ? lui demandai-je surpris. Cette phrase correspondait-elle à sa réaction de soulagement de tout à l’heure. A quoi songeait-elle … - Une personne dont je n’ai plus à craindre qu’elle sera tuée cette semaine. Je levai les yeux au ciel trouvant sa remarque déplacée mais elle me permettait aussi de mieux comprendre sa réaction au sujet de sa mère.



- Pourquoi Alice et toi ne prenez-vous pas cela plus au sérieux ? s’énerva-t-elle.



- Parce que nous avons confiance en nous ! répondis-je en souriant.



- Quel argument convaincant ! rétorqua en s’emparant du combiné.
S’en suivit une longue conversation avec sa mère. Disons plutôt que Bella dût subir le long monologue de Renée qui s’enquit tout de même des douzaines de fois de l’humeur de sa fille. Elle voulait s’assurer que Bella ne lui en voulait pas trop pour son désistement. Quant à moi, je patientais calmement aux côtés de ma bien-aimée. Je jouais avec ses cheveux tout en la contemplant. Elle était si belle que je ne me lassais jamais de la regarder.




J’avais très envie de l’embrasser, de la prendre dans mes bras avec force pour lui témoigner le désir que j’éprouvais pour elle. Plus je passais du temps près d’elle, plus je sentais l’intense attraction entre nous. C’était comme si son corps appelait le mien. Il me devenait de plus en plus difficile de retenir mes pulsions, c’est pourquoi je me contentais, soit de lui caresser les cheveux, soit d’abréger nos étreintes de plus en plus fréquemment. Dès qu’elle eut raccroché, elle se hissa sur la pointe des pieds pour m’embrasser comme si elle avait compris que je n’attendais que cela depuis un bon moment. Je l’enlaçai alors rapidement pour la poser sur le plan de travail. Je lui rendis son baiser plus intensément encore tandis qu’elle nouait ses mains autour de ma nuque. Elle vint ensuite se blottir contre mon torse mais j’avais envie de plus … nettement plus. Or cela m’était impossible. Je la repoussai donc doucement, à contre cœur. Elle fit la moue, mécontente alors que je m’esclaffai espérant cacher mon immense frustration.





- Tu me supposes capable d’un contrôle de moi absolu, mais ce n’est pas vrai, m’excusai-je en soupirant. - Dommage ! soupira-t-elle à son tour.



- Demain, après le lycée, j’irai chasser avec Carlisle, Esmé et Rosalie. Nous ne serons absents que quelques heures et nous ne nous éloignerons pas. Alice, Jasper et Emmett suffiront à te protéger. - Je ne suis pas un bébé qu’il faut garder … grogna-t-elle. - Ce n’est que temporaire.
- Jasper va s’ennuyer, Emmett se ficher de moi. - Ils se comporteront en gentlemen. - Ben tiens ! railla-t-elle. - Je ne suis pas allée à La Push depuis la soirée feu de camp … reprit-elle.
Je tenais peut-être là l’occasion de prévenir les Quileute. Et peut-être accepteraient-ils de nous aider… Je me doutais que Bella ne tarderait pas à leur apprendre ce qui se passait et qu’ils réagiraient très certainement afin de préserver les humains de la région. Cette visite inattendue à la réserve n’était pas une si mauvaise idée. - Là-bas, je ne risquerai rien, insista-t-elle. - Tu as raison ! admis-je enfin. - Tu as déjà soif ? me demanda-t-elle en caressant délicatement l’ombre de mes cernes. - Non, pas vraiment.
Je comprenais bien qu’elle souhaitait connaître la raison de cette soudaine expédition mais j’avais peur qu’en lui avouant la vérité, elle ne s’inquiète encore plus.


- Nous désirons être les plus forts possible, lui avouai-je tout de même un brin réticent. Nous chasserons sans doute en allant là-bas, d’ailleurs. Du gros gibier. - Pour vous donner des forces ? - Oui. Du sang humain serait plus efficace. Jasper a envisagé de tricher, en dépit de sa répugnance. Son sens pratique l’emporte toujours. Il ne le proposera pas, cependant. Il sait que Carlisle refusera. - Pourtant ce serait mieux. - Aucune importance. Nous n’allons pas renoncer à nos pratiques pour autant.

Comme je le craignais, Bella eut l’air horrifié mais je ne faisais que lui avouer la dure réalité à laquelle nous étions dorénavant confrontait à cause de cette armée. Je détestais autant qu’elle la perspective de boire du sang humain mais nous avions été obligés d’y songer. Tous les moyens pour nous rendre plus forts étaient les bienvenus. - C’est pourquoi les nouveau-nés sont si puissants, repris-je. Ils sont gorgés de leur propre sang, qui réagit à la transformation. Il s’attarde dans leurs tissus, leur corps l’épuise lentement. Comme l’a précisé Jasper, il faut un an environ pour que le phénomène disparaisse. - Et moi, je serai forte ? - Plus que moi ! lui répondis-je amusé par sa question. - Plus qu’Emmett ? - Oui, m’esclaffai-je. Rends-moi service, à propos. Défie-le à un bras de fer, ça lui servira de leçon. Elle se mit à rire à son tour, tout en descendant du plan de travail. Je l’avais ensuite aidé à finir ses dernières révisions afin qu’elle soit fin prête le lendemain pour les épreuves de maths et d’histoire. Elle appela ensuite le cabot pour lui proposer une visite le lendemain après-midi. Il hurlait tellement dans le combiné que je n’avais pas de mal à deviner sa réaction. Bella aussi semblait satisfaite et j’étais heureux que certaines choses puissent encore la faire sourire en cette période difficile. Après avoir raccroché, elle s’exclama :



- Tu peux partir tranquille, je serai en lieu sûr sur la réserve. J’irai chez Jacob dès la fin de mes examens comme cela tu n’auras pas à te soucier de moi… - Je dois aller chasser car j’y suis obligé et je préférerais mille fois rester à tes côtés , lui murmurai-je d’une voix peinée tout en la serrant dans mes bras.



- J’espérais qu’ainsi tu pourrais peut-être revenir un peu plus tôt … répondit-elle alors avec une moue boudeuse. - Je tiens à t’y accompagner … et cela ne m’empêchera pas d’être de retour à temps pour venir te chercher, concluai-j’en l’embrassant. Le Lendemain, en début d’après-midi, j’étais donc au volant de ma Volvo afin de déposer Bella sur la réserve. J’étais plutôt soulagé de la savoir là-bas pendant mon absence, même si je savais que mes deux frères étaient tout aussi capables de veiller sur elle que moi. Bella se sentirait moins seule en compagnie du cabot qu’avec Jasper et Emmett. Je conduisais doucement car je n’étais tout de même pas si pressé que cela de la déposer. Elle allait me manquer d’autant plus que je n’étais jamais très à l’aise de la savoir auprès du cabot. Non pas que je doutais d’elle mais plutôt de lui … Pour ne pas trop lui faire part de mon inquiétude, je me mis à la questionner sur ses épreuves du matin. - Alors, comment ont marché les examens ? - L’histoire a été facile, j’ai des doutes concernant les maths. J’ai eu l’impression de m’en tirer, ça signifie sûrement que je me suis plantée. - Je suis certain du contraire. Mais si ça t’inquiète vraiment, je peux soudoyer M.Varner pour qu’il te mette une bonne note, la taquinai-je. - Non merci.

Alors que j’empruntais le dernier virage nous menant à la frontière, je perçus aussitôt les bruyantes pensées du jeune Quileute. Je me garai et poussai un long soupir anxieux à l’écoute de ses vociférations. Que braillait-il ? Quelque chose que j’aurais préféré ne pas entendre.
- Que se passe-t-il ? me demanda Bella alors qu’elle s’apprêtait déjà à le rejoindre.



- Rien, lâchai-je d’une voix tendue, les yeux fixés sur la voiture rouge de mon rival. J’aurais aimé être un super héros à cet instant, à l'image de Superman avec ses yeux capables de lancer du feu. J’aurais aimé faire exploser cette voiture pour lui prouver que j’avais bien reçu son message. J’aurais tant voulu ne pas lire ses pensées car je n’allais pas partir serein bien au contraire.


Il répétait sans cesse « Je l’aime, je veux le lui dire et c’est moi qu’elle va choisir … »



- Ne me dis pas que tu espionnes Jacob ! s’offusqua-t-elle. - Difficile d’ignorer quelqu’un qui braille autant, répliquai-je. - Ah ! Et que braille-t-il ?
- Je suis certain qu’il t’en parlera, riadminhelpai-je sèchement. Le cabot se mit à klaxonner à deux reprises, accentuant mon énervement. - Quel mal élevé ! râlai-je. - C’est tout lui ! admit-elle en descendant de la voiture. Elle courut le rejoindre, se retournant seulement une fois afin de me faire un petit geste de la main en guise d’au-revoir. Je ne lui cachais même pas ma contrariété, je n'en avais pas la force. J’étais abasourdi par ce que je venais de lire dans les pensées du cabot. Je craignais cela depuis le début mais pourquoi choisissait-il de lui en parler maintenant.
Maintenant qu’elle n’était peut-être plus aussi sûre d’elle, de ce qu’elle désirait. Elle redoutait même l’échéance de sa fin prochaine. Bella voulait me faire croire qu’elle était prête mais il n’en était rien. C’était trop tôt et je le savais. Cela la rendait vulnérable et il risquait de la faire douter définitivement … c’était ce qu’il voulait. Le cabot voulait qu’elle le choisisse, lui plutôt que moi. Il espérait qu’en lui déclarant ses sentiments, elle aurait alors le choix … celui de rester à jamais à mes côtés ou alors celui de vivre pour toujours avec lui. J’étais anéanti. Je m’étais préparé à l’idée qu’un jour elle puisse changer d’avis et vouloir vivre autre chose mais pourquoi avec lui ?



Je ne voulais pas la perdre et je ne le supporterais jamais. J’avais commis cette terrible erreur une fois et ce n’était pas ce cabot qui allait s’en charger une deuxième à moins que Bella … que Bella ne le choisisse, lui ! Ce serait la fin de mon monde mais je ne m’interposerais pas dans son bonheur puisque ce serait ce qu’elle aurait choisi. J’étais toujours plongé dans mes sombres pensées en arrivant chez moi. Esmé, Carlisle et Rosalie m’attendaient déjà pour partir chasser. Ils avaient tous remarqué mon humeur massacrante mais aucun ne me demanda quoique ce soit. Seule Alice avait deviné ce qui me bouleversait à ce point. Elle avait lu mes pensées et me rassura d'une part, mais d'autre part, elle me fit aussi des reproches, notamment que j'en étais arrivé là par ma seule faute. Oui, j'avais bêtement accepté que Bella côtoie de nouveau le cabot. Je lui avais ainsi laissé le champ libre d'agir et sur sa réserve, en plus. Ma soeur était admirative face à mon dévouement au nom de leur amitié mais elle me trouvait aussi stupide de faire confiance à ce vil loup garou.
Je ne pris même pas la peine de réagir à ses réflexions. Je n'étais pas en état de parler sans m'énerver. Elle me confia qu'elle allait surveiller Bella pour me prévenir dès qu'elle souhaiterait quitter la réserve. Je la remerciai d'un léger hochement de tête et nous partîmes donc chasser. Nous nous rendions sur un territoire un peu plus loin que d’ordinaire pour être certains de trouver du gros gibier. Nous avions choisi le parc national d'Olympic. En théorie, il n'était pas très éloigné de Forks puisqu'il débutait dès la plage de La Push mais en pratique, pour chasser, nous devions nous rendre en altitude ou au fin fond des immenses forêts de sapins géants. Aujourd'hui nous avions décidé de nous rendre dans la forêt tropicale Hoh.


Les arbres étaient si hauts et tellement recouverts de mousse que cela leur donnait un côté mystérieux qui aurait pu effrayer plus d'un humain. En revanche, pour moi c'était comme un refuge. Je n'y étais pas allé depuis longtemps car je ne m'éloignais plus beaucoup de Bella depuis quelques temps mais c'était une bonne idée de venir ici justement aujourd'hui. J'allais pouvoir retrouver un peu de sérénité avant de rejoindre ma bien-aimée. Je courais donc à pleine vitesse dans ces gigantesques fougères, certaines étaient mêmes plus hautes que moi. La brume obscurcissait encore plus le décor, situation idéale pour attraper de très belles proies. Nous nous étions dispersés tous les quatre pour ratisser encore plus de terrain.



Nous étions au pied de l'une des nombreuses montagnes du parc obligeant nos proies à n'avoir d'autres choix que de courir vers nous. Carlisle pourchassait une famille de lynx alors que je poursuivais un couple de pumas. Esmée et Rosalie avait des vues sur une tribu de coyotes. Contrairement à la plupart de mes chasses, je ne courais pas aveuglé par la soif. Ma gorge ne me tiraillait pas et seul mon odorat était en éveil pour pister mes proies. C'était une situation peu courante mais bien agréable car elle me permettait de me délecter de cette poursuite dans ce lieu magique. Je prenais presque plus de plaisir à courir derrière ces félins qu’à m’imaginer leur ôter la vie. Je n'aimais pas me représenter comme un prédateur car j'avais tendance à vouloir oublier ma vraie nature. Mes sombres pensées d'aujourd'hui me poussaient à rêver de redevenir humain comme Bella. Oui, tout serait si simple, si nous étions tous deux faits de chair et de sang. Plus besoin de refouler mes pulsions, mon désir ardent pour elle. Je pourrais laisser libre court à mes envies sans jamais abréger nos étreintes. Plus de faux semblants, d'apparences à conserver puisque nous n'aurions plus rien à cacher. Plus de nouveau-nés, d'armée à affronter vu que nous ne serions plus un clan renommé et craint par d'autres ennemis. Plus de rival pour nous séparer car moi aussi j'aurais ce corps chaud et rassurant pour la protéger. Et surtout être humain signifierait que Bella aurait la vie devant elle et ne s'obligerait plus à vouloir mourir coûte que coûte. C'était ma nostalgie et mon angoisse qui me faisaient délirer car j'étais et resterais toujours un vampire. L'avenir qui m'attendait allait être magnifique avec Bella à mes côtés. La peur qu'elle ne m'abandonne à son tour me faisait perdre la raison … Heureusement ma course m'avait mené face à mes deux imposantes et redoutables proies. Un féroce combat commença. Le mâle protégeait sa femelle contre mes attaques mais l'obligation de me nourrir était plus forte que ma pitié. C'était ces deux pumas ou de malheureux humains innocents … pour m'aider à obtenir assez de force afin d'affronter l'armée qui nous attendait. Ce repas n'avait aucune saveur. Il avait un arrière goût amer mais mes forces avaient estompé mes cernes et cela restait l'essentiel. Je rejoignis ensuite mes parents et Rosalie pour rentrer à la maison. Alice m'attendait sur le perron. Elle semblait agitée. A son regard, je sus tout de suite qu'il s'agissait de Bella.
- Elle n'est plus sur la réserve … il semblerait que le loup l'ait ramené chez elle …


- Pourquoi ? lui demandai-je aussitôt. Elle savait que je devais venir la chercher dès qu'elle m'appellerait. - Peut-être parce qu'elle n'avait plus son téléphone ! me répondit-elle en me tendant le portable qui aurait du être dans la poche du manteau de Bella. Il était sur le siège passager de ta voiture. - Tu as l'air contrariée ? Que se passe-t-il ? la questionnai-je anxieux. - Elle est en colère mais je ne saurais pas te dire pourquoi …
Sur cette dernière phrase, je courus jusqu’à ma voiture. J'allai la rejoindre même si elle ne m'avait pas encore appelé. Je m'en voulais de ne pas mettre aperçu qu'elle avait laissé son portable dans la Volvo. J'étais tellement anéanti après l'avoir déposé que je n'avais même pas remarqué qu'elle l'avait oublié. Pourquoi le cabot avait-il ramené Bella chez elle ? Elle ne voulait plus me parler ? Elle était en colère contre moi parce qu'elle ne pouvait pas me joindre ? Les pires pensées m'assaillirent soudainement. Lorsque que mon téléphone vibra dans ma poche et après un bref coup d'oeil, j'aperçus le numéro de la maison de Bella. Je fus envahi d'une immense vague de soulagement. Je décrochai donc sans attendre. - Bella ? m'exclamai-je sans pouvoir cacher ma joie. Tu as oublié le portable. Je suis désolé. Jacob t'a raccompagnée chez toi ?



- Oui. Viens me chercher, s'il te plaît, s'exclama-t-elle apparemment en colère, comme me l'avais annoncé ma sœur. - Je suis en route. Que se passe-t-il ? demandai-je en faisant référence à son énervement. - Je voudrais que Carlisle examine ma main. Elle est cassée, me semble-t-il. Cassée … ce mot raisonnait affreusement en moi … Que s'était-il passé ? Le cabot ne savait pas prendre soin de Bella. Il m'avait pourtant juré et il s'était même vanté qu'elle ne risquait rien avec lui. Je sentais que l'énervement de Bella commençait à me contaminer même si j'ignorais encore les raisons du sien. - Comment est-ce arrivé ? lui demandai-je aussitôt. - J'ai donné un coup de poing à Jacob.



Avais-je mal entendu ? Bella avait voulu s'en prendre à ce jeune colosse tout en sachant qu'il était nettement plus fort qu'elle. Qu'avait-il pu faire pour obliger Bella à réagir de manière si impulsive ? - Bien. Navré que tu te sois fais mal, dis-je en contenant ma colère contre ce sale cabot. - Je regrette de ne pas lui avoir fait mal à lui.



- Je peux t'arranger ça, si tu veux, répliquai-je tout naturellement sans pouvoir cacher ma hargne à présent.



- Je n’en attendais pas moins de toi, merci. - Voilà qui ne te ressemble pas. La raison de ce coup ? lui demandai-je surpris car elle n’était pas agressive d’ordinaire. - Il m’a embrassée … Je fus incapable de répondre. J’étais en train de me représenter ce cabot obligeant Bella à l’embrasser. Il avait pris ses rêves pour des réalités. Je sentais ma gorge me brûler sous l’effet de la rage que ce cabot provoquait. J’accélérai alors pour compenser ma frustration de ne pouvoir le liquider sur le champ et aussi pour arriver plus vite auprès d’elle. J’espérais qu’il était encore là car je n’avais qu’une envie, lui faire passer l’envie de recommencer ! - Le clébard est encore dans les parages ? finis-je par demander après un court moment. - Oui. - Je suis au coin de la rue, lâchai-je en raccrochant brutalement.

Je me manifestai bruyamment devant chez elle, m’arrêtant en faisant crisser les pneus de ma Volvo. Je courus aussitôt à sa porte qui s’ouvrit sans que je n’aie besoin de frapper. Bella m’apparut la main entourée d’un torchon rempli de glace. Son père était derrière elle. Je lui demandai de me montrer sa main. Je l’examinai délicatement pour constater qu’elle semblait effectivement cassée.



- J’ai l’impression que c’est cassé, en effet. Je suis fier de toi. Tu n’as pas dû ménager ta force. - J’y suis allée de bon cœur ! admit-elle. Ca n’a pas suffi, apparemment. Elle avait bien de la rancœur contre le cabot. J’allais devoir me charger de lui remettre les idées en place. Je ne supportais pas de voir Bella souffrir et encore moins parce qu’il s’était cru subitement dans son bon droit, tout cela parce que soit disant il l’aimait. Je lui embrassai délicatement la paume en lui chuchotant : Je m’en occupe. Puis j’appelai le cabot qui était vautré dans le canapé de Charlie. Il vint vers moi, sûr de lui et nullement intimidé. Charlie, lui était nettement moins à l’aise et se sentit obligé d’intervenir :
- Allons, allons messieurs. Pas de bagarre ! me lança-t-il comme si j’étais responsable de cette situation.


Une fois encore Charlie ne put cacher son parti prix pour Jacob. C’est compris ? S’il faut de l’officiel, je remets mon badge. - Ce ne sera pas nécessaire, répliquai-je tendu. Bella n’avait pas non plus apprécié la réaction de son père car elle s’interposa aussitôt : - Et si tu m’arrêtais, papa ? C’est moi qui ai commencé. Cet idiot l’avait pris au mot et il se tourna vers Jacob : - Portes-tu plainte, Jake ? marmonna-t-il. - Non ! répondit le cabot en arborant un grand sourire. J’en ai vu d’autres. - Papa ? Tu n’aurais pas une batte de Base-ball dans ta chambre, par hasard ? J’en ai besoin. Rien que pour un instant. - Ca suffit, Bella, la sermonna-t-il. - Allons consulter Carlisle avant que tu ne finisses en taule, lançai-je exaspéré. Je la pris par l’épaule pour l’emmener jusqu’à ma voiture.



Elle me suivit sans résistance, sans même se retourner mais le cabot avait décidé de nous suivre. Charlie lui déconseilla de nous rejoindre mais ce dernier lui claqua la porte au nez pour le faire taire. Je préférais l’ignorer et je continuais de conduire Bella à l’abri dans ma Volvo. Je l’aidai à s’installer et seulement une fois la portière refermée, je me tournai vers le clébard pour l’affronter. Bella se pencha par la fenêtre, anxieuse à l’idée que l’on puisse se battre tous les deux.



- Je ne vais pas te tuer maintenant, lui lançai-je en masquant ma colère. Je ne tiens pas à bouleverser Bella. - Je t’en prie ! lança-t-elle. Ne te gêne pas pour moi. - Tu le regretterais demain matin, objectai-je en lui souriant et en lui effleurant la joue. Mais toi, repris-je en fixant le cabot, si tu me la ramènes une nouvelle fois abîmée, et je me fiche d’en connaître la raison, qu’elle ait trébuché ou qu’un météore lui soit tombé sur le crâne, bref, si elle ne revient pas en parfait état, tu te retrouveras à courir sur trois pattes. Pigé, espèce de sale cabot ? Il leva les yeux au ciel guère impressionné par mon petit numéro. Il voulait juste se battre mais je ne lui donnerais pas cette satisfaction. - Ne t’inquiète pas, il est hors de question que je retourne là-bas ! hurla Bella. - Et si tu l’embrasses encore, enchaînai-je, je te jure que je te brise la nuque. - Imagine un peu qu’elle en ait envie ? riadminhelpa-t-il pour me narguer.



Il cherchait le moyen de me faire perdre le contrôle, surtout que Charlie ne perdait rien de notre conversation. Il voulait le prendre comme témoin si jamais nous en venions aux mains. - Si c’est ce qu’elle veut, je ne m’y opposerais pas, répondis-je sans trahir la moindre émotion. Seulement, attends qu’elle te l’ait demandé au lieu de prendre tes désirs pour des réalités. - Ca c’est sûr ! s’exclama Bella. - Bon, si tu as fini ta leçon de morale, occupe-toi donc de la faire soigner, me rétorqua le cabot faussement agacé. - Dernière chose. Sache que je me battrai moi aussi. Je ne considère rien comme acquis, et je lutterai avec plus de vigueur que toi. Je faisais référence à ce qu’il avait dit à Bella sur le fait qu’elle avait le choix entre lui et moi. C’était ce que j’avais lu dans ses pensées lorsque j’avais déposé Bella sur la réserve un peu plus tôt. Il s’était ainsi officiellement posé comme un rival.



- Tant mieux. Ce n’est jamais drôle, quand l’adversaire déclare forfait. - Elle m’appartient, grondai-je sous la colère. Je n’ai pas dit que je me battrai proprement. - Moi non plus. - Alors bonne chance. - Et que le meilleur gagne ! Le meilleur homme s’entend, rajouta le cabot - C’est ça … chiot, répliquai-je pour tenter de le mettre en colère à son tour. Il grimaça prêt à s’énerver mais se ressaisit aussitôt et se pencha vers Bella en souriant. Il lui souhaita de se remettre rapidement. Je m’assis alors dans la voiture puis démarrai en trombe pour laisser le cabot regarder nous éloigner dans la poussière. Je m’enquis de sa main mais Bella m’assura qu’elle avait connu pire. Effectivement sa douloureuse blessure à la jambe me revint désagréablement en tête. Avec la disparition du cabot, ma colère s’était doucement estompée. Il m’avait poussé dans une rage folle. L’idée qu’il ait pu poser ses lèvres sur celles si délicates de ma bien-aimée me rendait complètement dingue.



J’avais déjà du mal à supporter qu’il puisse la toucher ou la prendre dans ses bras alors l’idée qu’il l’ait embrassé était tout simplement impossible pour moi à digérer d’où ma colère et ces mots empreints d’une telle possessivité qui me ressemblaient si peu. Il fallait que je sois complètement aveuglé par ma jalousie pour oser dire que Bella m’appartenait car ce n’était nullement le cas et c’était sans doute pour cette raison que je réagissais si mal. Mon envie de la voir devenir ma femme était de plus en plus forte. Ce qui venait de se produire reflétait mon anxiété de la voir refuser de vivre à mes côtés pour l’éternité. J’avais pris une nouvelle fois conscience que je pouvais la perdre et que j’allais devoir me battre pour qu’elle reste avec moi. Je venais de comprendre que je n’avais d’autre choix que de forcer le destin si je voulais obtenir ce que je désirais tant …



Je me garai devant le garage où bricolaient Rosalie et Emmett. Ce dernier remarqua aussitôt la main anormalement recroquevillée de Bella. - Tu t’es encore cassé la figure, Bella ? se moqua-t-il. - Non ! rétorqua-t-elle acerbe. J’ai filé un coup de poing dans la tronche d’un loup-garou. Il se mit à rire à l’idée que Bella ait tenté de s’attaquer à un loup-garou. C’était perdu d’avance mais malgré tout, elle n’avait pas pu se retenir de lui flanquer un coup de poing. - Jasper va gagner votre pari, commenta Rosalie.





Emmett cessa aussitôt de rire à l’idée que Jasper puisse gagner ce stupide pari. Ils s’étaient mis dans l’idée de parier sur le nombre de fois où Bella pourrait craquer la première année. Par ce moyen, Jasper essayait de se convaincre qu’il ne serait plus le « cancre » de la famille. Je le soupçonnais presque d’espérer que Bella soit un terrible nouveau-né. Je n’approuvais pas leur pari mais ils ne m’avaient pas demandé la permission et encore moins dit ce qu’il y avait à remporter en cas de victoire. Je n’avais pas parié car j’avais bien trop foi en Bella pour m’imaginer quoique ce soit. Certes, il lui serait difficile de ne pas s’attaquer à quelques humains au début mais je ne pouvais pas me résoudre à l’imaginer en tueuse sanguinaire. J’étais persuadé qu’elle allait me surprendre mais je ne le lui avouerais jamais de peur qu’elle ne prenne trop confiance en elle et n’avance encore plus sa transformation.



Bella marqua un temps d’arrêt alors que nous avancions vers la maison. -Quel pari ? Je n’avais pas envie de le lui expliquer car je trouvais ce pari malsain et je ne voulais pas lui faire de peine. - Allons voir Carlisle, répondis-je en faisant comme si je n’avais rien entendu. - Quel pari ? insista-t-elle. - Merci, Rosalie ! soupirai-je en entrainant Bella à l’intérieur de la maison. - Edward … - Des bêtises, la rassurai-je. Emmett et Jasper sont joueurs. - Si tu ne me dis pas de quoi il s’agit, je retourne questionner Emmett. - Ils ont parié sur le nombre de fois où… tu flancherais, la première année … avouai-je tout de même à regret.

Je voulais éviter qu’elle n’y songe sans arrêt car ce pari idiot pouvait la faire trop réfléchir et s’imaginer à tort quel monstre, elle pourrait devenir. Je ne la laisserais jamais être un monstre, je l’en empêcherais. Nous irions au bout du monde s’il le fallait pour éviter que le sang humain ne soit une insupportable tentation.



- Oh ! Sur le nombre de personnes que je risque de tuer ? - Oui. Rosalie estime que ton tempérament joue en faveur de Jasper. - Et il a parié gros. - Il se sentira mieux si tu as du mal à t’adapter. Il en a assez d’être le maillon faible. - Ben voyons ! Si ça peut lui faire plaisir, je commettrai un ou deux crimes supplémentaires, s’énerva-t-elle à moitié, visiblement contrariée comme je le craignais. - Ne t’inquiète pas de cela maintenant. Tu peux aussi renoncer, ça ne tient qu’à toi.



Je n’entendis qu’un léger gémissement en guise de réponse. Je ne savais plus trop si c’était à cause de sa main ou à cause de ses doutes concernant ce qu’elle serait après sa transformation. Son comportement ne me rassura pas lorsque Carlisle la soigna. Elle ne portait pas vraiment attention à ce qu’il lui disait. Fort heureusement, elle n’avait rien de grave mais elle ne semblait même pas soulagée. Elle était ailleurs, les yeux perdus dans le vague. Elle réfléchissait et j’espérais que ce pari stupide n’en était pas la cause. Je lui demandais régulièrement comment allait sa main mais elle ne me répondait que du bout des lèvres. Je redoutais que les événements de cette pénible journée ne l’ai faite changer d’avis. Je m’étais tellement préparé au fait qu’elle serait prochainement transformée que j’avais du mal à envisager qu’elle puisse changer d’avis. Elle semblait si déterminée jusqu’ici que je m’étais habitué à cette idée mais si elle doutait cela remettait tout en question.



Je ne la forcerais jamais. Si elle devait rester humaine, je resterais auprès d’elle jusqu’au jour où elle ne voudrait plus de moi. Elle se lasserait vite cependant si je ne pouvais pas lui apporter ce qu’elle était en droit d’attendre. Comme une vraie intimité, ou avoir des enfants par exemple. C’était un risque à prendre si cela lui garantissait le bonheur. Je lui avais si souvent demandé de ne pas se précipiter, de profiter de sa vie d’humaine que si elle devait m’écouter aujourd’hui, ce serait une très belle chance pour elle mais quelle serait ma réaction ? Je l’ignorais encore …



sanaafatine 19-06-10 11:44 AM



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J'étais en route pour la maison de ma bien-aimée. Nous étions à l'aube de la remise des diplômes mais aussi à celle de l'une des journées les plus importantes dans la vie humaine de Bella. Alice était partie en éclaireur, en quelque sorte, car elle avait un cadeau pour son amie. Elle lui avait acheté une très jolie tenue pour cette journée particulière. Je n'avais pas eu la chance de la voir avant mais j’avais rapidement renoncé en me disant que je préfèrerais la découvrir sur Bella et qu’elle la rendrait encore plus magnifique.
Cette journée sonnait la fin des deux années les plus incroyables de mon existence. C’était d'une part mes dernières années de lycée à Forks et surtout le début de notre nouvelle vie à Bella et moi-même. J'avais même réussi temporairement à occulter de mes pensées, l'armée que nous allions devoir affronter. Je ne voulais penser à rien d'autre qu’à Bella et à la soirée qui nous attendait : la fameuse fête organisée par ma sœur. A vrai dire, je devais avoir de l'optimisme pour deux car Bella était quelque peu nerveuse avec cette fête et le combat qui nous attendait. Elle s'inquiétait encore plus pour nous depuis qu'elle savait que nous n'aurions aucun allié pour nous aider.
Quant à moi, je voulais rester confiant… Je restais persuadé que les Quileutes nous aideraient. Je l'avais vu dans la vision de Patte d'Ours. J'allais devoir leur en parler très rapidement pour qu'ils puissent se joindre à nous afin de vaincre cette armée encore plus rapidement. Je redoutais un peu ma prochaine entrevue avec le cabot car nous nous étions quittés en mauvais termes. Je lui en voulais encore et je n'allais pas capituler. Je préparais ma riadminhelpe mais il ne fallait pas effrayer Bella alors j'attendais le bon moment pour me déclarer…
Il y avait peut être une chose que j'appréhendais aujourd'hui … Charlie. Je savais qu'il ne m'appréciait pas beaucoup mais encore moins depuis une semaine. En effet, c’était à cette date qu'il avait découvert une raison supplémentaire de me détester. Il voulait absolument emmener sa fille à la remise des diplômes comme le bon père qu’il était sauf que Bella ne le souhaitait pas. Elle lui avait annoncé qu'elle désirait y aller avec moi…



Comme je sentais l'incident diplomatique approcher, j'avais rapidement proposé que nous nous y rendions tous les trois afin qu'aucun de nous ne se sente lésé. Il accepta cette solution en rechignant longuement toutefois. Il n'avait plus vraiment le choix après que Bella lui ait appris que mes parents ne s’y étaient pas du tout opposés, eux. Alors il ne se gêna pas pour me préparer une petite vengeance…





Nous allions nous y rendre avec la voiture de patrouille ! J'avais déjà lu dans ses pensées. La joie que cela lui procurerait de me voir assis à l'arrière de son véhicule tel un criminel ! Je n'étais plus surpris et je prenais même cela avec humour car Charlie n'était pas un homme méchant. Il avait juste peur que sa fille ne l'abandonne trop rapidement. J'étais l'une des raisons de son futur éloignement alors que si elle choisissait Jacob, elle ne se serait peut-être pas autant éloignée …
Il n'était pas si dupe que cela Charlie ! Il ne connaissait pas les vraies raisons du prochain éloignement de sa fille mais il sentait que c'était lié à moi et il me le reprochait comme tout père s'inquiétant pour le bonheur de sa fille. Peut-être qu'un jour il saurait m'accepter ?
J'arrivais devant chez Bella et elle m'attendait déjà dehors avec son père. Elle était superbe dans un ensemble … bleu. Je ne fus qu'à peine surpris car Alice connaissait ma préférence pour cette couleur que portait si bien Bella. Ma sœur avait toujours aussi bon goût quant il s'agissait d'habiller ma bien-aimée.
Elle semblait nerveuse toutefois, sûrement l'importance du jour qui devait la contrarier. Elle aimait si peu se mettre en avant. Charlie me fit un sourire narquois en m'ouvrant la porte arrière de son véhicule de patrouille, rutilant pour l'occasion. Il referma la portière dès que je fus assis, tel un chauffeur de limousine. Il s'écria même, non sans humour : « En route, les enfants !! »


Il jubilait car à chaque fois qu'il me regardait dans le rétroviseur, il n'arrivait pas à masquer son sourire. Me voir derrière ces barreaux lui procurait un réel contentement. Il cherchait à me mettre mal à l'aise mais c'était peine perdue. Je lui rendis chacun de ses sourires jusqu'au dernier. Ma politesse l'agaçait … Il ne trouvait pas cela normal mais je ne lui donnerais jamais satisfaction car je le trouvais plus touchant que méchant.
Une fois descendu de mon fourgon cellulaire, je courus ouvrir la porte à Bella.
- Ca va ? lui chuchotai-je en l'aidant à descendre de la voiture.
- Un peu nerveuse, me confirma-t-elle.


- Tu es magnifique, lâchai-je.
J'aurais aimé lui dire que définitivement le bleu était une couleur qui lui allait divinement bien et l'embrasser pour lui prouver ce que je disais mais Charlie arrivait déjà avec ses lourds sabots pour s'interposer.
Pendant qu'il tentait de rasséréner sa fille, je contemplais les nuages en me demandant où pouvait bien être passée ma sœur. Elle devait nous attendre normalement mais elle n'était toujours pas là. Charlie partit ensuite rejoindre les autres parents pendant que M. Varner nous ordonnait de nous mettre en rangs par ordre alphabétique. Je devais donc rejoindre le rang des C. Je soupirai à l'idée de m'éloigner de Bella. Je l'embrassai brièvement avant de rejoindre mon emplacement.
Alice ne pointait toujours pas le bout de son nez alors que la cérémonie avait débuté par le discours d'Eric qui sur le coup de l'émotion débitait son discours à une vitesse impressionnante. Puis le proviseur entama l'appel à une cadence plus militaire qu'une promenade de santé. Ma sœur ne surgit qu'à l'annonce de son nom. Étonnamment, elle paraissait nerveuse elle aussi. Pourtant c'était loin d'être sa première remise de diplôme. Elle ne me regarda même pas. J'essayais de scruter ses pensées mais elle était en train de … traduire tout d'abord l'hymne national en arabe puis en coréen ! Étrange… Elle me cachait quelque chose…


Je pris mon diplôme à mon tour et retournai à ma place mais ma sœur avait déjà disparu. Je regardai donc Bella venir chercher son diplôme à l'appel de son nom. Dès qu'elle eut le précieux sésame dans les mains, des hurlements retentirent. Je tournai la tête pour apercevoir le cabot et son père en compagnie de Charlie. Serais-je un jour aussi proche de Charlie que ne l'était Jacob ? Je l'espérais pour Bella mais sa transformation et notre condition de vampires étaient difficilement compatible avec l'amélioration de ma relation avec mon futur beau-père. Je devrais me résoudre à rester distant et ne rien espérer de plus que les sarcasmes que je connaissais déjà.
Puis tous les élèves se mirent à jeter leurs chapeaux en l'air, heureux d'en avoir fini avec les longues années de lycée. Je pouvais découvrir leurs pensées tantôt nostalgiques tantôt joyeuses à l'idée de découvrir un nouveau monde celui de l'université. Grandir restait une étape essentielle dans la vie d'un humain et tous étaient de cet avis aujourd'hui. J'étais comme dans un tourbillon de bonheur ou chacun avec ses pensées heureuses me transmettaient sa force pour continuer à aller de l'avant et me confirmer qu'espérer avoir Bella à mes côtés pour l'éternité n'était pas une folie. C'était une étape essentielle dans ma vie de vampire…
Malheureusement ce flot temporaire mais salvateur de bien-être fut rapidement dissout lorsque je me souvins que ma sœur s'était inévitablement enfuie afin d'éviter de m'affronter. Elle me cachait quelque chose, c'était évident et je sentais déjà mes membres se contracter à l'idée d'une mauvaise nouvelle. Je devais masquer cette angoisse pour ne pas effrayer Bella. Je la rejoignis alors qu'elle tournait la tête de droite à gauche à la recherche de quelqu'un, visiblement. Je n'osais pas penser qu'elle cherchait le cabot.
C'était peut-être lui en fin de compte la raison de son anxiété. Elle regrettait déjà son geste et voulait se faire pardonner mais elle redoutait sans doute la réaction de son ami. Non ce n'était pas cela car il lui avait fait de tels signes lors de la cérémonie que l'on pouvait largement en déduire qu'il lui avait pardonné. C'était autre chose… Il ne restait plus que la fameuse fête…


Je la saisis doucement par la taille tout en lui murmurant à l'oreille aussi calmement que possible :
- Félicitations !
- Merci, me répondit-elle d'un ton bel et bien anxieux.
- J'ai l'impression que tu es toujours aussi nerveuse.

- C'est vrai.
- Tu n'as plus à te soucier de rien, pourtant. C'est la fête ? Ce ne sera pas si terrible.
- Sans doute, me répondit-elle alors que ses yeux continuaient à scruter la foule derrière moi.
- Qui cherches-tu ? finis-je par demander.
- Ta sœur, lâcha-t-elle.
- Elle a filé dès qu'elle a reçu son diplôme, dis-je sans pouvoir masquer mon incompréhension.
- Tu t'inquiètes pour elle ?
- Hum … soufflai-je étonné par sa question.
- Comment s'y est-elle prise ? insista-t-elle. Pour t'empêcher de lire ses pensées, s'entend.
Je la dévisageai me demandant comment elle pouvait savoir que ma sœur tentait de me cacher quelque chose.
- Elle a traduit l'hymne national en arabe. Puis en coréen.
- J'imagine que cela a en effet brouillé les choses, s'esclaffa-t-elle.
- Tu sais ce qu'elle me cache, toi, lui demandai-je surpris.
- Oui. Parce que c'est moi la responsable.
Je la regardais intrigué par tant de mystère. Elle regardait en direction de Charlie qui approchait doucement vers nous.
- La connaissant, elle va tenter de garder ça pour elle jusqu'à la fin de la soirée, sempressa-t-elle de murmurer. Comme je n'aime pas les fêtes, je vais tout te dire. Mais ne t'énerve pas, compris ?
- Crache le morceau, lâchai-je en maîtrisant mal l'anxiété dans ma voix.
- Pas de crise, juré ? me supplia-t-elle.
Je n'arrivais déjà plus à émettre le moindre son. Je lui signifiai mon accord par un léger hochement de tête, c’était tout ce dont j’étais capable.
- A mon avis, le danger n'a qu'une origine, et c'est moi qui suis visée. Tout se tient. L'intrus vérifiait qu'il était possible de tromper Alice. C'est forcément la même personne que celle qui ne cesse de changer d'avis pour brouiller les visions de ta sœur, la même qui a fabriqué ces nouveau-nés et volé mes fringues pour leur donner mon odeur.
J'étais en train péniblement de mettre bout à bout, chacune des phrases de Bella. Ces mots me percutèrent de plein fouet. Il m’était impossible de bouger ou de parler. J’étais tout simplement abruti par cette révélation.
- Mais ce n'est pas vous la cible. Super, non ? Esmé, Alice, Carlisle personne ne leur veut du mal.
Cette remarque dépourvue de sens accentua mon horreur. Comment pouvait-elle se réjouir ? Que notre adversaire s'en prenne à elle ou à ma famille c'était la même chose, ils devaient mourir, lui et son armée. Comment avais-je pu me tromper à ce point ? Pourquoi n'y avais-je pas songé moi-même ?
Le visiteur n'était pas venu par hasard mais bel et bien pour dérober l'odeur de Bella pour conduire les nouveau-nés jusqu'à elle. L'armée était ensuite destinée à la faire disparaître… C'était Bella la cible depuis le début mais j'ignorais toujours qui pouvait être derrière tout cela.
Je comprenais enfin la réaction de ma sœur mais je ne la tolérais pas. Je sentais la colère monter en moi. Alice le savait depuis le matin et elle n’avait pas souhaité me le dire de peur que je ne fasse une bêtise. Certes, cette bêtise j'étais prêt à la faire pour protéger Bella mais je détestais le découvrir de cette façon. Maintenant que je savais que c'était elle qu’il fallait protéger et non plus ma famille, je devais l'éloigner d'ici. Nous pourrions nous cacher et les miens s'occuperaient de réduire cette armée en cendres. Alors que je commençais à tendre les bras vers Bella pour l'enlever, Charlie s'interposa une fois encore entre nous en félicitant sa fille.
Il se mit à lui parler mais je n'écoutais pas, je n'étais plus là. Son attitude hautaine ne me touchait même plus. J'étais figé par l'angoisse. Que devais-je faire ? Nous enfuir ! Non, ce n'était sans doute pas la meilleure solution car ils s'attaqueraient à Forks en tuant tous les innocents sur leur passage puis ensuite ils nous pourchasseraient. Je ne voulais pas d'une nouvelle traque comme lorsque James avait poursuivi Bella jusqu’à Phoenix. Non, il était trop tard, nous allions devoir les affronter et je allais faire tout ce qu’il faudrait pour protéger ma bien-aimée.
La rage vint se mêler à la peur et l’angoisse profonde que je ressentais. J’étais furieux de ne rien avoir senti venir. Nous aurions sans doute pu agir autrement. J’aurais du aller éliminer le peu de nouveau-nés qu’il y avait au moment de l’incursion de notre visiteur. Je n’avais pas pris cela assez au sérieux, j’aurais du y aller … tout était de ma faute d’où la rage qui me consumait. Je me sentais atrocement responsable.
Charlie n’arrangeait rien en me tournant ainsi le dos car je n’étais plus aussi certain de pouvoir garder mon calme. Sa façon quasi constante de m’exclure me pesait à cet instant c’est pourquoi lorsqu’il me demanda de les accompagner diner au Lodge, je refusai froidement. Je me moquais éperdument de savoir s’il remarquerait mon manque de politesse inhabituelle. Je luttais trop contre ma colère pour penser à sa susceptibilité. Je réussis à bredouiller quelques mots en guise d’excuses et je m’en allai à grands pas loin de tout ce monde qui subitement m’étouffait.
J’avais besoin de temps et d’une bonne course pour me ressaisir. Ma colère allait retomber et elle le devait pour Bella. J’avais conscience que de me voir dans cet état l’inquiétait et amplifiait ses craintes. Il m’était interdit de lui faire peur plus intensément. Je les suivis donc jusqu’au restaurant bondé puisque la quasi-totalité des habitants de Forks était venue fêter en famille, les jeunes diplômés. Je me cachai dans un endroit sombre du parking, proche de la voiture de patrouille de Charlie. J’espérais pouvoir parler à Bella quelques instants avant d’aller à la fête. J’avais besoin de la prendre dans mes bras pour m’apaiser.
J’espérais qu’elle se doutait que je la surveillais d’autant plus maintenant que je savais cette armée lancée contre elle. Je pouvais nettement l’apercevoir de là où j’étais. Elle était dos à la vitrine mais cela ne m’empêchait nullement de voir le moindre de ses gestes. Elle semblait impatiente puisqu’elle regardait toutes les cinq minutes environ, l’horloge qui trônait au dessus du bar du restaurant. Elle s’ennuyait mais son père semblait au contraire peu enclin à en finir. Elle se leva enfin alors que Charlie se dirigeait vers d’autres clients afin de les saluer comme tout bon Shérif qu’il était.
Bella se dirigea alors doucement vers la voiture de son père. J’attendis qu’elle soit suffisamment près de moi pour me manifester. Je bougeai quelque peu pour qu’elle m’aperçoive. Elle tressaillit, surprise, puis soupira visiblement soulagée en constatant que j’étais là. Je l’attirai contre moi. Sa chaleur ainsi que son odeur me donnèrent le courage de ne pas hurler et de garder le contrôle. Elle était si belle ce soir. Je l’aimais tellement et l’idée qu’elle soit en danger me rendait complètement fou. Je soulevai doucement son menton et rapidement mes lèvres rencontrèrent avidement les siennes.
- Comment va ? me demanda-t-elle une fois notre long baiser terminé.
- Pas terrible, même si je me contrôle. Désolé pour tout à l’heure.

- Je regrette de t’en avoir parlé si tôt.
- Non. Il fallait que je sois au courant. Je n’en reviens pas de ne pas avoir deviné avant.
- Tu étais préoccupé.
- Pas toi ? lui demandai-je surpris.
J’entendais déjà les pas de Charlie s’approcher de nous, ayant peur de ne pas avoir le temps de lui donner un autre baiser, je l’embrassai une nouvelle fois sans lui laisser le temps de me répondre.
- Charlie rapplique, m’excusai-je en m’écartant aussitôt.
- Je vais lui demander de me déposer chez toi.
- Je vous y suivrai, lâchai-je en m’éloignant.
De loin, j’assistais à un touchant spectacle, celui durant lequel Charlie tentait d’ouvrir son cœur à sa fille. Cette journée l’avait particulièrement extraverti plutôt négativement envers moi mais à l’inverse très positivement envers sa fille. Il laissait enfin parler son cœur même s’ils furent rapidement gênés tous les deux.
Ils se mirent ensuite en route pour la fête. Charlie roulait au pas et trouva difficilement le chemin qu’il fallait emprunter pour arriver à la maison. Il faisait nuit et il n’était jamais venu chez nous. Fort heureusement, la démesure de ma sœur avait du bon parfois car très rapidement nous arrivâmes au début de la route menant à notre demeure.
Aussitôt l’allée s’illumina. Les arbres ornant la route étaient tous recouverts de milliers d’ampoules puis plus loin des balises guidaient jusqu’à l’entrée de la maison. Alice avait forcé Jasper à l’aider à accrocher les guirlandes et Esmé avait été réquisitionnée pour placer les balises. Chacun avait du mettre la main à la pâte car Alice martelait à tout le monde que c’était pour la fête de Bella afin qu’elle soit parfaite et surtout mémorable.
Bella était déjà sur le perron. Lorsque j’arrivai à mon tour, elle se retourna vers moi. Je la pris aussitôt dans mes bras et l’embrassai avec fougue comme si j’avais peur que ce baiser ne fusse notre dernier. Je sentais que mon étreinte était bien moins douce que d’ordinaire mais c’était cette peur qui me contrôlait. J’avais du effrayer Bella car elle me repoussa afin de mettre fin à ce long baiser.
- Terminons-en avec cette idiote de soirée … marmonna-t-elle en fuyant mon regard.
Mes mains encerclèrent son visage et j’attendis qu’elle daigne me regarder dans les yeux.
- Il ne t’arrivera rien. Je serai là, la rassurai-je.
- Je ne suis pas inquiète pour moi … me répondit-elle enfin, en plongeant ses yeux dans les miens alors que ses lèvres effleuraient les miennes.
- Le contraire m’aurait surpris, soupirai-je. Alors, prête ?
Elle lâcha un grognement en guise de réponse. Je lui tins la porte et glissai ma main autour de sa taille pour la guider à l’intérieur de la maison. En découvrant notre salon transformé en boîte de nuit pour l’occasion, Bella se figea. Elle était stupéfaite et lâcha dans un murmure : « Incroyable … »
Ma sœur n’avait définitivement pas fait les choses à moitié. Elle avait installé deux énormes enceintes qui devaient cracher de la musique avec suffisamment de puissance pour que tout le monde s’amuse. Une ambiance techno chic, lui semblait la mieux adaptée pour cette soirée. Elle était en train d’hésiter sur le choix du style musical … familier ou éducatif. Elle m’appela afin de trancher entre les deux. Il me paraissait important de rester dans un registre familier pour ne pas mettre encore plus mal à l’aise nos invités. Ils venaient tous principalement par curiosité plus que par réelle amitié pour Bella. Ils allaient pouvoir découvrir l’antre des Cullen, ce lieu mythique et recelant tant de mystères.
Nous nous dirigeâmes ensuite en direction du bureau de Carlisle où il nous attendait avec Jasper. Alice leur avait annoncé que Bella avait une nouvelle hypothèse mais qu’elle ne souhaitait pas en parler à la place de cette dernière. Ils étaient donc assez impatients de savoir ce que Bella allait leur annoncer. Elle était subitement mal à l’aise et redoutait sans doute leurs réactions à l’instar de la mienne quelques heures auparavant, c’est pourquoi je pris la parole à sa place :
- Bella m’a annoncé tout à l’heure que nous nous trompions très certainement de cible. Ce n’est pas tout à fait nous qui serions visés mais plutôt … elle ! lâchai-je en dominant mon anxiété. Je resserrai un peu plus mon bras autour de sa taille pour me contenir.
Mon père et Jasper se regardèrent, consternés.
- Le visiteur venu chez elle a dérobé des vêtements dans le but de lui voler son odeur. Cette dernière étant destinée à guider l’armée de nouveau-nés jusqu’ici afin de l’éliminer… poursuivis-je avec un peu plus de difficultés.
- Qui aurait pu mettre au point une telle horreur ? Qui en voudrait à Bella à ce point ? me demanda Jasper stupéfait
- Je pense encore aux Volturi qui par cette manœuvre nous feraient payer le fait que nous ayons révélé notre secret à Bella et que depuis elle soit encore humaine. Je ne vois personne doté de l’intelligence nécessaire pour mettre en place un tel projet et aussi réussir à évincer les visons d’Alice, expliquai-je.
- Non, les Voturi respectent les règles. Il s’agit de quelqu’un d’autre ! objecta Jasper.
- Ce n’est pas le meilleur moment pour débattre de tout cela. Les invités ne vont pas tarder. Quoiqu’il en soit, notre priorité reste notre riadminhelpe car nous n’avons aucun allié jusqu’à ce jour et il va nous être plus difficile de lutter si nous ne sommes que sept, intervint Carlisle.
Ce fut la sonnette qui vint mettre fin à notre conversation. Carlisle arbora un sourire de façade, Jasper, lui, alla dans la cuisine proposer son aide à Esmé alors qu’Alice monta aussitôt le son de la musique afin d’accueillir les premiers arrivants. Bella tentait de masquer son inquiétude et semblait même prête à jouer le jeu de cette soirée. Elle alla rapidement à la rencontre de ses amis, Jess, Mike, Angela, Ben et les autres. Puis le reste de la promotion arriva ainsi que certains lycéens plus jeunes que je ne connaissais même pas.
Bella devint rapidement la reine de la fête car tous allaient naturellement lui parler plutôt qu'à Alice ou moi-même Ils la félicitèrent pour la décoration, la musique ainsi que la nourriture. Ma sœur préférait rester en retrait alors qu’étonnamment Bella semblait au contraire prendre plaisir à être sous le feu des projecteurs. Elle se faufila alors parmi les convives avec moi, toujours farouchement accroché à sa taille. Je pouvais capter les pensées des uns et des autres et chacun y aller de sa petite remarque sur le couple atypique que nous formions tous les deux.
Certains nous trouvaient très bien assortis alors que d'autres se demandaient comment Bella pouvait nous côtoyer, nous une famille si mystérieuse quoiqu'avec cette fête, ils étaient progressivement en train de changer d'avis sur nous. Nous étions en fait plus cools qu'ils ne l'avaient tous pensé. Ce qui me dérangeait le plus c'était les pensées très équivoques de certains garçons lorsqu'ils songeaient à Bella. Tous étaient sous son charme et c'était peu dire. Je savais que cette tenue la rendait encore plus attirante que d'habitude et je n'appréciais pas que d'autres hommes s'en rendent compte.
J'aurai pu trouver cela drôle en d'autres circonstances mais ce soir-là, je n'avais pas envie de rire. Je resserrais mon étreinte autant de fois que nécessaire afin de mettre un terme à leurs insupportables délires. Ce fut un appel horrifié de ma sœur qui me sortit de cette mauvaise passe. Sa phrase m'alerta aussitôt : Edward, c'est affreux, je les ais vus…
Je devais hélas brièvement m'éloigner de Bella comprenant qu'Alice avait enfin la vision que nous attendions depuis plusieurs semaines. Je recommandai donc à Bella de ne pas bouger car je n'allais pas tarder à revenir. Je ne lui laissai même pas le temps de m'interroger que je me frayais déjà un passage vers la cuisine où m'attendait ma sœur.
Elle s'était adminhelpée sur le seuil, l'air encore hagard. Elle me fit alors partager sa vision … Une vingtaine de nouveau-nés m'apparut. Ils semblaient plus nombreux encore que ceux que j'avais devinés dans la vision de Patte d'Ours. Ils étaient tous très décidés, puissants et effrayants. Ils n'allaient plus s'éterniser très longtemps sur Seattle mais avaient enfin décidé de faire route vers Forks tout prochainement. L'armée était bien liée à notre visiteur puisque je pus distinguer un des leurs avec le corsage rouge de Bella.
Ce fut cette douloureuse image qui me resta une fois la vision terminée. J'étais aussi horrifié que ma sœur comprenant qu'il nous serait très difficile de tous les neutraliser vu leur nombre. Nous n'étions que sept face à leur impressionnante armée qui fonçait droit sur nous. J'étais sous le choc pour la deuxième fois en une journée. Si j'avais eu la possibilité de dormir, j'aurais supplié quiconque de me dire que tout ceci n’était qu'un abominable cauchemar et qu'il disparaitrait dès le lendemain. Peine perdue, tout cela semblait inéluctable et bien réel. Je devais immédiatement en parler à Carlisle car cette découverte bouleversait tous nos plans. Nous allions devoir convaincre le reste de ma famille qu'une alliance avec les loups était notre seul espoir de survie.
Alors que Bella avait rejoint ma sœur afin de connaître notre découverte, la sonnette retentit une nouvelle fois. Alice fit une grimace significative et je compris fort rapidement vu l'odeur qui commençait à se répandre dans la maison que nous avions de la visite. Cette odeur que je reconnaissais entre toutes pour ne l'avoir que trop souvent sentie sur Bella … une puanteur de chien. Une partie de la meute osait se montrer ce soir, chez nous, en territoire ennemi ! Il était donc impératif que nous parlions à Jasper et Alice de notre découverte auprès de Patte d'Ours et Carol. Les loups étant là, nous ne pouvions plus reculer vu de l'expression détestable que ma sœur arborait :
- Qui a invité les loups-garous ? gronda-t-elle alors que la musique recouvrait sa voix.
- Je plaide coupable, lâcha Bella mal à l'aise et apparemment surprise de voir rappliquer ses amis Quileute.
- Occupe-t-en, alors. Moi, il faut que je parle à Carlisle ! dit-elle en m'emboitant le pas en direction du bureau de notre père.
Nous eûmes du mal à cacher notre inquiétude en arrivant dans son bureau. A notre regard, il comprit aussitôt. Jasper nous avait rapidement rejoint lui aussi. Alice leur révéla alors sa vision et Jasper ne put se retenir de lâcher une expression que j'aurais préféré ne jamais l'entendre dire :
- On est foutu. On ne sera jamais assez fort, on va se faire laminer…
Carlisle me lança un regard interrogateur. Il voulait savoir s'il pouvait leur révéler notre découverte en baie d'Hudson. Je lui fis un léger signe de tête pour lui confirmer que c'était enfin le bon moment. La situation ne nous laissait pas d'autres choix.
- Nous avons une solution pour nous éviter cette fin inéluctable.
Jasper et Alice le regardèrent stupéfaits.
- Edward et moi avons découvert il y a quelques temps déjà, lorsque vous étiez partis Emmett et toi pour votre partie de chasse en Caroline du Nord, que nous allions avoir des alliés inattendus. En effet, nous avons fait la connaissance de deux chamans qui nous ont permis de découvrir que ce danger se préparait. Nous n'avons pas eu les détails tels que nous les connaissons aujourd'hui mais ils ont été formels sur le fait que nous devions nous allier à nos pires ennemis … les Quileute. Alors je vous demande de me croire et d'oublier nos rancœurs afin de détruire cette armée.
- Comment es-tu sûr qu'ils nous aideront ? demanda Jasper dubitatif.
- Pour protéger Forks d'une part car c'est leur devoir mais aussi pour la survie de Bella. N'oublie pas que Jacob Black est le meilleur ami de Bella et il ne supportera pas de la savoir en danger. Ils vont nous aider, j'en suis certain, m'exclamai-je.
- Soit, si tu le dis même si j'ai du mal à me dire que je vais devoir leur parler et supporter leur horrible puanteur mais il le faut pour supprimer cette armée et puis nous n'avons pas d'autres choix car personne d'autre n'a accepté de nous aider. Ils sont suffisamment forts pour nous aider mais je crains qu'ils ne connaissent pas assez les techniques de combats à utiliser pour achever les nouveau-nés, reprit mon frère.
- Tu as raison Jasper, nous allons tous nous réunir ce soir pour nous préparer, nous ne devons plus perdre de temps, décréta Carlisle.
- Je préfère ne pas aller leur en parler moi-même car j'ai peur que notre différend entre le cabot et moi n'influence négativement le reste de la meute, dis-je en regardant ma sœur afin qu'elle comprenne que je sollicitais son aide.
- Ok… soupira-t-elle. Je me charge d'aller leur en parler avant que leur odeur de chien mouillé n'empreigne toute la maison, lança Alice sans être trop sereine toutefois.
Elle descendit ensuite flanquée de Jasper pour tenter d'amadouer nos futurs alliés. Je guettais la conversation de loin, mais suffisamment attentivement pour pouvoir entendre le moindre de leurs mots. J'aperçus tout de même Bella qui était encerclée par trois de ces colosses. Elle semblait si frêle au milieu de ces loups. J'aurais aimé être à ses côtés mais je ne devais pas prendre le risque de perdre leur aide à cause de ma rivalité avec Jacob.
Alice aidé de Jasper, était un très bon émissaire. Jasper n'était pas à l'aise et la tension était palpable et parfaitement visible sur chacun de leurs visages. Bella était au milieu d'eux effrayée à l'idée que ses amis loups ne se joignent à la bagarre. Ses traits s'étaient encore plus assombris lorsqu'elle comprit que Jacob avait accepté de nous aider.

Il était d'ailleurs déjà en train de s'exciter à l'idée du prochain combat et partageait sa joie avec ma sœur qui semblait contre toute attente, s'accommoder de leur odeur. Jasper était déjà en train de convenir du rendez-vous de la nuit, non loin de la station des gardes-chasses de la forêt Hoh. Ils acceptèrent et promirent qu'ils y seraient avec leur chef de meute, Sam.
Bella était horrifiée et tentait d'avertir son ami par son immense inquiétude. Bien évidemment, il n'en avait que faire et la remerciait au contraire du splendide cadeau qu'elle venait de lui offrir, un trésor comparé à celui qu'il venait de lui donner … ce fut ainsi que je découvris le bracelet qui brillait à son bras. C'était son cadeau à lui. Je le détaillais d'un peu plus près, du moins autant que je le pouvais de là où j'étais et j'avais comme l'impression que le loup en bois sculpté rigolait comme pour mieux me narguer …
J'étais envieux qu'il ait pu lui offrir ce cadeau sans qu'elle ne le refuse alors que moi, je n'avais jamais le droit de lui offrir quoique ce soit. Je n'aimais pas que le cabot marque des points et ce fut avec une hargne toute nouvelle que je le regardais quitter notre fête. J'étais soulagé de les savoir à nos côtés pour ce terrible combat, même si j'avais toujours su qu'ils accepteraient mais j'étais aussi contrarié de le voir autant insister. Il n'abandonnerait pas … mais moi, non plus et j'allais me rattraper !!





sanaafatine 19-06-10 11:47 AM



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Je ne saurais trop dire si c'était ma joie de voir le loup loin de notre fête et de Bella ou alors l'insondable soulagement de Jasper qui nous avait envahi mais je sentais le lourd fardeau qui reposait sur mes épaules depuis ce matin, s'envoler comme par magie. C’était comme si mon extrême inquiétude ainsi que mon insoutenable angoisse m'avaient soudainement quitté. J'étais tout simplement et temporairement soulagé !



Notre alliance avec Les Quileute prenait forme. Le cabot avait accepté notre alliance sans arrière pensée, juste pour protéger Bella. Son désir étant relié au notre, nous avions pu trouver un terrain d'entente.



Enfin plutôt ma sœur et Jasper avaient réussi à trouver un accord. Moi, j'étais resté dans un coin, triste spectateur de leur conversation. L'enjeu était bien trop important pour que je fasse tout capoter. J'étais trop tendu et nerveux pour me contrôler face au cabot. Maintenant que je les savais à nos côtés, j'avais retrouvé un peu plus mes moyens afin de pouvoir l'affronter sans péril. Seule ma culpabilité me rongeait encore, je me sentais tellement coupable que l'on en soit arrivé là. J'allais devoir me rattraper pour protéger Bella, là où j'avais échoué jusqu'à présent.



Je descendis donc la rejoindre alors qu’elle était encore aux côtés de Jasper et Alice. Son air contrarié dénotait vraiment avec la toute nouvelle joie qu'arboraient mon frère et ma soeur. Elle était inquiète, c'était évident mais elle se ressaisit rapidement lorsqu' Angela vint la chercher pour l’avertir qu’elle s'en allait à son tour. Rosalie et Emmett arrivèrent peu de temps après, de retour de leur ronde. Carlisle ne tarda pas à leur annoncer la bonne nouvelle. Ils furent bien évidemment surpris et perplexes mais comprirent aussi que la meute était notre dernière chance pour espérer nous en sortir tous vivants. Ils acceptèrent à leur tour cette surprenante alliance mais avec un léger à priori.



Bella me cherchait des yeux maintenant comme si elle me demandait de lui venir en aide.

Je la rejoignis enfin et lui manifestai ma présence en lui enlaçant doucement la taille. Je lui murmurai ensuite quelques mots à l'oreille pour la rassurer :



- Je suis et je serai toujours là, ne t'inquiète pas …



Elle se retourna et ses yeux plongèrent dans les miens. Je compris alors qu'elle était encore sous le choc de la vision d'Alice annonçant l'arrivée de l'armée d'une vingtaine de nouveau-nés, droit sur nous. Je la pris dans mes bras espérant que cela l'apaiserait un peu comme cela pouvait fonctionner pour moi. Sa présence était si rassurante qu'elle me donnait toujours le courage d'avancer.



La fête se termina ainsi dans la gaieté pour tout le monde cette fois. Bella raccompagna ses invités à la porte jusqu'au dernier. Tous n'avaient de cesse de s'extasier sur cette soirée qui allait rester longtemps gravée comme la fête la plus cool de Forks pour au moins, les dix prochaines années. C'était donc une fierté pour ma sœur encore plus lorsque Bella eut enfin admis qu'elle s'était tout de même un peu amusée malgré tout ce qui s'était passé. Il n'en fallait pas plus à Alice pour être infernale et nous prévoir une prochaine fête encore plus démesurée.



Avant de ramener Bella chez elle, j'avais fait un signe à Jasper afin qu'il administre une dernière bouffée de bien-être à ma bien-aimée qui ne cachait même plus son inquiétude à présent. Toute ma famille la rassura sur le fait que tout allait bien se passer. Bella s'inquiétait de notre collaboration avec les loups garous, après nous avoir vus nous entredéchirer. Cette soudaine fraternité la perturbait. Aucun de nous n'était convaincu que cela allait fonctionner. Chacun d’entre nous espérait que nous réussirions à déstabiliser nos adversaires par notre étonnante alliance. Le rendez-vous de cette nuit allait être déterminant.



Elle n'ouvrit la bouche que lors de notre trajet de retour vers chez elle :



- Sûrement la soirée la plus longue de l'histoire … se plaignit-elle.



- C'est fini maintenant, acquiesçai-je en lui caressant le bras.



Elle regarda longuement la route devant nous avant de s'exclamer, sans la quitter des yeux toutefois :



- Je viens avec toi, cette nuit, histoire de contrôler mes pulsions.



- Tu es épuisée, Bella, éludai-je dans un premier temps me doutant qu'il me serait difficile de lutter face à son habituelle obstination.



- Parce que tu crois que je vais être capable de dormir ? rétorqua-t-elle en tournant son visage vers moi, à présent.



Je sentais que je devais lui donner matière à réfléchir même si je ne me faisais guère d'illusion. Je la regardai intensément à mon tour.



- C'est une première. Je ne suis pas sûr que nous réussissions tous à … coopérer. Je ne tiens pas à ce que tu te retrouves au milieu de tout cela.



Involontairement je l'avais rendue encore plus nerveuse et je compris que ce n'était pas pour elle qu'elle s'inquiétait une fois encore. Elle se déroba face à mon regard et fixa de nouveau la route tout en m'assenant :



- Si tu refuses, je demande à Jacob.



Je fermai les yeux un bref instant pour tenter de garder mon calme face à ce stupide chantage. J'avais le sentiment qu'une nouvelle fois, le minuscule loup en bois sculpté de son bracelet me narguait comme s'il riait d'être le plus fort. Que je détestais ce ca…deau autant que ce ca…bot !



Un silence pesant s'installa dans l'habitacle, Bella et moi fixâmes la route jusqu'à chez Charlie sans ajouter le moindre mot. Je me garai devant chez elle où je pus rapidement distinguer les ronflements de son père. Alors qu'elle descendait, je lui signifiai que j’allais l’attendre dans sa chambre le temps qu'elle réveille son père afin qu'il aille dormir dans son lit plutôt que vautré sur son canapé.



Après être parvenue à coucher son père dans son lit, non sans difficultés, Bella alla se mettre à l'aise pendant que je l'attendais dans sa chambre, debout près de sa fenêtre à scruter l'horizon. Il faisait sombre car la lune était cachée derrière les nuages. J'essayais de ne pas trop me focaliser sur l'importante entrevue qui nous attendait. Rien n'était tout à fait sûr tant que leur chef Sam n'avait pas donné son accord. Nous allions devoir apprendre à collaborer et cela s'annonçait difficile. Nous étions si différents et notre animosité était ancestrale. Je restais tout de même confiant car Carol avait été si convaincue par sa vision que je ne pouvais pas la remettre en cause. Je devais donc me persuader que nous allions parvenir à nous entendre et à exterminer cette armée.



Bella revint ensuite, son ravissant ensemble sous le bras. Alors qu'elle était en train de le remiser dans son armoire, je ne pus retenir un regard sinistre à l'idée qu'elle ne le remettrait sans doute plus du tout. Dommage car je la trouvais si resplendissante dedans. Elle le remarqua du reste et m'attira doucement vers son lit en murmurant : Viens-ici …

Elle me poussa dessus et vint se blottir contre moi après s'être enroulée dans sa couette. Je la serrai tout contre mon torse de pierre comprenant qu'elle avait besoin de réconfort afin d'atténuer l'angoisse qui la rongeait.



- Détends-toi, s'il te plaît, Bella, la rassurai-je.



- Oui, oui, me répondit-elle sans conviction.



- Ca va marcher, j'ai un bon pressentiment.



Elle serra les dents comme pour se retenir de pleurer. La fatigue mêlée à son angoisse faisait d'elle une bombe à retardement. Il était préférable que je l'apaise autant qu'il m'était possible de le faire avant qu'elle ne craque.



- Ecoute-moi. La tâche va être facile. Les nouveau-nés seront complètement désarçonnés, ils ne sauront même pas que les loups-garous existent. Je les ai vus agir en groupes au travers des souvenirs de Jasper. Je suis persuadé à cent pour cent que les techniques de chasse des bêtes fonctionneront. Nos adversaires seront divisés, perdus, il n'en restera même pas assez pour nous autres. Si ça se trouve, d'aucuns seront réduits à jouer les spectateurs.



- Une vraie promenade de santé, marmonna-t-elle d'un ton amer.



- Chut ! Tu verras. Inutile de t'inquiéter maintenant.



Je décidai de lui fredonner sa berceuse souhaitant que cela l'aiderait à se détendre et pourquoi pas, à s'endormir. Elle était somnolente, plongée au plus profond de ses pensées, le regard vide mais à aucun moment, elle ne dormit.



L'heure était déjà venue d'y aller. Je me redressai doucement tout en demandant à Bella si elle était toujours aussi sûre de vouloir venir au lieu de se reposer. Son regard glacial était sans équivoque, je devais me taire, cela ne servait à rien d’essayer de lui faire entendre raison.



Je soupirai, vaincu. Je la pris alors dans mes bras afin de sauter par la fenêtre et de permettre de nous réceptionner sans encombre quatre mètres plus bas. Je la fis grimper sur mon dos puis me mis en route vers notre lieu de rendez-vous. Un endroit plein de symboles car il s'agissait de notre lieu de prédilection pour nos sorties sportives familiales : la prairie qui accueillait nos innombrables matchs de base-ball. Celle-là même où un an auparavant James, Laurent et Victoria avaient croisé notre route et considérablement désordonné la vie de Bella ainsi que la nôtre. Nous tenions peut-être là, notre revanche sur le destin.



J'avais du mal à contenir mon exaltation et je courrais à toutes jambes dans la forêt obscure même si je savais que Bella n'appréciait pas particulièrement cela. J’étais comme porté par ce nouvel élan et j’aurais pu courir des heures entières avec Bella sur mon dos.



Lorsque nous arrivâmes sur la grande prairie, toute ma famille était déjà là. Carlisle leur avait expliqué un peu plus en détails les révélations de Carol et Patte d’Ours sans trop s’étendre toutefois sur mon amitié avec cette dernière. C’était mon jardin secret en quelque sorte et il tenait à le respecter.



Tous furent très intéressés par les conclusions de Carlisle et elles les rassurèrent encore plus quand à la tournure que prendraient nos relations avec les loups dorénavant. Emmett avait retrouvé sa taquinerie habituelle et s’en prenait à Alice. Il la félicitait de la réussite de sa soirée à tel point qu’elle avait réussi à faire apprécier cette fête à Bella. Un exploit selon lui et il riait sur le fait que sa sœur méritait une médaille pour cette victoire sur le scepticisme de ma bien-aimée.



Je déposai Bella sur le sol puis nous nous mîmes en marche, main dans la main en direction des miens. Après quelques instants de silence, Bella me demanda :



- Tu sais ce que je pense ?



Cette question me fit rire car elle savait très bien que je ne pouvais pas lire ses pensées. Elle devait être très absorbée dans ses réflexions pour avoir oublier ce détail …



- Non ! m’esclaffai-je. Que penses-tu ?



- Pour moi, tout est relié.



- Qu’est-ce qui est relié ?



- Les trois événements désagréables qui se sont produits depuis ton retour. Victoria est revenue dans les parages, les nouveau-nés à Seattle et l’intrus dans ma chambre. Je suis d’accord avec Jasper, les Volturi respectent leurs propres règles. D’ailleurs, si c’était eux les coupables, ils s’y prendraient mieux. Tu te souviens, l’an dernier, quand tu as pourchassé Victoria ?



- Oui. Elle m’a semé.



- D’après Alice, tu es allé au Texas. C’est elle qui t’y a amené.



- Oui.



- L’idée des jeunes lui est sûrement venue là-bas. Sauf qu’elle ne sait pas trop ce qu’elle fait, et que ses créations échappent à son contrôle.



Je devais bien avouer que le nouveau né que j’avais rencontré et que Victoria avait chargé de m’éloigner le plus loin possible de Forks afin de passer à l’attaque, n’avait effectivement connaissance d’aucune règle. Elle le laissait livré à lui-même alors pourquoi se débrouillerait-elle mieux maintenant ? Oui, mais elle ne connaissait pas précisément le fonctionnement des visions de ma sœur, personne ne lui en avait parlé.



- Seul Aro a une notion exacte de la façon dont fonctionne l’esprit d’Alice ! objectai-je.



- Certes, cela n’empêche pas Tanya, Irina et le reste du clan de Denali d’être vaguement au courant. Laurent a vécu là-bas suffisamment longtemps. Il était encore assez complice avec Victoria pour accepter de lui rendre service. Pourquoi ne lui aurait-il pas confié ce qu’il avait appris ?



- Ce n’est pas Victoria qui est entrée chez toi, insistai-je.



- Elle peut très bien s’être fait de nouveaux amis. Réfléchis un instant. Si c’est vraiment elle qui est derrière ce qui se passe à Seattle, elle a des tas de nouveaux amis, pour le moins. Elle les a même créés.



Bella avait peut-être raison, j’avais complètement négligé la piste Victoria mais vu sous cet angle, peut-être qu’elle n’était pas si innocente face à tous nos déboires. J’avais vu de quoi elle était capable et je savais à quel point elle était dangereuse, perverse et meurtrière. Elle avait déjà créé un nouveau-né par le passé et sa soif de vengeance était telle qu’elle ne pouvait pas renoncer.



Cette armée lui donnait un moyen de nous affaiblir pour ensuite nous achever de ses propres mains. Elle était tout aussi capable de mettre en place ce plan diabolique que ne l’étaient les Volturi. Je ne savais plus trop quoi penser même si je penchais encore pour le machiavélisme d’Aro. Je restais convaincu que le désir de nous voir rejoindre ses rangs était plus fort que l’envie de Victoria, de nous voir mourir Bella et moi.



- Oui, finis-je par admettre. Ca se tient. Bien que je continue de croire que les Volturi … Ta théorie a du bon, cependant. Elle correspond bien à la personnalité de Victoria. Depuis le début, elle a montré un redoutable instinct de préservation. Si ça se trouve, c’est un don, chez elle. En tout cas, ce complot, pour peu qu’elle reste cachée derrière son armée, ne la mettra pas en danger vis-à-vis de nous. Voire des Volturi. Elle espère que nous gagnerons, même si nous y laissons des plumes. L’essentiel serait alors qu’il n’y ait aucun survivant parmi ses combattants. S’il y en avait, je te parie qu’elle les éliminerait en personne … Quoique … elle a au moins un ami mature car aucun vampire de fraîche date n’aurait épargné ton père …



Oui, Victoria avait du se trouver un lieutenant, peut-être même le compagnon qu’elle se cherchait en remplacement de James. Elle évitait ainsi de se salir les mains et d’être impliqué directement dans toute cette affaire si jamais elle se faisait épingler par les Volturi. De toute manière, qu’il s’agisse des Volturi ou de Victoria, nous étions dans l’obligation de nous entraîner pour faire face à cette armée. Le combat serait difficile car ces deux adversaires restaient des combattants redoutables.



Je tournai la tête vers Bella afin de la regarder. Je connaissais maintenant en partie le fruit des ses intenses réflexions. Elle m’impressionnait d’avoir trouvé cette théorie toute seule d’autant plus qu’elle pouvait s’avérer être exacte. Je la pensais acculée, angoissée mais au lieu de cela elle réfléchissait à des possibilités qu’aucun d’entre nous n’avait imaginées. En plus d’être intelligente, elle était superbe et j’étais irrémédiablement fou amoureux d’elle. Elle me regarda à son tour et je lui souris, heureux plus que jamais de l’avoir à mes côtés.



- C’est très possible. Nous devons néanmoins nous préparer jusqu’à ce que nous soyons sûrs de ce qui nous attend. Tu es très perspicace, aujourd’hui. Impressionnant.



- C’est l’endroit auquel je réagis, peut-être … j’ai l’impression qu’elle est tout près, qu’elle m’observe.



- Elle ne touchera pas à un cheveu de ta tête, Bella ! me rebiffai-je en scrutant les bois autour de nous.



Depuis le temps que je rêvais de lui régler son compte, je n’attendais qu’une chose qu’elle apparaisse à l’instant pour en finir une bonne fois pour toutes. Je sentais déjà le monstre en moi qui ne demandait qu’à sortir. Il fulminait, je pouvais percevoir sa haine au plus profond de moi. Je réagissais comme un prédateur guettant sa proie.



- Que ne donnerais-je pas pour qu’elle soit effectivement ici… murmurai-je. Elle, mais aussi tous ceux qui ont tenté de te faire du mal. J’aurais enfin l’occasion de régler tout cela. De mes propres mains, une fois pour toutes.



J’avais du effrayer Bella car elle resserra sa main dans la mienne comme pour m’apaiser.



Nous arrivions à hauteur de ma famille, seule Alice se tenait un peu à l’écart à présent. Elle ne partageait plus tout à fait la décontraction que l'ensemble de ma famille arborait quelques minutes auparavant. Alice sentait les loups approcher et elle était quelque peu effrayée à l'idée d'être aveugle durant cette rencontre des plus importantes pour l'avenir de nous tous. Elle s'était mise à l'écart des autres et scrutait avec attention Jasper qui s'attirait tel un sportif avant un combat.



- Alice a un souci ? me demanda Bella qui avait remarqué le comportement de ma sœur.



- Les loups arrivent, et elle ne voit plus rien de ce qui va passer. Cette cécité la met mal à l'aise.



Cela ne l'empêcha pas de nous entendre arriver. Elle se tourna alors dans ma direction et me tira la langue afin de ma rassurer sur son humeur. Son angoisse passagère n'avait nullement occulté le soulagement que chacun d'entre nous ressentions grâce à l'aide que nous accordait les Quileute. Nous étions tous empreints d'une légère euphorie… Combattre, ne nous faisait plus aussi peur maintenant que nous avions des alliés de taille. Tout nous semblait plus simple. Je ne pus me retenir de rire face à sa mimique des plus enfantines.



- Salut, Edward ! lança Emmett. Salut, Bella. Il est d'accord pour que tu t'entraines toi aussi ? demanda-t-il tout idiot qu'il était.



- Je t'en prie, ne vas pas lui donner des idées ! protestai-je contre le mauvais humour de mon frère.



- Quand nos invités seront-ils là ? me demanda Carlisle.



Je me concentrai brièvement afin de percevoir les pensées de la meute. Ils n'étaient plus très loin, je pouvais déjà les entendre. Fort heureusement, tous ne braillaient pas aussi fort que le cabot. Ils avaient décidé de se rendre à notre rendez-vous transformés en loups. Ils ne voulaient prendre aucun risque car ils n'avaient, malgré notre récente alliance, pas assez confiance en nous. Ils voulaient nous apparaître comme puissants, imposants afin que l'on puisse plus les craindre que les ignorer.



Je me doutais que cela leur coûtait de s'unir à nous, même pour contrer une armée de vampires alors je comprenais parfaitement leurs réserves.



- Dans une minute et demie … soupirai-je enfin. Je vais être obligé de traduire. Ils n'ont pas assez confiance en nous pour garder leur forme humaine.



- Ce n'est pas facile pour eux, acquiesça Carlisle. C'est déjà beau qu'ils viennent.



- Ils seront en loups ! s'exclama Bella surprise.



Je hochai le menton en guise de réponse, étonné par la réaction de Bella. Je pensais qu'elle connaissait assez ces loups pour savoir qu'ils prendraient leurs précautions afin de ne pas paraître vulnérables. Elle était sans doute mal à l'aise de les voir tous se présenter à nous sous leur forme animale.



J'entendais déjà leurs pas s'avancer vers nous, ils semblaient bien plus nombreux que je ne l'aurais cru. Je n'entendais que leur souffle et leurs cœurs battre … aucun d'eux n'osait m'ouvrir leurs pensées. Le cabot avait du les prévenir à ce sujet.



Je me tournai dans leur direction afin de pouvoir les distinguer dès qu'ils se montreraient face à nous. Je tentais toutefois de maîtriser ma surprise et dit seulement à l'intention de ma famille :



- Préparez-vous. Ils nous ont caché un truc.



- Comment ça ? demanda aussitôt Alice qui regrettait encore plus de ne plus avoir de vision.



- Chut ! ordonnai-je afin de pouvoir les entendre.



Instinctivement toute ma famille s'étala comme si une frontière venait de se créer. Jasper et Emmett étaient bien évidemment en avant pour protéger les autres. J'étais seul avec Bella un peu plus à l'écart. Elle resserra d'ailleurs un peu plus fort sa main dans la mienne. Elle ne pouvait rien distinguer dans cette nuit noire comme l'encre. A l'inverse, je pouvais aisément les distinguer et le spectacle qui se déroulait sous mes yeux était époustouflant.



- Bon Dieu ! Je n'ai jamais vu pareil spectacle, lâchai-je.



- Qu'est-ce qu'il y a ? me demanda Bella. Je n'y vois rien !



- La meute s'est agrandie … réussis-je à articuler.



Ils sortirent enfin de la forêt, je pus ainsi mieux les distinguer et correctement les compter. Ils étaient immenses même les ours polaires paraissaient petits face à leurs imposantes statures. Je pus donc en dénombrer dix … couverts de fourrures de différentes couleurs, aux dents acérées et aux prunelles qui me dévisageaient curieuses et anxieuses.



Je sentais enfin leurs pensées m'envahir comme si l'un d'entre eux souhaitait s'exprimer à ma place. Je percevais une aura très forte que j'identifiai rapidement comme celle de leur chef, Sam. Je perçus tout de suite sa répulsion vis à vis de nous, le contrôle qu'il prenait sur lui même pour tolérer notre présence.



- Fascinant … soufflai-je.



Carlisle s'avança doucement afin de s'adresser à eux :



- Soyez les bienvenus ! lança-t-il en fixant le loup noir, situé au beau milieu de la meute.



- Merci … lâchai-je à la place de Sam.



- Nous sommes prêts à écouter et à regarder, repris-je, mais pas à participer. Notre self-control a ses limites.



- Cela sera amplement suffisant, confirma mon père. Mon fils, Jasper a de l'expérience dans ce domaine. Il va nous enseigner comment nos adversaires se battent, la meilleure façon de les vaincre. Vous devriez réussir à appliquer ses conseils à vos méthodes de chasse.



- Diffèrent-ils de vous ? demandai-je pour Sam.



- Tous sont très jeunes, opina mon père, âgés d'à peine quelques mois. Des enfants en quelque sorte. Ils n'auront ni savoir-faire, ni stratégie, juste de la force brute. Ils sont vingt, ce soir. Dix pour vous, dix pour nous. Cela ne devrait pas poser de difficultés. Leur nombre peut encore baisser. Les nouveau-nés se battent entre eux.



Je perçus aussitôt leurs pensées enthousiastes à l'idée de ne faire qu'une bouchée de tous ces bébés vampires. Ils en étaient déjà tous excités. Ils n'avaient aucun doute sur leur réussite et regrettaient même de n'en avoir que dix à éliminer, c'est pourquoi Sam s'exclama :



- Nous sommes prêts à prendre plus que notre part !



- Nous verrons sur place, répliqua mon père en souriant face à l'empressement des loups.



- Savez-vous quand et comment ils arriveront ?


- Ils traverseront les montagnes d'ici quatre jours, en fin de matinée. Lorsqu'ils approcheront, Alice les localisera afin de nous aider à les intercepter.



- Merci pour cette information. Nous monterons la garde de notre côté.



Les loups furent aussitôt soulagés par cette révélation. Ils s'allongèrent sur le sol, enfin disposés à écouter Jasper. Ce dernier s'avançait d'ailleurs doucement vers eux, il me regarda brièvement me faisant comprendre, qu'il n'était pas à l'aise et qu'il ne se sentait pas encore capable d'affronter leurs regards. Il me demanda de l'excuser mais il préférait ne s'adresser qu'à notre clan. Malheureusement cette option l'obligeait à les ignorer et il s'inquiétait d'être dos à un ennemi. C'était son expérience d'ancien soldat qui parlait. Je lui fis un signe du menton comme quoi il ne craignait rien. Ils n'étaient pas hostiles, il pouvait parler sans crainte.



- Carlisle a raison ! décréta-t-il en ne regardant que notre famille. Ils se battent comme des enfants. Les deux éléments importants à ne pas oublier sont : un, de ne jamais les laisser enrouler leurs bras autour de vous, et de deux, de ne pas tenter une approche directe, car ils y sont préparés. Tant que vous les attaquerez sur le flanc et ne cesserez de bouger, ils seront désorientés et ne sauront comment réagir. Emmett ?



Emmett était aussi excité d'en découdre, que les Loups. Il était heureux comme un gamin à l'idée de se battre contre son frère et devant des spectateurs en plus ! Il s'avança près de Jasper, un vaste sourire aux lèvres, il n'était nullement impressionné ou mal à l'aise devant les loups. Toujours aussi inconscient cet Emmett !



- Si je choisis Emmett en premier, c'est qu'il est le meilleur exemple de la stratégie brute.



- Prie pour que je ne te casse rien ! gronda ce dernier, vexé.



- J'entends par là qu'Emmett compte sur sa puissance, qu'il va droit au but. Nos ennemis ne feront pas dans la subtilité non plus. Allez, Emmett, essaie de m'attraper.



Comme prévu, mon colosse de frère fonça sur Jasper, sans réfléchir alors que ce dernier avait déjà disparu. Sa puissance n'était pas suffisante face à la rapidité de Jasper tant est si bien qu'Emmett fut rapidement maîtrisé par derrière avec les crocs de l'ancien soldat à moins de deux centimètres de sa gorge.



L'exemple était flagrant et les loups s'en réjouirent. Emmett, lui, lâcha un juron, déçu d'en avoir déjà terminé.



- On recommence … râla-t-il.



- C'est mon tour ! protestai-je, désireux de montrer de quoi j'étais capable, encore plus en présence du cabot.



- Une minute, les impatients … plaisanta Jasper. Je tiens d'abord à montrer quelque chose à Bella.



Il fit un signe à Alice afin qu'elle le rejoigne.



- Je sais que tu t'inquiètes pour elle, reprit-il à l'intention de Bella. Je vais te prouver que c'est inutile.



Il espérait que par cette manœuvre, Bella pourrait enfin comprendre qu'elle s'angoissait pour rien et qu'Alice était tout à fait capable de se défendre seule. Ce combat ressemblait d'ailleurs plus à une danse qu'à un réel affrontement. Alice était si rapide, si agile qu'elle arrivait toujours à surprendre Jasper. Elle restait gracieuse même en se battant et c'était là toute sa force. Elle termina ainsi le combat perchée sur le dos de mon frère, les lèvres collées à son cou.



- Je t'ai eu ! s'exclama-t-elle en riant tout en embrassant la gorge de son compagnon.



- Tu n'es qu'un horrible petit monstre ! répondit-il, amusé.



Cette fois, c'était des pensées de dégoût que les loups m'envoyèrent. Ils étaient écœurés par l'amour que se manifestaient Alice et Jasper. C'était contre nature pour eux. Ils étaient aussi effrayés qu’une femelle puisse battre un mâle … légèrement machos, les loups ! Cette scène avait donc du bon car ils pouvaient ainsi découvrir nos bons côtés et voir que les femmes étaient les égales des hommes. Aucune différence dans notre famille.



- Apprendre à nous respecter ne leur fait pas de mal… lâchai-je à voix haute. A moi ! m’exclamai-je ensuite.



Je serrai la main de Bella afin qu’elle comprenne que tout irait bien et que cela n’allait pas être long. Alors que je m’avançais vers mon frère, je vis Alice qui allait prendre ma place à ses côtés. Cela me rassurait au cas où Bella perdrait ses moyens durant mon combat.



Jasper me jaugeait du regard mais je détenais une arme clé … ses pensées ! Je savais à l’avance chaque attaque qu’il me préparait. Je n’avais plus qu’à esquiver. Malgré tout, l’expérience de mon frère pesait lourd et il était un redoutable adversaire. Aucun de nous deux ne réussissait à prendre l’avantage. Le but était avant tout de divulguer aux loups les différentes facettes et prises lors d’un combat.



Ils semblaient d’ailleurs fort intéressés et ne masquaient pas leur curiosité. Je parvenais d’ailleurs enfin à capter les pensées braillardes du cabot. Elles commençaient même à masquer la puissance de celles de Sam. Le cabot ironisait sur le fait que je n’étais même pas capable de prendre le dessous sur mon frère. Il me trouvait faible et me taquinait déjà sur le fait que les nouveau-nés ne feraient qu’une bouchée de moi. Je restais volontairement sourd à ses moqueries car la meute n’avait pas besoin de connaître mon ressentiment. Ils connaissaient visiblement un peu trop celui de Jacob, du reste. Ce dernier ne cessait de se plaindre d’avoir perdu Bella et de me reprocher de la lui avoir volée.



Carlisle mit fin à notre combat, faute de vainqueur.



- Match nul, déclara Jasper à son tour. On continue.



Ce fut donc ensuite au tour du reste de ma famille et Emmett insista même pour repasser une nouvelle fois. Bella commençait à montrer des signes de fatigue, je sentais le poids de son corps se reposant contre le mien, comme si elle avait besoin de moi pour rester debout. Elle fermait même les yeux mais luttait pour rester éveillée.



- C’est bientôt terminé, lui murmurai-je.



Mon frère le confirma d’ailleurs aussi à la meute tout en ne parvenant pas à cacher son malaise.



- Nous recommencerons demain. N’hésitez pas à revenir, annonça-t-il.



- Bien. Nous serons là, répondis-je à la place de Sam.



Sam me demanda de proposer quelque chose à ma famille jugeant qu’il était important de reconnaître nos odeurs respectives. Je trouvais cette proposition judicieuse compte tenu des événements passés mais je savais à quel point leur odeur nous était difficile à supporter et surtout leur proximité pouvait mettre mal à l’aise certains des miens. Je pensais principalement à Jasper. J’étais cependant dans l’obligation de le leur proposer. Je soupirai redoutant la réaction de ma famille. Je caressais le bras de Bella pour lui faire comprendre que je devais m’éloigner un instant afin de parler à mon clan.



- La meute estime qu’il serait utile que nous nous familiarisions avec les odeurs des uns et des autres, histoire d’éviter des erreurs, dans le futur. Si nous pouvions ne pas bouger, ça leur faciliterait la tâche.



- Très certainement, acquiesça aussitôt mon père.



Les loups s’avancèrent vers nous. Eux non plus n’étaient pas réjouis de nous approcher d’aussi près mais leur chef avait parlé et ils devaient s’exécuter. Bella avait retrouvé ses esprits et semblait plus alerte. Je la regardais du coin de l’œil pour voir comment elle réagissait devant les loups et surtout si elle avait reconnu Jacob. Sam s’avança le premier suivi d’un loup gris plus fluet et petit que les autres …



Ils étaient tellement absorbés à se concentrer que toutes leurs pensées m’étaient enfin accessibles. C’est ainsi que je compris que ce loup gris n’était autre qu’une … louve. Je ne l’avais pas encore remarquée car elle ne s’était pas encore manifestée, plus en retrait que les autres comme si elle avait du mal à trouver sa place. Je masquais encore plus ma surprise lorsque je découvris ses origines et son histoire notamment avec Sam. Cette rencontre avec la conscience de la meute était très enrichissante.



Vint ensuite un grand loup au pelage brin, roux à l’allure nonchalante. Cette décontraction outrageuse était tellement opposée à la répugnance des autres qu’elle ne pouvait correspondre qu’à un seul loup … Jacob Black ! Tous mes membres se contractèrent aussitôt lorsque son regard lupin croisa celui de Bella. Comment allait-elle réagir, allait-elle le reconnaître ? Lui n’en doutait pas, apparemment.



Elle le dévisagea visiblement hésitante mais quelque peu fascinée aussi. Il ouvrit alors sa gueule, en n'y laissant retomber sa langue sur le côté. Cette ruse était destinée à faire rire Bella et à s'assurer qu'elle l'avait reconnu. Cela avait fonctionné. Il me toisa du regard afin de me faire comprendre que je ne devais pas intervenir. Il plia alors ses énormes pattes et baissa la tête pour être à la hauteur de ma bien-aimée.



- Jacob, souffla-t-elle heureuse.



Ce dernier émit un grondement en guise d'assentiment. Elle tendit une main tremblante afin de le caresser. Ses prunelles noires se fermèrent et la tête du cabot alla se coller sur la paume de Bella. Aussitôt d’étranges ronronnements se firent entendre. Il en faisait trop comme d'habitude. Je sentais la colère m'envahir mais je devais me maîtriser. Il savait d'ailleurs, que je ne tenterais rien afin de préserver la paix entre nos deux clans et mener à bien notre bataille face à l'armée de nouveau-nés. Il en profitait alors pour roucouler devant moi. Alors que je pestais contre son audace, il accentua encore plus mon mécontentement lorsque subitement il se mit à lécher le visage de Bella.



- Beurk ! Jacob ! C'est dégoutant ! hurla Bella en reculant.



Le pire de tout pour moi était que Bella jouait son jeu, sans le savoir. Je me sentais ridicule alors que toute ma famille assistait à cette scène totalement surréaliste. J'entendais les pensées d'Alice qui vociférait contre l'inconscience de Bella et lui reprochait la peine qu'elle m'infligeait. J'avais effectivement du mal à cacher ma déception. Jasper et Rosalie, quant à eux, trouvaient cela totalement répugnant.



Les loups, eux, Sam en tête, étaient mécontents de l'attitude de Jacob. Il ne devait pas s'afficher à ce point. Surtout avec une humain côtoyant les sangs froids.



Mais le cabot s'en moquait et riait de jouer avec Bella tel un misérable animal de compagnie. La meute recula doucement avant de disparaître, ne souhaitant plus attendre Jacob qui n'était pas décidé à les suivre. Toutefois, deux d'entre eux restèrent à la lisière de la forêt, s'inquiétant qu'il puisse arriver quelque chose à l'un des leurs.Je soupirai, exaspéré moi aussi que le loup en profite pour jouer les prolongations. Je m'approchai de Bella et lui pris la main en leur demandant à tous deux :



- Prête à partir ?



Le loup me questionna aussitôt :



« Vous avez déjà décidé de l'endroit où Bella allait se réfugier durant la bataille ? »



- Je n'ai pas encore tous les détails, lui répondis-je quelque peu agacé.



Il n'apprécia pas ma réponse et lâcha un grondement avant de reprendre.



« Laisse-la sur la réserve, elle y sera en sécurité. »



- Ce n'est pas aussi simple. Ne t'inquiète pas, je veillerai à sa sécurité, le rassurai-je.



- De quoi parlez-vous ? intervint Bella.



- De stratégie.



N'appréciant pas que Bella soit exclue de la conversation, il préférait reprendre sa forme humaine afin qu'elle puisse comprendre de quoi nous étions en train de parler. Il fila dans les bois puis revint aussitôt après le torse nu, seulement vêtu d'un bas de survêtement à moitié déchiré.



- OK, buveur de sang, reprit-il. Qu'y a t-il de si compliqué ?



- Je dois envisager toutes les éventualités, répondis-je. Et si l'un d'eux vous échappait ?



- Admettons … râla le cabot, dédaigneux. Dans ce cas, confie-la-nous. Collin et Brady resteront à la réserve, de toute façon. Elle ne risquera rien.



- Seriez-vous en train d'évoquer ma petite personne ? s'emporta Bella qui venait de comprendre que nous parlions d'elle depuis le début de notre conversation.



- Je veux juste savoir ce qu'il compte faire de toi pendant la bagarre ! se justifia aussitôt le cabot.



- Faire de moi ?



- Il est impossible que tu restes à Forks, Bella, expliquai-je calmement. Imagine qu'un de nos adversaires parvienne à filer.



- Charlie ! souffla-t-elle aussitôt, effrayée.



Une fois encore, elle s'inquiétait plus pour son père que pour elle même.



- Il sera chez Billy, la rassura le cabot. S'il le faut, mon père commettra un meurtre pour l'attirer à La Push. Ca n’ira sans doute pas jusqu'à là. Ca se passera samedi, hein ?. Il y a un match.



- Samedi ? s'écria-t-elle. Flûte ! Ton concert tombe à l'eau.



Elle ne prenait pas conscience de la gravité de la situation et s'inquiétait de ce stupide concert au lieu de sa propre vie.



- Pas grave, tu donneras les billets à quelqu'un d'autre.



- Angela et Ben ! rétorqua-t-elle aussitôt. Au moins, ces deux là ne seront pas en ville.



- Tu ne réussiras pas à évacuer tout le monde … lui murmurai-je. Nous te cacherons par précaution. Je te le répète, tout se passera bien. Ils ne seront pas assez nombreux pour nous occuper tous.



- Alors … intervint le cabot, impatient de connaître ma réponse. Que penses-tu de la confiner à la réserve ?



- Elle y est allée trop souvent, objectai-je enfin. Elle a laissé sa trace partout. D'après Alice, il n'y aura que de très jeunes vampires, mais ils ont été créés par quelqu'un de mûr et d'expérimenté. Le combat pourrait n'être qu'une diversion. Certes, Alice devinera si cette personne décide d'intervenir elle-même, sauf que nous aurons d'autres chats à fouetter à ce moment-là. Si ça se trouve, le ou la responsable compte là-dessous. Bella doit être difficile à dénicher. Je refuse de courir ce risque.



- Dans ce cas, planque là ici ! lança le cabot en se tournant vers la forêt derrière lui. Il y a des milliers de possibilités qui ne seraient qu'à quelques minutes de nous en cas de besoin.



- Non. Son arôme est trop fort et particulièrement identifiable, combiné au mien. Même si je la portais, nous laisserions une piste. L'odeur de notre clan est partout, certes, mais l'ajout du parfum de Bella attirerait leur attention. Nous ne sommes pas certains du chemin, qu'ils emprunteront, parce qu'ils n'en savent encore rien eux-mêmes. S'ils croisaient notre trace avant …



Je lâchai une grimace à cette idée et le loup fut de mon avis, pour une fois.



- Il y a bien une solution, maugréa le cabot.



Bella était épuisée, elle ne tenait plus sur ses jambes. Je la voyais se balancer d'avant en arrière sous l'effet de la fatigue. J'enlaçai sa taille afin de l'aider à se maintenir debout.



- Je te ramène, tu n'en peux plus. Et puis Charlie ne va pas tarder à se réveiller … dis-je en regardant le soleil poindre à l'horizon derrière nous.



- Une seconde … m'interrompit le cabot. Mon fumet à moi, vous répugne, non ?



Le cabot voulait tenter de leurrer les nouveau-nés en mêlant son odeur à celle de Bella afin de cacher sa trace.



- Bien imaginé ! admis-je. Oui, pourquoi pas ? Jasper ?



Mon frère arriva aussitôt, ma sœur sur ses talons. Le cabot se crispa à cause de notre supériorité numérique. Je lui demandai de tester son plan tout de suite même si je supportais assez mal l'idée qu'il puisse serrer Bella contre lui. Nous n'avions pas d'autre choix alors je fis comme si cela ne me faisait rien. Il tendit les bras vers Bella mais celle-ci se rebiffa. Il lui expliqua la raison de cette balade forcée mais elle n'était toujours pas d'accord.



- Laisse-le te porter, Bella, lui confirmai-je pour l'encourager.



Elle fronça les sourcils tout de même ce qui énerva le cabot.



- Cesse de faire l'enfant ! dit-il en levant les yeux au ciel tout en la prenant d'autorité dans ses bras.



- L'arôme de Bella est beaucoup trop puissant pour moi. Mieux vaut que tu essaies, toi, dis-je à mon frère.



Le loup se volatilisa avec Bella dans ses bras. Mon anxiété était à son comble d'une part car elle était seule avec lui et d'autre part car je redoutais que ce plan ne fonctionne pas. Jasper et Alice partirent à leur tour afin de retrouver leurs traces.



Le cabot revint rapidement et Bella se précipita pour venir me rejoindre. Jasper et Alice arrivèrent à leur tour et Bella les questionna sans attendre :



- Alors ?



- A condition que tu ne touches à rien, Bella, aucun vampire n'osera fourrer son nez sur cette piste … confirma mon frère écœuré.



- Succès garanti ! renchérit Alice.



- Cela m'a donné une idée ! s'exclama Jasper.



Mon frère avait déjà élaboré son plan de bataille grâce à cette découverte. Le cabot exaspéré de ne pas comprendre, demanda à Bella comment elle pouvait supporter de nous voir parler comme si elle n'était pas là. Je décidai donc pour une fois de leur expliquer le plan judicieux de mon frère.



- Nous allons semer des indices olfactifs, Bella. Les nouveau-nés sont des traqueurs, ton odeur les excitera, et ils viendront à l'endroit exact que nous aurons choisi pour les recevoir. Nous nous séparerons pour qu'ils nous attaquent sur deux fronts. La moitié dans la forêt, où les loups les attendront …



- Oui ! s'extasia le cabot en me coupant la parole.



Il partageait notre plaisir de flanquer une bonne raclée à cette armée grâce à l'ingénieux plan de mon frère. Mais ce dernier dérapa rapidement …et proposa quelque chose qu'il m’était impossible d'accepter.



« Et si nous utilisions Bella comme appât et qu'elle reste à nos côtés pendant la bataille, ils perdraient tous leurs moyens ! Victoire assurée ! »



- N'y compte pas ! le rabrouai-je sèchement.



- Oui, oui, je sais. Ce n'était rien qu'une idée en l'air … admit-il pour s'excuser.



Alice lui écrasa le pied pour avoir osé proposer une telle chose. Comment pouvait-il imaginé mettre la vie de Bella ainsi en danger. C'était bien trop risqué et il le savait.



- Hors de question ! décrétai-je définitivement.



- D'accord ! s'inclina-t-il déçu par mon intransigeance.



Toutefois, il comprenait ma réticence vu qu'il ne connaissait que trop bien mes réactions excessives dès qu'il s'agissait de la sécurité de Bella. Sa stratégie militaire avait pris le pas sur ce que je pouvais ressentir mais je ne lui en voulais pas d'avoir pensé à cela.



Il s'éloigna donc au bras de ma sœur afin de rejoindre le reste de ma famille. Jacob restait stoïque face à la stupéfiante réaction de mon frère. Il ne comprenait pas qu'il ait pu suggérer une telle chose alors que nous étions justement tous réunis dans le but de la sauver. Je me sentais obligé de le défendre pour que le cabot ne se fasse pas de fausses idées :



- Jasper envisage les choses d'un point de vue stratégique. Il examine toutes les options. C'est de la rigueur, pas de l'insensibilité.



Il resta toutefois sceptique et lâcha un grognement de consternation.



- J'amènerai Bella, ici, vendredi après-midi; repris-je. Afin d'y laisser la trace destinée à les attirer. Rejoins-nous, puis tu la porteras jusqu'à un endroit que je connais. Loin d'ici et facile à défendre, au cas où. Moi, je suivrai un autre chemin.



- Et après ? On l'abandonne là-bas avec un portable ? rétorqua le cabot acerbe.



- Tu as mieux à suggérer ?



- Oui ! « J'ai mieux qu'un portable. Un loup ! »



- Oh ! Encore félicitations, clébard ! m'exclamai-je stupéfait de son intérêt à nous aider.



- Nous avons tenté de persuader Seth de rester à la réserve avec les deux dernières recrues. Malheureusement, il est têtu. Alors, je vais lui confier la tâche de téléphone mobile, fanfaronna le cabot.



- Tant que Seth gardera sa forme de loup, il sera connecté à la meute. Il servira d'intermédiaire entre toi et nous. La distance ne pose de problème, Jacob ?



- Non.



Sur ce coup, le cabot m'avait épaté et il s'avérait être très utile. Sa proposition était une très bonne idée car ainsi Bella ne serait pas seule pendant que nous combattrons.



- Quand je pense qu'on en est réduit à faire confiance aux loups garous ! lâchai-je goguenard.



- Et nous ? Combattre aux côtés des vampires au lieu de les combattre !



- Il t'en restera quelques-uns quand même.



- C'est bien pour cela que nous avons accepté de jouer le jeu, s'exclama-t-il le sourire aux lèvres tout en courant vers la forêt.



La seconde qui suivit, il avait disparu. Nous avions réussi à trouver un terrain d'entente pour mener à bien notre bataille et surtout nous avions trouvé un moyen de protéger Bella. J'étais soulagé que tout commence à se mettre en place à l'approche de l'important combat qui nous attendait. Certes, j'avais du mal à imaginer Bella loin de moi durant cette terrible épreuve mais je ne ressentais aucune peur de la savoir loin de moi. Cela pouvait paraître surprenant pour un vampire mais j'étais convaincu qu'elle ne risquait rien sous la garde d'un loup garou. De toute manière, avais-je un autre choix ?





sanaafatine 19-06-10 11:50 AM



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Ma pauvre Bella était exténuée, elle ne tenait plus sur ses jambes. Je la pris donc dans mes bras pour la ramener chez Charlie. Elle s'endormit rapidement. Elle ne se réveilla même pas lorsque je lui ôtai ses chaussures et sa veste pour la border dans son lit. Le jour se levait et Bella dormait à poings fermés. Son sommeil fut une fois encore très agité car elle revivait la difficile journée qui venait de s'écouler. Elle ne cessa pas de parler… La plupart du temps, ses paroles n'avaient aucun sens. Elle mentionnait fréquemment l'histoire d'une troisième épouse. Je ne savais pas où elle avait entendu parler de cela car même dans les incroyables pensées de la meute, je n'avais rien trouvé de tel.



Je savais que la rencontre de cette nuit, avec les loups l'avait troublée et elle s'inquiétait outre mesure pour eux mais pour nous aussi. Bella angoissait toujours trop mais comment lui en vouloir ? Elle ne maîtrisait rien et devait se sentir bien inutile, sans aucun pouvoir. Elle se sentait sans doute fautive d'être la raison de la création de cette armée alors qu'elle n'y était absolument pour rien. C'était moi, le fautif. J'avais été assez égoïste pour lui faire côtoyer mon monde plein de dangers. Par ma faute, elle avait failli être tuée par un redoutable traqueur, vidée de son sang par mon frère Jasper puis confrontée à une dangereuse dynastie de vampires qui avait exigé sa transformation.



Elle payait le prix fort pour m'aimer. Je ne la méritais pas. C'était un vrai cadeau qu'elle puisse avoir des sentiments si purs à mon égard. Je ne pouvais rêver plus belle chose dans mon existence que son amour. Plus que tout aujourd'hui, je désirais l'avoir à mes côtés pour toujours. Je n'allais plus pouvoir reculer l'échéance de ma demande en mariage. Il y avait bien trop de prétendants autour d'elle qui attendaient un faux pas de ma part pour prendre ma place… le cabot en tête ! Son amour pour Bella était sincère. Je l'avais lu au travers des pensées de la meute. Il n'abandonnerait pas, mais moi non plus ! Je ne supporterais jamais de la perdre alors c'était décidé, j'allais me déclarer très prochainement, dès que la situation le permettrait.



Le soleil inondait doucement la pièce et je ne me lassais pas de l'admirer sous cette douce clarté. Son bras gauche était replié près de son visage alors que son autre bras engoncé par son atèle était posé sur son ventre. Mes yeux se posèrent inéluctablement sur ce fameux bracelet. Hasard ou ironie… mais le petit loup en bois s'était réfugié près de ses lèvres comme s'il essayait de les embrasser. J'avais encore du mal à comprendre pourquoi elle avait accepté si facilement le cadeau du cabot alors qu'elle avait toujours refusé les miens. Mon habitude des choses un peu clinquantes ne lui plaisait sans doute pas. C'est pourquoi j'étais persuadé qu'elle adorerait la bague de ma mère vu qu'elle lui était destinée. Par contre, quel subterfuge allais-je pouvoir trouver pour l'amener à accepter un petit quelque chose pour compléter son bracelet ?



J'avais bien une idée et j'avais prévu de lui offrir un bijou unique qui me ressemblerait. Un objet précieux représentant, je l'espérais, ce que j'étais. Carlisle m'avait montré les autres bijoux que mes parents avaient rassemblés avant de mourir dans le but de me les laisser comme héritage au cas où ils ne survivraient pas. Je n'avais souhaité conserver que très peu de choses car pour la plupart je les avais offertes à mes sœurs et à Esmé. Seule la bague de ma mère avait de l'importance pour moi et puis un autre objet qui allait trouver très rapidement sa nouvelle place au poignet de Bella. Un objet qui avait été transmis à ma mère par sa mère avant elle. Un pendentif magnifique, étincelant et je voulais que Bella en hérite à son tour. Elle ne devait pas se douter de la valeur réelle de ce dernier car j'étais sûr qu'elle refuserait de le porter le jugeant trop beau pour elle.



Repenser à ma mère me rappelait l’inoubliable aventure sous la hutte. C’était d’ailleurs ces merveilleux souvenirs humains qui m’avaient permis de découvrir la signification de cette bague. Sans Carol, je n’en aurais jamais rien su car Carlisle, bien qu’ayant récupéré ces bijoux à la mort de ma mère, en ignorait toute leur histoire. C’était toute cette symbolique qui les rendait encore plus précieux à mes yeux.



Le bonheur indicible que j'avais pu ressentir en revoyant ma mère, en retrouvant mes souvenirs de ma vie humaine. J'avais conscience que tous ces évènements m'avaient rendu beaucoup plus humain et avaient ouvert définitivement mon cœur de pierre. J’étais enfin prêt à recevoir l'amour de Bella et à lui rendre au centuple. Je ne pensais pas pouvoir renfermer autant de sentiments si forts et profonds pour quelqu'un. J'avais fini par me convaincre qu'il me restait un semblant d'âme pour avoir le droit de vivre un tel amour.



Elle se réveilla une première fois comme si elle avait percé à jour ce que j'étais en train de mijoter. Elle bredouilla mon prénom. Sa main gauche flanquée de son mini copain loup vint serrer la mienne. Je la caressai pour l'aider à se rendormir. Elle ne s'était pas assez reposée. Elle replongea de plus belle dans ses songes mouvementés. Elle s'en prenait à Jasper maintenant et lui demandait ce qu'elle devait faire pour les aider. Elle ne voulait pas rester en retrait mais plutôt assister à notre combat.



Bella avait pris au sérieux la proposition de mon frère de se servir d'elle comme appât. Pourquoi faisait-elle tout ce qu'elle pouvait pour abréger sa vie, se mettre continuellement en danger ? Je ne me lassais jamais de la protéger mais j'aurais apprécié tout de même le fait qu'elle m'aide au lieu de me mettre trop souvent des bâtons dans les roues. Je devais m’attendre à une tentative d’incursion de sa part car je savais à présent qu’elle ne renoncerait pas à nous suivre.



Les heures s'étaient écoulées au son de la respiration de Bella tantôt calme tantôt agitée. Ce ne fut qu'au milieu de l'après-midi qu'elle s'étira puis bailla comme si elle était prête à se réveiller. Elle murmura mon prénom tout en cherchant ma main. Je frôlai doucement la sienne pour éviter de briser le loup en bois qui venait de chatouiller mes doigts. Cette idée était alléchante mais elle aurait peiné Bella donc je n'en fis rien.



- Es-tu réveillée pour de bon, cette fois ? lui murmurai-je.



- Oui. Pourquoi, il y a eu de fausses alertes ?



- Tu as été très agitée, tu as parlé toute la journée.



- Quoi ? Quelle heure est-il ?



- Tu as dormi longtemps. Tu méritais une grasse matinée.



Elle s'assit alors tout en grimaçant. Elle devait être à bout de forces après tant d'émotions et de fatigue.



- Tu as faim ? Tu veux que je t'apporte le petit déjeuner au lit ?



- Non, je m'en occupe. Il faut que je me dégourdisse les jambes.



Je lui pris la main pour l'accompagner jusqu'à la cuisine et m'assurer en même temps qu'elle ne tomberait pas à cause d'un vertige du à sa faim.



Alors qu'elle se préparait son petit déjeuner, elle se regarda brièvement dans le reflet du grille-pain.



- Beurk ! Je suis affreuse, s'exclama-t-elle.



- Nuit Blanche. Il aurait été préférable que tu restes tranquillement ici.



- Pour tout rater ? Merci bien ! Mets-toi dans le crâne que je ferai bientôt partie de la famille.



- C'est une perspective qui ne me déplait pas… dis-je en souriant, repensant à mes projets.



Alors qu'elle s'asseyait pour entamer son petit déjeuner, je vins m'installer à côté d'elle. Je ne voyais que ce bracelet qui lui caressait si joliment le poignet.



- Tu permets ? lui demandai-je en tendant la main vers ce minuscule loup de bois qui ne cessait de me narguer depuis la veille.



- Oui bien sûr.



Je tenais enfin mon rival en version miniature entre mes doigts. Le bois était délicat et soigneusement travaillé. Il y avait mis tout son cœur, le cabot. Je n'avais qu'une hâte, qu'une part de moi vienne compléter le tableau. Mon bijou serait du plus bel effet en opposition au côté enfantin de ce petit loup de bois.



- Jacob Black peut t'offrir des cadeaux, lui, lâchai-je après mon inspection minutieuse du bracelet.



- Tu m'as déjà offert des cadeaux. J'aime ceux que l'on fabrique soi-même.



- Et les machins d'occasion, les objets de récupération, sont-ils acceptables ? lui demandai-je en minimisant volontairement la valeur des bijoux qui je lui prédestinais.



- Comment ça ?



- Comptes-tu porter ce bracelet longtemps ?



Elle haussa les épaules mais je devais en déduire qu’elle ne comptait pas l’enlever tout de suite. Elle appréciait ce cadeau apparemment. J’allais devoir bel et bien composer avec.



- Tu ne voudrais pas vexer ton ami … lui soufflai-je à sa place.



- Oui, j’imagine.



- Dans ce cas, ne serait-il pas juste que je sois moi aussi représenté ? lui demandai-je tout en lui caressant les veines de son poignet.



- De quelle manière ?



- Avec un pendentif, quelque chose qui me rappellerait à ton bon souvenir.



- Tu ne quittes jamais mes pensées. Je n’ai pas besoin d’une piqûre de rappel, lâcha-t-elle.



Elle ne semblait pas particulièrement enchantée à l’idée que je vienne me greffer sur le cadeau de son ami. J’étais un peu déçu qu’elle fasse tant d’histoires dès qu’il s’agissait que je lui offre quelque chose. J’insistai tout de même me doutant qu’elle ne refuserait pas ma demande afin de ne pas me peiner.



- Si je te donnais quelque chose, le porterais-tu ?



- Un objet de récupération ?



- Oui, quelque chose que j’ai depuis pas mal de temps, confirmai-je avec un large sourire.



- S’il n’y a que cela pour te faire plaisir … murmura-t-elle.



- Tu n’as donc pas noté combien c’est injuste ? lâchai-je, tout à coup vexé qu’elle ne prenne pas plus à cœur l’idée d’avoir un cadeau de moi. Moi, si.



- Qu’est-ce qui est injuste ?



- Tout le monde a le droit de t’offrir des trucs, sauf moi. J’aurais adoré marquer ton diplôme avec un quelque chose ; je m’en suis abstenu parce que je savais que tu le prendrais plus mal que de la part d’un autre. Il y a deux poids deux mesures. Tu m’expliques ?



- Ce n’est pas bien compliqué. Tu comptes plus que quiconque, pour moi. Et tu m’as déjà donné ta personne. C’est plus que je ne mérite, et tout ce que tu rajoutes renforce le déséquilibre qui nous sépare.



- Cette façon de me considérer est d’un ridicule consommé, m’agaçai-je à moitié.



Alors qu’elle continuait à déjeuner tranquillement, mon portable se mit à sonner. Après avoir rapidement vérifié le numéro qui s’affichait, je décrochai :



- Oui, Alice ? m’exclamai-je.



« Excuse moi de te déranger mais j’ai eu une vision ce matin et elle concernait les nouveau-nés mais pas seulement. Il y a donc une bonne nouvelle mais aussi une mauvaise. … Ok, je commence par la bonne, l’armée ne s’élève plus qu’à dix-neuf combattants, deux ont été éliminés la nuit dernière. Quand à la mauvaise, elle concerne Bella … Elle ne va en faire qu’à sa tête et va vouloir nous rejoindre lors du combat. »



Je soupirai comprenant que les divagations nocturnes de Bella reflétaient bien une part de ses pensées.



« Si on la laisse faire, elle va se perdre dans la forêt en tentant de nous rejoindre. On ne peut pas prendre ce risque, il faut que l’on trouve une solution »



- J’avais plus ou moins deviné … répondis-je tout en jetant un coup d’œil réprobateur à Bella. Elle en a parlé dans son sommeil.



Elle se mit aussitôt à rougir, visiblement confuse de ne pas savoir ce qu'elle avait raconté.



« Je te laisse régler cela mais ne la laisse pas prendre de risques inutiles. Il faut qu'elle nous fasse confiance … on va la protéger. »



- Je m'en occupe ! promis-je à ma sœur avant de raccrocher.



Après avoir rangé mon téléphone dans ma poche de manteau, je me tournai vers Bella, mécontent que mes soupçons soient fondés. Je la regardais fixement tout en la questionnant :



- Aurais-tu quelque chose de particulier à me confier ?



Elle réfléchit alors longuement, en faisant la moue. Elle fuyait mon regard, mal à l'aise que je puisse connaître ce qu'elle souhaitait. Je patientais espérant qu'elle se livrerait sans retenue.



- L'idée de Jasper me plaît bien, avoua-t-elle enfin.



Je ne pus retenir un grognement à cette idée même si je m'y étais préparé.



- J'ai envie d'aider. J'en ai besoin.



- T'exposer ne rendra service à personne.



- Ce n'est pas l'avis de ton frère, qui est un expert en la matière.



Je la fusillai du regard, irrité par sa remarque.



- Tu ne réussiras pas à m'éloigner, insista-t-elle. Je refuse de me cacher pendant que vous autres vous mettez en danger pour moi.



Comme je le craignais, elle se sentait fautive. Ma colère s'estompa aussitôt, je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle ne savait pas où était sa place et semblait penser qu'elle devait être à nos côtés. Je décidai alors de lui confier une partie de la vision de ma sœur :



- Alice ne t'a pas vue avec nous mais perdue dans les bois. Tu n'arriveras pas à nous localiser, juste à m'inquiéter davantage quand il faudra que je parte en quête de toi.



- Elle a négligé Seth Clearwater ! me rétorqua-t-elle en faisant mine de garder son calme. Je savais que ce n'était pas le cas car je percevais les rapides battements de son coeur. Sinon, elle n'aurait rien vu. Or, il souhaite autant que moi assister aux opérations. Je ne devrais pas avoir beaucoup de mal à le persuader de me montrer le chemin.



Sa remarque fit ressurgir ma colère. Je respirais profondément afin de retrouver mon calme. La seule réplique minable que je pus trouver en guise de réponse c'était une stupide menace :



- Voilà qui aurait pu marcher si tu n'avais rien dit. Maintenant je vais juste demander à Sam de donner certains ordres. Seth sera bien forcé d'y obéir.



- Pourquoi Sam t'écouterait-il ? riadminhelpa-t-elle en souriant. Surtout si je lui explique qu'il m'est nécessaire d'être là-bas. Je suis certaine qu'il préférera me rendre service plutôt qu'à toi.



- Tu as peut-être raison. Auquel cas, je m'adresserai à Jacob, la narguai-je volontairement à mon tour. Je savais que ma remarque la dérouterait. Elle ne connaissait pas encore l'influence qu'avait Jacob sur la meute. Moi si, pour avoir eu accès à leur passionnant esprit collectif.



- Et alors ?



- Il est le second de Sam. Tu l'ignorais ? Ses commandements sont également indiscutables, lâchai-je dans un sourire victorieux.



J'étais convaincu qu'elle ne tenterait plus rien maintenant, du moins sans m'en parler. Le soulagement qui m'emplissait me donnait envie d'apaiser sa fureur qu'elle ne parvenait plus à dissimuler à présent. Je voulais lui raconter tout ce que j'avais découvert sur les loups garous. C'était si étonnant que je savais que cela lui plairait.



- Cette nuit, j'ai eu l'occasion de déchiffrer l'état d'esprit de la meute. Fascinant. Encore mieux qu'un feuilleton. Je ne me doutais pas que la dynamique régissant un aussi vaste groupe était à ce point complexe. La façon dont un individu se confronte à la psyché générale est tout bonnement passionnante.



Elle ne semblait pas décider à m'écouter à en juger le regard assassin qu'elle m'assena. Je décidai tout de même de continuer mes explications espérant que cela l'aiderait à s'apaiser.



- Jacob conserve bien des secrets, ajoutai-je volontairement avec un grand sourire.



Elle ne releva pas tout de même. Elle restait furieuse. Je continuais à attiser sa curiosité espérant qu'elle me parlerait.



- As-tu remarqué le loup gris, le plus petit ?



Elle hocha le menton en guise de réponse. C'était déjà un début.



- Ils prennent leurs légendes avec un sérieux déconcertant. Rien ne les préparait à cela, toutefois.



- D'accord, je craque ! lâcha-t-elle enfin. J'avais gagné. Ne les préparait à quoi ? reprit-elle curieuse dans savoir plus.



- Ils ont toujours accepté comme un fait établi que seuls les descendants mâles du loup originel avaient le pouvoir de se transformer.



- Or, quelqu'un a récemment muté pour qui ce n'était pas le cas ?



- Si,si. Elle est bien une descendante directe.



- Elle ?



- Oui. Elle s'appelle Leah Clearwater.



- Leah est un loup garou ! s'exclama-t-elle fascinée. Sa curiosité avait bien repris le dessus. Depuis combien de temps ? Pourquoi Jacob ne m'en a-t-il rien dit ?



- Il est des détails qu'il n'avait pas le droit de partager, leur nombre, par exemple. Lorsque Sam donne un ordre, la meute ne peut l'ignorer. Jacob a toujours pris grand soin de penser à autre chose quand il se retrouvait près de moi. Mais malheureusement, depuis la nuit dernière, ils n'ont plus de secrets pour moi.



- Je n'en reviens pas ! Leah Clearwater !



Après un court silence, elle chuchota :



- La malheureuse !



Comment pouvait-elle la plaindre après tout ce qu'elle faisait subir à la meute et plus particulièrement à Sam ?



- Elle leur rend l'existence très pénible … grondai-je. Je ne suis pas sûr qu'elle mérite ta sympathie.



- Dans quel sens ?



- Il leur est déjà assez dur de devoir partager leurs secrets intimes. La règle tacite est de coopérer, de se faciliter la tâche. Quand un membre du clan s'amuse de façon malsaine avec ça, tout le monde en pâtit.



- Elle a de bonnes excuses ! la défendit-elle.



- Je suis au courant. Cette imprégnation compulsive est l'une des choses les plus étranges à laquelle il m'ait été donné d'assister, et j'en ai pourtant vues, au cours de ma vie, des bizarreries. Le lien unissant Sam à Emily, ou plutôt Emily à Sam, est indescriptible. Lui n'a vraiment pas le choix. Cela me rappelle Le Songe d'une nuit d'été, l'atmosphère chaotique créée par les sortilèges amoureux que lancent les fées … C'est magique. Presque aussi fort que ce que je ressens envers toi.



- Pourquoi parles-tu de jeu malsain ?



- Elle ne cesse d'évoquer des évènements désagréables. Comme avec Embry, par exemple …



Je distillais mes informations au compte-gouttes pour m'assurer que j'étais parvenu à la faire changer de conversation et puis la meute était si fascinante. Leurs coutumes et leurs histoires étaient si différentes de tout ce que j'avais pu connaître jusqu'à présent.



- Qu'est-il arrivé à Embry ? s'étonna-t-elle.



- Sa mère est venue sur la réserve Makah il y a dix-sept ans, enceinte de lui. Ce n'est pas une Quileute. Tout le monde croyait qu'elle avait laissé le père derrière elle. Or, voilà que le fiston se transforme.



- Et alors ?



- Alors les paris sur l'identité du géniteur se portent sur le vieux Quil Alteara, Joshua Uley ou Billy Black, lesquels étaient tous mariés à l'époque.



- Non ! s'exclama-t-elle une nouvelle fois, toute aussi surprise que moi de tous les secrets que recelaient les Quileute.



- Du coup, repris-je, Sam, Jacob et Quil se demandent lequel d'entre eux a un demi-frère. Tous préfèrent s'imaginer que c'est Sam, dans la mesure où son père n'a pas assuré. Le doute subsiste, toutefois. Jacob n'ose pas aborder la question avec Billy.



- Comment as-tu réussi à en apprendre autant en une seule nuit ?



- L'esprit de la meute est hypnotisant. Tant de pensées, à la fois séparées et unies ! Sacrée lecture !



J'étais juste un peu déçu de ne pas y avoir eu accès plus longtemps encore. Je ne connaissais pas autant de secrets que je le laissais paraître. Quelques zones d’ombres telles que cette fameuse troisième épouse me faisaient défaut et j'en étais frustré. Avoir accès à leurs secrets les plus enfouis m'avait galvanisé et je n'en étais pas encore rassasié et puis ainsi je pouvais être au même niveau d'informations que le cabot.



- Les loups sont effectivement passionnants ! confirma-t-elle rieuse. Presque autant que toi lorsque tu essaies de me détourner de mon but …



Soudainement mon apparente gaieté se dissipa. Je ne l'avais pas dupé aussi facilement que je l'avais pensé.



- Il est indispensable que je sois avec vous, Edward ! insista-t-elle de nouveau.



- Non ! rétorquai-je une nouvelle fois, décidé.



Elle détourna son regard et me lança d'une voix dure :



- Très bien. Dans ce cas … j'ai vécu la folie une fois, je connais mes limites. Je ne supporterais pas que tu m'abandonnes de nouveau.



Elle fuyait mon regard, consciente qu'elle allait volontairement me blesser. Oui, j'étais meurtri, mais je parvenais à comprendre son angoisse car je la partageais à chaque instant. Il m'était intolérable de l'imaginer loin de moi. Néanmoins, me rappeler cet épisode douloureux devait avoir une signification particulière.



Je commençais à comprendre que ce n'était pas seulement pour ma famille qu'elle s'inquiétait ou pour les loups mais plus particulièrement pour moi.



S'attendant sans doute à ce que je sois déçu, elle fixait la nappe devant elle. Au lieu de cela, je l'enlaçai doucement dans mes bras de pierre pour la rassurer. Je caressai délicatement ses joues puis ses bras tout en lui murmurant :



- Cela n'ira pas jusque-là, Bella. Nous réglerons la situation rapidement.



- Ignorer si tu en reviendras ou non est intolérable, ce n'est pas une question de rapidité.



- Ce sera facile. Tes peurs sont infondées.



- Ah oui ?



- Je te le jure.



- Tout le monde s'en sortira ?



- Oui, lui confirmai-je une nouvelle fois.



- Donc, je n'ai pas besoin d'être présente ?



- Non. Alice vient de m'annoncer qu'ils ne sont plus que dix-neuf. Nous les battrons en un clin d'œil.



- Parfait. Si je ne m'abuse, tu as même affirmé que certains parmi vous n'auraient rien à faire, sinon regarder. Tu le pensais vraiment ?



- Oui.



- Donc, tu pourrais ne pas y participer ? me demanda-t-elle tout naturellement en me regardant de nouveau comme pour mieux déchiffrer ma réaction.



Étonnamment, je ne fus pas réellement surpris par cette question. D'une certaine manière, tous ses rêves agités de la nuit tournaient autour de cette requête… Elle voulait que je reste auprès d'elle.



- Pour résumer, reprit-elle, il n'y a que deux possibilités. Soit c'est plus dangereux que tu ne veux bien me l'avouer, auquel cas j'estime que je devrais être sur place, pour aider dans la mesure de mes faibles moyens, soit ce sera si facile qu'ils se passeront de toi. Qu'en penses-tu ?



Comme il était tout à fait exclu qu'elle participe au combat, il ne me restait que la possibilité de rester à ses côtés. Il m'était difficile d'imaginer le combat sans moi mais nous étions si confiants… et puis les loups étaient si forts et pressés d'en découdre que je savais que ma présence n'était peut-être pas aussi vitale que je ne le pensais. Elle s'inquiétait effectivement pour moi et me voulait près d'elle pour affronter ce pénible moment.



- Es-tu en train de me demander de les laisser se battre seuls ? lui demandai-je calmement pour être sûr d'avoir bien compris ce qu'elle désirait.



- Oui. Ou de m'autoriser à t'accompagner sur le champ de bataille. L'essentiel est que nous soyons ensemble.



Je respirai profondément le temps d'une courte réflexion afin de savoir comment j'allais m'organiser car ma décision était déjà prise. Elle avait besoin de moi, ma vie lui était dévouée alors je resterais auprès d'elle et Jasper allait s'assurer que cela ne causerait aucun dommage dans notre défense.



Je plaquai alors mes mains froides sur ses joues pour l'obliger à me regarder afin qu'elle ne puisse plus fuir mon regard. Je plongeai mes yeux dans les siens pour qu'elle sache que je ne lui en voulais pas de me dire ce qu'elle ressentait. C’était une marque de la confiance qu'elle mettait en moi. Cette même confiance que j'avais tant redoutée qu'elle ait perdu à mon égard à cause de mon stupide départ et des redoutables conséquences qui en avaient découlé.



Je plissai les paupières afin de retenir le flot d'émotions qui me submergeait. J'avais la preuve qu'elle m'aimait et ce, plus que tout. Il aurait été d'autant plus déraisonnable de la décevoir. J'avais envie de lui crier mon amour à l'instant même mais ce n'était sûrement pas le bon moment. J'étais partagé entre deux sentiments : un indicible bonheur et une pointe d'inquiétude du fait de délaisser les miens face à cette armée. J'étais convaincu qu'elle était prête à devenir ma femme…



Passée cette joie insondable, je réalisai que je devais retrouver mon frère au plus vite mais il m'était exclu de laisser Bella seule. Mon adorable sœur allait sûrement accepter de m'aider une nouvelle fois pour assurer sa sécurité.



- Alice ? soufflai-je. Aurais-tu la gentillesse de venir surveiller Bella un moment, s'il te plaît? Il faut que je m'entretienne avec Jasper.



- Très bien, je le préviens que ses plans vont devoir changer. J'arrive tout de suite.



J'eus à peine raccroché mon téléphone que Bella me demanda aussitôt :



- Que vas-tu dire à ton frère ?



- Je vais discuter de ma … non participation à l'affaire, lâchai-je en tentant de minimiser ma déception.



- Je suis désolée, murmura-t-elle face à ma réaction mais je sentais combien elle était soulagée car son cœur retrouvait une allure plus sereine.



- Ne t'excuse pas. Et n'aie jamais peur de me confier ce que tu ressens, Bella. Si cela t'est indispensable … tu es ma priorité.



- Je ne veux pas que tu le prennes comme un choix entre moi et les tiens.



- J'avais compris. Tu m'as proposé une alternative qui t'était nécessaire, j'ai opté pour la solution qui m'était indispensable. C'est ce qu'on appelle un compromis, sans doute.



- Merci, chuchota-t-elle en appuyant sa tête contre mon torse.



- De rien, murmurai-je à mon tour après lui avoir déposé un doux baiser sur le front.



J'étais soulagé d'avoir trouvé une solution. Je n'aurais jamais supporté qu'il arrive quoique ce soit à Bella si elle avait tenté quelque chose pour me rejoindre durant la bataille. Ce qu'elle aurait fait à n'en pas douter si je n'avais pas accepté de renoncer à ce combat. Certes j'étais contrarié de ne pas participer à la bagarre mais d'un autre côté j'allais pouvoir m'assurer moi-même de la sécurité de Bella au cas où un nouveau né devait échapper à la meute. Nous allions être ensemble et c'était tout ce qui comptait pour elle … comme pour moi.



Il restait toujours quelque chose qui me tracassait. Je ne connaissais toujours pas la signification de la légende concernant une troisième épouse. Cette histoire que Bella avait plusieurs fois mentionnée durant ses rêves. Cela devait avoir une importance particulière pour elle sinon elle n'en aurait pas parlée en dormant et surtout elle ne me l'aurait pas cachée. Elle semblait ne pas vouloir que je la connaisse. Je devais en avoir le cœur net au cas où elle tenterait quelque chose :



- Qui est la troisième épouse ? lui demandai-je afin de rompre le long silence qui s'était instauré.



- Pardon ? demanda-t-elle surprise.



- Tu l'as mentionnée, cette nuit. Je n'ai pas compris grand chose.



- Ah oui … marmonna-t-elle étonnamment mal à l'aise. Ce n'est qu'une des histoires qu'on a racontées autour du feu de camp. Elle a dû me marquer.



Je me reculai quelque peu afin d'essayer de deviner ce qui la gênait à ce point, comme si elle voulait me cacher quelque chose. Etrange… J'allais le lui faire remarquer mais ma sœur arriva à ce moment là. Elle s'exclama aussitôt, l'air boudeur :



- Tu vas tout rater …



- Bonjour, marmonnai-je à son intention avant de soulever le menton de Bella afin de l'embrasser. Je serai de retour ce soir, précisai-je. Le temps de réarranger les choses.



- D'accord, acquiesça-t-elle.



- C'est inutile, intervint Alice. Je leur ai déjà annoncé. Emmett est ravi.



- Cela ne me surprend pas … soupirai-je en souriant à moitié tout en quittant la pièce.



Je m'imaginais mon frère se gargarisant de pouvoir liquider plus de nouveau-nés grâce à mon désistement.



Je me préparais donc à tout réorganiser et à planifier différemment le peu de jours qui nous séparaient de la bataille. Plus besoin de m'entraîner ni même de chasser. Ma seule préoccupation allait être la sécurité de Bella. Je savais déjà que les heures à venir allaient être sûrement inoubliables. J'étais décidé à tout mettre en œuvre pour cela.




sanaafatine 19-06-10 11:53 AM



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Toutefois avant de partir j’avais pu capter ce que ma sœur m'avait glissé par la pensée. Elle allait s'assurer que Bella pourrait être chez nous le lendemain soir. Elle avait déjà échafaudé un plan pour moi sachant déjà que je ne participerais pas au combat. Elle me laissait carte blanche quant à l'organisation de ma soirée … Alice connaissait mes intentions et devait même déjà se douter de la manière dont j'allais m'y prendre. Je ne pouvais décidément rien lui cacher

En courant à pleine vitesse dans la forêt, je songeais déjà à la soirée du lendemain mais pour qu'elle soit parfaite, il me manquait quelque chose d'essentiel … ma bague. Carlisle l'avait encore en sa possession. Par peur ou superstition, je n'avais pas souhaité la récupérer à mon retour de Volterra. Je savais que Bella avait besoin de temps et ma manière de lui en laisser était de conserver cette bague dans ce lieu que j'appelais secrètement ma boite de Pandore. J'avais peur qu'en la retirant de son écrin dans lequel elle était jalousement gardée depuis une centaine d'années, de nouveaux malheurs ne s'abattent sur Bella ou sur notre amour.



J'avais été si déstabilisé et perdu après mon retour de Volterra, si inquiet que Bella ne me pardonne jamais, qu'elle ne me quitte pour le cabot que j'avais douté de son amour. J'avais eu tort une fois encore de la sous-estimer, je ne la méritais pas …



Tout était différent à présent. J'avais enfin pris conscience que notre amour était plus fort que tous les malheurs du monde. Notre union était une évidence et je voulais que Bella soit mienne. Quel pire malheur pourrions-nous affronter qu'une armée de nouveau-nés ? Elle ne parviendrait pas à nous atteindre alors aucune autre menace ne le pourrait. J'étais prêt à ouvrir la boite de Pandore, convaincu qu'unis, nous serions invincibles.



J'avais l'impression d'avoir des ailes et je ne réalisais pas encore le cap que j'étais prêt à franchir. Ce mariage avait une réelle importance pour moi contrairement à Bella. J'espérais réussir à lui faire partager tout ce que cela représentait pour moi. J'avais eu tant d'années pour y réfléchir sans jamais être sûr de profiter de cette magie qu'est la parfaite union de deux êtres.



J'arrivai donc à la maison où Jasper m'attendait dans la vaste salle à manger, les bras croisés sur le torse. Il était partagé entre mécontentement et angoisse. Je pris le devant de ses reproches :



- Jazz, ne m'en veut pas, s'il te plaît !



Il me dévisagea surpris. Il ne m'en voulait pas, il était juste embêté de devoir modifier ses plans aussi proche de la bataille.



- Je sais que mon désistement accentue un peu plus notre infériorité numérique … repris-je, mais la meute m'a fait une telle impression que je ne peux pas imaginer que mon absence puisse remettre en cause notre victoire.



- Bien sûr que ta présence n'est pas obligatoire mais j'aurais préféré avoir toutes les chances de notre côté. On ne sait pas vraiment si l'on peut entièrement faire confiance aux loups-garous … me répondit-il pensif.



- Ils ne nous laisseront pas tomber. Détruire des vampires est leur seule raison d'exister sur cette terre alors ils ne peuvent pas se défiler. Ne t'inquiète pas de leur loyauté. Ils nous détestent, certes, mais ils n'ont qu'une parole et se battront à nos côtés, le rassurai-je après avoir parcouru ses pensées dans lesquelles seuls les six membres de notre famille affrontaient l'armée. Il craignait vraiment que la meute ne nous abandonne ce qui expliquait son angoisse.



- Soit ! Si tu le dis, je te fais confiance. Tu as eu accès à leurs pensées, je pense donc que tu les connais bien mieux que nous… m'affirma-t-il en retrouvant un peu d'aplomb. Notre plan restera le même, excepté que tu resteras auprès de Bella pour la protéger avec un de leur loup-garou. Vous pourrez ainsi contrer une éventuelle attaque si l'un ou plusieurs nouveau-nés réussissaient à passer entre les mailles du filet Quileute ou du nôtre.



- J'aurais vraiment aimé être à vos côtés mais comprends-moi, Bella est si fragile que je ne peux pas me résoudre à la laisser seule à un moment pareil, surtout si l'armée est venue pour elle. C'est trop risqué, je dois être auprès d'elle.



- Tu n'as pas besoin de te justifier, tu rates juste une belle bagarre !! sourit-il ensuite en me tapant sur l'épaule. Une dose de bien-être m’envahit aussitôt me prouvant qu’il disait vrai.



Il continua ensuite à m'expliquer ce qu'il prévoyait pour finaliser leur préparation comme par exemple ce qu'il comptait apprendre aux Quileute le soir même ou leur ultime chasse du lendemain soir … raison pour laquelle Alice allait s'assurer que Bella puisse venir chez nous. Nous allions être enfin seuls et j'avais l'intention d'en profiter si Bella l'acceptait. Mon frère me rappela aussi que malgré tout, ma présence du soir était nécessaire pour l'entrainement avec les loups-garous. Je restais leur seul et unique interprète. Je lui confirmai que je n'avais pas oublié et que mon désistement pour le combat ne remettait pas en cause mon implication pour la réussite de notre coopération avec les Quileute.



Ce premier point résolu, je me dirigeai rapidement vers le bureau de Carlisle. Rien ne m'obligeait à aller le voir le jour même, mais mon impatience l'importait sur le reste. Il était installé face à sa table en acajou, en train de lire un de ses innombrables livres. Je m'avançai doucement vers lui, me demandant comment aborder le sujet. Il devina ma gêne après avoir plongé ses yeux dans les miens.



- Et bien Edward, je crois que le moment est venu pour moi de te redonner ton dû. Alice m'a glissé discrètement que tu t'apprêtais à faire ta demande à Bella, dit-il en ouvrant son tiroir de bureau. Il en tira doucement un petit écrin noir … ma boite de Pandore.



Aussi étrange que cela puisse paraître, si j'avais encore eu un cœur, je crois qu'il aurait battu la chamade tellement j’étais excité à l’idée d’offrir cette bague à Bella. Moi qui pensais ne jamais pouvoir la lui mettre au doigt, je ne réalisais pas encore qu'elle l'aurait peut-être tout prochainement et pour toujours…



Carlisle s’approcha de moi et me tendit l’écrin. Je fus incapable d’émettre le moindre son, la gorge nouée par l’émotion. Je voyais défiler devant mes yeux le jour de ma naissance, le petit nourrisson que j’étais dans les bras aimants de ma mère près de mon père, le regard pétillant d’amour pour nous deux. Je pouvais parfaitement distinguer la bague qui brillait de mille feux au doigt de ma mère…



J’ouvris donc l’écrin pour voir de mes propres yeux, cette merveille. Le fin anneau d’or était délicat, surmonté de magnifiques petits diamants tout aussi scintillants qu’une centaine d’années plus tôt. J’espérais sincèrement qu’elle puisse plaire autant à Bella qu’elle m’éblouissait. Je refermai délicatement l’écrin et l’encerclai amoureusement dans ma main. Je repris mes esprits afin de remercier Carlisle d’avoir su conserver précieusement cet incroyable héritage.



- Je n’imaginais pas lui offrir une autre bague que celle-là … bredouillai-je enfin.



- Elle est magnifique, tu as raison et Bella sera s’en montrer digne. C’est définitivement la femme qu’il te faut. Je suis très heureux pour toi, Edward, murmura-t-il à son tour avant de reprendre. Je comprends aussi que tu veuilles la protéger en décidant de rester à ses côtés durant la bataille. C’est plus prudent. Ne te reproche rien, nous comprenons et nous sortirons vainqueurs de ce combat.



- Je te remercie d’approuver ma décision. C’est important pour moi.



- Tâche de prendre bien soin d’elle car nous aurons prochainement un mariage à célébrer et une rentrée à préparer à Dartmouth !! s’exclama-t-il heureux en me serrant dans ses bras.



Après notre brève étreinte, je fis un rapide passage par ma chambre pour y déposer mon précieux bijou qui trouva naturellement sa place au côté de celui que je destinais au bracelet de Bella. J'étais sur un nuage, heureux comme un gamin.



Je retournai ensuite chez ma bien-aimée, soulagé d'un poids et pressé d'être au lendemain. Je revins à la fin de la conversation entre ma sœur, Charlie et Bella. Elles étaient censées aller toutes les deux à Olympia durant le week-end, pour faire les boutiques mais aussi pour faire découvrir la ville à Bella. Enfin, c'était ce qu'elle devait croire car il en serait tout autrement …



Quand à moi, je devais rejoindre Carlisle et le reste de ma famille pour notre traditionnelle randonnée de fin d'année scolaire. Amusant… surtout lorsque Charlie me souhaita ses vœux de bonne randonnée. Il tiqua tout de même trouvant notre goût pour les balades pédestres un peu exagéré surtout au vu du temps qui était annoncé pour cette fin de semaine. Il voulait y croire cependant et faisait réellement confiance à ma sœur pour se convaincre que nous ne lui cachions rien.



Alice et moi firent rapidement mine de nous en aller. Alors que ma sœur rentrait à la maison, je me faufilai par la fenêtre de Bella. Je m'allongeai sur son lit pour l'attendre. Bella ne tarda pas à prendre congé de son père qui s'étonna qu'elle soit encore fatiguée. Il marmonna quelques phrases comme quoi à l'avenir, elle devrait peut-être éviter les fêtes si elle avait autant de mal à récupérer. Il finit tout de même par la laisser aller se coucher. Elle vint alors s'allonger près de moi pour se lover dans mes bras.



- A quelle heure est programmé le rendez-vous avec les loups ? me demanda-t-elle.



- Dans une heure.



- Tant mieux. Jacob et ses amis ont besoin de sommeil.



- Pas autant que toi, lâchai-je en lui caressant la joue du bout des doigts…



Elle se redressa un peu afin de pouvoir me regarder.



- Alice t'a-t-elle informé qu'elle m'enlevait de nouveau ? me demanda-t-elle comme pour changer de sujet.



- Ce n'est pas exact … rigolai-je, heureux qu'elle ne se soit douter de rien.



Elle me regarda plus intensément cette fois, visiblement étonnée. Je devais lui expliquer la raison de mon hilarité tout en espérant qu'elle partagerait ma joie.



- Je suis le seul à avoir le droit de te prendre en otage, lui précisai-je. Alice ira chasser avec les autres. Moi, je n'en ai plus besoin.



- C'est toi qui me garderas ?



Je hochai la tête en guise de réponse ne sachant pas encore si elle était heureuse de cette nouvelle. Un long silence s'installa et cela m'inquiétait quelque peu car je m’étais imaginé une autre réaction de sa part. Je pensais qu'elle aurait été aussi enjouée que moi. Je devais en avoir le cœur net.



- Ça te va ?



- Bien sûr. Sauf que …



- Oui ? m'inquiétai-je un peu plus face à son hésitation.



- Je regrette que ta sœur n'ait pas raconté à mon père que vous partiez ce soir !



Je m'esclaffai aussitôt, soulagé et heureux qu'elle puisse apprécier cette perspective autant que moi.



Nous filâmes ensuite comme la veille vers notre camp d'entrainement. Jasper et Emmett étaient déjà en train de s’'échauffer et leurs craintes envers les loups semblaient s'être quelque peu estompées. En effet, ils parvenaient à rire alors qu'ils étaient cernés et épiés par trois loups-garous, le cabot et deux de ses acolytes. Nos relations ne seraient jamais de la franche camaraderie mais nous parvenions à nous supporter et c'était le plus important.



Alice et Rosalie étaient couchées sur le sol à les regarder alors que Carlisle et Esmé s'étaient isolés. Tous avaient retrouvé la sérénité qui leur était coutumière. Savoir que l'armée de nouveau-nés rétrécissait d'heure en heure et que la meute était une impressionnante alliée avait redonné à chacun le plaisir de profiter de chaque instant et d'oublier toute trace d'anxiété. Même ma récente non participation au combat, n'avait déplu à personne.



- Où est le reste de la meute ? me demanda Bella.



- Inutile que tout le monde soit là. Un seul suffirait, d'ailleurs, mais Sam n'a pas eu assez confiance en nous pour n'envoyer que Jacob, bien que ce dernier l'ait proposé. Il est donc venu avec Quil et Embry, ses … ailiers en quelque sorte.



- Lui vous fait confiance.



- Juste assez pour se douter que nous ne le tuerons pas. Ça s'arrête là.



- As-tu l'intention de participer, ce soir ?



- Je donnerai un coup de main quand ce sera nécessaire. Jasper souhaite leur montrer des manœuvres pour se débarrasser d'une attaque groupée.



Alors que nous regardions à notre tour le duel entre mes deux frères, le loup vint brutalement nous rejoindre, inquiet par l'apparente anxiété qu'il parvenait à lire dans les yeux de Bella. Je le saluai poliment mais il m'ignora trop occupé à dévisager son amie.



- Je vais bien … s'empressa-t-elle de le rassurer sans que je n'eus besoin de lui traduire ses pensées. Je suis juste soucieuse…



Bien évidemment, il était curieux de savoir pourquoi et il s'était même mit à jurer c'est pourquoi je traduisis ses propos à Bella, en des termes plus appropriés :



- Il demande pourquoi.



Bien évidemment, il gronda, mécontent de ma traduction simpliste.



- Qu'y a-t-il ? me demanda Bella.



- Ton ami trouve que mes traductions laissent à désirer. En vérité, il a pensé ceci : « Ne sois pas idiote. Tu n'as aucune raison de te biler. » J'ai préféré censurer, car je trouvais ça mal élevé.



- J'ai toutes les raisons du monde de me biler ! rétorqua-t-elle. Genre une meute de loups stupides qui ont des chances d'être blessés.



Il se mit à rire. Toujours si sûr de lui, le cabot ! Lui aussi trouvait risible l'habitude de Bella de nous voir plus faibles que nous ne l'étions réellement. Disons, que ma famille était assez polie pour ne pas en rire devant elle alors que le Quileute, lui, ne cachait même plus son hilarité à ce sujet.



Jasper me demanda de venir l'assister pour simuler une attaque groupée. Je ne souhaitais pas laisser Bella avec le cabot mais j'avais promis à mon frère de les aider alors après une brève hésitation, je prévins ma bien-aimée :



- Jasper me réclame … soupirai-je. Tu t'en sortiras sans moi ?



- Oui, me confirma-t-elle.



Je rejoignis donc mon frère à contrecœur, tout en guettant du coin de l'œil, Bella et le cabot. Alors que je tentais de me concentrer sur une prise périlleuse, je vis Bella assise sur le sol collée contre le flan du cabot. Elle jouait même avec les poils de son cou. Quel ne fut pas mon agacement lorsque j'entendis de bruyants ronronnements ! Il ne se gênait pas pour m'hurler qu'il était bien près d'elle à la réchauffer, chose que je ne serais jamais capable de faire.



Bella se pelotonna encore plus contre lui comme pour accentuer ma jalousie car je devais bien reconnaître que la jalousie m'avait envahi. Cette extrême proximité entre eux me mettait mal à l'aise. Non pas que je n'avais pas confiance en Bella mais plutôt parce que j'avais peur d'une réaction exagérée du cabot. Il profitait de son apparence pour obtenir les caresses qu'il désespérait de ne jamais avoir. Tous les moyens étaient bons pour être collé à Bella. C'était d'autant plus appréciable pour lui que j'étais dans les parages pour profiter du spectacle.



Le reste de la nuit se déroula de la même manière et je parvins tout de même à me maitriser. J'avais décidé de me résoudre à ne pas les épier. Je n'en avais d'ailleurs pas besoin, vu que j'avais toutes les pensées bruyantes du cabot. Je préférais songer à la soirée du lendemain qui, je l'espérais, serait merveilleuse. Le cabot ne serait plus qu'un mauvais souvenir … une rivalité passée, tout au plus, si Bella acceptait enfin de m'épouser.




sanaafatine 19-06-10 11:59 AM




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J'avais quitté Bella au petit matin pour lui laisser le temps de profiter un peu de son père avant son départ pour la Push. Il était de sortie avec Billy pour une partie de pêche qui devait normalement se terminer avant le match de l'après-midi. Charlie allait aussi être sous bonne escorte car Collin et Brady, les deux plus jeunes loups de la meute étaient chargés de protéger la réserve. Bella était au moins rassurée pour son père car je savais qu'elle s'inquiétait pour ses amis. Elle s'était même arrangée, en donnant les billets de concert initialement prévus pour nous trois, qu'Angela, Ben, Mike et Jessica y aillent tous les quatre. Elle se sentait fautive de la venue de cette armée et essayait tant bien que mal de protéger ceux qu'elle aimait.



Je ne fus guère surpris en venant la chercher chez elle, en début de soirée, de voir ses traits tirés, rongés par l'inquiétude. Elle se tenait debout, les bras croisés devant sa camionnette à m'attendre, son sac sur le siège passager. Elle semblait si anxieuse comparé à moi qui me sentait pousser des ailes. J'avais été sur un petit nuage toute la journée, égrainant les heures me séparant de cette fameuse soirée. J'étais comme un gamin la veille de Noël, pressé d'offrir ses cadeaux … et de découvrir les miens. En l'occurrence je savais déjà ce que je voulais mais j'espérais juste que Bella répondrait à l'affirmative.



Ce soir, rien d'autre ne comptait à part nous. C'était notre soirée, nous avions ma maison pour nous seuls. Aucune oreille indiscrète pour nous déranger. Bien évidemment, j'avais eu droit à mon lot de taquineries de la part de mes frères, plus particulièrement d’Emmett. Il était curieux de savoir ce qui pouvait me mettre dans une telle euphorie. Il me trouvait anormalement joyeux surtout à l'aube de l'épreuve qui nous attendait. Alice n'avait pas encore craché le morceau concernant ma demande. Sans doute ne savait elle pas non plus la réponse de Bella et préférait me préserver. Je n'avais rien voulu savoir. Je souhaitais découvrir la réponse directement de la bouche de ma bien-aimée…



Bella étant anxieuse, je m'étais dit que de la laisser conduire pourrait être une bonne idée, même si la lenteur de son antiquité avait l'art de m'agacer. Ce soir, j'étais prêt à tout pour lui faire plaisir. Alors qu'elle conduisait depuis peu, j'observais du coin de l'œil le petit loup qui se balançait à son poignet. Ce fut moi pour une fois, qui le narguait car c'était ma soirée et dans les heures qui allaient suivre, non seulement Bella serait définitivement mienne mais je serais enfin représenté moi aussi sur ce bracelet.



Ne supportant plus le silence qui régnait dans l'habitacle bruyant de sa Chevrolet, je décidai de rappeler à ma bien-aimée que nous étions censés passer une agréable soirée. Voulant mettre toutes les chances de mon côté, je décidai de lui adresser un regard ravageur car je savais à quel point cela la déstabilisait.



- Rien que pour ce soir, pourrions-nous tenter d'oublier ce qui n'est pas seulement toi et moi ?



Ma question l'avait surprise si bien qu'elle avait rapidement quitté la route des yeux pour me regarder et je sus tout de suite que mon regard avait obtenu l'effet escompté. Je percevais les battements de son cœur qui s'accéléraient.



- J'ai le sentiment de ne jamais vivre assez de moments semblables. J'ai besoin d'être avec toi. Juste toi … avais-je rajouté pour la captiver complètement.


Un léger sourire s'esquissa sur ses lèvres … Elle semblait décidée à m'écouter et cela accentua ma joie surtout que nous étions enfin en train de remonter l'allée qui menait à la maison. J'avais de plus en plus de mal à maitriser mon excitation au point qu'elle eut à peine le temps de couper le contact que j'avais déjà ouvert sa portière pour la prendre dans mes bras et attraper son sac. Son cœur s'emballa de nouveau, je sentais qu'elle n'était plus inquiète mais impatiente tout comme je l'étais.


Je ne pus me retenir de l'embrasser, ses lèvres me confirmèrent que son anxiété s'était définitivement envolée. Je refermai la portière d'un coup de pied et courus jusqu'à la maison. Nous échangeâmes de longs et savoureux baisers jusqu'à en perdre haleine. Je mis fin doucement à notre étreinte en riant, heureux qu'elle partage mon enthousiasme.



- Ma façon de te souhaiter la bienvenue !!! lui chuchotai-je suavement.



- Super, lâcha-t-elle en reprenant son souffle.



Je la déposai tendrement par terre. Elle vint tout de suite se blottir contre moi, ne souhaitant visiblement pas me laisser m'éloigner.



- J'ai quelque chose pour toi.



- Ah bon ?



- L'occasion, tu te souviens ? C'est permis, tu l'as dit.



- Si tu insistes …



Elle ne changerait jamais mais ce soir même ses habituelles réticences me firent sourire car je savais comment la faire changer d'avis.



- L'objet en question est dans ma chambre. Suis-je autorisé à monter le chercher ?



Subitement comme je le soupçonnais, elle retrouva de l'entrain. Elle semblait effectivement trouver de l'intérêt à ma chambre. Je me doutais que ce n'était pas seulement lié à la découverte de mon cadeau et cela me plaisait.



- Naturellement, accepta-t-elle en nouant ses doigts dans les miens. Allons-y.



J'eus du mal une nouvelle fois à retenir mon excitation. Je la repris aussitôt dans mes bras et courus à toute vitesse jusqu'à ma chambre. Je pris rapidement mon présent pendant que Bella s'installait au centre de mon lit. Elle s'était roulée en boule et se mit à marmonner :



- Bien, montre-moi un peu ça.



Je m'allongeai face à elle, mon cadeau caché dans ma main de pierre. Ses battements de cœur s'accélèrent soudain. Elle s'interrogeait sans doute sur ce que pouvait être mon précieux présent. Je lui pris alors doucement le poignet en lui précisant une nouvelle fois que ce n'était que de la récupération afin d'être sûre qu'elle l’accepte mais aussi afin qu'elle ne découvre pas la valeur réelle de celui-ci.



Après lui avoir relâché le bras, elle inspecta soigneusement le cœur que je venais d'opposer près du loup de bois. J'espérais qu'elle ne ferait pas la différence entre le cristal et le diamant car dans le cas contraire, j'étais perdu… Ce bijou était un magnifique cœur en diamant mais si je l'avais avoué à Bella, elle n'aurait jamais accepté de le porter, le jugeant à coup sûr trop beau pour elle. Elle devait être persuadée que ce n'était rien d'autre que du cristal.



- Il appartenait à ma mère … lui murmurai-je comme pour sceller définitivement ce bijou à son poignet. J'ai hérité quelques babioles de ce genre. J'en ai distribuées à Esmé et Alice. Rien de bien exceptionnel, donc, accentuai-je toutefois pour minimiser sa valeur. Il est dur et froid, et étincelle au soleil …



Tout comme moi avais-je hésité à rajouter … mais cela n'aurait pas été suffisant.



- N'oublie pas le plus important, il est magnifique, balbutia-t-elle enfin.



- Mon cœur est aussi silencieux que ce pendentif. Comme lui, il t'appartient.



- Merci, dit-elle en en faisant tournoyer le bijou comme pour mieux profiter de ses reflets. Pour les deux, ajouta-t-elle à mon plus grand soulagement.



- Merci à toi. Je suis soulagé que tu l'acceptes aussi facilement. C'est un bon entraînement pour toi, la remerciai-je en songeant déjà à sa réaction face à la bague de ma mère.



Elle se blottit alors contre moi, calant sa tête sous mon avant-bras et je refermai instantanément mes bras autour d'elle.



- J'aimerais que nous discutions de quelque chose … commença-t-elle, et ce serait sympa que tu commences par être un peu tolérant et ouvert.



Je me demandais bien de quoi elle voulait parler. J'hésitais à lui répondre de peur qu'elle n’ait découvert la vérité sur mon bijou.



- Je promets de faire de mon mieux … répondis-je quelque peu sur mes gardes.



- Il ne s'agit en aucun cas de rompre les règles. Cela ne concerne que nous deux. Alors voilà … débuta-t-elle. J'ai été impressionnée par la façon dont nous sommes parvenus à un compromis, l'autre nuit, et je me suis dit qu'il serait bien d'essayer d'appliquer ce principe à une situation différente.



Je souriais heureux de m'être trompé, j'étais toutefois curieux de savoir ce qui pouvait la rendre si nerveuse subitement car je percevais les battements de son cœur s'accélérer.



- Que cherches-tu à négocier ? Écoute ton cœur, il volette comme les ailes d'un colibri. Ça va ?



- Oui.



- Continue, alors, l'encourageai-je.



- D'accord. Bon … je souhaitais aborder cette condition ridicule que tu exiges de moi.



- Le mariage n'est ridicule qu'à tes yeux. Passons. Donc ?



- Ce sujet est-il susceptible d'être discuté ?



- J'ai accepté une condition énorme en convenant de ta transformation. Il me semble que, en échange tu pourrais concéder à ton tour à certains points.



- Je ne pensais pas à celui-là, pour moi il est acquis. J'avais en tête d'autres détails.



- Lesquels ? lui demandai-je soudainement surpris.



- Clarifions d'abord tes exigences.



- Tu les connais.



- Le mariage.



- Pour commencer, oui.



- Parce qu'il y a plus ? s'étonna-t-elle.



- Eh bien, puisque tu seras mon épouse, tout ce qui m'appartient t'appartiendra … comme l'argent de tes études. Ainsi, plus de problème pour aller à Dartmouth, lâchai-je goguenard.



- Autre chose, tant qu'on est dans la veine des idioties ? s'offusqua-t-elle.



- Je ne dirais pas non à un peu de temps, tentai-je toutefois alors que je connaissais bien évidemment sa réponse.



- Hors de question. Cette clause est susceptible de couper court à toute négociation.



- Un an ? Deux ans ? insistai-je plus pour la taquiner que pour obtenir gain de cause.



- Inutile d'insister. La suite, s'il te plaît.



- C'est tout. A moins que tu aies envie de parler voitures … plaisantai-je pour essayer de la mettre à l'aise.



Elle grimaça mécontente et je fus pris d'un fou rire car je la trouvais si adorable. Je lui pris la main afin de jouer délicatement avec ses doigts. Elle avait attisé ma curiosité et je ne savais toujours pas ce qui pouvait la contrarier à ce point.



- A toi … enchaînai-je. Je ne m'étais pas rendu compte que tu désirais autre chose qu'être transformée en monstre. Tu as éveillé ma curiosité.



Alors que je la dévisageais curieux de savoir ce qu'elle allait m'annoncer, elle s'empourpra subitement. Elle semblait gênée et cela accentua plus encore mon intérêt.



- Tu rougis ? lui fis-je remarquer en lui caressant la joue. Je t'en prie Bella, le suspense est intolérable.



Elle restait silencieuse et se mordait la lèvre à présent comme si elle allait m'annoncer une catastrophe. Je sentais une pointe d'inquiétude me traverser.



- Bella ?



- Eh bien … disons que je suis un peu soucieuse … par rapport à l'après.



- Qu'est-ce qui t'inquiète ? lui demandai je en tentant de masquer mon inquiétude.



- Tous autant que vous êtes, vous paraissez persuadés que la seule chose qui m'intéressera, une fois transformée, sera de massacrer les humains qui auront le malheur de croiser ma route. Je crains de ne plus être moi à force de me préoccuper autant du grabuge que je risque de provoquer … et de ne plus … ne plus te désirer comme c'est le cas maintenant.



- Ce stade ne dure pas, Bella, la rassurai-je aussitôt conscient qu'elle ne m'avait pas encore tout dit.



- Edward, j'aimerais que tu fasses quelque chose avant que je cesse d'être humaine.



Son visage arborait toujours de très belles couleurs rosées sur ses joues et je devinais qu'il lui était difficile de m'avouer ce qui la chagrinait.



- Ce que tu voudras, l'encourageai-je espérant qu'elle se confirait.



- Juré ?



- Oui. Dis-moi ce que tu désires, tu l'auras, affirmai-je totalement intrigué par sa gêne et son étonnante requête.



- Toi … murmura-t-elle enfin.



- Je suis à toi, rétorquai-je en souriant, ne comprenant pas ce qu'elle essayait de me dire. J'étais perdu.



Je tentais de croiser son regard afin d'y découvrir quelque chose mais elle ne m'en laissa pas le temps. Elle s'agenouilla sur le lit puis enroula ses bras autour de ma nuque et m'embrassa. Je lui rendis son baiser surpris par son initiative mais heureux de sentir ses lèvres sur les miennes. J'avais toutefois du mal à lui rendre son baiser aussi intensément qu'elle le méritait car mes pensées vagabondaient sur ce que Bella tentait vainement de me dire.



Elle dénoua alors ses mains de mon cou pour les faire courir le long de mon col. Ses doigts tremblaient alors qu'ils s'approchaient des boutons de ma chemise et je compris enfin ce qu'elle voulait … Je me figeai aussitôt mettant bout à bout chacune de ses paroles. Quand elle disait qu'elle me voulait, c'était physiquement parlant. Elle me réclamait cette intimité que j'avais maintes fois repoussée. Je l'arrêtai donc avant qu'elle ne poursuive. Je la repoussai lui lançant un regard désapprobateur.



Je ne pouvais pas lui donner ce qu'elle réclamait. Elle savait pourtant que c'était trop dangereux !



- Sois raisonnable, Bella.



- Tu as promis, insista-t-elle.



- Pas cela ! riadminhelpai-je furieux de ne pas avoir compris avant ce qu'elle désirait.



- Oh que si !! gronda-t-elle en ouvrant le haut de son corsage.



Je lui saisis aussitôt les poignets pour les plaquer le long de son corps.



- J'ai dit non.



Nous nous toisâmes, mécontents l'un et l'autre.



- Tu voulais savoir ce qui me préoccupait.



- Je croyais à quelque chose d'un peu plus réaliste.



- Ainsi, tu as le droit d'exprimer des exigences ridicules comme le mariage, mais moi, je ne suis pas autoriser à parler de ce que …



J'emprisonnai aussitôt ses mains dans l'une des miennes afin de déposer l'autre sur sa bouche.



- Non ! assenai-je d'une voix dure comme pour nous convaincre tous les deux car j'avais conscience qu'elle s'était livrée à moi et même bien plus qu'elle ne le soupçonnait. Plus d'un homme aurait craqué et lui aurait donné ce qu'elle réclamait. Je rêvais de le lui donner moi aussi mais pas comme cela, pas maintenant.



Elle respira profondément alors que je la fixais intensément comme pour tenter de comprendre ce qu'elle ressentait en cet instant. Elle baissa les yeux pour éviter mon regard. Je soupirai face à son silence et son apparente tristesse. Je saisis alors son menton pour la forcer à affronter mon regard et je vis perler des larmes, au coin de ses paupières.



- Qu'y a-t-il, Bella ? lui demandai soudainement mal à l'aise.



- Rien, marmonna-t-elle.



- Je t'ai offensée ! m'exclamai-je ahuri.



- Non …



Mais si, je ne m'en rendais compte que maintenant mais j'avais réagi comme un idiot ! Quel imbécile je faisais … je m'étais refusé à elle ! Bien évidemment que je l'avais offensée. Je la pris dans mes bras, guidant son visage contre mon épaule, mon pouce lui caressant délicatement la joue.



- Tu sais bien pourquoi je suis obligé de refuser … murmurai-je pour me justifier. Tu sais combien j'ai envie de toi.



- C'est vrai ? s'exclama-t-elle en me regardant à présent.



- Évidemment, petite sotte trop sensible ! m'esclaffai-je heureux qu'elle ne m'en veuille pas. N'est-ce pas le cas de tout le monde, d’ailleurs ? ajoutai-je d'un ton lugubre. J'ai l'impression que les prétendants se bousculent au portillon, guettant mon premier faux pas. C'est à qui saura intriguer au mieux pour t'avoir. Tu es trop désirable, Bella.



- C'est toi qui dis des sottises, à présent.



- Faut-il que je lance une pétition pour que tu me croies ? Faut-il que j'énumère les noms de ceux qui n'attendent que mon retrait ? Tu en connais certains, d'autres risqueraient de te surprendre.



- Tu essaies de me distraire, protesta-t-elle. Revenons à nos moutons.



Je soupirai comprenant qu'elle ne me croirait pas. Elle avait déjà si peu confiance en elle et mon geste maladroit avait renforcé sa conviction. Pourtant je ne mentais pas, elle était magnifique et je n'étais pas le seul à le penser. Déjà avant que nous ne soyons ensemble, plusieurs garçons du lycée avaient tenté des approches pour ne serait-ce que lui parler ou avoir un regard d'elle. Pourquoi se jugeait-elle si futile, banale alors qu'elle était tout le contraire pour moi ?…



- Je résume, reprit-elle comme si de rien n'était. Tu exiges le mariage, le règlement de mes frais de scolarité, et tu ne refuserais pas de m'offrir une voiture un peu plus rapide que la mienne. J'ai tout bon ? Sacrée liste, non ?



- Seul le premier point est une exigence. Les deux autres ne sont que de simples requêtes, dis-je le sourire aux lèvres.



- Moi, je n'ai qu'une exigence, qui est …



- Parce que c'en est une ? l'interrompis-je en retrouvant du même coup mon sérieux.



- Oui. Me marier est une épreuve. Je ne m'y résoudrai que si je reçois quelque chose en échange.



- Non, répétai-je avec cette fois une voix plus suave pour ne pas le brusquer. C'est impossible maintenant. Plus tard, oui. Quand tu seras moins fragile. Sois un peu patiente, Bella.



- Ce ne sera pas la même chose quand je serai moins fragile. J'ignore qui je serai, alors !



- Tu resteras toi, Bella, la rassurai-je.



- Comment veux-tu que j'y croie, alors que je serai capable de tuer Charlie, Jacob, Angela?



- Cela passera. Et je doute que tu auras envie de t'abreuver au sang du clébard. Même les nouveau-nés ont meilleur goût que ça.



- Sauf que ce sera ce que je désirerai le plus, du sang, encore du sang.



- Que tu sois encore vivante aujourd'hui est la preuve du contraire.



- Tu as plus de quatre-vingts ans ! Je parlais du physique, ici, pas du mental. Je sais que j'arriverai à être, moi même au bout d'un moment. N'empêche, physiquement, ma soif l'emportera sur tout le reste.



Je savais qu'il lui faudrait du temps pour redevenir en partie la Bella que j'aimais. J'allais devoir l'épauler lors de sa transformation et ensuite la guider pour qu'elle ne tombe pas du côté obscur, celui des vampires buveurs de sang humain. J'avais déjà du mal à imaginer Bella avec un corps aussi froid que le mien alors l'imaginer en tueuse sanguinaire était au dessus de mes forces. Je m'étais préparé à l'idée qu'il lui faudrait du temps pour accepter son nouvel état et retrouver notre complicité ainsi que l'amour qui nous unissait.



J'avais eu plusieurs dizaines d'années pour me préparer à mon état de vampire mais pour Bella j'ignorais combien de temps lui serait nécessaire … réussirais-je à tenir si longtemps, à dominer mon envie de découvrir l'intimité qu'elle me réclamait tant ? J'en étais moins sûr, j'avais déjà bien du mal à me dominer à présent alors qu'en serait-il plus tard ?



- Je serai différente, poursuivit-elle. Parce que là, maintenant, je ne désire physiquement rien d'autre que toi. La nourriture, l'eau, l'oxygène ne sont rien, en comparaison. Intellectuellement, j'ai certes d'autres priorités mais sensuellement …



Elle baissa la tête pour embrasser ma paume. Ses lèvres contre ma peau déclenchèrent une puissante décharge électrique qui traversa mon corps de part en part. Ce contact additionné aux paroles de Bella intensifiait mon désir pour elle mais ce désir m'était interdit. Elle devait le comprendre elle aussi. Je respirai profondément, mal à l'aise face à la pulsion que je tentais de dominer.



- Je pourrais te tuer, Bella … chuchotai-je.



- Je ne pense pas, affirma-t-elle.



Comment lui prouver que je pouvais malheureusement lui faire mal … mon regard se posa alors sur l'un des montants du lit. Si je parvenais à lui démontrer que même le métal ne pouvait me résister, elle comprendrait enfin mes légitimes réticences. Je saisis d'une main l'une des roses en fer forgé et la montrai à Bella. L'instant d'après je la réduisis en poussière par une simple pression de ma paume. Lorsque je rouvris ma main, il ne restait plus qu'un petit tas de débris.



- Ce n'est pas ce que je voulais dire … s'empourpra-t-elle. Je connais ta force. Inutile de casser les meubles.



- Que voulais-tu dire alors ? répliquai-je acerbe, déçu qu'elle ne soit guère impressionnée par ma démonstration. Je jetai du même coup le tas de débris dans un coin de ma chambre.



- Pas que tu ne serais pas capable de me faire du mal si tu le désirais, mais que tu ne le souhaites pas. Tu le souhaites si peu, même, que tu n'y arriverais pas, à mon avis.



- Je ne parierais pas sur ça, Bella, lâchai-je en secouant la tête.



- Bah ! Tu n'en sais rien du tout !



- Exact. Raison de plus pour ne pas courir le risque, non ? répliquai-je encore à peu près sûr de moi à cet instant.



Mais Bella plongea ses prunelles dans les miennes puis se mit à chuchoter :



- S'il te plait … Je ne veux que cela. Je t'en prie.



Et là, je n'étais plus sûr de rien. La confiance immodérée qu'elle avait en moi ajoutée à sa supplique me faisait atrocement douter. J'avais du mal à respirer, je parvenais difficilement à réfléchir correctement. Ma conscience aurait du m'hurler de ne pas céder mais au lieu de cela tout mon être ne demandait qu'à l'exaucer.



- Je t'en prie, répéta-t-elle alors que son cœur battait la chamade. Je n'exige pas de garanties. Si ça ne marche pas, tant pis. Mais essayons, au moins. Ensuite, je te donnerai ce que tu souhaites. Le mariage. L'autorisation de payer pour Dartmouth. Je ne me plaindrai pas que tu leur graisses la patte pour m'y faire entrer. Tu pourras même me payer une voiture rapide si tu en as envie. Mais … s'il te plait.



N'avais-je jamais rêvé de l'entendre me dire toutes ces choses ?! Elle avait trouvé un moyen subtil pour m'obliger à accepter. Oui, mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Sa demande passerait après la mienne … Elle m'avait sans le vouloir donner matière pour la convaincre de m'épouser.



Et puis, comment pouvais-je lui refuser ce que nous désirions tant tous les deux à la seule différence peut-être que j'étais le seul à vouloir garder les pieds sur terre ? Je la pris dans mes bras partagé entre bonheur et indécision. Mes lèvres frôlèrent son oreille et elle fut parcourue par un frisson :



- C'est intolérable. Il y a tant de choses que je voudrais te donner, et tu me demandes cela. Imagines-tu à quel point il m'est douloureux de te le refuser quand tu me supplies ainsi ?



- Alors, accepte, insista-t-elle.



Cela aurait été si simple de dire oui …



- Je t'en prie, répéta-t-elle telle une enfant désirant ardemment quelque chose.



Et cette chose, c'était moi. Jamais je n'aurais imaginé susciter une telle envie, un tel désir et ce sentiment provoquait irrévocablement ma reddition.



- Bella … murmurai-je comme pour lui donner mon assentiment.



Alors que ma bouche embrassait chaque centimètre de sa gorge, son cœur fut prit d'une nouvelle accélération. Lorsque mon visage fut enfin à hauteur du sien, elle plaqua ses lèvres contre les miennes. Mes mains vinrent aussitôt encercler ses joues pour mieux lui rendre son baiser. Je sentais sa peau qui brûlait mes doigts. Je pouvais sentir son désir irradier tout son corps et il me galvanisait.



Alors que mes lèvres se déplaçaient vers son cou afin de lui laisser reprendre son souffle, je sentis un nouveau frisson la parcourir. Ses mains vinrent déboutonner ma chemise. Elles furent bien moins hésitantes comme si la perspective de notre prochaine intimité lui avait redonné confiance. Ses doigts se baladèrent délicatement sur mon torse. Je fus à mon tour parcouru de frissons incontrôlables sous l'effet de ces timides caresses. Elle m'embrassa de nouveau et ce baiser fut plus fougueux et avide que les précédents. J'avais toujours une de mes mains qui tenait son menton et l'autre qui enlaçait étroitement sa taille. Je voulais sentir son corps plaqué contre le mien, pouvoir percevoir les battements irréguliers de son cœur contre ma poitrine…



Mais Bella voulait sans doute un peu trop précipiter les choses car lorsque je repris quelque peu mes esprits, je remarquai qu'elle avait réussi à déboutonner son corsage. Avant qu'elle n'ait eu le temps de l'enlever, elle fut rapidement plaquée sur le lit, la tête déposée brutalement sur l'oreiller.



- Voudrais-tu s'il te plait cesser de te déshabiller, Bella ?



- Tu préfères t'en charger ? répliqua-t-elle.



- Pas ce soir … répondis-je un peu plus sûr de moi à présent.



- Edward, ne …



- Je n'ai pas dit non, juste pas ce soir.



- Donne-moi une bonne raison justifiant cette décision.



- Je ne suis pas né d'hier… rigolai-je. De nous deux, lequel à ton avis est le moins enclin à accorder à l'autre ce que ce dernier réclame ? Tu viens de promettre de m'épouser avant ta transformation, mais si je cède aujourd'hui, quelle garantie ai-je que tu ne fileras pas trouver Carlisle au matin ? Je suis bien moins réticent que toi à t'offrir ce que tu exiges. Donc … tu passes en premier.



- Quoi ? s'exclama-t-elle ahurie. Il faut que je me marie d'abord ?



- Oui. C'est à prendre ou à laisser Nous faisons des compromis, je te rappelle, dis-je en l'enlaçant de nouveau. Je l'embrassai heureux d'avoir réussi à allier nos désirs respectifs.



- C'est une très mauvaise idée… haleta-t-elle entre mes baisers.



- Ta réaction ne me surprend pas. Tu es tellement têtue.



- Je ne comprends pas. Je croyais tenir le bon bout … pour une fois, et voilà que …



- Tu es désormais fiancée.



- Pouah ! Je t'en prie, évite ces mots !



- Serais-tu prête à reprendre ta parole ? lui demandai-je goguenard, un sourire victorieux au bord des lèvres.



Elle me fusilla du regard, consciente qu'elle ne pouvait plus reculer.



- Alors ? insistai-je volontairement.



- Non, râla-t-elle. Tu es content ?



- C'est l'extase ! me moquai-je à la vue de sa moue boudeuse. Et toi, tu ne l'es pas ?



Je l'embrassai derechef pour couper court à ses grognements.



- Si, un peu … admit-elle. Mais pas à propos du mariage.



Je l'embrassai une nouvelle fois, riant presque de son entêtement à vouloir perdre sa vertu et plus particulièrement ce soir. Je n'imaginais pas notre première fois dans ses conditions. Je voulais que tout soit réussi et que Bella ne pâtisse pas de ma froideur car elle pourrait finir congelée après un contact trop prolongé contre moi. Elle ne parvenait pas à maitriser le flot de sensations et d'émotions qui la poussait à penser qu'elle voulait cela tout de suite mais elle se trompait. Ce n'était ni le bon moment, ni le bon endroit. Et puis il y avait bien quelque chose que je voulais par dessus tout … J'avais peut être conservé les coutumes d'un autre âge mais je tenais à ce que nous franchissions ce cap, une fois seulement qu'elle serait ma femme.



- N'as-tu pas l'impression que nous faisons les choses à l'envers ? La tradition voudrait que tu prennes mon parti, et moi le tien.



- Toi et moi n'avons rien de traditionnel, répliqua-t-elle.



- C'est vrai, avouai-je en l'embrassant outrageusement jusqu'à ce que son cœur s'affole.



- Écoute Edward … murmura-t-elle subitement cajoleuse. J'ai juré de t'épouser, je ne me rétracterai pas. Si tu y tiens, je suis d'accord pour signer un pacte de sang.



- Ce n'est pas drôle.



- N'empêche. Je n'ai pas l'intention de te rouler dans la farine. Tu me connais. Il n'y a donc aucune raison d'attendre. Nous sommes seuls, ce qui n'arrive jamais, tu as acheté ce grand lit confortable, et …



- Pas ce soir ! répétai-je.



- Tu n'as pas confiance en moi ?



- Bien sûr que si, répondis-je aussitôt en lui embrassant la paume de sa main.



- Alors où est le problème ? Ce n'est pas comme si tu allais perdre, à la fin. D'ailleurs, tu gagnes toujours.



- Simple mesure de précaution.



- Toi, tu me caches quelque chose. Aurais-tu l'intention de reprendre ta parole ?



- Non, lui promis-je d'un ton solennel. Je te jure d'essayer. Après nos noces.



- Tu me cantonnes dans le rôle du méchant d'un mélodrame, maugréa-t-elle. Celui qui tortille sa moustache tout en essayant de ravir sa vertu à une malheureuse innocente.



Je la regardais attentivement étonné qu'elle ne comprenne pas que j'essayais au contraire de préserver la sienne.



- C'est donc cela ! s'écria-t-elle surprise. Tu défends ta vertu, ajouta-t-elle avant d'avoir plaqué sa main contre sa bouche comme pour s'empêcher de rire.



Je ne trouvais pas cela si drôle car sa vertu était très importante pour moi vu que je n'avais plus rien d'aussi important à lui opposer. Je n'avais pas le sentiment de paraître vieux jeu, il n'y avait que Bella qui m'importait.



- Mais non idiote. C'est la tienne, que je tâche de défendre. Et tu ne me facilites pas la tâche, loin de là.



- De toutes les âneries que tu …



- Permets-moi de te poser une question, la coupai-je aussitôt. Nous avons déjà abordé ce sujet, mais fais-moi plaisir. Combien de personnes dans cette pièce ont une âme ? Un billet pour le paradis, ou ce qui existe après cette vie sur terre ?



- Deux ! répondit-elle sans hésiter.



- Admettons. Malgré les innombrables dissensions à ce propos, la majorité des êtres vivants semblent considérer qu'il existe des règles à suivre.



En retrouvant mes souvenirs, je savais que j'avais été un jeune garçon de conviction dont les règles surtout celles de mon époque avaient beaucoup d'importance pour moi. Elles faisaient écho en moi et je ne comptais pas y renoncer maintenant. Bella était humaine et c'était important de lui faire profiter tant qu'il m'en était possible de toutes les joies de la vie et le mariage ainsi que sa première fois en faisaient partie.



- Celles des vampires ne te suffisent pas ? Tu veux aussi prendre en compte celle des humains ?



- Cela ne mange pas de pain. Au cas où. Certes, pour moi, il est sans doute déjà trop tard, que tu aies raison ou non quant à l'existence de mon âme.



- Faux.



- Tu ne tueras point est un commandement commun à la plupart des croyances. Or j'ai tué nombre de gens, Bella.



- Des affreux, me consola-t-elle.



- Ce détail pèsera peut-être dans la balance, peut-être pas. Toi, en revanche, tu n'as tué personne.



- Tu n'en sais rien ?



Je souris à sa remarque car je connaissais trop Bella pour savoir qu'elle n'avait rien fait de tel.



- Et j'ai bien l'intention de t'empêcher de prendre les chemins de la tentation.



- D'accord, je te signale néanmoins que nous ne parlions pas de meurtres.



- Des principes identiques s'appliquent. La seule différence, c'est que je suis tout aussi innocent que toi dans ce domaine. Ai-je le droit de ne pas transgresser une loi ?



- Une seule ?



- J'ai volé, menti, convoité … ma vertu est tout ce qu'il me reste.



- Moi aussi, je passe mon temps à mentir.



- Certes, mais de façon tellement maladroite que ça ne compte pas, personne n'y croit.



- J'espère vraiment que tu te trompes, parce que, sinon, Charlie va débouler d'un instant à l'autre en brandissant une arme.



- Charlie est plus heureux quand il fait mine d'avaler tes salades. Il préférerait se mentir plutôt que d'y regarder de plus près.



- Qu'as-tu convoité ? Tu possèdes déjà tout.



- Toi. Je n'avais aucun droit de te vouloir, pourtant je t'ai prise. Et maintenant, regarde ce que tu es devenue ! Tu essayes de séduire un vampire.



- On ne convoite pas ce qui nous appartient déjà. Et puis, je croyais que tu te souciais de ma vertu.



- C'est le cas. S'il est trop tard pour ce qui me concerne … que je sois damné, sans jeu de mots, si je te laisse l'être aussi.



- Tu ne m'obligeras pas à aller où tu ne seras pas. Telle est ma définition de l'enfer. De toute façon, j'ai la solution : évitons de mourir, compris ?



- Cela paraît si simple ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? lui demandai-je en souriant car de nous deux, j'étais le plus inquiet quant à sa survie. Je ne cessais de m'angoisser pour elle alors que de son côté, j'avais l'impression qu'elle essayait à l'inverse de tout faire pour se mettre en danger. Elle grogna comprenant enfin pourquoi j'ironisais sur ce sujet.



- Donc, tu ne dormiras pas avec moi avant que nous soyons mariés ?



- Techniquement, je ne dormirai jamais avec toi.



- Très amusant, Edward !



- Ce détail mis à part, tu as raison.



- Je crois que tu es poussé par une arrière pensée.



- Laquelle ? lui demandai-je en faisant mine de ne pas comprendre.



- Tu sais que cela ne fera qu'accélérer les choses.



- Il n'y a qu'une chose que je désire accélérer … débutai-je sans pourvoir me départir de mon air narquois. Le reste peut attendre l'éternité … pour cela, il est vrai que des hormones d'humaine impatiente sont un puissant allié.



- Je suis ahurie de marcher là-dedans. Quand je songe à Charlie … et à Renée ! Tu imagines la réaction d'Angela ? De Jessica ? J'entends déjà les ragots.



- Il ne sera pas nécessaire d'organiser une cérémonie en grande pompe … la rassurai-je car je l'imaginais déjà angoissant sans doute sur la probable implication de ma sœur. Je ne réclame pas de fanfare. Inutile que tu préviennes qui que ce soit non plus. Nous irons à Las Vegas, en vieux jeans, dans une chapelle accessible en voiture. Même pas la peine d'en descendre. Je désire seulement que ce soit officiel, que tu sois unie à moi pour le meilleur et pour le pire.



A dire vrai, ce n'était pas vraiment le mariage romantique auquel j'aspirais mais j'avais volontairement minimisé l'importance de la cérémonie pour être sûr de mettre en confiance Bella. Je me doutais que si je lui avais parlé du grand tralala, elle aurait pris peur. Je savais que le côté anonyme et discret, lui plairait.



- J'estime que notre relation est assez officielle comme ça, répliqua-t-elle tout de même mais peut être qu'il était temps de la faire définitivement changer d'avis.



Le moment que j'attendais depuis trop longtemps maintenant était juste là devant moi. Je n'avais que quelques mots à dire et les dés seraient jetés. Je sentais une vague d'émotions me submerger. De l'excitation, de la joie mais une pointe d'angoisse aussi car je redoutais que ma bague ne lui plaise pas … N'y tenant plus, je me lançai, un poids immense oppressant ma poitrine.



- On verra bien … soufflai-je ravi. Tu ne désires pas ta bague tout de suite, hein ?



- Non merci, en effet.



- Parfait. Je te la passerai au doigt bien assez tôt.



- Tu en parles comme si tu l'avais déjà.



- C'est le cas. Et je suis prêt à te l'enfiler de force au premier signe de faiblesse de ta part.



- Tu es incroyable.



- Tu veux la voir ? lui proposai-je enfin alors que je ne parvenais plus à contenir mon enthousiasme.



- Non ! cria aussitôt Bella.



Un bref instant, ma joie s'était évaporée, balayée par un seul mot … mon visage se ferma instantanément. Elle s'en aperçut, et s'exclama mal à l'aise.



- Sauf si tu tiens absolument à me la montrer …



- Non, ça peut attendre, répondis-je sans parvenir à cacher ma déception toutefois.



- Montre-moi cette fichue bague, Edward … soupira-t-elle.



- Non, boudai-je.



- S'il te plaît ? me supplia-t-elle de sa voix mielleuse.



Une fois encore je n'étais qu'un vulgaire pantin entre ses mains. Je n'avais pas le courage de lui résister.



- Tu es la créature la plus dangereuse qui soit … bougonnai-je tout en m'agenouillant devant ma table de nuit.



Deux secondes plus tard, j'avais déjà déposé l'écrin sur son genou.



- Vas-y regarde ! lui ordonnai-je ne parvenant plus à conserver un ton posé.



J'avais l'impression que la boule dans ma poitrine m'empêchait de respirer. J'étais pendu à la réaction de Bella qui me gratifia comme à l'accoutumée d'une remarque quant au fait que je ne devais pas avoir dépensé trop d'argent pour ce bijou.



- Pas un fifrelin ! C'est encore de la récupération. Mon père avait offert cette bague à ma mère.



- Oh ! s'exclama-t-elle surprise.



Comme pour ne pas l'influencer sur la réaction qu'elle devait avoir concernant ma bague, je décidai de minimiser l'importance qu'elle avait pour moi. Je ne voulais surtout pas la brusquer.



- Elle est un peu démodée, dépassée comme moi. Si tu préfères, je t'achèterai quelque chose de plus moderne. Chez Tiffany, par exemple.



- J'aime les objets vieillots, lâcha-t-elle comme pour me rassurer.



Elle ouvrit enfin l'écrin et après avoir longuement admiré le bijou, elle le caressa délicatement tout en murmurant :



- Elle est si jolie !



- Tu l'aimes ? lui demandai-je ne contenant plus mon euphorie.



- Pourquoi ne l'aimerais-je pas ? Elle est magnifique.



- Essaye-la.



Instinctivement elle serra la main gauche.



- Je ne vais pas la souder à ton doigt, Bella … soupirai-je. C'est juste pour voir s'il faut l'adapter.



- Bon.



Je pris délicatement la bague pour lui glisser à l'annulaire. Je levai ensuite la main pour admirer l'effet qu'elle produisait à son doigt. J'étais aux anges, le bijou était parfait pour elle … plus que jamais cette bague lui était destinée.



- C'est la bonne taille. Tant mieux, ça m'évitera de passer chez le bijoutier.



- Ça te plaît, hein ? me demanda-t-elle en agitant ses doigts devant moi.



- Oui, admis-je sans cacher mon émotion. Elle te va très bien.



Je l'embrassai alors avec fougue, heureux comme jamais, savourant ma victoire.



- Oui, je l'adore. Tu n'imagines pas à quel point.



- Je te crois volontiers … haleta-t-elle.



- Cela t'ennuierait-il que je fasse quelque chose ? lui murmurai-je en resserrant mes bras autour d'elle.



- Tout ce que tu voudras.



Je ne pouvais rêver plus belle invitation pour me déclarer.



- Pas ça ! cria-t-elle après avoir compris ce que je m'apprêtais à faire.



J'ignorai sa complainte et l'aidai à se lever du lit. Je me adminhelpai ensuite devant elle, mes mains sur ses épaules.



- Je tiens à ce que ce soit fait dans les règles. Alors s'il te plaît, je t'en conjure, garde à l'esprit que tu as déjà accepté et ne me gâche pas ce moment.



Alors que je mettais un genou à terre, Bella se mit à gémir. Je lui intimai gentiment de ne pas m'interrompre. Mes mains tremblaient, ma gorge me brûlait non pas de soif mais d’une manière bien à elle de me témoigner mon excitation. Si j'avais encore eu un cœur, il aurait explosé sous la violence de ses battements. Je me sentais fébrile face à celle qui représentait tout pour moi, ma raison de vivre.



- Isabella Swan… débutai-je pendant que mes yeux se noyaient dans les siens. Je te jure de t'aimer pour la vie, chaque jour restant jusqu'à la fin du monde. Acceptes-tu de m'épouser ?



- Oui… chuchota-t-elle enfin à mon plus grand bonheur.



- Merci, dis-je en lui prenant la main afin d'embrasser chacun de ses doigts pour finir sur la bague qui lui appartenait désormais.


sanaafatine 19-06-10 12:01 PM



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Bella resta un long moment sans bouger ne sachant pas si elle savourait mes caresses ou si elle réalisait qu'elle était désormais fiancée. Lorsque soudain elle déposa sa main gauche, chaude et douce contre ma joue glacée, son regard se posa aussitôt sur la bague qui brillait de mille feux. Un étrange éclat traversa ses yeux … je ne compris pas tout de suite ce qu'il signifiait puis Bella me murmura tout en m'embrassant doucement :



- Edward … je préfèrerais que tu reprennes la bague … j'ai eu la chance de la découvrir aujourd'hui mais je ne devrais pas l'avoir au doigt … Il n'y a pas une règle pour cela ? Tu sais un peu comme pour la robe de mariée, le futur époux ne doit pas découvrir la robe avant le jour J …



Je la regardais surpris comprenant son malaise mais je décidai de profiter de la perche qu'elle me tendait pour l'emmener sur un autre terrain.



- Essaies-tu de me dire que tu souhaites une robe de mariée ? Las Vegas ne te tente plus? Soit … si c'est ce que tu veux, je ne demande pas mieux que de te découvrir dans une magnifique robe blanche avançant vers moi au son de la marche nuptiale … m'exclamai-je en souriant.



Cette proposition me plaisait énormément du reste. Cette vision de Bella en robe de mariée, je l'avais eu dans la hutte un an plus tôt mais à l'époque je l'avais interprété différemment. Maintenant je savais que c'était ainsi que cela se produirait … il n'y aurait donc jamais de mariage express dans la chapelle d'Elvis et j'en fus très heureux.



Elle grimaça et se reprit aussitôt



- Non … Las Vegas ira très bien mais ce que je voulais dire c'est que je préférerais que ce magnifique bijou retourne dans son écrin pour quelques semaines encore. Il ne faudrait pas que je l'abîme d'ici là, me dit-elle en enlevant la bague de son doigt pour la déposer délicatement sur ma paume.



- Rien ne presse, Bella. C'est ta bague, tu peux même la garder si tu le souhaites.Pour moi, elle n'a plus sa place dans un écrin mais bien à ton doigt !



Elle baissa la tête comme gênée et je compris qu'il était inutile d'insister. Elle avait tout bonnement besoin de temps pour s'habituer à cette idée. Elle ne voulait pas garder ma bague car cela lui rappellerait sans doute l'imminence de nos noces mais aussi le fait de devoir l'annoncer à tout le monde. Un tel bijou ne passait pas inaperçu et tout le monde le remarquerait rapidement tout comme le magnifique cœur en diamant qui étincelait dorénavant à son poignet. Tout le monde le saurait bien assez tôt de toutes façons alors autant laisser le temps faire les choses.



- Très bien … consentis-je enfin non sans lui cacher ma légère déception.



Comme pour s'excuser, elle vint ensuite se blottir amoureusement contre mon torse et je lui fredonnai doucement sa berceuse pour l'aider à s'endormir.



Je l'écoutais dormir paisiblement, heureux d'être près d'elle … heureux de savoir qu'elle m'avait dit « oui »! Elle allait devenir ma femme. J'allais avoir la chance de partager mon existence avec elle, cette simple pensée me grisait. J'étais passé par tellement d'épreuves, de luttes et de souffrances pour enfin aboutir à ce que je désirais le plus au monde : Bella. Personne n'aurait parié un seul dollar sur l'avenir de notre relation autant ma famille que Charlie.



On m'avait traité de fou, d'égoïste, de tueur potentiel même, mais j'avais réussi, j'avais vaincu le monstre. J'étais parvenu à l'ensevelir en moi. Ce même monstre qui des semaines durant avait rêvé de boire le sang de Bella et de s'en délecter, ce monstre qui aurait pu lui faire du mal à plusieurs reprises mais que j'avais enfin dominé. Oh, je n'y étais pas arrivé seul. Une aide très précieuse avait su me guider et me prouver que je méritais d'exister … Carol. Comment ne pas penser à elle en ces instants de bonheur. ? Pour moi, elle y était liée et j'espérais qu'elle ressentait au même moment que moi toute la joie intense que j'éprouvais.



Je lui devais de m'avoir donné accès à mes souvenirs humains qui me permettaient de consolider mes choix actuels. Je comprenais ainsi de mieux en mieux qui j'étais, ce que je voulais. J'avais découvert l'existence de cette bague ainsi que ce qu'étaient mes parents pour moi. Leur éducation, leurs rêves et tout simplement l'amour qu'ils éprouvaient pour moi. Un trésor inestimable pour un vampire tel que moi qui n'avait que de faibles souvenirs de sa vie humaine.



Carol m'avait aussi redonné confiance en ce que j'étais … je m'imaginais damné, dédié à l'enfer mais elle m'avait prouvé que j'avais une place ici bas mais pas seulement. J'avais aussi ma place auprès de ceux que j'avais aimés, ceux qui avaient eu une âme et qui avaient rejoint les cieux.



Je pensais aussitôt à ma mère … Elisabeth Masen. Je n'avais jamais vraiment ressenti un manque prononcé avant d'avoir l'incroyable privilège de me retrouver dans ses bras sous la hutte. Lire l'amour qu'elle avait pour moi dans ses yeux avait réveillé le petit garçon que j'avais été. Les quelques phrases qu'elle m'avait dites alors, resteraient toujours gravées dans ma mémoire :



Tu es un garçon extraordinaire, profites pleinement de la longue vie qui t'attend. Quelques soient tes décisions, j'aurai toujours confiance en toi, tu ne me décevras jamais. Je t'aime mon fils, quand Dieu l'aura décidé, on se retrouvera …



La fierté qu'elle ressentait pour moi, je pouvais la percevoir maintenant, d'autant plus que je la savais à mes côtés pour l'éternité. J'avais toujours été bordé par l'amour de mes parents mais peu de jours après leur mort, j'étais devenu quelqu'un d'autre. J'avais oublié tout ce qu'ils m'avaient appris. J'étais un être ne ressentant ni d'amour, ni tendresse, ni compassion mais seulement un monstre. Il avait fallu une immense patience et l'amour paternel de Carlisle pour tenter de me construire un nouvel équilibre familial…



Je n'avais certes plus cet organe que l'on appelle le cœur mais je ressentais tout ce qu'il pouvait contenir car j'avais pris conscience que j'avais une âme … riche de sentiments et d'amour. Cette probabilité m'incitait à croire que j'avais une chance moi aussi d'accéder à un petit coin proche du paradis et que surtout je pouvais prétendre à vivre aux côtés de Bella, cet être dénué de méchanceté, de fourberie mais empli d'amour pour son prochain, pour les siens comme il m'avait été rarement donné d’en rencontrer.



Je pouvais donc presque prétendre être un homme. Presque… car il y avait une chose que je désirais découvrir comme n'importe quel homme au monde mais cela m'effrayait. Je l'avais certes promis à Bella mais en étais-je capable ? L'éventualité qu'elle puisse mourir dans mes bras, m'était insupportable. Allai-je savoir m'y prendre ? Un nouveau défi m'attendait à présent et je n'aurais jamais assez de temps pour m'y préparer. Je le lui avais promis, je le désirais aussi … j'avais su résister à l'irrésistible attraction de son sang sans jamais lui faire le moindre mal alors je devais parvenir à me dominer une nouvelle fois.



J'étais prêt à tout tenter pour Bella car après l'avoir imaginer morte, j'étais prêt à payer au centuple chaque moment qui m'était donné de passer avec elle. Je pensais l'avoir perdue à jamais. Je me revoyais errant, hagard, perdu dans un monde qui n'était plus le mien sans elle. Respirer, marcher, réfléchir, manger… tout était supplice. Je ne devais mon salut qu'à une petite étincelle de chance … notre amour … car c'était lui qui avait poussé Bella à venir me chercher à Volterra alors qu'elle était persuadée par ma faute de n’être n'était plus rien pour moi. Je restais convaincu que son arrivée fracassante pour me sauver avait été un cadeau des esprits car Bella aurait pu arriver trop tard … et tout aurait été perdu !! Mon ange gardien amérindien me protégeait et c'est pourquoi je ne pouvais pas l'exclure plus longtemps de la nouvelle vie qui allait s'ouvrir à nous.



Je devais beaucoup à Carol et j'envisageais donc de la présenter à Bella. Elle devait savoir que tout ce que nous vivions aujourd'hui était en partie dû aux visions et aux conseils avisés de mon amie canadienne. Cette amitié m'avait permis de comprendre les sentiments que Bella pouvait avoir pour Jacob et inversement. Jacob avait eu des effets bénéfiques sur Bella par le passé, identiques à ceux que Carol avait eus sur moi. Nos destins étaient donc à jamais liés. Nous ne pouvions rien y changer…



Alors que le jour commençait à percer, je réalisais que nous étions à l'aube d'une journée décisive pour nous tous. J'étais convaincu que ce n'était nullement la dernière mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour Bella même si je savais que je resterais tout le temps, ou presque, à ses côtés. Le cabot allait être de la partie lui aussi et même si je pouvais supposer que je n'avais plus rien à craindre de lui dorénavant car c'était à moi que Bella avait dit oui, je me doutais qu'il n'allait pas renoncer si facilement. Comment allait-il réagir lorsqu'il apprendrait la nouvelle de notre mariage ? Cette perspective ne me rassurait guère et me laissait même quelque peu nerveux.



Ma famille ainsi que les Quileute, étaient convaincu d'en savoir suffisamment pour vaincre cette armée mais nous ignorions toujours qui en était le chef et ce n'était pas une très bonne chose. J'espérais qu'Alice n'aurait pas ses visions trop brouillées par la meute car il allait être difficile sinon de prévoir correctement l'arrivée des nouveaux nés. Ils n'allaient plus tarder à rentrer de leur chasse et j'allais rapidement être mis au courant.



Le calme apaisant du lever du soleil laissa rapidement la place à de violentes bourrasques de vent glacial. Le temps changeait et le froid semblait vouloir prendre le dessus. Bella se réveilla doucement, joyeuse visiblement. Son premier regard fut pour moi et ce fut un délicieux ravissement pour débuter cette journée cruciale. Alors qu'elle souhaitait se préparer, je la laissai quelques temps seule afin de lui préparer un petit déjeuner ou plutôt un déjeuner vu l'heure tardive. La journée s'annonçait longue et difficile, Bella avait besoin de force.



Deux heures plus tard, ma famille rentra. Ils étaient tous extrêmement concentrés et leur gravité dénotait fortement avec l'euphorie qui nous transportait encore quelques instants plus tôt, Bella et moi. Alice me confirma qu'elle était en mesure de voir assez clairement ce qui allait se produire et ce n'était donc pas cela qui la rendait d'humeur massacrante. Après m'avoir rapidement renseigné sur la route que les nouveau-nés allaient emprunter, elle m'avoua ce qui la tracassait.



Elle savait pour notre prochain mariage. Elle avait eu la réplique de notre conversation de la veille au travers de l'une de ses visions. Ma sœur n'appréciait pas du tout le fait que Bella veuille s'unir à moi dans une chapelle inhospitalière et sans charme de Las Vegas et elle avait du mal à cacher son mécontentement à ma fiancée.



- Il me semble que tu dois t'équiper contre le froid, lui lança-t-elle. Je n'arrive pas à voir où tu seras dans la mesure où tu décampes avec le clébard, mais la tempête qui menace m'a l'air de vouloir être très méchante dans le coin.



Alors que Bella ne semblait pas comprendre l'étrange comportement de ma sœur, j'acquiesçai à sa place quant au fait qu'elle devrait se couvrir d'autant plus qu'Alice me prévint aussi qu'il allait neiger en altitude. Nous n'étions pas gâtés par la météo pour un mois de juin ! Cette tempête ne me plaisait pas car Bella risquait de ne pas être à son aise.



- Prends une veste ! recommanda ensuite ma sœur à son amie, d'une voix inamicale.



Nous descendîmes au garage pour préparer l'attirail nécessaire à notre campement : sac de couchage, tente ainsi que plusieurs sachets de nourriture déshydratés pour Bella qui fit d'ailleurs une légère grimace lorsqu'elle me vit les fourrer dans mon sac à dos. Sa moue me fit sourire, elle devait d'ailleurs signifier que ce type de repas n'était apparemment pas à son goût. Pendant que je terminais la préparation de tout notre équipement, en ajoutant notamment le trousse de secours au cas où Bella se casserait une nouvelle fois quelque chose. Ma sœur, quant à elle, trainait derrière nous sans nous adresser le moindre mot. Elle ne savait pas comment aborder le sujet avec Bella.



Alors que j'avais demandé à cette dernière de téléphoner à Jacob pour l'avertir que nous serions prêts dans une heure, ma sœur en profita pour me harceler par la pensée :



« - Alors comme cela non seulement tu lui as proposé de filer à Las Vegas … sans témoin ni famille mais le pire c'est que tu accepterais de laisser Bella se marier vêtue d'un vulgaire jean ! Impensable ! Une honte, oui !!! Et moi qui pensais qui tu étais mon frère préféré !



- Calme toi, Alice ! J'ai dit cela pour ne pas la brusquer. Laisse-lui le temps de s'y habituer. Nous en reparlerons plus tard. Je ne souhaite pas l'effrayer avec tes grands préparatifs, l’intimai-je pour la calmer. »



Alors que Bella me rendait mon téléphone en nous transmettant les souhaits de réussite de Billy Black, ma sœur ne tint absolument pas compte de mon avis et me lança avant de s'adresser à ma fiancée.



« - Je m'en moque Edward, vous n'irez pas à Las Vegas, c'est hors de question !!! Je vais en parler à Bella … »



- Bella ? J'aimerais te parler seule à seule, lança aussitôt ma sœur.



- Je préférerais que tu t'abstiennes ! objectai-je à voix haute cette fois. Inutile de me compliquer l'existence.



- Cela ne te regarde pas, riadminhelpa-t-elle.



Je riais de son insistance qui me vaudrait sans doute d'avoir le mariage romantique que je souhaitais. Mais à quel prix ?



- C'est un truc de filles ! insista-t-elle.



Je craignais tout de même la réaction de Bella face au rouleau compresseur que pouvait être ma sœur quand elle avait une idée en tête.



- Laisse-la faire, intervint d'ailleurs cette dernière qui devait se demander ce qui mettait Alice dans un tel état.



- Tu l'auras voulu, lui lâchai-je à demi amusé mais inquiet des ravages que pourrait faire ma sœur sur Bella.



Je quittai le garage rapidement afin de les laisser s'expliquer seules. Toutefois j'étais suffisamment proche pour capter la conversation au travers des pensées d'Alice. Ma sœur n'y alla pas par quatre chemins et entra directement dans le vif du sujet. Bella était sur ses gardes mais ma sœur employait les grands moyens. Ses mimiques, son air de chien battu bref tout pour faire culpabiliser ma fiancée.



Mais cette dernière se braqua comme je le craignais et je redoutais encore plus qu'elle ne m'en veuille pour le mariage et pour le fait d'avoir une sœur aussi envahissante.



Bella ne tarda pas d'ailleurs à m'appeler alors qu'Alice s'applaudissait d'être parvenue à faire céder son amie. J'étais tendu en m'approchant de ma bien-aimée. A quelle réaction devais-je m'attendre ? Je ne parvenais pas à masquer mon inquiétude et ma tristesse face à la réaction hostile qu'avait Bella face à notre mariage. Je fis rapidement part à ma sœur de mon agacement face à son exubérance qui avait eu le mérite de brusquer ma bien-aimée.



- Merci ! lui lançai-je sèchement.



Bella se tourna aussitôt vers moi pour se blottir contre mon torse. Ses yeux croisèrent brièvement les miens et je perçus tout l'énervement qu’avait provoqué cette discussion mais étonnamment, elle ne me reprocha rien. Elle avait plutôt besoin de mon soutien et je lui murmurai alors doucement à l'oreille :



- Las Vegas … même si je savais déjà que ma sœur avait gagné.



- Cours toujours ! pépia-t-elle aussitôt. Bella ne me fera jamais ça. Et toi, mon cher, sache qu'il t'arrive d'être extrêmement décevant, en tant que frère.



- Ne sois pas méchante, grommela Bella pour me défendre. Il essaie de me rendre heureuse, lui. Pas comme toi.



- Moi aussi, j'essaie de te rendre heureuse ! s'écria ma sœur. La différence, c'est que je sais ce qui marchera le mieux … à long terme. Un jour, tu me remercieras. Bon, d'accord, peut-être pas avant cinquante ans, mais tu verras.



- Je ne pensais pas pouvoir relever un défi contre toi, ma vieille sauf que là, si. Obligé.



Ma sœur éclata alors de son rire argenté soulagée d'avoir gagné le droit de préparer notre mariage.



- Alors tu me montres la bague ? demanda-t-elle à Bella en s'emparant de sa main.



Elle la laissa aussitôt retomber dès qu'elle ne vit rien à l'annulaire de cette dernière.



- Je l'ai vu te la passer au doigt ! s'exclama-t-elle. J'ai loupé un épisode ou quoi ?



Elle sonda ses dernières visions pour confirmer qu'elle n'avait pas rêvé. Elle revoyait distinctement la soirée de la veille et le moment magique pendant lequel j’avais glissé ma bague au doigt de ma bien-aimée puis elle visionna une image nous représentant Bella et moi, le jour de notre mariage, nous embrassant sous une arche fleurie ici même devant tous nos amis et notre famille.



- Non ! La mariage aura bien lieu, affirma-t-elle.



- Bella a un problème avec les bijoux … lui expliquai-je en songeant à sa tentative maladroite pour me rendre la bague.



- Bah ! Un diamant de plus ou de moins ! La bague doit en avoir plein, j'imagine, mais vu qu’Edward t'en a déjà …



- Stop, Alice ! la coupai-je furieux. Nous sommes en retard.



Ma sœur avait failli tout faire capoter. J'avais déjà eu le plus grand mal à faire accepter à Bella mon cœur sur son bracelet alors si elle devait apprendre la valeur véritable de ce dernier, elle me le rendrait sans tarder. Bella ne devait rien savoir.



- On en reparlera, riadminhelpa Alice. Tu as raison, filez. Vous devez installer le piège et monter votre campement avant la tempête. N'oublie pas de bien te couvrir, Bella, le froid risque d'être … exceptionnel pour la saison.



- J'ai pris sa veste, confirmai-je.



- Bonne soirée, alors.



Nous nous quittâmes ainsi. Ma sœur allant rejoindre les miens pour se préparer au combat alors que Bella et moi, nous mettions en route pour notre lieu de rendez-vous avec le cabot. Nous mîmes beaucoup plus de temps que d'ordinaire car je ne négligeais aucun détail en empruntant d'autres chemins que ceux que nous utilisions habituellement afin de répandre un peu plus encore l'odeur de Bella et pouvoir ainsi dérouter le flair des nouveau-nés.



Je respectai scrupuleusement les indications données par ma sœur. Je n'avais pas droit à l'erreur si je voulais protéger efficacement Bella. Arrivés à l'approche de la prairie, je déposai ma fiancée sur le sol.



- Bon, lui expliquai-je, à partir d'ici, tu marches en direction du nord en touchant un maximum de choses. Alice m'a renseigné sur la route qu'ils prendront, nous n'allons pas tarder à la croiser.



- Où c'est, le nord ? me demanda-t-elle tout naturellement.



Je souris face à sa remarque car il m'arrivait parfois d'oublier que Bella n'avait pas notre aisance pour se déplacer. D’instinct nous savions où étaient les quatre points cardinaux mais surtout avec le temps cette forêt ne recelait plus de secret pour nous.



Nous nous mîmes en marche sur deux lignes parallèles à une vingtaine de mètres l'un de l'autre. Bella s'appliquait à marcher lentement afin de toucher tout ce qui se trouvait sur son chemin, fougères, troncs d'arbres …Le soleil jouait à cache-cache, balloté par le vent glacial qui se renforçait.



- J'agis comme il faut ? me demanda Bella.



- C'est parfait, l'encourageai-je.



- Est-ce que cela aiderait ? me demanda-t-elle en récupérant ses cheveux tombés de ses épaules pour les déposer sur des feuilles.



- Ça renforce la piste, oui, mais inutile de t'arracher les cheveux, Bella.



- Pas de souci, j'en pers assez pour ça.



Nous n'avions pas eu l'occasion de reparler de l'intervention de ma sœur et la réaction de Bella m’avait montré la nécessité de la rassurer. Alice l'avait brusquée, je le savais et je ne voulais pas que cela puisse la faire douter ou pire … changer d'avis.



Ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour aborder le sujet mais j'espérais que peut-être cela lui permettrait d'oublier l'espace de quelques instants, l'imminence de l'arrivée des nouveau-nés.



- Tu n'es pas obligé d'obéir à Alice, tu sais ?



- Rassure-toi, je ne me sauverai pas devant l'autel.



- Ce n'est pas ce qui m'inquiète. Je tiens à ce que ce soit comme tu l'auras souhaité, m'expliquai-je.



Elle soupira. Je devinais alors qu'il était trop tôt pour qu'elle veuille quoique ce soit. Alice l'avait bel et bien prise au dépourvu.



- Même si Alice parvient à ses fins, repris-je, nous devrions réussir à éviter le grandiose. Emmett n'aura qu'à décrocher l'autorisation d'officier sur internet.



- Ce serait pas mal, en effet, rit-elle.



- Tu vois, on trouve toujours un compromis, ajoutai-je.



Bella continua à avancer lentement jusqu'à l'endroit où l'armée devait croiser notre chemin. Elle se perdit même une fois ou deux alors que l'obscurité augmentait et rendait difficile la marche dans la forêt. Etait-ce dû à cela ou sa maladresse habituelle mais Bella trébucha et s'affala sur le sol.



- Aïe ! marmonna-t-elle. Génial, manquait plus que çà !



- Ça va ? lui demandai-je aussitôt inquiet.



- Oui. N'approche pas, je saigne. Ça s'arrêtera dans un instant.



Je n'avais que faire de ses recommandations, seule sa sécurité et sa santé n'importaient. Je fus en moins de deux secondes à ses côtés.



- J'ai une trousse de premiers secours, lui annonçai-je en la récupérant aussitôt dans mon sac à dos. Je me doutais qu'elle nous servirait.



- Ce n'est rien. Je m'en charge. Inutile de te mettre dans une situation inconfortable.



- T'occupe. Ça ne me gêne pas. Donne-moi ta main que je nettoie la plaie, la rassurai-je alors que je percevais l'odeur de sang qui me chatouillait les narines.



Pourtant je n'éprouvais nulle envie de l'attaquer ou de goûter à son sang. Je ne ressentais

plus cette soif intense qui me brûlait la gorge à me rendre fou comme j'avais pu malheureusement la ressentir lors de son dernier anniversaire. J'étais différent maintenant. Son sang garderait toujours le même arôme enivrant pour moi mais il ne me rendait plus fou. Je m'étais enfin approprié cette odeur et elle faisait partie intégrante de moi.



Mon exil et la peur de l'avoir perdue pour toujours m'avaient comme vacciné contre les effets désastreux que pouvait avoir son sang sur mes sens. Mon amour pour elle avait surpassé tout le reste.



- Une minute, je viens d'avoir une idée ! lâcha-t-elle en appuyant sa paume contre un rocher tout proche d'elle.



- Qu'est-ce que tu fabriques ? m'inquiétai-je aussitôt.



- Jasper va adorer ça.



Elle retourna sur ses pas pressant sa blessure partout où elle le pouvait.



- Je suis sûre que ça les rendra dingues, s'exclama-t-elle visiblement satisfaite.



Je ne pus réprimer un soupir face à sa réaction. Elle venait de trouver une manière bien à elle de rendre service. Vouloir nous aider était devenu son obsession alors cette plaie était plutôt une aubaine.



- Retiens ton souffle ! me suggéra-t-elle pensant apparemment que c'était l'odeur de son sang qui m'incommodait.



- Ce n'est pas ça, je trouve seulement que tu en fais une peu trop, la rassurai-je.



- Je tiens à ce que les choses soient le mieux possible, c'est ma façon d'aider.



J'avais donc bien deviné ce qu'elle mijotait. Par moment je m'étonnais de décrypter ses faits et gestes avec autant de réussite. Je l'avais tant de fois observée et notre relation avait prit une telle importance que je pouvais presque me vanter de la connaître par cœur … enfin presque car il y avait bien certaines choses que je n'étais pas encore capable de décoder. Ses sentiments envers le cabot principalement.



- Ne t'inquiète pas, les nouveau-nés seront cinglés, et Jasper très impressionné par ton sens du devoir. Et maintenant, laisse-moi te soigner. Tu as sali ta blessure.



- Je m'en charge, me répéta-t-elle.



- Cela ne m'est plus aussi difficile qu'autrefois, lui répondis-je en souriant, espérant la convaincre.



Elle se laissa donc faire mais elle me contemplait avec circonspection lorsque j'entrepris de nettoyer sa plaie.



- Comment l'expliques-tu ? me demanda-t-elle alors que je posais le pansement.



- J'ai dépassé ce stade.



- De quelle manière ? Quand ? m'interrogea-t-elle visiblement impressionnée.



- Durant vingt-quatre heures, je t'ai crue morte … bredouillai-je la voix nouée par l'émotion. Cela a changé ma façon d'envisager les choses.



- L'impact de mon odeur sur toi aussi ?



- Non, pas du tout. Mais … avoir éprouvé le sentiment de ta perte … a modifié mes réactions. Tout mon être évite les situations qui pourraient provoquer de nouveau ce genre de souffrance.



Elle me regarda l'air stupéfaite.



- Appelons ça une expérience très instructive … ris-je de sa réaction.



Le vent redoubla d'intensité et Bella fut prise de frissons. Elle risquait de prendre froid.



- Bien, lançai-je en sortant de mon sac à dos, sa veste d'hiver pour ensuite l'aider à l'enfiler. Tu as rempli ton rôle. Le reste nous appartient. Allons camper, maintenant ! repris-je sans pouvoir lui cacher ma moquerie.



En effet, je m'apprêtais à lui prendre la main mais l’une était bandée et l’autre coincée dans une attelle signe que Bella adorait repousser les limites. Gifler un loup garou ou répandre son sang pour attirer les plus vils prédateurs sur elle, rien de tout cela ne l'effrayait alors que le mariage, si ! C'était tout le paradoxe de Bella et c'était aussi pour son caractère imprévisible et entier que je l'aimais.



- Où retrouvons-nous Jacob ? me demanda-t-elle.



- Juste ici, lui indiquai-je en montrant les arbres face à nous.



Le cabot apparut au même moment… Il nous gratifiait de sa forme humaine comme pour bien me confirmer qu'il ne me craignait pas et qu'il ne souhaitait pas non plus que je traduise ses propos. La dernière fois, ma traduction ne l'avait pas pleinement satisfait et puis pour remplir sa mission, il devait être sous sa forme humaine afin de pouvoir porter Bella à travers la forêt. J'aurais préféré n'importe quelle autre solution plutôt que celle-là mais nous n'avions plus d'autre choix.



- Salut Jake ! lança Bella à son intention lorsque nous fûmes face à lui.



- Salut, Bella, dit-il alors qu'il m'ignorait copieusement.



Je décidai de le saluer tout de même souhaitant être plus intelligent que ses gamineries.



- Où est-ce que je l'emporte ? me demanda-t-il aussitôt.



Je tirai la carte de ma poche pour la lui donner. Il la déplia et je lui indiquai ainsi où nous nous trouvions. J'eus le malheur de m'approcher trop près de lui et le cabot ne put retenir un geste de répulsion en reculant. Il se ravisa rapidement et m'écouta enfin mais son hostilité était évidente. Après avoir écouté mes indications, il claironna qu'il connaissait bien le coin et que la carte lui était inutile.



Alors que je repliais cette dernière pour la remettre dans ma poche, je compris que l'instant que je redoutais était arrivé. J'allais devoir laisser Bella entre les pattes velues du cabot et je parvenais difficilement à contenir la jalousie qui me dévorait. Je le savais si intriguant, prêt à tout pour faire douter ou culpabiliser Bella que je redoutais qu'il ne lui arrive quoique ce soit.



Je regardai Bella une dernière fois, ne parvenant et ne souhaitant pas masquer ma tristesse. Elle me murmura deux malheureux mots « A plus » qui résonnaient encore à mon oreille alors que je m'en allais à l'opposé de leur direction, le cœur gros.



Je devais emprunter le chemin le plus long et je savais que les prochaines heures allaient être particulièrement longues et pénibles. L'attente allait être très douloureuse mais je devais tout préparer afin que Bella soit à l'abri de la tempête à son arrivée.



Je venais d'arriver sur notre lieu de campement. L’altitude accentuait la force du vent et surtout la neige s'était mise à tomber. Ce n'était certes pas les conditions idéales pour camper surtout pour Bella qui serait la seule à souffrir du froid mordant qui régnait ici. L'anxiété m'avait fait parcourir le trajet trop rapidement si bien que je tournais déjà en rond après avoir solidement fixé la tente sur la roche où je m'étais installé. J'arpentais le petit espace que j'avais aménagé devant la tente guettant le moindre bruit parmi les violentes bourrasques de vent.



Puis enfin, à mon plus grand soulagement, je perçus enfin les pensées du cabot qui ne me cachait pas sa joie d'avoir passé tout ce temps en compagnie de Bella. Je courus aussitôt à leur rencontre lorsque je les vis devant moi.



Le cabot la déposa sur le sol et je la pris tout de suite dans mes bras, envahi par le soulagement de la voir saine et sauve.



- Merci ! le remerciai-je. Tu as été plus rapide que je ne le pensais, j'en suis vraiment content.



Il haussa les épaules avant de me demander :



- Mets-la à l'abri. Mes cheveux se dressent sur mon crâne, ça va être méchant. La tente est bien plantée ?



- Elle est quasiment soudée à la roche, affirmai-je.



- Bien, dit-il en regarda le ciel songeur. Ses pensées étaient déjà reparties vers la réserve.



Il se transforma alors afin de rejoindre les siens pour savoir comment s'organisait la meute. Je fus heureux de le voir s'éloigner, du moins pour quelques heures … nous laissant Bella et moi au beau milieu de la tempête qui malmenait la tente comme pour mieux nous rappeler qu'une bataille se préparait.





sanaafatine 19-06-10 12:05 PM



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De longues heures d'attente débutèrent pour Bella et moi. Plus le temps s'écoulait et plus la tempête augmentait en intensité. Les bourrasques de vent s'engouffraient dans la tente comme si elles tentaient de l'arracher.

Bella s'était réfugiée dans le duvet que je lui avais préparé. Elle s'y était glissée tout habillée mais le froid perçant l'empêchait de se réchauffer. Je m'étais d'ailleurs éloigné d'elle autant que me le permettait l'espace restreint dont nous disposions. Mon corps était aussi glacé que la neige et le vent qui nous encerclaient.

Le cabot nous avait rejoints après s'être assuré que tout se passait bien sur la réserve. Il montait la garde dehors devant la tente. Il était inquiet pour Bella tout autant que je l'étais. Je n'arrivais même plus à cacher mon anxiété d'être loin d'elle et de ne pouvoir l'aider. Ses dents s'entrechoquaient malgré elle et son corps était malmené par d'impressionnants tremblements. J'étais agacé par mon impuissance. Je ne savais même plus quoi faire pour qu'elle retrouve un peu de couleur car Bella commençait à devenir aussi pâle que moi et je n'appréciais guère cette perspective.

Elle devait bouger pour éviter que ses membres ne s'engourdissent et le seul moyen, malgré la tempête, était de marcher ou courir dehors.

- Bella, ne voudrais-tu pas que nous allions faire un tour afin de te réchauffer un peu …

- N-n-non ! J-je suis bien ici ! bégaya-t-elle.

- La nuit va être longue, je pense qu'il serait préférable que tu bouges un peu … tentai-je une nouvelle fois.

- Q-q-q-quelle h-h-heure est- il ?

- Deux heures, lâchai-je.

Autant dire que nous n’étions qu'au milieu de la nuit et que Bella avait peu de chance de survivre à la nuit entière si je ne trouvais pas un moyen rapide de la réchauffer.

- Nous devrions peut-être … insistai-je une ultime fois.

- Non ! répéta-t-elle catégoriquement. Je v-v-vais bien, v-v-vraiment. Je n-n-ne v-v-veux pas sortir.

Elle devait redouter d'affronter le froid qui promettait d'être encore plus mordant que celui qu'elle pouvait ressentir à l'intérieur de la tente. Je ne pouvais pas la forcer. Je renonçai à lui faire entendre raison mais je ne supportais plus de rester près d'elle, en triste spectateur de sa souffrance.

- Comment puis-je t'aider ? lui demandai-je suppliant.

Elle secoua la tête comme impuissante à me répondre. Le cabot qui ne perdait rien de notre conversation lâcha un gémissement malheureux.

- V-v-va t-en !! lui ordonna-t-elle, persuadée qu'il craignait le froid lui aussi.

- Il s'inquiète pour toi ! lui expliquai-je. Lui va bien. Il est équipé pour résister à cette météo.

Bella acquiesça et je constatais à regret qu'elle ne parvenait plus à maitriser ses tremblements. Le cabot n'en pouvait plus d'entendre Bella faire comme si tout allait bien et il me le reprocha aussitôt au travers de ses bruyantes pensées :

« - Ses claquements de dents me tapent sur les nerfs !! Comment peux-tu la laisser souffrir comme ça sans rien faire ?!! »

Cette remarque eut le mérite de me faire perdre mon calme. Il ne perdait jamais une occasion de me taper sur le système, ce clébard.

- Et qu'est-ce que tu veux que je fasse ? répliquai-je sans parvenir à me dominer. Tu n'as qu'à te rendre utile, toi. Va chercher un radiateur, je ne sais pas, moi !!

- Je t-t-tiens le c-c-coup !! protesta-t-elle aussitôt.

Cette stupide remarque ne dupa ni le cabot ni moi-même. Il ne tarda pas d'ailleurs à revenir à la charge :

« - OK, Sangsue, comme tu es incapable de faire quoi que ce soit pour elle, je m’en charge !! Je vais la réchauffer, moi … »

Je n'appréciais pas du tout qu'il se permette de me rappeler que j'étais inutile pour sauver Bella de ce froid qui pouvait la tuer. Il allait encore profiter de la situation et cela me mettait hors de moi. Je ne supportais pas qu'il puisse l'aider et pas moi. Qu'il puisse la réconforter dans ses bras chauds et rassurants…

- Voilà qui n'est pas indispensable … marmonnai-je furieux. De plus, c'est une mauvaise idée.

- Elle est toujours meilleure que ce que tu as proposé jusqu'à maintenant ! riadminhelpa-t-il après avoir repris forme humaine. « Va chercher un chauffage d'appoint », je ne suis pas un Saint-Bernard !

Il ouvrait déjà la fermeture éclair de la porte et se faufila rapidement dans la tente qui paraissait encore plus petite avec ce grand cabot à l'intérieur. Bella fut prise par de nouveaux tremblements qui s'approchaient plus de convulsions à présent.

- Ça ne me plaît pas ! lui répétai-je. Donne-lui ta veste et file, lui ordonnai-je en lui désignant la parka qu'il tenait dans sa main.

- Elle la mettra demain. Pour l'instant, elle est gelée, et Bella est trop transie pour parvenir à la réchauffer par elle-même. Tu as mentionné un radiateur, je suis là, s'exclama-t-il en ouvrant les bras comme si cela était une évidence alors qu'il était torse nu et seulement habillé par un lambeau de survêtement.

- J-j-Jake ! T-t-t-tu es f-f-fou ! T-t-t-tu vas m-m-mourir de f-f-froid !

- Il y a peu de chance ! rigola-t-il. Ma température frôle les quarante-trois degrés. Je vais te faire transpirer en un rien de temps.

Bien évidemment, il ne m'écouta pas et il s'avança péniblement jusqu'à Bella. Je sentais une profonde rage m'envahir. Comment osait-il ? Pourquoi se permettait-il de supposer ce qui était mieux pour Bella ? Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir le duvet de ma bien-aimée, je lui empoignai de toutes mes forces son épaule brulante et musclée. Il serra les mâchoires et plissa le nez, furieux à son tour. Il recula et me fit face, prêt à riadminhelper.

- Ne me touche pas ! feula-t-il.

- Alors, ne la touche pas ! répliquai-je.

- N-n-ne vous b-b-battez pas !! intervint Bella, inquiète.

- Elle te sera très reconnaissante quand ses orteils vireront au noir et tomberont ! assena-t-il.

Malheureusement, il avait raison. Il était le seul à pouvoir la soulager et éviter qu'elle ne souffre du froid. Je détestais atrocement la perspective de son corps si proche du sien, que son odeur de cabot allait souiller mais je n'avais pas d'autre choix que de me résigner.

- Attention à toi ! le menaçai-je tout de même en regagnant ma place.

J'avais le sentiment d'être un lion en cage, enfermé et contraint de subir ce que l'on m'imposait et j'aurais adoré le dépecer lorsqu'il se mit à rire convaincu qu'il avait gagné une manche. Pour Jacob, nous nous livrions toujours un combat car Bella ne lui avait pas encore fait part de notre engagement. Il ne lâcherait rien comme je le soupçonnais mais moi non plus …

- Pousse-toi … lui ordonna-t-il alors qu'il ouvrait le duvet.

- N-n-non ! objecta Bella en le toisant du regard.

- Ne sois pas idiote. Tu n'aimes donc pas tes doigts de pied ? lui lança-t-il tout en se glissant à ses côtés.

Je détournai le regard lorsqu'il la prit dans ses bras et qu'elle déposa sa tête sur son torse nu car je sentais la jalousie qui m'étouffait. Comme je l'enviais … je n'avais eu qu'une fois le privilège de pouvoir la serrer aussi longuement dans mes bras sans qu'elle ne soit congelée instantanément, c'était à Jacksonville. Nous étions tous les deux allongés sur la plage et la chaleur était si grisante et apaisante pour Bella qu'elle en avait presque oublié que j'avais un corps de glace.

- Houps, Bella ! Tu es vrai glaçon ! s'exclama-t-il lorsque Bella déposa ses doigts gelés sur sa peau.

- D-d-désolée !!

- Essaye de te détendre. Tu auras chaud dans une minute. Bien sûr, ça irait plus vite si tu te déshabillais, claironna-t-il pour me contrarier encore plus.

Il se sentit obligé de faussement se justifier après que je lui eu manifesté ma désapprobation par un profond grognement.

- C'est juste une constatation. Une technique de survie basique, se défendit-il plus pour Bella que pour moi-même car je savais qu'il mentait, ses pensées le trahissaient.

- C-ç-ça suffit J-j-jake ! s'emporta ma bien-aimée.

- Ne t'inquiète pas du buveur de sang ! Il est Jaloux, lui répondit-il sans lui cacher son plaisir.

- Oui, confirmai-je. Tu n'imagines même pas à quel point je voudrais être à ta place, clébard.

- Chacun ses limites, répliqua-t-il avant de conclure amèrement d'ailleurs. Au moins, tu sais qu'elle préfèrerait que ce soit toi.

- Vrai.

Alors que Bella parvenait doucement à se réchauffer, il essaya une nouvelle tentative pour l'embrasser mais elle lui intima de se calmer et je pus enfin retrouver un peu de sérénité. J'imaginais leurs corps étroitement enlacés, l'odeur du cabot qui imprégnait celui de Bella et qui inondait maintenant toute la tente ce qui me confirmait que Bella se réchauffait enfin. Elle commençait d'ailleurs à doucement se laisser bercer par les prémices du sommeil.

Avant de se laisser complètement aller, elle lui posa tout de même une étrange question. Elle voulait savoir pourquoi il était plus poilu que les autres loups de la meute. Il lui répondit amusé que c'était parce qu'il avait les cheveux plus longs que les autres. Bella en fut surprise se rendant sûrement compte de l'évidence de sa réponse. Elle lui demanda ensuite pourquoi il ne voulait pas les couper et pour une fois il en fut quelque peu gêné.

Il n'osa pas lui avouer tout de suite que c'était pour elle qu'il souhaitait les garder longs, pensant qu'elle le trouvait plus beau ainsi. Sa sensiblerie me fit rire et je jubilais du fait que ma présence l'obligeait à lui avouer la vérité car sinon il ne le lui aurait sûrement jamais avoué. Bella n'eut pas forcément la réaction qu'il espérait car elle lui répondit que courts ou longs, les deux lui plaisaient bien. Il lui conseilla alors de s'endormir.

La respiration de Bella se fit plus régulière et je la sentais nettement plus apaisée. Elle s'endormait doucement et allait pouvoir enfin se reposer. Quant à moi, j'étais mal à l'aise car le cabot avait tout le loisir pour laisser divaguer ses pensées. Elles étaient toutes malsaines et orientées sur son improbable intimité avec Bella. Ne supportant plus ses envies salaces, je lui fis part de l'arrivée de son ami Seth.

Il ne put se retenir de m'envoyer paître, ne supportant pas d'être dérangé dans ses stupides rêveries. Bella nous somma de nous taire et le calme revint enfin dans la tente. Calme était un bien grand mot car les bourrasques de vent étaient si puissantes que l'on pouvait craindre à tout moment que la tente ne s'arrache sous leur violence. Les piquets se tordaient presque, chahutés eux aussi par la force du vent.

Je commençais à perdre patience face aux bruyantes pensées du cabot qui en avait même oublié ma présence au vu des choses qu'il se permettait d'imaginer.

- S'il te plaît ! lui soufflai-je enfin, ne parvenant plus à penser à autre chose. Fais un effort !

- Quoi ? chuchota-t-il effectivement surpris.

- Essaye de contrôler ton cerveau !

- Personne de t'a demandé de l'écouter, protesta-t-il embarrassé. Sors de ma tête.

- J'aimerais bien, figure-toi. Seulement, tes fantasmes sont bruyants. On dirait que tu les cries !

- Je vais tâcher de les garder pour moi, se moqua-t-il après avoir retrouvé son aplomb.

« N'empêche, cela doit te rendre dingue que je puisse avoir de tels fantasmes alors que tu sais que cela ne t'arrivera jamais … » rajouta-t-il par la pensée cette fois.

- Oui, lui répondis-je dans un murmure. Je suis jaloux de cela aussi.

- Je m'en doutais. Voilà qui remet à plat, les choses, hein ?

- Ne rêve pas !

- Elle peut encore changer d'avis, vu tout ce que je suis capable de lui apporter et pas toi. Du moins, tant que tu ne l'auras pas tuée.

- Endors-toi, Jacob. Tu commences à me taper sur les nerfs.

- Je vais en effet piquer un petit roupillon. Je suis installé si confortablement, moi.

Puis brusquement il changea d'avis et me demanda :

« - Me laisserais-tu te poser une autre question ?… mais je ne pense pas que tu serais prêt à me répondre … du moins avec sincérité … »

- Pourquoi pas ? lâchai-je surpris qu'il veuille entamer le dialogue.

- Seras-tu honnête ?

- Pose la question, tu verras bien.

- Tu lis dans mes pensées, laisse-moi voir les tiennes, cette nuit. Ce ne serait que justice.

Je tenais sans doute là, une occasion d'atténuer la répulsion qu'il éprouvait pour moi. Il devait effectivement découvrir que je n'étais pas le monstre qu'il imaginait. J'avais certes un corps de glace mais à l'intérieur j'étais empreint d'amour, de compassion et d'amitié. Je savais qu'il se posait plein de questions sur ce que j'étais et sur ce que je pensais ou éprouvais pour Bella ou lui même.

- Tu fourmilles d'interrogations. A laquelle suis-je censé répondre ?

- La jalousie … elle doit te bouffer, non ? Tu ne peux pas être aussi sûr de toi que tu en as l'air. Sauf si tu es dépourvu d'émotions.

- Bien sûr qu'elle me ronge. En ce moment, elle est si intense que j'ai du mal à contrôler ma voix. C'est pire quand Bella est loin de moi et près de toi, quand je ne la vois pas.

- Elle t'obsède ? Arrives-tu à te concentrer quand elle est absente.

Étonnamment, ses questions étaient pertinentes un peu comme si il se les posait à lui même. Je ne voulais rien lui cacher ni même lui épargner tout ce que je ressentais.

- Oui et non. Mon cerveau ne fonctionne pas tout à fait de la même façon que le tien. Je peux penser à bien plus de choses en même temps. Donc, quand elle se tait, qu'elle réfléchit, il me suffit de songer à toi pour me demander si elle est avec toi par l'esprit.

Il était surpris d'apprendre que Bella pensait autant à lui … il s'imaginait que j'avais l'exclusivité de ses pensées.

- Oui, repris-je pour lui confirmer, elle pense à toi souvent, plus souvent que je ne le voudrais. Elle s'inquiète pour toi, souhaiterait que tu sois heureux. Mais tu le sais, et tu t'en sers.

- J'utilise les armes dont je dispose. Je n'ai pas tes avantages. Notamment sa certitude de t'aimer.

- Ça aide.

- Elle m'aime aussi, figure-toi.

C'était une affirmation que j'étais bien incapable d'affirmer ou d'infirmer car s'il y avait bien quelque chose que je ne parvenais pas à décrypter dans les agissements de Bella, c'était les sentiments qu'elle avait pour le cabot. Je savais qu'ils étaient sincères et profonds mais je ne saurais trop dire s'ils basculaient plus vers l'amour ou l'amitié. J'avais la faveur de Bella mais peut-être que lui aurait pu l'avoir aussi. Je ne préférais pas fanfaronner car tant que ma bien-aimée n'avait pas ma bague à son doigt, rien n'était gagné.

- Malheureusement, elle refuse de l'admettre. Elle se ment, soupira-t-il en quête de ma réponse

- Je ne suis pas en mesure de confirmer cela.

- Est-ce que cela t'ennuie de ne pas pouvoir déchiffrer ses pensées ?

- Oui et non, encore une fois. Elle préfère que ce soit le cas, bien que ça me rende dingue, parfois. Je préfère lui faire plaisir, cependant.
Le vent secoua la tente avec encore plus de violence que précédemment et Jacob resserra aussitôt son étreinte comme pour protéger Bella d'un éventuel accident. Sous ses apparences de loup mal léché, le cabot savait être prévenant. Je connaissais ses sentiments sincères pour Bella et qu'il était prêt à tout pour elle, le bon comme le mauvais.

Il allait donc tout faire pour qu'elle le choisisse lui plutôt que moi mais malgré cela, je ne pouvais pas lui en vouloir car sans lui Bella ne serait sans doute plus là. Il avait été sa bouée de sauvetage, un an plutôt et était maintenant sa couverture de survie. Sans sa présence je l'aurais peut-être perdue …

- Merci, lui murmurai-je. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis content que tu sois là.

- Autrement dit, tu as beau avoir une envie folle de me tuer, tu es soulagé qu'elle ait chaud.

- Cette trêve n'est facile pour personne.

- J'en étais sûr ! Tu es aussi jaloux que moi.

- Pas au point de l'afficher, contrairement à toi. Cela ne te rend pas service, sache-le.

- Tu es plus patient que moi, constata-t-il.

- Normal, j'ai cent ans d'expérience. J'ai passé un siècle à l'attendre.

- A partir de quand as-tu décidé de jouer le mec tolérant et sympa ? s'étonna-t-il.

- Lorsque j'ai constaté combien elle souffrait de devoir choisir. Ce n'est pas trop compliqué à gérer. La plupart du temps, je suis en état de réprimer les sentiments les … moins charitables que je nourris à ton égard. Il me semble que, quelquefois, elle lit en moi, mais je n'en suis pas certain.

- A mon avis, tu as seulement eu peur qu'elle ne te choisisse pas si tu l'obligeais à décider.

C'est vrai que cette idée m'avait régulièrement effleuré l'esprit mais après c'était plutôt la sécurité de Bella qui l'avait emportée sur mes craintes.

- En partie, oui. Une toute petite partie néanmoins, avouai-je tout de même. Nous avons tous nos instants de doute. Je craignais surtout qu'elle ne se fasse mal en essayant de filer en douce pour te retrouver. Quand j'ai eu accepté l'idée qu'elle était plus ou moins en sécurité avec toi, il m'a paru préférable d'arrêter de la pousser dans ses retranchements.

- Si je le lui disais, moi, elle ne me croirait pas.

- Je sais, confirmai-je avec un léger sourire aux lèvres.

- Tu crois tout savoir, hein ? riadminhelpa-t-il vexé.

- Le futur m'échappe … objectai-je comme pour le rassurer mais je n'étais effectivement sûr de rien quant à l'avenir qui nous attendait à Bella et moi.

Elle avait accepté de m'épouser et de vivre à mes côtés, convaincue que c'était ce qu'elle souhaitait maintenant mais serait-ce toujours le cas demain ou après demain ?… Rien ne pouvait me le garantir même pas une vision de ma sœur concernant notre mariage. Tout pouvait encore changer mais il m'était inconcevable de l'imaginer. Notre relation était si particulière, si forte mais si fragile à la fois car semée de nombreux obstacles.

Bella prenait des risques incroyables pour survivre dans un monde qui n'était pas le sien, un univers presque irréel empli de loups-garous, de vampires bons ou mauvais. Étonnamment, elle n'avait jamais été effrayée par tout cela comme si quelque chose l'y prédestinait. C'était cette force qui me permettait de croire que notre amour n'était pas une folie mais un aboutissement et j'osais imaginer que l'extinction de cette armée allait enfin nous permettre de nous projeter plus sereinement.

- Comment réagirais-tu si elle changeait d'avis ? me demanda-t-il soudain.

- Cela aussi, je l'ignore.

- Tenterais-tu de me tuer ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Tu me crois vraiment capable de la blesser de cette manière ?

- Hum … tu as raison. N'empêche … des fois …

- Des fois, l'idée est alléchante, lâchai-je tout naturellement.

Le cabot se mit à rire peu surpris de ma réponse et me confirma qu'il était de mon avis.

Cette improbable complicité le mit en confiance et il se décida enfin à me poser des questions encore plus personnelles. Celles qui le tiraillaient depuis que j'avais… abandonné Bella. Il n'avait jamais compris mon départ et le fait de la laisser souffrir à ce point alors que soit disant je l'aimais.

- A quoi ça ressemble de la perdre ? Comment as-tu … tenu le coup ?

- Il m'est très difficile d'en parler, le prévins-je.

Je n'aimais pas l'idée d'évoquer cette période difficile mais j'avais accepté de jouer carte sur table alors je devais tenir parole et lui expliquer autant qu'il m'en était possible, la détresse que j'avais ressentie… et que j'éprouvais encore.

- Cette impression de perte … je l'ai éprouvée à deux reprises. La première, quand je me suis cru capable de la quitter. C'était … presque intolérable. Je pensais qu'elle m'oublierait, que ce serait comme si je n'étais jamais entré dans sa vie. Pendant plus de six mois, j'ai réussi à m'éloigner, à tenir ma promesse de ne plus jamais perturber son existence. Ça n'a pas été aisé, je me suis battu, alors que j'étais conscient que je ne gagnerai pas, qu'il faudrait que je revienne … ne serait-ce que pour vérifier où elle en était. Enfin, tel était l'argument derrière lequel je m'abritais. Si je découvrais qu'elle était … raisonnablement heureuse, j'aime à songer que je serais reparti.

Brusquement je songeais à mon ami, ce bouchon en plastique qui m'avait aidé à tenir aussi longtemps que possible. Celui qui me laissait croire que Bella était encore à mes côtés me permettant ainsi de tenir ma promesse. Lui qui me donnait le courage d'avancer et de tenir loin d'elle. Lui que j'avais perdu et qui avait précipité ma descente aux enfers peu de temps avant que je n'apprenne la … mort de Bella.


- Sauf qu'elle était malheureuse … repris-je. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle m'a convaincu de ne pas la laisser demain. Tu t'es demandé quelles étaient mes motivations, et en quel honneur elle se sentait tellement coupable. Elle m'a rappelé ce que je lui avais infligé en l'abandonnant, ce qu'elle ressent toujours quand je m'en vais. Elle s'en veut d'avoir ramené ça sur le tapis, mais elle a raison. Je ne rattraperai jamais cela, ce qui ne m'empêchera pas d'essayer.

Le cabot digéra cette première salve, détestant que je puisse supposer que Bella était malheureuse malgré sa présence à ses côtés. Néanmoins, il appréciait ma franchise et souhaitait en savoir plus.

- Et la deuxième fois ? Quand tu l'as crue morte ?

- Oui …C'est sans doute ce que tu éprouveras. Vu la façon dont tu nous perçois, tu n'arriveras sûrement plus à l'envisager comme Bella. Pourtant, ce sera bien elle.

- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé.

- Je ne peux pas te l'expliquer. Les mots n'y suffisent pas.

- Tu l'as abandonnée parce que tu refusais de la transformer en buveuse de sang pourtant. Tu souhaites qu'elle reste humaine.

C'était effectivement ce que j'avais toujours voulu mais je savais depuis que ce n'était malheureusement plus possible, la volonté de Bella et certains évènements allaient me pousser à la transformer.

- A l'instant où j'ai compris que je l'aimais, j'ai aussi compris que nous n'avions que quatre solutions. La première, la meilleure pour Bella, aurait été qu'elle ne s'éprenne pas autant de moi, qu'elle m'oublie et passe à autre chose. Je l'aurais accepté, même si ça n'aurait rien changé à mes sentiments. Tu me considères comme un rocher vivant, dur, froid. C'est vrai. Nous sommes ainsi, et il est très rare que nous expérimentions un réel changement. Lorsque ça se produit, cependant, comme le jour où Bella est entrée dans ma vie, c'est pour l'éternité. Impossible de faire machine arrière …

- La deuxième option, repris-je, celle que j'ai d'abord privilégiée, était de rester à son côté pendant son existence humaine. Ce n'était pas une bonne solution pour elle, car elle aurait gâché sa vie avec un inhumain. Pourtant, c'était l'alternative la plus facile pour moi, sachant que quand elle mourrait, je me débrouillerais pour mourir aussi. Soixante, soixante-dix ans, cela m'aurait semblé un laps de temps extrêmement court … Malheureusement, vivre aussi près de mon univers s'est révélé dangereux pour elle. Le pire est arrivé systématiquement. J'ai été terrifié à l'idée que ces soixante années risquaient d'être encore écourtées.

Je repensais alors à la traque de James, le probable retour de Victoria dont Laurent avait été les prémices puis plus récemment la menace des Volturi. Rien ne nous avait été épargné afin d'abréger sa vie dans les pires souffrances.

- Alors j'ai opté pour la troisième solution. En espérant l'obliger à choisir la première, j'ai choisi de m'éclipser. Cela n'a pas fonctionné et j'ai failli nous pousser à la mort tous les deux. Cela a été la pire erreur de ma très, très longue existence. Que me restait-il, sinon la dernière alternative ? C'est ce qu'elle veut, du moins, elle en est persuadée. J'ai tenté de retarder l'échéance, de lui donner le temps de se raviser. Mais elle est terriblement têtue, comme tu le sais. Avec un peu de chance, je parviendrais à gagner quelques mois. Elle est horrifiée par la perspective de vieillir, et son anniversaire est en septembre.

- L'option numéro un me plaît bien, marmonna le cabot n'acceptant toujours pas la transformation de Bella. Il ne supportait pas l'idée que je sois responsable du fait qu'elle veuille écourter sa vie pour être le plus tôt possible à mes côtés … pour l'éternité.

Je ne répondis pas sentant ma culpabilité refaire surface. Je n'aimais pas cette idée plus que lui mais avais-je un autre choix ?

- Aussi détestable qu'il me soit de le reconnaître, je suis forcé d'admettre que tu l'aimes ! me confessa le cabot. A ta façon. C'est un fait que je ne discuterai plus. Cela étant, je ne pense pas que tu devrais renoncer à la première solution. Pas encore. Je suis même sûr qu'elle finira par l'accepter. Si elle n'avait pas sauté de cette falaise en mars … si tu avais attendu encore six mois avant de venir vérifier comment elle allait … tu l'aurais retrouvée raisonnablement heureuse. J'avais un plan.

Il me montra alors tout ce qu'il avait vécu avec Bella durant mon absence et même après, leurs longues balades sur la plage de la Push, leurs interminables après-midi dans son garage à réparer les motos pour ensuite aller profiter de leur vitesse dans de périlleuses randonnées sur la réserve et enfin leurs mémorables soirées feux de camp … tous les moments qu'elle avait appréciés ainsi que leur évidente complicité. Il termina sur le baiser qu'ils allaient échanger peu de temps avant mon appel, le jour de la chute de Bella. Il ne m'épargna pas la tendresse qu'ils avaient tous les deux ressentis.

Il souhaitait que tous ces beaux moments perdurent et que naisse enfin leur relation amoureuse car il était convaincu que Bella pouvait encore le choisir s'il employait les grands moyens. Il espérait qu'elle comprendrait que sa relation avec moi, n'avait pas l'avenir qu'il pouvait lui, lui procurait. Continuer sa vie humaine et ainsi ne pas se séparer des siens, de ses amis et envisager d'avoir des enfants. Lui ne se refuserait pas à elle comme malheureusement moi, j'avais du le faire.

L'avenir qu'il pouvait lui proposer paraissait bien plus propice à l'épanouissement de Bella, j'en étais conscient mais il m'était impossible de renoncer à elle une nouvelle fois … c'est pourquoi, je devais donner toutes les chances à notre relation et anéantir tous les obstacles.

- Peut-être. C'était un bon plan, lui confirmai-je après avoir pris connaissance de ses pensées.

- Oui … soupira-t-il. Sauf que … donne moi un an. Je crois vraiment que j'arriverai à la rendre heureuse. Elle est entêtée, je suis bien placé pour le savoir, mais elle peut guérir de toi. Elle a déjà failli le faire. Alors, elle resterait humaine, avec Charlie, Renée. Elle vieillirait, aurait des enfants … serait elle-même. Tu l'aimes assez pour voir les avantages de cette idée. Elle t'estime incapable d'égoïsme … prouve-le. Pourrais-tu envisager que je sois mieux que toi pour elle ?

- J'y ai déjà réfléchi. Sur certains points, tu lui correspondrais mieux que n'importe quel autre homme. Bella exige qu'on veille sur elle, et tu es assez fort pour la protéger d'elle-même et de tout ce qui conspire contre elle. Tu l'as montré par le passé, et je t'en serai redevable aussi longtemps que j'existerai, quoi qu'il arrive. J'ai même demandé à Alice si elle voyait cela, si Bella sera plus heureuse avec toi. Naturellement, elle n’a pas pu, dans la mesure où elle ne te voit pas, et où Bella est catégorique sur ses désirs, pour l'instant au moins. Je ne suis cependant pas assez bête pour répéter la même erreur qu'auparavant. Je ne l'obligerai pas à choisir la première option, Jacob. Tant qu'elle voudra de moi, je serai là.

- Et si elle décidait que c'est moi qu'elle préfère ? Je t'accorde qu'il y a peu de chance, mais bon.

- Alors, je la laisserais partir.

- Comme ça ?

Il était surpris car lui, n'aurait pas agi ainsi. Il ne renoncerait pas si facilement et ne la laisserait pas partir … Sa remarque me confirma que sa réaction risquait d'être à l'opposé de la mienne lorsqu'il apprendrait notre prochain mariage. Je m'attendais à tout mais je n'étais pas prêt à me laisser faire.

- Je ne lui montrerais jamais à quel point cela me serait difficile. Attention, toutefois, je monterais la garde. Parce que tu pourrais la quitter un jour. Comme pour Sam et Emily, tu n'aurais pas le choix. J'attendrais dans la coulisse, en espérant que cela se produise.

J'avais délibérément parlé de l'incroyable imprégnation de Sam pour Emily alors qu'il était à l'époque déjà amoureux de Leah. Je voulais rappeler au cabot que cela pouvait lui arriver à lui aussi. Je savais que cette perspective l'horrifiait et c'était une manière bien à moi de lui dire que je savais porter des coups bas, moi-aussi. Plus insidieux mais tout aussi efficaces.

- Tu as été plus franc que je ne le méritais. Merci, Edward.

C'était la première fois que je l'entendais m'appeler par mon prénom. C'était une sensation étrange mais j'appréciais assez car les sobriquets de sangsue ou buveur de sang commençaient à m'exaspérer.

- De rien. Je te répète que je te suis reconnaissant de ta présence ici cette nuit. Si nous n'étions pas des ennemis naturels, et si tu ne t'efforçais pas de me ravir Bella, je crois que je pourrais t'apprécier.

- Et toi, si tu n'étais pas un vampire répugnant qui s'apprête à boire la vie de la fille que j'aime … non, même comme ça, je n'y arriverais pas.

Sa remarque me fit sourire car vu sous cet angle je ne n'étais pas sûr de m'apprécier non plus. Comme pour profiter de ce rare moment de paix entre nous, je décidai de lui poser une question qui m'intriguait depuis la nuit où Bella était revenue de leur soirée feu de camp.

- Puis-je te poser une question ? lui demandai-je à mon tour.

- Parce que tu dois demander ? dit-il, intrigué par ma demande pensant que j'avais un accès total à son cerveau.

- Je ne lis que ce que tu penses, or tu ne penses pas à ce qui m'intrigue en ce moment. Bella n'a pas voulu évoquer quelque chose, l'autre jour. Une histoire concernant une troisième épouse.

- Ah bon ? s'exclama le cabot surpris avant d'entreprendre le récit qui promettait de m'intéresser.

« - Très bien … je vais te faire la version accélérée … Les Quileute ont toujours été un petit peuple et nous n'avons jamais été éradiqués de la surface de la Terre grâce à la magie qui coule dans nos veines car au commencement nous étions des esprits guerriers. »

Ceci ne me surprenait pas vu ce que Carol avait été capable de faire grâce aux esprits. Je n'avais plus aucun doute sur la puissance des pouvoirs des indiens et de leurs esprits. Je comprenais maintenant pourquoi Carol semblait connaître la tribu des Quileute car ils existaient depuis la nuit des temps.

« - Kaheleha a été le premier esprit guerrier dont nos légendes se souviennent clairement.

Il a été le premier grand chef Esprit de notre peuple et, il repoussa tous nos envahisseurs. Notre tribu commença à être crainte à cause de nos puissants pouvoirs. Les Hoh et les Makah avaient même dû signer des traités de non-agression pour se garantir la tranquillité et notre protection.

Les générations se succédèrent ainsi jusqu'à l'ultime grand chef, Taha Aki, réputé pour sa sagesse et son pacifisme mais malgré tout il y eut un mécontent :Utlapa. Ce dernier était le guerrier le plus fort de la tribu. Pour lui, les Quileute devaient utiliser leurs pouvoirs pour agrandir leur territoire et asservir les Hoh et les Makah. Taha Aki découvrit ce que son guerrier prévoyait et il se fâcha en le condamnant à l'exil et exigeant qu'il n'utilise plus son esprit.

Utlapa voulut se venger et profita d'un moment durant lequel son chef quitta son enveloppe corporelle pour prendre sa place condamnant Taha Aki à errer et à rester esprit. Quant à Utlapa, son esprit prit le corps de son chef et bien évidemment sa place à la tête des Quileute. Mais ses ambitions de conquête tombèrent à l'eau de peur que Taha Aki ne tente de reprendre possession de son corps. Au lieu de cela il s'en prit à sa tribu en leur imposant de nouvelles règles et réclamant des privilèges. Il exigeait notamment d'avoir deux autres épouses alors que la première femme de Taha Aki était encore en vie.

Taha Aki supportait de plus en plus mal sa vie sans enveloppe charnelle et était à l'agonie, ne sachant plus quoi faire pour retrouver son corps et sa tribu. Mais un jour un loup le suivit dans les bois et le Quileute éprouva une soudaine jalousie face à cet animal sans cervelle. Il se dit que vivre dans la peau d'un loup n'était pas pire que vivre sans corps du tout. Il demanda donc à l'animal s'il pouvait l'accueillir et partager son enveloppe terrestre.

Ne faisant plus qu'un la bête et l'homme retournèrent au village pour tenter de parler avec son peuple. Rapidement les gens comprirent que ce n'était pas un loup ordinaire et un guerrier tenta d'entrer en contact avec lui mais Utlapa comprit ce qui se passait et tua le guerrier pour qu'il n'ébruite pas son secret. Taka Ari fut effondré par la mort de son ami, une colère immense l'envahit au point qu'une magie extraordinaire se produisit. L'amour qu'il portait à sa tribu et la haine qu'il portait à Utlapa le firent se transformer en être humain.

Les hommes de la tribu reconnurent aussitôt l'aura de leur chef et l'acclamèrent heureux de le retrouver. Taka Ari, lu,i profita de sa nouvelle force animale pour anéantir définitivement l'imadminhelpeur. Il reprit sa place au sein de sa tribu et en resta le chef durant plusieurs décennies car étant mi homme, mi loup, il ne vieillissait plus. Après la mort de sa première femme, il en prit une deuxième puis une troisième, à son décès. En cette dernière, il rencontra sa véritable moitié si bien qu'il renonça à son esprit de loup afin de pourvoir mourir en même temps qu'elle.

Un jour, les sangs froids apparurent et l'ainé de leurs fils Yata Uta mais aussi le benjamin de la meute, fut le seul rescapé d'une de leurs attaques.

Il se lança dans un rude combat contre une redoutable femelle vampire mais il y laissa la vie. Sous le choc, son père Taka Ari qui avait pourtant abandonné son corps de loup, en reprit possession malgré sa vieillesse afin de protéger sa femme, la fameuse troisième épouse. Cette dernière venait d'assister à la mort de son fils et ne souhaita pas assister à celle de son mari. Elle savait qu'elle devait intervenir si elle ne voulait pas que son mari meurt.

Elle tira alors un couteau de la ceinture de son fils et elle se précipita alors sur la buveuse de sang en brandissant son poignard. Elle savait qu'elle ne ferait pas le poids face au monstre sanguinaire alors elle se sacrifia en se poignardant et ainsi son sang gicla à tel point que la vampire oublia le combat qu'elle menait contre Taka Ari. Aussitôt, il profita de cette faiblesse pour planter ses crocs dans son cou et il en vint à bout grâce à l'intervention de ces deux autres fils et à eux trois, ils remportèrent le combat.

Son épouse s'était donc sacrifié pour qu'il reste en vie, il le resta en effet mais ne reprit jamais sa forme humaine et disparut à jamais … »

Après cet incroyable et fascinant récit m'expliquant les origines des loups Quileute, je ne pus réfréner un sifflement nerveux. J'avais compris pourquoi Bella mentionnait la troisième épouse dans ses rêves et cela m'horrifia …

- Quoi ? me demanda le cabot.

- C'est évident ! grognai-je. Tellement évident ! J'aurais préféré que tes aînés gardent cette légende pour eux.

- Tu n'apprécies pas qu'on dépeigne les sangsues comme des vilains ? C'est pourtant vrai, et tu le sais. Autrefois comme maintenant

- Je m'en fiche complètement ! m'énervai-je. Tu ne devines donc pas à quel personnage Bella s'est identifiée ?

- Oh ! murmura le cabot qui venait enfin de comprendre. Flûte ! La troisième épouse. Je vois.

- Elle tient à être présente, demain, afin de faire ce qu'elle peut pour aider, comme elle dit. Au passage, c'est la deuxième raison qui me pousse à rester ici. Bella est très intuitive, quand elle veut.

- Ton soldat de frère lui a soufflé cette idée tout autant que notre histoire, se défendit-il aussitôt en me rappelant qu'il n'avait pas apprécié que mon frère suggère d'utiliser Bella comme appât.

- J'ai conscience que personne ne songeait à mal, l'apaisai-je.

- Quand cette trêve prendra-t-elle fin ? Au lever du jour, ou attendrons-nous la fin de la bagarre ? s'interrogea-t-il mais nous connaissions déjà tous les deux la réponse.

- Au lever du jour… soufflâmes-nous à l'unisson.

- Dors bien, Jacob. Profite de cette nuit, lâchai-je comme pour qu'il comprenne que ce serait la dernière fois qu'il aurait Bella ainsi dans ses bras.

Alors que le calme entre deux bourrasques reprenait sa place dans la tente, le cabot reprit de plus bel, ses délires érotiques.

- Je n'entendais pas cela de façon littérale ! grognai-je.

- Désolé. Tu n'as qu'à nous laisser, qu'on ait un peu d'intimité, me nargua-t-il.

- Faut-il que je t'aide à t'endormir ? m'énervai-je.

- Tu peux toujours essayer, ce serait marrant, me provoqua-t-il ensuite.

- Ne me tente pas, loup. Ma patience a quelques limites quand même.

- Si ça ne t'ennuie pas, je préfèrerais ne pas bouger.

Je me mis alors à fredonner la berceuse de Bella afin d'une part de couvrir les bruyantes pensées du cabot mais aussi pour m'apaiser car intérieurement je fulminais. La trêve était d'ores et déjà rompue en ce qui me concernait car notre apparente entente n'était plus qu'un vieux souvenir…





sanaafatine 23-06-10 09:23 AM



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Le cabot s'endormit enfin mais son sommeil fut entrecoupé par les jacassements intempestifs de Bella. Cette nuit-là, plus que jamais, j'appréciais qu'elle puisse parler durant son sommeil. C'était ainsi, et ce bien avant que nous n'échangions notre premier mot, que je l'avais entendue murmurer mon prénom, alors que j'étais dans sa chambre, assis dans son rocking-chair à l'admirer. Je me demandais à l'époque ce qui pouvait, mis à part son sang, me rendre complètement fou d'elle. C'était notamment les regards pénétrants et curieux qu'elle me lançait, les battements de son cœur qui chantaient une merveilleuse mélodie rien que pour moi.



C'était effectivement ses murmures nocturnes qui m'avaient fait espérer qu'elle puisse m'aimer, que je pouvais envisager de partager ce que je ressentais pour elle. Ce soir encore, c'était mon nom qu'elle murmurait alors qu'elle était chaudement enlacée dans les bras du cabot. Son esprit avait autant envie que moi que je sois à la place du clébard. Il lui faisait payer d'ailleurs par les soupirs amoureux de Bella à mon égard. Je ne pouvais me retenir de sourire alors que lui tentait de ne pas écouter… Il essayait de se rendormir en refermant plus étroitement son étreinte autour de la taille de Bella.



Cette dernière d'ailleurs se tut quelques instants comme si elle avait perçu les bras brûlants du cabot contre sa peau et elle se mit à chuchoter « Jacob, mon Jacob ». Autant dire qu'il jubilait et tout en me toisant du regard, un sourire moqueur au coin des lèvres, il me lança par la pensée : « Je t'avais bien dit qu'elle m'aimait, t'as perdu sangsue … On dirait que tu n'as plus la côte ! »



Un grognement rauque sortit de ma poitrine et mes poings me démangèrent car la mesquinerie du cabot avait attisé encore plus ma jalousie. Je savais que Bella ne maîtrisait pas ses propos durant son sommeil mais l'évocation du cabot au creux de sa bouche, m'anéantissait. Elle avait des sentiments pour lui, c'était évident mais cet aveu déguisé me laissait un goût amer car je ne m'étais pas trompé. Bella pouvait peut-être encore changer d'avis et cette perspective m'était tout bonnement intolérable.



Ce fut ainsi que la nuit se termina et que le jour ensoleillé nous réchauffa de ses premiers rayons. La tempête avait disparu emmenant le vent avec elle mais me laissant avec mes doutes et mes craintes. J'observais Bella qui dormait si paisiblement dans les bras de son ami qui ronflait allègrement. Ses joues étaient rosées, la rendant encore plus belle mais si humaine aussi. La chaleur était vitale pour un humain comme l'air ou l'eau, mais moi je n'étais qu'un caillou nullement vital pour la survie de Bella. C'était logique qu'elle puisse aimer le cabot car il lui donnait les choses rassurantes qu'elle était en droit d'attendre … sans retenue ni réserve.



Alors que mes yeux ne pouvaient quitter la vision de son corps étroitement serré à celui du cabot, Bella écarta doucement la tête. Elle se tortillait pour tenter d'échapper à la pesante étreinte de ce dernier mais il ne broncha pas ce qui eut le mérite de faire une nouvelle fois monter mon agacement à son plus haut point. Bella croisa mon regard. Sans doute avait-elle deviné mon malaise mais je n'en étais pas convaincu et avant que je puisse lire la réponse dans ses yeux, elle me demanda :



- La température a-t-elle un peu augmenté dehors ?



- Oui. Je ne crois pas que le radiateur sera nécessaire aujourd'hui, lui répondis-je en désignant le cabot qui ronflait de plus belle.



Elle tenta de sortir de son sac de couchage mais le cabot était entièrement vautré contre elle l'empêchant de bouger.



- Au secours ! souffla-t-elle alors qu'il l'écrasait complètement à présent.



- Dois-je lui arracher les bras ? fis-je mine de plaisanter car ce n'était pas l'envie qui m'en manquait.



- Non merci. Contente-toi de me libérer. Je vais crever de chaleur.



J'ouvris donc la fermeture éclair du duvet aussi promptement que possible pour permettre à Bella de respirer mais le cabot roula sur le côté et entra directement en contact avec le sol gelé.



- Hé ! ronchonna-t-il en tentant d'ouvrir les yeux.



Ne supportant pas l'attaque du froid sur son corps, il se jeta aussitôt sur Bella afin de retrouver un peu de chaleur. Mais sa carrure si imposante étouffa ma fiancée et son attitude balourde accentuait ma profonde irritation à son égard. Instinctivement je le saisis par l'épaule et l'envoyai voler dans les piquets à l'opposé de nous. Aussitôt lui comme moi nous mîmes en position d'attaque tout en rugissant. Le cabot tremblait sous l'effet de la fureur et n'allait pas tarder à se transformer mais Seth intervint au travers de puissants hululements qui résonnèrent dans la montagne.



« - Arrête Jacob, ne fais pas de conneries ! Ils ont besoin de toi car les buveurs de sang arrivent. Alice a prévenu Sam, ils seront là dans un peu plus d'une heure. Contrôle-toi !! »



- Ça suffit ! hurla ensuite Bella en s'interposant entre nous. Stop ! ajouta-t-elle alors qu'elle posait une main sur la poitrine de chacun d'entre nous.



N'écoutant que ma colère, je la saisis par la taille pour l'éloigner du cabot et la positionner derrière moi.



- Tu arrêtes cela tout de suite ! me prévint-elle menaçante.



Le cabot en profita pour se calmer sous les conseils avisés de son jeune ami et l'intervention de ma fiancée mais Seth percevait toujours les furieuses pensées de son ainé et glapit une nouvelle fois pour le mettre en garde.



- Tu es blessé, Jacob ? lui demanda-t-elle.



- Bien sûr que non, s'offusqua-t-il.



J'étais furieux et le fait qu'elle prenne sa défense était totalement incompréhensible pour moi. J'avais agi pour la protéger et au lieu de cela elle me le reprochait presque.

Elle se tourna vers moi et ne se gêna pas pour me rabrouer :



- Qu'est-ce que ce comportement ? Excuse-toi, m'imposa-t-elle.



- Tu plaisantes ? m'écriai-je totalement ahuri. Il t'écrasait !



- Parce que tu l'as jeté par terre. Et il ne m'écrasait pas.



Le cabot fulminait et m'assena par la pensée: « -Te fatigue pas à comprendre, je te dis qu'elle m'aime c'est pour cela qu'elle prend ma défense. Abandonne … »



Comme je pouvais le détester en cet instant, je lui aurais d'ailleurs bien arraché la tête de mes propres mains mais je n'en avais pas le droit, Bella ne me le pardonnerait jamais. Je ne voulais pas lui faire croire que son opinion avait une quelconque importance pour moi et malgré ma révolte, je plongeai mes yeux dans les siens afin qu'il sache que mes paroles ne reflétaient en rien mes pensées.



« - Tu ne perds rien pour attendre chiot … la trêve est rompue. » lui lançai-je alors que mes lèvres lui bredouillaient le contraire.



- Désolé, clébard.



- Y a pas de mal, répondit-il railleur nullement impressionné du reste.



Bella sembla soulagée et s'enroula dans ses bras afin de se réchauffer. Je pris la parka du cabot et lui drapai les épaules avec.



- C'est celle de Jacob ! objecta-t-elle.



- Jacob a de la fourrure, riadminhelpai-je.



- Si tu n'as rien contre, rétorqua le cabot à mon intention, je préfère me remettre dans le duvet. Je n'ai pas eu mon compte de sommeil. J'ai passé de meilleures nuits.



- C'était ton idée, répliquai-je alors qu'il s'était déjà recouché dans le sac de couchage.



- Je ne pensais pas à la qualité de la nuit … me nargua-t-il. Juste à l'insuffisance de sommeil. J'ai cru que Bella n'allait jamais la boucler.



- Ravi que tu aies apprécié, me moquai-je.



- Et toi ? me demanda-t-il. Tu as passé une mauvaise nuit.



Il songeait au fait d'avoir eu la chance d'avoir Bella dans ses bras durant toute la nuit, sentir sa délicieuse odeur, sa peau délicate contre son torse et le bouquet final lorsqu'elle avait murmuré son prénom … Il savait combien j'avais détesté cela.



- J'en ai connues de pires, répondis-je vaguement pour minimiser l'importance que cette effroyable nuit avait eu pour moi, même si elle n'était rien face aux interminables nuits durant mon agonie, loin de Bella. La période où les jours et les nuits n'avaient plus d'importance lorsque j’étais reclus dans ce grenier puant du Brésil…



- J'espère quand même qu'elle n'a pas fait partie des meilleures, ricana-t-il prenant un malin plaisir à insister



- Sans doute, consentis-je.



Le cabot accueillit ma réponse comme un assentiment et sourit victorieux tout en refermant ses paupières afin de se rendormir mais je n'avais pas dit mon dernier mot, j'étais prêt à tout pour le déstabiliser.



- Toutefois, si j'avais pu être à ta place, ça n'aurait pas été la meilleure de mes nuits. Contrairement à toi, pauvre type.



Le cabot se redressa furieux et vexé.



- Vous savez quoi ? siffla-t-il. Y a trop de monde, ici.



- Parfaitement d'accord, lui confirmai-je froidement avant que Bella ne me donne un coup de coude dans les côtes pour me manifester son mécontentement.



- Je dormirai plus tard. De toute façon, il faut que je parle à Sam, dit-il, faisant référence à ce que lui avait révélé Seth un peu plus tôt. Les nouveau-nés arrivaient … très rapidement maintenant.



Alors qu'il était en train d'ouvrir la fermeture éclair de la tente, Bella tendit le bras en s'écriant :



- Jacob, Attends !



Mais il recula afin qu'elle ne puisse pas l'attraper.



- S'il te plaît, Jake, reste ! le supplia-t-elle.



- Non, répondit-il froidement ce qui marqua aussitôt le visage de Bella d'une sincère tristesse.



Son chantage affectif m'exaspérait. Il jouait avec les sentiments de Bella et je ne supportais plus ses enfantillages. Mais il se rendit compte tout de même qu'il avait été un peu trop loin et un demi sourire éclaira son visage afin de la rassurer.



- Ne t'inquiète pas pour moi, Bella. Je m'en sortirai, comme toujours. Et ne rêve pas non plus ! Je ne laisserai pas Seth prendre ma place et récolter tout le plaisir et toute la gloire.



- Sois prudent… bredouilla-t-elle alors qu'il était déjà sorti.



- Laisse tomber, Bella… marmonna-t-il en refermant la porte en toile.



Il resta planté là près de la tente, transformé en loup à côté de Seth pour profiter confortablement de notre conversation. Il avait décidé de nous espionner et je n'allais pas me gêner pour le lui faire regretter. Il espérait secrètement que Bella m'annoncerait qu'elle avait changé d'avis et qu'elle préférait me quitter pour rester dans ses bras chauds et rassurants. Son excès de confiance m'agaçait car il se jouait ses propres histoires alors que Bella avait déjà fait son choix. Ne pas le lui avoir dit était une erreur que je me devais de corriger très rapidement et si je pouvais le blesser au passage ce serait encore mieux vu qu'il avait décidé de laisser ses oreilles traîner.



Tout était redevenu étrangement calme, seul le chant des oiseaux mettait un peu de gaieté dans cette ambiance matinale très tendue. Bella rajouta sa veste sous sa parka et vint s'appuyer tout contre moi. Elle resta un long moment ainsi silencieuse. Je ne disais rien non plus, respectant son silence, me doutant qu'elle pensait au cabot. Lui aussi pensait à elle de l'autre côté de la tente, curieux de ce qu'elle pouvait ressentir pour lui.



- Combien de temps encore ? demanda-t-elle enfin.



- Alice a prévenu Sam qu'ils seraient ici dans une heure tout au plus.



- Quoiqu'il arrive, nous ne nous séparerons pas.



- Oui … soupirai-je regrettant tout de même de ne pas assister à la bagarre qui s'annonçait comme passionnante.



- Moi aussi, je me fais du souci pour eux, murmura Bella interprétant mon soupir comme étant une pointe d'inquiétude pour les miens.



- Ils sont capables de se défendre, la rassurai-je. Simplement, je regrette de manquer une occasion de m'amuser.



Elle n'apprécia pas ma remarque car elle se releva et me dévisagea incrédule.



- Tranquillise-toi, insistai-je en la serrant contre moi.



- Veux-tu que je te distrais ? repris-je en lui caressant délicatement les pommettes du bout de mes doigts glacés.



Elle frissonna sous l'effet de mes caresses. Ce n'était pas le bon moment.



- Non, pas maintenant, lui confirmai-je en retirant ma main.



- Il existe d'autres façons de me distraire.



- Quoi, par exemple ?



- Parle-moi de tes dix meilleures nuits. Ça m'intéresse.



- Devine ! m'esclaffai-je amusé qu'elle ne puisse deviner par elle-même. C’était si évident que c'en était drôle.



- Tu en as vécues trop. Un siècle de nuits dont je ne sais rien !



Aucune n'avait l'importance de celles que j'avais vécues depuis que je connaissais Bella. Elles ne valaient pas la peine d'en parler.



- Je vais réduire le choix. Les plus belles n'ont eu lieu que depuis que je t'ai rencontrée.



- Ah bon ? s'étonna-t-elle totalement surprise.



- Oui. Et de loin, qui plus est, lui confirmai-je.



- A l'aune des miennes, je le conçois … admit-elle après une brève réflexion.



- Ce sont peut-être les mêmes.



- Il y a eu la première où tu es resté.



C'était mon cas aussi car cette nuit là est inoubliable. Cette nuit avait ponctué notre magnifique journée dans la clairière durant laquelle nous avions appris à nous découvrir et nous habituer l'un à l'autre. Son odeur délicate s'imprégnant sur mes vêtements et sur chaque parcelle de mon corps. J'aimais son parfum, il me faisait vibrer, aujourd'hui encore. Nous étions si bien ensemble que nous n'avions pas pu nous quitter cette nuit-là. Durant son sommeil, elle avait prononcé trois mots que je n'avais jamais osé entendre de sa bouche : « Je t'aime ». Pour toutes ces raisons, cette première nuit fut l'une des plus belles de ma longue existence.



- Pour moi également. Naturellement, tu as dormi pendant ma partie préférée.



- Vrai, se souvint-elle. J'ai jacassé dans mon sommeil cette fois-là aussi.



- En effet, lui confirmai-je alors que j'apercevais ses joues qui subitement se coloraient.



- A propos, qu'ai-je dit, cette nuit ? me demanda-t-elle avec une légère pointe d'inquiétude dans la voix.



Je haussai les épaules comme pour éviter d'avoir à lui raconter ce qui me perturbait encore. Je ne voulais pas qu'elle devine qu'elle m'avait blessé sans le vouloir.



- C'était à ce point ?



- Rien de trop affreux, la rassurai-je tout de même.



- S'il te plaît, éclaire ma lanterne.



- Tu as surtout murmuré mon prénom, comme d'habitude.



- Alors, ça va.



Malgré tout, je ne pouvais lui dissimuler ce qu'elle avait dit à propos de Jacob. Elle devait savoir que j'avais deviné qu'il hantait de nouveau ses pensées.



- Vers la fin, cependant, tu t'es mise à délirer sur « Jacob, mon Jacob ». Il a beaucoup apprécié, chuchotai-je enfin sans parvenir à élever le ton de ma voix trop dénaturée par mon chagrin.



Bella avait perçu ma peine et vint embrasser délicatement ma mâchoire. Je fixais alors le sommet de la tente afin qu'elle ne puisse pas plonger ses yeux dans les miens et y lire le mélange d'incompréhension et de peine qui y régnait.



- Navrée … murmura-t-elle. C'est ma façon de les distinguer.



- Qui donc ? la questionnai-je n'ayant pas compris ce qu'elle sous-entendait.



- Le Jacob que j'aime et celui qui me tape sur les nerfs. Comme Docteur Jekyll et Mister Hyde.



Une explication en effet qui n'enlevait rien à ma peine mais j'allais devoir m'en contenter.



- Ça se tient. Raconte-moi une autre de tes nuits favorites, lui demandai-je, comme pour tenter d'oublier ce que je ressentais car je percevais toujours les pensées du cabot qui bougonnait et se moquait de nos niaiseries sentimentales. Ma peine avait ainsi cédé la place à mon exaspération. Je n'y tenais plus, il allait devoir payer …



- Celle où nous sommes rentrés d'Italie.



Je fronçai les sourcils surpris par son choix car je n'aurais jamais pensé que ce moment pouvait faire partie des meilleurs de sa vie. Elle avait était si distante, me parlant très peu, craignant que je ne reste auprès d'elle que pour me faire pardonner comme si je n'avais plus de sentiment pour elle … Ce choix était donc surprenant pour moi.



- Tu ne l'as pas aimée, toi ? s'étonna-t-elle.



- Si, mais je suis surpris qu'elle soit sur ta liste. Je pensais que tu avais l'impression risible que je n'agisse que par culpabilité et que j'allais me sauver dès qu'ils ouvriraient les portes de l'avion.



- Pas faux ! admit-elle en souriant. Mais tu étais là, et c'était l'essentiel.



Je lui embrassai affectueusement les cheveux pour la remercier tout en lui murmurant :



- Je ne mérite pas ton amour.



Elle se mit alors à rire …Elle devait trouver ma remarque drôle alors qu'il n'en était rien pourtant.



- La suivante serait celle juste après notre retour à Forks.



- En effet, oui. Tu étais si drôle.



Du moins maintenant, je trouvais cela drôle car sur l'instant sa réaction m'avait plutôt effrayé car je ne savais plus quel moyen employer pour lui prouver que je l'aimais et que je ne l'abandonnerai plus.



- Comment ça, drôle ?



- Je ne me doutais pas que tes rêves étaient aussi réels. J'ai mis des heures à te convaincre que tu ne dormais pas.



- Je n'en suis toujours pas aussi convaincue. Pour moi, tu as toujours plus tenu de l'irréalité que de la réalité. A toi, maintenant. Est-ce que la mieux a été la première où tu es resté, comme pour moi ?



Bella me donnait une occasion en or d'assener un coup fatal au clébard, il était temps qu'il déchante.



- Non. La meilleure date d’il y a deux jours, quand tu as accepté de m'épouser, lâchai-je un léger sourire aux lèvres guettant la réaction du cabot.



« - NON, NON, NON, ce n'est pas possible ! Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Tu mens sangsue, sinon elle m'en aurait parlé …» hurlait intérieurement ce dernier.



Elle fit une légère moue que je ne sus décrypter.



- Tu n'es pas d'accord ? lui demandai-je aussitôt comme pour m'assurer que le loup avait bien compris que Bella y avait consenti et que je ne mentais pas.



- Si … N'empêche … je ne comprends pas pourquoi c'est si important pour toi. Je me suis donnée à toi pour toujours depuis le début.



- Dans un siècle, quand tu auras pris suffisamment de recul, je t'expliquerai.



- Je ne manquerai pas de te le rappeler dans ce cas.



- Tu n'as pas froid ? lui demandai-je soudain, espérant qu'elle ne ferait pas attention à la réaction du cabot qui n'allait pas tarder à se faire entendre.



- Ça va pourquoi ? me demanda-t-elle surprise.



Le cabot n'était plus capable de contenir sa colère et se mit à hurler. Malgré la douleur de ce cri, je ne ressentais nul regret de l'avoir fait souffrir et fier de moi je venais de lui asséner le coup fatal.



- Parce que ton radiateur est hors d'usage. La trêve est rompue, marmonnai-je à son intention.



Ne supportant plus ma présence, il s'enfuit fou de rage.



- Il nous a écoutés ? me demanda-t-elle partagée entre détresse et colère.



- Oui.



- Tu le savais … marmonna-t-elle fébrile.





- Oui. Je n'ai jamais promis de me battre avec loyauté. Et il a le droit d'être au courant.



Elle se prit la tête entre les mains et je sentis alors que j'avais été trop loin et que non seulement j'avais blessé le cabot mais elle aussi.



- Tu m'en veux ? m'enquis-je aussitôt inquiet.



- Non. Je me fais horreur !



- Ne te flagelle pas, tentai-je vainement de l'apaiser.



- C'est ça ! Mieux vaudrait que je garde mon énervement pour tourmenter Jacob. Histoire de ne rien lui épargner.



- Il savait à quoi il s'exposait en restant ici, répliquai.-je.



- Et tu crois que ça compte ? s'emporta-t-elle au bord des larmes. Penses-tu qu'il m'importe qu'il soit ou non prévenu ? Que je trouve cela juste ? Je passe mon temps à le blesser. Chaque fois que j'agis, parle, respire, je lui fais du mal. Je suis un monstre.



- Non ce n'est pas vrai ! protestai-je refusant qu'elle se sente responsable de ma bêtise. Je la resserrai tout contre moi.



- Si ! Pourquoi suis-je si mauvaise ? Il faut que je le retrouve, hurla-t-elle en se débattant pour mettre un terme à mon étreinte.



- Il est déjà à des kilomètres d'ici, Bella et il gèle.



- Je m'en fiche. Je ne peux pas rester assise sans bouger.



Se débarrassant de sa parka pour enfiler ses chaussures, elle se faufila jusqu'à l'entrée de la tente. Elle était presque hystérique et bredouillait : « il le faut … il le faut… », comme si sa vie en dépendait. Je pris aussitôt conscience que j'avais mal agi. M'en prendre au cabot signifiait m'en prendre à Bella. N'écoutant que ma colère et ma rancune, j'avais négligé ma fiancée et j'étais envahi par les remords.



Elle vacillait dans la neige, aveuglée par la réverbération du soleil sur le sol neigeux. Elle espérait le rejoindre mais c'était trop tard et le danger était trop proche de nous. Je la retins par le poignet pour la dissuader de s'aventurer dans les bois mais elle tenta de se dégager.



- Tu ne le rattraperas pas. De plus, ce n'est pas le bon jour, et il est presque l'heure. Que tu t'égares ne nous aiderait pas.



Elle se débattit de plus belle mais je ne lâchai pas son poignet, par peur de la perdre moi aussi.



- Excuse-moi, Bella. Je suis navré d'avoir agi ainsi.



- Tu n'y es pour rien. C'est ma faute. J'aurais pu… quand il a… je n'aurai pas dû… dit-elle en pleurant.



J'étais responsable de son état et je m'en voulais terriblement. J'avais promis de ne plus jamais la faire souffrir et en agissant ainsi j'avais failli à ma promesse.



- Chut, Chut, Bella… murmurai-je pour la calmer au creux de mes bras. Elle ne résista pas cette fois.



Elle bredouilla encore plusieurs phrases incohérentes. Elle était sous le choc et je n'avais pas d'autre choix que d'aller le chercher car mes remords avaient déjà remplacés ma rancune et ma colère contre ce cabot.



- Veux-tu que je tente de le ramener pour que tu lui expliques ? Il nous reste un peu de temps.



Elle acquiesça timidement mais je sus que c'était ce qu'il fallait faire pour l'apaiser.



- Regagne la tente. Je reviens tout de suite … lui intimai-je alors que je disparaissais déjà en direction des bois.




sanaafatine 23-06-10 09:36 AM




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Je m'enfonçais à peine dans les bois que je distinguais encore les sanglots de Bella. Il fallait que je me sente atrocement coupable pour la laisser seule si peu de temps avant la grande bagarre annoncée. Elle ne l'était pas vraiment d'ailleurs et c'était ce qui m'avait conforté dans l'idée que je devais l'apaiser quoiqu'il en coûte. Seth saurait me prévenir en cas de problème et la protéger aussi le cas échéant.



Je savais que le cabot s'était dirigé vers la prairie pour rejoindre Sam. Il avait parcouru une bonne partie du chemin à une vitesse effrayante sans doute sous l'effet de la colère mais étonnamment il avait ralenti et n'était plus très loin de moi à en juger l'odeur tenace de chien que je percevais. Seth l'avait averti de mon arrivée et il m'attendait, curieux de voir ce que j'avais à lui dire.



Dès qu'il m'aperçut, il se figea. Son impressionnante stature et son regard lupin étaient destinés à m'intimider et m'inciter à m'expliquer car il ne souhaitait nullement me parler. Il voulait d'une part rester en contact avec la meute mais aussi être en position d'attaque si jamais il devait s'en prendre à moi.



Je fis de mon mieux pour garder ma politesse coutumière malgré la fébrilité qui m'habitait non pas qu'il me faisait peur mais il pourrait refuser ma requête : celle de rassurer Bella. Je ne regrettais nullement tout ce que j'avais fait car j'avais une réelle répulsion pour lui connaissant la bassesse de ses pensées envers ma fiancée. Malgré tout, je devais lui donner l'impression du contraire pour qu'il consente à me suivre et à rejoindre ma bien-aimée.



Je détestais d’avance ce que je m'apprêtais à faire mais je devais assumer les conséquences de mes actes. J'avais voulu jouer mais je ne maîtrisais pas les règles de ce jeu car je n'y avais jamais joué auparavant. J'avais tant souhaité rabaisser et blesser le cabot afin de lui rappeler qu'il faisait fausse route. Bella m'avait choisi mais au lieu de cela j'avais involontairement porté le clébard en martyr à ses yeux. Impensable, intolérable mais pourtant vrai. Je lui avais donné toutes les cartes pour faire douter Bella de ses sentiments envers moi ou envers lui. En être réduit à faire celui qui regrettait son geste me rendait encore plus nerveux quant à l'issue de cette discussion…



- Bella s'inquiète pour toi, elle voudrait te parler … balbutiai-je en plongeant mes yeux dans les siens pour tenter de stopper ses pensées qu'il ressassait en boucle, principalement la phrase par laquelle j'annonçais que Bella avait accepté de m'épouser mais aussi beaucoup d'insultes qui m'étaient destinées.



- T'es tombé de ton piédestal, sangsue ! me lança-t-il Tu n'es pas aussi exceptionnel qu'elle le pensait et tu te sens obligé de te rattraper, c'est ça ?



- Je l'ai blessée malgré moi et elle a besoin de te parler pour s'assurer que tu vas bien …



- Pourquoi je ferais ça ? J'ai un combat à gagner et je ne suis pas sûr qu'elle s'inquiète pour moi puisqu'elle t'a … toi !



- Il ne s'agit pas de moi mais de ce qui vous lie tous les deux … elle voudrait t'épargner tout comme elle essaie de le faire pour moi mais c'est impossible. Elle a besoin de ta présence autant que de la mienne … prononçai-je très difficilement. Cette phrase m'était insupportable à formuler mais le coup bas que je lui avais joué l'avait fait ressortir au grand jour.



Alors qu'il prenait le temps de réfléchir car il ne savait plus trop s'il devait me faire confiance ou non, Seth nous avertit qu'Alice avait prévenu Sam qu'elle avait eu une nouvelle vision. Il était sur ses gardes car elle leur aurait annoncé qu'il n'y avait pas que l'armée qui venait droit sur nous mais ceux que nous redoutions aussi … Les Volturi. Elle n'était pas très sûre de leur nombre compte tenu de la quantité de loups au mètre carré mais elle était formelle, il n'y aurait pas que l'armée de vampires qui nous rendrait une petite visite.



Cette information avait complètement déstabilisé Seth qui redoutait une attaque en mon absence et préférait que l'on ne tarde pas trop à revenir sur le camp pour protéger Bella. Néanmoins, Jacob ne put s'empêcher de me faire mariner, histoire de me rappeler que j'avais besoin de lui même si cela risquait de me coûter cher.



- Es-tu vraiment sûr de vouloir prendre le risque de la perdre rien que pour la savoir heureuse ? me demanda-t-il en reprenant de l'aplomb, convaincu que la roue avait tourné et que la chance était dorénavant avec lui.



- Oui … confessai-je alors qu'il ne se gênait plus pour me dire que rien n'était perdu pour lui et que la réaction de Bella prouvait que ce mariage était une sottise.



- Alors saches que pour moi aussi, la trêve est rompue et que tous les coups sont permis !



Je ravalai ma rancœur préférant ne pas envenimer les choses.Jj'avais promis à Bella de lui ramener le cabot et je devais tout faire pour cela. Se sentant suffisamment en confiance et de nouveau sûr de lui, il se transforma alors pour reprendre forme humaine.



- Tourne toi que je m'habille… me lança-t-il ensuite.



Je me retins de répondre par peur qu'il ne change d'avis mais je ne pus réprimer un léger sourire de moquerie car un vulgaire morceau de jean troué ne représentait pas vraiment un vêtement.



Sur le chemin du retour, il traina quelques mètres derrière moi, imaginant ce que Bella avait à lui dire. Plus nous nous rapprochions et plus il était convaincu que je vivais mes derniers instants dans le cœur de Bella. Ses réflexions me ramenaient durement à la réalité car je n'étais en effet plus aussi sûr de ce que ma fiancée pouvait ressentir pour moi. Je me sentais tellement coupable car nous en étions arrivés à une telle situation par ma seule faute. J'avais sans le vouloir pousser Bella et très certainement le cabot, dans leurs derniers retranchements.



Nous étions de retour sur le campement où Seth nous attendait anxieux. Tout en s'approchant de moi pour me saluer, il me demanda si j'avais bien reçu le message concernant la nouvelle vision d'Alice. Je le remerciai par un hochement de menton en me disant aussi que cette journée prenait réellement une tournure détestable. Je n'osais pas encore croiser le regard de Bella de peur qu'elle ne devine toute la détresse qui m'emplissait. Je ne devais pas l'influencer et pour cela j'allais profiter de devoir parler à ma sœur de cette nouvelle vision pour les laisser seuls.



- Il ne manquait plus que cela … marmonnai-je à voix haute comme pour prévenir Bella qu'il m'était vital de m'éloigner d'eux. Ce n'est pourtant pas une grosse surprise. Dommage que le temps nous soit aussi compté. S'il te plaît, envoie un message à Sam pour qu'il demande de réajuster notre plan de bataille, demandai-je ensuite à Seth qui ne demandait pas mieux que d'aller se dégourdir les jambes en ma compagnie.



Le cabot était resté en retrait, ce qui semblait agacer Bella. Il préparait sans doute une de ses mises en scène mais je n'avais pas le cœur à scruter ses pensées pour découvrir ce qu'il manigançait. Je n'en avais pas la force, j'étais trop fébrile pour cela.

Je rejoignis Bella pour la prévenir de mon absence :



- Bella. Ça se gâte, Seth et moi allons tenter de régler cela. Je ne m'éloigne pas beaucoup, mais rassure toi, je n'écouterai pas. Quelle que soit ta décision, je sais que tu tiens à la prendre seule, murmurai-je la voix étranglée par l'inquiétude et l'angoisse de l'avoir peut-être perdue.



- Ne tarde pas, parvint-elle à me répondre alors qu'elle fixait déjà les bois devant elle… suppliant sans doute pour que le cabot se montre plus loquace qu'en ce moment.



Elle était perdue elle aussi, rongée par l'angoisse et par les scrupules, persuadée d'avoir fait du mal au cabot alors qu'il n'en était rien. J'étais le seul responsable.



Je déposai un léger baiser sur ses lèvres et partis aussitôt dans la forêt, Seth à mes côtés. Je ne me retournais pas, ne songeant qu'à m'éloigner le plus loin possible, espérant échapper aux pensées du cabot. Même si j'avais promis de ne pas écouter, le clébard n'avait jamais été très discret et vivre leur conversation via ses pensées m'était encore plus pénible. J'aurais aimé me terrer au fond d'une grotte pour être sûr de ne rien entendre ou du moins sans les pensées de mon rival qui ne seraient que plus blessantes et humiliantes pour moi.




Nous courions depuis peu lorsque je fus soudainement stoppé dans mon élan comme si on m'avait percuté en pleine course. Je n'étais plus capable de bouger. Etrangement ma tête me faisait atrocement souffrir comme si quelqu'un souhaitait s'y introduire. Une violente douleur me fit tomber à genoux sur le sol … et ce fut là que je l'entendis pour la première fois :



« - N'aie pas peur Edward, c'est moi, Carol …



Nous avions déjà eu ce type de conversation mais à l'époque, j'étais seulement à quelques mètres d'elle alors que là nous étions séparés par plus d'un millier de kilomètres. D'ordinaire, c'était moi qui m’introduisais dans l'esprit des gens mais là, c'était Carol qui avait pris place dans le mien. Avant que je ne puisse lui répondre, Seth vint me rejoindre et me demanda ce qu’il se passait.



- Ne t'inquiète pas, ce serait trop long à t'expliquer mais je t'assure que je vais bien. Je ne peux pas venir avec toi alors je te laisse le soin de transmettre le message à Alice et je te rejoindrai dans très peu de temps. Ne les alarme pas s'il te plaît… Cela doit rester entre toi et moi, lui dis-je en cachant ma souffrance afin qu'il accepte de me laisser seul.



Il me regarda longuement, surpris mais consentit à poursuivre sa route malgré tout. Il me faisait confiance. Il s'en alla donc après s'être assuré qu'il ne pouvait rien faire pour moi.



- Edward, excuse-moi mais c'est aujourd'hui que tout se joue… Tu sais, notre fameuse vision lors de ta venue et puis je me suis dit que tu aurais besoin d'aide pour affronter l'épreuve qui te tourmente.



- Comment …



J'allais lui demander comment elle savait puis je me souvins alors de ce qu'elle m'avait avoué lors de ma venue, il y avait quelques semaines de cela. Elle avait été changée par ce qui s'était passé dans la hutte un an plus tôt. Elle disait que cette expérience nous avait liés, en quelque sorte, de façon à ce qu'elle pouvait partager les plus grands moments de ma vie, bons comme mauvais, au travers de mes pensées. Cette connexion aurait été facilitée grâce à notre expérience dans la hutte puisque les esprits m'avaient accueilli comme l'un des leurs et me faisaient ainsi partager leurs étonnants pouvoirs.



Carol était persuadée que sa mission était de me protéger… C'était sans doute vrai car elle intervenait toujours aux moments les plus critiques de mon existence et une fois encore, elle arrivait à un moment où j'étais totalement perdu.



- Si tu le souhaites, je peux te donner accès à ce que tu aimerais savoir mais je peux aussi m'en aller.



- Qu'ai-je à gagner à les espionner ?…



- Des réponses !! Mais je te laisse le choix …



Je sentais la douleur s'intensifier comme si Carol cherchait à m'influencer.



- Tu pourras prendre la forme de l'esprit que tu souhaites … reprit-elle, d'un d'arbre, d'un oiseau ou de la terre à leur pied… Tu seras alors totalement invisible pour eux tout en étant un témoin clé. Aucune pensée dénaturée, rien que l'essentiel, bon ou mauvais ! Es-tu prêt à prendre ce risque ?



Je m'étais promis de ne pas jouer les voyeurs mais ne valait-il mieux pas voir ma vie se briser de mes propres yeux plutôt que par ceux d'un cabot juvénile ? Quoique je puisse voir, cela ne changerait en rien mon amour pour Bella mais cela me permettrait peut-être de comprendre un peu plus celui qu'elle portait au cabot et j'étais prêt à prendre ce risque.



- Très bien, ferme les yeux et tu seras là où tu veux être ! Choisis ton hôte et il te guidera. Après, tu ne devras ni bouger, ni intervenir… Jacob t'a raconté l'histoire de Taka Ari lorsqu'il a pris place dans le corps d'un loup. Et bien tu dois faire de même avec un animal ou un végétal près de toi ou de l'endroit où tu souhaites aller. L'esprit de nos anciens fera le reste. Aie confiance, Edward.



J'avais du mal à réaliser ce qui m'arrivait. Tout se bousculait dans ma tête mais je devais faire vite car je n'avais que très peu de temps devant moi. Mes yeux se posèrent sur un aigle qui me regardait, perché sur sa branche, guettant une proie. Il se fondait dans la masse, pourrait se rendre rapidement au campement… Il était l'hôte idéal.



La douleur dans ma tête disparut enfin et laissa la place à un délicieux apaisement. Je m'étais assis sur le sol et j’avais fermé les yeux comme me l'avait demandé Carol. Je sentis immédiatement sa présence rassurante qui prenait possession de mon corps. Sa magie s'installait en moi. Une chaleur intense me parcourut suivie d'une sensation de flottement … Oui, je flottais à présent au dessus de mon corps. Je pouvais me voir assis au beau milieu des fougères alors que mon esprit avait prit place dans l'aigle que je regardais l'instant d'avant. Tout simplement incroyable. Lui et moi ne faisions plus qu'un.



Il m'emmena rapidement jusqu'au campement. Voler me procurait un sentiment de liberté inexplicable presque aussi intense que celui de courir à pleine vitesse en slalomant entre les arbres. Tout était si beau vu de là-haut, le soleil qui inondait la forêt de ses rayons bienveillants, les arbres majestueux à la longévité centenaire et les animaux qui se préparaient à une nouvelle journée de chasse et de survie. Si ce jour n'avait pas été si crucial, j'aurais pu profiter pleinement de la chance incroyable qui m'était accordée par les esprits d'apprécier la vie telle qu'il m'était donné de la voir à ce moment-là.



L'aigle se posa enfin sur une des branches de l'arbre qui se trouvait au pied de notre tente. J'avais une vue imprenable sur Bella et le cabot.



Ils étaient l'un en face de l'autre et je ne saurais trop dire depuis combien de temps ils parlaient mais je perçus enfin les paroles du clébard. Une sensation nouvelle s'empara de moi. Je remarquai que je n'étais plus capable de percevoir les pensées de ce dernier. J'étais un simple témoin et cette situation était tout aussi bien car j'aurais de toute manière à supporter ses élucubrations mentales bien assez tôt.



- Il va y avoir du grabuge là-bas, tout à l'heure. Il ne me sera guère difficile d'en profiter pour tirer ma révérence… lui lança-t-il un sourire en coin.



Je n'avais pas besoin de lire ses pensées pour deviner qu'il imposait un chantage inconcevable à Bella. Il se savait vaincu pour oser agir ainsi et il jouait avec les scrupules de ma fiancée pour l'influencer. Comme il me l'avait annoncé un peu plus tôt, tous les coups étaient permis même les plus odieux, apparemment.



- Non, Jake ! hurla-t-elle. Non, Non, Non, je t'en supplie.



- Oh ! S'il te plaît, Bella. Ça sera plus simple pour tout le monde. Tu n'auras même pas à déménager.



- Non ! Je te l'interdis, Jacob ! Je t'en empêcherai.



- Ah oui ? Et comment ? ricana-t-il alors que je commençais à percevoir ce qu'il cherchait à faire. J'avais alors du mal à rester calme…



- Je t'en conjure, reste avec moi, l'implora-t-elle tremblante.



Cette phrase me blessa car même si Bella réagissait au chantage affectif de son ami, son comportement m'attristait. Elle tenait à lui bien plus que je ne l'aurais supposé. Je la voyais se débattre pour tenter de le protéger lui aussi comme elle l'avait fait pour moi en souhaitant m'évincer du combat d'aujourd'hui. La conclusion fut donc sans appel : elle l'aimait lui aussi !



La confirmation me fut donnée quelques longues et douloureuses secondes plus tard lorsqu'il lui dit enfin :



- … Je t'aime, Bella.



Et elle lui répondit :



- Je t'aime aussi Jacob.



Il en souriait heureux sans nul doute et peu surpris par cette révélation car il lui répondit ensuite :



- Je le sais depuis longtemps.



Il se tourna alors, satisfait pour rejoindre la meute. Tout aurait pu se conclure ainsi mais malheureusement Bella ne sembla pas du même avis.



- Tout ce que tu voudras ! hurla-t-elle pour le retenir. Tout ce que tu voudras. Mais reviens !



Comme je le craignais Bella était prête à tout pour l'épargner et il le savait. J'étais persuadé qu'il allait tout faire pour obtenir ce qu'il voulait.



- Je ne crois pas que tu mesures la portée de tes paroles, rétorqua-t-il en pivotant pour la dévisager.



- Reste … insista-t-elle.



- Non ! Tu ne me retiendras pas. En revanche, je laisserai peut-être le destin décider …



Voir Bella aux supplices ne semblait pas être suffisant, il voulait plus… Comment osait-il abuser des craintes et des peurs de son amie pour obtenir ses faveurs ? Il la manipulait et j'étais bien malgré moi, spectateur impuissant de sa duperie. Si seulement j'avais pu intervenir au moins pour mettre un coup de poing dans sa gueule du loup mais j'avais promis, je ne devais pas me manifester quoiqu'il m'en coûte.



- Comment ça ? lui demanda Bella.



- Je ne commettrai aucun acte délibéré. Je me battrai au côté des miens, et advienne que pourra. Mais uniquement si tu réussis à me convaincre que tu souhaites vraiment mon retour, et non en jouant les grandes âmes.



- De quelle façon ?



- Demande.



- Reviens, chuchota-t-elle presque sans voix.



Il secoua la tête et sourit une nouvelle fois, peu convaincu par la réponse de Bella et je savais pourquoi, il désirait plus … nettement plus.



- Je ne pensais pas à ça, rétorqua-t-il.



J'étais suspendu aux lèvres de Bella, espérant qu'elle ne tomberait pas dans le piège de ses mensonges. Je me doutais qu'elle était torturée entre l'envie de le sauver et la peur de le laisser s'en aller.



- Embrassa-moi, Jacob !! lui lança-t-elle soudain.



Il n'en revenait pas lui-même. Bella était tombée dans le panneau ! Il écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise puis se reprit rapidement pour s'assurer une nouvelle fois qu'elle ne le dupait pas à son tour.



- Tu n'es pas sérieuse ? lui demanda-t-il faussement surpris.



- Embrasse-moi, Jacob. Embrasse-moi et reviens-moi.



L'insistance de Bella m'ébranla. La voir si vulnérable devant lui, suppliante, agonisante, ne sachant plus quoi faire pour le retenir, me rendait malade. J'avais envie de foncer droit sur lui et un aigle à pleine vitesse promettait de faire des dégâts. Mais mon hôte ne bougea pas, fit un léger battement d'aile tout au plus. Son calme apparent était en totale opposition face à la rage qui m'envahissait.



Je préférai fermer les yeux plutôt que d'assister à cette insoutenable vision. Il m'était impossible de les regarder car je ne supporterais pas de voir le cabot poser ses lèvres sur celles de Bella, qu'il puisse la serrer étroitement contre elle pour sentir l'embrasement de son cœur sous l'intensité de ses baisers. Toutefois, il ne semblait pas pleinement satisfait car il demanda à Bella de se laisser aller, lui reprochant de trop réfléchir.



Elle réagit enfin et secoua la tête comme pour se défaire de son étreinte et j'espérais que ce douloureux moment serait enfin terminé mais le cabot ne reculait devant rien et lui assena une dernière réplique :



- Es-tu vraiment sûre de ne pas préférer que je meure ?



Il était tout simplement odieux et Bella sembla tout d'abord de mon avis et tenta une nouvelle fois de quitter ses bras mais contre toute attente, elle ne résista pas au nouveau baiser du cabot, au contraire elle lâcha prise.



Ce baiser fut plus fougueux, plus ardent que le précédent à en juger par l'expression satisfaite du cabot. Ce baiser ne ressemblait à aucun de ceux que nous avions pu échanger Bella et moi. Il n'y avait aucune retenue, aucune prudence dans leurs gestes contrairement à ce que je lui imposais. Ils laissaient clairement exprimer leurs désirs, ne s'inquiétant pas de savoir si le cabot pourrait la tuer.



Que Bella rende son baiser au cabot, avait ébranlé tout mon être mais la voir aussi à l'aise dans ses bras me fit prendre conscience que c'était ces gestes passionnés qu'elle recherchait à l'instar des miens toujours trop soigneusement refoulés. Elle devait constamment se contenir et s'arrêtait en pleine étreinte car je ne lui laissais pas d'autre choix alors que le cabot, lui, l'incitait à se révéler et elle aimait visiblement cela. Était-ce seulement lié à lui ou à son envie d'intimité ? Était-ce leur attirance mutuelle qui s'exerçait ou les désirs refoulés de Bella qui s'exprimaient ?



Il m'était impossible de rester plus longtemps, préférant ne pas prolonger mon agonie assailli par un fourmillement d'interrogations. J'étais abattu mais pas en colère… du moins pas contre Bella car elle s'était fait duper par le cabot. C'était plutôt contre moi en fait car c'était mon absence qui les avait poussés l'un vers l'autre et qui les tiraillait encore aujourd'hui. J'étais toutefois perplexe quant au fait de connaître les motivations réelles de ce second baiser : par amour pour lui ou par curiosité de découvrir un baiser sulfureux ?



L'aigle s'envola emportant avec lui mon monticule de doutes et d'angoisses, laissant la femme que j'aimais plus que tout au monde dans les bras d'un autre…

Quoique je puisse en penser, ce fut un véritable privilège d'avoir pu assister à cet improbable moment. J'avais pu me forger ma propre opinion sur l'attitude du cabot ou sur celle de Bella. J'avais découvert jusqu'à quel point ce dernier était capable de torturer ma bien aimée pour obtenir un baiser d’elle mais aussi qu'ils s'aimaient.



J'étais mal et j'appréhendais déjà la réaction de Bella après le moment qu’ils venaient de vivre tous les deux. J'avais découvert la duplicité du cabot mais Bella n'en avait rien soupçonnée et elle pouvait s'être laissée influencer par son ami jusqu'à douter de ses propres sentiments à mon égard. Ce deuxième baiser me suscitait tant d'interrogations que j'avais hâte de retrouver Bella pour la serrer dans mes bras et enfin savoir si elle voulait toujours partager ma vie.



Je redécouvrais mon corps à présent. L'aigle s'en était allé. Je percevais donc à nouveau les pensées de la meute et principalement celles de Seth qui s'inquiétait réellement de ne pas me revoir. Il était inquiet, d'autant plus que le cabot braillait déjà ses exploits et Seth appréhendait ma réaction. Alors que je me relevais pour aller rejoindre Alice et le jeune loup, Carol me parla une dernière fois :



« - Je reste avec toi jusqu'à la fin du combat, je vois des complications et je préfère rester avec toi. Je pourrais peut-être me rendre utile…



- Quel genre de complications ? lui demandai-je aussitôt pensant que l'armée et les Volturi, c’était déjà bien assez.



- Je vois une féroce adversaire à la chevelure rousse … elle te cherche. Prends garde.



- Victoria ! Elle était donc bien derrière cette histoire. »



Cette information m'avait encore plus convaincu qu'il n'était plus temps de trainer. Je me mis aussitôt en route vers la prairie ou Seth, Alice, Jasper et Sam m'attendaient impatients. Ma sœur s'en prit tout de suite à moi :



- Mais où étais-tu ? Quand j'ai vu Seth sans toi, j'ai été très inquiète… Nous n'avons plus de temps et sans toi je ne peux pas communiquer avec eux.



- Du calme, Alice. Je t'expliquerai plus tard. Voici ce que propose Sam : comme nous savons maintenant que les Volturi vont rappliquer, il va falloir nous séparer en deux groupes. Nous serons en première ligne et eux juste derrière afin de s'éclipser au plus vite dès l'approche des Volturi et surtout pour éviter qu'ils ne s'en prennent à eux. Aucune trêve n'a été conclue entre eux. C'est bon pour toi, Jasper ?



- Je n'y vois aucun inconvénient, les avoir derrière accentuera l'effet de surprise sur les nouveau-nés et ils ne sauront plus où aller. C'est plutôt une bonne chose d'ailleurs.



- Bon, nous devons y retourner Seth et moi pour que Bella ne soit pas seule …. Bonne chance à tous, dis-je en regardanttour à tour, Alice, Jasper et Sam espérant que tous s'en sortiraient sans trop de dommage.



Sur le chemin qui nous ramenait Seth et moi, vers le campement, il ne put cacher son agacement face à l'attitude de son ainé. En effet, le cabot était littéralement en train de bassiner toute la meute avec ses jacassements incessants sur Bella et lui. Il se vantait qu’elle l'aimait, qu'elle l'avait supplié de l'embrasser et qu'elle avait adoré cela. Il faisait ensuite défiler des scènes très explicites de leurs baisers. Je me demandais comment j'aurais réagi si je n'avais eu que sa version des faits. J’aurais été complètement décontenancé même si je connaissais suffisamment Bella pour savoir qu'elle n'aurait pas tout à fait agi ainsi.



A notre arrivée, le cabot n'était plus là. Seth retourna se adminhelper près de la tente pour suivre le déroulement des prochains évènements. Bella s'était réfugiée dans la tente. Elle était allongée à plat ventre sur son duvet, le visage enfoui entre ses avant-bras comme pour se cacher. J'étais nerveux en cet instant craignant sa réaction et essayant de décrypter la mienne. Je caressai doucement ses cheveux emmêlés pour lui manifester ma présence.



- Ça va ? lui demandai-je sans parvenir à masquer mon anxiété.



- Non, j'ai envie de mourir, me répondit-elle le visage toujours dissimulé par sa chevelure.



- Cela n'arrivera jamais. Je ne le permettrai pas.



- Ne t'avance pas trop… gémit-elle alors. Tu risques de changer d'avis.



Elle se sentait coupable et n'osait toujours pas affronter mon regard par peur de ma réaction sans doute mais elle n'y était pour rien. Le clébard avait abusé d'elle, ni plus ni moins mais je n'étais plus aussi sûr qu'il était responsable de ce baiser. Ils s'aimaient voilà tout… Que pouvais-je faire contre cela à part comprendre et faire preuve de patience face au choix de Bella ?



- Où est Jacob ? lui demandai-je alors que je savais qu'il était déjà parti rejoindre la meute. C’était aussi bien ainsi car j'aurais pu regretter mon geste de l'avoir quelque peu amoché.

Mais j'espérais surtout qu'en parlant de lui, elle consentirait enfin à se tourner pour me regarder.



- Il est parti se battre, me répondit-elle sans bouger.



Un lourd silence s'installa alors que le cabot piaillait encore et cela en devenait insupportable. Sam l'avait d'ailleurs rapidement intimé de se concentrer sur la bataille qui les attendait, pour le bien de tous.



Bella devait s'imaginer que je n'apprenais la nouvelle de leurs baisers qu’à ce moment-là et elle releva enfin la tête pour scruter mon visage et découvrir ma réaction qu'elle imaginait très mauvaise à priori. Devant mon regard dénué de sens, elle renfonça son visage dans le duvet et je sus qu'il était temps pour moi de lui expliquer qu'elle se trompait… qu'elle s'était trompée.



- Et moi qui me croyais prêt à tous les coups bas … marmonnai-je sans cacher mon admiration face à l'incroyable duperie de mon rival. En comparaison, j'ai l'air d'un saint. Je ne t'en veux pas, mon amour, ajoutai-je pour la rassurer, en lui effleurant la joue. Jacob est plus sournois que je ne le pensais. J'aurais bien aimé cependant que tu ne lui demandes pas ce baiser.



- Edward, je … je … je suis … bredouilla-t-elle.



- Chut ! Ce n'est pas grave, il t'aurait embrassée de toute façon, que tu sois ou non tombée dans le panneau. C'était ce qu'il avait décrété lors de notre trajet vers le campement lorsque j'avais été le rechercher. Il avait décidé de l'embrasser par la force s'il n'avait pas obtenu son consentement. Simplement, je n'ai plus d'excuse pour lui casser la figure. Dommage, j'aurais adoré.



- Quel panneau ? me demanda-t-elle visiblement intriguée.



- Voyons, Bella, tu as vraiment cru qu'il était d'une telle noblesse ? Qu'il se sacrifierait glorieusement rien que pour me laisser la voie libre ?



Elle releva doucement la tête et ses prunelles croisèrent les miennes. Et elle m'avoua malheureuse tout en détournant les yeux :



- Oui, je l'ai cru.



- Tu mens si mal que tu gobes le premier un peu doué dans ce domaine … m'esclaffai-je pour la mettre à l'aise et l'assurer que je ne lui en voulais pas.



- Pourquoi n'es-tu pas fâché ? Pourquoi ne me hais-tu pas ? N'as-tu pas eu vent de toute l'histoire ?



- J'ai eu l'essentiel. Jacob émet des images mentales très parlantes. J'ai autant de peine pour la meute que pour moi. Le pauvre Sam en était écœuré. Heureusement, il a obligé Jacob à se concentrer sur autre chose, à présent.



Elle ferma les paupières et secoua la tête, gênée que je puisse avoir eu accès à ce moment d'abandon qu'elle regrettait. Comment pouvais-je lui en vouloir alors qu'elle avait réagi par pulsion ?



- Tu n'es qu'une humaine, repris-je en lui caressant de nouveau les cheveux.



- C'est l'excuse la plus minable qu'il m'ait été donné d'entendre, lâcha-t-elle acerbe.



- Il n'empêche, tu l'es. Lui aussi, d'ailleurs, quand bien même je le regrette. Il y a des vides dans ton existence que je ne peux pas remplir, j'en suis conscient.



- C'est faux. Il n'y a pas de vides. Je suis horrible, c'est tout.



- Tu l'aimes… lui chuchotai-je doucement tout en essayant de ne pas manifester la douleur que cela me procurait.



- Je t'aime plus que lui, répliqua-t-elle.



- Oui, je le sais. Mais …quand je t'ai quittée, Bella, tu as souffert, et Jacob a été là pour te raccommoder. Il est normal que ça ait laissé des traces, tant sur lui que sur toi. Je ne suis pas certain que ces points de suture s'effaceront d'eux mêmes, et je ne suis pas en droit de vous blâmer pour quelque chose dont je suis responsable. Puisses-tu me pardonner un jour, je ne saurais cependant fuir les conséquences de mes actes.



- J'aurais dû me douter que tu trouverais une façon de te reprocher les choses. Arrête ça, s'il te plaît. C'est intolérable.



- Comment voudrais-tu que je réagisse alors ? lui demandai-je totalement impuissant.



- Insulte-moi dans toutes les langues que tu connais. Dis-moi que je te dégoûte, que tu vas m'abandonner, de manière à ce que je me traîne à tes genoux et te supplie de rester.



- Je suis navré mais je n'en suis pas capable … soupirai-je comprenant qu'il lui serait plus facile d'expier sa faute en me voyant en colère mais cela m'était impossible.



- Au moins, cesse de me réconforter. Laisse-moi souffrir, je le mérite.



- Non.



- Après tout, tu as raison. Continue à être compréhensif, c'est sûrement pire.



Je ne pus répondre car Seth venait de m'informer que l'armée s'approchait et qu'il ne restait que très peu de temps. Il était excité mais tout aussi déçu de devoir rester en retrait. Quant à moi, il me restait juste assez de temps pour dire à Bella qu'elle n'avait rien à se reprocher et que je ne tenterais rien si elle devait le choisir, lui … Je ne lui imposerais nul chantage, nulle duperie, nulle pitié… Seul son cœur devait parler.



- Ca se rapproche … devina-t-elle.



- Plus que quelques minutes, en effet. Juste le temps pour une dernière chose …



Elle attendit que je reprenne la parole comme suspendue à mes lèvres souhaitant une réaction excessive de ma part mais j'en étais incapable.



- La noblesse ne m'est pas étrangère, Bella. Je ne t'obligerai pas à choisir entre nous deux. Je souhaite ton bonheur, je te donne tout ce que tu voudras de moi, ou rien si c'est mieux pour toi. Ne te laisse pas influencer parce que tu te sens redevable envers moi.



- Tais-toi ! s'écria-t-elle en se redressant.



Je la regardais surpris qu'elle n'accepte pas ma reddition …



- Non, tu ne comprends pas. Je ne m'efforce pas de te soulager, Bella. Je suis sincère.



- Je sais. Qu'est devenue ta ténacité ? Ne t'offre pas en sacrifice. Bats-toi ! me supplia-t-elle.



- Comment ? lui demandai-je en trahissant la tristesse qui me rongeait.



- Je me fiche qu'il fasse froid, répondit-elle en m'élançant. Je m'en fiche d'empester l'animal. Aide-moi à oublier à quel point je suis horrible. A l'oublier, lui. A oublier mon propre nom. Bats-toi !



Ne me laissant pas le temps de réagir ou de trouver la meilleure réponse à sa proposition, elle se jeta sur moi et écrasa sa bouche sur mes lèvres tendues et glacées.



- Attention mon amour … lui murmurai-je.



- Non ! grogna-t-elle comme excédée par mon habituelle prudence.



- Tu n'as rien à me prouver, la contrai-je en l'écartant doucement.



Elle réagissait sous le coup de l'émotion comme pour se faire pardonner son écart mais ce n'était pas ce que je voulais. Si nous devions avoir une quelconque intimité ce ne serait, ni ici, ni maintenant et encore moins pour de mauvaises raisons.



- Je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit. Tu as affirmé m'offrir toute partie de toi que je désirais. Je veux celle-ci. Je veux tout, dit-elle en nouant ses bras autour de ma nuque.



Elle s'avança pour atteindre ma bouche, je lui rendis son baiser mais la façon dont elle se trémoussait trahissait ses intentions. Je l'arrêtai doucement pour ne pas la blesser.



- Ce n'est pas le meilleur moment …lui avouai-je.



- Pourquoi ? soupira-t-elle déçue en me relâchant.



- D'abord parce qu'il fait vraiment froid … débutai-je en l'enveloppant dans son duvet.



- Tu parles ! C'est parce que tu es bizarrement moral pour un vampire, répliqua-t-elle.



- D'accord ! me déridai-je enfin, elle avait raison, je n'aurais rien tenté avant que Bella ne soit ma femme et elle le savait. Nous nous étions fait une promesse. Je te l'accorde ! Le froid vient en deuxième position. Troisièmement, donc … tu, eh bien, tu empestes, mon amour, lui avouai-je enfin en plissant le nez face à la tenace odeur de loup qu'elle dégageait.



- Quatrièmement … repris-je en collant mes lèvres à son oreille, nous essayerons, Bella. J'en fais le serment. Mais je préférerais que ce ne soit pas en réaction aux actes ou paroles de Jacob Black.



Elle tressaillit et enfonça son visage dans mon épaule.



- Et cinquièmement… poursuivis-je volontairement.



- Quelle liste ! ironisa-t-elle.



- Certes, mais il me semble que tu voulais être tenue au courant de la bataille, non ?



A cette remarque, Bella croisa mon regard et comprit que la bataille n'allait pas tarder à débuter. Oui, le combat promettait d'être rude d'autant plus que je ne connaissais pas encore le choix définitif de ma bien-aimée. L'attente promettait d'être insoutenable mais j'avais promis de ne pas l'influencer. Il ne me restait plus qu'à la protéger et à sortir indemne de l'épreuve qui nous attendait.




sanaafatine 26-06-10 08:17 AM



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Seth poussa un hurlement strident pour exprimer sa frustration de ne pouvoir aider les siens dans le combat qui s'annonçait pourtant si mémorable. Il partageait leurs pensées témoignant de leur euphorie à l'approche des nouveau-nés. Ils se lançaient tous des paris pour désigner lequel d'entre eux démembrerait le plus de sangsues.

Son hurlement eut le mérite d'effrayer Bella comme si la réalité venait juste de la rattraper. Angoissée, elle avait serré les poings que je pris patience à dénouer pour y placer mes paumes. J'espérais que mon contact même glacé, la rassurerait quelque peu.

- Tout ira bien, Bella, tentai-je de l'apaiser. Nous sommes doués, entrainés et la surprise est de notre côté. Ce sera terminé très vite. Si je n'en étais pas persuadé, je serai sur place, et toi ici, enchainée à un arbre ou quelque chose dans ce genre.

- Alice est si menue … gémit-elle.

- Cela poserait un problème si quelqu'un réussissait à l'attraper.

Seth gémit une nouvelle fois, ses pattes le démangeaient car il ne souhaitait qu'une chose : rejoindre la meute. Il supportait de plus en plus mal d'être si loin de l'action surtout que les nouveau-nés étaient enfin arrivés. La pensée collective des loups m'envoyait des images très parlantes de la scène de combat presque aussi réelles que si je m'y trouvais.

- Que ce passe-t-il ? me demanda Bella inquiète.

Je lui répondis machinalement trop absorbé par ce qui se passait sur le champ de bataille.

- Il n'est pas content d'être coincé ici avec nous. Il a compris que la meute le tenait à l'écart pour sa propre sécurité, et il bave d'envie à l'idée de la rejoindre. Les nouveau-nés ont remonté la piste. Notre plan a marché comme sur des roulettes. Jasper est un génie. Ils ont aussi flairé la piste de ceux qui se trouvent dans la prairie et se sont séparés. Comme prévu. Sam nous emmène par un détour vers l'embuscade.

Je n'étais ni plus ni moins que le onzième loup de la meute et je mettais même mis à parler de « nous » comme si nous ne faisions plus qu'un. Bella quant à elle, était littéralement suspendue à mes lèvres, angoissée et anxieuse de ne pas savoir ce qui se passait. Elle en avait même cessé de respirer. Elle était tellement crispée que je dus lui rappeler à plusieurs reprises de le faire.

Les loups étaient bien en retrait comme nous l'avions décidé tout récemment afin que les nouveau-nés ne les aperçoivent qu'au dernier moment. Le premier groupe se mesurait donc à ma famille et je pouvais percevoir les bruits de la bagarre mais aussi des rugissements, des coups de poing et même les déplacements de l'air lors des mouvements d'esquive de Carlisle ou Jasper. Ils étaient tous deux aux avants adminhelpes suivis de près par Emmett qui prenait d'ailleurs un réel plaisir à s'amuser de la faible intelligence d'un nouveau-né plus pressé de tuer que de réfléchir. Voir son expression ravie me fit rire. Je riais d'autant plus que ce bref moment de détente me permettait de m'évader un instant de l'invraisemblance qu'avait été cette journée d'autant plus qu'elle était loin d'être terminée.

Je détaillais mon récit aussi clairement que possible à Bella qui s'efforçait de ne pas oublier de respirer. Je vis alors le deuxième groupe arriver. Ils n'avaient pas encore repérer les loups et se demandaient d'ailleurs où pouvait bien se trouver Bella car ils avaient pour mission de la … liquider. A l'évocation de ce mot, un grondement sourd retentit au plus profond de ma poitrine et Bella me demanda immédiatement ce qui n'allait pas :

- Ils parlent de toi… lui expliquai-je. Ils sont censés se débrouiller pour que tu n'en réchappes pas…

Mais au même moment, les loups avaient débuté leur attaque et s'en prenaient déjà à l'un des nouveau-nés qui avait flairé notre trace. Leah et Sam s'en chargeaient alors que Paul et Jacob en éliminaient un autre, ce qui mit à mal le moral des nouveau-nés qui se dévisageaient les uns les autres, inquiets tout à coup. Mais étrangement ils se ressaisirent et décidèrent de suivre la trace malgré la présence des loups et tentèrent de les feinter ce qui me fit crier malgré moi.

- Non ! Que Sam dirige les opérations. Restez en dehors de cela. Séparez-les, ne les laissez pas couvrir leurs arrières.

J'avais crié comme s’ils avaient pu m'entendre mais il n'en était rien. Ils étaient en pleine action et seul leur instinct allait parler, principalement celui de Sam qui devait reprendre les choses en main en empêchant les nouveau-nés de venir vers nous et en les forçant à se rabattre vers la prairie où les attendait ma famille. Seth gémit à son tour, inquiet que la meute ne soit débordée mais Sam avait rattrapé le coup et ils les guidaient vers la prairie à présent.

Mes mains n'avaient pas quitté celles de Bella tel un refuge que je ne souhaitais pas abandonner. Elle caressait d'ailleurs délicatement chacun de mes doigts comme pour me rappeler qu'elle était à mes côtés. Alors que je pensais avoir un instant de répit, ce ne fut plus les images du combat qui m'ébranlèrent mais la voix de Carol :

« - Edward, … Victoria t'a retrouvé. Elle arrive droit sur toi… Prépare-toi ! Elle n'est pas seule !!! Un autre vampire l'accompagne. »

Je me figeai instantanément, sous le choc de la révélation de mon amie car certes elle m'avait prévenu que Victoria était derrière tout cela mais je n'avais pas anticipé sa venue et j'allais devoir me débrouiller seul pour l'anéantir … J'allais enfin pouvoir lui régler son compte excepté que j'allais devoir en même temps protéger Bella. Cette dernière s'était elle aussi immobilisée, inquiète de mon soudain silence et de ma totale inaction.

J'allais pourtant devoir agir très vite car Victoria allait être là d'une seconde à l'autre. Je devais prévenir Seth et trouver un plan de toute urgence pour préserver Bella. Je n'avais d'autre choix que d'impliquer le jeune loup. Je me levai d'un bond en déchirant la toile de tente sous la violence de mon geste tout en soulevant Bella avec moi.

Seth me regarda et comprit tout de suite que quelque chose clochait. Il plongea ses yeux dans les miens et m'écouta attentivement :

«- On va avoir de la compagnie et je vais avoir besoin de ton aide pour faire diversion car ils vont être deux et je ne pourrais pas les combattre seul sans que Bella ne soit en danger. On va profiter de l'effet de surprise. Tu vas aller te cacher dans les bois et quand je te dirais de venir tu sauteras sur le mâle… Quant à moi, je me chargerai de la femelle, j'ai un compte à régler avec elle.

- Ok ! Voilà enfin de l'animation !!! » se réjouit-il, inconscient du risque que cela représentait.

- Vas-y ! lui murmurai-je pour lui confirmer qu'il devait déguerpir rapidement et il courut aussitôt en direction des bois.

Il était trop tard pour nous enfuir ou nous cacher. Je devais affronter Victoria ici alors que nous étions acculés à la falaise sans aucune autre issue. Je pris Bella dans mes bras pour la déposer quelques mètres plus loin au pied de la falaise. Elle restait muette face à la rapidité des évènements et était sûrement trop terrifiée pour parvenir à prononcer le moindre mot.

Elle n'aurait jamais dû se trouver là. Je n'aurais jamais du accepter qu'elle soit si proche du danger. Nous étions trop sûrs de nous, ignorants encore à qui nous devions faire face. Nous avions quelque peu négligé la rancune de Victoria et je risquais d'en payer le prix fort s'il devait arriver quelque chose à ma bien aimée.

Je m'étais placé devant Bella en position de défense car je percevais à présent des pensées que je ne connaissais que trop pour les avoir traquées des semaines durant. Victoria n'avait initialement pas prévu de se battre, laissant la sale besogne à son armée mais en chemin mon odeur l'avait faite changer d'avis …

Elle était accompagnée d'un tout jeune nouveau-né qu'elle avait parfaitement conditionné pour nous détester et nous détruire. Elle lui ressassait encore et encore qu'il devait se battre pour elle, pour lui prouver tout l'amour qu'il avait pour elle. En me tuant, il allait se montrer digne d'elle et mériterait sa place à ses côtés comme elle le lui avait promis. Victoria n'en pensait pas un traitre mot mais avait trouvé la marionnette idéale pour ne pas se fatiguer avec moi et s'en prendre directement à Bella.

Bella se manifesta enfin en parvenant à chuchoter un seul mot :

- Qui ?

- Victoria ! crachai-je aussitôt. Elle n'est pas seule. Elle a croisé ma piste en suivant les nouveau-nés de loin. Elle ne comptait se battre. Au dernier moment, elle a préféré me chercher, devinant que tu serais là où je serais. Elle a bien raisonné. Toi aussi. Elle a toujours été derrière cette machination.


J'eus à peine le temps de terminer ma phrase que nous vîmes Victoria et son acolyte se diriger vers nous. Le jeune garçon blond était assez grand et musclé pour ne plus être un enfant. Il se prénommait Riley et était en totale adoration devant sa belle. Il n'hésiterait pas à se sacrifier pour elle. J'allais devoir le faire douter, espérant qu'il changerait d'avis, ce qui forcerait Victoria à s'occuper de moi ? Pendant ce temps-là, Seth réglerait son compte à Riley ainsi Bella ne serait pas menacée. Mon plan semblait bon. Je n'allais pas tarder à savoir si il l'était réellement.

Victoria arborait son masque de haine et n'essayait même pas de dissimuler le rictus sadique qui déformait ses lèvres. Ses pensées devenaient aussi braillardes que celles du cabot : elle était hypnotisée par Bella. Sa rage, sa soif de vengeance si patiemment ensevelie depuis plus d'un an rejaillissait au grand jour. Ses cheveux roux s'embrasaient presque sous l'effet du soleil comme si son corps n'était qu'un bûcher prêt à immoler ma bien-aimée. Je ne savais que trop ce qu'elle comptait faire endurer à Bella pour l'avoir entrevu durant mon exil. Mais là, c'était même pire car aucun mot n'était capable de décrire ce qu'elle était capable de faire.

C'est pourquoi je ne devais lui laisser aucune chance de s’approcher de Bella. Elle ne devrait même pas pouvoir toucher à un seul de ses cheveux. Elle n'aurait pas le loisir de voir mourir ma bien-aimée. C'était son arrêt de mort à elle qu'elle avait signé en osant m'affronter.

Alors qu'ils s'étaient arrêtés non loin de moi, Riley fixait intensément Victoria guettant l'ordre d'attaquer alors qu’elle se délectait des battements de cœur affolés de Bella. La tueuse avait de plus en plus de mal à maîtriser ses instincts meurtriers. Je m'apprêtais à amadouer Riley lorsqu'un hurlement de loup retentit dans les bois. C'était Seth qui réclamait de pouvoir intervenir tout de suite, pressé de s'amuser lui-aussi.

Je lui répondis rapidement qu'il devait encore faire preuve de patience car je ne pouvais pas me résoudre à tuer le jeune garçon sans lui laisser une autre alternative. Il n'était pas mauvais seulement manipulé et si j'avais été à sa place, j'aurais aimé que l'on me laisse une chance de m'en sortir. Nous avions tous connu ce stade difficile de débutant et ce fut notre éducation ainsi que l'apprentissage d'un nouveau mode de vie enseigné par Carlisle qui avaient fait de nous ce qui nous étions désormais.

Voir ce jeune garçon aussi influencé et persuadé que tuer des humains était son unique raison d'exister, m'obligeait à essayer de lui tendre la main malgré la menace qu'il représentait pour Bella en cet instant. Carlisle nous avait appris que chaque vie sur cette terre avait une importance et que nous ne devions jamais tuer sans raison. J'avais toutes les raisons du monde d'anéantir Victoria mais ce jeune garçon m'inspirait plus de pitié que de rancune. Je me devais de lui laisser une chance :

- Riley, lui murmurai-je doucement pour le mettre en confiance.

Il se figea et écarquilla les yeux, ne comprenant pas comment je pouvais connaître son prénom.

- Elle te ment, Riley, repris-je. Ecoute-moi. Elle te ment comme elle a menti à ceux qui meurent à présent dans la prairie. Tu sais qu'aucun de vous deux n'ira jamais leur porter secours. Est-il si difficile de l'admettre qu'elle t'a trompé également ?

Il me regarda avec plus d'insistance cette fois comprenant qu'il n'avait jamais osé douter d'elle et ne semblait pas prêt à le faire.

- Elle ne t'aime pas, poursuivis-je. Elle ne t'a jamais aimé. Elle en aimait un autre, James, et tu n'es qu'un outil pour elle.

J'avais volontairement prononcé le nom de James afin de faire réagir Victoria et de déstabiliser Riley qui ignorait complètement l'existence de ce dernier. Elle grogna n'appréciant pas d'entendre le prénom de son unique amour sortir de ma bouche. Le nouveau-né la regarda espérant qu'elle lui dirait qu'elle n'aimait que lui mais elle ne le fit pas. Il se retourna vers moi lorsque je l'appelai une nouvelle fois. Nous bougions imperceptiblement de quelques centimètres l'un l'autre, l'essentiel étant pour moi qu'ils ne puissent pas approcher de Bella.

- Elle ne doute pas que je vais te tuer, Riley. Elle souhaite que tu meures de façon à ne plus être obligée de jouer la comédie. Tu l'as deviné, n'est-ce pas ? Tu as lu ses réticences dans ses yeux, tu as soupçonné les fausses notes dans ses promesses. Tu avais raison. Elle ne t'a jamais désiré. Chaque baiser, chaque caresse ont été des leurres.

Étonnamment ses paroles étaient venues d'elles-mêmes à mes lèvres comme si elles avaient pu m’être destinées. En effet, le baiser de Bella et du cabot avait des résonances dans mon esprit comme des fausses notes dans son amour pour moi presque comme si j'avais rêvé tous les baisers et toutes les caresses que nous avions échangés. J'avais si peur qu'elle puisse se rendre compte qu'elle s'était trompé et que c'était lui qu'elle avait toujours aimé et pas moi que je commençais à douter des sentiments de Bella envers moi. Oui, ce baiser m'avait déstabilisé et je ne me sentirais réellement apaisé que lorsque ma bien-aimée serait définitivement décidée. Pour le moment, j'étais au bord d'un gouffre près à basculer mais elle ne devait rien savoir car je ne cherchais pas sa pitié mais son amour indéfectible.

J'avais imperceptiblement approché du nouveau-né mais Victoria avait déjà repéré le faible espace qui lui permettrait de s'immiscer entre Bella et moi. N'étant toujours pas décidée à entamer le combat, je tentai une énième tentative pour convaincre le jeune garçon qu'il se trompait :

- Rien ne te force à mourir. Il existe d'autres façons de vivre que celles qu'elle t'a inculquées. Tout n'est pas que mensonges et sang, Riley. Tu peux encore partir. Tu n'es pas obligé de te sacrifier pour elle.

Je reculais cette fois comprenant qu'il ne voulait rien entendre. Il ne servait plus à rien de tenter de la convaincre, il était perdu. Il attendait juste l'assentiment de sa maîtresse pour passer à l'attaque. Je reculais doucement pour ne laisser qu'une trentaine de centimètres entre Bella et moi. Il s'approcha d'un peu trop près et Victoria le suivit… Il ne restait plus que quelques secondes avant qu'ils ne s'en prennent à moi.

- C'est ta dernière chance, Riley, lui intimai-je aussitôt.

Il chercha du regard Victoria pour se convaincre que c'était moi qui n'était pas dans le vrai.

- C'est lui le menteur, répliqua enfin Victoria. Je t'ai parlé de leurs ruses. Tu sais bien que je n'aime que toi.

Sa naïveté avait entièrement effacé ses doutes et l'incompréhension que j'avais pu partiellement semer dans son esprit. Son amour l'emportait sur sa raison. Il se prépara alors à bondir pour me jeter au sol alors que Victoria tremblait sous l'effet de l'excitation tout comme Seth que je percevais tout proche de moi. Il était temps qu'il intervienne. Le nouveau-né ne pouvait plus être sauvé, seule la mort l'attendait.

« - Seth, à toi de jouer, le mâle est pour toi… Prends garde à toi quand même ! »


Il ne prit même pas le temps de me répondre, il grognait déjà pour sauter à la gorge de Riley. Victoria en fut totalement décontenancée et hurla de stupeur de voir son unique possibilité de m'anéantir s'évanouir si facilement. Elle n'éprouvait nulle peine pour lui alors qu'elle lui avait juré qu'elle aimait. Son regard s'était de nouveau posé sur Bella, plus intense et féroce que jamais. La perspective qu'elle puisse échouer, la rendait presque folle.

Alors qu'elle commençait à gagner du terrain sur moi pour tenter de s'intercaler entre Bella et moi, Riley s'était relevé malgré la violente prise que venait de lui assener le jeune loup. Il décocha à son tour un violent coup de pied dans l'épaule de Seth qui fut bousculé sous la violence de son geste. Seth se ressaisit et attaqua de nouveau par le flanc en déchiquetant le nouveau-né morceau par morceau. Ce dernier hurlait de douleur mais se tenait toujours debout.

Victoria sentant que la bagarre tournait en sa défaveur, recula pour se diriger vers les arbres. Elle hésitait tout de même entre régler son compte à Bella et à moi-même, quitte à y perdre la vie ou se sauver et prévoir un autre plan. Je n'avais qu'à la titiller un peu pour qu'elle ne se décide à rester. Je ne voulais pas la laisser partir, l'occasion était effectivement trop belle. J'avais moi aussi rêvé de ce moment pendant longtemps.

- Ne t'en va pas, Victoria. Tu tiens une chance qui ne se représentera pas.

Elle montra les dents, agacée que je puisse avoir raison. Cependant elle hésitait encore mais je savais parfaitement ce qu’il fallait lui dire pour la faire réagir.

- Tu t'enfuiras plus tard, poursuivis-je. Tu auras largement le temps. Parce que c'est cela, ton talent, hein ? C'est la raison pour laquelle James te gardait à ses côtés. Pratique, quand on joue avec la mort, une partenaire doté d'un instinct infaillible quand il s'agit de s'éclipser. Il n'aurait pas dû te laisser. Tes dons lui auraient été très utiles, lorsque nous l'avons attrapé à Phoenix.

Elle grogna et je sentis que je n'avais plus grand chose à ajouter pour qu'elle cède.

- Malheureusement, tu ne représentais guère plus, à ses yeux. Quelle bêtise de gaspiller autant d'énergie à venger un homme qui avait moins d'affection pour toi qu'un chasseur pour sa monture. Tu n'as jamais été qu'un objet utile. Tu ne me tromperas pas là-dessus.

J'avais gagné, elle était furieuse et se dirigea vers moi tout en essayant de me feinter pour foncer droit sur Bella. L'ayant vu venir, j'esquivai son attaque et débutai alors une incroyable danse pour savoir lequel de nous deux gagnerait le plus de terrain. Victoria s'intéressa soudain à son compagnon lorsqu'elle s'aperçut qu'il avait reprit le dessus sur le loup et qu'il n'était plus qu'à quelques dizaines de centimètres de Bella et de moi-même. Elle espérait qu'il pourrait m'attaquer ou même Seth car elle n'avait pas encore compris que Seth n'était pas ici par hasard et qu'il ne me toucherait pas. Il n'avait d'ailleurs pas dit son dernier mot et était parvenu à faire reculer le jeune vampire.

Le loup vint alors se adminhelper près de moi sous les yeux éberlués de Victoria qui n'en revenait pas de ne pas le voir me sauter au cou à moi aussi. Son étonnement était si intense qu'elle ne put réprimer une question au travers de ses pensées « Il ne t'a pas attaqué ? Comment est-ce possible ? »

- Non, lui expliquai-je à voix haute. Il ne m'attaquera pas. Tu nous as fourni un adversaire commun. Tu as réussi à nous rendre alliés.

Elle serra les dents pour digérer cette information.

- Observe mieux, Victoria ! Est-il si semblable au monstre que James a pourchassé à travers toute la Sibérie ?

Elle n'était plus sûre de rien à présent et elle ne put s'empêcher de nous dévisager tour à tour Seth et moi.

- Ce n'est pas le même ? gronda-t-elle. Impossible !

- Rien n'est impossible ! renchéris-je. Sauf ce que tu cherches ici. Tu ne toucheras pas à un seul des cheveux de Bella.

Elle secoua la tête comme pour résister aux doutes qui s'insinuaient dans son esprit. Elle essaya de feinter une nouvelle fois mais échoua, trahie pas ses pensées ce qui la rendait totalement folle furieuse. Elle n'allait pas me faire de cadeau car même si elle savait que j'allais anticiper chacun de ses coups, elle n'avait plus rien à perdre.

Elle se mit à bouger de plus en plus vite, espérant qu'avec un peu plus de vitesse, elle parviendrait à être plus rapide que moi.


De là, un combat violent débuta mais je parvenais à réduire à néant chaque attaque de mon adversaire et l'envoyai à plusieurs reprises contre les parois de la falaise. Se sentant plus faible que moi, elle se mit à avoir les pensées les plus macabres concernant Bella, énumérant chacun des sévices qu'elle s'amuserait à lui infliger. Ses attaques eurent le mérite de renforcer ma haine envers elle et d'intensifier mes coups. Malgré le combat que j'étais en train de livrer, je n'avais aucun mal à garder un œil sur Bella et sur Seth.

Ce dernier, d'ailleurs, venait de subir un revers et avait du mal à se relever après avoir été propulsé contre la falaise. Il gisait sur le sol et Riley s'apprêtait à l'achever mais Bella ne semblait pas de cet avis et comme je le pressentais, elle tenait à interpréter un rôle qui lui tenait à cœur … la fameuse troisième épouse. Elle souhaitait se sacrifier pour épargner la vie de Seth. Bella avait saisi un morceau de roche afin de se blesser le poignet pour attirer Riley sur elle.

Certes elle ne reculait devant aucun danger mais elle anéantissait aussi tous mes efforts pour la préserver. Je soupirai autant résigné qu'exaspéré que Bella veuille absolument s'en mêler alors qu'elle n'en avait nul besoin. Son entêtement pouvait autant s'avérer efficace que stupide mais c'était un trait de caractère qui faisait pourtant le charme de Bella.

Elle respira si fort afin de se donner le courage de passer à l'acte que Victoria fut intriguée et stoppa net notre danse endiablée. Elle fixa intensément Bella ne comprenant pas ce qu'elle tentait de faire. Je ne lui laissai pas le temps de comprendre, je l'éjectai de toutes mes forces dans l'un des arbres tout proche de nous.

J'avais été obligé d'agir ainsi pour intervenir car Bella pensait réellement que Seth allait mourir mais il ne s'agissait que d'une ruse. J'allais devoir intervenir pour éviter que ma bien-aimée ne tente quoique ce soit d’autre. Je fonçai donc droit sur Riley en lui attrapant le bras pour l'envoyer valser vers Victoria et prouver à Bella que Seth n'avait rien.

Alors que le membre du nouveau-né s'arracha par la force de mon geste, Seth en profita pour se remettre sur ses pattes afin d’achever son adversaire. Riley suppliait Victoria de lui venir en aide mais elle ne le regarda même pas car elle était trop sonnée pour réagir. C'était donc le bon moment pour en finir avec elle.

Alors que Seth mettait définitivement fin à l'existence de Riley, Victoria le laissa souffrir et mourir dans de terribles hurlements. Elle était seule et totalement vulnérable, tout ce qu'elle détestait. Elle reculait pour s'éloigner de moi, espérant avoir encore un peu de répit mais elle savait qu'elle avait perdu. Sa déception de ne pas voir mourir Bella se lisait autant sur son visage que dans ses pensées. Paniquée à l'idée de disparaître, elle voulait tenter de s'enfuir mais il en était hors de question.

Alors qu'elle fonçait déjà vers l'abri des arbres, je lui lançai un brin moqueur à la vue de sa fuite :

- Non ! Reste encore un peu.

Je n'eus aucun mal à la rattraper. Ses yeux croisèrent les miens et je lus enfin la détresse dans ses yeux. Si je lui en avais laissé l'occasion, elle m'aurait même supplié de lui laisser la vie sauve mais mes crocs étaient déjà insérés dans la peau dure et glacée de son cou. Sa tête tomba sur le sol pour rebondir jusqu'à la lisière du bois… Nous en avions enfin fini avec Victoria !!!

Je m'affairai ensuite à démembrer cette dernière pour aller aider Seth à s'occuper de Riley. Nous devions les brûler au plus vite et mettre fin à ce spectacle effroyable dont avait été témoin Bella. Je préférais ne pas croiser son regard de peur d'y lire l'horreur que je lui inspirais. Elle devait sûrement me voir comme le monstre que j'étais.

Nous ramassâmes puis déposâmes tous les morceaux en un monticule pour ensuite l'embraser. Après nous être assurés que nous n'avions laissé aucun morceau trainer, Seth laissa transparaitre sa joie d'avoir tué une sangsue de ses propres … pattes !!!

« - C'était génial, hein ! Il était coriace le blondinet mais j'y serais parvenu tout seul, tu n'étais pas obligé d'intervenir !! me lança le jeune loup faussement contrarié au travers de ses pensées.

- Désolé mais Bella était persuadée qui Riley allait en finir avec toi alors elle voulait se sacrifier pour faire diversion et te sauver. J'ai été obligé d'intervenir pour qu'elle ne se blesse pas pour rien… Je sais que tu t'en serais sorti tout seul !! me justifiai-je.

- Mince, je ne savais pas que Bella voulait me protéger. Enfin, cela n'enlève rien à notre victoire et on formait un sacré bon duo !! »

Seth se mit à ricaner et je souris moi aussi, soulagé d'en avoir terminé. Je lui tendis alors mon poing en signe de fraternité pour sceller ainsi notre nouvelle amitié. Il sourit et donna un léger coup de museau sur ma main en guise d'assentiment.

- Beau travail d'équipe ! conclus-je.

Ma sale besogne terminée, je devais à présent m'enquérir de l'état de Bella qui n'avait toujours pas bougé d'un pouce depuis la fin de notre combat. Elle était sous le choc, les violents battements de son cœur en témoignaient. J'étais anxieux à l'idée d'affronter son regard apeuré. L'idée qu'elle puisse avoir peur de moi m'était insupportable mais après m'avoir vu étriper un vampire, rien n’était plus normal.

Je me tournai donc vers Bella plongeant mes yeux inquiets dans les siens totalement hagards. Elle tenait encore son morceau de roche et je craignais qu'elle ne tente quelque chose en réaction à ce qu'elle venait de voir. J'entrepris de lui parler aussi doucement et calmement que possible pour la rassurer.

- Bella, mon amour… murmurai-je en m'avançant vers elle, les paumes des mains en l'air pour lui prouver que je ne lui ferais aucun mal.

- Bella, s'il te plaît, accepterais-tu de lâcher cette pierre ? Doucement. Ne te blesse pas.

Elle semblait enfin réaliser qu'elle était restée tétanisée, son arme dans les mains et elle lâcha la pierre que je fus soulagé de voir s'écraser sur le sol. Je restais tout de même près d'elle sans oser la prendre dans mes bras de peur de l'effrayer.

- Inutile d'avoir peur, Bella. Tu ne crains rien, je ne te ferai aucun mal.

Elle me fixa sans comprendre ce que j'attendais d'elle.

- Tout ira bien, Bella. Je sais que tu es terrifiée, mais c'est fini. Personne ne te fera aucun mal, je ne te toucherai pas, je ne te ferai aucun mal, réaffirmai-je.

- Pourquoi répètes-tu cela ? répliqua-t-elle enfin après avoir retrouvé sa voix tout en s'avançant vers moi.

Je reculai d'un pas ne sachant plus comment je devais réagir. J'avais eu si peur de l'effrayer que sa réaction m'avait déstabilisé.

- Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que tu as ? me demanda-t-elle.

- Tu n'as pas peur de moi ? lui demandai-je à mon tour ne comprenant pas pourquoi elle ne semblait pas effrayée.

- Quoi ? En quel honneur ? répliqua-t-elle en trébuchant et en atterrissant dans mes bras.

Elle enfouit aussitôt sa tête dans mon torse et fondit en larmes.

- Bella …, Bella … je suis désolé. C'est fini, fini, parvins-je à bredouiller.

- Ça va, haleta-t-elle. Je vais bien. Je craque, c'est tout. Accorde-moi une minute.

Mes bras resserrèrent leur étreinte autour de son corps frêle et sanglotant. Je m'excusai derechef de lui avoir fait endurer tout cela. Certes je n'aurais pas pu prévoir la venue de Victoria mais je n'aurais jamais du laisser Bella si proche du champ de bataille. Je m'en voulais pour cela aussi…

Bella s'était littéralement accroché à moi comme si elle craignait que je ne m'évapore. Après avoir retrouvé un peu d'aplomb, elle se mit à embrasser chaque parcelle de mon corps qu'elle pouvait atteindre, ma poitrine, mon épaule puis mon cou. Elle semblait s'assurer que je n'étais pas blessé.

- Tu n'as rien ? s'enquit-elle entre deux baisers. Elle ne t'a pas blessé ?

- Non, je suis indemne.

- Et Seth ?

- Il se porte comme un charme, ris-je en repensant à la fierté qu'il éprouvait. Et il est très fier de lui, confirmai-je ensuite.

- Et les autres ? Alice ? Esmé ? Les loups ?

- Pas un bobo. Eux aussi ont terminé. Tout s'est déroulé aussi facilement que prévu.

Seth et moi avions eu la confirmation par la meute que tout s'était bien passé.

- Dis-moi, insista-t-elle. Pourquoi as-tu cru que j'avais peur de toi ?

- Je suis navré, je ne voulais pas que tu assistes à cela. Que tu me vois ainsi. J'ai du te terrifier, j'en suis conscient.

Après un bref instant de réflexion, elle s'exclama avec un reniflement dédaigneux :

- Tu es sérieux ? Toi, m'effrayer ?

Je soulevai son mention pour plonger mes yeux dans les siens afin de lui expliquer mes inquiétudes.

- Bella ! Je viens de… Je viens de démembrer une créature sensible après l'avoir étêtée, et ce à moins de vingt mètres de toi. Cela ne t'inquiète pas ?

Elle haussa les épaules tout en m'expliquant sa réaction:

- Pas vraiment J'ai eu peur que Seth ou toi soyez blessés, rien de plus. Je voulais aider, mais je ne suis pas bonne à grand-chose.

Je ne pus réprimer une grimace qui en disait long sur mon mécontentement quant à sa stupide tentative de sacrifice.

- En effet, lâchai-je sur un ton des plus glacials. Ton caillou. J'ai failli avoir une crise cardiaque.

- C'était seulement pour donner un coup de main… se défendit-elle sans plus de conviction, impressionnée par ma réaction. Seth avait mal…

- Une feinte, Bella. Une ruse. Et toi qui… Il n'a pas vu ce que tu t'apprêtais à faire, alors j'ai dû intervenir. Il n'est pas très content de ne pouvoir se vanter d'une victoire obtenue tout seul.

- Il… feignait ? répéta-t-elle ahurie. Oh…

Nous nous tournâmes tous les deux en direction de ce dernier qui s'extasiait devant le brasier, heureux comme le gamin qu'il était. Il rêvait déjà de pouvoir fanfaronner devant ses copains de la meute.

- Je n'ai pas compris, se justifia-t-elle visiblement agacée. Et puis, il n'est pas facile d'être la seule personne impuissante dans les parages. Tu verras, quand je serai vampire ! Je ne resterai pas sur le banc de touche, la prochaine fois !

- Quelle prochaine fois ? m'esclaffai-je. Tu prévois une autre guerre très bientôt ?

- Tu connais ma poisse.

Cette dernière remarque eut le mérite de me faire sourire car elle me prouvait que Bella n'avait jamais eu peur de moi, même dans la peau du monstre que je lui avais révélé. J'étais ravi et soulagé pensant que le pire était presque derrière nous car il nous restait un dernier détail à régler … les Volturi !!!

Cette rencontre ne devait pas mal tourner et juste rester une simple formalité. Du moins je l'espérais…





sanaafatine 26-06-10 08:20 AM



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Alors que Bella et moi regardions encore Seth contemplant les restes de Riley et Victoria partirent en fumée, ma bien-aimée semblait reprendre le dessus car elle ne sanglotait plus du tout et son pouls avait retrouvé une allure régulière. Elle me le confirma d'ailleurs dans la foulée lorsqu'elle s'exclama :



- Hé, un instant ! Tout à l'heure, tu as parlé … d'une complication ? D'Alice obligée de réajuster le plan de bataille ? Du temps compté ?



Seth et moi échangeâmes un regard car nous savions très bien ce que cette complication impliquait mais il n'était pas d'accord pour rentrer sur ses terres. Il voulait m'accompagner sur la prairie et rester à mes côtés en cas d'attaque des Volturi car après avoir été témoin de la violence du combat face à Victoria et Riley, il redoutait le même scénario et ne souhaitait pas me laisser seul.



« - Seth, tu sais très bien ce que la venue des Volturi implique, ils ne doivent pas vous voir. Retourne à la réserve, les tiens vont t'y retrouver…



- Mais les choses peuvent se gâter, vous pouvez avoir besoin d'aide ? Je me cacherai au cas où ?



- Nous saurons nous débrouiller. Tu as rempli ta mission bien mieux que prévue alors écoute-moi et retourne sur la réserve. »



- Quoi ? insista Bella car je ne lui avais toujours pas répondu.



- Rien d'important, minimisai-je volontairement. Sauf qu'il faut que nous partions d'ici … terminai-je en tentant de faire grimper cette dernière sur mon dos mais elle se rebiffa.



- Qu'entends-tu par rien ? insista-t-elle.



Je voulais l'épargner en ne lui parlant pas trop vite des Volturi car elle venait juste de reprendre ses esprits après mon combat face à Victoria. L'effrayer prématurément ne me plaisait pas et je ne souhaitais l'en informer qu'en arrivant sur la prairie espérant que la présence d'Alice et des miens permettrait de la préserver face aux émissaires d'Aro.



- Crois-moi quand j'affirme qu'il n'y a aucune raison de paniquer. Nous n'avons qu'une minute, alors fais-moi confiance, d'accord ? tentai-je de la persuader.



Elle hocha la tête en s'exclamant :



- Aucune raison de paniquer ? Pigé.



Mais je sentais pourtant une pointe de terreur qui émanait de sa voix me prouvant qu'elle n'était pas prête à m'entendre lui dire la vérité. J'hésitais cependant mais ma priorité étant toujours de la préserver, il m'était difficile de me décider. Alors que j'étais en pleine incertitude, Seth m'interpella violemment :



« - Il y a quelque chose qui cloche là-bas ! Il en restait un… Il restait une sangsue qui s'était cachée et Leah a voulu s'en mêler … »



- Que fait-elle ? demandai-je nerveusement.



Seth n'eut pas le temps de répondre que je fus une nouvelle fois aspiré par l'esprit de la meute et j'entendis les cris d'effrois de chacun. Leah était en difficulté et Seth gémissait inquiet pour sa sœur, anxieux qu'il ne lui arrive quelque chose et je vis Jacob se ruer sur le nouveau-né afin de libérer la jeune louve.



- Non ! Ne … hurlai-je à l'intention de Jacob. « Ne t'interpose pas » voulais-je le prévenir car son adversaire n'était pas décidé à renoncer.



Mais il était déjà trop tard le nouveau-né l'avait déjà broyé entre ses bras. Même le puissant hurlement de Seth ne parvint pas à couvrir le craquement de ses os dans ma tête. La douleur était si violente que je perdis l'équilibre et tombai à genoux sur le sol. J'agonisais tout comme lui ; nous étions onze à souffrir. Alors qu'il s'effondrait sur le sol, Sam et Paul intervinrent pour en finir définitivement avec ce nouveau-né.



Je ne pouvais plus bouger… J'arrivais seulement à percevoir de manière très lointaine la voix de Bella qui m'appelait, inquiète de me voir soudainement si vulnérable. Pour elle, je me devais de masquer ma douleur afin de ne pas rajouter à ses angoisses. Comment lui annoncer que son… meilleur ami ou plutôt, l'homme qu'elle aimait, était entre la vie et la mort ? Pour avoir assisté à leur conversation à ce sujet, je savais que trop bien comment réagirait Bella si je le lui disais…



Le peu de soulagement que j'avais pu ressentir les dix minutes auparavant n'étaient plus qu'un très lointain souvenir. J'étais au plus profond de l'enfer à présent à croire que Victoria même morte avait abattu sa dernière carte. Bella n'allait jamais s'en remettre… Le cabot avait intérêt à se remettre sur pattes très rapidement pour le bien-être de ma bien-aimée !



Après un pénible effort, je réussis à croiser le regard de Bella espérant qu'il m'aiderait à reprendre pied.



- Ça va, murmurai-je difficilement malgré tout. Ça va …



Je partageais toujours la douleur de la meute comme si j'avais été blessé moi-même. C'était déroutant et affreux de souffrir à ce point. Je ne savais plus ce qu'était la douleur physique mais je ressentais celle de Jacob au plus profond de mon être. Atroce, violente, puissante mais je ne réussis qu'à lâcher une grimace pour ne pas alerter Bella.



- Que se passe-t-il ? cria-t-elle à présent alors que Seth continuait à glapir assommé par la douleur de son ami.



- Rien, tout va bien, parvins-je à haleter pour la rassurer puis j'ajoutai à l'intention de la meute. On va s'en tirer. Sam… aide-le.



A l'évocation de Sam, sans doute ou alors sous l'excès de fatigue, Bella tituba et j'eus juste le temps de me relever pour lui éviter de se fracasser contre les rochers. Je la serrai contre moi pour la réconforter. Seth n'y tenait plus et voulait rejoindre Jacob pour voir de ses propres yeux comment il allait. C'était trop risqué. Je ne pouvais pas le laisser y aller. Les Volturi étaient trop proches. Ses yeux étaient rivés vers les bois, prêt à déguerpir.



- Seth ! Non ! lui ordonnai-je. Rentre tout droit à la réserve ! Maintenant ! Et en vitesse ! insistai-je.



« - Edward, s'il te plaît, je dois aller voir comment il va !!



- On ne peut prendre ce risque, je suis désolé. Attends-les à la réserve, ils te rejoindront une fois que mon père aura fini d'examiner Jacob. Il va s'en sortir, il est costaud. » le rassurai-je.



Il gémit malheureux et secoua la tête pour me confirmer son renoncement.



- Aie confiance, lui confirmai-je à haute voix alors qu'il me fixait droit dans les yeux.



Il fila ensuite droit dans les bois en direction de la réserve sans se retourner. Je pris Bella dans mes bras la plaquant contre mon torse pour filer à notre tour à travers la forêt. Je me doutais que ma bien-aimée allait me poser des questions sur ce qu’il venait de se produire mais je ne me sentais pas le courage de lui annoncer que son ami avait été sévèrement blessé.



La connaissant, elle s'inquièterait encore plus et je n'étais pas prêt à la voir souffrir de nouveau après l'intense journée que nous venions de passer. Rester évasif aussi longtemps que possible me semblait la meilleure solution. Du moins, cela la préparerait en douceur à ce qui nous attendait dans la prairie car je ne savais pas encore comment elle réagirait à la venue des Volturi et l'état de Jacob n'allait rien arranger. Elle qui s'inquiétait toujours trop pour nous ou pour les loups, allait malheureusement avoir raison.



- Que s'est-il passé ? Qu'est-il arrivé à Sam ? Où allons-nous ?



- A la prairie. Nous nous doutions que cela risquait de se produire. Plus tôt ce matin, Alice l'a vu et en a averti Seth par l'intermédiaire de Sam. Les Volturi ont décidé qu'il était temps d'intervenir.



Je perçus rapidement les battements du cœur de Bella qui s'accélérèrent. Elle s'angoissait comme je le craignais.



- Pas d'affolement ! la rassurai-je aussitôt. Ils ne viennent pas pour nous et n'ont envoyé que le contingent habituel pour régler ce genre de crise. Rien d'exceptionnel. Ils font leur boulot, c'est tout. Certes, ils ont programmé leur arrivée avec beaucoup de soin, ce qui me laisse penser que personne, en Italie, n'aurait porté le deuil si ces nouveau-nés avaient réussi à diminuer le nombre de membres du clan Cullen. J'en saurai plus quand nous saurons là-bas.



- C'est la raison pour laquelle on y va ? demanda-t-elle d'une voix trahissant son angoisse.



- En partie. Surtout, il sera plus sûr que nous présentions un front uni, à ce stade. Ils n'ont aucun prétexte pour nous ennuyer, mais … Jane est avec eux. Elle pourrait être tentée si elle savait que nous sommes à l'écart. Comme Victoria, elle devinerait sans peine que je suis avec toi. Démétri est là aussi, naturellement. Il suffirait qu'elle lui demande de me trouver.



Je connaissais que trop la haine tenace qu'éprouvait Jane à mon égard et je ne devais lui laisser aucune opportunité de me piéger pour ne pas déclencher un nouveau combat sachant qu'elle ne demandait que cela. Si nous faisions front commun, elle ne tenterait rien, Aro respectait trop Carlisle et Jane admirait beaucoup trop Aro pour s'attaquer à mon père. Certes Alice était confiante quant à l'issue de cette entrevue mais nous n'étions jamais assez prudents surtout quand qu'il s'agissait de la sécurité de Bella.



Cette dernière accueillit la nouvelle de la venue de Jane avec encore plus d'anxiété et un son étrange son monta de sa poitrine.



- Chut, Bella, Chut ! Tout va bien se passer. Alice l'a vu.



- Et la meute ? demanda-t-elle dans un souffle.



- Ils ont dû partir de façon impromptue. Les Volturi n'ont pas signé de trêve avec les loups-garous.



Mes propos qui se voulaient rassurants eurent l'effet inverse sur Bella qui s'était mise à haleter et à respirer de plus en plus difficilement comme si je lui avais ôté tout l’air alentour.



- Je te jure que nous ne risquons rien, insistai-je une nouvelle fois. Les Volturi n'identifieront pas les odeurs, ils ne se douteront pas de la présence des loups. Cette espèce ne leur est pas familière. Tes amis ne courent aucun danger.



- Que s'est-il passé ? me demanda-t-elle de nouveau. Quand Seth a hululé. Quand tu es tombé à genoux.



L'étau se resserrait et j'hésitais vraiment entre lui dire la vérité ou m'efforcer de gagner du temps afin que je ne sois pas dans l'obligation de lui annoncer la terrible nouvelle. J'étais aussi anxieux qu'elle à présent mais pas pour les mêmes raisons.



- Dis-moi ! insista-t-elle.
Je voulais à tout prix gagner du temps et rejoindre la prairie en espérant que la vue de ma famille la ferait changer d'idée. Alors que je m'apprêtais à trouver une énième esquive, je perçus Carol qui se manifestait. Sa présence était nettement plus supportable que précédemment car elle se voulait rassurante et hospitalière. Elle représentait très certainement une part de ma conscience un peu comme si j'avais un ange bienveillant sur mon épaule. Elle percevait mes doutes et voulait m'encourager à tout avouer à Bella.



«- Tu dois lui dire… Elle doit savoir. La laisser dans l'ignorance pourrait l'inciter à te le reprocher. Tu ne peux pas prendre ce risque.



- Je ne veux pas la faire souffrir, cette journée a été horrible pour elle, j'ai peur qu'elle ne tienne pas le coup.



- Oui, elle va souffrir mais tu ne pourras pas éternellement la protéger… »



Peut-être que Carol avait raison, du moins pour ce qui était de la rancune que pourrait avoir Bella à mon égard si je ne lui avouais pas ce qu’il s'était passé. Allais-je y parvenir ? En prenant mon temps pour lui expliquer, elle aurait sans doute le temps de digérer la nouvelle et d'atténuer ainsi ses angoisses.



- Tout était terminé… chuchotai-je enfin. Les loups n'ont pas compté la part qui leur revenait. Ils ont cru qu'ils les avaient tous eus. Et Alice, bien sûr, était aveugle …



- Et ?



- Un des jeunes s'était caché … Leah l'a trouvé. Elle s'est comportée comme une idiote, elle était trop sûre d'elle, elle a tenté de prouver quelque chose. Bref, elle l'a attaqué seule…



Je voulais volontairement laisser planer le doute sur la véritable identité du blessé espérant qu'elle s'arrêterait là avec ses questions et qu'elle serait soulagée d'imaginer Jacob hors de danger.



- Leah ? chuchota-t-elle visiblement soulagée comme je l'escomptais. Elle va s'en tirer ?



- Elle n'est pas blessée, lui répondis-je timidement conscient que j'étais ignoble d'espérer lui cacher ce qu’il s'était passé ensuite.



- Nous sommes presque arrivés, repris-je espérant mettre un terme à cette discussion et regardant le ciel comme pour recevoir la foudre qui devait me frapper.



« - Edward, tu n'es pas honnête, ne la laisse pas se réjouir pour rien. Combats la peur qui te ronge et dis-lui. » m'intima Carol.



Les yeux de Bella fixèrent le ciel à leur tour pour y découvrir que je lui cachais quelque chose et je compris que la discussion n'était pas terminée et que j'allais devoir me résoudre à cracher le morceau aussi douloureux était-il.



- Edward, quelqu'un a été blessé, affirma-t-elle.



- Oui… admis-je enfin.



- Qui ?



J'avais ralenti ma course sachant que je ne pouvais plus reculer malgré mon immense peur de la voir s'écrouler. J'allais la faire souffrir une nouvelle fois et je ne supportais pas l'idée de revoir la douleur et la tristesse dans ses yeux mais je sentais en moi les reproches de Carol qui fusaient et qui m'imploraient de lui dire la vérité.

Je lâchai donc le prénom de celui qu'elle aimait…



- Logique … chuchota-t-elle en hochant la tête incrédule.



Ce fut le dernier mot qu'elle prononça car elle sombra aussitôt dans le néant. Elle venait de faire un malaise. Elle était toujours dans mes bras mais sa tête n'était plus lovée contre mon torse. Elle pendait comme attirée par le sol. Bella était inconsciente … anéantie par ce que je venais de lui révéler.



« - Je le savais, je n'aurais pas du t'écouter … » lâchai-je furieux à l'intention de Carol.



Mais elle ne répondit pas jugeant inutile d'envenimer ma colère.



Je comblai les derniers mètres pour rejoindre les miens, sans détacher mes yeux de Bella. Son corps inerte entre mes bras me rendait fou. Elle était si fragile et une fois encore je l'avais malmenée. Son amour pour le cabot était donc si fort qu'elle en avait perdu pied à l'annonce d'un probable malheur le concernant. Comment faire ? Quoi lui dire pour la ramener parmi nous ?



Alice et Carlisle s'avancèrent aussitôt vers moi. Alice était inquiète car les Volturi allaient être là d'une minute à l'autre et elle ne voyait pas encore Bella se réveiller et Carlisle ne souhaitait qu'une chose : ausculter Bella. Je la déposai délicatement sur le sol en déposant sa tête sur mes genoux, une de mes mains caressant sa joue espérant que cela l'aiderait à revenir doucement à elle. Mes yeux ne pouvaient se détacher de son corps immobile, à la respiration certes régulière mais difficile.



Carlisle lui prenait déjà le pouls alors qu'Esmé lui caressait le front. Alice faisait les cent pas, ne voyant toujours rien. Jasper était près du feu où brulaient tous les corps des nouveau-nés, guettant l'arrivée imminente des Volturi alors que Rosalie et Emmett montaient la garde près de feu où je pus distinguer une jeune prisonnière sur laquellebje ne m'attardai pas trop inquiet pour Bella.



Je me tournai vers Carlisle, le regard implorant et anxieux :



- Ça fait déjà cinq minutes … marmonnai-je.



- Elle reprendra conscience quand elle sera prête, me répondit-il calmement. Elle en a trop vu aujourd'hui. Laisse son esprit se protéger.



« - Ecoute ton père, c'est un vrai sage. Elle va revenir à elle, Bella est forte. Ne regrette rien, tu as fais ce qu'il fallait faire ! » riadminhelpa enfin Carol.



Mais ses paroles ne m'avaient nullement rassuré. Rien ne le pourrait tant que je ne reverrais pas les yeux chocolat de ma bien-aimée, croiser les miens. Je préférai ignorer Carol car je m'en voulais de l'avoir écoutée. Elle avait toujours su me guider jusqu'à maintenant mais là, je n'avais pas agi comme je le devais… Je regrettais mon choix. Par ma faute, Bella gisait inconsciente sur le sol, lui mentir et lui révéler la blessure du cabot plus tard aurait été la meilleure solution.



- Combien de temps nous reste-t-il, Alice ? demandai-je à ma sœur sans parvenir à modérer mon anxiété.



- Encore cinq minutes ! lâcha-t-elle machinalement. Et Bella ouvrira les yeux dans trente-sept secondes. Je suis certaine qu'elle nous entend déjà.



- Bella, ma chérie ? murmura Esmé. Tu es en sécurité, maintenant.



Alors pourquoi ne réagissait-elle pas ? Elle ne souhaitait sans doute pas sortir de sa torpeur ne voulant pas affronter ce que je lui avais révélé. La rassurer sur l'état de santé de son ami lui parviendrait peut-être de revenir parmi nous car comme je le soupçonnais si sa réaction était liée à lui, son réveil devait l’être tout autant. Il m'était plus que difficile de le reconnaître mais j'étais prêt à tout pour que Bella revienne à elle, même à lui dire ce qu'elle souhaitait entendre.



Je collai donc mes lèvres le plus proche possible de son oreille pour être certain qu'elle m'entende :



- Il va vivre, Bella. Jacob Black guérit au moment où je te parle. Il s'en sortira.



Je ne souhaitais plus qu'une seule chose que cette simple phrase, pourtant lourde de sens, lui fasse ouvrir les yeux. Si elle les ouvrait, cela ne renforcerait que plus ma conviction que son choix n'était pas totalement arrêté et qu'elle l’aimait énormément lui aussi. Je guettais sa réaction la gorge serrée … puis elle battit enfin des paupières comme si elle revenait de nouveau à la vie.



- Oh, Bella ! soupirai-je affreusement soulagé, tout en effleurant ma bouche de la sienne.



- Edward ! souffla-t-elle inquiète en ouvrant les yeux.



- Je suis là ! la rassurai-je en plongeant mes yeux dans les siens.



- Jacob va bien ? me demanda-t-elle aussitôt comme pour mieux me rappeler que c'était à l'annonce de sa survie qu'elle s'était réveillée.



- Oui, répondis-je sans rien ajouter car j'en étais totalement incapable.



- Je l'ai ausculté en personne ! intervint alors mon père pour lui confirmer que je ne mentais pas. Sa vie n'est pas menacée, même si ses blessures sont assez sérieuses. Dès que nous en aurons terminé ici, je verrai ce que je peux faire pour l'aider. Sam est en train de l'aider à retrouver sa forme humaine, ce qui permet un traitement plus aisé. Après tout, je ne suis pas vétérinaire ! expliqua-t-il en souriant afin de détendre l'atmosphère



- Que lui est-il arrivé exactement ? Ses blessures sont graves ? s'enquit-elle ensuite.



Alors que Carlisle lui expliquait sommairement ce qu’il s'était passé, j'en profitai pour demander à Alice qui était la jeune et frêle prisonnière près de Jasper et Emmett. Elle s'était recroquevillée sur elle-même et percevait déjà le délicat parfum du sang de ma bien -aimée. Ses yeux ne parvenaient plus à se détacher d'elle et n'arboraient plus que soif et folie.



« - Elle a accepté de se rendre, Carlisle a réussi à la convaincre qu'elle avait un autre choix. Incroyable, non ! On pourrait presque croire qu'elle est inoffensive … mais Jasper n'est pas d'accord, il dit que l'on ne peut pas lui faire confiance.



- Carlisle a été meilleur que moi à ce jeu-là car Riley ne m'a pas écouté, son amour irraisonné pour Victoria les a trahis tous les deux ! » répliquai-je incrédule.



- Trois minutes … annonça doucement ma sœur à voix haute pour rappeler à chacun d'entre nous que nous n'en n'avions pas encore fini avec cette détestable journée.



J'aidai Bella à se relever afin de rejoindre le reste de ma famille près du feu et j'en profitais pour lui expliquer ce que faisait la nouveau-née assise près du feu.



Cette dernière d'ailleurs lâcha une plainte perçante mais Jasper gronda pour lui ordonner de se taire. Elle commençait à perdre ses moyens à cause de la présence toute proche de Bella. Il s'agenouilla alors non loin d'elle afin d'avoir ses yeux à sa hauteur et j'en profitai ainsi pour m'interposer entre elle et ma bien-aimée pour riadminhelper en cas d'attaque.



- As-tu changé d'avis, jeune fille ? lui demanda-t-il en conservant son calme. Nous ne tenons pas à te détruire, mais nous n'hésiterons pas si tu ne te maîtrises pas.



- Comment arrivez-vous à le supporter ? Je la veux, geignit-elle en cherchant Bella du regard mais il se posa d'abord sur moi puis sur ma bien-aimée et ses ongles crochetèrent la terre à défaut de pouvoir serrer le cou de ma compagne.



- Tu dois le tolérer, reprit Carlisle avec plus de gravité. Tu dois apprendre à exercer ton contrôle. C'est possible, c'est aussi la seule façon de sauver ta vie.



Elle se prit la tête entre les mains et gémissit de plus bel ne parvenant malheureusement pas à se maîtriser.



- Ne vaudrait-il pas mieux que nous nous éloignons d'elle ? demanda Bella ne sachant pas si c'était par peur de cette dernière ou par simple pitié.



- Nous sommes obligés de rester ici, lui répondis-je. Ils sont au nord de la prairie, à présent.



Bella ne protesta pas et resta près de moi comme hypnotisée par le regard de la nouveau-née qui la dévorait littéralement des yeux. Tout le clan s'était imperceptiblement rapproché autour de Bella et moi pour faire face aux Voltuti. Je regardais droit devant moi guettant le moment où je verrais apparaître Jane et son escorte devant nous. Elle n'était certes pas sur ses terres mais je connaissais sa cruauté et j'allais devoir faire en sorte que tout se passe pour le mieux et très rapidement.



Elle s'avança, suivi de Félix qui ne cacha pas sa joie de revoir Bella et lui adressa même un clin d'œil et un sourire comme s'ils étaient de grands amis. Je me raidis afin de me retenir de lui sauter au cou. Narguer était sa spécialité. Jane quant à elle n'avait pas changé et nous scrutait déjà les uns après les autres avant de s'arrêter sur la jeune prisonnière.



- Je ne comprends pas … lâcha-t-elle enfin.



Elle faisait référence à cette jeune vampire qui ne faisait pas partie de notre famille alors pourquoi avait-elle encore la vie sauve ? Pourquoi n'était-elle pas morte comme les autres dont les restes fumaient encore ?



- Elle s'est rendue … lui expliquai-je.



- Pardon ? s'exclama-t-elle ahurie.



Félix ainsi que l'un de ses compagnons échangèrent un regard incrédule. Comment pouvait-on vouloir conserver un nouveau-né juste pour le domestiquer en animal de compagnie ? Voilà l'image qu'ils avaient de nous : des animaux puisqu’on se nourrissait de leur sang pour survivre. Eux étaient des vampires, des vrais, des meurtriers et fiers de l'être. Ils ne donnaient d'ailleurs pas cher de la peau de la jeune prisonnière pressés de l'achever car elle n'avait aucune utilité pour eux.



- Carlisle lui a laissé le choix, ajoutai-je tout de même.



- Ceux qui enfreignent les règles n'ont pas le choix ! riadminhelpa-t-elle d'un ton dur et sans appel.



Mon père n'était pas de cet avis car pour lui tout être avait droit à une seconde chance et il ne pouvait pas se résoudre à la laisser mourir mais avait-il un autre choix s'il ne voulait pas irriter les Volturi. ? A contrecœur, il allait laisser Jane décider.



- La décision t'appartient, confirma-t-il. Dans la mesure où elle était prête à renoncer à nous attaquer, je n'ai pas jugé utile de la détruire. Personne ne l'a éduquée.



- Voilà qui est hors de propos.



- A ta guise, concéda-t-il enfin.



Elle fut surprise de la rapide reddition de mon père et comprit aussi les raisons pour lesquelles Aro avait une telle haute opinion de lui. Il était l’homme de principes et de convenances que son maître lui avait décrit.



- Aro espérait que nous irions assez à l'ouest pour te rencontrer, Carlisle. Il te salue, reprit-elle.



- Merci de lui retourner la politesse.



- Naturellement, acquiesça-t-elle en souriant.



Puis elle se tourna vers le feu afin de constater que nous avions réduit l'armée à néant et elle était perplexe que nous y soyons parvenus seuls.



- Il semble que vous ayez accompli notre tâche à notre place, aujourd'hui … enfin, presque. Simple curiosité professionnelle de ma part, mais combien étaient-ils ? Ils ont fait pas mal de dégâts à Seattle.



- Dix-huit, celle-ci comprise… lâcha Carlisle.



Jane fut quelque peu déstabilisée par cette nouvelle et regarda une nouvelle fois le feu comme pour se persuader que nous ne mentions pas. Félix et ses deux autres compères furent moins à l'aise tout à coup se disant qu'ils nous avaient sous estimés. Nous régler notre compte n'aurait pas été si aisé en fin de compte. Carlisle jugea utile de minimiser nos adversaires afin de ne pas trop attirer sa curiosité tout de même.



- Des jeunes, non entraînés… tempéra-t-il.



- Tous ? Qui les a créés, alors ? s'étonna-t-elle.



- Elle s'appelait Victoria … intervins-je cette fois.



- S'appelait ?



Je tournais la tête en direction de la falaise où la colonne de fumée des restes de Victoria et Riley s'étalait à l'horizon. Elle fit de même et poursuivit son interrogatoire :



- Cette Victoria, elle est comprise dans les dix-huit ?



- Non. Et elle avait un acolyte. Pas aussi jeune que celle-ci, mais guère plus âgé que d'un an.



- Vingt, donc… souffla Jane ne comprenant toujours pas comment nous y étions parvenus.



- Moi, répondis-je aussitôt.



Jane voulait en avoir le cœur net car elle ne réussissait pas à s'imaginer nous sept, seuls face à cette armée même inexpérimentée. Quelque chose clochait et sa seule solution pour le savoir était d'interroger la prisonnière.



Elle se tourna alors vers elle et lui demanda d'un ton dur et méprisant :



- Toi ! Ton nom ?



Mais la jeune nouveau-née n'avait aucune envie de se laisser faire et l'ignora copieusement. Jane passa alors à la vitesse supérieure et se mit en tête de torturer cette dernière comme elle savait si bien le faire. Le corps frêle de la petite se raidit de douleur et des cris assourdissants retentirent aussitôt. Je perçus aussi la détresse de Bella et cette scène devait sans doute lui remémorer de douloureux souvenirs empreints d'Italie. Elle serrait les dents comme pour mieux résister à cette scène surréaliste. Il m'était pourtant impossible d'y mettre fin ou d'éloigner Bella de cet horrible spectacle, elle allait devoir une nouvelle fois encaisser.



Le silence revint lorsque Jane décida enfin de lâcher prise.



- Ton nom ? répéta-t-elle.



- Bree … haleta la petite encore assommée par la douleur.



Mais Jane était perverse et entreprit de nouveau de torturer la jeune nouveau-née qui se remit d'ailleurs à brailler sous la douleur. Voir la joie sadique de Jane me répugnait, cette enfant était devenue son jouet à défaut de pourvoir se défouler sur d'autres. Nous lui avions gâché son plaisir de combat et de tortures et nous le faisait savoir mais cela en était trop.



- Pourquoi t'acharner ? soufflai-je les mâchoires crispées. Elle te dira tout ce que tu veux savoir, maintenant.



- J'en ai conscience, répliqua-t-elle satisfaite. Bree, cette histoire est-elle vraie ? Etiez-vous vingt ?



La jeune nouveau-née n'en pouvait plus et s'était étalée sur le sol, face contre terre. Elle savait maintenant que son destin pouvait basculer à tout moment et avait décidé de coopérer.



- Dix-neuf ou vingt, peut-être plus, aucune idée. Sara et un type dont je ne connaissais pas le nom se sont battus en chemin …



- Cette Victoria t'a-t-elle créée ?



- Peut-être. Riley n’a jamais prononcé son nom. Cette nuit-là, je ne l'ai pas vue … il faisait sombre, et j'avais mal … Riley ne voulait pas que nous pensions à elle, d'après lui nos esprits n'étaient pas assez sûrs.



Jane me regarda pour me témoigner son admiration concernant la ruse de Victoria. Elle se demandait ce que nous avions de si précieux pour attiser une telle vengeance.



J'étais moi-même surpris du mal que Victoria s'était donnée pour que l'on ne puisse jamais la soupçonner mais son envie de tuer Bella avait eu raison de sa redoutable machination.



- Parle-moi de Riley. Pourquoi vous-a-t-il amenés ici ? lui demanda alors Jane pour tenter d'avoir la réponse à sa question.



- Nous devions détruire les étranges vampires aux yeux jaunes. D'après lui, ce serait facile. Comme la ville leur appartenait; ils viendraient à notre rencontre. Quand nous en aurions fini avec eux, tout ce sang frais serait à nous. Il nous a donné leur odeur. Il a précisé que nous serions certains d'avoir trouvé le bon clan, si celle-là ( elle montrait du doigt Bella) était avec eux. Le premier d'entre nous qui mettait la main dessus pouvait en faire ce qu'il voulait.



Instinctivement un son sortit de ma poitrine pour manifester mon mécontentement.



- Apparemment, Riley se trompait sur le côté facile des choses, commenta Jane un peu déçue qu'ils n'aient pas pu en supprimer un ou deux de ma famille afin de nous affaiblir quelque peu.



Bree se sentait en confiance maintenant car Jane faisait en sorte de la mettre à l'aise pour en savoir plus encore.



- Je ne sais pas ce qui s'est passé, reprit-elle. Nous nous sommes séparés, mais les autres ne nous ont jamais rejoints. Et Riley nous a laissés tomber et n'est pas venu à notre aide, contrairement à ce qu'il avait promis. Après, tout est devenu confus, nous avons été taillés en pièces. J'ai eu peur, j'ai voulu m'enfuir et celui-là (en désignant mon père, cette fois) m'a dit qu'ils ne m'attaqueraient pas si je me rendais.



- Malheureusement, jeune fille, il n'est pas en position de te faire cette offre. Enfreindre les règles a des conséquences.



- Vous êtes sûrs d'avoir eu les autres ? Le deuxième groupe ? demanda Jane à Carlisle cette fois.



- Nous aussi nous nous sommes séparés, répondit-il sans plus d'explication.



- J'avoue que je suis impressionnée, reconnut-elle enfin avec l'assentiment de ses acolytes. Je n'avais jamais encore vu un clan réchapper d'une agression de cette ampleur. Sais-tu quelles en étaient les raisons ? Pourquoi la fille en était la clé ? demanda-t-elle pour assouvir sa curiosité tout en scrutant Bella d'un air interrogateur



- Victoria en voulait à Bella, expliquai-je sommairement.



Jane se mit à rire jugeant incroyable que cette simple et misérable humaine puisse provoquer autant de désastres et de réactions extrêmes de bon nombre de vampires.



- Cette personne semble décidément provoquer des réactions bizarrement puissantes chez les membres de notre espèce.



Et elle ne put s'empêcher une nouvelle fois de tester son pouvoir sur Bella afin de s'assurer que ce dernier n'avait toujours pas d'effet sur elle. Je resserrai ma bien-aimée contre moi en demandant à Jane de stopper son incursion.



- Bon, reprit-elle après avoir cessé, nous n'avons plus guère de travail. Nous n'avons pas l'habitude d'être inutiles. Dommage que nous ayons loupé la bagarre? D'après ce que j'ai compris, il était sûrement intéressant d'y assister.



- En effet, lui confirmai-je afin de l'agacer un peu. Et vous l'avez manqué de peu. Une demi-heure plus tôt, et vous auriez pu accomplir vos desseins.



- Oui. Parfois, les évènements s'arrangent d'une bien triste façon, dit-elle alors qu'elle s'adressait déjà à Félix pour achever la jeune prisonnière.



J'avais du mal à m'y résoudre, je ne pouvais pas imaginer une seconde que cette enfant ne puisse pas réapprendre à orienter son existence. Je devais protester. Alors que je me tournais vers Carlisle pour avoir son approbation, Jane me regarda interdite.



- Nous pourrions expliquer les règles à cette jeune fille. Elle paraît prête à apprendre. Elle ignorait ce dans quoi on l'entrainait.



- Nous sommes disposés à prendre Bree en charge, rajouta mon père.



Jane s'amusait de notre étonnante et incompréhensible envie d'épargner cette insignifiante enfant.



- Nous ne tolérons aucune exception ! décréta-t-elle. Nous ne donnons pas de deuxième chance non plus. Cela nuirait à notre réputation. A propos…Caius sera ravi d'apprendre que tu es toujours humaine, Bella. Cela l'amènera peut-être à te rendre une petite visite.



Je m'attendais à une menace de ce genre mais je savais qu'il s'écoulerait encore pas mal de temps avoir de voir les Volturi se soucier de Bella mais Alice voulait quand même leur prouver notre bonne volonté.



- La date est fixée ! lança-t-elle. Si ça se trouve, nous vous rendrons une petite visite dans quelques mois.



Jane en fut déçue car sa menace n'avait pas porté l'effet escompté et elle ne souhaitait plus qu'une chose déguerpir d'ici car il n'y avait plus rien qui l'amusait à présent.



- Contente de t'avoir revu Carlisle, dit-elle. Moi qui pensais qu'Aro exagérait. A la prochaine, donc…



Mon père baissa la tête peiné de ne pas avoir réussi à sauver la jeune Bree mais les Volturi avaient toujours le dernier mot qu'ils aient tort ou raison.



- Règle moi ça, Félix. Je veux rentrer ! lâcha-t-elle.



Je resserrai aussitôt mon étreinte autour Bella en lui murmurant de ne pas regarder ce qui allait se produire, elle avait eu son quota d'horreurs pour toute son existence. Elle ferma les yeux, enfouit son visage au creux de mon épaule et je priais pour que tout s'achève vite.



Durant tout le temps que dura le démembrement de Bree, je ne pus que frotter le dos de Bella en guise de réconfort. Je ne pouvais en rien masquer les bruits et les cris qui s’échappaient de la scène.



Heureusement, Jane s'en alla enfin, avec ses compères à sa suite alors que le feu s'activait de plus bel avec l'ajout du corps de Bree. Cette jeune et frêle jeune fille que nous n'étions pas parvenue à sauver. Cette journée était définitivement à oublier car tout n'avait été que douleur, mort ou profonde blessure.



La bataille était peut-être terminée mais mon combat pour l'amour de Bella n'était pas encore fini. Le cabot s'était encore immiscé entre nous et il avait sans doute réussi à faire pencher la balance de son côté une bonne fois pour toute…




sanaafatine 26-06-10 08:25 AM



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Les Volturi furent à peine parti que Bella se laissa tomber dans mes bras. Elle lâcha de lourds et longs sanglots. La peur et l'horreur de ce qui venait de se produire y était pour beaucoup. Je la laissais déverser ses larmes espérant que cela pourrait la soulager quelque peu. Mes bras l'encerclèrent amoureusement alors qu'une de mes mains caressait délicatement ses cheveux pour lui manifester mon soutien.



Nous étions tous les deux un peu en retrait du reste de ma famille qui s'organisait déjà pour la suite… douloureuse et pénible puisqu'elle impliquait le cabot et ses blessures ainsi que l'inévitable décision de Bella.



Carlisle devait se rendre au chevet de l'indien car il était enfin parvenu à reprendre forme humaine. Il souffrait atrocement et beuglait comme un veau. J'avais perçu ses hurlements peu de temps avant qu'il n'atteigne la réserve. La vie devait poursuivre son cours et nous avions une comédie à jouer.



Bella était censée avoir fait les boutiques durant deux jours. Du moins, c'était ce que Charlie devait absolument penser. Mais s'il voyait Bella dans cet état, si inquiète pour Jacob, il se douterait forcément de quelque chose. Cette atroce journée n'était pas prête de se terminer.



Alice me demanda ce que je comptais faire :



« - Je te rappelle juste que Charlie ne devrait plus tarder à rentrer de sa partie de pêche. Ce serait trop risqué si Bella allait chez Jacob maintenant, il est préférable d'attendre.



- Je sais mais elle ne peut pas rentrer chez Charlie sans s’assurer qu'il va bien sinon elle ne tiendra pas le coup face à lu, plaidai-je en faveur de Bella qui reniflait comme pour me faire comprendre qu'elle n'avait plus de larmes à verser pour le moment.



- Je pense qu'il est préférable que Bella rentre se reposer avant d'aller lui rendre visite. De toute façon, il est encore dans les vapes… Tu n'as qu'à y aller avec Carlisle comme l'a suggéré Sam, pendant que je m'occupe d'elle. Tu m'appelleras dès que Charlie sera parti !



- Très bien, je vais tâcher de la convaincre», concédai-je avec un dernier regard.



Je me penchai ensuite vers Bella et pris son menton au creux de ma main afin que mon regard inquiet puisse plonger dans ses yeux rougis essayant de déceler ce que me réservaient ses pensées. C'était peine perdue… Je le savais. Mais que n'aurais-je pas donné pour connaître un dixième de ce qu'elle prévoyait de faire ! Il m'était impossible de l'interroger même si j'en mourais d'envie mais elle devait prendre sa décision seule et je n'avais aucun droit de l'influencer.



Si j'avais le malheur de lui confier ma douleur, mes doutes et ma peur irascible de la perdre, elle ne resterait auprès de moi que par pitié et c'était totalement exclu. Son bonheur avant tout ! Même si cela devait impliquer que son avenir se résume à vivre auprès de Jacob Black.



- Je suis sincèrement désolé que tu aies été obligée d'assister à tout cela. Tu as eu à supporter plus de choses douloureuses qu'il ne te l'est permis … murmurai-je en caressant doucement le contour de ses lèvres et une partie de sa joue.



- Je m'en remettrai… lâcha-t-elle comme pour minimiser les horreurs auxquelles elle venait d'assister



- Peut-être mais cette journée a été particulièrement éprouvante… Ne souhaites-tu pas rentrer chez moi pour te changer et te reposer avant que Charlie ne revienne ?



Je lui proposais cette option espérant que Jacob pourrait s'éloigner temporairement de ses pensées mais je connaissais déjà sa réponse …



- Non, je veux voir Jacob d'abord !!



- Je sais que tu t'inquiètes pour lui mais il n'est pas encore réveillé et Carlisle a besoin de vérifier qu'il se remet bien avant que tu puisses lui rendre visite. Je vais y aller avec mon père pour m'assurer que tout va bien et je préviendrai Alice lorsque tu pourras venir le voir.



- Même cinq minutes juste pour qu'il sache que je suis là…



Cette phrase me fit douter d'autant plus mais je parvins à dissimuler ma tristesse en lui rappelant ce que ma sœur venait de me confier.



- Bella, ton père ne devrait plus tarder. Billy a perçu les cris de Jacob et a du même coup abrégé sa partie de pêche. Il sera chez les Black, d'une minute à l'autre. Comme tu le sais, nous devons sauver les apparences et continuer notre plan initial : Alice et toi ayant fait les boutiques. Charlie ne doit pas te croiser chez Jacob pour la simple raison que tu n'es pas censée être au courant. Alors s'il te plaît, je fais appel à ta patience, mon amour. Tu auras tout le loisir de le voir mais pas maintenant.



Elle fit une moue boudeuse, visiblement mécontente de ma réponse mais je perçus dans ses yeux qu'elle était déjà résignée.



- Tu promets de me prévenir dès que je pourrais aller le voir ?



- Oui… confirmai-je avec difficulté.



Elle se lova alors dans mes bras et nous restâmes ainsi longuement serrés l'un contre l'autre, bercés par les battements apaisés de son cœur. Je souhaitais ardemment que ce moment ne soit pas notre dernier. J'appréhendais tant leur entrevue très certainement à tort mais il m'était impossible de parier sur l'avenir en cet instant. Bella m'aimait, j'en avais la certitude mais m'aimait-elle assez pour laisser Jacob au bord de la route ? Accepterait-elle de le faire souffrir ? Fatalement l'un de nous deux allaient souffrir, c'était inévitable.



Alors que Carlisle et moi nous rendions à la Réserve pour prendre des nouvelles de Jacob, Bella rentra chez nous avec le reste de ma famille. Me rendre sur la réserve, un endroit qui nous était pourtant totalement interdit jusqu'alors, ne m'effrayait même pas en comparaison de que je pouvais ressentir face à la prochaine décision de Bella.



Carlisle et moi étions confiants, Sam nous avait donné son accord exceptionnel pour fouler leur terre car il s'agissait de la vie de l'un des leurs et ce combat avait temporairement ajourné les ressentis de part et d'autre.



Nous apercevions déjà les petits baraquements de bois perdus au milieu des arbres. Je n'eus pas besoin de chercher longtemps pour trouver la maison des Black. Les vociférations du cabot était si fortes que je savais où il se trouvait. Il n'y avait d'ailleurs pas que lui dans la maison. Charlie venait juste de rentrer comme l’avait soupçonné Alice et presque toute la meute se trouvait là aussi. Il y avait notamment Seth qui pavoisait sur sa victoire contre Riley et ne cessait de revivre et de commenter en boucle ses exploits.



Nous n'eûmes même pas à manifester notre présence. Billy Black se précipita à la porte pour nous accueillir. Il avait le visage marqué par l'inquiétude et il témoigna un vif soulagement en voyant mon père à sa porte.



La maison paraissait minuscule avec tout ce monde amassé autour du cabot qui aboyait sa douleur. Tous restèrent immobiles à notre passage, excepté Seth qui me salua chaleureusement lorsque je passai devant lui. Sam s'était absenté pour rejoindre Emilie, sa fiancée et Leah était partie s'isoler se sentant affreusement coupable de la blessure de Jacob.



Le cabot était négligemment allongé sur le canapé de la pièce qui servait sans doute de salle à manger vu que cette dernière, pourtant petite, semblait être la plus grande de la maisonnée. Charlie s'était agenouillé près de lui s'inquiétant sérieusement puis mon père approcha à son tour et commença à ausculter la jambe et le bras droit de ce dernier qui étaient sévèrement blessés.



- Ne devrait-on pas l'emmener à l'hôpital !! Il souffre le martyr et ses blessures sont visiblement très graves ??? s'exclama Charlie auprès de son ami Billy.



- Non, non … répondit-il gêné et inquiet. Le docteur va savoir le guérir ici ! Hein docteur ?



- Oui, je suis capable de le soigner mais il a besoin de calme et d'air pour respirer. Sa chambre me semble plus appropriée pour les soins que ce canapé ! Il est costaud et il s'en remettra vite ! répondit Carlisle, confiant, à l'attention de Charlie.



Charlie croisa mon regard et n'insista pas. Pour une fois, il ne semblait pas enclin à ses moqueries habituelles à mon égard mais était profondément surpris que je puisse être ici à m'inquiéter du sort de Jacob. Il m'imaginait comme le rival et non comme un probable ami.

A ma vue d'ailleurs, le cabot lâcha entre deux insultes alors que Paul et Jared l'aidaient péniblement à se lever pour le conduire dans son lit :



- Je parie que vous êtes content qu'elle aime Cullen plutôt que moi, hein, Charlie ?



Ce dernier ne répondit pas, mal à l'aise car ce n'était pas foncièrement ce qu'il souhaitait et je le savais pertinemment. Toutefois, ce qu'il appréciait chez moi c'était la maturité qui manquait cruellement à Jacob. Charlie se faisait doucement à l'idée que c'était peut-être moi l'homme qu'il fallait à sa fille, en fin de compte. J'en étais persuadé aussi mais Bella qu'en pensait-elle ?



Carlisle administra plusieurs doses de morphine au cabot pour le faire taire et réussir à lui installer des attelles car il n'avait pas arrêté de brailler et ne voulait pas se laisser faire.



Charlie étant rassuré, il décida de rentrer chez lui, pressé de revoir sa fille afin de s'assurer qu'elle allait bien. Voir Jacob dans cet état l'avait inévitablement ramené à l'inquiétude permanente d'un père pour son enfant et souhaitait que sa fille se porte pour le mieux, inquiet subitement qu'elle puisse l'abandonner.



La meute s'éclipsa elle aussi ne laissant que Billy, mon père et moi au chevet de Jacob. Ce dernier s'était enfin calmé et assoupi. C'était le bon moment pour que Bella puisse venir s'assurer qu'il allait bien. Je pris mon téléphone pour prévenir ma sœur :



- Alice, Charlie vient de partir. Si Bella le souhaite toujours, elle peut venir rendre visite à Jacob. Rapidement toutefois car son père est en route pour chez lui, impatient de la revoir. J'ai peur qu'il ne soit étrangement soupçonneux. Il a été chamboulé de voir Jacob dans cet état.



- Très bien, elle est trop angoissée et ne pas le voir n'arrangerait rien. Nous arrivons et je lui expliquerai ce qu'elle devra raconter à son père. Je vais lui faire réciter sa leçon toute l'après-midi, s'il le faut !! s'exclama-t-elle amusée.



Elle tentait de paraître sûre de mon avenir afin que je cesse de m'inquiéter et d'imaginer le cabot comme un rival. Pour Alice, l'avenir de Bella et moi était tout tracé… Nous devions et allions être ensemble pour l'éternité. Je ne partageais pas sa ferveur, en tout cas pas après cette effroyable journée. Tant que Bella ne me l'aurait pas dit, elle-même, je n'y croirais pas.



- Merci Alice. Je vous attends, lâchai-je avant de raccrocher.



Tous ces moments sans Bella à mes côtés me semblaient durer des jours entiers. Je supportais de moins en moins le fait d'être éloigné d'elle. Mes journées n'étaient belles que lorsqu'elles étaient rythmées du matin au soir par le doux battement de son cœur et par le contact de sa peau sur la mienne. Rien d'autre n'avait d'importance désormais. Elle avait toujours été le centre de mon univers et encore davantage depuis cette journée alors que j'étais proche du gouffre dans lequel son abandon risquait de me pousser…



Je l'attendis dehors, anxieux de la voir à nouveau près du cabot. Je revoyais encore leur baiser défiler devant mes yeux… mais je me forçais à penser à autre chose. À quoi bon ressasser, j'étais fixé à présent. Bella était tiraillée entre deux amours. Qui, à sa place serait capable de choisir en son âme et conscience sans faire de peine à quiconque ? Elle était au pied du mur, elle le savait et en rajouter à sa souffrance serait irresponsable de ma part.



Je devais rester confiant en notre amour, ce que nous ressentions l'un pour l'autre était unique. Une attraction si intense, subtile et électrisante pouvait surpasser tout le reste. J'avais confiance en elle et en ses sentiments pour moi alors rester patient sans la brusquer restait ma seule option pour ne pas la perdre. Je l'avais attendue plus de cent ans, je pouvais attendre encore quelques semaines ou quelques mois si nécessaire. J'étais prêt à tout pour elle…



Lorsque je vis arriver Alice au volant de ma voiture et Bella en boule sur le siège passager, je compris aussitôt que j'allais devoir me montrer fort pour l'épauler. Elle descendit de voiture et vint se lover tendrement dans mes bras. J’inhalai ses cheveux encore empreints de l'odeur de brûlé des feux qui nous avions allumés un peu plus tôt pour faire disparaître les nouveau-nés. Bella ne s'était pas encore changée ni même douchée.



Je regardais Alice, lui demandant pourquoi Bella était encore dans cet état et elle me répondit impuissante qu'elle n'était pas parvenue à lui faire faire quoique ce soit prétextant qu'elle avait besoin de voir Jacob pour rependre soin d'elle.

J'espérais que cette brève visite permettrait de la rassurer car sinon Charlie ne tarderait pas à comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. J'accompagnai Bella au chevet de Jacob, qui dormait paisiblement et ne souffrait plus.



Elle en était apparemment soulagée d'autant plus que Carlisle prit le temps de lui expliquer de quoi souffrait son ami.



- Je peux rester près de lui pour attendre son réveil ? lui demanda-t-elle ensuite.



Mon père me regarda brièvement afin de savoir ce que je pensais et il comprit que l'urgence était ailleurs.



- Bella, il va bien, je te l'assure, lui répondit-il calmement en posant ses mains sur les deux épaules de cette dernière. Il dort et pendant ce temps, il guéri très vite. Il peut se réveiller dans très longtemps et je ne pense pas que ton père aura la patience de t'attendre tout ce temps sans t'avoir vue. Tu reviendras le voir un peu plus tard et il sera sans doute réveillé.



Elle ne répondit rien comme elle le faisait très souvent quand Carlisle lui parlait. Elle le respectait trop pour remettre en cause ses propos. Elle caressa une dernière fois la main de Jacob avant de me rejoindre à la sortie de la chambre. Elle marchait tel un robot mais semblait plus rassurée et en état de revoir son père.



Je passai mon bras autour de son cou pour la ramener jusqu'à la voiture où Alice l'attendait déjà :



- Tu ne viens pas avec moi ? me demanda-t-elle en me saisissant la main.



- Non, je reste encore un peu avec Carlisle… Je te laisse le temps de parler avec Jacob. Tu m'appelleras dès que tu auras besoin de moi. Je serai là pour toi quand tu me le demanderas mais je sais que tu as besoin de prendre ta décision seule. Et puis Alice va t'aider à te préparer car tu es censée avoir passé un super week-end entre filles ! tentai-je en vain pour essayer de la faire sourire et de cacher en même temps la tristesse qui déformait ma voix.



- Tu vas me manquer… Lâcha-t-elle en posant son front contre ma poitrine.



- Toi aussi, lui confirmai-je en déposant un baiser dans ses cheveux.



Elle monta ensuite dans la voiture et repartit aussi vite qu'elle était venue mais j’espérais qu’elle était plus sereine et capable de supporter l'interrogatoire de son père, s'il devait y en avoir un.



Carlisle et moi restâmes encore quelques heures guettant le réveil du cabot pour nous assurer qu'il n'avait pas été trop assommer avec la dose massive d'antalgiques que mon père avait été obligé de lui donner. Il se réveilla enfin et sa première pensée fut pour Bella, inquiet de savoir comment elle allait et surtout si je ne comptais pas l'empêcher de lui rendre visite. Toutes ses pensées étaient tournées vers elles. Ne voulant pas en rajouter à ses craintes, je prévins mon père que je comptais rentrer seul à la maison. Courir allait me permettre d'exorciser tout ce que je ressentais.
J'avais eu l'impression de devenir fou en guettant le réveil du cabot car je n'étais resté à son chevet que pour m'assurer qu'il reviendrait bien à lui et qu'il ne risquait rien. Sa mort quoiqu'elle ne m’aurait pas déplu n'était pas envisageable car elle aurait anéanti Bella alors j'étais voué à surveiller le retour à la vie de ce clébard. Maintenant qu'il était revenu à lui plus rien ne m'obligeait à demeurer à son chevet, seul l'appel de Bella ne comptait à présent.



J’arrivai rapidement chez moi et je courus me changer aussitôt. Je m'étais installé dans ma chambre fixant la forêt devant moi… luttant contre mon envie d'être dans cette chambre à la Push. Curieux de savoir ce que Bella et Jacob allaient se dire…



Mais c'était une tout autre discussion qui allait débuter car j'avais réagi comme un imbécile un peu plus tôt. Je tenais à m'excuser mais m'en laisserait-elle l'occasion ?



Je m'assis sur le sol de ma chambre. Je fermai les yeux attendant qu'elle se manifeste. Je ne savais pas quand et comment elle viendrait car d'ordinaire c'était toujours elle qui venait s'immiscer dans mes pensées et jamais le contraire. J'avais besoin de lui parler car elle seule pouvait m'apaiser et m’éviter de sombrer dans le pessimisme qui me submergeait.



Alors que je n'y croyais plus, elle témoigna enfin sa présence :



- Oui Edward, je suis là… Je n'étais plus aussi sûre que tu acceptes ma présence au vue de ta réaction un peu plus tôt !



- Je m'excuse Carol. J’ai dépassé les bornes mais j'étais si inquiet pour Bella que mes paroles ont dépassé mes pensées. Je n'aurais jamais du te dire cela après tout ce que tu as fait pour moi !!



- Je ne t'en tiens pas rigueur, rassure-toi ! Cette journée a été éprouvante pour toi comme pour moi d'ailleurs. C'est déjà oublié…



J'étais soulagé qu'elle me pardonne mon écart car j'avais été odieux en lui reprochant de m'avoir incité à dire la vérité à Bella concernant l'état de Jacob. C'était elle qui avait eu raison et je n'avais pas à m'en prendre à elle si Bella avait mal réagi à cette annonce.



- Elle est avec lui en ce moment même… reprit-elle. Elle a fait son choix, aussi douloureux soit-il. Elle t'aime profondément, n'en doute jamais.



- Je suis désolé qu'elle ait eu à faire un tel choix. Si je n'étais pas parti, ils n'auraient jamais lié une telle relation et personne n'aurait souffert comme aujourd'hui…



- Le destin est un grand mot et c'était écrit ainsi, voilà tout. T'en vouloir n'y changera rien. La rendre heureuse voilà ta priorité, encore plus maintenant. Ne la déçois jamais, aime la autant que tu sais le faire et tout ira pour le mieux. Cette journée ne sera plus qu'un vieux souvenir. Elle est forte…



- Oui je le sais. Elle est incroyable tout simplement.



- J'espère avoir la chance de la rencontrer un jour.



- Je te le promets.



- Alors je te laisse à ton nouveau bonheur et à bientôt sans doute. N'oublie jamais que tu es l'un des nôtres et que je serai toujours là pour toi.



- Merci encore pour tout, Carol.



Elle disparut une fois encore me laissant seul partagé entre la joie et l’inquiétude. De la joie car je pouvais percevoir l'idée que Bella m'avait choisi mais de l’inquiétude aussi la souffrance de sa décision. Je n'arrivais pas à me réjouir de son malheur sachant que je m'en sentirai toujours responsable.



J'eus à peine le temps de réaliser ce qu’impliquaient les paroles de Carol qu'Alice était déjà dans ma chambre, le sourire aux lèvres.



- Tu fais quelque chose le 13 août ?



- Non… Pourquoi je devrais ? lui demandai-je surpris.



- Réserve cette date, s'il te plait, car il va y avoir un mariage ici !!



La joie de ma sœur était indéchiffrable, elle n'en avait d'ailleurs jamais douté.



- Sa décision est prise. C'est toi et personne d'autre… reprit-elle. Tu penses qu'elle voudra bien que je m'occupe de l'organisation car la dernière fois elle ne semblait pas vraiment enchantée de mon implication ?



J'étais effaré que ma sœur puisse déjà se projeter si loin alors que je n'avais toujours pas eu de confirmation de la bouche de Bella.



- Un peu de patience, Alice ! Bella parlera de tout cela avec toi, j'en suis sûr mais laisse-lui de temps de faire son deuil de son amour pour Jacob. Elle a pris une décision difficile et je la respecte trop pour fanfaronner.



- Ok, ok mais pas de mariage à Las Vegas, je te l'interdis.



- On fera ce qu'elle voudra. Je lui ai imposé trop de choses pour exiger quoique se soit une nouvelle fois.



- Arhhh ! Tu ne m'aides pas là mais soit, je peux attendre… Pas trop longtemps quand même car il y a tant de préparatifs !!



Puis elle se figea tout à coup et je sus qu'elle avait une vision. Son sourire se dissipa aussitôt. Je vis apparaître Bella devant mes yeux, en larmes au volant de sa voiture au bord de la route. Sans aucune force pour avancer et suppliant que je vienne l'aider.



Je déposai un rapide baiser sur la joue de ma sœur pour ensuite me précipiter hors de la maison afin de rejoindre Bella au plus vite. Elle allait avoir besoin de moi maintenant en espérant que ma présence lui suffise. Elle venait de réaliser un acte douloureux tant est si bien que je ne parvenais pas à être heureux qu'elle m'ait choisi. Je ne supportais pas de la voir souffrir.



J'étais déjà près de sa voiture et je percevais de l'extérieur ses longs et douloureux sanglots. J'ouvris la porte de son antique Chevrolet avec un grincement de tous les diables, et je m'assis aussitôt à ses côtés pour la prendre dans mes bras. Ma bouche se posa sur ses cheveux qui dégageaient à nouveau leur délicieux parfum. Elle avait revêtue une ravissante robe qu'Alice lui avait offerte mais qui était tachée de larmes.



Je ne savais dire si c'était le soulagement de me voir ou le fait que ce n'était peut-être pas moi qu'elle voulait serrer dans ses bras mais ses sanglots redoublèrent d'intensité.



Je la laissais pleurer toutes les larmes de son corps, sans bouger ni même prononcer un mot. Elle en avait tant besoin visiblement. Ses larmes avaient même inondé un pan de ma chemise. Après de longues minutes, elle parvint tout de même à balbutier qu'elle devait rentrer chez elle. Je lui demandai si elle se sentait assez forte pour le faire et lui rappelai que rien ne pressait mais elle estimait préférable de rentrer avant que son père n'inquiète Billy.



De mauvaise grâce, je démarrai sa voiture et nous nous mîmes en route, bercés par les ronronnements intempestifs du vieux moteur. Je ne tentais même pas de rouler aussi vite que d'ordinaire car Bella avait besoin de temps pour se ressaisir et je voyais encore tant de larmes couler sur ses joues que je m'inquiétais sérieusement de ce qu'elle allait pouvoir annoncer à son père. Mais elle sembla un peu plus sereine lorsque nous arrivâmes devant chez elle.



Alors qu'elle me demandait de la rejoindre dans sa chambre, je la serrai une ultime fois dans mes bras souhaitant que cela lui procure la force nécessaire pour ne pas craquer devant son père. Elle ne s'attarda d'ailleurs pas auprès de lui et elle fut rapidement de retour à mes côtés. Je l'attendais près de son lit, inquiet de la voir dans un tel état. Elle souffrait tant…



Elle s'avança vers moi les mains tremblantes alors qu'elle tentait d'ôter son bracelet. Étrangement le diamant brillait encore plus que d'habitude comme pour mieux évincer le minuscule loup de bois. Je pris ses mains entre les miennes et lui murmurai amoureusement :



- Non. Bella. Il fait partie de celle que tu es.



Elle se blottit alors dans mes bras et une nouvelle crise de larmes fit son apparition. Je la guidai ensuite vers son lit où nous nous allongeâmes l'un à côté de l'autre. La nuit tomba et les premières heures furent insoutenables à cause des pleurs incessants et de crises parfois violentes.



Charly en était aussi attristé que moi mais n'osa pas se manifester car ses cris lui rappelaient de douloureux souvenirs qui me transpercèrent jusqu'au plus profond de mon être. Cette scène s'était répétée des mois durant, tout au long de mon absence; et je compris enfin quel degré d'attachement Bella avait pour Jacob. Je ne serai d'ailleurs peut-être jamais capable de l'oublier.



Elle s'endormit tout de même sous le poids de la fatigue et n'ayant plus de larmes à déverser. Son sommeil fut agité et elle se mit rapidement à parler comme elle le faisait très souvent :



- Jake… bredouilla-elle. Il est trop tard pour n'être que de simples amis puisque nous nous aimons !!



Tout d'abord je ne prêtai pas attention à cette phrase pensant qu'elle englobait tout ce que ressentait Bella après cette journée mais je me rendis rapidement compte que je me trompais lorsqu'elle reprit :



- Tu n'as pas besoin de te sacrifier pour moi, je ne le mérite pas. Tu renonces… pour mon bonheur alors que nous savons tous les deux que tu aurais pu être l'homme idéal pour moi !!



C'était affreux d'entendre ces mots sortir de sa bouche mais je compris que Bella revivait plus ou moins sa conversation avec Jacob et je prenais de plein fouet ce qu'elle avait pu dire ou penser.



- Seulement ce que je ressens pour Edward surpasse tout, même à réduire à néant les sentiments que j'ai pour toi !! Mon amour pour lui dépasse la raison c'est pour cela qu'une partie de moi a lutté contre toi, j'ai toujours senti que rien ne pourrait se passer entre nous même si j'en avais très envie. Ma vie est auprès de lui…



J'étais comme abasourdi d'entendre Bella parler de moi de cette façon. J'avais tant douté que j'avais fini par me convaincre qu'elle nous aimait tous les deux de la même manière mais je me trompais car au fond de son cœur, Bella avait toujours véritablement fait son choix. Il lui avait juste fallu plus de temps pour se l'avouer. Elle avait pris conscience qu'elle ne pouvait pas nous « garder » tous les deux.



- Mais mon avenir me fait peur… continua-t-elle. Arriverai-je à me maîtriser ou serai-je comme cette jeune vampire assoiffée, devenant une véritable menace pour ma famille ou des innocents ? Oui, j'ai plusieurs raisons de m'inquiéter mais le jeu en vaut la chandelle !!! lâcha-t-elle distinctement comme pour me convaincre.



C'était la première fois que Bella se livrait avec autant de sincérité. Elle me dévoilait sans le savoir une partie de ses plus secrètes pensées. D'ordinaire, lorsqu'elle parlait durant son sommeil ces dires n'avaient pas toujours de sens ou elle parlait peu alors que cette nuit-là, c'était comme si elle s'abandonnait. La fatigue avait du la plonger dans son inconscient le plus profond pour parvenir à me livrer tout ce que je n'aurais jamais pu oser imaginer lui entendre dire.



Je savais que sa décision était prise mais qu'elle redoutait ce qu'elle pouvait devenir. Elle avait encore besoin de temps, je ne devais plus la bousculer comme je l'avais fait jusqu'à présent.



Nous devions prendre notre temps pour ne rien brusquer, et si elle doutait encore car elle le pouvait encore au vu de sa réaction, je ne l' empêcherais pas de changer d'avis. Elle avait déversé tant de larmes à l'idée de dire au-revoir à son amour pour Jacob qu'elle pouvait encore avoir envie de s'y réfugier. Je venais de l'entendre dire tout ce que notre amour représentait pour elle mais elle devait s'en persuader à présent.



Puis elle plongea dans un sommeil calme dénué de paroles ou de pleurs. Je restais collé à elle, sa tête tantôt posée sur mon torse de pierre tantôt lovée sous mon épaule. Nous avions besoin d'être au contact l'un de l'autre. C'était son seul réconfort, bien plus fort que les mots dérisoires que j'aurais pu lui dire pour la soulager.



Ses traits n’étaient pas trop tirés lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux alors que le soleil inondait doucement sa chambre. Elle tourna la tête et ses prunelles plongèrent aussitôt dans les miennes.



Je les scrutais attentivement, anxieux d'y découvrir l'amorce d'une nouvelle crise.



- Bonjour… murmura-t-elle d'une voix encore endormie.



Je ne répondis rien n'étant pas encore tout à fait certain qu'elle ne se remettrait pas à pleurer à l'idée que ce soit moi à ses côtés et non son ami délaissé.



- Non, je vais bien ! me rassura-t-elle. Ça ne va pas recommencer. Désolée de t'avoir imposé ce spectacle. Ce n'était pas fair-play.



Au contraire assister à son combat m'avait prouvé tout l'amour qu'elle avait pour moi et ce à quoi elle avait renoncé pour notre bonheur à venir. Cela avait été éprouvant pour moi mais tout aussi important que je sois à ses côtés.



- Bella … chuchotai-je en prenant son visage entre mes mains. Es-tu sûre de toi ? D'avoir fait le bon choix ? Je ne t'ai jamais vu souffrir autant.



Enfin si… mais au travers des pensées de Charlie. Il était indispensable que je lui fasse part du fait qu'elle avait toujours le choix afin qu'elle ne puisse jamais se reprocher de s'être laissée emporter par ses sentiments. Tout était encore si frais dans son esprit que le temps pouvait encore modifier les choses …



- Oui… souffla-t-elle en caressant mes lèvres.



Cependant je ne parvenais pas encore à totalement réaliser que ce que j'espérais depuis plusieurs semaines était à l'aube de se réaliser. J'aurais du lui sauter au cou, l'embrasser partout pour la remercier d'accepter de partager sa vie avec moi mais je n'y parvenais pas. L'ombre de sa détresse me voilait encore mon bonheur.



- Je me demande … si cela est tellement douloureux, comment sais-tu que c'est la bonne décision ? lui demandai-je incrédule.



- Je sais seulement que je ne peux pas vivre sans toi, Edward.



- Mais… Sauras-tu vivre sans lui ? allai-je lui demander avant qu'elle ne m'interrompe.



- Tu ne comprends pas. Si c'était mieux, tu serais sûrement assez courageux ou assez fort pour te passer de ma présence. Moi, en revanche, je ne serai jamais capable d'un tel sacrifice. Il faut que je sois à ton côté. C'est ma seule façon d'exister.



Elle semblait si sûre d'elle et je savais qu'elle l'était avec ce qu'elle m'avait involontairement révélé durant son sommeil mais je restais surpris que sa décision soit définitivement arrêtée après une nuit entière de pleurs à regretter l'amour de son ami perdu.



- Passe-moi ce livre, veux-tu ? dit-elle en tendant le doigt derrière mon épaule.



Il s'agissait de son vieux exemplaire des Hauts de Hurlevent. Je saisis le bouquin d'une main et le lui donnai tout en m'exclamant :



- Encore ? Car j'étais étonné qu'elle puisse avoir envie de lire cette vieillerie à cet instant précis.



- Je souhaite juste trouver un extrait dont je me suis rappelé… histoire de voir comment c'est exprimé, se justifia-t-elle en feuilletant l'ouvrage.



Elle s'arrêta rapidement sur une page dont le coin était corné témoignant effectivement qu'il s'agissait sans doute d'un de ses passages préférés.



- Cathy est un monstre… reprit-elle, mais elle a pigé certains trucs. Si tous les autres mouraient mais que lui restait, je continuerais d'être, si tous les autres survivaient mais que lui disparaissait, l'univers me deviendrait étranger… lut-elle à haute voix. Je ne peux qu'approuver ce qu'elle dit, ici... Je connais moi aussi celui sans lequel je ne pourrais vivre.



Ces dernières paroles me remplirent d'un bonheur immense, démesuré comme si Bella venait de m'ôter le poids qui comprimait ma poitrine depuis si longtemps. Je me sentais pour la première fois de ma vie, vivant.



Je lui pris le roman et l'envoyai valser au travers de la pièce trop pressé de la prendre dans mes bras. Alors que le livre atterrissait sans encombre sur son bureau, mes mains encerclaient déjà sa taille et un sourire habillé mes lèvres.



- Heathcliff a aussi ses sommets, objectai-je en approchant amoureusement mes lèvres de son oreille pour lui murmurer, Je ne peux pas vivre sans ma vie ! Je ne peux vivre sans mon âme !



Oui par certains côtés Heathcliff me ressemblait et j'avais appris à m'en convaincre vu le nombre de fois que j'avais lu et relu ce roman durant les nuits passées auprès de Bella.



- Exactement ! acquiesça-t-elle.



- Je ne tolérerai pas que tu souffres, Bella, alors … « Je comprendrais que tu puisses douter. » allai-je lui expliquer mais une fois encore elle ne m'en laissa pas le temps.



- Non, Edward. J'ai tout bousillé, et je vais devoir exister avec ça. Mais je ne doute pas de ce que je désire, ni de ce dont j'ai besoin… ni de ce que je vais faire, là maintenant.



- Et qu'allons-nous faire ? la corrigeai-je volontairement pour la taquiner pensant qu'elle parlait de notre prochaine intimité.



Elle esquissa d'ailleurs avec un mince sourire me confirmant qu'elle y avait songé mais que ce n'était pas ce dont elle voulait parler en cet instant.



- Nous allons voir Alice… soupira-t-elle.



- Bella, rien ne presse, tu sais ! En es-tu sûre ? lui demandai-je surpris qu'elle puisse déjà songer à notre mariage après la nuit affreuse qu'elle venait de passer



- Je sais mais je viens de te le dire, ma décision est prise ! Alice va être folle de joie car j'ai renoncée à Las Vegas même si j'ai encore une ou deux exigences… dit-elle en déposant un délicat baiser sur mes lèvres.



- Lesquelles ? lui demandai-je intrigué.



- Tu le sauras bien assez tôt !! lâcha-t-elle en se levant promptement de son lit pour aller préparer ses affaires.



Je restais allongé sur le lit afin de la contempler alors qu'elle s'habillait. Elle était si belle dans la clarté du matin. C'était si bon de la voir sourire de nouveau même si je savais qu'une partie de son cœur avait été blessée. Nous nous aimions et plus aucun obstacle ne devait entraver notre route.



Je me sentais apaisé, heureux et étrangement serein, à l'aube d'un nouveau bonheur…



sanaafatine 26-06-10 08:30 AM

l avenir est a nous





Après s'être prestement habillée, Bella descendit prendre un petit déjeuner. Elle n'avait pas vraiment d'appétit même après avoir laissé tant de force dans ses pleurs la nuit précédente. Elle mangeait plus pour me faire plaisir que par réelle envie. Je m'étais assis face à elle, la regardant grimacer devant son bol de céréales qui ne me paraissait effectivement guère appétissant.



Mes yeux ne pouvaient plus se poser ailleurs que sur elle, ses cheveux, son visage, son regard, tout son corps me semblait encore plus magnifique qu'auparavant. Tout simplement parce que je pouvais enfin me laisser aller, en regardant ce corps certes frêle et fragile mais qui était la chose la plus désirable au monde.



Je ne me sentais plus capable de retenir toutes les pulsions que je pouvais ressentir à son contact. L'électricité qui parcourait nos deux corps était si intense qu'il me devenait de plus en plus difficile de ne pas céder à la demande de Bella plus rapidement que prévue.



J'avais eu tant d'exigences et l'idée de ce mariage qu'elle détestait tant … voilà que maintenant elle s'apprêtait à me faire plaisir ainsi qu'à ma sœur tout simplement parce que je le lui avais imposé. Imposé en échange de son immortalité ! Je me trouvais si ignoble à présent. L'épouser était tout ce dont je rêvais mais Bella, que souhaitait-elle plus que tout?

Vivre à mes côtés et devenir l'une des nôtres. Quoique je puisse en penser, je n'avais pas à lui faire ce chantage… pas après la terrible décision qu'elle venait de prendre.



Je devais lui laisser le choix de faire ce qu'elle souhaitait même si je devais renoncer à mon idée de mariage. Plus rien ne comptait que son bonheur. J'avais toujours été à contre sens jusqu'ici pensant que Bella était têtue mais il s'avérait que c'était moi le plus entêté de nous deux. Je campais inutilement sur mes positions sans me soucier que cela puisse lui plaire ou non. Je ne pouvais plus continuer ainsi.



J'étais prêt à lui donner tout ce qu'elle voulait tout de suite, sans délai, ni chantage. Je ne voulais plus la voir souffrir comme la nuit dernière. Cela avait été un supplice d'y assister mais c’était l'électrochoc nécessaire pour comprendre que je devais agir autrement et la laisser me guider. Son amour me porterait, je n'avais plus de crainte à avoir que ce soit pour sa transformation ou notre intimité. Tout me semblait possible dorénavant comme si notre amour avait décuplé…



Comme pour me conforter sur l'incroyable magie que recelait notre amour, Bella vint entremêler ses doigts à ceux de ma main posée sur la table. J'aurais presque pu imaginer qu'elle avait deviné le fond de mes pensées et que son contact me le confirmait. Je portais ses doigts à mes lèvres pour les embrasser l’un après l’autre.



Les battements de son cœur s'accélèrent alors qu'elle se levait de sa chaise pour venir s'asseoir sur mes genoux sans lâcher ma main. Mon autre main vint lui caresser la taille pendant qu'elle déposait de tendres baisers dans mon cou pour remonter ensuite sur ma mâchoire, un endroit que j'appréciais particulièrement d'ailleurs. Puis ses lèvres vinrent effleurer mon oreille et elle me murmura :



- Prêt? Alice a un mariage à organiser !!!



Elle ne me laissa pas le temps de répondre qu'elle avait déjà déposé un baiser sur mes lèvres et se dirigeait vers l'évier de la cuisine pour y déposer son bol de céréales à peine entamé.



J'aurais aimé lui dire qu'elle n'était plus obligée… qu'elle était à nouveau libre de ses faits et gestes mais elle ne m'en laissa pas le temps une fois encore. Alice nous attendait effectivement et je ne supposais que trop à quel degré d'excitation elle devait être à ce moment-là, depuis qu'elle savait que Bella lui laissait carte blanche… enfin presque.



Je la rejoignis donc près de l'évier alors qu'elle rinçait son bol et mes mains vinrent entourer sa taille. Elle sursauta, surprise sans doute que je sois déjà à ses côtés.



Le bol tomba dans l'évier et son visage fut éclaboussé par une petite gerbe d'eau. Je la fis se tourner doucement vers moi et vins sécher les minuscules particules du bout de mes lèvres pour ensuite l'embrasser plus intensément. Alors que les battements de son cœur redoublaient et qu'elle passait doucement la main dans mes cheveux, ce fut à mon tour de stopper notre étreinte, à contrecœur toutefois :



- Nous sommes effectivement attendus… mon amour… soufflai-je en déposant un dernier baiser dans son cou.



Et ce fut ainsi que nous sortîmes de chez Bella, main dans la main.



Alice nous attendait au pied du porche, remontée comme une horloge et promettait de ne laisser aucun répit à ma fiancée… « Ma fiancée », quel mot délicieux ! Ceci étant cette dernière n'avait toujours pas accepté de porter ma bague. Je le souhaitais cependant, qu'il y ait un mariage ou pas d'ailleurs. Ce bijou lui revenait dans tous les cas. Je l'avais laissée sur ma table de chevet puisque Bella n'avait pas souhaité la porter. Ce n'était plus sa place maintenant mais bien au doigt de ma bien-aimée, là où elle serait du plus bel effet.



A peine descendus de la camionnette, ma sœur courra à notre rencontre en s'exclamant:



- Merci, Bella !



- Du calme ! tempéra tout de suite cette dernière en levant un doigt. J'ai quelques réserves à émettre.



- Oui, oui, oui, oui je suis au courant, répliqua Alice sans se départir de sa joie. Je n'ai que jusqu'au 13 aout au plus tard, tu as un droit de véto sur la liste des invités, et si je dépasse les bornes en quoi que ce soit, tu ne me parleras plus jamais.



- Bon, je constate que tu connais les règles, lança Bella sans enthousiasme.



- Ne te bile pas, Bella. Ça sera impeccable. Tu veux voir ta robe ?



Je sentis la respiration de Bella se stopper net… L'évocation de sa robe de mariée devait être trop oppressante pour elle. Elle respira plusieurs fois de suite comme pour se donner du courage.



- Bien sûr, parvint-elle à dire dans un murmure ce qui accentua d'autant plus la satisfaction de ma sœur.



Voir Bella prendre autant sur elle, me rappela mes récentes résolutions comme celle de ne plus rien lui imposer. Voir que les prémices des préparatifs étaient déjà un calvaire me prouvait une fois encore que je lui en avais trop demandé. Je lui pris la main et la serrai suffisamment fort pour qu'elle sache que je la soutenais et que j'avais compris son malaise.



Alors que ma sœur se dirigeait vers la maison, Bella et moi la suivîmes main dans la main ce qui du rassurer cette dernière qui se mit à demander à Alice :



- Excuse-moi mais quand m'as-tu acheté une robe ? lâcha-t-elle sur un ton qui n'était pas des plus amicaux.



Alice s'arrêta net alors que nous étions au bas des escaliers menant à sa chambre. Elle cherchait quel subterfuge elle pourrait trouver pour éviter d'avouer à Bella que cette robe avait été commandée depuis très longtemps. Je pus lire dans les pensées de ma sœur qu'elle avait effectué cet achat dès mon retour d'Italie car à cette période, elle avait eu la conviction que notre mariage se produirait tôt ou tard.



Elle avait eu aussi régulièrement une vision, qu'elle m'avait d'ailleurs déjà fait partager, à savoir Bella et moi nous embrassant sous une arche fleurie le jour de notre mariage. Alice l'avait eu depuis des mois et l'achat de cette robe signifiait beaucoup pour elle. Elle tenait absolument à ce que Bella soit la plus belle mariée qui soit et encore plus magnifique à mes yeux.



- Ces choses-là ne s'improvisent pas … bredouilla-t-elle. Certes, je n'étais certaine de rien, mais mes doutes étaient assez sérieux.



- Quand ? répéta Bella, semblant perdre patience.



- Perrine Bruyère a une liste d'attente longue comme le bras … répondit ma sœur quelque peu sur la défensive ne sachant plus trop ce qu'elle devait dire. Les vêtements de qualité exigent du temps. Si je n'avais pas anticipé, tu aurais été obligée de te fringuer en prêt à porter !!



- Perrine qui ? demanda Bella surprise.



Je ne la connaissais pas plus qu'elle mais juste vu son nom apparaître sur plusieurs magazines féminins qu'Alice dévorait chaque semaine. C'était une artiste pleine de talent et ses créations avaient énormément de succès, c'est pourquoi ma sœur avait anticipé depuis plusieurs mois la réalisation de la robe de ma bien-aimée. Décidément, elle me surprendrait toujours.



- Ce n'est pas la plus prestigieuse des maisons de haute couture, Bella, alors inutile de piquer une crise. Mais elle est prometteuse et se spécialise dans ce dont j'ai besoin, se justifia Alice pour mettre fin à toute protestation éventuelle de la part de Bella.



- Je ne pique pas de crise, répliqua cette dernière sans montrer le moindre signe d'agacement.



- Non, en effet, confirma ma sœur en la dévisageant d'un air suspicieux.



Puis elle se tourna vers moi et elle me lança :



- Toi, dégage !!



Bella la regarda interdite, ne comprenant pas cette soudaine réaction mais ma sœur tenait à ce que cette robe reste une surprise pour le jour J. Il est vrai que j'avais une vague idée de ce à quoi elle pourrait ressembler mais Alice avait toujours fait en sorte de brouiller ses pensées ou penser à autre chose lorsque j'étais là. Et puis les dernières semaines avaient été si tendues que je n'y avais pas vraiment prêté attention.



Alors que nous étions à l'entrée de la chambre de ma sœur, elle me repoussa dans le couloir. Mes yeux étaient toujours focalisés sur Bella. J’avais si peur de sa réaction, elle semblait si calme, presque résignée et n'osait pas se manifester. Elle s'effaçait littéralement face à l'enthousiasme grandissant d'Alice mais elle m'adressa un signe de tête destiné à me rassurer. J’allais devoir m'en contenter car la porte s'était déjà refermée devant moi.



Je décidai d'utiliser ce temps pour récupérer la bague de Bella et la glissai sans plus tarder dans le fond de ma poche espérant qu'elle y passerait ces dernières heures. Je ne rêvais plus qu'à une seule chose, passer le reste de mon existence auprès de celle que j'aimais. Nous avions un nouvel avenir qui se dessinait devant nous, un que nous aurions décidés tous les deux.



J'avais imaginé que cela passerait par un mariage comme pour tenter de conserver ou d’acquérir un supplément d'âme afin de me réconcilier avec Dieu. Mais à présent je pensais que je m'étais peut-être trompé et que je pouvais aimer Bella et vivre à ses côtés en passant outre mes principes et mes idées d'un autre temps. Je ne lui avais jamais laissé le choix me pensant plus raisonnable qu'elle et plus réfléchi grâce à mes années d'expérience mais j’en doutais à présent…



Elle s'était montrée si forte, si sûre d'elle et prête à renoncer à un amour tout aussi valable que le nôtre. Elle n'avait pas reculé face à ce terrible et éprouvant choix. Elle était certes impulsive, têtue, trop craintive parfois mais elle était indéniablement généreuse, quitte à souffrir pour le bonheur des autres. Moi, je ne voulais pas qu'elle souffre, au contraire ! Elle devait ne connaître que le bonheur même si je devais renoncer à mes envies et céder à ses hormones humaines alors que j'avais si peur de lui faire du mal… C'était à moi de la soulager autant qu'il m'en était possible.



Inconsciemment, j'étais impatient que Bella me revienne et sorte de cette chambre. Je faisais les cents pas dans le couloir… Lorsque la porte s'ouvrit enfin, une bouffée d'excitation me traversa. Je vis alors ma sœur apparaître en appelant Esmée pour lui annoncer que Bella avait adoré sa robe et qu'elle avait même le droit de s'en commander une ! Ma bien-aimée s'avança vers moi plus prudemment.

Tu es vraiment, vraiment adorable, lâchai-je en lui effleurant la joue du bout de mes doigts alors qu’une envie soudaine de partir d'ici me submergeait.



Nous pouvions circuler librement maintenant qu'il n'y avait plus de danger pour Bella alors j'avais de nouveau envie d'en profiter et de redécouvrir notre clairière sous un ciel nouveau. Cet endroit était si important pour nous, il avait vu naître notre relation comme il devait la voir évoluer aujourd'hui.



- Elle semble si heureuse, se justifia-t-elle.



- Sortons. Allons dans la prairie, lui proposai-je aussitôt.



- Je n'ai plus à me cacher ?



- Non, le danger est vraiment passé, la rassurai-je.



Nous partîmes donc vers la clairière, Bella sur mon dos. Je me sentais si paisible, si heureux que je voulais être certain qu'il en était de même pour elle. Cette idée de mariage venait de moi, elle s'y était faite par la force des choses et parce que tout le monde adorait cette idée mais elle ? Que voulait-elle ?



Je me sentais coupable de lui imposer cela connaissant sa répulsion à ce sujet. Elle avait le droit de changer d'avis et de préférer sa transformation à notre union. J'avais besoin de le savoir et je n'allais pas tarder à le lui demander.



Nous arrivâmes alors dans la clairière qui était particulièrement accueillante ce jour-là malgré les nuages menaçants et l'humidité ambiante. L'herbe était parsemée de pâquerettes qui formaient un tapis si accueillant que Bella s'y allongea sans hésiter. Je m'installai près d'elle et pris sa main tiède pour la serrer dans la mienne.



Nous restâmes quelques minutes ainsi à contempler le ciel alors qu'il n'y avait rien à voir à part des nuages épais et tristounets mais moi étonnement j'y voyais un ciel bleu azur et le soleil qui brulait dans ma main. J'étais tout simplement bien…



- Le 13 août ? demandai-je enfin pour tenter de deviner ce qu'elle pouvait bien penser.



- Un mois avant mon anniversaire.



Elle semblait toujours focalisée sur son âge alors que cela ne faisait aucune différence pour moi mais le fait de mourir plus vieille que moi l'avait toujours dérangée. Etait-ce encore le cas aujourd'hui ? De toute façon, elle n'allait pas être la seule de la famille dans ce cas.



- Esmée a trois ans de plus que Carlisle. Tu le savais ?



Elle secoua la tête à la négative.



- Pour eux, ça ne fait aucune différence.



- Mon âge n'est plus si important. Je suis prête. J'ai choisi une vie, j'ai envie de la commencer.



Apparemment il n'y avait pas que moi qui avait réfléchi à cette question de l'âge dans notre couple et sa réponse me laissait imaginer qu'elle pouvait voir les choses autrement sur d'autres sujets aussi.



- Veto sur la liste des invités ? lui demandai-je.



- Ce n'est pas fondamental, mais… Alice comptait peut-être convier quelques loups-garous. Je me suis posée des questions… sur Jake. Il se sentirait peut-être obligé de venir, pour ne pas me vexer… Je ne pense pas qu'il devrait subir cette épreuve.



Une fois encore, elle s'inquiétait des autres, de leur ressenti, de leur bien-être mais elle ? Que ressentait-elle ? Inévitablement, elle s'inquiétait encore pour son ami délaissé.



- Explique moi un peu, Bella… débutai-je en la faisant basculer sur moi. Pourquoi as-tu finalement décidé de laisser à Alice la bride sur le cou ?



- Il serait injuste de laisser Charlie en dehors de cela… pareil pour Renée et Phil, donc. Et puis, Alice a le droit de s'amuser. Ces adieux dans les règles faciliteront peut-être les choses à Charlie. Même s'il estime que c'est trop tôt, je ne souhaite pas le frustrer de la perspective de mener sa fille à l'autel. Au moins, ma famille, mes amis seront au courant de mon choix, de la part que je suis en droit de leur révéler. Ils sauront que je t'ai élu, que toit et moi serons ensemble. Que je serai heureuse, quel que soit l'endroit où je me trouverai. C'est le moins que je puisse leur donner, à mon avis.



Je la dévisageais longuement, me sentant si coupable comme si j'avais l'impression qu'elle s'était persuadée du bien fondé de tout cela, juste pour me faire plaisir ou plaisir à tout le monde sauf à elle…



- Le marché ne tient plus… lâchai-je aussitôt.



- Quoi ? Tu te défiles ? Non !! s'inquiéta-t-elle.



- Je ne me défile pas Bella. Je respecterai ma parole. Mais toi, je te libère de la tienne. Ce sera ce que tu voudras, sans obligation de ma part.



- Pourquoi ce revirement ?



- Tu essaies de faire plaisir à tout le monde. Moi, je me fiche des autres, seul ton bonheur m'intéresse. Je me chargerai d'apprendre la nouvelle à Alice. Elle ne te culpabilisera pas, je te le jure.



- Mais, je…



- Non. Nous allons procéder en fonction de tes règles, puisque les miennes ne fonctionnent pas. Je t'ai accusée d'être têtue, or je ne vaux pas mieux. Je me suis accroché comme un crétin à ce que j'estimais le mieux pour toi, et je n'ai fait que te blesser, profondément, trop souvent. Nous agirons à ta guise, parce que je passe mon temps à me tromper. Nous allons accéder à tes désirs, Bella. Cette nuit, aujourd'hui. Le plus tôt sera le mieux. J'en parlerai à Carlisle. S'il te donne assez de morphine, ça ira sans doute mieux. Ça mérite que l'on essaie.



- Non Edward…



- Chut, mon amour. Je n'ai pas oublié tes autres exigences… murmurai-je avant de l'embrasser.



Je glissai alors mes doigts dans ses cheveux et je sentis sa respiration s'accélérer ainsi que les battements de son cœur. Elle vint alors coller son corps contre le mien et ses mains vinrent agripper mes bras. Nos lèvres se rencontrèrent fiévreusement puis je roulai doucement sur le sol pour la coucher dans l'herbe.



J'étais prêt à lui donner maintenant l'intimité qu'elle me réclamait depuis si longtemps. J'en avais envie tout comme elle et ainsi il n'y aurait plus aucune exigence ou condition entre nous. Elle n'agirait plus en fonction de moi mais bel et bien parce qu'elle l'avait choisi.



- Stop Edward ! Arrête !



- Pourquoi ? lui demandai-je surpris qu'elle ne cède pas mais étrangement heureux.



- Je n'ai pas envie de le faire maintenant.



- Vraiment ? m'étonnai-je quelque peu moqueur car intérieurement je comprenais qu'elle avait pris goût à l'idée que notre passage à l'acte puisse se faire plus tard, une fois que nous serions mariés. J'en ressentais un profond bonheur…



Je ne lui laissai pas le temps de répondre car je l'embrassai de plus bel, heureux et désireux de sentir à nouveau son cœur battre d'excitation contre ma poitrine. Mais je sentis qu'elle ne souhaitait pas aller plus loin car ses mains avaient déjà délaissé mes cheveux et tentaient de me repousser doucement.



Je m'écartai alors de quelques centimètres afin de l'admirer, mon désir était si présent qu'il était difficile de la laisser s'éloigner. Il y avait encore quelques semaines, avant notre marché, elle n'aurait jamais mis fin à notre étreinte et aurait voulu que l'on essaie tout de suite. Je ne voulais pas qu'elle se retienne à cause de moi.



- Pourquoi ? lui redemandai-je. Je t'aime. Je te veux. Maintenant



J'aurais du me montrer raisonnable et l'écouter mais je repris mes baisers comme pour tester une nouvelle fois ses convictions.



- Attends, attends ! protesta-t-elle de nouveau.



- Ne renonce pas pour moi …



- Je t'en prie !! s'exclama-t-elle.



Je me détachai d'elle de mauvaise grâce et m'allongeai à ses cotés.



- Explique-moi, Bella ! Donne-moi une bonne raison, et pas une qui soit moi.



- Cette étape est très importante … se justifia-t-elle. Je tiens à la réussir.



- Définition de la réussite ?



- La mienne.



- Comment comptes-tu y parvenir, alors ?



- Je tiens à me montrer responsable. A ce que tout soit parfait. Je ne priverai pas Charlie et Renée de ce que je suis en mesure de leur offrir. Et puisque je dois me marier, je ne refuserai pas son plaisir à Alice. Et je me donnerai à toi de toutes les manières humaines possibles avant que tu ne me transformes en immortelle. J'observe les règles, Edward. Ton âme est beaucoup plus importante à mes yeux pour que je ne la mette en péril. Tu ne me feras pas changer d'avis.



- Je te parie que j'y arriverai, pourtant, lâchai-je sans grand espoir.



- Sauf que tu n'essaieras même pas. Pas en sachant que tout cela est ce dont j'ai besoin.



- Tu n'es pas fair-play…



- Je ne t'ai jamais promis de l'être, rit-elle.



- Bon, si jamais tu devais te raviser…



- Tu seras le premier à en être averti.



Comme pour mettre un terme à notre discussion, la pluie se mit à tomber.



- Je te ramène, lui proposai-je en essayant avec mes doigts les gouttes sur ses joues.



- La pluie ne me dérange pas. Elle signifie seulement qu'il est temps d'accomplir un acte extrêmement déplaisant et terriblement dangereux.



Que voulait-elle dire ? J'étais paniqué car je n'avais aucune idée de ce qu'elle pouvait bien avoir à faire de si téméraire.



- Heureusement que les balles ne peuvent pas t'atteindre, précisa-t-elle. Nous allons avoir besoin de cette fichue bague. C'est le moment de mettre Charlie au courant.



Je ne pus me retenir de rire, soulagé par le fait qu'il ne s'agissait que de son père… Je me doutais qu'il n'apprécierait pas la nouvelle et qu'il en ferait sans doute une indigestion mais cela n'avait pas d'importance car il n'avait pas son mot à dire puisque Bella venait de me confirmer que c'était ce qu'elle souhaitait. Je devais croire sur parole le fait que Bella soit bel et bien heureuse à l'idée de se marier avec moi et qu'elle n'agissait pas juste pour nous faire plaisir à ma sœur et moi.



- Alors oui, tu as raison, c'est effectivement périlleux…



Je tirai l'écrin de ma poche et la bague nous apparut scintillant de mille feux malgré la pluie. Je la glissai alors au doigt de Bella pour ensuite l'embrasser et la sceller à son doigt pour l'éternité.



Lorsque nous arrivâmes chez Bella, Charlie n'était pas encore revenu du travail. Nous nous installâmes dans le canapé pour l'attendre. Bella avait toutes les difficultés du monde à masquer son anxiété. Elle appréhendait sincèrement la réaction de son père.



Lorsque la voiture de patrouille se fit entendre devant la maison, elle essaya par tous les moyens de cacher la bague qui étincelait à son doigt mais j'avais emprisonné sa main dans la mienne en prévision de ses fantaisies.



- Arrête de te trémousser, Bella. Et s'il te plaît, n'oublie pas que tu ne confesses pas un meurtre.



- Facile à dire, me répondit-elle alors que je percevais déjà la battements de son cœur s'affoler à l'approche de son père.



- Du calme… lui avais-je volontairement murmuré pour l'apaiser.



Alors qu'il s'avançait doucement dans la maison et qu'il n'avait toujours pas remarqué notre présence, je décidai de me jeter à l'eau.



- Bonsoir, Charlie !! dis-je du ton le plus décontracté qui soit car contrairement à Bella je ne redoutais pas son père.



Nous ne faisions rien de mal à vouloir nous marier et nous n'avions pas à redouter quoique ce soit. Je connaissais les sentiments qu'il avait à mon égard mais qu'importait, notre bonheur était plus important que tout ce que pouvait penser Charlie. Nous ne lui demandions pas son accord mais sa bénédiction puisque cela semblait important pour Bella.



- Non !! m'avait discrètement soufflé Bella.



- Quoi ? lui demandai-je à mon tour, ne comprenant pas ce qu'elle sous-entendait.



- Attends qu'il se soit débarrassé de son arme de service.



Je ne pus réprimer un rire car cette remarque ne méritait rien d'autre. Bella était si inquiète de la réaction de son père qu'elle le voyait déjà m'achever parce que je voulais lui voler sa fille. Il fut certes surpris de nous voir tous les deux sagement assis sur le canapé à l'attendre mais nous salua tout de même quelque peu méfiant. Son flair de flic lui faisait déjà entrevoir le pire et cela promettait d'être drôle.



- Nous aimerions vous parler. Nous avons quelque chose d'important à vous annoncer. avais-je annoncé solennellement, histoire d'en rajouter un peu à sa méfiance.



- Ah ouais ? grommela-t-il en lançant un regard inquiet sur Bella.



- Assieds-toi, papa, lui demanda d'ailleurs cette dernière.



Alors qu'il allait s'asseoir sur le fauteuil face à nous, ses pensées partaient dans tous les sens. Il augurait déjà une mauvaise nouvelle mais ne s'attendait pas du tout à ce que nous allions lui annoncer. Il était plutôt resté sur des pensées que tout parent aurait pu avoir concernant leur fille de dix-huit ans fréquentant un jeune garçon… au sujet de la sexualité et de ses conséquences. Sauf que Charlie n'était pas très à l'aise sur le sujet et allait simplement nous en faire un résumé.



Comme le silence se faisait pesant, Bella voulut lancer la conversation :



- Ne te mets pas dans tous tes états, papa. Il n'y a pas mort d'homme.



Je fis une légère mimique pour manifester ma désapprobation sur le peu d'engouement que Bella ressentait à l'annonce de notre mariage. Un événement merveilleux, génial ou splendide aurait été plus adéquate mais elle ne ressentait rien de tel, j'allais devoir m'y habituer. Elle aussi du reste, avec le temps elle pourrait peut-être apprécier.



- D'accord, d'accord, Bella, marmonna Charlie en perdant patience. Si tout est si parfait, pourquoi transpires-tu comme ça ?



- Je ne transpire pas… répliqua-t-elle alors qu'elle resserrait sa main moite dans le mienne en s'essuyant le front du revers de l'autre.



- Tu es enceinte !!! C'est ça, hein ? Tu es enceinte !! aboya-t-il en me regardant fixement dans les yeux, la main imperceptiblement orientée vers son arme.



Une intimidation instinctive qu'il jugea rapidement grotesque lorsque sa fille lui hurla que ce n'était pas le cas. Et ses joues qui avaient viré au rouge vif, avaient doucement repris une couleur plus raisonnable lorsqu'il comprit qu'elle ne lui mentait pas.



- Désolé… s'excusa-t-il sans me regarder.



- Je t'en prie… bredouilla-t-elle.



Puis un long silence s'installa. Charlie ne quittait pas du regard sa fille pour enfin tenter de découvrir ce qu'elle lui cachait et Bella me regardait suppliante de bien vouloir prendre la parole car elle semblait trop paniquée pour le faire elle-même. J'allais devoir intervenir. Je souris alors à Bella pour la rassurer et me redressais quelque peu pour m'adresser à Charlie car j'allais vivre un moment important.



- Désolé, Charlie, j'ai tout fait de travers. La tradition exigeait que je vous en parle d'abord. Ce n'est pas par manque de respect, mais comme Bella a déjà accepté, et que je ne veux pas édulcorer l'importance de son choix, je ne vais pas vous demander de m'accorder sa main, juste de bénir notre union. Nous allons nous marier, Charlie. Je l'aime plus que tout au monde, plus que ma propre vie et, c'est un miracle, elle aussi m'aime intensément. Alors, Charlie, acceptez-vous de nous donner votre bénédiction ?



Instinctivement, les yeux de Charlie se posèrent sur la bague de Bella juste pour vérifier que je disais vrai. Il en fut subitement comme assommé prenant enfin conscience que sa fille allait le quitter. Qu'il allait la perdre une nouvelle fois et se retrouver seul. Il aurait aimé lui dire qu'elle faisait une bêtise mais cela aurait été juste pour la retenir à ses côtés et il ne se sentait pas le courage de lui gâcher son bonheur.



Un long silence s'imposa car il avait besoin de se faire à cette nouvelle idée. Bella avait retenu son souffle, suspendue à ses lèvres en quête d'une réaction.



- Accorde lui une minute… lui avais-je doucement murmuré afin qu'elle ne s'inquiète plus.



Puis après plusieurs minutes de réflexion, il grommela enfin :



- Je ne suis pas tellement surpris. Je me doutais bien que je serais tôt ou tard confronté à un truc de ce genre.



A ces paroles, Bella se détendit aussi et reprit sa respiration.



- Es-tu sûre de toi ? lui demanda-t-il ensuite surpris de la rapidité de cette annonce. Bella était encore si jeune surtout si elle n'était pas enceinte, rien ne l'obligeait à se marier.



- Je suis sûre d'Edward à cent pour cent ! avait-elle rétorqué.



- Il s'agit d'un mariage, quand même. Pourquoi se précipiter ?



Bella ne pouvait malheureusement guère plus argumenter, je pris le relais. Nous devions l'épargner et pour cela moins il en savait mieux c'était.



- Nous partirons ensemble pour Dartmouth à l'automne … Je tiens à observer certaines règles. J'ai été élevé ainsi.



Certes mais Charlie avait du mal à comprendre mes motivations issues de plusieurs dizaines d’années alors que pour lui du haut de mes dix-sept ans je ne connaissais rien de la vie. Il aurait voulu me rétorquer que nous avions le temps et que le mariage n'était pas indispensable pour rentrer à l'université et vivre ensemble mais il n'essaya même pas se disant que nous étions venus chercher sa bénédiction et non son accord.



Il rétorqua juste :



- Je me doutais que cela arriverait…



Puis après avoir été accablé par la peur de perdre sa fille, l'inquiétude pour son avenir ou l'incertitude quant à son bonheur, il nous proposa un tout autre visage. Il se dérida et ses pensées se tournèrent vers… Jacksonville et Renée. Il était persuadé que son ex-femme parviendrait à faire entendre raison à sa fille puisqu'il ne connaissait personne d'autre à part elle qui soit aussi opposée au mariage.



Il se mit à rire par avance de la réaction de cette dernière qu'il espérait des plus véhémentes afin de rendre la raison à sa fille. Bella le regarda avec incrédulité ne comprenant pas comment il pouvait passer d'un extrême à l'autre. Bella se tourna vers moi espérant une réponse de ma part mais j'étais trop accaparé à ne pas rire moi aussi pour lui répondre. J'imaginais tellement Renée faisant la morale à sa fille non pas sur le fait qu'elle puisse se marier mais plutôt pourquoi elle ne l'avait pas fait avant.



Renée n'était pas dupe et elle avait clairement deviné les sentiments qui nous unissaient Bella et moi et j'étais persuadé qu'elle ne se mettrait pas en travers de notre chemin comme l'espérait Charlie et c'était avant tout pour cela que je riais car il se trompait allègrement.



- Très bien… Marie-toi si ça te chante. Mais… s'interrompit-il pour respirer entre de crises de rires.



- Mais quoi ?



- C'est toi qui te charges d'avertir ta mère ! Ne compte pas sur moi pour en toucher un mot à Renée.



Bella ne riait pas, elle, se disant sans doute qu'elle appréhendait encore plus la réaction de sa mère. Je la pris alors dans mes bras et lui murmura doucement :



- Ce n'est rien mon amour, tout se passera bien… Je suis intimement persuadé que ta mère sera ravie pour toi.



Elle posa sa tête dans le creux de mon épaule, l'air visiblement résigné et nous regardâmes silencieux, Charlie qui finissait sa dernière crise d'hilarité en nous proposant tout de même de fêter cela autour d'un verre de bière.



Cette journée avait définitivement marqué une nouvelle page dans l'avenir de notre relation. Bella avait ôté mon principal doute quant au fait que je lui avais imposé ce mariage pour obtenir sa transformation ou notre intimité. Elle ne s'y opposait pas et au contraire s'était même faite à cette idée. Elle voulait me convaincre que cela la rendait heureuse ainsi. Je voulais la croire sachant qu'elle savait aussi que je lui laissais toujours l'occasion de changer d'avis. Cela me rassurait sur le fait qu'elle ne se sentait plus obligée d'agir pour mon seul plaisir et c'était très important.



J'étais convaincu à présent que l'avenir était à nous … tant de belles choses nous attendaient que je n'arrivais pas encore à réaliser mais voir la bague étinceler au doigt de Bella me permettait d'y croire. Le meilleur restait à venir …



sanaafatine 26-06-10 08:31 AM

la fin

soul-of-life 27-06-10 07:03 AM

تسلم الايادى يا سناء
مع انى مش بعرف فرنسى
لكن ان شاء الله هستخدم جوجل
بجد تسلمى على المجهود :eh_s(7):

sanaafatine 29-06-10 03:02 AM

اقتباس:

المشاركة الأصلية كتبت بواسطة soul-of-life (المشاركة 3121155)
تسلم الايادى يا سناء
مع انى مش بعرف فرنسى
لكن ان شاء الله هستخدم جوجل
بجد تسلمى على المجهود :eh_s(7):

شكرا ليك الزين الله يحفظك :amwa7: :amwa7:

sanaafatine 01-07-10 07:07 PM

:icon30:

sara-khawla 03-07-10 10:09 AM

merci

sanaafatine 07-07-10 01:04 AM

اقتباس:

المشاركة الأصلية كتبت بواسطة sara-khawla (المشاركة 3178433)
merci


شكرا للمرور

Rawda Heikal 10-07-10 12:41 AM

انا متاكده ان الروايه تحفه
لكن المشكله انى مش برفكت فى الفرنساوى اوى
ميرسى يا قمر لتعبك


الساعة الآن 07:38 PM

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